Dictionnaire de la Bible/Tome 5.1.b PIERRE-PROMESSE - Wikisource (2024)

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Dictionnaire de la Bible

(Volume V,p.355-356-705-706).

Tome 5.1.a PE-PIEGE

Tome 5.1.c PROPHÈTE-ROHOBOTH

stances, on secouait là poussière de ses pieds. Matth., x, 14; Luc, x, 11, etc. Voir Poussière. En Egypte, ondirige aujourd’hui avec une binette l’eau dans lesrigoles, mais autrefois on se servait aussi des pieds.Deut., xi, 10 (fig. 81). Voir Irrigation, ’t. iii, col. 927929. — Au désert, par suite de la protection divine, lespieds des Israélites ne s’enflèrent pas, malgré la duréedu voyage. Deut., viii, 4. — Sur Exod., iv, 25, voirt. iv, col. 1195.

II. Au sens figuré. — 1° Être assis aux pieds dequelqu’un, c’est être placé sous sa dépendance ou saprotection. Deut., xxxiii, 3; Ruth, iii, 8. — Se jeteraux pieds d’un autre, c’est s’adresser à lui en humbleesclave ou en suppliant. I Reg., xxv, 24; IV Reg., iv, 37; Judith, xiii, 20; Esth., viii, 3; Marc, v, 22; vii, 25; Luc, viii, 41, 47; xvii, 16; Joa., xi, 32; Act, xvi.29, etc. Voir t. i, fig. 37, col. 236; t. ii,%. 541, col. 1637. — Baiser les traces des pieds de quelqu’un, Is., lx, 14; Esth., xiii, 13, ou lécher la poussière deses pieds, Is., xlix, 23, c’est lui témoigner soumissionet respect. — Mettre sous les pieds de quelqu’un, c’estplacer sous sa domination. III Reg., v, 3; Ps. viii, 8; ex (cix), 1; Eph., i, 22; Hebr., ii, 8. — 2° Tremper ses piedsdans l’huile, Deut., xxxiii, 24, ou dans le beurre, Job, xxix, 6, c’est posséder en abondance les biens dela terre. Les tremper dans le sang, Ps. Lxviii(lxvii), 24, c’est triompher de ses ennemis. — Job, xxix, 15, dit qu’il a été le pied du boiteux, pourindiquer qu’il a exercé la charité envers les malheureux, quelle que fût leur infirmité. — 3° Les pieds quitrébuchent, Deut., xxxii, 35, qui errent, IV Reg., xxi, 8; II Par., xxxiii, 8, signifient l’épreuve et le malheur; les pieds menacés ou saisis par les lacets supposent lapersécution. Ps. ix, 16; xxv (xxiv), 15; lvii (lvi), 7; cv (civ), 18; Jer., xviii, 22; Lam., i, 13, etc. Les piedsau large, Ps. xxxi (xxx), 9, ou sur le roc, Ps. XL (xxxix), 3, indiquent la prospérité et la stabilité. — 4° Les pieds, avec lesquels on marche, sont souvent pris comme lesymbole de la conduite, c’est-à-dire de ta manière donton marche dans le chemin du devoir. Job, xiii, 27; xxiii, 11; Ps. xiv (xm), 3; xxxvi (xxxv), 12; cxix(cxviii), 59, 101; Prov., i, 15; iv, 27; Eccle., iv, 17; îlebv., iii, 13, etc. Les pieds du méchant courent versle mal. Ps. xiv (xm), 3; Prov., i, 16; vi, 18; Is., lix, 7; Rom., iii, 15, etc.

III. Locutions diverses. — Ne «lever la main et lepied» qu’avec la permission de quelqu’un, c’est dépendretotalement de lui. Gen., xli, 44. — «Poser laplante des pieds» sur un territoire, c’est l’occuper oule posséder. Deut., ii, 5; xi, 24; Jos., i, 3; xiv, 9. Le «lieu des pieds» de Jéhovah est le Temple. Is., lx, 13; Ezech., xliii, 7. — «De la plante des pieds au sommetde la tête» désigne le corps tout entier. II Reg., xiv, 25; Job, II, 7; Is., i, 6. — Comme on comptait souventen frappant du pied, le pluriel regdlim est pris avec lesens de «fois» après un nombre. Exod., xxiii, 14: sâlos regdlim, «trois (coups de) pieds», c’est-à-dire «trois fois l’an tu me fêteras». Cf. Num., xxii, 28. —La «voix des pieds s est le bruit que font les pieds enmarchant. III Reg., xiv, 6; IV Reg., vi, 32. — «Être surles pieds» de quelqu’un, c’est le suivre. Exod., xi, 8; Deut., xi, 6; etc. — Isaïe, vii, 20; xxxvi, 12, emploie Jemot «pieds» pour éviter un terme grossier. L’expression «d’entre les pieds» signifie de la descendance dequelqu’un. Gèn., xlix, 10; . Deut., xxviii, 57. «Couvrirses pieds», Jud., iii, 24; I Reg., xxiv, 4, veut diresatisfaire aux besoins de la nature. Voir Latrines, t. iv,

col. 125.

H. Lesêtre.

    1. PIEGE##

PIEGE, engin disposé pour prendre des animaux.On utilise dans ce but des lacets, des filets, des fosses, des trappes, etc. Voir Chasse, t. ii, col. 621; Crocodile, t. ii, col. 1123; Filet, t. iii, col. 2245; Fosse, t. iii,

col. 2329; Lacet, t.. iv, col. Il; Lion, t. iv, col. 269; Oiseaux, t. iv, col. 1765; Oiseleur, t. iv, col. 1774; Pèche, col. 4; Poissons. — Le plus souvent, les écrivainsmentionnent les pièges dans le sens figuré, àpropos des embûches de toutes sortes que les méchantsdressent contre les serviteurs de Dieu. Ps. xxxviii(xxxvii), 13; cxl (cxxxix), 6; Is., xxix, 21. Les prêtresd’Israël, en sacrifiant aux idoles, ont été pour le peuplecomme un piège et un filet tendu. Ose., v, 1. VoirScandale. Le malheur et le châtiment sont comme despièges dans lesquels les hommes sont inévitablementpris. Eccle., ix, 12; Is., xxiv, 18; Jer., xlviii, 44; L, 24, etc. Il arrive que le méchant est comme pris aupiège par ses propres iniquités. Prov., v, 22.

H. Lesêtre.

    1. PICQUIGNY##

PICQUIGNY (BERNARDIN DE). Voir Bernardin

DE PICQUIGNY, t. i, Col. 1620.

    1. PIERRE##

PIERRE (SAINT) (grec néxpoc), apôtre et chef ducollège apostolique (fig. 82).

I. Pierre dans les récits évangéliques. — C’est lapériode de préparation ou de formation de l’apôtre.Elle s’étend depuis sa vocation jusqu’à l’Ascension duSauveur.

I. PIERRE AYANT L’APPEL DE JÉSUS. — 1° Son nom. —Il reçut â la circoncision celui de Simon, qui, dans lesmanuscrits grecs du Nouveau Testament, apparaît sousla forme de Euiictiv, cf. Act., xv, 14; II Pet., i, 1, etc., oude 2£[amv. Cf. Matth., x, 2; Marc, i, 16; Luc, v, 3; Joa, i, 41, 52, etc. La première est employée par les Septantecomme l’équivalent du nom hébreu |iïDiir (Sim’ôri),

qui se présente pour la première fois Gen., xxix, 33, pour désigner le second fils de Jacob. La seconde, quise rapproche davantage de l’usage grec, est employéeEccli., L, 1; I Mach., Il, 1; Luc, ii, 25, et souventailleurs. Voir aussi Josèphe, Bell, jud., IV, iii, 9. Dansl’idiome araméen, elle est devenue |io>D (Simon).

Voir Dalman, Die Worte Jesu, in-8°, 1898, p. 41, n. 1; Blass, Grammatik des neutestam. Griechisch, in-8°, 1896, p. 30. La Vulgate dit toujours Simon. Le nom deSimon était très commun chez les Juifs au temps deJésus-Christ. Cf. Matth., x, 4; xiii, 55; xxvt, 6; xxvii, 32; Luc, xxvii, 40; Act., x, 6. — Plus tard, Matth., xvi, 18; cf. Joa., i, 42, Simon reçut de Jésus la dénominationsymbolique de NS’2, Kêfâ’, mot araméen,

dont on a fait en grec Kricpotç, et qui, comme l’hébreu

  • p, kêf, Job, xxx, 6; Jer., iv, 29, a la signification de «pierre, rocher»; en grec, néxpo; , qui, transcrit en

latin, est devenu Petrus (masculin de petra), Pierre enfrançais. Rien ne prouve que les substantifs h’êphâ’etlUtpot aient jamais été employés comme noms propresavant d’être appliqués à saint Pierre. Néanmoins, d’aprèsEdersheim, The Life and Times of Jésus the Messiah, t. i, p. 475, note, d’autres Juifs auraient été pareillementappelés Pétros. — On a fait les remarques suivantesau sujet de l’emploi de ces deux noms dans lesécrits du Nouveau Testament: 1° Dans le quatrièmeévangile, la double appellation, Simon-Pierre, est laplus fréquente; on l’y rencontre jusqu’à dix-sept fois; 2° dans les autres Évangiles, les deux noms n’apparaissentcombinés ensemble qu’à deux reprises, en descirconstances très importantes pour l’apôtre, Matth., xvi, 16; Luc, v, 8; 3° après la résurrection et l’ascension, le titre d’honneur, Céphas ou Pierre, remplaça peu àpeu le nom primitif Simon, comme le montre sonemploi très fréquent (dix-neuf fois dans saint Matth., dix-huit dans saint Marc, seize dans saint Luc, quinzedans saint Jean et trèssouventau livre des Actes); 4° leSauveur lui-même revient à l’ancien nom, lorsqu’iladresse à l’apôtre un reproche, cf. Marc, xiv, 37, ouun avertissem*nt, Luc, xxii, 31; 5° saint Paul emploie

volontiers le nom araméen Céphas. Cf. I Cor., i, 12; lll, 22; Gal., i, 10; ii, 9, 11, 14.

2° Sa patrie. — Simon était originaire de «Bethsaïde, la ville d’André et de Pierre», comme aussi de l’apôtrePhilippe. Joa., i, 44. Elle était située en Galilée, nonloin de Capharnaûm, sur la rive droite du lac de Tibériade.Plus tard, cependant, Pierre abandonna Bethsaïde, pour s’établir à Capharnaûm, car plusieurs textesévangéliques, cf; Matth., viii, 5, 14; Marc, i, 21, 29; Luc, iv, 31, 38, parlent de la maison qu’il possédait, oudu moins qu’il habitait dans cette dernière ville.

3° Sa famille. — Les Évangiles nous fournissentaussi quelques renseignements intéressants sur la fa82. — Statue de saint Pierre, îv* siècle, dans les cryptesvaticanes. D’après une photographie. Voir D. Dufresne, Les cryptes vaticanes, 1902, p. 14.

mille de saint Pierre. — 1. Son père s’appelait’Imvîj, d’après Matth., xvi, 17; Joa., i, 42; xxi, 15, 16, 17 [textusreceptus). Voir Jona; t. iii, col. 1603. — 2. L’Évangilenous apprend aussi que Simon avait un frère nomméAndré, lequel eut également l’honneur de compterparmi les amis privilégiés de Notre-Seigneur. Il n’estpas possible de dire avec certitude lequel des deuxfrères était l’ainé; ce serait Simon, d’après la plupartdes auteurs qui se sont occupés de cette question. —3. Simon s’était marié avant de recevoir l’appel deJésus. Il est parlé expressément de sa belle-mère.Matth., viii, 14; Marc, i, 30; Luc, iv, 38. Saint Paulmentionne sa femme. I Cor., ix, 5.

4° Son éducation intellectuelle et morale. — Noussommes réduits sur ces deux points à de simples conjectures.— 1. La vie de Simon-Pierre montre qu’il possédaitune intelligence peu commune. D’autre part, lesmembres du sanhédrin portèrent sur lui et sur son amisaint Jean un jugement sévère sous le rapport de l’instruction, les regardant tous deux comme «des hommesillettrés et des gens du peuple». Act., iv, 13 rav6p<071O! àYpâiijjLotTot… xad ÏStôTat, homines sine litteriset idiotes. Cf. S. Jean Chrysostome, Hom. xxxii, 3, In Matth., t. lvii, col. 381. Mais il faut prendre cesexpressions dans le sens que leur donnaient alors lesJuifs; ainsi comprises, ^lles signifient seulement queles deux apôtres n’avaient pas étudié dans les écolesrabbiniques et qu’ils n’étaient que des hommes ordinaires, sans influence, par contraste avec les docteursde la loi, les prêtres, etc. Néanmoins, Simon n’était pasdénué de toute instruction. Depuis longtemps, en effet, des écoles avaient été établies dans les communautésjuives de toute la Palestine, et les pharisiens veillaientà ce que l’enseignement des maîtres fût sérieux etsolide. Voir J. Simon, L’éducation et l’instruction desenfants chez les anciens Juifs, d’après la Bible et leTalmud, in-8°, Leipzig, 3e édit., 1879. LJidiome en usagedans la contrée était Paraméen occidental, dont lesÉvangélistes nous ont conservé quelques échantillons.Cf. Matth., xxvii, 46; Marc, v, 41; Joa., xx, 16, etc.Nous apprenons, Matth., xxvi, 13, que c’était la languematernelle de saint Pierre; mais de très bonne heureil dut comprendre et parler plus ou moins parfaitementle grec dit hellénistique (voir plus bas, col. 392; , qui, dans la région du lac, était connu de la plupartdes habitants, comme l’affirment les anciens auteurs.De nombreux païens s’étant fixés dans ces parages, ce grec vulgaire servait de moyen de communicationentre eux et les Juifs. — 2. La formation religieuse deSimon avait-eu lieu d’abord sous l’influence de la famille, puis sous celle de la synagogue. Ses relationsintimes avec Jean-Baptiste, cf. Joa., i, 35, attestent sagrjnle piété et la foi très vive avec laquelle il attendaitle Messie. Ses discours et ses Épîtres prouventqu’il connaissait la Bible, si chère à tous ses coreligionnaires; il la cite assez fréquemment, et son langageen est tout coloré, comme il sera démontré plusloin (col. 393).

5° Sa profession. — Avant d’être appelé par Notre-Seigneur, Simon exerçait sur la mer de Galilée le métierde pêcheur. Matth., IV, 18; Marc, i, 16; Luc, v, 2; Joa., xxi, 3. Le bateau dont il se servait était sa propriétépersonnelle. Luc, v, 3. Les pêcheurs du lac deTibériade formaient alors une classe nombreuse, carles poissons abondaient dans ses eaux (c’est encore lecas aujourd’hui), et il s’en faisait un commerce considérabledans la Palestine entière. C’était une professionassez rémunératrice; aussi rien ne donne à penser quePierre ait été pauvre avant de s’attacher au Sauveur; iien plus, nous l’entendrons lui-même affirmer plustard qu’il avait conscience d’avoir abandonné, poursuivre Jésus, des biens qui n’étaient pas sans valeur.Cf. Marc, x, 28. Si les beaux horizons du lac durentexercer une impression durable sur l’âme sensible etardente de Pierre, il est très juste aussi de dire queson rude métier, accompagné de tant de privations, defatigues et de périls, ne contribua pas peu à développerson énergie, sa persévérance, son activité et son habiletépratique.

II. LES APPELS SUCCESSIFS DE SIMON PIERRE. —

Nous devons en distinguer trois, d’après les récits trèsnets et très formels des Évangélistes. Le premier, seulementpréliminaire, établit entre Jésus et Simon desimples relations d’amitié. Le second fut décisif: il fitdu pêcheur de Galilée un disciple du Sauveur dans lesens strict. Le troisième fut d’un ordre encore plusrelevé, puisqu’il transforma Pierre en apôtre duChrist.

1° Première rencontre de Jésus et de Simon, et premierappel de ce dernier. — C’était sur la rive orientaledu Jourdain, à Béthanie ou Bethabara. Joa., i, 28.André et celui qui fut plus tard le disciple bien-aimé

(par conséquent, le narrateur lui-même) s’étaient misà la suite de Jésus, que le précurseur, dont ils étaientles" fervents disciples, leur avait désigné commel’Agneau de Dieu. En revenant, tout ému, d’auprès decelui en qui il avait reconnu le Messie, André trouvason frère, qu’il se hâta de conduire au Sauveur. Regardpénétrant du Christ sur Simon (è[iëXé^a; ), accompagnéde cette parole, qui révélait tout l’avenir du futurchef de l’Église: «Tu es Simon, le fils de Jean; tuseras appelé Pierre.» C’est-à-dire: jusqu’à ce jour tun’as été qu’un homme ordinaire; bientôt tu seras transformé, et tu deviendras un rocher inébranlable, surlequel je bâtirai un glorieux édifice. Toutefois, ici, lenom de Céphas ou de Pierre est seulement promis àSimon; il ne le recevra d’une manière proprement ditequ’après sa noble confession. Cf. Matth., xvi, 18. Il estprobable que Simon avait alors un peu plus de trenteans, car on suppose qu’il était un peu plus âgé queNotre-Seigneur. Après cet appel, il demeura pendantquelque temps auprès de son nouveau Maître, qu’ilaccompagna, avec son frère André, ses amis Jacqueset Jean, Philippe et Nathanaël, d’abord en Galilée, oùil fut témoin du changement de l’eau en vin à Cana, puis à Jérusalem pour la fête de Pâque, et de nouveauen Galilée, après avoir traversé la Samarie. Le petitgroupe se dispersa alors pour un temps. Cf.Joa., n-rv.

2° Second appel. — Il fit de Simon le disciple proprementdit du Sauveur, et eut lieu après la premièrePâque de la vie publique de Jésus. Il est raconté parles trois synoptiques. Cf. Matth., iv, 18-22; Marc, I, 16-20; Luc, v, 1-11. Les récits de saint Matthieu et desaint Marc sont presque identiques; celui de saint Lucen diffère notablement pour les détails, à tel point quedivers commentateurs ont supposé qu’il y est questiond’un épisode distinct. Mais la ressemblance générale esttrop grande entre les trois narrations, pour qu’elles serapportent à des faits différents. Tout s’explique, sil’on admet que saint Luc raconte plus explicitementles circonstances de l’appel, et met en un plus saisissantrelief la personnalité de Pierre. D’ailleurs, depart et d’autre nous apprenons que Simon fut appelépar Notre-Seigneur tandis qu’il exerçait ses fonctionsde pêcheur, et que ces mêmes fonctions lui furentprésentées comme un symbole de son rôle futur: «Ne crains point; désormais, ce sont des hommesque tu prendras vivants.» Une pêche miraculeuse futassociée à sa vocation. André, Jacques et Jean devinrenten même temps que lui les disciples de Jésus, et, comme lui, ils quittèrent tout sans hésiter, pour s’attacherdéfinitivement à Notre-Seigneur. Depuis ce moment, Simon vécut auprès du divin Maître, recevant delui chaque jour, avec, les autres disciples, la formationnécessaire pour la haute destinée qui lui était réservée.Les Évangélistes ne mentionnent, à cette époque, qued’assez rares incidents auxquels il fut personnellementmêlé. Il eut l’honneur de donner l’hospitalité auSauveur dans sa maison de Capharnaùm, durant l’aprèsmidid’un jour de sabbat, et Jésus l’en récompensa enguérissant sa belle-mère, malade de la lièvre. Cf. Matth., vm, 14-15; Marc, i, 29-31; Luc, iv, 38-39. Le lendemain, comme le Sauveur était sorti de grand matin pourprier, la foule, que ses nombreux miracles avaient jetéedans l’enthousiasme, le cherchait avec anxiété; «Pierreet ceux qui étaient avec lui» (Marc, 1, 36: formuleremarquable, dans laquelle les exégètes reconnaissentà bon droit «la primauté par anticipation» ) allèrentdans toutes les directions pour le retrouver. Il leur fitalors évangéliser une partie de la Galilée. Marc, i, 39; Luc, iv, 43-44.

3° L’appel à l’apostolat et les divers incidents quile suivirent. — Cet appel, le plus solennel de tous, eutpour thrâtre probable le sommetdela montagne nommée

Kouroûn-Hattîn, qui se dresse à peu près en face deTibériade7 à environ trois heures du lac de Génésareth.Dans la région, c’est vraiment «la montagne» parexcellence Ixo ô’poç, avec l’article). Voir Stanley, Sinaiand Palestine, p. 368. Les trois synoptiques racontentaussi cet! événement, qui fut d’une gravité exceptionnelledans la vie de Jésus. Cf. Matth., x, 1-4; Marc, tu, 13-19; Luc, vi, 12-16. Saint Marc et saint Luc en fontressortir l’importance par les formules solennelles quiintroduisent leurs narrations. Un trait spécial est ànoter en ce qui concerne saint Pierre: dans les troislistes du corps apostolique citées à cette occasion, comme aussi dans la quatrième, que nous fournit lelivre des Actes, i, 13, il est toujours mentionné le premier, quoique la plupart des autres Apôtres n’obtiennentpas constamment la même place. Saint Matthieu appuiesur cette circonstance d’une façon particulière, car, après avoir ouvert sa liste en ces termes: «Voici lesnoms des douze apôtres: le premier Simon, qui estappelé Pierre,» il cesse tout à coup de signaler d’autresnuméros d’ordre, et continue en disant: «Et André, son frère; Jacques… et Jean…» Les Pères, les docteurset les commentateurs catholiques, et même d’assez.nombreux protestants, voient avec raison dans ce traitla preuve de la primauté très réelle que saint Pierreexerçait sur ses collègues lorsque l’Évangéliste composason récit. D’ailleurs, cette primauté sera bientôtconfiée à Simon par Notre-Seigneur en un langageencore plus saisissant. Et puis, «ce n’est pas seulementen cet endroit que Pierre occupe le premier rangdans le collège apostolique; l’histoire évangélique luifait jouer presque à chaque page un rôle prééminent.Tantôt il parle au nom de tous les autres disciples, Matth., xix, 27; Luc, xii, 41; tantôt il répond lorsqueles Apôtres sont interpellés en commun par leur Maître, Matth., xvi, 16, etc; quelquefois Jésus s’adresse à luicomme au personnage principal, même parmi les disciplesprivilégiés. Matth., xxvi, 40; Luc, xxii, 31. Cesdétails, sans parler d’autres traits plus frappants encore, auxquels nous arriverons bientôt, forment le meilleurcommentaire des mots Primus Petrus.» L.-Cl. Fillion, Saint Pierre, in-12, Paris, 1906, p. 24.

4° Entre l’appel de saint Pierre à l’apostolat et la confessionglorieuse qui lui méritera d’être élevé à unedignité encore plus haute, nous ne connaissons qu’untrès petit nombre d’incidents auxquels il ait pris unepart directe. — 1. Saint Luc, viii, 45, cite une réflexionfamilière qu’il fit à Jésus au moment de la guérison del’hémorrhoïsse: «Maître, les foules vous pressent etvous accablent, et vous dites: Qui m’a touché?» Commeprécédemment, saint Marc se sert à cette occasion dela formule remarquable «Pierre et ceux qui étaientavec lui». Quelques instants après, Simon était choisi, avec les fils de Zébédée, à l’exclusion des autres Apôtres, pour être témoin de la résurrection de la fille de Jaïre, .Marc, v, 37; Luc, viii, 51. C’est grâce à lui sans douteque saint Marc, son fils spirituel et son «interprète», nous a conservé la parole principale du Sauveur soussa forme primitive: Talitha coumi, Marc, v, 41. —2. Un peu plus tard eut lieu le prodige que saintMatthieu, xiv, 28-32, raconte immédiatement après lapremière multiplication des pains. Pierre nous apparaîtdans cet épisode avec tous les traits distinctifs deson caractère: il est tout d’abord ardent, plein d’entrainet de courage, puis il se laisse tout à coup abattrepar la difficulté: «Maître, si c’est vous, ordonnez quej’aille à vous sur les eaux. Jésus lui dit: Viens. EtPierre, descendant de la barque, marchait sur l’eaupour aller à Jésus. Mais voyant la violence du vent, ileut peur; et comme il commençait à enfoncer, ibs’écria iSeigneur, sauvez-moi. Et aussitôt Jésus, étendant 1° main, le saisit et lui dit: Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté?» — Quelques heures se passent,

et c’est une foi très vive, comme aussi un amour généreux, que Simon-Pierre manifeste pour son Maître.Jésus venait de prononcer dans la synagogue de Capharnaum, le discours où il promet la sainte Eucharistie.Joa., vi, 22-59. D’assez nombreux disciples furentchoqués de ses paroles, qu’ils interprétaient d’unemanière toute charnelle. Resté seul avec les Douze, leSauveur leur demanda: «Et vous, est-ce que vousvoulez aussi me quitter?» Aussitôt, Pierre répondit aunom de tous, avec toute la vigueur de sa conviction: «Seigneur, à qui irions-nous? Vous avez les parolesde la vie éternelle. Et nous, nous avons cru et nousavons connu que vous êtes le Christ, le Fils de Dieu» (ou, d’après une variante qui pourrait bien avoir étéla leçon primitive: le Christ, le Saint de Dieu, c’est-àdire, celui que Dieu a consacré, mis à part, pour accomplir le rôle qui lui a été destiné). Cf. joa., VI, 60-72.L’apôtre regardait donc alors Jésus comme le vrai Messie.— 3. Vers cette époque, les scribes et les pharisiens reprochèrent aux disciples de se dispenser des ablutionstraditionnelles qui précédaient les repas. Jésus priténergiquement la défense des siens, et prononça à cetteoccasion la parole célèbre: «Ce n’est pas ce qui entredans la bouche qui souille l’homme.» Pierre, qui nele comprit point, en demanda l’explication: «Interprétez-nous cette parabole.» Matth., xv, 1-20.

M. LA PROFESSION DE FOI SE SIMON PIERRE ET SA

récompense. — 1° L’occasion. Cf. Matth., xvi, 13-15; Marc, viii, 27-29; Luc, ix, 18-19. — Jésus a commencéde rassembler les brebis dispersées d’Israël, et il ainstitué des pasteurs pour les nourrir et les diriger; mais il faut aussi, pour tenir sa place lorsqu’il auraquitté cette terre, un pasteur suprême des âmes, et ilva maintenant l'établir. Ce fait mémorable eut lieudans la Galilée du nord, au pied de l’Hermon, nonloin de Césarée de Philippe. Jésus approchait de laville; tout à coup, au sortir d’une prière solitaire, ilposa aux Douze, dont il était entouré, cette question, destinée à préparer les révélations qui suivent: «Quedisent les hommes qu’est le Fils de l’homme?» C’està-dire: Quel jugement porte-t-on à mon sujet? La réponsedes Apôtres fournit un compte rendu très exact des différentes opinions qui avaient cours en Israël au sujetde leur Maître: «Les uns, qu’il est Jean-Baptiste; lesautres, Élie; les autres, Jérémie ou quelqu’un desprophètes.» La masse du peuple considérait doncJésus, à cette époque de sa vie publique, comme unpersonnage extraordinaire; mais beaucoup avaient cesséde le regarder comme le Messie, parce qu’il s'étaitrefusé à flatter leurs préjugés grossiers. Jésus reprit: «Et vous (vous, mes disciples privilégiés, qui me connaissez mieux que personne), qui dites-vous que jesuis?» La crise terrible de sa passion approche, et ilveut savoir s’il pourra compter, pour continuer sonœuvre, sur ceux qu’il avait le plus aimés.

2° Confession de Pierre. — Il répondit au nom detous. Saint Marc, viii, 29, et saint Luc, îx, 20, ne donnentqu’un résumé de sa profession de foi; mais saintMatthieu, xvi, 16, l’a conservée plus complètement: 2ùet ô XpioToç, ô vi’oç toû 6)îoî toO Çôj'/toç. La définitionque Pierre donne du Sauveur est aussi exacte qu'énergique (notez l’emploi de l’article devant tous les motscapables de le recevoir); la nature et le rôle uniques deJésus y sont nettement marqués. Simon reconnaissaiten lui non seulement le Messie promis aux Juifs, maisle Fils de Dieu dans un sens strict et absolu. Il n’estpas douteux que telle est ici la signification des motsFilius I)ei viventis, comme l’ont toujours affirmé, à lasuite des Pères, les exégètes et les théologiens catholiques, et même de nombreux écrivains protestants. Si, dans la pensée de Pierre, ce second titre était un simplesynonyme du premier, comme le prétendent les commentateurs rationalistes, Jésus n’aurait pas pu le féliciter et lui dire qu’il avait parlé en vertu d’une révélation spéciale; en effet, les Apôtres savaient depuislongtemps que leur Maître était le Christ. Le secondtitre explique donc et développe le premier: le Messie, tel que Pierre se le représentait, était réellement leFils de Dieu.

3° Récompense de Pierre. — Ce passage est propreà saint Matthieu, xvi, 17-19. Jésus répondit à l’apôtre: «Et je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudrontpoint contre elle; et je te donnerai les clefs du royaumedes cieux, et tout ce que tu lieras sur la terre sera liéaussi dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur laterre sera aussi délié dans les cieux.» Dès sa premièrerencontre avec le fils de Jonas, Jésus lui avait préditqu’il serait appelé Kêfa'. Cf. Joa., i, 43. Voir plus haut, col. 356. Il lui donne maintenant ce nom symbolique; et part de là pour l’instituer chef de son Église, comparée à un édifice spirituel. «Sur cette pierre», c’està-dire, comme il ressort évidemment du texte, surSimon lui-même, en tant qu’il était Kêfa', rochermystique. C’est à tort qu’on a interprété parfois cesmots comme il suit: sur Jésus en personne; ou bien, sur cette confession de Pierre; ou encore: sur le collègeapostolique uni à Pierre. Bâtie sur ce roc d’une solidité à toute épreuve, l'Église de Jésus sera elle-mêmeà jamais inébranlable; les portes (la partie pour letout) de l’enfer, ou plus exactement, du séjour desmorts (iriiai ïfiou) envisagé comme une citadelle dontles portes ont une solidité extraordinaire, seront impuissantes contre elle. Ce sombre séjour, à la puissanceduquel personne ne peut se soustraire, ne triompheradonc pas de l'Église du Christ. — Les images suivantesexpliquent la première. Celle des clefs se rattache trèsnaturellement à celle de la construction mystique quiest l'Église. Elle fait de Pierre l’intendant suprême, lechef visible de ce bel édifice, puisque celui qui possèdeles clefs d’une maison, et qui a le droit de s’en servirpour ouvrir ou fermer les portes comme bon lui semble, jouit par là même d’une autorité sans limite sur la maison. Cf. Is., xxii, 22; Apoc, i, 18 et iii, 7. La figure: <c Tout ce que tu lieras…» est encore plus expressivepour marquer une puissance absolue; en effet, le Sauveur affirme ainsi que toutes les décisions de Pierre seront ratifiées par Dieu lui-même. Les rabbins emploientsouvent les verbes lier et délier dans le sens d’interdire et de permettre. Voir Edersheim, Life and Timesof Jésus the Messiah, t. ii, p. 84; Dalman, Worte Jesu, p. 174-178. Ils signifient plutôt dans ce passage: condamner et acquitter. — Sans doute, Jésus devait direplus tard à tous les Apôtres, presque dans les mêmestermes: «Tout ce que vous lierez sur la terre sera liéaussi dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur laterre sera délié aussi dans le ciel.» Cf. Matth., Xvm, 18.Mais, comme le remarque très bien Bossuet, Discourssur l’unité de l'Église, 1° point, «cette parole. Toutce que tu lieras, … dite à un seul, a déjà rangé sous sapuissance chacun de ceux à qui on dira: Tout ce quevous remettrez… Il y a donc dans la chaire de Pierrela plénitude de la puissance.» La primauté de Pierreet l’indéfectibilité de l'Église, telles sont donc les promesses faites ici par Jésus.

IV. DEPUIS LA PROMESSE DE LA PRIMAUTÉ JUSQU’A

LA passion SU SAUVEUR. — 1° Le fils de Jonas se faitle tentateur de Jésus. Matth., xvi, 21-23; Marc, viii, 31-33. — Cet épisode, qui eut lieu aussitôt après laconfession de Simon-Pierre, ne nous présente pasl’apôtre sous un jour aussi favorable. «La chair et lesang» avaient encore quelque prise sur lui. CommeJésus, pour préparer de plus en plus ses amis les plusintimes à l'épreuve redoutable qui les attendait, venaitde leur annoncer pour, la première fois, en termestrès clairs, la proximité de sa passion, le cœur aimant de Pierre en fut terrifié; il ne pouvait comprendre encoreque le Christ dût subir une telle humiliation. Leprenant donc à part, il s’écria: «À Dieu ne plaise, Seigneur! cela ne vous arrivera pas.» Se détournantde Simon, pour mieux marquer sa peine, Jésus lui dit: «Va-t-en derrière moi, Satan; tu m’es un objet descandale, car lu n’as pas le goût des choses de Dieu, mais des choses des hommes.» C’est par le même langageque le Christ avait autrefois chassé loin de lui ledémon en personne, à la suite de sa tentation dansle désert. Matth., iv, 10. En çffet, Pierre, guidé en cemoment par des pensées et des sentiments tout humains, ne tendait à rien moins qu’à empêcher Jésus d’accomplirla volonté de Dieu.

2° Pierre sur la montagne de la Transfiguration.Matth., xvii, 1-8; Marc, ix, 1-7; Luc, ix, 28-36. — Cegrand miracle, qui tient une place si importante dansla vie du Sauveur, fut accompli quelques jours seulementaprès les faits qui précèdent. Simon-Pierre eutle grand honneur d’être choisi par son Maître pour enêtre témoin, avec les deux fils de Zébédée. Ici encore, il joua un rôle spécial, très conforme à son tempéramentardent et à sa tendre affection pour Notre-Seigneur.Au moment le plus solennel du mystère, lorsqu’il vit que Moïse et Èlie étaient sur le point de seretirer, il s’écria: «Seigneur, il est bon pour nousd’être ici; si vous le voulez, faisons-y trois tentes, unepour vous, une pour Moïse et une pour Élie.» Il nerespirait que bonheur et suavité sur la sainte montagne, et il aurait voulu que ces instants délicieuxfussent à jamais prolongés. «Il ne savait ce qu’ildisait,» fait remarquer saint Marc, ix, 6. Dans sonextase, il oubliait que de telles joies ne sauraient durerindéfiniment ici-bas. Un passage de sa II 8 Épître, i, 1618, composée environ trente-cinq ans plus tard, décrit, en quelques traits pleins de vie, le mystère de laTransfiguration, le citant comme une preuve incontestablede la certitude parfaite des vérités prêchées parles apôtres.

3° Le miracle du didrachme. — Il est placé un peuplus tard dans le récit de saint Matthieu, xvii, 23-26.Un jour que Jésus et ses apôtres revenaient à Capharnaûm, les collecteurs de l’impôt du Temple, n’osantpeut-être pas s’adresser directement à Notre-Seigneur, demandèrent à Pierre, qui était connu dans la ville: «Votre Maître ne paie-t-il pas le didrachme?» c’est-à-direla double drachme ou le demi-sicle. Simon réponditaffirmativement; mais il s’était trop avancé, enengageant son Maître sans le consulter. Celui-ci luidémontra donc qu’en tant que Messie il n’était pas tenude payer ce genre d’imposition. Toutefois, pour ne pasêtre une occasion de scandale, il consentit à acquitterle tribut; mais, voulant en même temps attester sesdroits, il se procura par un prodige la somme qu’exigeaitla loi.

4° La suite du récit évangélique mentionne encore, vers cette époque, trois questions du prince desapôtres. Elles manifestent son esprit pratique, et aussil’attention intelligente avec laquelle il écoutait les leçonsdu Sauveur. — La première concerne le pardon desinjures, vertu toute chrétienne que Jésus venait de recommanderinstamment: «Seigneur, combien de foispardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il aura péché contremoi? Jusqu’à sept fois?» Non, ce n’était pas assez: «Jusqu’à soixante-dix-sept fois,» sans fin. Cf. Matth., xviii, 21-22. Dans une autre circonstance, Luc, xxii, 41-43, Jésus venait d’exhorter ses auditeurs à unevigilance de tous les instants, pour qu’ils fussent bienpréparés à son second avènement. Pierre demanda: «Seigneur, est-ce à nous (à nous, vos Apôtres) quevous dites cette parabole, ou est-ce aussi à tous ( à tousles chrétiens)? s — Pierre adressa sa troisième questionà Notre-Seigneur après le départ du jeune homme

riphe, qui avait refusé de vendre ses biens pour suivreJésus. Le «bon Maître» s’était écrié avec tristesse: «En vérité, je vous le dis, un riche entrera difficilementdans le royaume des cieux.» Pierre lui demanda: «Nous, voici que nous avons tout quitté et que nousvous avons suivi; qu’y aura-t-il donc pour nous?» Ilreçut pour lui-même et ses collègues dans l’apostolatune promesse magnifique. Cf. Matth., xix, 27-30; Marc, x, 28-31; Luc, xviii, 28-30.

V. SAINT PIERRE DURANT LA SEMAINE DE LA PASSION.

— Ici encore, il a sa place à part et joue un rôle prépondérantparmi les membres du collège apostolique.

1° Saint Marc nous a conservé deux paroles prononcéespar Simon-Pierre dans la journée du mardi. Lapremière fut proférée dans la matinée, lorsque lesApôtres constatèrent l’effet produit sur le figuier stérilepar la malédiction de Jésus. Pierre, «se ressouvenant, dit à Jésus: Rabbi, voici que le figuier que vous avezmaudit s’est desséché.» Marc, xi, 20-21. — Il prononçala seconde dans l’après-midi. Comme Jésus venait deprophétiser la ruine du Temple, Pierre, Jacques, Jeanet André lui demandèrent en particulier: «Dites-nousquand ces choses arriveront, et quel signe il y aura devotre avènement et de la consommation du siècle.» Marc, xiii, 1; Matth., xxiv, 3; Luc, xxi, 7. C’est probablementsaint Pierre qui fut le. porte-parole, selonsa coutume.

2° Le jour du jeudi-saint, il fut chargé par Jésus, avec saint Jean, de préparer tout ce qui était requispour le festin pascal et de découvrir, au moyen d’unsigne particulier, le cénacle où le Maître devait fairela Pâque avec ses disciples. Cf. Luc, xxii, 8. Le soir, lorsque Jésus et les Apôtres se trouvèrent réunis, Notre-Seigneur, Joa., xiii, 1-10, voulut laver les piedsdes Douze, pour marquer symboliquement les dispositionsavec lesquelles ils devaient recevoir la sainte Eucharistie.Dans le dialogue qui s’engagea alors entre Jésuset Pierre, l’apôtre se peint tout entier avec sa foi, sonenthousiasme, son amour. Peu d’instants après, lorsquele Sauveur eut prédit qu’un de ses Apôtres le trahirait, Pierre sut obtenir, par l’intermédiaire de son amisaint Jean, la désignation du traître. Joa., xiii, 22-26.

— La prédiction de la chute prochaine de Pierre estmentionnée par les quatre Évangélistes, Matth., xxvi, 30-35; Marc, xiv, 26-31; Luc, xxii, 31-34; Joa., xiii, 33-38; mais ils ne la combinent pas de la même manièreavec les incidents voisins; du moins, ils la placenttous à la suite de la cène. Il ne paraît guère vraisemblableque Jésus l’ait réitérée à plusieurs’reprises, comme l’ont supposé quelques interprètes. Saint Lucl’associe à une prophétie consolante, qu’il est seul àsignaler, xxii, 31-32, et qui rappelle la magnifiquepromesse faite autrefois près de Césarée de Philippe: «Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamé, pourvous cribler comme le froment; mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas, et lorsque tu seras converti, affermis tes frères.»

3’A Gethsémani, Pierre fut de nouveau choisi, avecJacques et Jean, pour assister à l’une des scènes lesplus douloureuses de la vie de son Maître. Matth., xxvi, 37; Marc, xiv, 33. D’après saint Marc, xiv, 37, jc’est àlui que Notre-Seigneur adressa doucement ce reproche, , après la première phase de son agonie: «Simon, tun’as pas pu veiller une heure!» Mais, un peu plustard, Pierre essaya, au péril de sa propre vie, de défendrele Sauveur, lorsque les émissaires du sanhédrinseprésentèrentpourl’arrêter. Avant de quitter le cénacle, il s’était muni d’un glaive, dont il voulut asséner uncoup sur la tête de Malchus; mais il ne l’atteignit qu’àl’oreille. Matth., xxvi, 51; Marc, xiv, 47; Luc, xxii, 50; Joa., xviii, 10-11. Jésus blâma cet acte de violence^

4° Au moment de l’arrestation du Christ, Pierre pritla fuite avec les dix autres Apôtres; mais bientôt, devenu

plus calme, et oubliant son propre péril pour ne songerqu’à la triste situation de son Maître, «il suivit Jésusde loin, jusque dans la cour du grand prêtre.» Matth., xxvi, 58; Marc, xiv, 54; Luc, xxii, 54; Joa., xviii, 15.Le quatrième Évangile nous apprend formellement quec’est grâce à son ami, le disciple bien-aimé, que Pierreréussit à pénétrer dans la cour du palais pontifical.Désireux de «voir la fin», Matth., xxvi, 58, c’est-à-dire, l’issue du procès de Notre-Seigneur, il s’assit aumilieu des serviteurs du grand prêtre, auprès du feude braise qu’ils avaient allumé dans la cour, à cause dufroid.

5? Là, un autre danger, auquel il ne pensait pas, l’atteignit et le renversa tristement. Les quatre Évangélistesracontent le douloureux épisode de son triplereniement. Cf. Matth., xxvi, 69-75; Marc, xiv, 6672; Luc, xxii, 55-62; Joa., xviii, 16-18, 25-27. Chacunedes narrations présente un certain nombre de divergences, qui ne vont jamais jusqu’à la contradiction, quoi qu’on ait prétendu en sens contraire. La meilleureexplication qu’on puisse donner de ces variantesconsiste à dire qu’il y eut, dans ce petit drame, troisactes principaux, dont chacun se composa de plusieursscènes convergentes: les narrateurs ont fait leur choixparmi ces scènes particulières, l’essentiel consistantpour eux dans les trois actes, à cause de la prophétierécente de Jésus. Voir Fouard, Vie de Notre-SeigneurJésus-Christ, in-8°, 2= édit., Paris, 1882, t. ii, p. 350-352; L.-Cl. Fillion, L’Évangile selon saint Jean, in-8°, Paris, 1887, p. 334-335. Le chant du coq rappela le malheureuxapôtre à la réalité. Sortant aussitôt du palais, il semit à pleurer en sanglotant (j’xXauffev). Sa faute avaitété grande, assurément; mais c’était seulement unefaute de surprise, de faiblesse, qui n’atteignit ni sa foi, ni son dévouement. Il la répara du reste, par un profondet perpétuel repentir-.

vi. après la résurrection he jésvs. — Pierrecontinua de recevoir alors des marques de la prédilectiondu divin Maître, soit à Jérusalem, soit un peu plustard en Galilée. — Lorsque les saintes femmes, avertiespar un ange que Jésus était ressuscité, eurent annoncéà leur tour «aux disciples et à Pierre», Marc, xvi, 7, les faits dont elles avaient été témoins, Pierre et ledisciple bien-aimé firent ensemble au sépulcre la visiteque saint Luc se contente de mentionner brièvement, xxiv, 12, mais que saint Jean raconte d’une manièredramatique, xx, 2-10. D’après le troisième Évangile, Pierre s’en alla, «admirant en lui-même ce qui étaitarrivé.» Bientôt son admiration se changea en unecomplète certitude, car Jésus daigna lui apparaîtreen ce même jour. Luc, xxiv, 34; cf. I Cor., xv, 5. —Saint Jean, xxi, 1-22, expose tout au long les détailsd’une autre apparition que le Sauveur ressuscité fit, quelque temps après, à sept apôtres réunis sur lesbords du lac de Tibériade, et dont saint Pierre eut, pour ainsi dire, tous les honneurs. À la suite d’unepêche miraculeuse, analogue à celle qui avait accompagnéson appel au rôle de disciple, cf. Luc, v, 1-11, Jésus exigea de lui une triple protestation d’amour, enréparation de son triple reniement; puis il lui confirmasolennellement son titre de chef du corps apostoliqueet de l’Église entière, en lui disant: «Pais mes agneaux, pais mes brebis.» Voir L.-Cl. Fillion, L’Évangile selonsaint Jean, 1887, p. 384. Il lui prédit ensuite une morttragique, par ce langage figuré: «Lorsque tu aurasvieilli, un autre te ceindra et te conduira où tu nevoudras pas.»

II. Saint Pierre dans les Actes des Apôtres. —C’est le début de la période d’action pour notre héros, après la période de préparation dont les Évangiles contiennentle très riche exposé. Le livre des Actes renfermedans sa première partie, <; bap.l-xi, des détails si nombreuxsur le ministère du prince des Apôtres, qu’on a

souvent donné à cette section le nom d’Actes de Pierre.Il est encore question de Simon au chap. xv. Partoutl’historien sacré nous le montre, selon le mot de Bossuet, «à la tête de tout, menant pour ainsi dire ses frèresles Apôtres au combat,» occupant le premier rang etexerçant une supériorité très réelle, que personne nesonge à contester..

1° Part très grande qu’il prend à la fondation del’Eglise de Jérusalem. — 1. Au cénacle, immédiatementaprès l’ascension de Notre-Seigneur, il se mit, mêmeen présence de Marie, Act., 1, 14, à la tête des «frères», et il présida au remplacement de Judas. Act., i, 12-26. Ilprononça, à cette occasion, le premier des huit discoursque saint Luc nous a conservés de lui. Cf. Act., i, 15-22.

2. Le jour de la Pentecôte, lorsqu’une foule énorme, composée d’Israélites qui habitaient toutes les régionsde l’empire romain, eut entouré le cénacle, attirée parle bruit violent qui avait accompagné la descente del’Esprit-Saint, Pierre prit de nouveau la parole, pourexpliquer la nature de ce mystère qu’avait prédit leprophète Joël, et pour prêcher hautement Jésus-Christ.Act., ii, 1-41. Une transformation admirable s’étaitproduite en lui, naguère si timide. Trois mille conversionsfurent le résultat de ce qu’on a très justementappelé «le premier coup de filet du pêcheurd’hommes.»

3. Quelque temps après, il guérit miraculeusem*nt unparalytique, qui mendiait depuis de longues années àla Belle-Porte du temple. Un grand concours de peuples’étant formé autour de lui et de saint Jean, quil’accompagnait, il prononça sa troisième allocution, dans laquelle il attribue nettement la guérison à sonvéritable auteur, Jésus-Christ, dont elle attestait le caractèremessianique. Cinq mille conversions nouvelleseurent lieu en cet instant. Act., iii, 1-26. Mais ce futl’occasion d’un premier conflitdes autorités juivesavecl’Église naissante. Irrités de voir que les deux apôtresproclamaient publiquement la résurrection de Jésus etsa toute-puissance, quelques prêtres et sadducéens lesfirent emprisonner. Le lendemain, Pierre et Jean comparurentdevant le sanhédrin tout entier, pour donnerdes explications sur leur conduite. Dans son quatrièmediscours, Pierre rendit un éclatant témoignage à Jésus-Christen face du tribunal suprême des Juifs. Commele miracle avait eu de nombreux témoins, on n’osa pascondamner les accusés’; mais on les relâcha, après leuravoir interdit sévèrement de prêcher au nom de Jésuc-Christ.C’est alors que Pierre^ prononça son célèbreNon possumus. Act., iv, 1-22.

4. Malgré la sainteté de vie des premiers chrétiens, signalée à deux reprises par l’auteur des Actes, ii, 42-47; iv, 32-35, un douloureux épisode ne tarda pasà prouver que l’imperfection et le mal se glissent promptementau sein des sociétés les meilleures: Ananie etSaphire «mentirent à l’Esprit-Saint et fraudèrent surle prix de leur champ», pour se donner l’apparenced’une libéralité généreuse. Pierre, en sa qualité de chefde l’Église, eut à châtier cet orgueil doublement criminel.Act., v, 1-11. Son autorité suprême, mise en untrès vif relief par cet événement, fut encore rehausséepar les éclatants prodiges que Dieu lui donna d’accomplir: son ombre même guérissait les malades sur lesquelselle passait. Act., v, 12-16. Comme ses collèguesdans l’apostolat accomplissaient aussi des miracles nombreux, il se produisit des conversions multiples. Alors lacolère du grand-prêtre et du sanhédrin ne connut pasde bornes: les Douze, arrêtés tous ensemble, furentconduits devant le tribunal, et Pierre, dans sa cinquièmeallocution, protesta avec un courage inébranlable etrendit témoignage à la résurrection de son Maître.Leurs juges iniques les auraient infailliblement condamnésà mort, sans l’intervention du sage Gamaliel, qui les sauva. Ils furent donc remis en liberté, non

sans de nouvelles menaces, dont ils continuèrent dene tenir aucun compte. Act., v, 17-42.

2° Avec le concours de Pierre, l’Eglise se développeen Saniarie et en Judée. Act., viii, £25. — 1. En Samarie.— Le livre des Acles ne fait aucune mentiondirecte de Pierre pendant la persécution violente quiéclata bientôt contre l’Église; nous y apprenons seulementque les apôtres demeurèrent alors à Jérusalem, où leur présence était nécessaire pour confirmer leschrétiens dans la foi. Act., viii, 1. Lorsqu’il est denouveau question de lui, nous le trouvons, d’après letexte grec, à Sébaste, en Samarie, où le saint et vaillantdiacre Philippe avait opéré de nombreuses conversions, entre autres celle de Simon le magicien. Sur ledésir des Apôtres, Pierre, en compagnie de saint Jean, se rendit en Samarie, pour affermir les fidèles dansleurs bonnes dispositions. C’est alors que le magicienosa lui offrir de l’argent pour obtenir le pouvoir defaire descendre, comme lui, l’Esprit-Saint parla simpleimposition des mains. L’apôtre rejeta cette offre avecindignation, et revint à Jérusalem, en annonçant avecsuccès la bonne, nouvelle dans les bourgades samaritainessituées sur son chemin.

2. En Judée. — Lorsque la paix eut été complètementrendue à l’Église, le prince des apôtres en profita pourvisiter officiellement les chrétientés qui s’étaient formées, pendant la persécution, sur divers points de laJudée, grâce au zèle des fidèles de Jérusalem, obligésde se disperser. Saint Luc raconte deux grands prodigesaccomplis par saint Pierre durant cette première detoutes les visites pastorales: la guérison d’un paralytiqueà Lydda, Act., ix, 32-35, et la résurrection deTabitha à Joppé. Act., ix, 36-43. Voir Paralytique, t. iv, col. 2153, et Tabitha.

3° Saint Pierre, sur l’ordre de Dieu, ouvre aussi lesportes de l’Eglise aux païens. — 1. Conversion ducenturion Corneille. — Avant de remonter au ciel, Jésus avait dit à ses Apôtres: «Vous me servirez detémoins à Jérusalem, et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre.» Act, I, 8. Pierre adéjà réalisé les deux premières parties de cet. ordre; voiciqu’il va maintenant rendre témoignage à Jésus devantles païens, et les introduire à leur tour dans le divinbercail. Quoiqu’il fût réservé à saint Paul d’être l’apôtredes Gentils par excellence, il convenait que le vicairedu Sauveur fût choisi de préférence à tous les autresApôtres pour recevoir d’une manière officielle dansl’Église les premiers convertis du paganisme. Cet épisodeest raconté longuement par saint Luc, Act., x, 148, à cause de son importance extraordinaire. L’écrivainsacré expose tour à tour les deux visions par lesquellesCorneille et Pierre furent divinement avertis, chacun de son côté; le voyage de Simon-Pierre à Césaréede Palestine, ville où le centurion était alors engarnison; l’entrevue des deux héros de la narration, qu’entouraient plusieurs amis de part et d’autre; l’éloquentdiscours prononcé à cette occasion par l’apôtre(le sixième du livre des Actes); enfin la descente del’Esprit-Saint sur les nouveaux convertis et leur baptême.Voir Corneille, t. ii, col. 1012.

2. Lorsqu’il revint à Jérusalem, Pierre eut à justifiersa conduite devant les chrétiens assemblés. On lui reprochaitd’ «être entré chez des païens et d’avoir mangéavec eux», et beaucoup plus encore, quoiqu’on ne mitpas cette raison en avant, d’avoir participé à leur conversion.En vertu d’antiques préjugés, la plupart desfidèles d’origine israélite étaient demeurés hostiles auxconvertis du paganisme, et, malgré les oracles si clairsdes’prophètes, ils avaient de la peine à croire quel’Église de Jésus dût être ouverte à tous les hommessans exception. Pierre expliqua sa conduite dans sonseptième discours, et elle fut approuvée de tous. Act., xi, 1-18.

4° Saint Pierre est emprisonne par Ilérode et délivrémiraculeusem*nt. Act., xii, 1-17. — Ce doubleincident eut lieu vers l’an 43 de notre ère, quelquetemps avant la mort du roi Hérode Agrippa I er, petit-filsd’Hérode le Grand. Ce prince, après avoir fait décapitersaint Jacques le Majeur par haine du christianisme, donna l’ordre, pour plaire davantage encoreaux Juifs, que cet acte cruel avait comblés de joie, d’incarcérer saint Pierre, en attendant qu’on le conduisîtà son tour au supplice. Mais, la nuit même quiprécéda le jour où il devait être exécuté, un ange ledélivra en des circonstances merveilleuses. Sorti de saprison, Pierre alla directement dans la maison de Marie, mère de Jean-Marc, le futur évangéliste, chez laquelleil trouva de nombreux chrétiens assemblés. Après leuravoir raconté l’histoire de sa délivrance, «il s’en alladans un autre lieu,» que nous essaierons de fixerultérieurement, d’après les données de la tradition. Voircol. 373-374.

5° Pierre au concile de Jérusalem. Act., xv, 1-27. —Quelques années se passent. Lorsque Pierre est denouveau mentionné au livre des Actes, il est à Jérusalem(vers l’an 50, 51 ou 52) et préside l’assemblée desApôtres et des Anciens, qui allait trancher définitivementla controverse soulevée avec tant de violence parles judaïsants, sur divers points de la chrétienté. Paulet Barnabe étaient venus tout exprès d’Antioche, pourconsulter l’autorité suprême sur cette question. Lesdébats furent très vifs, car les partisans de l’erreurexigeaient avec un acharnement extraordinaire lemaintien de la circoncision et des autres principauxrites du judaïsme. Lorsque les deux partis eurent exposéleurs arguments, Pierre prit la parole avec toutel’autorité que lui conférait sa charge. Le petit discoursqu’il prononça (le huitième et dernier de ceux quenous lisons dans les Actes), proclame hautement laliberté pleine et entière des chrétiens issus du paganisme, par rapport aux observances judaïques. Leprince des Apôtres disparaît du récit des Actes, aprèscette conduite si digne de lui.

III. Saint Pierre dans I’Épître de saint Paul auxGalates. — l°Paul, dans les chap. 1 et n de cette lettre, signale coup sur coup deux faits nouveaux relatifs àCéphas, c’est-à-dire à saint Pierre. Esquissant d’aborden quelques lignes les incidents qui suivirent de trèsprès sa propre conversion, il raconte en ces termes sapremière entrevue avec le prince des Apôtres: «Jevins à Jérusalem pour voir Pierre.» Gal., i, 18-20. Leverbe îaTopf, <rai signifie toujours que la personne ou lachose contemplée est digne d’un intérêt particulier; en l’employant, saint Paul met en un vif relief l’augustedignité qu’il reconnaissait et qu’il venait honorer dansCéphas.

2° Quelques lignes plus bas, Gal., ii, 11-21, Paul signaleun fait plus surprenant encore, . dont les protestantsont souvent exagéré la portée, pour amoindrirl’autorité de saint Pierre. Il s’agit de ce qu’on nommehabituellement «le conflit d’Antioche». C’était, cesemble, peu de temps après l’assemblée de Jérusalem, et Pierre se trouvait avec l’apôtre des Gentils dans lamétropole de la Syrie. Voici les faits, tels que les exposesaint Paul: «Lorsque Céphas vint à Antioche, jelui résistai en face, parce qu’il était blâmable /xaTe^vuo(tévo; ). En effet, avant l’arrivée de quelques personnesenvoyées (de Jérusalem) par Jacques, il mangeait avecles païens (c’est-à-dire, les chrétiens d’origine païenne); mais, quand elles furent venues, il se retira et se mit àl’écart, craignant ceux de la circoncision (les Juifs convertis).Elles autres Juifs usèrent de la même dissimulationque lui, de sorte que Barnabe aussi fut entraînédans cette dissimulation. Mais, quand je vis qu’ils nemarchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, jedis à Céphas, en présence de tous: Si toi, qui es Juif,

tu vis à la manière des païens, et non comme les Juifs, pourquoi forces-tu les païens de judaïser?…»

Souvent, dans les temps anciens, on a essayé d'échapper, par des hypothèses assez étranges, aux conséquences fâcheuses que l’on croyait devoir découler decet épisode pour la dignité de saint Pierre. — 1. On aprétendu qu’il s’agit d’un autre Céphas que SimonPierre. Voir Clément d’Alexandrie, dans Eusèbe, H. E., I, 12, t. xx, col. 117. Mais cela est inadmissible, puisque, d’une part, quelques lignes plus haut, Gal., £, 18, Paula déjà mentionné le prince des Apôtres sous le nom deCéphas, et que, d’autre part, tout son récit supposeque celui avec lequel il entra en discussion était unpersonnage jouissant d’une autorité supérieure. Aussi, presque tous les Pères et les anciens auteurs ecclésiastiques; comme la plupart des commentateurs moderneset contemporains, ont-ils identifié ce Céphas et saintPierre. Voir Céphas, t. ii, col. 429. — 2. On a supposé(Origène, d’après S. Jérôme, Epist. exil, ad August., 4, t. xxii, col. 918; S. Jean Chrysostome, Honi. inillud: In faciem ei rest-ili, 15, t. li, col. 384; S. Jérôme lui-même, In Episl. ad Gal., ii, 11, t. xxvi, col. 341) que, si saint Pierre et saint Paul ont agi commele raconte ce dernier, c'était en vertu d’une ententepréalable, afin de donner une leçon très forte aux judaïsants dans la personne du prince des Apôtres. Cetteconjecture s’appuie sur une fausse interprétation dumot ùitoxpîii; , «dissimulation.» En effet, en employantce terme, saint Paul a seulement voulu dire que Céphas, Barnabe et leurs imitateurs avaient changé deconduite par de simples motifs de circonstance, partimidité et faiblesse, et non par suite d’une convicti onintime. Voir à ce sujet S. Augustin, Epist. xxvin etlxxxii, ad Hieronym., t. xxiii, col. 112, 276. Pour interpréter les faits, il faut les envisager de la façon laplus simple et la plus naturelle. Pierre, en arrivant àAntioche, partagea sans la moindre hésitation la vie etles repas des chrétiens d’origine païenne, ainsi qu’ilavait déjà fait autrefois chez le centurion Corneille, Act., xi, 3; mais, plusieurs chrétiens issus du judaïsmeétant venus à leur tour dans cette même ville, commeil les savait très attachés aux observances légales, il setrouva dans une situation fort délicate: s’il continuaitde vivre avec les Gentils, il froissait les chrétiens deJérusalem; s’il se séparait des fidèles d’origine païenne, il les offensait eux-mêmes. Il lui parut cependant qu’ilvalait mieux, dans l’intérêt de son ministère, exercé surtout auprès des judéo-chrétiens, de se décider en faveurde la seconde alternative. Il en avait certainement ledroit, puisque les Juifs convertis étaient libres encored’observer la loi. Mais son exemple suscitait deux grandspérils: d’un côté, quelques esprits exagérés pouvaienten conclure que les pratiques légales continuaient d'êtrestrictement obligatoires pour les chrétiens issus dujudaïsme, et pas seulement facultatives; d’autre part, lespaïens convertis eux-mêmes pouvaient craindre qu’onne les assujettît à. ces pratiques. Paul réclama au nomde ces derniers. Il ne dit pas en termes exprès ce que fitsaint Pierre; mais il n’est pas douteux que celui-ci ne sesoit humblement soumis aux observations très justes deson c< bien-aimé frère Paul». II Petr., iii, 15. Sur cettequestion, voir Pesch, Veberdie Person des Kephas, dansla Zeitschriftfùrkathol. Théologie, t. vii, 1883, p. 456490; F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 5e édit., t. v, p. 456-476 (ils donnent la listedes principaux auteurs qui ont cru, dans le cours destemps, que le Céphas d' Antioche est distinct du princedes Apôtres).

. IV. Saint Pierre d’après la tradition. — Ici, unedistinction est nécessaire, car les documents sont loinde posséder tous la même valeur historique. Il en estque nous pouvons suivre en toute sécurité; tels sont engénéral les renseignements fournis par les Pères de

l'Église, surtout par Eusèbe de Césarée et saint Jérôme.D’autres sont plus ou moins associés à des détails merveilleux, légendaires, dont il est nécessaire de se défier; dans cette catégorie se placent les Actes apocryphes desaint Pierre, les écrits connus sous le nom de littératureclémentine, etc. Néanmoins, ces sources de secondordre contiennent elles-mêmes quelques faits historiques, qui se dégagent assez facilement, grâce à la tradition sérieuse et à la critique, des fables dont ils sontentourés. Il faut noter encore que la tradition proprement dite nous fournit des données assez restreintessur la vie et le ministère apostolique de saint Pierre. Dumoins, elle nous renseigne très clairement sur les pointsessentiels

I. LA PREMIÈRE PÉRIODE DE LA VIE DE SAINT PIERBB.

— À ce sujet, la tradition se borne à quelques pointsd’importance très secondaire. La mère de Simon seserait nommée Johanna. Cf. Cotelier, Constit. apost., ii, 63, t. i, col. 755. Sa femme aurait porté le nom de Perpétue ou celui de Concordia qui ne conviennent pas àune Juive, Patr. gr., t. i, col. 1365, note 43. D’aprèssaint Jérôme, Adv. Jovinian., i, 26, t. xxiii, col. 245, elle serait morte d’assez bonne heure, avant que Pierrene devînt le disciple de Jésus. Au contraire, au dire deClément d’Alexandrie, Stroni., vii, 11, t. ix, col. 488, elleaurait subi le martyre à Rome, peu de temps avant lui.Il l’aurait accompagnée au lieu du supplice, en l’encourageant par ces paroles: «O toi, souviens-toi du Seigneur. >. Plusieurs adoptent ce dernier sentiment enconcluant de I Cor., ix, 5, que saint Pierre, commed’autres apôtres, se faisait accompagner, durant sescourses apostoliques, par sa femme, traitée comme unesœur. Saint Jérôme, loc. cit., mentionne une traditiond’après laquelle Pierre aurait eu plusieurs enfants.Cf. Clément d’Alexandrie, Strom., iii, 6, t. vii, col. 1156.On lui a longtemps attribué une fille du nom de Pétronille, que mentionnent les Acta Nerei et Achillei, 15, et les Acta Philippi. Tischendorf, Apocal. apocr., p. 149, 155. Mais on reconnaît généralement aujourd’hui quecette attribution provient simplement d’une fausse étymologie. En effet, le nom «Petronilla» ne dérive pas de «Petrus», mais de «Petronius». Par son père, saintePétronille appartenait à la célèbre «gens Flavià», c’estpour ce motif qu’elle fut enterrée dans la catacombe deDomitilla. Voir Lightfoot, St. Clément of Rome, t. i, p.37; F. X. Kraus, Real-Encyclopxdia der christl. Alterlhûmer, t. ii, p. 607; Acta sanctorum, maii t. vii, p. 420.

II. QUELQUES VOYAGES DU PBINCE DES APOTRES. —

1° Nous venons de le voir, saint Paul fait une allusiontrès claire aux courses apostoliques de saint Pierre.Notre héros serait-il allé à Corinthe? Saint Denys, évêque de cette ville vers’le milieu du me siécle, l’affirmecomme une chose très connue. Voir Eusèbe, H. E., ii, 25, t. xx, col. 209. S’adressant aux Romains, il leur dit: «(Pierre et Paul, ) étant entrés dans notre Corinthe, nous ont instruits; puis, partis ensemble pour l’Italie, après nous avoir enseignés, ils ont subi le martyre enmême temps.» Saint Clément pape, I Cor., xlvii, 1. 1, col. 308, semble admettre aussi ce séjour de saint Pierreà Corinthe. Néanmoins, la plupart des critiques contemporains le mettent au rang des hypothèses.

2° On regarde aussi, d’une manière assez générale, comme peu fondé le sentiment, d’ailleurs très ancien, d’après lequel saint Pierre aurait évangélisé les cinqprovinces d’Asie Mineure auxquelles est adressée sapremière Épître: le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie proconsulaire et la Bithynie. I Pet., i, 1. Origène, qui est le premier à mentionner cette opinion, InGen., iii, t. xii, col. 92; cf. Eusèbe, H. E., iii, 1, t. xx, col. 216, en parle comme d’une simple conjecture, baséeseulement sur ce que saint Pierre a écrit aux chrétiensde ces provinces: «Pierre paraît (iOtxev) avoir prêchédans le Pont, la Galatie… «Eusèbe fait de même, iï. £.,

m, 4, t. xx, col. 220: «Que Pierreait prêché le Christ…dans ces provinces, cela ressort ouvertement de l’Épître.» Saint Épiphane, Hser., xxvii, 6, t. xii, col. 374, saint Jérôme, De Vir Ul., 1, t. xxrn, col. 138, et saintLéon, In Nat. apost. Pétri et Pauli serm., lxxxii, 5, t. liv, col. 425, présentent le fait en termes positifs; mais ils ne paraissent pas avoir eux-mêmes appuyé leursentiment sur d’autre preuve que la mention des cinqprovinces dans l’Épître. Du reste, cette lettre ne contientaucun détail duquel on puisse conclure que l’auteurconnaissait personnellement les destinataires; elle supposeplutôt, I Pet., i, 12, 25; v, 12; cf. II Pet., iii, 2, queceux-ci avaient été évangélisés par d’autres prédicateursque saint Pierre. Aussi est-il mieux de dire que, si unséjour du prince des Apôtres en Asie Mineure n’est pasimpossible en soi, il ne paraît pas avoir été démontréhistoriquement. Voir Gornely, Introd., t. ii, 3e part., p. 619; Lipsius, Apokr. Apostelgesch., t. ii, Ie part., p. 4 6. M. Hundhausen, Das ente Pontificalschreibendes… Petrus, 1873, p. 96, croit à la prédication de saintPierre en Asie Mineure, tout en admettant que l’apôtrene fit que traverser rapidement les provinces enquestion.

3° On a prétendu aussi, mais seulement à partir duxvie siècle, que saint Pierre serait allé et aurait séjournéà Babylone, vers la fin de sa vie. Le motif allégué, c’estque la i a Pétri, v. 13, transmet aux chrétientés d’AsieMineure les salutations de l’Église de Babylone (r iv’BotSuXfâvi auvexXexrri); d’où il suit, disent les partisansde cette opinion, que l’apôtre résidait à Babylone lorsqu’ilcomposa son écrit. C’est Érasme, In 1 Pet., xv, 13, qui inventa le premier cette explication. De nombreuxprotestants l’adoptèrent aussitôt, pour enlever àla théorie de la venue et du séjour de saint Pierre àRome un de ses principaux arguments. Mais il n’estpas douteux que le nom de Babylone ne soit pris icidans un sens métaphorique. En effet, — 1. telle a étél’opinion unanime des écrivains ecclésiastiques despremiers siècles: entre autres, de Papias et de Clémentd’Alexandrie, dans Eusèbe, H. E., ii, 15, t. xx, col. 73, d’Eusèbe lui-même, ibid., de saint Jérôme, De vir. Ul., 8, t. xxiii, col. 655, du Vén. Bède, In Petr., v, 13, t. xciii, coi. 6*3, d’CEcuménius et de Théophylacte, et les commentateurscatholiques les ont suivis, à part de très raresexceptions. On est surpris de compter parmi ces exceptionsles savants et judicieux écrivains Hug, Einleitungin die Schriften des N. T., 3e édit., t. ii, p. 550, etA. Maier, Einleit. in die Schrift. des N. T., p. 413. —2. Ce nom symbolique convenait fort bien pour désignerRome, qui n’avait que trop parfaitement remplacé l’antiqueBabylone sous le rapport du paganisme, de l’ambitionet de l’immoralité. — 3. Les Juifs l’employaientcouramment dans ce sens. "Voir Schœltgen, Hor. hebr. ettalmud., p. 1050 et 1125; les Oracles sibyllins, v, 143, 158, etc. — 4. Saint Jean fait de même dans son Apocalypse, xiv, 8, et xviii, 2, 10, et personne n’a jamais songéà prendre à la lettre, dans cet écrit, le nom de Babylone.— 5. Il n’existe aucune tradition proprement diteau sujet d’un voyage de saint Pierre à Babylone, et cesilence est difficile à expliquer, si l’apôtre avait réellemententrepris ce voyage. Voir P. Martin, Saint Pierre, sa venue et son martyre à Rome, dans la Revue desQuestions historiques, t. xiii, 1873 (article très documentéet rempli de témoignages empruntés à des écrivainsorientaux). Lipsius, il est vrai, (oc. cit., t. ii, 2 «part., p. 145-146, 175, mentionne, d’après Assemani, Bibliotheca orientalis, t. ut, 2e part., p. vi, des écrivainsnestoriens, qui affirment que saint Pierre visitaBabylone; mais ces auteurs sont relativement récents, et leur assertion n’a pas d’autre base que le passageI Pet., v, 13, interprêté à la lettre. Voir Farrar, Theearly Days of Christianity, 1884, p. 595-596; Cornely, Introd., t. ii, 3° part., p. 621-623; Hundhausen, loc. cit.,

p. 82-90; Th. £ahn, Einleitung in das N. T., t. ii, p. 17; Belser, Einleitung in das N. T., p. 697-698. —Mais laissons de côté le faux et le douteux, pour nousoccuper de faits réels et certains. Or, il en est deuxqu’une tradition très nette et très ancienne, dont nousavons des témoignages multiples, a rendus indubitables.C’est l’installation successive de la chaire de saint Pierreà Antioche et à Rome: deux événements d’une importancecapitale.

111. LA CHAIRE D~E SAINT PIERRE À ANTIOCHE DE SVrie. — 1° Ce fait est parfaitement garanti par Eusèbeet par saint Jérôme. «Pierre fonda la première Églised’Antioche,» lisons-nous dans le Chronicon d’Eusèbe, t. xix, col. 539. Il s’agit sans aucun doute, de la chrétientémentionnée Act., xi, 19, et composée uniquementde Juifs convertis, par contraste avec la deuxième Églisede la même ville, en grande partie formée de chrétiensissus du paganisme, et développée grâce au zèle dePaul et de Barnabe. Act., XI, 20-26. Dans sa traductiondu Chronicon, saint Jérôme n’a pas donné le sens exactde ce passage, car il dit: «Petrus, cum primum Antiochenamecclesiam fundasset,» tandis que le texteporte, avec la nuance que nous venons d’expliquer: TÎ|v Iv’AvxtojreiaicpwTriv… èxxXr|(Ttav. Ailleurs, R.E., Xl, xxxvi, 2, t. xx, col. 288, Eusèbe suppose aussi la translationde la chaire de saint Pierre à Antioche, car ilaffirme qu’Évodius succéda en 42 au prince des Apôtrescomme évêque de cette ville. Saint Jérôme, de soncôté, est très formel sur ce même point: Simon Petrus..., princeps Apostolorum…, post episcopatumAntiochensis ecclesise… Romam pergit. De vir. Ul., 1, t. xxiii, col. 608. Nous pouvons citer encore le témoignagede saint Léon le Grand, In Nat. apost. Pétri etPauli Serm., lxxxii, 5, t. liv, col. 425: Jam Antiochenamecclesiam, ubi primum christiani nominis dignitasest orla, fundaveras. Cf. Epis t., cvi et CXlx, t. liv, col. 1007, 1042; Origène, Rom. ri inLuc., t. xiii, col. 1815; S. Jean Chrysostome, liomilia. in Ignalium martyr., t. L, col. 591; Théodoret, Dial. Immut., t. Lxxxiir, p. 81; le Chronic. Pasch., t. xcii, col. 557; les Constit.apost., vii, 46, t. i, col. 1049; le Liber pontif., édit. Durchesne, p. 51-55, 118; la littérature dite clémentine, dont les sources remontent au moins au commencementdu me siècle, notamment Recognit., x, 68, t. i, col. 468; Hom., xx, 23, t. ii, col. 1452.

2° L’époque et la durée du séjour de saint Pierre àAntioche ne sauraient être déterminées avec certitude.Il est possible, nous venons de le voir d’après Eusèbe, que Pierre ait pris en mains le gouvernement de l’Églised’Antioche dès l’année 36 de notre ère. Évodius luiayant succédé en 42, 1’épiscopat du prince des Apôtresdans la métropole de la Syrie aurait par là-même durésept ans, comme Eusèbe l’affirme en propres termes. Cf.S. Grégoire le Grand, Epist., vii, 40, t. lxxvii, col. 899.Une autre tradition, qui paraît moins digne de foi, luiattribue une durée de dix ans. Voir duch*esne, Liberpontif., p. 50. Quoi qu’il en soit, il est certain que saintPierre, même après s’être fixé à Antioche, ne lit pas decette ville sa résidence exclusive; rien ne s’opposait àce que, de ce centre, il allât visiter les chrétientésauxquelles sa présence était utile ou nécessaire. Diversauteurs ont supposé que Pierre ne transporta sa chaireà Antioche qu’après avoir été miraculeusem*nt délivréde la prison où Hérode Agrippa l’avait enfermé, Act., xii, 1-11, par conséquent, après l’année 43. Mais, sans compter qu’Eusèbe signale une date de beaucoupantérieure, ce sentiment a contre lui le récit des Actes, qui suppose que, vers l’an 43 ou 44, saint Paul et saintBarnabe avaient la direction de l’Église d’Antioche. Surles relations de saint Pierre avec la capitale de la Syrie, voir H. Kellner, Die Feste Cathedra Pétri und der antiochenischeEpkkopal Pétri, dans la Zeitschrift furkathol. Théologie, Inspruck, 1889, p. 566-575; W. Esser,

Der antiochenische Episkopat Pétri und die FesteCathedra Pétri, dans le Katholik, 1890, t. i, p. 321-335, 449459. '

IV. LA CHAIRE DE SAINT PIERRE À ROME, — 1° Pierre

lui-même, nous l’avons vii, col. 371, date de Rome, laBabylone mystique, sa première Épître. I Pet., v, 13Plusieurs Pères apostoliques supposent ou affirment, dans un langage très formel, sa venue et son apostolatà Rome: saint Clément, l’un de ses premiers successeurs (vers 96), 1 ad Cor., 5, t. i, col. 217; saint Ignace(vers 115), ad Rom., iv, 3, t. v, col. 808; Papias (vers130), dans Eusèbe, H. E., ii, 15, t. xx, col. 172. Plustard, nous avons, dans le même sens, les témoignagesde saint Denys de Corinthe (vers 170), ibid., ii, 25, 7-8, col. 209; de saint Irénée, venu à Rome en 177, Cont.heer., III, T, 1 et 2, t. vit, col. 845; des Philosophoumena, v, 20, t. xvi, col. 3226, part. 3; de Clémentd’Alexandrie (vers l’an 200), dans Eusèbe, H. E., II, xv, 2, et "VI, xiv, 5, t. xx, col. 172, 552; du prêtre romainCaïus (même date), ibid., ii, 25, 7-8; deTertullien (mêmedate), De Prœscript., xxxvi, t. ii, col. 49; Scoripac., 15, t. ii, col. 15; Adv. Marc, iv, 5, t. ii, col. 366; plustard encore, d’Origène (vers 250), Expos, in Gen., t. iii, dans Eusèbe, H. E., iii, 1, t. xx, col.216; de saint Cyprien, Epist. LIX ad Cornel., t. iii, col. 806; au IVesiècle, d’Eusèbe, H. E., II, xiv, 6, t. xx, col. 172; Demonstr. evang., III, v, 65, t. xxil, col. 209; de Lactance, Institut, div., iv, 21, t. vi, col. 516; de saint Jérôme, Devir. ill., i, 8, t. xxiii, col. 654, et In Gai. ii, 11-13, t. xxvi, col. 341, etc. Voir sur cette question Baronius, Annal., ad ann. 44 et suiv.; Tillemont, Mémoires pour servir àl’histoire ecclésiastique, édit. de 1701, t. i, p. 162; Nat. Alexander, Hist. ecclesiastica, t. iii, dissert. XIII, p. 168; Dôllinger, ChristenthumundKirche, Ratisbonne, 1860, p. 95-105; Windischmann, Vindicise Petrinse, Ratisbonne, 1836; Ginzel, Neue Vntersusch. ûber denEpiskopat und Martyrtod des heil. Petrus in Rom, dansla Œsterreich. Vierteljahrschrift fur kathol. Théologie, 1877, p. 469; C. Fouard, Saint Pierre et les premièresannées du christianisme, p. 535-545; Hundhausen, Daserste Ponlificalschreiben des Petrus, p. 35-60; Lecler, De Romano sancli Pétri episcopalu, Louvain, 1888(p. 9 l’auteur donne une liste complète des écrivainscatholiques qui ont défendu la même thèse); Schmid, Petrus in Rom, oder Novse vindicise Petrinse, Lucerne, 1892; Felten, die Apostelgeschichte, Fribourgen-Brisgau, 1892, p. 240-244; T. Livius, St. Peter, Bishop of Rome, or the Roman Episcopate of thePrince of the Apostles, Londres, s. d.; Me Giffert, AHistory of C hristianily in the apostolical Age, 1897, p. 591-597.

2° La date du premier voyage de saint Pierre à Romedemeurera probablement toujours incertaine. Nousavons cependant, pour essayer de la fixer, les documents suivants. — 1. Suivant Eusèbe, H. E., II, xiv, 6, t. xx, col. 172, saint Pierre serait allé à Rome sous lerègne, de Claude (41-54). Orose, .Hist., vii, 6, t. xxxi, col. 1078, est un peu plus précis: Exordio regni Claudii. D’après la traduction du Chronicon d’Eusèbe parsaint Jérôme, ii, 153, t. xxvii, col. 577, ce voyage auraiteu lieu la seconde année du même règne (42-43). SaintJérôme, De vir. ill., 1, t. xxiii, col. 608, adopte la mêmedate pour son propre compte. La traduction arménienne du Chronicon, ii, t. xix, col. 539, déclare aussiqu'Évodius succéda en cette même année à saint Pierresur le siège épiscopal d’Antioche. Il est vrai qu’un peuplus haut, ii, 150, la même traduction arménienne assigne à l’an 39 l’arrivée de saint Pierre à Rome; maisil y a en cela une erreur évidente. La date très nettement fixée par saint Jérôme est selon toute probabilitéla véritable. — 2. Si nous parcourons la première partiedu livre des Actes, i, 1; xii, 25, nous voyons qu’il n’y apas de place pour un voyage et un séjour de saint

Pierre à Rome avant sa délivrance miraculeuse de prison, xii, 1 sq. Or, ce dernier fait ne saurait s'être passéantérieurement à la Pâque de l’année: 42; puisque Hérode Agrippa I" fut institué roi de Judée par l’empereur Claude, lequel monta sur le trône le 25 janvier 41.Le même fait n’est certainement pas postérieur à l’an44, durant lequel mourut Agrippa. Il est donc très possible que le trait du récit des Actes, xii, 17, ce Il s’enalla dans un autre lieu,» se rapporte au départ desaint Pierre pour Rome. Voir P. Allard, Histoire despersécutions pendant les deux premiers siècles, Paris, 1885, p. 15; Hundhausen, Dos erste Pontificalschreiben…Petrus, p. 16; Felten, Die Apostelgeschichte ûbersetzt und erklàrt, 1892, p. 240, etc. — 3. Alorsmême que cette date n’a pas le caractère d’une entièrecertitude, et qu’elle n’est pas mathématiquement démontrable, elle nous paraît du moins très vraisemblable. Des historiens catholiques assez nombreux l’ontadoptée de nos jours. Voir, entre autres, Funk, articlePetrus dans le Kirchenlexikon de Wetzer et Welte f2e édition, t. ix, col. 1861. Elle coïncide d’ailleurs assezbien avec l’assertion d’Apollonius (vers 200; dans Eusèbe, H. E., V, xviii, 14, t. xx, col. 480) et de Clémentd’Alexandrie, Slrom., vi, 15, t. IX, col. 264, d’après laquelle Notre-Seigneur aurait enjoint à ses disciples dedemeurer à Jérusalem pendant les deux premièresannées qui suivraient son ascension. Si Lactance, Demorte persecut., 2, t. vii, col. 195, fixe une date beaucoup plus tardive (après l’année 64), c’est sans douteparce qu’il fait allusion, au dernier voyage de saintPierre à Rome.

3° La durée du séjour de Pierre dans la capitale dumonde romain ne saurait être non plus déterminéeavec certitude; les bases chronologiques ne sont pasassez sûres pour cela. Voici les faits principaux. Dansla version arménienne du Chronicon d’Eusèbe, t. xix, col. 539, on doit lire: «Le chef de l'Église demeura là(à Rome) pendant vingt-cinq ans.» C’est ce que porte laversion latine de saint Jérôme, t. xxvii, col. 571: Vigintiquinque annis ejusdem urbis episcopus persévérât. Lesaint docteur nous fait connaître en ces termes sonsentiment personnel, De vir. ill., 1, t. xxiii, col. 607 LRomani pergit, ibique viginti quinque annis cathëdram sacerdotalem tenuit, usque ad ultimurq annumNeronis, id est, quartum decimum (l’an 67 de notreère). Cette durée de vingt-cinq ans pour le pontificatromain de Pierre est aussi mentionnée dans les différentes éditions du Liber pontificalis. Voir celle deMa r duch*esne, p. xx, 2, 50, 118. Toutefois, les détailspar lesquels le fait est développé dans cet écrit célèbrevarient au point d'être contradictoires. Il n’en demeurepas moins frappant de constater que, de très bonneheure (dès le ye siècle, d’après Funk, l. c, col. 1864), .on mentionne cette durée de vingt-cinq ans. Nous pouvons donc fort bien admettre, en nous conformantaux données d’Eusèbe et de saint Jérôme, qui paraissent résumer les anciens témoignages sur ce point, quesaint Pierre fut évêque de Rome entre les années 42et 67.

4° De son activité apostolique dans la capitale des Césars, il ne nous est parvenu que trois détails. D’abord, comme il fallait s’y attendre, les épreuves ne lui manquèrent pas, ainsi que l’affirme saint Clément, / ad Cor., v, 4, t. i, col. 217. En second lieu, sa prédicationobtint un merveilleux succès. Comme nous l’apprendEusèbe, H. E., ii, 15, t. xx, col. 172, en s’appuyant surles témoignages de Papias et de Clément d’Alexandrie(voir, de ce dernier, Hypotypos., vi, dans Eusèbe, .H. E., VI, xiv, t. xx, col. 552), les fidèles de Rome demeurèrent toujours avides de l’entendre, et ils forcèrent instamment son disciple saint Marc de la mettrepar écrit, pour qu’ils n’en perdissent jamais le souvenir. C’est ce qui occasionna la composition du second

Évangile. En troisième lieu, il.eut probablement, touté fait à la fin de sa vie, une nouvelle rencontre avecSimon le magicien. Bien que les détails qui entourent-cet épisode dans la littérature clémentine et dans lesautres écrits apocryphes soient légendaires en grandepartie, le fait même est attesté et regardé comme historiquepar des écrivains ecclésiastiques aussi anciensque judicieux, tels que saint Irénée, Tertullien, saintHippolyte, Eusèbe, etc.; c’est pourquoi divers critiquescontemporains en parlent comme d’un événement certain, tout en le dégageant des fables dont il est environné; d’autres, il est vrai, le rejettent totalement.Voir C. Fouard, Saint Pierre, p. 551, L. duch*esne, Les Origines chrétiennes, p. 87-113, etc. En tout cas, il est. bien évident que le prince des Apôtres, mêmeaprès s’être installé à Rome, n’y séjournait pas perpétuellement; il s’en allait parfois, lorsque les besoinsde l’Église réclamaient ailleurs sa présence. C’estainsi que nous le trouvons à Jérusalem, pour l’assembléequi s’y tint vers l’an 50, Act., i, 15 et à Antiocheun peu plus tard. Gal., ii, 11.

V. LES DERNIERS INCIDENTS DE SA VIE; SON MARTYRE

et son tombeau. — 1° Rien n’est complètement certainlion plus sur les faits qui précédèrent immédiatementla mort de saint Pierre. Arrêté par l’ordre deNéron, il tut, d’après une tradition longtemps en honneur, mais aujourd’hui battue en brèche (voir Kraus, Real-Encyklopâdie der christl. Alterthûmer, t. ii, p. 611), jeté dans le cachot nommé Tullianum, dansd’obscur caveau de la prison Mamertine, au pied duCapitule. Voir H. Grisar, Histoire de Rome, trad. Ledos, 1906, t. i, p. 207-210.

2° Le théâtre de sa mort fut Rome: il n’y pas lemoindre doute sur ce point. Nous en avons pour garantssaint Clément pape, / ad Cor., v et vi, 1. 1, col. 217, 220; Cafus dans Eusèbe, H. E., II, xxv, t. xx, col. 209; S. Denys de Corinthe, ibid., Il, xxv, 8; Origène, ibid., III, i, 1, col. 216; Tertullien, Adv. Marc, iv, 5, t. ii, col. 375; Eusèbe, Demonstr. evang., III, v, 65, t. xxii, col. 209; saint Jérôme, De vir. ill., 1, t. xxiii, col. 608; de même les Acta Pétri et Pauli (Tischendorf, AciaAposlolorum apocrypha, Leipzig, 1851, p. 35), la littératureclémentine. Voir Clementinse, édit. de Lagarde, Leipzig, 1865, p. 6. Le témoignage des Clémentinesest remarquable; en effet, les hérétiques qui les ontcomposées auraient difficilement songé d’eux-mêmes àfaire mourir saint Pierre à Rome, si le fait n’avait pasété réel. Il est frappant aussi de voir que «si plusieursÉglises revendiquent l’honneur d’avoir été fondées parPierre, aucune, sauf Rome, n’a revendiqué la gloirede son martyre.» A. Brun, L’Apôtre Pierre, p. 63, note 1.L’endroit spécial de Rome où le vicaire du Christ subitle martyre ne fut probablement pas l’emplacementactuel de l’Église San Pietro in Montorio, sur le Janicule, mais celui de la basilique de saint Pierre, sur la collinevaticane. Voir. Marucchi, Éléments d’archéologiechrétienne, t. i, p. 11.

3° Pierre subit le martyre pour son Maître, comme celui-cile lui avait prédit (Joa., xxi, 22. Voir Denys deCorinthe et Caïus, l. c.; Tertullien, Adv. Marc, iv, 5, t. ii, col. 375. Son genre de mort fut le crucifiement, ainsi que nous l’apprennent Origène, dans Eusèbe, H. E., III, I, 2, t. xx, col. 216; Tertullien, De prœscript., 56, t. i, col. 461, et Scorpiac, 15, t. ii, col. 151; saintJérôme, De vir. ill., 15, t. xxiii, col. 631; Eusèbe, Dem.evang., III, v, 65, t. XXII, col. 209, etc. Origène et saintJérôme ajoutent que, sur sa demande, le prince desApôtres fut crucifié la tête en bas, pour n’être pas égaléà son-Maître. Sénèque, Consol. ad Marc, 20, mentionneen termes formels cette aggravation du crucifiement, comme étant usitée de son temps. D’après l’explicationla plus naturelle, c’est bien le supplice de la croix quiest désigné dans la prophétie du Sauveur, Joa., xxi, 22: «Tu étendras tes bras…» C’est ce que reconnaissaitdéjà Tertullien, Scorpiac, 15, t. i, col. 151: TunePetrus ab altero cingitur, cum cruci adslringitur.

4° La date de sa mort. — Suivant M^ duch*esne, Histoire ancienne de l’Église, Paris, 1906, t. i, p. 64, «c’est… en 64 qu’il convient de placer son martyre.» Le savant historien ajoute dans une note: «Eusèbe lemet en 67 ou 68; cependant, comme il indique enmême temps la persécution de Néron, son attributionn’est pas sans ambiguïté. La persécution de Néron…commença à l’été de 64.» Nous préférons nous entenir à la date d’Eusèbe, et tout spécialement à l’année67, la quatorzième du règne de Néron, qui est adoptéepar saint Jérôme et par la plupart des historiens moderneset contemporains. Voir Gams, Das Jahr desMartyrtodes der Apostel Petrus und Paulus, Ratisbonne, 1867; A. Rartolini, Sopra Vanno 67 dell’eravolgare, se fosse quel del martirio de’gloriosi apostoli, Rome, 1868. D’après saint Épiphane, Béer., xxvii, 6, t. xli, col. 373, c’est dès la douzième année deNéron (en 66), qu’aurait eu lieu le martyre de saint Pierre.Déjà le catalogue libérien cite le 29 juin comme le jourde cette glorieuse mort. Les Acta Pétri et Pauli fontde même. Cf. Tischendorf, Acta Apostol. apocr., p. 39.On ne saurait faire rigoureusem*nt la preuve; maisd’assez nombreux critiques acceptent cette anciennedonnée comme véritable. Voir Erbes, Die Todestageder Apostel Paulus und Petrus, dans les Texte undUntersuchungen, nouvelle série, t. iv, I re partie, 1899.

5° Saint Pierre subit-il le martyre en même tempsque saint Paul? Plusieurs anciens auteurs le disentformellement; entre autres, Denys de Corinthe, dansEusèbe, H. E., II, xxv, t. xx, col. 209: «Ils ont rendutémoignage à la même époque,» y.axà tôv aÙTÔv xatpôv.Cf. Eusèbe, Chronic, traduction armén., t. xix, col. 524, et traduct. de saint Jérôme, t. xxvii, col. 589. SaintJérôme, De vir. ill., 5, t. xxiii, col. 617, dit, enparlant de Paul: Eodem die guo Petrus Romæ proChristo capite truncatur. Les traditions romaines s’exprimentdans le même sens. D’autres anciens écrivains, sans affirmer directement ce fait, le supposent: tels saint Clément pape, Caïus, Origène, Tertullien, l. cDe nombreux historiens contemporains se rangent à cetteopinion. Voir Funck, dans le Kirchenlexikon de Wetzeret Welte, édit. Kaulen, t. ix. col. 1863. Le poètePrudence, Peristeph., 12, t. lx, col. 556-557, 560, faitmourir saint Paul un an après saint Pierre. Cf. aussisaint Augustin, Serm., ccxcv, 7, et Serai., ccclxxxi, t. xxxviii-xxxix, col. 1352, 1683, qui ajoute cependantque le jour du martyre fut le même.

6° Le prince des Apôtres fut enseveli tout près dulieu de son supplice, sur la colline Vaticane, comme ledisait déjà le prêtre romain Caïus, dans Eusèbe, H. E., ii, 25, t. xx, col. 207: «Si tu veux aller surle Vatican ou sur a voûte d’Ostie, tu trouveras lestrophées (ra TpÔ71aia) de ceux qui ont fondé cette Église, y> c’est-à-dire les tombeaux glorieux de sjint Pierre, enterré au Vatican, et de saint Paul, enseveli près de la «via Ostiensis». Saint Jérôme signale le même fait, De vir. ill., 1, t. xxiii, col. 607. Une tradition identiquea été conservée par le Liber pontificalis, édit. duch*esne, p. 52-53, 158-159, et les Acta Pétri et Pauli, 84, édit.Lipsius, p. 216. C’est là que le pape Anaclet construisitla Memoria beali Pétri (Lib. pontif., édit. duch*esne, p. 55 et 125); là que Constantin bâtit une basilique, surl’emplacement de laquelle s’élève aujourd’hui l’œuvreadmirable du Bramante et de Michel-Ange.

V. Portrait moral et physique de saint Pierre;

SON ENSEIGNEMENT D’APRÈS LES DISCOURS DU LIVRE DES

Actes. — I. caractère du prince des apôtres. — Iln’a pas toujours été décrit exactement. C’est ainsi quedivers écrivains, soit catholiques, soit protestants, attribuent à l’apôtre trop de défauts naturels: les uns, pour relever la puissance de la grâce; les autres, pouramoindrir sa valeur personnelle. Son portrait moralest cependant aisé à reproduire, car ses grandes lignessont esquissées aussi clairement que possible dans lesrécits évangéliques et au livre des Actes. La fougue, l’ardeur impétueuse en étaient le trait le plus saillant: sesparoles ne le démontrent pas moins bien que ses actes.Voir Matth., xvi, 22; xvii, 4; Marc, xiv, 29; Luc, v, 8; Joa., vi, 69; xiii, 9, 37, etc. À cet entrain véhément, qui lui fit si souvent prendre la parole au nom desautres Apôtres, cf. Matth., xv, 15; xvi, 16; xviii, 21; Marc, i, 36; xi, 21; Luc, viii, 45; Ooa., vi, 69-70, etc., se joignaient la mobilité et l’impressionnabilité, cf. Matth., xiv, 30; Luc, v, 8, l’enthousiasme, Matth., xiv, 28-29, la candeur, Matth., xvi, 22; xvii, 4, la franchise et la loyauté, Matth., xix, 27; Luc, v, 5, la générosité et la vaillance, Matth., iv, 18-20; Joa., xviii, 10; Act., ii, 14; iii, 12-26, iv, 8; v, 29, etc., parfois la présomption et l’obstination, Matth., xxvi, 33, la timidité, Gal., ii, 11-12, et même la faiblesse.Matth., xxvi, 40, 69. À ces divers points de vue, la nature de Pierre reflétait celle dés Galiléens, ses compatriotes, telle que l’historien Josèphe nous l’a décrite.Voir Ant. jud., xvi, 17; Bell. jud.. III, iii, 2. Il étaitavant tout un homme d’action, comme il sut le montrerde la façon la plus admirable après la mort de JésusChrist. Son cœur était chaud, généreux, dévoué, ainsiqu’on le voit par de nombreux passages du NouveauTestament. Voir L.-Cl. Fillion, Saint Pierre, p. 182-185.

II. SA REPRÉSENTATION SUR LES MONUMENTS FIGURÉS.

— Le portrait physique de saint Pierre est très souventreproduit sur les anciens monuments (sarcophages, mosaïques, fonds de verres, fresques des Catacombes).Voir Smith, Dictionarij of Christian Bibliography, t. ii, p. 1621; Lipsius, Die apokryph. Apostelgeschichte undApostellegenden, t. ii, Ie partie, p. 213; F. X. Kraus, Realencyklopâdie der christl. Alterthùmer, t. ii, p.67; O. Marucchi, S. Pietroe S. Paolo in Roma, 1900, p. 161-169. «Saint Jérôme In Gal., i, 18, t. xxvi, col. 329, rapporte, d’après un ancien livre apocryphe, quesaint Pierre aurait été chauve; et parfois il est figurécomme tel. Mais, sur les monuments les plus anciens, il porte la barbe, des cheveux courts et frisés; sonvisage est rond; ses traits sont ordinaires, commeceux de la plupart des gens du peuple; toutefois, quoiqu’il ne soit nulle part idéalisé, sa physionomie respiretoujours l’intelligence et la bonté. Plus tard, on le représente avec une tonsure: c’est le fruit d’une légendesignalée par plusieurs écrivains du vie ou du vif siècle, et suivant laquelle saint Pierre aurait été ignominieusem*nt tondu par les ennemis de l'Évangile.» L.-Cl.Fillion, Saint Pierre, p. 188-189. Voir t. iv, col. 2188, lig. 579, la figure à droite.

III. ENSEIGNEMENT DOCTRINAL DES DISCOURS DE

SAINT pierbe. — Plus loin, nous aurons à spécifier ladoctrine que le prince des Apôtres enseigne dans chacune de ses Épitres. Il est bon d’indiquer ici celle quise dégage de ses huit discours du livre des Actes. Notons cependant qu’on aurait tort de vouloir déterminer.rigoureusem*nt par ces discours, comme on l’a faitparfois, quel était l’enseignement caractéristique soitde saint Pierre, soit des autres Apôtres, au début del’histoire de l'Église. On ne doit pas oublier que cesallocutions furent des improvisations rapides, dictéespar les circonstances, qu’elles furent nécessairementbrèves, et que Simon-Pierre ne se proposa nullementd’y développer le symbole chrétien, soit en général, soit même sur tel ou tel point particulier. Il serait doncinutile d’y chercher, et de prétendre y trouver, un système dogmatique, parce que c’est avant tout une prédication apostolique, dont nous n’avons d’ailleurs qu’unécho nécessairement affaibli, quelque fidèle qu’il soit.

Cette réserve faite, il est très intéressant de les parcourir, pour les envisager sous le rapport doctrinal.Voir *B. Weiss, Lehrbuch der bibl. Théologie des N.T., i» édit., Berlin, 1884, p. 114-116, 123-144; *Lechler rBas apostolische und nachapostolische Zeitalter, 3e éd. rLeipzig, 1885, p. 225-241; *Mc Giffert, À History ofChristianity in the apostolical Age, 1897, p. 48-63, 482-486; *Bovon, Théologie du Nouv. Test., 2e éd., 1905, t. ii, p. 51-70.

Les discours les plus importants au point de vue qufrnous étudions sont: 1° celui que saint Pierre adressaau peuple le jour de la Pentecôte, Act., ii, 14-40; 2° celui qu’il prononça dans la cour du Temple, aprèsla guérison du paralytique, Act., iii, 12-26; 3° celuiqu’il adressa au centurion Corneille et à ses amis.Act., x, 34-43. En effet, ces trois allocutions avaient pourbut direct de gagner les auditeurs à la foi chrétienne.Néanmoins, les cinq autres discours de Pierre, Act., i r16-22; iv, 8-12; v, 29-32; xi, 4-17; xv, 7-11, et la prièredes fidèles, iv, 24-30, sont aussi très instructifs sous cerapport. Des idées dogmatiques, morales, apologétiqueset polémiques très variées y sont exprimées. On a dit trèsjustement (B. Weiss, l. c, p. 116) qu’on n’a pas suffisamment apprécié ces discours au point de vue théologique. Ce sont les documents les plus anciens quenous ayons pour nous renseigner sur la prédicationapostolique au début de l’histoire de l'Église. Sur leurauthenticité, voir Actes des Apôtres, t. i, col. 152..On peut les résumer tous en un mot très exact: ilssont un témoignage rendu à N.-S. Jésus-Christ. La>doctrine en est très simple, comme le demandaient les=circonstances; elle est cependant très riche aussi.

1° Rapports de la religion nouvelle avec celle deV Ancien Testament. — Ces rapports sont très intimes; les deux religions sont étroitement alliées. La secondese rattache à la première comme à sa racine, à sa préparation. Saint Pierre est très formel sur ce point, etil y revient fréquemment. Dans ses discours, commeplus tard dans ses écrits, il répète sans se lasser quele christianisme s’appuie de toutes manières sur les=oracles prophétiques, qui l’ont annoncé d’avance, etdont il est la réalisation parfaite. Cf. Act., ii, 14-21, 24-36; iv, 11; x, 43. Il cite en ce sens Moïse, Act., iii, 22-23, les Psaumes, Act., ii, 25-36; iv, 11, les grandset les petit* prophètes, en particulier Joël, Act., ii, 1721; Jérémie, xxxi, 34, tous les oracles de l’AncienTestament ire globo. Act, iii, 24. Ce fait ne pouvaitqu’intéresser et frapper vivement les auditeurs juifs del’apôtre.

2° La christologie. — C’est le point de départ, lepoint central et aussi le terme de la prédication desaint Pierre, Jésus est le Messie prédit par Dieu à sonpeuple, impatiemment attendu-et désiré par les Juifsaux différentes époques de leur histoire. Act., iii, 22.Dieu l’a en quelque sorte légitimé, accrédité par desmiracles et des signes nombreux, Act., ii, 22, 36; x, 38; il a fait descendre sur lui son Esprit. Act., x, 38; cf. Marc, i, 10. Jésus est le prophète annoncé parMoïse, le serviteur de Jéhovah prédit par lsaïe. Act., iii, .13, 26; iv, 27, 30. Sa mort ignominieuse entrait ellemême dans le plan divin. Act., ii, 23; iii, 18; iv, 11, 25-28; v, 30; x, 39. La preuve la plus frappante de son» caractère messianique consiste dans sa résurrection, , dans son ascension et dans sa glorification sublimeauprès de son père. Act., ii, 33-35; v, 31, etc. SaintPierre ne manque jamais d’opposer ces faits glorieuxà la mort humiliante du Sauveur. Cf. Act., ii, 36; m, 15; iv, 10; v, 30; x, 40. En effet, humainement'parlant, la croix de Jésus était la négation de son caractère messianique, tandis que sa résurrection en est lapreuve la plus convaincante; aussi l’apôtre fait-il dece dernier mystère le centre de toute sa prédication..Cf. Act., i, 8, "22; ii, 2-32, 36; iii, 15; iv, 10; v, 30; x, .

42, etc. Vivant et triomphant dans le ciel, il demeuretoujours uni à son Église et lui envoie sans cesse deprécieux secours. Act., Il, 33; iii, 16; IV, 10. Il reviendraun jour, puissant et glorieux, pour juger tous leshommes, Act., iii, 26; x, 42, et alors commencera uneère de consommation pour son Église. Il est la pierreangulaire sur laquelle repose tout l’édifice chrétien.Act., iv, 11. — Les discours de Pierre n’affirment pasexplicitement et directement la divinité de Jésus-Christ, mais ils la supposent constamment. Le point essentielconsistait à démontrer d’abord aux Juifs que Jésus «tait le Messie depuis longtemps promis. Il est le Saintde Dieu par excellence, ô Sotôç trou, Act., Il, 27, lesaint et le juste, Act., iii, 14, le prince de la vie, Act., iii,

15, le Seigneur de toutes choses. Act., x, 36. Il est leSeigneur par antonomase (4 xvpioç), comme Dieu lui-même, Act., i, 24; ii, 20, 21, 36; iii, 20; vii, 59-61; XI, 23, 24, etc., ou le Seigneur Jésus. Act., i, 31; iv, 33; XV, 11, etc. Dieu était avec lui d’une manière toutespéciale, Act., x, 38; en lui seul est placé le salut dumonde. Act., iv, 12; v, 31. Assis sur le trône de Dieu, il est évidemment son égal. De grands miracles s’accomplissenten son nom. Act., iii, 6, 16; iv, 30, etc. À tousces points de vue, il est un être unique, d’une dignitéet d’une puissance extraordinaires. Mais il est hommeaussi: c’est Jésus de Nazareth, «homme approuvé deDieu,» Act., ii, 22, et, à ce titre, descendant royal deDavid. Act., ii, 30.

3° La sotériologie. — Avec Jésus-Christ a commencél’ère de rédemption annoncée par les prophètes. Act., ii, 7; iii, 24; x, 43. Les moyens de s’approprier le salutapporté par lui consistent: — 1. Sous le rapport négatif, à faire pénitence et à rompre avec le péché, Act., ii, 38; ht, 26; — 2. Sous le rapport positif, à accepter sanshésitation la prédication apostolique, qui est la parolede Dieu lui-même, Act., iv, 29; v, 32; x, 41-42, etc., àcroire en Jésus-Christ comme au Sauveur depuislongtemps prédit, Act., ii, 36; x, 43, et à recevoir lebaptême en son nom, de manière à faire.partie de lasociété des élus. Act., ii, 38. En échange de cette foi ensa personne et pour rendre plus certaine l’acceptationindividuelle du salut, Jésus remet les péchés des croyantssincères, Act., ii, 38; iii, 19; x, 43; il leur communiqueson Esprit, selon les antiques promesses, Act., ii,

16, etc.; il leur accorde le salut éternel. Act., iii, 15; IV, 11-12; v, 31, etc. Israël, en tant que peuple del’alliance, avait un droit spécial à la rédemption messianique, cf. Act., ii, 39; iii, 26; v, 31; x, , 36, 42, etc.; mais tous les peuples du monde, sans exception, devaient y participer aussi. Act., it, 17, 39; iii, 25; x, 34-35; xv, 7. — On le voit par ce simple sommaire, rienn’est plus précis que l’enseignement doctrinal du princedes Apôtres, malgré son caractère élémentaire. LesÉpîtres nous le présentent sous une forme plus largeet plus complète.

VI. Bibliographie. — Voir C. Pouard, Saint Pierre etles premières années du christianisme, Paris, 1886; Ma" Le Camus, L’œuvre des Apôtres, t. i, Fondation del’Église chrétienne, Paris, 1891; Xavier, Historia S.Pétri, 1639; P. Scheuren, Petrus der Apostelfùrst u.Statthalter Christi, nach der ii, Schrift, den Vâtern…dargestellt, Aix-la-Chapelle, 1846; Janvier, Hist. de saintPierre, Tours, 1875; *J. S. Howson, Studiesin theLifeof St. Peter, Londres, 1883; * A. Birks, Studies in theLife and Character of St. Peter, Londres, 1887;

  • Couard, Simon Petrus der Apostel des Herrn, 188Q;

Henriot, Saint Pierre, son apostolat, son pontificat, sonépiscopat; histoire, traditions et légendes, Lille, 1891;

  • H. G. Thomas, The Apostle Peter, outline Studies

in his Life, Character and Writings, Londres, 1904; L.-CI. Fillion, Saint Pierre, Paris, 1906; * A. Brun, Essaisur l’apôtre Pierre, Montauban, 1905.

L. Fillion.

2. PIERRE (PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT). — I. La

question d’authenticité. — Nous étudierons successivementles preuves extrinsèques et les argumentsintrinsèques; puis, nous réfuterons les principalesobjections des néo-critiques.

I. preuve extrinsèque. — Les témoignages rendusà notre Épitre par les écrivains ecclésiastiquesabondent depuis les temps les plus reculés. Aucun deces anciens auteurs «n’a douté de son authenticité, ni même entendu parler de doute la concernant» (Olshausen). Si l’on se place au ive siècle et que l’onremonte en arrière, on est tout d’abord frappé de cefait que, dans toutes les listes qui énumèrent les livrescanoniques du Nouveau Testament, à part une seule, la lettre est citée et attribuée à saint Pierre. C’est lecanon de Muratori qui fait exception: ce qu’il ditdes écrits de saint Pierre est d’ailleurs très obscur; ilporte en cet endroit des traces visibles de corruption, et il est possible que la l a Pétri ait été mentionnéedans le texte primitif, comme le pensent des critiquesde premier ordre. VoirTh.Zahn, Gesch. des neutestam.Kanons, t. ii, 1° part., p. 11U. Eusèbe, H. E., iii, 25, t. xx, col. 268, mentionne expressément l’Épitre parmiles livres admis d’une manière incontestable, et il affirme, m, 3, t. xx, col. 217, que «les anciens prêtres l’ontcitée dans leurs écrits comme étant très authentique.»

Au commencement du m 6 siècle et dès la fin du ir 3, nous pouvons constater l’état de choses suivant. Pourl’Église d’Alexandrie, nous avons, d’une part, le témoignagedu docte Clément, qui, non seulement cite lalettre et l’attribue à Pierre, Strom., iii, 18, t. viii, col. 1213; Pœdagog., i, 6, t. viii, col. 301 (cf. I Pet., i, 6-9; ii, 2-3), mais en a donné une brève explicationdans ses Hypotyposeis (cf. Eusèbe, H. E-, vi, 14, 1, t. xx, col. 549), et, d’autre part, l’attestation nonmoins claire d’Origène, dans Eusèbe, H. E., vi, 25, 8, t. xx, col. 481; — pour les Églises d’Afrique, letémoignage soit deTertullien, qui, s’il omet de la mentionnerdans son énumération des Instrumenta apostolica, c’est-à-dire des écrits composés par les apôtres, lui emprunte, plusieurs passages (cf. De orat., 20, t, i, col. 1182, et I Pet., iii, 3; Scorpiace, xiv, t. ii, col. 150, et I Pet., ii, 17; voir Rô, nsch, das Neue Testament Tertullian’s, p. 556-563], et la donne expressément commel’œuvre du prince des Apôtres, soit de saint Cyprien(cf. De bono patientise, 9, t. IV, p. 628; Contr. jud., iii, 36, t. iv, col. 756); — pour les Églises de Syrie, celui dela Peschito, dont notre lettre a toujours fait partie; —pour les Églises des Gaules, celui de saint Irénée, quilui emprunte plusieurs citations, en déclarant qu’ellea été composée par saint Pierre (cf. Adv. hser., IV, ix, 2, t. vii, col. 998, et I Pet., i, 8; ibid., xvi, 5, col. 1019, et I Pet., ïv, 16); — pour l’Église de Rome, le témoignage de l’Itala, qui a toujours contenu lai a Pétri, comme le prouvent les citations de Tertullienet de saint Cyprien, et celui de saint Hippolyte(cf. Fragm. in Dan., xii, 7, édit. Lagarde, 185, 20, etI Pet., i, 12).

La première Épitre de saint Pierre est aussi trèsfréquemment citée dans le cours du n» siècle, et àl’époque des Pères apostoliques. Voir la lettre desÉglises de Lyon et de Vienne, en 177, dans Eusèbe, H. E., v, 1 et 2, t. xx, col. 436; comp. I Pet., v, 6et 8; S. Justin, Dial. c. Tryph., 103, t. vi, col. 717(cf. I Pet., v, 8); S. Irénée, Adv. hser., i, 18, 3, t. vii, col. 645, cf. I Pet., iii, 20; Clément d’Alexandrie, Strom., IV, xii, 83, et 1 Pet., i, 12; t. viii, col. 1108; Hermas, Vis., iv, 3, 4, et Pet., i, 7; Sim., ix, 21, 3, xxvin, 4-7, et Pet., ïv, 14-16; Sim., ix, 16, et 1 Pet., m, 19-20; Papias, dans Eusèbe, H. E., III, xxxix, 1, t’xx, col. 500; Polycarpe, Philipp., i, 2, et I Pet., i, 8; „ 1, et I Petr., i, 13, 21; ii, 2, et I Pet., iii, 9; viii, 1, et I Pet., ii, 22, 24. Cf. Eusèbe, H. E., ïv, 14, t. xx, 381

    1. PIERRE##

PIERRE (PREMIÈRE ÉPIïRE DE SAINT)

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col. 350; S. Clément de Rome, 1 ad Cor., 16, 17 et33, t. i, col. 240, 244, 273, et I Pet., ii, 21; xxii, 2, et I Pet., iii, 10; xlix, 5, et I Pet., iv, 8. Les témoignagesde Papias et de saint Polycarpe ont d’autantplus de force, que les Églises gouvernées par eux(Hiérapolis et Smyrne) faisaient partie de la région àlaquelle est adressée l’Épître. Celui de saint Clémenta aussi une grande autorité, la lettre ayant été composéeà Rome même, comme il sera dit plus loin. — Le témoignagele plus ancien de tous, et par suite l’un des plusimportants, est celui de la 7J a Pétri, laquelle se présente, in, 1, comme étant la seconde lettre de l’apôtrePierre. Il est vrai qu’il a existé autrefois des doutes ausujet de son authenticité, et qu’un grand nombre decritiques hétérodoxes la rejettent comme apocryphe (voirci-dessous, col. 402-410); mais elle est très ancienneaux yeux de ces critiques eux-mêmes, car ils placentgénéralement sa composition entre les années 88 et 90.Son témoignage demeure donc ferme en toute hypothèse.Telle est la preuve extrinsèque, qui démontre l’authenticitéde l’Épitre de saint Pierre. Ces deux faits s’endégagent: 1° l’Épître a été connue de très bonne heuredans toute l’Église; dès que celle-ci a possédé un recueilde littérature qui lui fût propre, la Z a Pétri y estcitée comme un écrit qui exerce une influence considérable; 2° à partir de saint Irénée, c’est directementet nommément à saint Pierre que tous les auteurs ecclésiastiquesattribuent l’Épître.

Pour éluder un si puissant argument, les adversairesde l’authenticité éprouvent, on le conçoit, un très grandembarras, et il ne peuventlui opposer que de très pauvresraisons. Voir Jùlicher, Einleitung in das N. T., 1894, p. 131. 1° L’objection qu’ils tirent du silence du canonde Muratori a été brièvement réfutée plus haut. 2° Ilss’appuient aussi sur une double allégation de Pierre deSicile (vers 870), Historia Manichœor., c. xvii. D’aprèscet auteur, d’une part, les «pauliniens», qui voulaientétablir un christianisme purement basé sur ladoctrine de saint Paul, ne recevaient pas la i a Pétri; d’autre part, Théodore de Mopsueste, suivant unedonnée fournie par Léonce de Byzance dans sonécrit Contra Nestor, et Eutych., 1. IV (entre 560 et600), t. lxxxvi, col. 1650, aurait abrégé et rejeté lesÉpîlres catholiques. Mais tout cela ne prouve «rien dutout», comme l’a fort bien dit Credner, Einleit., t. ii, p. 648; car les faits en question sont d’une date trèstardive. D’ailleurs, le second de ces faits n’est pasmême certain, puisque aujourd’hui encore les Nestoriens, qui ont conservé le canon biblique de Théodorede Mopsueste, regardent la I re Épître de saintPierre comme canonique. Voir Kihn, Tlieodor vonMops., in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1880, p. 64. 3° En troisièmelieu, les néo-critiques s’appliquent à affaiblir laforce des citations faites par les anciens auteurs. Ainsi, d’après Harnack, Chronologie, p. 463, saint Polycarpen’aurait pas regardé notre Épître comme l’œuvre desaint Pierre, puisqu’il ne la lui attribue pas nommément, tandis qu’il mentionne expressément saintPaul en lui empruntant des citations. Mais la conclusionest illégitime; en effet, saint Polycarpe necite pas davantage les noms de saint Jean, des synoptiques, de saint Clément pape et des auteurs del’Ancien Testament, lorsqu’il leur fait quelque emprunt.Si l’évêque de Smyrne fait une exception enfaveur de l’apôtre des Gentils, c’est simplement parcequ’il s’adressait à une Église fondée par lui.

il. arguments INTRINSEQUES. — Ils confirment lapreuve fournie par la tradition. La lettre se donne elle-même, i, 1, comme ayant été composée par «Pierre, apôtre de Jésus-Christ». Or, de nombreux détailsqu’elle renferme sont en parfait accord avec ce renseignernent.Entre autres: — a) la mention de Silvain, v, 12, personnage important qui avait eu des relations

étroites avec l’Église de Jérusalem et avec le prince desApôtres, Act., xv, 22; — b) la mention de saint Marc, v, 13, dont saint Pierre connaissait depuis longtempsla mère, Act., xii, 12, et qu’il avait alors auprès de luicomme un fils spirituel et un compagnon dévoué, voir Eusèbe, H. E., iii, 36, t. xx, col. 300; — c) lamention de Babylone, v, 13, c’est-à-dire de Rome, où le prince des Apôtres se trouvait à la fin de savie. — d) v, 1 sq., l’auteur désigne certainement parle mot itpeuëijTEpoi les prêtres-évêques préposés auxchrétientés d’Asie Mineure auxquelles la lettre estadressée. Il se présente lui-même comme leur o-uvrcpeffêÛTepo; . Or, tout le ton de la lettre montre qu’il estde beaucoup leur supérieur à tous; ce qui est bien, évident, puisqu’il est le chef de l’Église entière. Unfaussaire, bien loin de parler avec une telle humilité, aurait fait valoir hautement le titre du prince des apôtres.— e) Nous avons à signaler aussi des allusionsassez fréquentes aux paroles de Jésus-Christ. Cf. i, 10, etLuc., x, 24-25; i, 13, etLuc., xii, 35; i, 17,-etMatth., vi, 9; H, 17, et Marc, xii, 17; iii, 14, etiv, 14, avecMatth., v, 10-ll; iv, 13, et Matth., v, 12; v, 3, et Marc, x, 42-43; v, 6, etMatth., xxiir, 12. Comp. aussi ii, 6-8, avec Matth., xxi, 42, et Luc, xx, 17. Cf. Act., iv, 11. Ce dernier rapprochementest particulièrement frappant, car la combinaisonde la pierre angulaire avec la pierre de scandale ne setrouve qu’en ces quatre passages, dont deux citent lesparoles de Jésus et les deux autres les paroles de saintPierre. — f) Plusieurs fois aussi, cf. Pet., i, 19-21; n, 21-25; iii, 18-19; iv, 1, etc., l’auteur fait allusion âdivers événements de la vie du Sauveur, et même, cequi est encore plus significatif, aux relations personnellesqu’il avait eues avec lui. Le texte I Pet., i, 8: «(Jésus-Christ) que vous aimez quoique vous ne l’ayezpas vii,» semble établir sous ce rapport une distinctionspéciale entre l’auteur de la lettre et les lecteurs: ceux-ci ne connaissaient le Christ que par ouï dire; lui, il l’a vu de ses propres yeux. C’est bien à tort, onle voit, qu’on a accusé la 1° Pétri de «manquer desouvenirs directs du ministère et de l’enseignement deJésus.» J. Monnier, La l re Épître de l’apôtre Pierre, Mâcon, 1900, p. 515. Celui qui l’a composée a été réellementtémoin de la vie publique, de la passion et dela résurrection de Notre-Seigneur. S’il parle plus souventde la passion, c’est à cause de l’importance spécialequ’avait ce mystère pour les lecteurs, plongésalors dans l’épreuve. Voir Westcott, An introductionto the Study of tke Gospels, 5e édit, , Londres, 1875, p. 174-175. — g) Une preuve intrinsèque qui méritetoute notre attention, c’est la ressemblance qui existe, soit pour le fond, soit pour la forme, entre l’Épître etles discours de saint Pierre contenus dans le livre desActes. Des deux côtés, peu de pensées abstraites etspéculatives, mais les faits principaux de la vie duSauveur, présentés d’une manière concrète comme labase de notre salut. Cf. en particulier I Pet., i, 10-12, et Act., iii, 18-25 et x, 43; I Pet., i, 20, et Act., ii, 23, etm, 20; 1 Pet., ii, 4, et Act., x, 11; I Pet., ii, 24, et Act., v, 30, et x, 39; I Pet., iii, 22, et Act, ii, 33-34, et v, 31, etc.De part et d’autre aussi, l’auteur aime à rattacher sadoctrine aux oracles de l’Ancien Testament. Ce traitest vraiment caractéristique. De nombreuses penséesde l’Épître, comme celles des discours, ont un vêtementbiblique. «On sent que l’auteur se meut dans undomaine familier, et que sa piété plonge ses racinesdans la terre nourricière de l’ancienne Alliance. Il enparle la langue, il en reflète la pensée.» A. Brun, Essaisur l’apôtre Pierre, p. 79. Cf. Lechler, Apost. undnachapost. Zeitalter, 3° éd., p. 440-443; K. Burger, dans le Kurzgefassler Komment. de Strack et Zôckler, N. Test., 4 «Abth., p. 153 de la 2= édit. Voir en particulierles passages, i, 16, 17, 24-25; ii, 4, 6, 7, 9, 10, 22, 24; iii, 6, 9, 10, 11, 20; iv, 8, 18, etc.

h) L'Épître reflète véritablement le caractère de saintPierre, tel que nous le révèlent les récits des Évangileset des Actes des Apôtres. Sa personnalité y apparaîttout entière, comme fait celle de saint Paul dans sespropres lettres. Nous y contemplons l’homme pratique, l’homme d’action, l’homme au tempérament ardent etgénéreux, l’homme qui exhorte avec bonté, en employant des expressions et des images pittoresques.C’est donc d’une maniéré très injuste que divers critiques regardent notre Épitre comme un produit littéraire dénué d’originalité. Voir en sens contraire Scharfe, Die Petrinische Strômung der neutestam. Litteratitr, 1893. Les images concrètes et frappantes y abondent; cf. i, 7, 13, 18, 23, 24; ii, 2, 4, 5, etc. L’auteur dramatise son exposition au moyen d'épithètes vigoureuses, I, 4, 7, 8, 19; v, 10, etc.; il emploie des verbes composés et varie les prépositions pour mieux exprimer lesnuances de sa pensée, ], 2, 3, 5, 12, 13, etc.; il a recoursaux contrastes pour mieux insister sur l’idée, i, 6, 8, 11; ii, 4, 7, etc. Tout cela manifeste un esprit original, puissant, ardent, comme l'était celui de Simon-Pierre.Voir Belser, Einleit., p. 701.

OT. OBJECTIONS VES CBITIQUES CONTRE h' AUTHENTICITÉ. — 1° Histoire de leurs attaques. — Sansdoute, ces différentes preuves intrinsèques n’ont pasla même valeurque les témoignages cités plus haut; mais elles les corroborent singulièrement. Néanmoins, quoique si bien.accréditée de toutes manières, laJ a Pétri ne pouvait pas plus échapper que les autresparties du N. T. aux procédés dissolvants de la critiquerationaliste. Déjà Semler, en 1784, avait émis des doutessérieux sur l’authenticité, que Gludius, un peu plus tard, a été le premier à nier franchement, dans son livreUransichtende$Christentku*ms, Altowi, 1808, p. 296-300.Eichhorn, en 1818, a marché sur ses traces. F. Baur, Theol. Jahrbïtcher, 1856, t. ii, p. 193-198, et ses disciples(notamment Schwegler, Das nachapostol. Zeitalter, Tubingue, 1846, t. ii, p. 2-16; H. Holtzmann, dansSchenkel, Tlibel-Lexikon, t. iv, p. 495-498.; Hilgenfeld, Einleit. in das N. T., p. 625-630) se sont particulièrement distingués par la violence de leurs attaques, maissans pouvoir se mettre d’accord entre eux pour lesdétails de leurs théories, ni pour la date de l'Épître, etc.Celle-ci serait, comme tant d’autres parties du NouveauTestament, un écrit de conciliation, Unionsschrift, destiné à célébrer l’harmonie finalement établie entreles deux grands partis hostiles, le Pétrinisme et lePaulinisme. Elle démontrerait, en même temps, comment les idées pauliniennes peuvent être mises à profitdans l’intérêt du parti judéo-chrétien. Baur, loc. cit., p. 219-222. De là ces réminiscences perpétuelles desépîtres de saint Paul qu’on prétend découvrir dans la/ a Pétri (voir plus bas, col. 385) et qui donneraient, assure-t-on, «l’impression que la lettre provient d’undisciple de Paul.» Mais, comme on l’admet universellement aujourd’hui, «cette théorie (de l'école de Tubingue), qui est profondément ébranlée d’une manièregénérale, est réfutée en particulier dans l’applicationqui en a été faite à I Pet.» Harnack, Chronologie, t. i, p. 456. D’après Jùlicher, Einleit., p. 134-136, de lal re édit., la lettre, à cause de ses relations avec l'Épîtreaux Romains, aurait été composée par un chrétien quirésidait alors à Rome, mais qui était originaire d’AsieMineure. Selon von Soden, Hand-Comment. zumN. T., t. iii, 2e part., p. 117, la lettre aurait Silvain pourauteur. Cf. v, 12. Me Gilfert, History of Christianity inthe aposlolical Age, p. 598, l’attribue à saint Barnabe.D’autres critiques s’en sont tenus à l’opinion traditionnelle, mais en admettant que l’tpitre est dans unétat d’infériorité et de dépendance par rapport auxécrits de saint Paul; ce qu"on explique en disant quePierre, pratique avant tout, n’avait pas une grandeoriginalité littéraire (Bleek, etc.), que c'était un théologien médiocre (Renan), ou du moins une nature «réceptive, impressionnable» (Salmon). Suivant Harnack, Lettre der zivôlf Apostel, t. ii, p. 106-109, et Chronologie, t. i, p. 455-465, les premières et les dernièreslignes de l'Épître, i, 1-2; v, 12-14, n’appartiendraientpas au texte primitif; elles auraient été ajoutées à lalettre, lorsque celle-ci fut officiellement déclarée canonique. Le document primitif, i, 3-v, 11, que ce fût unelettre ou non (ce que M. Harnack avoue ne pouvoir déterminer), serait l'œuvre de «quelque docteur ou professeur distingué», qui l’aurait peut-être composé àRome, entre les années 83-93, ou même vingt ans plustôt. Toutefois, d’une part, l’adresse de la lettre, qui estsi concrète et caractéristique, et, d’autre part, la conclusion, dont les détails conviennent si bien à saintPierre, protestent contre cette hypothèse; et puis, qu’aurait été ce document original, comme nous l’avonsvu, et attribué au prince des apôtres dès la plus hauteantiquité? Le D r Harnack sent si bien la faiblesse desa conjecture, qu’il se déclare prêt, au cas où on latrouverait inexacte, à «regarder l’improbable (c’est-àdire, ce qui est improbable à ses propres yeux) commepossible, et à revendiquer l'épi tre pour Pierre luimême, plutôt que de supposer qu’elle a été écrite parun pseudo-Petrus.» Chronolog., t. i, p. 464.

2° Première objection. — L’argument tiré des affinitésde la i 3 Pétri avec les Épîtres pauliniennes et l'Épîtrede saint Jacques, est mis fréquemment en avant par lescritiques contemporains. D’après eux, cette affinité seraittelle, que la lettre ne pourrait pas avoir été composéepar saint Pierre, mais seulement par un disciple de saintPaul. Voir McGiffert, l. c, p. 593-595; Jùlicher, Einleit., p. 132-133; H. Holtzmann, Einleit., p, 313-316. Cette assertion remonte aux dernières années du xviir 3 siècle; mais elle a été surtout développée a u débu t du xixe siècle, par Scholz, Der schriftstell. Werlh und Charakterdes Johannes, 1811, p. 12, par Eichhorn, Einleit. indas N. T., 1814, t. iii, § 284-286. Ce dernier rattache presque toutes les pensées et les expressions de la /» Pétriaux Épîtres de saint Paul. Le savant catholique Hug, Einleit. in die Schrift. des N. T., te édit., t. ii, §166, les protestants Scholt, Isagoge, 1830, § 96, de Wette, Lehrbuch der Einleit., 5e édit., 1848, § 172, et d’autresreconnurent aussi, mais avec plus de mesure, qu’ilexiste un certain nombre de ressemblances préméditéesentre notre Épître et celles de saint Paul: saint Pierreaurait fait ces emprunts à dessein, parce qu’il écrivaità des chrétientés fondées par saint Paul (Hug); ou bien, il aurait voulu manifester sa conformité de penséesavec l’Apôtre des Gentils, soit contre les hérétiques(Schott), soit sur l’ensemble de la doctrine chrétienne(de Welte). Voir aussi la Zeitschrift fur wissenschaftl.Théologie, 1874, p. 360-375; 1881, p. 178-186, 332-342.

D’assez bonne heure on protesta contre cette affirmation, spécialement contre sa forme la plus exagérée, eton essaya de démontrer, tantôt dans les articles de Revues, — Ransch, dans le Krit. Journal de Winer et Engelhardt, t. viii, 1828, p. 396; Liicke, dans les Theol.Studien und Kritik., 1833, p. 528, — tantôt dans lesouvrages proprement dits (Mayerhoff, Hist. krit. Einleit. in die pétrin. Schriften, 1835, p. 104; B. Brûckner, édition remaniée du commentaire de L. de"Wette, 1853, Introd., § rv; B. Weiss, Der pétrin. Lehrbegriff, p. 381, que saint Pierre n’a utilisé nullepart les lettres de saint Paul, ou du moins que le faitest très douteux et ne saurait être prouvé avec certitude, ou enfin que les prétendus emprunts se bornent à desréminiscences et à des échos plus ou moins conscients.L’ouvrage du D r B. Weiss est particulièrement remarquable sur ce point. Sans nier que saint Pierre aitconnu les écrits de saint Paul et qu’il ait pu s’en approprier quelques pensées ou expressions, lorsqu’elles cadraient avec le thème qu’il avait à traiter, l’auteur

relève en détail les exagérations dans lesquelles on esttombé; puis il restreint le débat à l’Épltre auxÉphésienset à celle aux Romains (chap. xh-xiii), avec lesquelles, dit-il, la J» Pétri présente des ressemblancestrès réelles. Ce sentiment est admis de nos jours parun assez grand nombre de critiques, dont quelques-unsajoutent l’Épltre de saint Jacques à celles de saint Paulaux Romains et aux Êphésiens. Voir Th. Zahn, Einleit.in das N. T., t. ii, p. 30; Cornely, Inirod., t. iii, p. 626-’627; Belser, Einleit., p. 694.

a) Relations de la I" Pétri avec l’Epltre aux Romains.— M. B. Weiss reconnaît qu’il existe des pointsde contact évidents entre divers passages de I Pet., etles chap. xii-xm de la lettre aux Romains. De mêmeKûhl, Die Sriefe Pétri, p. 40. Hofmann, dans son commentairede notre Épltre, Die keilig. Schriflen des N.T., 1875, t. vi, p. 208, mentionne comme des réminiscencesde l’un ou de l’autre des deux écrivains, 1° leverbe avax’nv-a-zZt^ai (il n’est pas employé ailleursdans le N. T.), associé dans I Pet., i, 14, à raîç irpÔTepovim0u[juat{, et dans Rom., xii, 2, à-rû atûvt toÙtm; 2° l’adjectifXoyixcSç, employé dans I Pet., ii, 2, à propos dulait de la divine parole, et Rom., xir, 2, à propos duservice de Dieu; 3° la locution xaxbv àvrt xay.oO âitoSs-Bovtçç, qu’on trouve identiquement dans I Pet., iii, 9, elRom., xii, 17. Les critiques établissent encore les rapprochementssuivants: I Pet., ii, 5, et Rom., xii, 1; I Pet., ii, 13-14, et Rom., xiii, 1-6; I Pet., iii, 8-9, etRom., xii, 9-10; 1 Pet., iv, 7, et Rom., xiii, 12; I Pet., iv, 10-11, et Rom., xii, 6-8. Ils allèguent encore I Pet., n, 24, et Rom., vi, 2, 6, 18; 1 Pet., ii, 6-7, et Rom., ix, 33; I Pet., iv, 1, et Rom., vi, 6. Il règne certainementquelque ressemblance entre ces divers passages; mais, des deux côtés aussi, il y a une indépendance trèsréelle. Comme le dit fort bien le D r Kûhl, l. c., p. 18, les ressemblances signalées permettent seulement desupposer que saint Pierre, qui a écrit en dernier lieu, avait lu l’épltre aux Romains, et qu’il s’en est approprié, tout en demeurant très original, des pensées etdes expressions qui s’harmonisaient avec le but de salettre.

b) La I a Pétri et l’Épître aux Êphésiens. — «On asouvent attiré l’attention sur une certaine ressemblancede notre lettre avec l’Épître de saint Paul aux Êphésiens.Si l’on n’entend pas cela d’un emprunt proprementdit des pensées, mais d’un certain accord dans lesexpressions, les concepts et les constructions, nousl’admettons aussi.» Belser, Einleit., p. 694. De mêmele D’Zahn, Einleit., t. ii, p. 30 et 36, qui tire simplementde ce fait la conclusion que saint Pierre connaissaitl’épître aux Êphésiens, et que la I* Pétri est authentique, attendu qu’un faussaire de la premièrepartie du second siècle n’aurait eu aucune raison defaire des emprunts proprement dits à saint Paul. On arapproché les uns des autres les passages suivants: I Pet., i, 3, et Eph., r, 3 (début identique, mais qu’onretrouve dans la IIe aux Cor.; d’ailleurs, la suite diffèretotalement des deux parts; I Pet., i, 14-18, et Eph., iv, 17-18 (exhortation à mener une vie toute chrétienne); I Pet., i, 20, 10-12, et Eph., i, 4; iii, 6-11; I Pet., ii, 47, et Eph., Il, 20-22; I Pet., iii, 4 (xpuicTC.; tîjç xapêiaçov9p&vno; ), et Eph., iii, 16 (ïau> av9ptù7to; ); I Pet., iii, 18("va f|(iâç Tcçoaayàyri tô 6sw), et Eph., ii, 18 (81’au-roïexofiEv T7]v iïpo(TaywYY|V rcpoç tov rcaTlpa); I Pet., III, 22, et Eph., i, 20-22, etc. Quelques néo-critiques, entreautres Sieffert, Hilgenfeld’s Zeitschrift, 1881, p. 179, trouvent les ressemblances si nombreuses entre lesdeux écrits, qu’ils leur attribuent le même auteur, lequelne serait ni saint Pierre ni saint Paul. Voir aussiGunkel, Die Schriften des N. T. neu ûbersetzt, 1907, t. ii, 3° partie, p. 27. Mais cela est tout à fait inadmissible.Voir T. Zahn, Einleit., t. ii, p. 36; Kûhl, I. c; Keil, Comment, ùber die Briefe des Petrus, p. 12-14;


B. Weiss, loc. cit., p. 13. Le D r von Soden, loc. vit., vamême jusqu’à regarder comme douteux le point decontact de Ja 7° Pétri avec l’Épître aux Êphésiens. Lemême auteur, Hand-Commentar zum N. T., t. iir, 2e partie, p. 97-98, remarque que l’auteur de la 1* Pétri, tout en utilisant les œuvres de saint Paul, a complètementlaissé de côté la terminologie de l’apôtre des Gentils, et qu’il ne mentionne pas même les idées spécifiquementpauliniennes. En résumé, on compte dans la7 a Pétri environ soixante expressions qu’on ne rencontreni dans saint Paul, ni dans les autres livres duNouveau Testament. Parmi les ressemblances alléguées, plusieurs proviennent d’un fonds commun de penséeset d’expressions qu’aucun auteur chrétien ne pouvaitéviter (tels les mots luu-rtç, èXirsç, Zf>At X*P" 7 l Jla > etc.).Dans sa IIe Épltre, iii, 15, saint Pierre affirme avoirlu les Épitres de son «frère bien-aimé» Paul; il estdonc difficile de ne pas admettre l’existence, dans sonécrit, de quelques réminiscences très réelles; maisil demeure toujours indépendant, original, et n’imiteni de près ni de loin d’une manière proprementdite.

c) La I a Pétri et l’Épître de saint Jacques. — Iciencore, on signale un certain nombre de ressemblances.Les deux Épitres sont adressées aux fidèles de la Siaaitopâ, I Pet., i, 1, et Jac, i, 1; mais avec de grandesdifférences pour le sens. Le passage 1 Pet., i, 6-7, abeaucoup d’analogie avec Jac, i, 2-3 (noter en particulierl’expression xb êoxijuov ûpiûv xrjç nfotewç, qu’on netrouve pas ailleurs dans le N. T.). Cf. aussi I Pet., Il, 1, et Jac, i, 21; I Pet., iv, 8, et Jac, v, 20; 1 Pet., v, 5-9, et Jac, iv, 6, 10. Mais, dans ces divers passages, les divergencessont plus grandes que les ressemblances. Ilen est de même par rapport à la régénération chrétienne, I Pet., i, 23, et Jac, i, 18, et aux désirs de lachair, I Pet., ii, 11, et Jac, iv, 1. La citation de troispassages identiques de l’Ancien Testament dans lesdeux écrits, cf. I Pet., v, 5, 9, et Jac, iv, 7; I Pet., iv, 8, et Jac, v, 20; I Pet., i, 24-25, et Jac, iv, 10-11, neprouve pas davantage qu’il existe une dépendance proprementdite entre leurs auteurs.

3° Seconde objection. — Les adversaires de l’authenticitéfont une autre objection, à laquelle ils attachentaussi une grande importance. La lettre suppose, disent-ils, qu’à l’époque même où elle fut publiée, les chrétiensétaient sous le coup d’une persécution généraleet officielle dans l’empire; ce qui ne saurait convenirqu’au règne de Trajan, puisque la persécution de Néronne dépassa guère les limites de Rome. Il suit de là quesaint Pierre, mort au plus tard en 67, ne peut pas êtrel’auteur de la lettre. Voir H. Holtzmann, Einleit., 3e édit., p. 494; Jûlicher, Einleit., p. 135; McGiffert, Hislory of the apostol. Age, p. 596-597. Mais cette objectiona pour base une fausse interprétation de 1 Pet., iv, 15-16, et des passages analogues, i, 6; ii, 12; iii, 9, 15-16; iv, 4, 12-14. Aucun de ces textes n’exige l’existenced’une persécution sanglante et officiellement organiséepar l’empereur, ou par ses représentants dansles provinces, soit sous Trajan, soit même antérieurementsous Néron. Il n’y est question ni de juges et detribunaux, ni de prison, de supplices ou de confiscations.Ce n’est point de la part des autorités constituéesque les fidèles avaient alors à souffrir, mais de leursanciens coreligionnaires, qui leur faisaient sentir leurmécontentement et leur haine de mille manières, dansles relations quotidiennes de la vie. Cf. I et II Thess., où saint Paul mentionne quelque chose de semblablepour les Thessaloniciens. Voir aussi Rom., xii, 14-16; Eph., iv, 27; v, 15-16; Heb., x, 32-34; Jac, ii, 13-17.L’auteur, dans ce passage, en parlant des autorités civiles, n’a pas de reproche spécial à leur adresser; illes caractérise même comme punissant les méchantset réconfortant les bons. Il aurait difficilement agi de

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la sorte, si elles avaient persécuté ouvertement leschrétiens. — Les arguments par lesquels les néo-critiquess’efforcent de démontrer que la I* Pétri n’estpas l’œuvre du prince des Apôtres n’ont donc rien desolide.

II. Occasion et But de l’Épître. — Ils ressortent assezclairement du fond même de l’écrit, qui les rattacheaux circonstances parmi lesquelles se trouvaient les destinataires.— 1° Les Églises d’Asie Mineure auxquellesil est adressé, sans être, comme il a été démontréplus haut (col. 386), sous le coup d’une persécutionviolente et officiellement organisée, avaient néanmoinsbeaucoup à souffrir. Les païens et les Juifsau milieu desquels ils vivaient leur infligeaienttoutes sortes de vexations pénibles. Ce fait n’a riend’étonnant, quand on se place dans la situation desmembres de la primitive Eglise: les nouveaux convertisabandonnaient non seulement leurs idoles, leurculte, leurs superstitions, cf. I Pet., r, 18, mais engrande partie aussi leur manière antérieure de penseret leur genre de vie; et leurs anciens coreligionnairesne leur pardonnaient pas ce qu’ils regardaient commeune apostasie tout à la fois religieuse, nationale etsociale. Voir Tacite, Ann., 44; Suétone, Nero, 16. Onleur reprochait aussi leur vie simple, qui était commeun reproche perpétuel pour leurs compatriotes païens, I Pet., iv, 4, et l’on ne comprenait pas qu’ils ne retombassentpoint dans leurs excès d’autrefois. On les contristait, i, 6-7, on les calomniait, on les accusait decrimes divers, ii, 12, et iii, 16: tout cela, soit par suitede l’ignorance et des préjugés, soit par mauvais vouloiret méchanceté proprement dite. D’après iv, 1 2, unmouvement particulier de haine et d’hostilité venaitd’éclater contre les chrétientés d’Asie. Ces vexationsétaient récentes, et les fidèles n’y étaient pas encorehabitués; de là, pour eux, le trouble et le danger dudécouragement, et, par suite, de l’apostasie, car le démonne manquerait pas de mettre à profit cette situationpour les tenter, cf. I Pet., v, 8. Le prince des Apôtresleur écrivit donc pour les consoler au milieu de leursépreuves et pour les affermir dans la foi. Pour cela, illeur montre que la souffrance est comme la vocationdu chrétien, et qu’elle leur procurera plus tard unegrande gloire, de même qu’elle est dès ici-bas poureux une grande grâce. Il les engage en même temps àbien remplir, malgré tout, leurs devoirs envers lasociété, envers eux-mêmes et envers l’Église.

1 «Comme on le voit, le but de PÉpltre est tout pratique, nullement dogmatique ou polémique. L’auteurl’expose lui-même à la fin de la lettre, v, 12: «Jevous ai brièvement écrit, pour vous exhorter et pourvous attester que cette grâce de Dieu à laquelle vousêtes attachés est la véritable (c’est-à-dire, que votre religionest la seule vraie). Obsecrans et contestans(itapaxa).ôv xal. èm^apTupàiv): ces deux participesrésument tout le contenu de l’Épître, où l’exhortationalterne avec l’enseignement proprement dit. Commeexemples de ces «attestations» ou témoignages, quidonnent plus de poids à l’exhortation, voir i, 3-12, 1821, 23, 25; ii, 3-10, 19-20; iii, 14-16; iv, 12-14; v, 7, 10, 12. L’apôtre exhorte ses lecteurs, en pensant à la situationdouloureuse où ils se trouvaient; il atteste et iltémoigne qu’en dépit des adversités qu’elle occasionne, la religion chrétienue est la grâce des grâces pour sesadeptes sincères et généreux, et qu’il faut y persévéreravec courage. C’est l’exhortation qui domine; elle vad’un bout à l’autre de l’Épître, sous des formes variées.Elle porte sur la sainteté, l’obéissance, la charité fraternelleet le support du prochain, les devoirs enversla société et la famille, la vigilance, et surtout’la patiencedans l’épreuve. Le témoignage a pour objet, tantôtdirect, tantôt indirect, les bienfaits paternels deDieu, la splendeur de l’héritage réservé aux fidèles, la

force que procure l’union à Jésus-Christ, et spécialementles exemples du divin Crucifié. L’auteur jette souventsur Jésus en croix un regard plein d’amour. — Uneoccasion plus spéciale fut le départ de Silvanus pourl’Asie Mineure. Ce disciple avait eu, comme compagnonde saint Paul, des relations intimes avec quelques-unesdes chrétientés de cette région. Cf. Act., xvi, 19; xvii, 4, 15; ’xviii, 5; II Cor., r, 19; iv, 7-14; 1 Thess., i, 1, etc. C’est lui, d’après v, 13, qui fut chargé de porterla lettre.

III. Sujet. — L’auteur a précisé lui-même le sujet enindiquant son but, v, 12. Voir aussi i, 13; v, 9-10.Aucune pensée dogmatique ou polémique ne dominela lettre et ne lui communique une forme spéciale, comme cela a lieu pour la plupart des Épltres desaint Paul. L’opinion contraire, soutenue par l’écolede Tubingue, est aujourd’hui complètement abandonnée.Si quelques concepts ont plus d’importance que lesautres, c’est, d’une part, celui de la sainteté quedoivent pratiquer les chrétiens, par suite de leur vocationmême; d’autre part, celui de la souffrance biensupportée, à l’exemple de Jésus-Christ ( «le vrai chrétiendans la souffrance,» dit Jûlicher, Einleit., Ie édit., p. 132); enfin, celui de l’espérance, car les amis duChrist seront récompensés éternellement comme lui, après avoir mené une vie sainte, et supporté commelui patiemment les peines de la vie. L’auteur ne s’attachenullement à exposer les principes; ses intentionssont avant tout pratiques, en conformité avec le butqui vient d’être marqué. Avant toutes choses, il sepropose d’exhorter ses lecteurs à demeurer fermesdans la foi, malgré les souffrances qu’ils endurentpour elle. S’il signale de nombreux points de doctrine(voir plus bas, col. 394), s’il «témoigne», comme il dit, c’est une manière transitoire et secondaire, en tant queson témoignage pouvait servir de base à ses exhortations.Saint Paul sépare d’ordinaire très nettement lapartie pratique de ses Épîtres de la partie dogmatique; il n’en est pas de même de saint Pierre dans cettelettre, où l’exhortation et l’instruction se tiennent perpétuellementet s’appuient l’nne sur l’autre. Le manquede caractère dogmatique n’empêche pas cet écrit deformer un tout bien compact, et jamais encore on n’asongé à attaquer son unité.

IV. Division et analyse dé l’Épître. — Il n’y a pasde plan précis, tant la pensée est spontanée et pourainsi dire sans préméditation. Le ton est presquetoujours celui de l’exhortation paternelle; ce qui exclutune marche systématique des pensées. L’auteur passed’une recommandation générale à des recommandationsparticulières, et vice versa, sans s’occuper demettre un ordre très logique dans ses idées. Elles nesont pas cependant dépourvues de tout enchaînement.Les groupes plus ou moins considérables de versetsqui développent une même pensée se rattachent lesuns aux autres, de manière à former trois séries d’exhortations, encadrées entre un courtîpréambule, 1, 1-2, et une conclusion très brève aussi, v, 12-14. La salutationinitiale, i, 1-2, se compose des trois éléments accoutumés: le nom de l’auteur, la désignation desdestinataires, un souhait pieux et affectueux.

1° La première.des trois sections, i, 3-n, 10, peut s’intituler: Privilèges accordés par Dieu aux chrétiens etsainteté qu’ils exigent. Elle s’ouvre par une action degrâces à Dieu, pour les dons entièrement gratuits de larégénération spirituelle et du céleste héritage, queJésus-Christ a mérités pour les chrétiens, i, 3-5; donstellement précieux, qu’ils doivent être une cause perpétuelled’allégresse, même parmi les épreuves, de la vie, i, 6-9. Les prophètes avaient annoncé depuis longtempsce salut apporté aux hommes par le Christ, et lesanges sont désireux de le connaître à fond, i, 10-12.Après ce beau début, l’apôtre exhorte ses lecteurs à

mener une vie digne de l’immense bienfait qu’ils ontreçu de Dieu, il signale tour à tour la nécessité générale d’une vie sainte, quelques-uns des devoirs spéciaux qui en découlent et le grand modèle de perfection que nous devons suivre. Appelés au salut, les chrétiens doivent être pleins d’espérance en Dieu, quileur a accordé cette grande faveur, et lui devenirsemblables, en pratiquant la sainteté, l, 13-16. L’exhortation à la sainteté est motivée aussi par la justice divine et par notre rédemption, qui a coûté la vie àJésus-Christ, I, 17-21; puis la charité mutuelle deschrétiens est envisagée comme un élément de leurperfection, i, 22-25. La sainteté chrétienne étant laconséquence de la régénération, il faut travailler àl’accroître sans cesse, ii, 1-3, et c’est en s’approchantdu Christ, vraie source de la perfection spirituelle, eten adhérant intimement à lui, qu’on peut réaliser cetidéal, ii, 4-10.

2° La seconde série d’exhortations, ii, 11-iv, 6, envisage les chrétiens au milieu du monde, et leur rappellequelques-uns de leurs devoirs généraux et particuliers.C’est un petit traité de morale pratique, dont voici lesprincipaux détails. Dans une courte introduction, ii, 11-12, l’auteur formule une pensée importante: il fautque les fidèles aient une conduite très sainte, capabled'édifier même les païens. De cette recommandationgénérale, il passe à plusieurs domaines spéciaux, surlesquels les vrais disciples de Jésus sont tenus de manifester leur perfection. Il traite successivement desobligations des chrétiens envers le pouvoir civil, ii, 1317, des devoirs des esclaves, auxquels il présente commemodèle Jésus-Christ humilié et outragé, II, 18-25; lesrelations réciproques des époux, iii, 1-7. Saint Pierrerevient ensuite à l’exhortation générale, qu’il fait porter sur les points suivants: sommaire des devoirs duchrétien à l'égard du prochain, iii, 8-12; la fidélité àDieu malgré les épreuves, qui, bien supportées, sontpar elles-mêmes une récompense pour le chrétien, iii, 13-17; encore l’exemple du Christ, qui a souffert pournous, tout innocent qu’il fût, et qui a prêché l'Évangile, non seulement aux vivants, mais aussi aux âmesdétenues dans les limbes, iii, 18-22; idéal du chrétien, qui consiste à mener une vie tout exempte de péché, iv, 1-6.

3° La troisième série d’exhortations, iv, 7-v, 11, renferme des recommandations qui concernent la vie intime des chrétientés particulières. Introduite par cettetransition, «Le jugement de Dieu approche et réclamedes dispositions parfaites,» elle entre en d’assez nombreux détails pratiques, que l’on peut grouper sous cesdivers chefs: vertus à pratiquer en vue de la proximitédu jugement divin, iv, 7-11; confiance en Dieu parmiles épreuves, car, si l’on participe aux souffrances duChrist, on aura également part à sa gloire, iv, 12-15; obligations mutuelles des pasteurs et de leurs ouailles, v, 1-5°; autres vertus que tous les chrétiens sont tenus depratiquer, v, 5M1. — La lettre se termine par un épilogueassez court, v, 12-14, composé d’une petite réflexion del’auteur à propos de son écrit, et de quelques salutations.

V. Destinataires de l'Épître. — Ils sont désignésde la façon la plus nette dans le premier verset, i, 1: «Aux élus étrangers et dispersés dans le Pont, laGalatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie.» Les cinqprovinces mentionnées faisaient partie de l’Asie Mineure, dont elles occupaient le nord (le Pont et la Bithynie), l’ouest (l’Asie proconsulaire), la partie centrale et orientale (la Galatie et la Cappadoce). Comme la provincedu Pont est nommée la première, notre Épître a portéaussi, aux temps anciens, dans l'Église latine, le nomde Epislola ad Ponticos. Cf. Tertullien, Scorpiac, 12, t. ii, col. 146; S. Cyprien, Testim., iii, 36-37, t. iv, col. 756. L'Évangile, d’après certains commentateurs, avait été annoncé dans ces différentes régionspar saint Paul, et par ses collaborateurs Barnabe, Épaphras, Silvain, etc., soit directement, comme en Galatie, Act., xv, 40; xvi, 6; Gal., iv, 13; en Asie, Act., xix, 1, soit indirectement (des chrétiens de l’Asie proconsulaire avaient pu porter la bonne nouvelle enBithynie et en Cappadoce, comme cela avait eu lieupour la Phrygie, d’après Col., ii, 1). Nous avons vuplus haut (col. 371); que saint Pierre lui-même a puexercer son ministère apostolique dans l’une ou l’autrede ces provinces, mais que le fait est loin d'être certain, et que l’hypothèse contraire est même de beaucoup la plus vraisemblable.

Les membres des Eglises ainsi fondées avaient appartenu en grande partie au paganisme. Voir S. Jérôme, Adv. Jovin., i, 39, et ii, 3, t. xxiii, col. 275, 300, quoique ailleurs il soit d’un autre avis, et S. Augustin, Cont. Faust., xxii, 8%, t. xlii, col. 460, Plusieurspassages de l'Épître rendent cette opinion tout à faitcertaine. D’après i, 14, les lecteurs avaient vécu autrefois dans une complète ignorance religieuse; d’après i, 18, leurs ancêtres avaient vécu dans l’idolâtrie; d’après ii, 9-10, Dieu les avait appelés à sa merveilleuse lumière et avait fait d’eux son peuple privilégié, eux qui n'étaient rien auparavant; d’après iii, 6, leursfemmes étaient devenues des filles de Sara, ce quiprouve qu’elles ne l'étaient point par la naissance; d’après iv, 2-4, avant leur conversion, ils s'étaient livrésau culte des faux dieux et à toutes les immoralités dupaganisme. Ces détails ne sauraient convenir à desjudéo-chrétiens, mais seulement à des païens d’origine, comme l’ont admis et l’admettent encore de nos joursla plupart des interprètes et des critiques. Voir Hundhausen, Das erste Pontiftcalschreiben des Petrus, p. 45, note n. Il n’est donc pas étonnant que Cassiodore, Instit. div., 14, t. lxx, col. 1125; Junilius Africanus, Depart, leg., i, 6, t. lxviii, col. 16, et le Codex Fuldensisaient intitulé notre Épltre: «ad Gentes». CependantOrigène, dans Eusèbe, H. E, . iii, 1, t. xx, col. 216, Didyme d’Alexandrie, ibid., iii, 4; t. xx, col. 220; lepseudo-Athanase, Synops., 53, t. xxxviii, col. 40, saint Jérôme, De vit: UL, 1, t. xxiii, col. 638, etc., croyaient au contraire que l'Épître avait été principalement composée pour des chrétiens issus du judaïsme.Leur raison principale consistait dans une interprétation inexacte du mot SiaawopSç dispersionis), qu’on, lit à la première ligne. Comme ce mot désignait d’ordinaire les Juifs «dispersés» plus ou moins loin de laPalestine, à travers l’empire romain, cf. II Mach., i, 27; Joa., vii, 35; Jac, i, 1, on a supposé qu’il doit recevoir ici sa signification habituelle. Mais saint Pierre l’adéterminé et précisé par les expressions èxXexToiitapE7110r||ioi, electi advense, ^ dont la première étaitalors une appellation spécifique des chrétiens, choisiset mis à part en vue du salut futur, I Pet., ii, 9; Rom., viii, 33; Col., iii, 12; II Tim., ii, 10; Tit., i, 1, etc., tandis que la seconde, d’après l’usage biblique, apour but de rappeler aux destinataires de l’Epîtrequ’ils devaient se regarder, à la manière d’Abraham, Gen., xxiii, 3, de Jacob, Gen., lvii, 3, comme desétrangers sur cette terre d’exil, et avoir constammentà la pensée le souvenir de la céleste patrie. Cf. i, 17; H, 11; Heb., xi, 9. Le mot Sixanopi est donc prisici, non pas dans le sens technique qu’il avait autrefois, mais dans un sens métaphorique, pour désignerle nouveau peuple de Dieu.

Le livre des Actes montre qu’il y avait des élémentsjuifs considérables dans plusieurs des contrées énumérées ci-dessus. Cf. Act., xviii, 24-28; xix, 8-10, etc. Ilest donc vraisemblable qu’un certain nombre des destinataires de la i» Pétri étaient Israélites de naissance; mais ils formaient certainement une minorité. Aussiest-il surprenant que divers critiques contemporains, 39J

PIERRE (PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT)

392

B. Weiss, Krit. Unlersuch. zu den kathol. Briefen, 1892, et Der Pétrin. Lehrbegrifꝟ. 1855, p. 99; Kûhl, Die Briefe Pétri, p. 22; Nôsgen, Geschichte der neutestam.Offenbarung, t. ii, p. 37, aient repris à leurcompte le sentiment d’Origène, de Didyme, etc., quiméritait d’être à tout jamais abandonné. Voir Keil, Comment, ûber die Briefe des Petrus, p. 20-24. Voicileurs principales raisons: 1° Ils s’appuient sur la ressemblancequi existe entre l’adresse de la i a Pétri etcelle de l’Épître de saint Jacques, I, 1. Il est vrai que, dans cette dernière, il est aussi question de la Siao-mjpâ; mais ce mot y est déterminé par l’addition «les douzetribus», qui en restreint le sens aux seuls Juifs convertis.— 2° Ils allèguent que les pensées et le style denotre Épître sont vraiment des échos de l’Ancien Testament; ce qui conviendrait fort peu à des lecteursd’origine païenne, mais seulement à des destinatairesjudéo-chrétiens, familiarisés avec la loi, les prophèteset les Psaumes. Nous répondons que saint Paul citeassez souvent aussi les livres de l’Ancien Testament dansplusieurs de ses lettres adressées à des païens convertis, tout spécialement dans I Cor., II Cor.’et Gai. Nousdirons encore, sur ce même point, que les citations ouallusions de saint Pierre expriment des pensées clairespar elles-mêmes; il n’était donc pas nécessaire que leslecteurs comprissent qu’elles étaient empruntées à laBible juive. D’ailleurs, l’Ancien Testament n’était-il paslu en grec dans les assemblées religieuses des premierschrétiens? — 3° Nos adversaires essaient, mais sanssuccès, de démontrer que les passages énumérés plushaut, i, 14, 18; ii, 9-10; iii, 6; iv, 3, ne conviennentqu’en apparence aux païens et s’appliquent en réalité àdes Juifs convertis. Mais il faut faire violence à ces diverstextes, pour obtenir d’eux un tel résultat. VoirBelser, Einleit. in-das N. T., p. 695-696. — Dans leurensemble, les lecteurs avaient été convertis depuis assezlongtemps, puisqu’ils avaient leurs prêtres et leur organisationecclésiastique régulière. Cf. v, 1-5. Les motssicut modo geniti infantes…, ii, 2, ne prouvent pasqu’ils venaient de passer tout récemment au christianisme, car c’est là une figure qui peut s’appliquer à lavie entière de la plupart des chrétiens. Ils formaientun corps parfaitement constitué parmi leurs voisins demeuréspaïens.

VI. Le lieu de la composition. — Nous lisons à la finde l’Épître, v, 13: «L’église qui est à Babylone voussalue.» D’où il suit que la lettre a été écrite de la villequi est appelée ici Babylone. Mais nous avons démontréplus haut (col. 371), que ce nom doit être interprétéd’une manière symbolique. Il ne saurait en aucunefaçon désigner l’antique capitale des Babyloniens, à laquellela tradition n’a jamais rattaché un séjour desaint Pierre. Il ne saurait non plus se rapporter, comme on l’a parfois supposé, à la cité égyptienne deBabylone, située près du Caire. Cette opinion est dénuéede tout fondement. Ce n’est point au prince des Apôtres, mais à son disciple saint Marc, que les Églises d’Egypte, et en particulier celle d’Alexandrie, ont toujours attribuéleur origine. La Babylone mystique mentionnée parl’auteur de l’épître n’est autre que Borne même, commele dit saint Jérôme, De vir. ill., 8, t. xxiii, col. 621.C’est très exactement que, malgré les mots èv Ba6uXûvi, de nombreux manuscrits grecs ont cette suscriptionfinale: ef paçi] àito’Punîjc. Voir Tischendorf, N. Test., édit. viii, t. ii, p. 300, et aussi H. Ewald, Sieben Sendschreiben, 1890, p. 2; F. Baur, Dos Christenthum unddie christl. Kirche, p. 130; Schwegler, Nachapostolich.esZeitalter, t. ii, p. 16; E. Renan, L’Antéchrist, p. 122; Hilgenfeld, Einleit., p. 632; H. J. Holtzmann, Einleit., 2e édit., p. 521; Jûlicher, Einleit., 1814, p. 132; vonSoden, Hand-Commentar zum N. T., t. m^ 2e part., 3e édit., p. 115; Me Giffert, Eistory of’ttie oépastolicalAge, p. 598.

VII. Date de l’Épître. — 1° D’après les critiques quine croient pas à l’authenticité, la lettre aurait été composée: a) sous Domitien, 81-96 après J.-C. (von Soden, entre 92 et 96; Harnack, entre 83 et 93, mais peut-êtredés 73, ou même dès 63); 6) sous Trajan, 96-117 (Baur, Keim, Lipsius, Pfleiderer, Jûlicher); c) sous Adrien, 117-138 (Zeller); d) entre les années 140 et 147 (Volkmar).Ces divers sentiments ont été réfutés d’avance par cequi a été dit au sujet de l’authenticité (col. 380). —2° Parmi les auteurs qui regardent l’Épître commel’œuvre de saint Pierre, il en est qui fixent une datetrop avancée: entre autres, le Vén. Bède, In Petr., v, 13, t. xiii, col. 68, sous le règne de Claude, 41-54; Baronius, Annal., ad. ann. 45, 16, en 45; Foggini, De RomanoD. Pétri itinere, 1742, p. 196-198, entre 42 et 49; B. Weiss, Pétrin. Lehrbegriff, p. 365-367; Einleit., 3e édit., p. 427-430, et Kûhl, Die Briefe Pétri, p. 50, à une époque antérieure aux Épilres de saint Paul— D’après l’opinion la plus vraisemblable, qui a toujourseu des adhérents très nombreux, la Ia Pétrifut composée vers la fin de l’année 63, ou au commencementde 64. On arrive à cette conclusion grâce auxdonnées suivantes: — a) La lettre suppose que le christianismeavait fait de grands progrès dans l’Asie Mineure; or, un tel développement n’a eu lieu qu’à lasuite du séjour de trois ans que Paul fit à Éphèse durantson troisième voyage apostolique, entre 54 et 57.Cf. Act., xviii, 23; xix, 1, 10. L’Épître n’a donc pas étéécrite avant cette dernière année. — 6) L’Apôtre desGentils avait été délivré de sa prison en 63, et était partipour l’Espagne ou pour l’Orient; de là probablementle silence de la lettre à son sujet. — c) La persécutionde Néron n’avait pas encore éclaté lorsque l’Épître futcomposée (elle ne commença que vers la fin de 64); mais on en voyait déjà les signes précurseurs. —d) Saint Marc, mentionné à la fin de la lettre, v, 13, était encore à Rome, où saint Paul l’avait appelé naguère, durant sa première incarcération, Col., iv, 10(l’Épître aux Colossiens date de 63). — e) Si saint Pierrea réellement connu l’Épître aux Éphésiens (voir lacol. 385), il n’a pu composer sa lettre qu’après l’époqueoù saint Paul écrivit lui-même à l’Eglise d’Éphèse, c’est-à-dire en 63. — Sur toute cette question voir encoreH. Holtzmann, Einleitung, 3e édit., p. 318-320; E. Scherfe, Die petrinische Strômung der neutestam.Literatur, 1893, p. 633; Ramsay, The Church in theRoman Empire, 1893, p. 279-295.

VIII. Idiome et style de l’Épître. — 1° La J a Pétria été composée en grec; il ne saurait exister aucundoute à ce sujet. Seul, saint Jérôme a supposé, Epist.cxx, ad Hedib., 11, t. xxii, col. 1002, que la langueprimitive aurait été l’araméen. Ainsi qu’il a été dit plushaut (col. 358), Simon-Pierre, originaire des bords dulac de Tibériade, avait pu apprendre de bonne heure àparler le grec, qui était d’un usage fréquent dans cesparages; il se développa dans la connaissance de cettelangue, durant ses courses apostoliques à travers descontrées habitées par des races helléniques. Saint Jean, saint Jacques le Mineur et saint Jude étaient, commelui, Juifs d’origine, et pourtant il est certain qu’ils ontécrit en grec. Si saint Marc est appelé, depuis lestemps les plus anciens, 1’ «interprète» (kp^r^sv-c^) dePierre, cela vient, soit de ce qu’au début de ses voyages(vers 43) Pierre, ne se croyant pas suffisamment exercépour parler à des Grecs proprement dits, se faisait aiderpar son disciple de prédilection, soit plutôt de ce queJean-Marc «a rédigé son Évangile d’après les prédicationsde saint Pierre». Voir t. iv, col. 717.

2 «La lettre est écrite en un grec correct, assez bonmême, mais qui n’a pas l’élégance de celui de saintJacques. L’agencement des phrases présente parfoisquelque rudesse; par exemple, lorsqu’elles sont prolongéesau moyen de participes ou de pronoms relatifs

accumulés. L’emploi des synonymes, le maniement assezhabile des verbes (surtout des verbes composés), destemps et des prépositions, la structure rythmique desphrases dénotent aussi une connaissance suffisante dela langue grecque. Les hébraïsmes ne sont ni fréquentsni choquants. On peut citer, parmi les principaux: Stærnopô, I, 1; fils d’obéissance, i, 14; l’acception despersonnes, i, 17; la parole du Seigneur, i, 25; un peupled’acquisition, ii, 9; le mot «vase» pour désigner lecorps humain, iii, 7. Le style est généralement simple, comme la pensée; par moments, il est plein de grandeur.Cf. I, 3-9, 17-21; ii, 21-25; v, 6-10, etc. L’auteuraime à exprimer la même pensée en termes tour à tournégatifs et positifs, cf. i, 14, 18, 23; ii, 16; iii, 3, 9, 21; iv, 2; v, 2 r 3; il fait çà et là un usage intelligent desépithètes, cf. i, 3, 18, 22; ii, 2, etc.; il oppose d’unemanière caractéristique le pluriel au singulier, parexemple, IV, 2: âvOpciirav Èmôuiitaiî et 8eXr, [jt.aTi ôeoî, etc.

Il a recours à des images vivantes, dramatiques, qu’ilemprunte à la vie de famille, i, 3, 14, 17, 22-23; ii, 2; à la vie des champs, i, 4; v, 2, 8; à la vie militaire, i, 5; ii, 11; iv, 1; à la vie nomade, i, 1, 17; ii, 11; au cultesacré, ii, 5; iii, 15; à la métallurgie, i, 7; iv, 12, etc. Levocabulaire de l’Épître renferme un nombre assez considérablede termes qui ne sont employés dans aucunautre livre du Nouveau Testament. On en a comptéjusqu’à soixante-deux, dont beaucoup se rencontrentdans la traduction des Septante. Parmi ces expressions, il en est de très classiques; àvaYxaarûç, àvâ/uui; , àv-u-XoiSopEtv, ônto-fEV^JÛai, à7tt56eo-tç, (koûv, Èp.7tXoxYj, èmxâ-Xu[i.(ia, oivo^UY^ci, 6[i(5<ppt>)v, ÔTtXîÇe’v, 7t «Tpoitapà80To; , etc.D’autres, plus remarquables encore, ne paraissent pasavoir été employées avant saint Pierre; néanmoins, leurformation est très régulière et leur signification est généralementtrès nette (à part celle du premier terme): àÀXoTptoeitîtrxoitoç, àjjiàpavTivo?, àva^ewàv, àvExXâXr)toç, «npo<T» iroXri(JiTu)ç, ifxofj1600<76at, itepî6eeriç, itpo[iœpTupsoôai, a-fUvo&v, a-iv7rpe<TëÛTCpo; , etc. D’autreslocutions, comme xàpurp-a, quXaSeXçia; faisaient partiedu langage chrétien. La dépendance des Septanteest très frappante, sous le rapport soit des réminiscences, soit du vocabulaire, soit de la syntaxe: cequi n’a rien de trop surprenant, car il était aiséà Pierre d’avoir cette traduction avec lui durant sesvoyages.

3° Le texte grec de l’Épître ne présente au critiqueaucun problème sérieux. Les principaux manuscritsqui nous l’ont transmis sont les suivants: N, A, B, C, KZ, L2, P2, puis 13, 40, 44, 137. Gomme il a été dit ci-dessus(col. 380), l’Épître est contenue dans la Peschilto.On possède des fragments de l’ancienne versionlatine dans plusieurs manuscrits anciens: I Pet., iv, 17-v, 14, dans le palimpseste Fleury (h); i, 8-19; ii, 20-m, 7; iv, 10-v, 14, dans le ms. de Munich (g); i, 112; ii, 4-10, dans le Codex Eobbiensis (s). Voir Old LatinBiblical Texts, n. IV, p. xx-xxi, 46. Le D’B. Weissa soigneusem*nt revisé t le texte grec, Die kathol.Briefe, Texikrit. Untersuchungen uni Textherstellung, 1892.

IX. Caractère général de l’Épître. — L’espéranceest une de ses notes dominantes. Cf. i, 3, 21; iii, 15; iv, 13; v, 1, 4. Elle atteste dans son auteur une naturetrès personnelle et indépendante, mais aussi un tempéramenttout pratique, qui n’a pas l’intérêt spéculatif, ni la profondenr mystique de saint Paul et de saintJean. Voir von Soden, loç. cit., p. 121. Elle renfermequelques belles pensées originales. On peut mentionner, entre beaucoup d’autres: la désignation des chrétienscomme des advense et perigrini sur cette terre, ii, 11; le rapprochement établi entre le baptême et le déluge, m, 21; le titre d’àpx"toi(iY)v donné à Notre-Seigneur, v, 4; la passion de Jésus souvent représentée comme unmodèle pour les chrétiens éprouvés, ii, 12; iii, 16, etc.

— Un point particulièrement frappant, c’est l’emploique saint Pierre fait sans cesse de l’Ancien Testament.Tantôt il montre que le salut apporté par le Christ estla réalisation intégrale des promesses que Dieu avaitfaites aux anciens prophètes, i, 10-12; tantôt il s’appropriedans le détail, comme il a été marqué plus haut, col. 900, les pensées et les expressions même de l’ancienneAlliance. Fait remarquable: ce petit écrit, quine contient que deux citations proprement dites del’Ancien Testament, i, 16, et ii, 6, renferme un nombreconsidérable de réminiscences ou d’échos bibliques.Cf. i, 14, 15; ii, 3. 4, 7, 9, 10, 22-24; iii, 10-12, 13, 14; iv, 8, 17, 18; v, 5, 7, etc.

X. L’enseignement doctrinal de l’ÊpItre. — On doitse souvenir, lorsqu’on cherche à déterminer l’enseignementd’un écrit avant tout pratique, comme ï’eslcelui-ci, qu’on tomberait dans une exagération singulière, si l’on concluait que tel ou tel point doctrinal quiy est omis était inconnu de l’auteur, ou n’avait pourlui qu’une importance secondaire. On a donc eu tortde chercher et de vouloir trouver ici, soit un type de ladoctrine chrétienne durant la période apostolique, soit(c’estle cas pourM. B.Weiss)un christianisme juifantérieurà saint Paul, soit une théologie de saint Pierreen opposition avec celle de saint Paul, ou, selon d’autres(tant les opinions sont subjectives et arbitraires sur cepoint) ayant pour but de la confirmer. Nous l’avonsdéjà dit, le dogme "n’apparaît dans cette lettre que paraccident et d’une manière secondaire, pour appuyerles exhortations pratiques. Saint Pierre n’a nullementsongé à insérer ici son Credo, ou un système doctrinalcomplet; il nous fait seulement connaître uncôté spécial de sa prédication. Et pourtant, en groupantsous divers chefs les principaux enseignementspositifs qui sont épars dans la Ia Pétri, on trouve unsommaire assez riche du dogme chrétien. — On estfrappé d’abord de la grande ressemblance qui existeentre cet enseignement et celui des discours de saintPierre, tels que les Actes des Apôtres nous les onttransmis. Voir plus haut, col. 382. Comme point fondamentalnous avons, de part et d’autre, cette grandeidée: le christianisme a l’Ancien Testament pour base; il a réalisé, grâce à la mort et à la résurrection deJésus-Christ, les oracles prophétiques de l’ancienneAlliance relatifs au salut promis à l’humanité coupable.Toutefois les discours de saint Pierre ne nous révèlentqu’une face de son enseignement, tel qu’il étaittout à l’origine de l’Église, tandis que sa premièreÉpître est adressée à des chrétientés qui existaientdéjà depuis assez longtemps, et auxquelles, par conséquent, l’apôtre présente des conseils plus variés etplus développés qu’aux premiers chrétiens, d’originejuive ou païenne. Il est remarquable qu’il ne mentionnenulle part ici la loi judaïque, ni la justificationpar la foi.

Voici les principaux points de l’enseignement doctrinalde la 1° Petm. — 1° Sur Dieu. — Naturellement, uneplace souveraine lui est accordée, et son nom revient àtout instant. Dès le début de la lettre, i, 2, nous rencontronsla formule trinitaire. Non content de nommeren passant les trois personnes divines, l’auteur signalele rôle spécial de chacune d’elles dans le mystère dela rédemption. À plusieurs reprises, il est parlé deDieu, du Père, qui est le «Créateur fidèle», iv, 19, le Dieu vivant, i, 23, l’auteur de notre salut par l’intermédiairedu Christ, i, 3, 23; de Jésus, son divinFils, i, 13, etc.; de l’Esprit-Saint, qui est tout à la foisl’Esprit de Dieu, iv, 14, et celui de Notre-Seigneur, i, 11. L’Esprit-Saint vient de Dieu; il a reçu de lui unemission temporelle à remplir, i, 12. Il assiste les prédicateursde l’Évangile, I, 12; il opère la sanctificationdes âmes, i, 2, 22; il atteste la réalité de l’héritagefutur, iv, 14.

2° La christologie. — a) La personne du Christ. Jésusest Dieu, Fils de Dieu, i, 3. L’apôlre le nomme à côtédu Père et du Saint-Esprit, comme leur égal, i, 2; ill’élève au niveau de Dieu et nous le montre assis à ladroite du Père, iii, 22. Jésus-Christ s’est incarné pournous sauver et a pris toute notre nature, composéed’une âme et d’un corps, iii, 18. Il possède une parfaitesainteté, i, 19; ii, 22-23; iii, 18. Il est le Messieprédestiné de toute éternité, i, 20, promis par les prophètes, qui avaient annoncé longtemps d’avance sessouffrances et sa gloire, i, 10-12; ii, 4-6. Aussi Pierrelui attribue-t-il les titres de Christ, i, 11, 19; ii, 21; m, 16, 18; iv, 1, 13, etc., de Jésus-Christ, i, 1, 2, 3, 7, 13; ii, 5, etc, de Notre-Seigneur Jésus-Christ, i, 3. —b) L’œuvre rédemptrice du Christ a pour point de départla mort et la passion du Sauveur, iii, 18; iv, 1. Cettemort douloureuse et ignominieuse a eu le caractère d’unsacrifice proprement dit, par lequel Jésus a expié lespéchés des hommes, comme Isaïe l’avait prophétisé, ii, 21-24; iii, 18; son sang divin nous a servi de rançon etde purification, i, 2, 18-19. Non content de dire que lessouffrances du Christ ont une valeur infinie pour nousracheter, saint Pierre envisage aussi leur valeur moraieet les présente comme un exemple pour les chrétiens, h, 21; iii, 17-18; iv, 1, 13. La conséquence du sacrificeexpiatoire de Jésus-Christ, c’est le pardon des péchés, i, 2, la régénération chrétienne, i, 3, la liberté chrétienne, n, 16, l’héritage impérissable qui nous attenddans le ciel, i, 4. — c) Entre sa mort et sa résurrection, Jésus est descendu dans les limbes, où il a annoncé labonne nouvelle aux âmes des justes, iii, 19-rv, 6. Cedogme est tout spécialement intéressant à noter ici, car, parmi les écrivains inspirés, saint Pierre est seul à lementionner en termes explicites. Il est vrai que Jésuslui-même avait dit au bon larron: «Aujourd’hui, tuseras avec moi dans le paradis.» Luc, xxiii, 43. Or, cette parole ne saurait s’appliquer au ciel, où l’âme deJésus-Christ ne monta pas ce jour-lé, non plus quecelle du bon larron; elle désigne donc le «limbùs justorum», auquel il est peut-être encore fait une tripleallusion par saint Paul, Rom., x, 7; xiv, 19; Eph., iv, 9. Le passage I Pet., iii, 19-22, ne manque pasd’obscurité; mais l’opinion commune a toujours été, depuis les temps les plus anciens, qu’il décrit le descensusad inferos de Notre-Seigneur Jésus-Christ.Telle était déjà l’interprétation de saint Justin, Dial. c.Tryph., 82, t. vi, col. 669, de saint Irénée, Adv. hser., IV, Xxvii, 2; v, 1, t. vii, col. 1058, de Tertullien, De anima, vn, 55, t. ii, col. 657, etc. Voici la partie principalede ce passage, iii, 18-20: «Le Christ aussi est mort unefois pour nos péchés, lui juste pour des injustes, afinde nous offrir à Dieu, ayant été mis à mort quant à lachair, mais rendu à la vie quant à l’esprit; par lequelaussi il est allé prêcher aux esprits qui étaient en prison, qui autrefois avaient été incrédules, lorsque, au tempsde Noé, ils s’attendaient à la patience de Dieu, pendantqu’était préparée l’arche, dans laquelle peu de personnes, à savoir huit seulement, furent sauvées à travers l’eau.» Les âmes emprisonnées sont évidemment celles desjustes, et non celles des damnés, qui ne pouvaienttirer aucun fruit de la bonne nouvelle apportée par leChrist. Parmi les auditeurs de Jésus dans les limbes, il se trouvait des contemporains de Noé, qui, d’abordincrédules, s’étaient convertis avant de périr dans leseaux du déluge; ils sont cités comme type de tous lespécheurs venus à résipiscence antérieurement à l’apparitiondu Messie. On retrouve cet enseignement dansVÉvangile (apocryphe) de Pierre, 41-42, et dans YEvangilede Nicodème, ii, 10. D’après l’enseignement desaint Pierre, c’est entre la mort de Jésus et sa résurrectionqu’à eu lieu sa descente mystérieuse dans leslimbes. En effet, le Christ meurt quant à sa chair, mais il est vivifié quant à son esprit; c’est donc dans

cet état spirituel qu’il est descendu aux enfers. Ensuiteil est ressuscité et monté au ciel. La prédication(xïlpÛTTEiv) qu’il a portée dans les limbes n’a pas consisté, comme on l’a parfois affirmé, dans une sentence decondamnation lancée par lui contre les pécheurs. Sonmessage est tout d’amour, ainsi qu’il est dit iv, 6: «L’Évangile a été annoncé aux morts.» Or, 1’ÉvangHeest la bonne nouvelle par excellence; d’où il suit queNotre-Seigneur a dû annoncer aux âmes des justesretenues dans les limbes sa mort rédemptrice, sa résurrectionet son ascension prochaines, et leur propredélivrance. — Qu’il suffise de signaler deux interprétationsinexactes données à la prédication de Jésus: d’aprèssaint Augustin, c’est par la bouche de Noé que leChrist aurait prêché l’Évangile aux pécheurs qui vivaientà l’époque du déluge; selon d’autres, Jésusaurait apporté la bonne nouvelle aux morts, c’est-à-direaux pécheurs, par l’entremise des Apôtres. Sur cettequestion importante, voir Dietelmaier, Hisl. dogmaticade descensu Christi ad inferos, 1741 et 1762; Gûder, Die Lehre von der Erscheinung Christi unterden Todten, 1853; 2ezschwitz, De Christi ad inferosdescensu, 18ôl; Schweitier, Hinabgefahren zvrÈôïle, 1886; Spiltà, Christi Predigt an die Geister, 1893; Bruston, La descente du Christ aux enfers, 1897; Stevens, Theology of the New Test., 1899, ’p. 304; C. Clemen, Niederge fahren zu den Toten, ein Beitragzur Wùrdigung des Apostoliku*ms, Giessen, 1900; Turmel, article dans les Annales de philosophie chrétienne, n° de février 1703, p. 508-533; Id., Ladescente du Christ aux enfers, Paris, 1904; 2e édit., 1905. — d) Jésus est ressuscité d’entre les morts, conformémentaux anciens oracles; la foi et l’espérancedes chrétiens s’appuient sur ce fait capital. Cf. i, 3-5, 18-21, etc. C’est Dieu lui-même qui a ressuscité et glorifiéson Fils, i, 21; iii, 21-22. Le Christ est monté auciel, où il est élevé au-dessus de toutes les créatures, i, 21; iii, 18, 22. Dans cet état, il est encore actif pourglorifier son Père, iv, 11; car tout ce qui se fait de bondans l’Église est opéré par lui. — e) II reviendra à lafin du monde, I, 4, 5, 7, 8, 13, 21; iv, 13; v, 4, 10. Sonsecond avènement est désigné par le mot àiioxaXu^iç, «révélation», i, 7, 13; iv, 13. Ce retour sera terriblepour les méchants, iv, 17, mais il apportera aux bonsle salut définitif, le ciel, qui est l’objet suprême de notreespérance i, 4, etc.

3° L’eschatologie. — L’auteur mentionne la fin dumonde iv, 6, et le second avènement de Jésus-Christi, 13; iv, 13. Pour mieux encourager les chrétiensd’Asie Mineure à supporter avec patience les épreuvesauxquelles ils étaient en butte, il leur propose plusieursfois la pensée du glorieux et éternel héritage qui lesattend dans le ciel cf. i, 4-9; iv, 18; v, 10-11, etc. Maisle D r B. Weiss exagère, lorsqu’il prétend, Lehrbuch derbibl. Théologie, § ii, p. 172, que cette idée était, poursaint Pierre, l’idée centrale de la vie chrétienne. — Leprince des Apôtres croyait-il que le retour de Jésus-Christserait prochain? On l’a souvent répété parmi lesprotestants, en se basant sur le texte: «La fin de touteschoses approche,» iv, 7, et aussi sur v, 1, autre.’passagedans lequel on a prétendu trouver la persuasion oùétait Simon Pierre qu’il serait bientôt témoin del’avènement de Jésus-Christ. Mais comment l’apôtre, après avoir entendu son Maître affirmer, Matth., xxtv, 36, que l’époque de la fin du monde est un secretréservé au Père céleste, se serait-il hasardé à faire uneprédiction sur ce point? Le second texte allégué revientsimplement à dire: J’espère qu’un jour je serai avecvous dans le ciel. Quant au premier, il doit s’interpréterd’une manière générale, car il ne signifie nulle Tment que Pierre regardait le retour de Jésus commeimminent. Comme saint Paul, cf. I Thess., iv, 12-17; II Thess, ii, 2-11; I Cor., xv, 5-58, etc., saint Jacques,

Ja’c, v, 7-9, et saint Jean, cf. I Joa, , ii, 18, il savait quece grand jour pouvait arriver d’un moment à l’autre, puisque désormais le mystère de la rédemption était accompli.Mais à quelle date précise Jésus reviendrait-iljuger les vivants et les morts? Il l’ignorait. Cf. II Pet., m, 8-9, où il dit qu’il peut s’écouler encore mille anset plus avant la fin du monde. Voir Estius, Cornélius aLapide, Hundhausen, etc., Inl Pet., iv, 7. De nombreuxcommentateurs protestants n’interprètent pas autrementce passage. — Les chrétiens doivent souvent penser aujugement de Dieu et le redouter, i, 17; iii, 9-10; iv, 7, 17-19. Cette crainte est pour eux le commencement dela sagesse.

4° L’Église. — Formée de tous ceux qui ont été rachetéspar Jésus-Christ, elle est une société très auguste, quel’auteur désigne par plusieurs titres magnifiques, empruntésà l’Ancien Testament. Cf. ii, 9-10. Ses membressont comme des prêtres, qui offrent perpétuellementà Dieu des victimes spirituelles, ii, 5, 9. Elle est un édificepareillement mystique, dont chaque fidèle est unepierre vivante, et dont Jésus-Christ et la pierre angulaire, il, 8. Elle est un troupeau symbolique dontNotre-Seigneur est le pasteur suprême, , iv, 10-11; v, 14. Quant à son organisation, rien de plus simple: àla tête de chaque Église particulière étaient les anciens(itpscîgÛTepoi), les prêtres, chargés de nourrir et de dirigerleurs ouailles; celles-ci devaient l’obéissance.

5° Les devoirs des chrétiens. — a) D’abord il fautcroire, ou, comme dit notre auteur, i, 2, 21-22, il fautobéir à la vérité, à l’Évangile. Les chrétiens sont, en cesens, «des fils d’obéissance», i, 14, tandis que lesincrédules sont des rebelles, ii, 8; iii, 1, etc. La prédidicationde l’Évangile est la source de la foi, i, 12. Lafoi même est un sentiment de confiance inébranlable, i, 8; en nous attachant à Jésus-Christ, elle est pournous le principe d’une force irrésistible, v, 9. Elle communiquela vraie connaissance, i, 14, la connaissancede Dieu et de Jésus-Christ, i, 2, 8; iii, 18. Elle est lacondition indispensable du salut, i, 9. L’épreuve biensupportée l’épure et la fortifie, i, 7; v, 9. — b) Il fautaussi recevoir le baptême au nom de Jésus-Christ, iii, 21.Si la foi et le baptême sont nécessaires au salut, rienne se fait sans la grâce, qui est un don gratuit du «Dieu de toute grâce», v, 10. La grâce suprême estcelle du salut éternel, iii, 7. — c) Il faut mener unevie très sainte, puisque Dieu lui-même est la saintetéparfaite, i, 15. De là, la nécessité de se purifier sanscesse, i, 22, d’avoir une «bonne conscience», commel’apôtre aime à le répéter, cf.’iii, 16, 21, de lutter contrela chair, ii, 11, que saint Pierre oppose à l’esprit, commesaint Paul, iii, 18; iv, 6, de remplacer l’homme extérieurpar l’homme intérieur, iii, 3-4. Comme moyen deparvenir à cette sainteté, l’auteur allègue l’union intimeet vitale avec Jésus-Christ, qui en est à la fois la sourceet le modèle, ii, 4-5. — d) Parmi les vertus spécialesque le chrétien doit pratiquer, saint Pierre cite: 1° lacharité fraternelle, sur laquelle il insiste spécialement, d’une manière soit positive soit négative, i, 32; ii, 1, 15, 17; iii, 8-11, 15; iv, 8-10; 2° les devoirs d’état, enparticulier ceux des chrétiens en tant que Citoyens, ii, 13-17, ceux des esclaves, ii, 18-25, ceux des époux, iii, 1-7.Sur ces trois points, il existe une grande ressemblanceentre les règles tracées par saint Pierre et les recommandationsantérieures de saint Paul, Rom., xiii, 1-7; Eph., v, 22-vi, 9; Col., iii, 22-25, etc. 3° L’apôtre recommandeencore la sobriété, la vigilance, iv, 7; v, 8, la pratique des bonnes œuvres, ii, 12; iii, 11, et, avecune insistance particulière, la patience, la résignationet même la joie dans les souffrances, ii, 19-25; iii, 9; rv, 12-14,

Sur l’enseignement doctrinal de la I’Pétri, voirPoelmann, Theologia Petrina, 1850; C. F. Schmid, Bibl. Théologie des N. T., herausgegeben von Weizâcker, Stuttgart, 1853; 4e édit. par A. Keller, Gotha, 1868; B. Weiss, Der Petrinische Lehrbegriff, Berlin, 1855; du même, Lehrbuch der Théologie des N. T., 3e éd., p. 144 sq.; Lechler, Das apostol. und das nachapostol.Zeitalter, 2e édit., p. 421-439; A. Krawutzky(catholique), Petrinische Studien, 2 in-8°, Dresde, 18721873; Bovon, Théologie du Nouv. Test., 1893, t. ii, p. 430445; Briggs, The Messiah of the Aposlles, 1895, p. 21-35; McGiffert, Hùtory of the apostolical Age, p. 482487; Stevens, Theology of the N. T., 1899, p. 293311. L. Fillion.

3. PIERRE (DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT). —

I. Destinataires. — Dès ses premières lignes, i, 1, l’auteur les désigne lui-même, en s’exprimant ainsi: «À ceux qui ont obtenu avec nous une foi du mêmeprix, par la justice de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ.» Avec nous: cela signifie, d’après le contexte, avec les apôtres; d’où il suit que la lettre s’adresseaux coreligionnaires de ces derniers, aux chrétiens.L’expression ayant, à première vue, un caractère général, on en a conclu parfois que l’Épître a été composéepour toute la chrétienté. Mais le passage iii, 1, où l’auteurdit expressément à ses lecteurs que cette lettre estla seconde qu’il leur envoie, est directement contraire àce sentiment; en effet, il. en résulte de la manière laplus claire que les destinataires sont les mêmes queceux de la première Épltre. Il s’agit donc de nouveaudes chrétiens qui vivaient alors dans les cinq provincesd’Asie Mineure énumérées I Pet., i, 1 (voir lacol. 389). — On ne trouvé dans le cours de l’écrit aucundétail dont on puisse conclure que les lecteurs primitifsdiffèrent de ceux de la 7 a Pétri. Au contraire, letexte iii, 15, où il est parlé d’une lettre qui leur avaitété adressée par saint Paul, désigne selon toute vraisemblancel’Épitre aux Éphésiens; or, Éphèse était lacapitale de l’Asie proconsulaire, l’une des cinq provincesen question, et il est possible que cette Épître auxÉphésiens ait été une lettre circulaire adressée parl’Apôtre des Gentils à d’autres chrétientés d’Asie Mineure.

II. Temps et lieu de la composition. — Aucun deces deux points n’est déterminé en termes directs dansl’Épître. On peut cependant les préciser avec une certitudemorale, au moyen de la réflexion faite par l’auteur, i, 14, au sujet de la révélation qu’il avait reçue, naguère de Jésus-Christ relativement à sa mort prochaine.Selon toute probabilité, cette révélation ne doitpas être confondue avec l’oracle mentionné Joa., xxt, 18-19. En effet, celui-ci ne désigne que d’une façon trèsgénérale l’époque de la mort de Pierre, cum senueris; ce qu’il annonce, c’est le genre même de cette mort, lecrucifiement. Il s’agit donc plutôt d’une révélation récente.Voir Spitta, Der zweite Brief Petrus, 1885, p. 8889; Hundhausen, Bas zweite Pontificalschreiben des Petrus, p. 207-209; Belser, Einleit., p. 716, etc. — Simon-Pierresent donc que sa fin est imminente. Or, commeil est démontré qu’il subit le martyre à Rome, en 67d’après^l’opinion la plus probable (voir col. 376), nouspouvons conclure de là qu’il a composé cette secondeÉpitre dans la capitale de l’empire, durant la premièrepartie de l’année 67, ou â la fin de 66. Telle est l’opinionde presque tous les critiques qui croient à l’authenticitéde la lettre. Il semble résulter de II Pet., iii, .1, qu’il ne s’écoula pas un temps très considérable entreles deux lettres du prince des Apôtres. Si l’auteur dela J/ a Pelri, comme nous le pensons (voir col. 410, ett. iii, col. 1811), a eu sous les yeux l’Épître de saintJude et lui a fait des emprunts, son œuvre est naturellementd’une date plus récente que cette dernièrecomposition, que l’on suppose avoir été écrite elle-mêmevers l’année 65. Les exégètes qui, tout en admettantl’authenticité de notre Épltre, placent la mort de 399

PIERRE’(DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT)

400

saint Pierre en 64, adoptent cette même date pour sasecondé lettre. Quant à ceux qui rejettent l’authenticité, ils lui assignent les dates les plus variées, et cette diversitéde sentiments manifeste à elle seule la faiblessede leurs preuves. Credner et Bleek, à la fin du I er siècle; Schvregler et Volkmar, à la fin du II» siècle; Jûlictier, en Egypte, entre 158 et 175 (d’après cet auteur, Einleit., p. 152, «la 11* Pétri est certainement lapartie la plus récente du Nouveau Testament, et aussicelle qui méritait le moins d’entrer dans le canon» ); Chase (dans Hastings, Dict. of the Bible, t. iii, col. 817), pas plus tard que 175, probablement vers 150, en Egypte, peut-être à Alexandrie.

III. Occasion et but de l’Épître. — 1° a) Dans l’intervallequi s’était écoulé depuis l’envoi de lal re Épître, un fait très grave s’était produit dans les chrétientésd’Asie Mineure. Des hérétiques, dont la doctrine et laconduite étaient également perverses, s’y étaient introduits, et menaçaient de les corrompre tout à fait. Ce sonteux qui furent vraiment l’occasion de l’Épître. Ils sontdéjà mentionnés au chap tre I", 16, 19-21; le chapitre ns’occupe d’eux uniquement; on les retrouve au chapitreni, 3-7, 16-17. Ces hommes, qui avaient été d’abordpaïens et qui s’étaient convertis à la religion du Christ, avaient repris les mœurs du paganisme et se livraientsans pudeur aux vices les plus honteux. Cf. ii, 2-3, 10, 13-14, 18-20. Non contents de s’abandonner eux-mêmesà la licence, ils exerçaient autour d’eux un ardent prosélytisme, s’efforçant de séduire, par leurs discours etleurs exemples, les chrétiens parmi lesquels ils vivaient.Cf. ii, 1-3, 14, 18-19. Ils faisaient aussi de l’antinomisme, vantant la liberté apportée par Jésus-Christ, comme si elle avait autorisé toutes sortes d’excès. Cf.i, 18-19. À l’immoralité de leur vie se joignaientde graveserreurs doctrinales. Ils se permettaient de traiter certainsfaits de l’histoire sacrée comme s des fables sagementinventées», i, 16. Ils avaient cessé de croire quele monde est dirigé par une intelligence supérieure, etqu’il y aura un second avènement du Christ, suivi duchâtiment éternel des impies. Cf. iii, 9. Ils donnaient àla sainte Écriture de fausses interprétations, afin depouvoir mieux appuyer sur elles leurs doctrines pernicieuses, m, 16. Il est même possible qu’ils allassentjusqu’à nier la divinité de Notre-Seigneur. Cf. ii, 1, etJudas, 4. Comme beaucoup d’autres hérétiques, ils aimaientl’argent, et s’en faisaient donner en échange dela communication de leurs erreurs, ii, 3, 13. L’auteurnous les présente comme des apostats véritables, II, 20-22. Le tableau qu’il en trace au chapitre n est d’unevigueur remarquable.

6) Quels étaient les hérétiques que saint Pierre stigmatiseavec tant d’énergie? Certains critiques contemporains, entre autres Harnack, Chronologie, t. i, p. 466-470; Jùlicher, Einleit., p. 151-152; von Soden, Band-Commentar zum. N. T., t. iii, part. 2, p. 171, ontprétendu qu’ils étaient identiques aux gnostiques duIIe siècle; puis ils se sont servis de ce fait comme d’unargument pour attaquer l’authenticité de l’Épître. Il estvrai que, dès le début de la lettre, II Pet., i, 2, saintPierre mentionne la «vraie connaissance (èmYvweri; )de Dieu et de Notre-Seigneur Jésus-Christ» commeune bénédiction spéciale qu’il souhaite à ses lecteurs, par opposition à la fausse science (fv&mi) des docteurshérétiques, et qu’il revient plusieurs fois sur cette pensée.Cf. i, 3, 18; ii, 20; iii, 18. Mais saint Paul le faitpareillement. Col., i, 6, 9, 10, etc. Il.est certain de même, que «les germes de la Gnose apparurent dès le commencementde l’ère chrétienne, et qu’il n’exista, dansles premiers temps de l’Église, aucun hérétique quin’ait eu plus ou moins de traits communs avec’lesgnostiques des temps plus rapprochés.» Kaulen, Einleit., p. 515. Il est également vrai que saint Irénéeaccuse les gnostiques de son temps de pervertir le sens

des Écritures. Cf. Hser., iii, 4; t. vii, col. 882. Néanmoins, maigre tout cela, ce ne sont pas les gnostiquesproprementdits qui sont décrits dans cette lettre, mais seulement leurs premiers précur seurs; car leportrait que notre Épître trace des faux docteurs necoïncide qu’à la surface avec le système gnostique, tel qu’il se développa plus tard. Quoi que prétendentnos adversaires, les expressions aipéaet; ômia>et’aç, .II Pet., ii, 2, itXaarotç î.ffyotc, II, 3, et (ncÉpoyxa [xa-TatôTrjToç, n, 18, sont trop vagues pour représenter lesystème en question. La première ne désigne pointun corps de doctrine, mais un choix, une hérésie; lesdeux autres font allusion à ce qu’il y avait de nul et devaia dans les discours des docteurs hérétiques. Quantaux éons, que M. von Soden a cru découvrir dans lepassage ii, 10-11, ce sont tout simplement les bons oules mauvais anges, d’après le sentiment commun. VoirB. Weiss, Einleit. in das N. T., 3e édit., 1897, p. 451; Kaulen, Einleit., p.565; Hundhausen, Der zweite Pontificalbrief, p. 1-10; K. Henkel, Der zweite Brief desApostelfûrsten, p. 21-37, etc.S’ilya ici quelque chose dela gnose, c’estla gnose à ses premiers débuts, telle qu’ellecommença à se^manifester environ vingt ans après l’ascensiondu Sauveur, comme on le voit par les Épîtresde saint Paul aux Philippiens, aux Éphésiens, auxColossiens, par la première à Timothée, par les Épîtresde saint Jacques et de saint Jude. Ainsi donc, «pouréclaircir par d’autres données historiques le portraitdes faux docteurs que nous présentent l’Épître de Judeet la 1P Pétri, il n’est pas nécessaire de descendredans le second siècle. Nous en trouvons déjà les traitsessentiels dans la chrétienté primitive». Th. Zahn, Einl. iri das N. T., t. ii, p. 101; voir aussi le t. i rp. 197-202, 210. Entre ces premiers adversaires duchristianisme, tels que les décrivent ces différentesÉpîtres, on reconnaît une grande ressemblance: ilsont des tendances antinomistes et refusent de se plierentièrement sous la loi chrétienne, ils se livrentà toutessortes d’excès, ils en viennent jusqu’à mépriser la personnedu Christ et à l’abaisser pour devenir pluslibres par là-même.

c) À quel groupe spécial des premiers hérétiquesdevons-nous rattacher les faux docteurs contre lesquelss’élève la 1P Pétri? On les a identifiés tantôt aux Nicolaïtesde l’Apocalypse (dans les temps anciens, Œcuménius, In II Pet., ii, 1, t. cxix, col. 592; dpns lestemps modernes, Baronius, Annal., ad ann. 8, n. 8; de nos jours, Hug, Einleit., 3e édit., t. ii, p. 572; Windischmann, Vindicise Petrinse, p. 34; Reithmayr, Einleit., p. 743; Cornely, Introd., t. iii, p. 636; T. Zahn, Enleit. in dasN. T., t. ii, p. 101), tantôt avec les discipleset successeurs de Simon le magicien, etc. Il estdifficile de se prononcer là-dessus avec certitude. Toutesces hypothèses ont du vrai, car les hérétiques décritsdans la IP Pétri présentent certaines ressemblancesavec ces autres docteurs de mensonge; mais elles paraissenttoutes plus ou moins exagérées, attendu qu’aucuned’elles ne correspond absolument au portraittracépar saint Pierre. Il est probable que le prince desApôtres généralise, et qu’il stigmatise en même tempstoutes ces sectes diverses. Cf. Henkel, loc. cit., p. 3237. — On a eu tort parfois, Fronmùller, In II Pet., iii, 3, p. 96; B. Weiss, Der Pétrin. Lehrbegriff, p. 283; Huther, Die Briefe Pétri, p. 286; Bisping, Èrklârungder kathol. Briefe, p. 257, etc., d’établir une distinctionentre les ieuSo818â<rxa), oe* magistri mendaces, que décrit le chap. ii, ꝟ. 2-3, et les êu-iratxTat, illusores, du chap. iii, ji. 3-4, comme s’ils avaient formédeux classes distinctes d’hérétiques. Il s’agit en, réalitéd’une seule et même catégorie de faux docteurs, qui prêchaient simultanément la licence morale et desdoctrines erronées sur la nature et sur le retour deJésus-Christ. Après les avoir décrits en termes gêné

raux dans le chap. ii, l’auteur revient, dans le chap.m, sur un trait spécial de leur doctrine perverse, la négationdu second avènement de Jésus-Christ.Cf. ii, 10 et iii, 3, où le même trait caractéristique, qui post carnemin concupiscentia immunditix ambulant, eïjuxta propriasconcupiscentix ambulantes, appliqué de part etd’autre, montre qu’il est vraiment question des mêmespersonnes. Le texte iii, 17, ne insipientium (ùftéay.o>v, «des hommes sans loi» ) errore traducti excidatis…, prouve aussi que les èjjuraïitTa! étaient antinomistescomme les t|/suSoS181<maXoi. Rejetant toute loi, ils selivraient à la débauche, et niaient le retour gênant duChrist. Comme l’auteur emploie plusieurs fois le futurà propos de ces faux docteurs, ii, 1, «erunt magistrimendaces;» iii, 3, «ventent in novissimis diebus illusores,» quelques interprètes ont supposé que sa descriptionconcerne l’avenir et non le temps présent. Cesentiment est inexact, car il est évident, d’après le sensde l’Épître, que saint Pierre écrit pour prémunir seslecteurs contre un péril actuel. D’ailleurs, dans les versets10-15 du chap. II (cf. ii, 20, yérovev; ii, 22, auu.ês’6ï)XEv), il parle des hérétiques comme existant déjà réellement.Cf. II Tim., iii, 1-8, où saint Paul s’exprime d’une façonidentique. Cette manière de faire devait montrerque le danger, déjà présent, deviendrait plus grandencore, parce que le mal irait en se développant.

2° Le but que se proposait l’auteur est indiqué parlesdétails qui précèdent. Il est même énoncé tout au longdans les dernières lignes de l’Épître, iii, 17-18, en termestour à tour négatifs et positifs: «Vous donc, frères, avertis d’avance, soyez sur vos gardes, de peur qu’entraînéspar l’erreur de ces insensés, vous ne veniez àdéchoir de votre fermeté; mais croissez dans la grâceet dans la connaissance de Notre-Seigneur et SauveurJésus-Christ.» Saint Pierre voulait donc prémunir seslecteurs contre le nouveau danger qui les menaçait; danger beaucoup plus grave que celui qui avait servid’occasion et de but à sa première Épître. Voir col. 387.Nous ignorons de quelle manière il avait été averti dufait désolant qui a été signalé plus haut. Les relationsentre Rome et l’Asie Mineure étaient d’ailleurs facileset fréquentes à cette époque. Certain qu’il ne tarderaitpas à mourir, cf. i, 14, Pierre se, hâta d’écrire cetteseconde lettre, qui est avant tout, comme la précédente, une exhortation essentiellement pratique.

IV. Analyse. — La JJ a Pétri se fait remarquer, comme la première Épître, par son unité, et par unemarche simple et claire. Voir Keil, Comment, ùber dieBriefe des Petrus, p. 179-182.

1° Voici d’abord, en général, le sujet traité parl’apôtre. Dans les circonstances qui ont été décrites, ilimportait de rappeler dès le début aux chrétiens d’AsieMineure la stricte obligation où ils étaient de menerune vie très sainte, et aussi la certitude parfaite del’objet de leur foi. Il fallait ensuite les mettre directementet nettement en garde contre les séductions quiles menaçaient de la part des docteurs hérétiques.C’est ce thème qui est traité ici par saint Pierre. Ilpresse ses lecteurs d’organiser leur vie d’une manièreconforme à la foi chrétienne, de se préserver des doctrinesmalsaines et des mauvais exemples de l’hérésie, enfin de se tenir prêts en vue du second avènement deJésus-Christ. Il insiste aussi, dès la première ligne, surla divinité de Jésus-Christ, cf. i, 1, dont il ne citeensuite jamais le nom sans y ajouter le titre «Notre-Seigneur». Cf. i, 2, 8, 11, 14, 16; iii, 18.

2° Il y a trois parties dans la lettre: a) Nécessité etmotifs de croître dans la pratique de la vertu, i, 1-21; b) Description des mœurs et des maximes des fauxdocteurs, ii, 1-22; c) Réalité du second avènement deJésus-Christ et instruction relative à la fin du monde, m, 1-18. La première partie est. morale; la seconde polémique; la troisième, tout ensemble pratique et doctrinale.

a) Après avoir brièvement salué ses lecteurs, i, 1-2, l’auteur les invite à grandir sans cesse dans les vertuschrétiennes: les bienfaits dont Dieu les a gratuitementcomblés et les magnifiques promesses qu’il leur afaites sont pour eux de pressants motifs de vivre saintement.En agissant ainsi, ils réaliseront de la façon laplus sûre le but de leur vocation, qui consiste, d’unepart, à connaître de plus en plus Notre-Seigneur Jésus-Christ, et, de l’autre, à conquérir la place qui leur estpréparée dans le ciel, i, 3-11. Pierre se sent pressé deleur adresser cette recommandation, car Jésus lui a révéléque sa fin est proche; c’est donc pour ainsi direson testament qu’il fait en leur écrivant, i, 12-15.Comme raison spéciale de vivre très saintement, il leursignale la certitude de l’enseignement qui leur a étéprêché, et il démontre successivement cette certitudepar la prédication des apôtres et par les oracles desanciens prophètes.

6) Dans la seconde partie, dirigée ouvertement contreles docteurs hérétiques, l’auteur commence par affirmeravec énergie le châtiment futur de ces hommes pervers: Dieu, qui est fidèle à délivrer les justes, serafidèle aussi à punir ces misérables, de même qu’ilavait autrefois châtié les anges déchus, les contemporainsimpies de Noé, les infâmes habitants de Sodomeet de Gomorrhe, ii, 1-9. Saint Pierre trace ensuite unepeinture vivante, hardie, de leur conduite ignoble; surtout de leur orgueil, de leur esprit de révolte, deleurs débauches. Il les montre comme les prédicateursd’une fausse liberté, qui produit forcément l’esclavage, et il assure qu’il aurait été meilleur pour eux de nepas connaître Jésus-Christ, ii, 10-22.

c) Dans la troisième partie, l’auteur réfute deuxerreurs dogmatiques de ces docteurs de mensonge.Ils tournaient en ridicule la croyance au second avènementdu Christ et à la fin du monde. L’apôtre répondavec vigueur que ces deux événements sepasseront à l’heure voulue par Dieu, et que, s’ils sontretardés, c’est par un effet de la bonté du Seigneur, qui veut donner pleinement aux pécheurs le temps dese. repentir. Mais le jour du Seigneur viendra infailliblement; les deux et la terre actuels seront dissouspar le feu, non toutefois pour disparaître, mais pourfaire place à de nouveaux cieux et à une nouvelleterre où habitera la justice, iii, 1-10. Pierre conclut enengageant ses lecteurs à se tenir toujours prêts, en vuedu jugement divin, qui éclatera à l’improviste; il enappelle sur ce point au témoignage de son bien-aimé frèrePaul, iii, 11-16. Enfin, il exhorte les fidèles à se teniren garde contre les faux docteurs, et à croître dans laconnaissance et dans la grâce du Sauveur Jésus, iii, 17-18.

V. Authenticité. — I. preuves extrinsèques (voirHundhausen, Das zweite Pontificalschreiben: .., p. 19100; Keil, Comment, ùber die Briefe des Petrus, p. 184, Th. Zahn, Einleit., t. ii, p. 89 sq.; Cornely, Introd.; Henkel, Der zweite Brief des Apostelfûrsten Petrusgeprûft auf seine Echtheit, p. 47-89). — a) Si nousinterrogeons la tradition sur ce point important, nousn’aurons pas à signaler la même unanimité de témoignagesque pour la I re Épître; nous trouverons cependantdes preuves satisfaisantes. De nombreux faits historiques, regardés très justement comme indiscutables, sont beaucoup moins accrédités. Remarquons d’ailleursque la II’Pétri est, dans son ensemble, moins pratiqueque la première lettre, qu’elle traite de sujets moinsgénéraux, et qu’elle est née de circonstances plus spéciales.Il n’est donc pas étonnant qu’elle ne soit pasmentionnée et citée aussi fréquemment dans les tempsanciens.

b) Néanmoins, elle était connue de très bonne heuredans l’Église comme un écrit inspiré et canonique. Aupremier siècle, le pape saint Clément y fait plusieursallusions très probables. Cf. surtout 1 ad Cor., vii, 5;

ix, 4, et II Pet., ii, 5-7: de part et d’autre, lesexemples de Noé et de Lot sont cités conjointement, et, dans les deux écrits, à propos de Lot, il est dit queDieu n’abandonne pas les siens, mais qu’il châtie leursennemis; ce double rapprochement est frappant.Cf. aussi I ad Cor., vii, 9, et II Pet., i, 12-13; I adCor., ix, 2, et II Pet., i, 17; I ad Cor., xi, 1, etII Pet., ii, 6-8; 1 ad Cor., xxiii, 2, et II Pet., i, 4;

I ad Cor., xxv, 5, et II Pet., ii, 2. Au second siècle, on entend très vraisemblablement aussi des échos denotre Épître dans le Pasteur d’Hermas (cf. Simil., 6, et II Pet., ii, 1-3; plusieurs critiques sérieux croientqu’ici l’emprunt est indéniable), dans la Didaché, cf. iii, 6-8; IV, 1, et II Pet., ii, 10 (il règne une grande analogie de pensées et d’expressions entre les deux auteurs); dans l'Épitre de Barnabe, cf. ii, t. ii, col. 729, et

II Pet., i, 5-6; xv, 4, et II Pet., iii, 8; dans l'Épitre desaint Polycarpe Ad Philipp., 7, t. v, col. 1012, cf. II Pet., m, 3; dans l'écrit de saint Théophile d’Antioche AdAitol v ii, $, . î, eo. 1064 (iï e*ste mm grande ressemblance entre le passage ii, 9, et II Pet., i, 21; cf. aussiil, 3, et II Pet., 1, 19); dans le Dial. c. Tryph., desaint Justin, cf. t. vi, col. 669, et II Pet., i, 21; t. iii, 8; dans saint Irénée, Adv. hœr., cf. iv, 36, 3, t. vii, col. 1224, et II Pet., ii, 4-7; v, 23, 2; 28, 3, col. 1185, 1200, et II Pet., iii, 8. Au troisième siècle, Firmilius deCésarée en Cappadoce parle, Ep. ad Cypr., 75, t. iii, col. 1159, d’avertissem*nts donnés aux fidèles par saintPierre et par saint Paul, afin de les mettre en gardecontre les docteurs hérétiques; or, cette réflexion nesaurait s’appliquer qu'à la 1 J a Pétri, car il n’est nullement question des faux docteurs dans la première lettredu prince des Apôtres. L’auteur des Philosophoumena, ix, 7, t. xvi, col. 3371, fait allusion à II Pet., ii, 22.Au dire d’Eusèbe, H. E., vi, 14, t. xx, col. 549, Clément d’Alexandrie avait commenté l'Épitre de saintJude et «les autres Épîtres catholiques»; or, Eusèberange la IIe - Pétri dans cette catégorie d'écrits. Cf. H.E., ii, 23, t. xx, col. 205. Ce commentaire de Clémentd’Alexandrie suppose que notre Épître était alors trèsestimée et répandue. Origène est le premier à la citernommément comme l'œuvre de saint Pierre. Voirsurtout Hom. ir in Lev., t. ii, col. 437, où il citeII Pet., i, 4; Hom. xiu in Num., t. ii, col. 676, où ilcite II Pet., ii, 16; Hom. vu in Jos., t. ii, col. 857, où il dit: Petrus duabus Epistolorum suarum Personal tubis; Comm. in Matth., 15, t. iii, col. 692, etComm. in Rom., i, 8, t. iv, col. 1178, où il citeII Pet., i, 2. Didyme d’Alexandrie, mort en 384, attribue plusieurs fois notre lettre à saint Pierre, dansson traité De Trinit., i, 15, 28, 29, etc., t. xxxix, col. 304, 409, 416. Saint Athanase, Ex Epist. festal., 39, t. xxvi, col. 1176, la range, avec les autres livres duNouveau Testament, parmi «les sources du salut».Saint Cyrille de Jérusalem, Catech., iv, 36, t. xxxiii, col. 500, énumère les sept Épîlres catholiques telles quenous les connaissons. L’historien Eusèbe accepte personnellement la JI a Pétri comme authentique et canonique. H. E., ii, 23, - 1. xx, col. 205. Ailleurs, H. E., iii, 3, col. 217, il établit une distinction essentielle entre elleet trois écrits (les Actes, la Prédication et l’Apocalypsede Pierre), qui circulaient sous le nom du prince des^àpôtres; ces derniers n’ont pas été transmis parmi leslivres généralement reçus par l'Église, tandis que laSeuTÉpoc êjri<jTo).iiî est lue officiellement comme les autresécrits inspirés. Saint Jérôme est, en ce qui le concernepersonnellement, un partisan très décidé de l’authenticité: Scripsit (Petrus) duas Epistolas, aux catholicsenominantur. De vir. ill., 1, t. xxiii, col. 607. Il ditailleurs, Epist. cxx, ad Hedib., H, t. xxii, col. 1002; cf. Ep. ad Paulin., lui, 8, t. xxii, col. 548, qu’il y aseptÉpitres catholiques, composées par Jacques, Pierre, Jean et Jude.

c) Il est vrai que plusieurs de ces anciens écrivainssignalent des doutes qui existaient çà et là, de leurtemps, touchant l’authenticité et la canonicité de lai/ a Pétri. C’est ainsi qu’Origène a dit (dans Eusèbe, H. E., vi, 25, t. xx, col. 585): «Pierre n’a laisséqu’une Épitre universellement reconnue, peut-êtreaussi une seconde, mais on n’est pas d’accord sur cepoint.» Didyme d’Alexandrie l’accepte et l’a commentée, comme il a été indiqué ci-dessus, col. 403; maisun fragment latin de son interprétation contient cetrait: Non igitur ignorandum prmsentem EpistoJamesse falsatam, qum licet publicetur, non tamen in canone est. Mais il est assez communément admis, mêmepar des adversaires de l’authenticité, que ces mots nesont pas de Didyme lui-même, ou bien que esse falsatam est Une traduction fautive du verbe voôeveTai, quisignifie: «Elle est déclarée non authentique.» Eusèbe, dont nous avons vu plus haut le sentiment personnel, très favorable à notre Épître, la range ailleurs parmiles livres qui n'étaient pas universellement admiscomme canoniques, ià avzu.ty6y.eva, bien qu’elle fûtconnue de la plupart des chrétiens (toîç noMoï; ) etqu’elle fût étudiée par un grand nombre (jroXXoîç) avecles autres écritures, parce qu’elle leur paraissait utile.H. E., vi, 25, t. xx, col. 584; voir aussi iii, 26, 3; m, 3, 1. Saint Jérôme fait une observation semblable: Secundam (epistolam) a plerisque ejus (Pétri) essenegari propter styli cum priore dissonantiam. Devir. ill, 1, t. xxiii, col. 638. Cf. Epist. ad Hedib., cxx, t. xxii, col. 1002. Nous ferons remarquer, à lasuite du P. Cornely, Introd., t. iii, 2 8 part., p. 643, etd’autres auteurs, en particulier A. Schœfer, Einleit.in das N. T., p. 333, n. 3, que l’expression a plerisque dépasse la mesure, car, à l'époque du saintdocteur (fin du iv 8 siècle), il est certain que notreÉpître était communément regardée [comme un livreinspiré.

d) Les doutes en question sont très probablement lacause du silence gardé au sujet de cette Épitre par leCanon de Muratori (vers 175), par Tertullien et parsaint Cyprien, qui cependant connaissent et citent laprécédente lettre. L’omission de la II 1 Pétri par laversion syriaque primitive est pareillement surprenante; mais elle est compensée par la présence de cetécrit dans Vlaa, au second siècle. Nous savonB d’ailleurs par saint Éphrem, Opéra syriaca, t. ii, p. 342, que les Syriens admettaient la canonicité de Pupitreau IVe siècle. Les doutes en question portèrent surtoutsur la différence de style avec la J» Pétri (voir plusbas, col. 407), ou bien, comme c’est le cas pour le moineCosmas 'Indicopleuste (au xi 8 siècle), ils durent leurorigine à la prophétie relative à la destruction^du mondepar le feu. Cf. II Pet., iii, 7, 10-13. Peu à peu ces doutesdisparurent, de même que pour les autres parties deùtérocanoniques du Nouveau Testament; aussi, à partirde la fin du ive siècle, on n’en voit plus de tracesérieuse. Les onze ou douze listes authentiques desécrits inspirés que nous a léguées le même siècle contiennent l'Épitre (voir Gaussen, Canon des Écritures, t. i, p. 505), et les conciles de Laodicée en 364, deRome en 375, d’Hippone en 393, de Carthage en 397; comptent officiellement notre lettre parmi les livresinspirés; ce qui signifie, en même temps, qu’on en attribuait alors généralement la composition à saint Pierre.Voilà, certes, des témoignages plus que suffisants pourcroire à son authenticité. — Il n’y a pas eu la moindrehésitation durant le moyen âge jusqu'à Érasme (voir lafin de son commentaire sur II Pet.), Calvin (InIl Pet., Prolog.), et plus tard Grotius (Adnotat. inIl Pet., 1, 1), etc., qui firent revivre les anciens doutes.Les protestants eux-mêmes refusèrent d’abord de lessuivre; mais, à partir du xixe siècle, ils se sont mis àregarder assez généralement l'Épitre comme l'œuvre

d’un faussaire. On compte, aujourd’hui, ceux qui l’attribuentencore au prince des apôtres. Voir leur énumérationdans Hundhausen, Da$ zweite Pontifiçalschreibendes Petrus, p. 19; ajouter Spitta, Derzweite Srief Petrus, p. 175.

il. preuves intrinsèques. — Olshausen, l’un de cesexégètes protestants qui, assurent-ils, n’ont pas réussià se former une opinion certaine au moyen des seulstémoignages de l’antiquité, ajoute: Ràtionibus… subjectivisfultus authentiam Epistolee persuasum habeo.Dans Salmon, Introd. to the Study of the Books o(the N. T., 7e édit., p. 498. Interrogeons donc maintenantl’Épitre elle-même, et voyons ce qu’elle nous dit ausujet de son authenticité.

Elle se donne dés le début, i, 1, comme l’œuvre de «Simon Pierre, serviteur et apôtre de Jésus-Christ».Plusieurs passages de la lettre confirment cette assertion.L’auteur se range, i, 16-18, parmi les témoins oculairesde la transfiguration de Notre-Seigneur, et lerécit qu’il fait de ce prodige montre qu’il était vraimentsur la «sainte montagne». Cf. Matth., xvii, 1-4; Marc., ix, 1-5; Luc, ix, 28-33. Or, ce prodige éclatant n’eut quetrois témoins, Pierre, Jacques et Jean, et personne n’ajamais songé à attribuer la lettre aux deux fils de Zé «bédée.Plus loin, iii, 15, l’auteur nomme saint Paul son «frère bien-aimé», c’est-à-dire son collègue dans l’apostolat.Ces deux témoignages sont très explicites. Il fauten rapprocher aussi la déclaration II Pet., iii, 1, quiidentifie clairement l’auteur de la première Épître etcelui de la seconde, et le passage iii, 2, où celui qui aécrit la lettre affirme de nouveau qu’il faisait partie ducollège apostolique. En rapprochant ii, 20, de Matth., xii, 45, et ii, 14, de Matth., v, 27, on voit qu’il connaissaitfort bien les paroles du Sauveur. Ce n’est pas qu’il «fasse des efforts surprenants pour jouer le rôle d’apôtre», comme le prétendent E. Reuss, Die Geschichteder heil. Schriften des N. T., p. 256 de la 3e édit., 1860, et H. Holtzmann, Einl. in das N. T., 3° édit.", p. 321, dansle but d’enlever toute force à l’argument qui précède.Il ne joue jamais un rôle, mais il se présente simplementtel qu’il était en réalité. On a aussi affirmé que, m, 2, il sort de ce même rôle par mégarde, et qu’ils’exclut lui-même du corps apostolique; mais, pour obtenirce résultat on suit la leçon à; to<7T<5)i<ov ft.âv, «denos apôtres», tandis que le texte le mieux garantiporte i[iwv, vestrorum.

Autre preuve très forte. Non seulement cette secondeÉpltre ne renferme absolument rien que saint Pierren’ait pu écrire; elle contient en outre des pensées identiquesà celles de la première. Voir Hundhausen, Daszweite Pontificalschreiben, p. 62-90; Kaulen, Einleit., p. 567; Belser, Einleit., p. 718 sq.; Krawutzcky, PetrinischeStudien, Breslau, 1877, t. ii, p. 64-72. —a) Les deux écrits mettent singulièrement en relief lapersonne de Notre-Seigneur, qui est leur centre perpétuel, et auquel tout se rapporte en vérité. Relevonsen particulier l’importance attachée à son second avènementet à l’obligation qu’ont les fidèles de se préparerà cet acte suprême par une’vie très simple. Cf. I Pet., i, 7-8, 13-14; iv, 7-8, 13-14; v, 1-3; II Pet., i, 16, 19; iii, 10-12. — 6) De part et d’autre, l’auteur insistesut la pensée que Jésus-Christ nous a rachetés au prixde son sang divin, et qu’il nous a ainsi purifiés de nospéchés. Cꝟ. 1 Pet., i, 2, 18-19; iii, 21; II Pet., i, 9; ii, 20-22. — c) Dans les deux lettres, la religion chrétienneest présentée comme la réalisation des anciennes prophéties, de sorte que le ministère des prophètes et celuides Apôtres sont mis en relations intimes. Cf.I Pet., i, 10-12; II Pet., i, 16-19; iii, 2. - d) Laseconde Épltre suppose, comme la première, une connaissancetrès grande de l’Ancien Testament. Il est vraiqu’il n’y est cité qu’une fois] explicitement, II Pet., ii, 28; cf. Prov., xxvi, 11; mais les allusions, les réminiscences, les citations indirectes y abondent partout. Cf.i, 19-21; ii, 1, 4-8, 15-16; iii, 2, 5-8, 10, 13, 16, etc. e) Voici encore quelques traits communs aux deux Épîtres; l’idée que les chrétiens ont été régénérés et qu’ilsparticipent à la nature divine, 1 Pet., i, 23; II Pet., i, 4; l’existence d’une vraie et d’une fausse liberté, I Pet., i, 22; II Pet., ii, 19; la mention du déluge, I Pet., iii, 20; II Pet., iii, 6; le fait que sept personnes seulementéchappèrent à cette catastrophe, I Pet., iii, 20; II Pet., Il, 5; plusieurs ressemblances frappantes sous le rapporteschatologique. I Pet., i, 4, et II Pet., i, 11;

I Pet., i, 7, et II Pet., i, 16; I Pet., i, 20, et II Pet., iii, 3. — f) Notons aussi les analogies qui existent entrele commencement et la fin des deux lettres. Elles mentionnentl’une et l’autre, dès leurs premières lignes, l’espérance du ciel comme un puissant encouragementpour les chrétiens. Cf. I Pet., i, , 4-6; II Pet., i, 11.Elles s’ouvrent par le même souhait, qui n’apparaîtnulle part ailleurs dans le Nouveau Testament. L’uneet l’autre elles s’achèvent par l’indication très précisedu but que se proposait leur auteur, I Pet., v, 12;

II Pet., iii, 17-18. — g) La seconde Épître rappellepartout le caractère ardent, l’autorité et le zèle apostolique, la vigueur et l’originalité du prince des Apôtres, de sorte qu’elle respire constamment, comme la première, «l’esprit de Pierre».

m. objections des CRITIQUES. —Dans ces conditions, on conçoit que les adversaires de l’authenticité «n’aientpas essayé de proposer, avec quelque vraisemblance^un auteur différent» de saint Pierre.Burger, dans StracketZôckler, Kurzgefasster Komment., N. Test., i’îascic, p. 181. Néanmoins, malgré tant de preuves extrinsè^ques et intrinsèques, ils ont combattu notre Épître avecun acharnement extraordinaire. Voir E. Renan, V Antéchrist, p. vi; E. Reuss, Gesch. der heilig. Schriften desN. Test., 3e édit., p. 256; Jùlicher, Einleit., p. 152.B.Weiss lui-même, quiadmettaitautrefois l’authenticité, pense maintenant qu’on ne peut rien décider à ce sujet.Cf. Einleit., 3e édit., p. 450. Le D’Kiihl, Die BriefePétri, édit. de 1897, p. 370, affirme très justement qu’ona abusé des arguments intrinsèques contre l’Épitre, etque plusieurs détails qui, dans l’hypothèse de l’authenticité, paraissent tout à fait inoffensifs, ont été bien àtort regardés comme des motifs de soupçon et de doute.Parmi les exégètes protestants qui l’admettent, nouspouvons citer Nietzsche, Epistola Pétri posterior, auctorisuo… vindicata, 1785; C. Flatt, Genuina secundaPétri epistolee origo… defenditur, 1806; W. Dahl, DeAuthentia epistolee Pétri posterioris atque Judse, 1807, Bertholdt, Olshausen (il a aussi composé un ouvrage spécialsur la question, De integritate et authentia posteriorisPétri epistolee, 1823), Guericke, Thiersch, Stier, Dietlein, Hofmann, Schulze, F. Keil, Brùckner, Spitta, A. Bruce, etc., qui appartiennent aux écoles exégétiquesles plus diverses. Voir J. H. Holtzmann, Einleit, p. 325; Grosch, Die Echtheit des zweiten Briefes Pétri, 1889, et surtout l’excellent ouvrage du D T Henkel(catholique), Der zweite Brief des ApostelfûrstenPetrus geprûft auf seine Echtheit, Fribourg-en-Brisgau, 1904.

Les objections alléguées sont de deux sortes: il y acelles qui concernent les pensées et celles qui regardentla forme. —1° Objections concernant les pensées.

— On a prétendu que le fond des deux écrits est tropdifférent pour qu’ils puissent provenir d’un seul etmême auteur. H. Holtzmann, Einleit-, p. 321-322. Maisnous avons déjà démontré indirectement, col. 405, quecette allégation porte entièrement à faux; aussi Reusslui-même, Geschichte der heil. Schriften des N. T., p. 70, ne lui attache-t-il «aucune force décisive». Comp.Hofmann, Heil. Schriften des N. T., t. ii, p. 128; t. îx, p. 208. Nos adversaires insistent en particulier sur le faitsuivant: la J7 a Pétri parle de la destruction ou plutôt

de la rénovation du monde actuel par le feu, iii, 7, 10, 12, tandis que cette doctrine est tout à fait étrangère àla première Épitre. Nous répondons que cet enseignementn’est pas nouveau, mais très conforme à celuides prophètes de l’Ancien Testament et de Jésus-Christlui-même. Cf. Is., lxv, 17; lxvi, 22; Matth., xxiv, 29, etc. Et pourquoi saint Pierre, qui a mentionnédans la I" Épître la descente de Jésus-Christ aux enfers, dogme qui n’est qu’insinué rapidement ailleursdans les écrits du Nouveau Testament, ne parlerait-ilpas, dans la IIe, d’un fait qu’il laisse de côté dans lalettre précédente? Les autres divergences s’expliquentsuffisamment par la différence du thème traité de partet d’autre. Par exemple, dans la I" Épître, l’auteurinsiste sur l’espérance, voir la col. 396, afin de mieuxconsoler et encourager, par la promesse de l’héritagecéleste, les chrétiens d’Asie Mineure, qui enduraient lapersécution pour la justice; dans la II 8, il appuie davantagesur la connaissance (êitfYvwinç) de Jésus-Christ, qu’il oppose à la fausse science (yvôucç) des docteurshérétiques. Mais la première Épîfre, tout en insistantdavantage sur l’espérance, ne manque pas de mentionneraussi la vraie Yv&xrtc, cf. I Pet., iii, 7, et la IIe, tien qu’elle ne contienne pas expressément le motÈXizlç (espérance), exprime à plusieurs reprises l’idéede l’espérance chrétienne. Cf. II Pet., i, 11, 19; iii, 9, 12-15. Dans la première lettre, le retour de Jésus-Christà la fin des temps est appelé ànoxâXuifuç, «révélation», et TtapoWa, «présence», dans la seconde.Mais est-ce là une différence? Voir la réfutation decette objection générale dans B. Weiss, Die PetrinischeFrage, p. 293; F. Keil, Comment, ùber die Briefedes Petrus, p. 194.

2° Objections tirées du style. — On a objecté trèssouvent aussi la différence de style entre la premièreet la seconde Épitre, comme une preuve manifeste queles deux écrits ne peuvent pas avoir été composés parle même auteur. Voir Holtzmann, Einleit., p. 321-322.La différence alléguée est très réelle. Cf. von Soden, HandComment, zum N. Test., t. iii, 2e partie, p. 211; Henkel, Der zweile Brief des Apostelfùrsten Petrus, p. 56. Mais elle n’est nullement de nature à permettre denier l’authenticité; sans compter que nous possédonstrop peu de produits littéraires de saint Pierre, pourporter un jugement convenable sur son style. Déjà saintJérôme signalait cette difficulté, Epist. cxx, ad Bedib., 11, t. xxii, col. 1002; cf. De vir. ill., 1, t. xxiii, col. 609.Il essayait. en même temps d’en marquer la cause: Exquo intelligimus pro diversilate rerum diversis eumusum esse interpretibus. Ibid. Plusieurs exégètes contemporainspensent que telle est, en effet, la meilleuresolution; entre autres, Cornely, Inlrod., t. ii, 3e part., p. 648; A. Schsefer, Einleit. in das N. T., p. 335; Kûhl, Die Briefe Pétri, p. 367. Saint Marc ou Silvain auraientaidé saint Pierre pour la composition de la premièreÉpître, et un autre disciple, pour la seconde. Le faitn’a rien d’invraisemblable en lui-même; toutefois, ilest loin d’être certain, et il n’est pas nécessaire derecourir à lui pour expliquer le petit problème linguistiqueque nous étudions. D’ailleurs, on peut direque saint; Jérôme exagère à propos de la différence destyle et que beaucoup de critiques contemporains fontcomme lui. Cf. Henkel, loc. cit., p. 58-59.

Il est bon de noter ici, avant toute autre réponse, que, en ce qui concerne le style et la dictionen général, «la divergence des opinions est la règleparmi les savants,» comme le dit fort bien M. Belser, Einleit., p. 705. Et pour justifier cette réflexion, lesavant auteur cite les jugements contradictoires dedeux exégètes protestants sur, le chap. n de la II* Pétri: tandis que Hofmann, Die Briefe Pétri, Judse, etc., p. 137-138, le juge admirable et le regarde commeunique en son genre parmi les écrits du Nouveau

Testament, Mayerhoff, Hist. krit. Einleit. in die Pétrin.Schriften, p. 161-162, le trouve faible, pauvre et plat.Il est aussi très important, pour apprécier équitablementla divergence indiquée, de se rappeler la différenceconsidérable des sujets traités et du but que seproposait l’auteur. En outre, l’emploi que saint Pierrea fait, selon toute probabilité, de la lettre de saintJude, col. 410, n’a pas manqué d’exercer une certaineinfluence sur son propre style.

Examinons maintenant quelques-unes des objectionsde détail proposées sur ce point par les néo-critiques.

— o) On a noté en particulier, J. H. Holtzmann. Einleit., p. 322, une certaine monotonie que présente la II’Pétridans l’usage des prépositions, tandis que l’auteur de laIre Épitre sait mieux varier sous ce rapport. Ainsi, dansle passage II Pet., i, 3-5, ôt’a revient quatre fois; £vjusqu’à sept fois dans les lignes qui suivent, i, 5-7. Il estvrai que, dans la première lettre, les prépositions sontplus variées; ce qui n’empêche pas eîç, èv et 8îa d’ydominer aussi. Quant aux deux passages de II Pet., qui viennent d’être cités, les répétitions ont eu lieuévidemment à dessein, et elles donnent beaucoup deforce à la pensée. — 6) Il y a dans II Pet. ce qu’on aappelé à tort des «répétitions traînantes», des mêmestermes, à des intervalles très rapprochés. Holtzmann, loc. cit., p. 322. Par exemple: i, 2-3, SsBupmnévo; e *8s811pY)tai; i. 1-10, trois fois Taina; ii, 1, deux foisàirioXeia. Voir aussi i, 17, etc. Mais comment n’a-t-onpas remarqué que ces répétitions sont voulues, etqu’elles ont pour, but évident de fortifier la pensée?Du reste, il en existe de semblables dans la I re Épitre.Cf. I Pet., i, 5-10, où les mots «foi, croire, salut» sont employés coup sur coup; i, 5-18 et iii, 1-2, à proposdes expressions àvaJTpoçri et àvastpéçs^at. — c) Onmet en avant un nombre assez considérable de termes(environ cinquante) qu’on ne trouve pas ailleurs dansle Nouveau Testament (entre autres àÔEffiioç, àxaTcuca’j<rroç, àfi<ï>[ir; Toç, aùxp-ipoç, |SXé[i.[i, a, pôpéopoç, Siauyôïstv, 8u<rvdï]-uoç, EyxaTotxetv, slaxoXouÔeiv, ê7uXuaiç, X^Ô7)vXaêeiv, ^ia<r^a, ôp.t); X7), 7rap£[<raY£cv, rcXaa-udç, trrpeéXoOv, t «x îv< ^! re<ppo0v, cptddçôpo; ), et dont plusieurs semblentavoir été inventés par l’auteur lui-même (notammentTapxccpouv, ii, 4; napacppovta, ii, 16; èl; épa[ia etxuXc<7[iôç).Mais, selon la remarque très juste de Reuss, Épitres catholiq., p. 223, qui rejette pourtant l’authenticité, «qu’estceque cela prouve? Est-il juste que chaque auteurécrive toujours de la même manière?» Les Apôtresétaient souvent obligés de créer un langage nouveaupour exprimer les idées chrétiennes; saint Pierre l’afait, comme saint Paul, comme saint Jean. Ainsi donc, «on ne saurait déduire de ces particularités de langageune nécessité absolue d’affirmer que l’auteur delaI™ Épître diffère de celui de la IIe.» Burger, Kurzgefasst.Comment., p. 182, N. T., 4e fasc.

Nous, de notre côté, nous pouvons signaler des pointsde contact très nombreux entre les deux JB.pitres sousle rapport de la diction. Nous n’indiquerons que lesplus caractéristiques. Voir des listes plus complètesdans Lumby, dans le Speaker’s Commentary, t. rvdu N. T., p. 228; Davidson, Introd. to the New Test., .t. ii, p. 462; Hundhausen, Das zweite Pontificalschreiben, p. 86-88; Keil, ’loc. cit., p. 199-202; Kûhl, DieBriefe Pétri, p. 336; Henkel, Der zweite Brief desApostelfùrsten, p. 47. — a) Les deux.lettres renfermentun certain nombre d’expressions qui leur sontcommunes et qui ne sont pas employées dans les autreslivres du Nouveau Testament: ap.rû|ji.o; et aumXoç, I Pet., , i, 19; cf. II Pet., iii, 14; Èicoirreûeiv, I Pet., ii, 19, etni, 2; cf. II Pet., i, 16; sônôSsaiç, I Pet., iii, 21; cf. II Pet., i, 14; nljtauTœi ànspcfac, I Pet., IV, 1; cf. II Pet., ii, 14. — b) Des deux côtés, on rencontredes expressions et des tournures identiques, rares ourelativement rares. Par exemple: I Pet., ii, 9, t «ç.

ôperà; xoO… xaXéaavToc; II Pet., i, 3, toû xaXéaavrosïj[wï5 5 àpETfjî (il est à remarquer que le mot àpeTTj, «vertu», indépendamment de ces deux passages, n’estemployé dans le Nouveau Testament que par saintPaul, Phil., iv, 8, où il est appliqué au* hommes; saintPierre seul l’applique à Dieu); à6é| «To «, I Pet., iv, 3, et à8e<T(J-oc, II Pet., ii, 7; 8ï|Xo0v, pour marquer la révélationdivine, I Pet., i, 11, et II Pet., i, 14; âvaaTpof^ (le «mot favori» de saint Pierre), 1 Pet., i, 15, 18; ii, 23; iii, 1, 2, 16, et II Pet., ii, 7; iii, 11; lît16u(jit’o aapxixa, I Pet., ii, 11, et II Pet., ii, 10; <TTr)p£Çeiv, I Pet., v, 10, et II Pet., i, 12, etc.; tftXx5e.<pi<x, I Pet., 1, 22, et II Pet., i, 7; -/opyjYEÏv, I Pet., iv, 11, et II Pet., i, 5, ’ll, etc., — c) On signale encorel’usage très spécial du participe £/ovteç (I Pet., ii, 12, ayant une bonne manière d’agir; iii, 16j ayant unebonne conscience; iv, 8, ayant une charité continuelle; II Pet., ii, 14, ayant les yeux pleins d’adultère), la construction avec le datif, I Pet., i, 12; ii, 7; m, 15; iv, 2, 12; v, 9; II Pet., i, 1, 17; ii, 1, 3, 5, 8, 17, 19, 20; iii, 7; l’emploi fréquent du participe passif.Cf. I Pet., , i, 4, 8, 20, 22, 23; ii, 1; iv, 3; II Pet., i, 3, 12, 16; ii, 12, 14; iii, 2, 7. — d) Notons aussi des motsordinaires, mais qui reviennent souvent dans les deuxlettres: tyvm, I Pet., i, 9, 22; ii, 11, 25; iii, 21; iv, 19; II Pet., ii, 8, 14; eî8; , I Pet., i, 8, 18; ii, 9; II Pet., i, 12, 14; tic, cinq fois dans I Pet., quatrefois dans II Pet. — e) On trouve dans les deux Épltresl’emploi des substantifs abstraits, au pluriel: I Pet., I, 11, les gloires; voir aussi ii, 19, et iv, 3; II Pet., ii, 2, 13, 18; iii, 11. Et rien, dans toutes ces coïncidences, n’indique qu’elles aient été voulues et recherchéespar un faussaire qui se serait proposé d’imiter lestyle du prince des Apôtres: elles n’ont rien de tropsaillant, qui puisse exciter la méfiance; elles ne sontpas la répétition de pensées formulées dans la I"> Épître.En somme, la comparaison du style des deux lettresaboutit plutôt à une très forte présomption en faveurde l’authenticité de la IIe. — f) On peut citerpareillement des coïncidences assez frappantes, toujoursau point de vue du style, entre notre Épître etles discours de saint Pierre dans le livre des Actes.Voir Lumby, loc. cit., p. 226; Salmon, Introd. to theN. T., p. 495; Henkel, loc. cit., p. 75-76. Voici quelques-unesdes principales: ipvéojj.ai, Act., iii, 13-14, etII Pet., 11, 1; YvwpiÇetv, Act., ii, 28, et II Pet., i, 16; st81>c oti, Act., Il, 30, et II Pet., i, 14; ripipa xupfov, Act., ii, 20, et II Pet., iii, 10; ica-raoniy/tirai, Act., ii, 26, et axT|Vii.a, Il Pet., i, 13, 14; evaiëeia, Act., iii, 12, et II Pet., i, 7; Seot^tyk, Act., iv, 24, et II Pet., ii, 1; ipépou.ai, Act., ii, 2, et II Pet., i, 7, 17.

3° Objection tirée de la prétendue ressemblance quiexiste entre la II a Pétri et les écrits de l’historien Josèphe.— M. Edwin Abbott a développé dans The Expositor, IIe série, t. iii, 1882, p. 49-60, un nouvel argumentcontre l’authenticité de l’Épître, en prétendantque l’auteur aurait fait de nombreux emprunts à l’historienjuif Josèphe et imité son langage. Si le fait étaitexact, comme les écrits de Josèphe datent de la fin duI er siècle, la II* Pétri ne saurait être l’œuvre de saintPierre. Le D r Farrar admet comme un fait certain quel’un des deux écrivains a fait des emprunts à l’autre.Cf. The Expositor, ibid., p. 403. Voir aussi von Soden, Hand-Commentar zum N. T., t. iii, 2e part., p. 210. — Remarquons d’abord que les ressemblancesalléguées ne portent que sur les expressions, jamaissur les pensées: Josèphe et le chrétien qui a composéIl Pet. expriment’des idées tout à fait différentes, bien qu’ils aient parfois recours à des expressionsidentiques. De plus, les expressions de ce genresont espacées les unes des autres dans les écrits del’historien juif; elles n’ont pas été empruntées à despassages qui se suivent: ce qui diminue singulièrement

la force de l’objection. Ajoutons qu’un grand nombred’entre elles (notamment ggoSo; dans le sens de mort, cf. Luc, ix, 31; 8eïo «, adjectif plusieurs fois employéparles Septante; ne-raXciÔTlÇj cf. Luc., _ix, 43, etc.; (iv60; , qu’on trouve quatre fois dans les Épltres pastorales, etc.) existent dans le vocabulaire des Septante oudu Nouveau Testament; par conséquent, dans le grecavec lequel saint Pierre était familier. Enfin, les termesen question n’ont rien de rare ou d’extraordinaire.Ainsi on signale, comme une coïncidence remarquable, l’usage fait de pari et d’autre du verbe àvaxé^Xw, pourdésigner le lever d’un astre; l’emploi du substantif80vap, tç, pour exprimer la puissance divine, et de locutionsaussi ordinaires que £Ùaéëe! a, xaTafpoviw, wapaiv, ytvtiiræiv Sti, Sûtatov riyettrOai, etc. Or, dans une argumentationde ce genre, la plus grande partie de lapreuve consiste dans la rareté des mots employés. Leraisonnement porte donc absolument à faux: l’auteurde II Pet. n’a fait aucun emprunt à Josèphe, auquel iln’a rien prêté lui-même; ils ont écrit l’un et l’autre engrec, et c’est tout. Voir la réfutation détaillée dansSalmon, Introd. to theN. T., p. 498-501, et dans l’ouvragespécial de B. Warlield, D’E. A. Abbott on thegenuineness of II Pet., 1883.

VI. Intégrité de l’Épître. — Divers critiques protestants, ont nié l’unité et l’intégrité de la 17 a Pétri. VoirF. Keil, Comment, ûber die Briefe des Petrus, p. 170.Le plus récent est le D r Kûhl. D’après ce savant, DieBriefe Pétri und Judas, 1897, p. 346-356, le chap. Htout entier serait une interpolation. De plus, les versets1 et 2 du chap. iii, auraient été remaniés, de manièreà s’adapter à ce qui précède. À l’origine, immédiatementaprès i, 21, on lisait, selon M. Kûhl, l’exhortationsuivante: «Pour vous, bien-aimés, souvenez-vous desparoles prédites par les saints prophètes, sachantd’abord cela…» etc. Cf. iii, 1-3. Cette théorie, qui nes’appuie sur aucune preuve, n’a trouvé aucun succès. Ilrègne une parfaite unité dans notre Épître: le passageque l’on prétend avoir été interpolé se rattache de lafaçon la plus naturelle, d’une part, à i, 21, de l’autre àm, 2. Il n’y a, du reste, aucune différence sous lerapport du style entre ce passage et ceux qui l’entourent.

VII. Relations de la II* Pétri avec l’Épître desaint Jude. — Sur ce point important, voir le t. iii, col. 1811-1812. Aux ouvrages mentionnés, on peutajouter: *Keil, Comment, ûber die Briefe des Petrus, p. 202-208; *£ûhl, die Briefe Pétri, p. 336-346; Cornely, Introd., t. ii, 3e part., p. 645-647; *H. Holtzmann, Einleit., 3e édit., p. 322-324; Belser, Einleit., p. 707-709, 719-721; *J., Bovon, Théologie du Nouv. l’est., t. ii, 2° édit., p. 446-448; *A. Brun, L’Apôtre Pierre, 1905, p. 126-136.

VIII. Le texte primitif et sa transmission. — Nouspossédons le texte grec de la II 3 - Pétri dans les manuscritsonciaux (i À B C K’L’P r. Les Pères grecsfournissent çà et là des indications précieuses pour lecritique. Voir le texte grec amélioré par B. Weiss, DasNeue Testament, Textkrilische Untersuchungen undTextherstellung, t. iii, et aussi les éditions critiquesde Tischendorf, Gebhardt, "Westcott et Hort, Nestlé, etc.Le texte syriaque que nous avons est beaucoup moinsancien que la Peschito, qui ne contenait pas notreÉpitre, comme il a été dit plus haut. On possède quelquesfragments assez rares des versions latines antérieuresà saint Jérôme, dans les manuscrits ii, g, etc.

IX. Enseignement doctrinal de l’ÉpItre (voir lesouvrages mentionnés à propos de la I"- Pétri; en particulier, B. Weiss, Der Petrinische Lehrbegriff, Berlin, 1855, et Lehrbuch der bibl. Théologie des fV. T., 4e édit., Berlin, 1884, p. 536-546). — 1° Sur Dieu. Dieuest le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, i, 17. II estéternel, iii, 8; c’-est lui qui a tout créé et qui gouverne

le monde acluel, iii, 5-7. Il est infiniment miséricordieux, et il désire le salut de tous les hommes, iii, 5, 15. C’est de lui que vient la vocation au salut, i, 3. —2° Les idées christologiques sont moins abondantes quedans la I re Épitre. La lettre est d’ailleurs plus brève; en outre, la description et la réfutation des hérétiquesy tiennent une large place. Mais, ici encore, JésusChrist, i, 1, ou Notre-Seigneur Jésus-Christ, i, 2, 8, 16, ou le Seigneur et Sauveur, i, 11; iii, 2, 18, ou NotreSeigneur et Sauveur Jésus-Christ, i, 14; ii, 20, iii, 2, ainsi qu’il est appelé, occupe la place principale. Il yest aussi désigné, à propos du récit de la transfiguration, par le nom de «Fils bien-aimé» de Dieu, i, 17.Dans la doxologie finale, iii, 18, l’apôtre lui souhaite, comme il le ferait pour Dieu lui-même, la gloire dansles siècles des siècles. Le but auquel doit tendre toutchrétien, c’est de le connaître toujours davantage, i, 2, 8; iii, 18. SaintPierren’apas, comme dans sa I re Épître, l’occasion d’insister sur la passion et sur la mort rédemptrice du Christ. Il signale du moins, en passant, ce fait capital: Jésus est le Maître qui nous a rachetés, n, 1; cf. i, 9. Il mentionne aussi deux de ses mystèresglorieux: d’un côté, au centre de sa vie publique, latransfiguration, i, 16; de l’autre, son retour à la foisglorieux, consolantet terrible, au jour du Seigneur ouau jour de Dieu, iii, 10, 12. Ce second avènement estappelé itapoutn’a, «la présence», iii, 4, 12. Quelqueshérétiques osaient en nier la réalité: l’apôtre réfuteleur objection principale, à laquelle ils affectaient dedonner une forme scientifique, iii, 2-10. Au retour duChrist est rattachée la transformation du monde par lefeu, en vue de créer «de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera», iii, 13. Déjà saintPierre avait annoncé ce fait dans un de ses discoursdes Actes, iii, 19-21. Cette grande catastrophe amènerala consommation du royaume de Dieu, selon ce queJésus-Christ lui-même avait prédit. Cf. Matth., xxiv, 29-42; Marc, xiii, 24-35; Luc, xxi, 25-35. Le prince desApôtres mentionne aussi, mais seulement d’une manière rapide, le royaume de Jésus-Christ, c’est-à-dire leciel et son bonheur éternel, i, 11. — 3° L’Esprit-Saint.Dans la IIe Épître, comme dans la I re, il est question del’Esprit-Saint. C’est lui qui a inspiré les prophètes, i, 21, dont les oracles sont une lumière très précieuse, indispensable même, pour arriver à la connaissancedu Sauveur, i, 19. — 4° La sotériologie. Le salut estoffert à tous; mais, pour l’obtenir, il faut croire enJésus-Christ, ii, 1, 17. Ceux qui ne croient pas sont des «enfants de malédiction», ii, 14. La foi est aussi labase de toute la vie morale et spirituelle, i, 5, 6. Lechristianisme est la voie de la vérité, ii, 2; cf. i, 12. Lagrâce nous aide puissamment à nous sauver; mais ilest nécessaire d’y faire des progrès perpétuels, demarcher constamment vers la perfection, iii, 18. C’estseulement à la fin du monde, au dernier jour, que lesalut sera proclamé d’une manière générale et définitive, iii, 15. Comme adversaires du salut, il yaau-dedansde nous la chair et ses convoitises coupables, ii, 18, et, en dehors de nous, le monde avec sa corruption dangereuse, l, 4; ii, 20. Par les mérites de Jésus-Christ, les chrétiens deviennent «participants de la nature divine», l, 4. La connaissance de Notre-Seigneur ne doitpas demeurer oisive en nous; mais il faut qu’elle produise des fruits pour la vie éternelle. À ce point de vuepratique, saint Pierre nomme la religion chrétienne «la voie de la justice», ii, 21. L’arbre mystique de lafoi doit de même faire mûrir en nous sept fruits délicieux, i, 5-7. Une des sources de la foi consiste dansles Saintes Écritures, dont Dieu est l’auteur et dont ilfournit l’interprétation authentique, i, 20-21. Instamment, l’apôtre recommande «les bonnes œuvres, lesœuvres de piété», i, 3; iii, 11. Les hérétiques sont desennemis dangereux; il faut les fuir, si l’on ne veut pas

se laisser entraîner par eux, car le châtiment éternelde l’enfer leur est réservé, ii, 1-20.

X. Bibliographie. — Pour la Ia et la II a Pétri. —1° L. Mayerhoff, Hist.-krit. Einleitung in die petrinischen Schriften, Hambourg, 1835; Harnack, DieChronologie, 1897, t. i, p. 450.

2° Commentaires sur les deux Epîtres. — a) Catholiques. Didyme d’Alexandrie (on n’en possède que desfragments latins ou grecs, t. xxxix, col. 1750-1818), Œcuménius, t. cix, col. 451-722, Théophylacte, t. cxxv, col. 1131-t. cxxvi, col. 104; Bède, Expositio super cathol. Epistolas, t. xciii, col. 9-130. Cramer, Catena inEpistolas catholicas, Oxford, 1840; Lorin, In cathol.Joannis et Pétri epistolas, Lyon, 1609; Bisping, Erklàrung der katholischen Briefe, Miinster, 1871; Drach, Les Épîtres catholiques, Paris, 1873; Hundhausen, Diebeiden Pontificalschreiben des Apostelfûrsten Petrus, Mayence, 1873-1878; Van Steenkiste, Epistolas catholicmbreviter explicatee, Bruges, 1876; Maunoury, Commentaires sur les Épîtres catholiques, Bar-le-Duc, 1888; L.-Cl. Pillion, La Sainte Bible commentée, t. viii, p. 658-715, Paris, 1904. — b) Commentateurs protestants ou rationalistes: De Wette, Kurze Erklàrung derBriefe des Petrus, Judée und Jakobus, 1847, 2e édit., en 1853, revue par B. Brùckner, 3e édit. en 1865; Huther, Krit. exeget. Handbuch ûber den ersten Briefdes Petrus, den Brief des Judas und den zweitenBrief des Petrus, 1°> édit., 1852; 5e édit., 1887, revuepar Kùhl; 6e édit., 1897; Wiesinger, Der erste Briefdes Apostels Petrus (continuation du commentairede Olshausen sur le N. T.), Kœnigsberg, 1856, et Derzweite Brief Pelri des Apost. Petrus und der Brief desJudas, 1862; Schott, Der erste Brief Pétri erklàrt, Erlangen, 1861, et Der zweite Brief Pétri und der BriefJudà, 1862; Fronmûller, Die Briefe Pétri, dans leBibelwerk de J. P. Lange, 1862, 4e édit., par Fûller, en1890; Ewald, Die sieben Sendschreiben des NeuenBundes, Gœttingue, 1870; Wordsworth, The New Testament, with introduction and notes, t. iv, 2e édit., 1872; Plumptre, dans la Cambridge Bible for schoolsand collèges, Cambridge, 1880; K. Hofmann, Die BriefePetn, Judx und Jacobi, Nôrdlingen, 1875; F. Keil, Kommentar ûber die Briefe des Petrus und Judas, Leipzig, 1883; von Soden, dans le Hand-Commenlarzum N. T., 3e édit., 1899; Burger, Die Briefe des Jakobus, Petrus und Judas, dans le Kurzgefasst. Komment. de Strack et Zôckler, 2e édit., 1895; S. Gœbel, Die Briefe des Petrus mit kurzer Erklàrung, 1893; F. W. Bugge, Commentaire (en langue danoise) sur lesdeux Épîtres de saint Pierre et l' Épître de saint Jude, 1892; J. T. Beck, Erklàrung der Briefe Pétri, 1895-; J. H. Jowett, Epistles of St. Peter, Londres, 1905.

3° Sur la I™ Epître seulement: Usteri, Wissenschaftl.und praktischer Commentar ûber den ersten Petrusbrief, Zurich, 1887; Rob. Johnston, T, he first Epistleof Peter, Edimbourg, 1888; A. J. Mason, dans le Commentary for English Readers de Ellicott, Londres, 1889; L. Monnier, La I" Épître de l’apôtre Pierre, Paris, 1902; Abbé L. Gontard, Essai critique et historique sur la I" Épître de saint Pierre, in-8°, Lyon, 1905; D. Vôlter, Der erste Petersbrief, seine Entstehungund Stellung in der Geschichte des Urchristentums, Strasbourg, 1906; H. Gunkel, dans Die Schriften desN. Test, ûbersetzt; und fur die Gegenwart [erklàrt, Gœttingue, t. ii, 1906, p. 25; B. Weiss, Der erstePetrusbrief und die neuere Kritik, in-8°, Berlin, 1906.

4° Sur la IIe Épître: W. O. Dietlein, Der zweiteBrief Petrus, 1851; F. Steinfass, Der zweite Bjrief desheil. Petrus, 1863; Plummer, dans le Commentaryfor English Readers de Ellicott, Londres, 1883; Spitta, Der zweite Brief des Petrus und der Brief des Judas, Halle, 1885; G. Hollmann, dans l’ouvrage Die Schriften des N. Test., neuübersetzt und für die Gegenwarterklärt, t. ii, 1906, p. 61; J. B. Mayor, Epistle of St. Jude and the second Epistle of St. Peter, in-8°, Londres, 1907.

L. Fillion.

4. PIERRE (ÉCRITS APOCRYPHES DE SAINT). —On en distingue quatre principaux: les Actes de Pierre, voir t. i, col. 161-163; l’Apocalypse de Pierre, t. i, col. 765; l’Évangile de Pierre et la Prédication de Pierre. Nous n’avons à parler ici que des deux dernières compositions.

a) L’Évangile de Pierre. — 1° Origène le mentionneIn Matth., tom. x, 17, t. xiii, col. 876. Eusèbe le signale aussi, H. E., iii, 3, t. xx, col. 217, en même temps que les Actes, la Prédication et l’Apocalypse; puis il ajoute: «Nous ne les reconnaissons pas comme transmis jusqu’à nous parmi les écrits catholiques; car aucun écrivain ecclésiastique, soit dans les anciens temps, soit de nos jours, n’a jamais fait usage des témoignages qu’ils fournissent,» Voir aussi, iii, 25, et S. Jérôme, De vir. ill., 1, t. xxiii, col. 609, qui le classe également parmi les apocryphes, comme fait encore le Decretum Gelasianum. Dans un autre endroit de son H. E., vi, 12, t. xx, col. 545, Eusèbe a conservé une lettre écrite par Sérapion, évêque d’Antioche à la fin du IIe siècle, et relative à cet Évangile. Le saint évêque nous apprend qu’il avait trouvé l’Évangile en question à Rhésus, localité située sur la baie d’Issus, en Asie Mineure, et qu’il l’avait d’abord approuvé; mais, qu’après l’avoir étudié de plus près, il le condamna, parce qu’il était l’œuvre des Docètes, et qu’il ajoutait différentes choses «à la véritable doctrine par rapport au Sauveur». Cette œuvre apocryphe ne devait pas jouir d’une circulation considérable, car il est rarement parlé d’elle dans l’antiquité.

2° Un Français, M. U. Bouriant, découvrit à Akmim (Haute Égypte), dans un tombeau durant l’hiver 1886-1887, et publia en 1892 un fragment en langue grecque, que les critiques sont d’accord pour regarder comme un reste de l’Évangile de Pierre. Voir les Mémoires publiés par les membres de la Mission archéologique au Caire, t. ix, Paris, 1892, p. 137-142. L’auteur parle à la première personne (comp. chap. vii et xii), et s’identifie avec le prince des Apôtres: «Moi, Simon Pierre, et André mon frère» (c. xiv). Le fragment se rapporte au jugement de Notre-Seigneur devant Pilate et Hérode (il s’ouvre au moment où Pilate se lave les mains), aux outrages dont il fut l’objet, à son crucifiement, à sa sépulture, à sa résurrection. On l’a divisé en quatorze petit* chapitres et en soixante versets. On en a donné plusieurs (éditions: J. A. Robinson, The Gospel according to Peter and the Revelation of Peter, Londres, 1892; Lods, L’Évangile et l’Apocalypse de Pierre, 1893; Th. Zahn, Bruchstücke des Evangel. und der Apokalypse Petrus, 1893; A. Harnack, Evangelium des Petrus, Leipzig, 1893; Swete, The Akmîm fragments of the apocryphal Gospel of Peter, 1732; O. von Gebhardt, Das Evangelium and die Apokalypse des Petrus, Leipzig, 1893; Klostermann, Reste des Petrusevangelium, der Petrusapokalypse und des Kerygma Petri, Bonn, 1894.

3° Jésus-Christ y est toujours appelé «le Seigneur»; le dimanche y est nommé ἡ κυριακή le (jour) dominical.L’auteur fait successivement des emprunts auxquatre Évangiles canoniques: c’est ainsi qu’il prend telavement des mains de Pilate dans le récit de saintMatthieu, l’histoire du bon larron dans celui de saintLuc, la transfixio lateris dans celui de saint Jean, et qu’il raconte la visite des saintes femmes au sépulcredans les mêmes termes que saint Marc. On voit, d’un bout à l’autre, qu’il les connaît à fond; mais il les transforme et les enjolive à sa façon, en multipliant les détails légendaires, en grossissant les miracles, etc. Il rend témoins de la résurrection de Jésus les soldats romains et de nombreux Juifs, prêtres et laïques. Il manifeste une grande sévérité à l’égard des Juifs, dont il fait lesbourreaux immédiats du Sauveur; il innocente au contrairele plus possible Pilate et les Romains. Son docétisme apparaît en plusieurs endroits de la passion; parexemple, dans la suppression de l’angoisse de Jésus surla croix. En somme, son écrit n’enrichit en rien notreconnaissance de la vie de Jésus,

4° Les critiques sont loin d’être d’accord sur la datede la composition de cet écrit. Ce serait le commencementdu IIe siècle, d’après Harnack, qui croit que saintJustin a commenté l’Évangile de Pierre (fait d’ailleurstrès contestable et probablement inexact; voir V. H.Stanton, The Gospels as historical Documents, Ire part., Cambridge, 1903, p. 93 sq.); l’année 130 d’après le Dr Zahn; l’an 150, selon Swete, etc. En tout cas, l’écrit existait un certain temps avant la fin du ne siècle, puisqu’il était connu de Sérapion et d’Origène.

5° Auteurs à consulter. Outre ceux qui ont été indiquésplus haut, voir H. von Schubert, Die Compositiondes pseudopetrin. Evangelienfragmentes, Berlin, 1893; D. Völter, Petrusevangelium oder Aegypterevangelium?Tubingue, 1893; A. Sabatier, L’Évangile de saint Pierre et les Évangiles canoniques, Paris, 1893; Salmon, Introduction to the Study of the Books of the New Testam., 8° édit., 1897, p. 581-591; O. Bardenhewer, Geschichte der altchristlichen Litteratur, 1. 1, Fribourg-en-Brisgau, 1892, p. 392-397; L. Hennecke, Neutestam. Apokryphen, in deutscher Ubersetzung und mit Erläuterungen, Tubingue, 1904, p. 27-32; et aussi les articles suivants, insérés en diverses revues; Funk, Fragmente des Evangeliums und der Apokalypse des Petrus, dans la Theolog. Quartalschrift, t. lxxv (1893), p. 255-288; H. von Soden, Das Petrusevangelium und die kanonischen Evangelien, dans laZeitschrift fur Théologie u. Kirche, t. iii, 1893, p. 5292; A. Hilgenfeld, Das Petrusevangelium über Leiden und Auferstehung Jesu, dans la Zeitschrift für wissenschatfl. Theologie, année 1893, t. i, p. 439-454; J.-B. Semeria, L’Évangile de Pierre, dans la Revue biblique, t. iii (1894), p. 522-560; A.-C. McGiflert, The Gospel of Peter, dans les Papers of the American Society of Church History, t. vi, 1894, p. 99-130; E. Koch, Das Petrusevangelium und unsere kanonischen Evangelien, dans la Kirchliche Monatsschrift, t. xv (1896), p. 311-338; V. H. Stanton, The Gospel of Peter, its early history and character considered in relation to the history of the récognition in the Church of the canonical Gospels, dans le Journal of Theological Studies, t. ii, 1901, p. 1-25,

B) La Prédication de Pierre (κήρυγμα Πέτρου), qu’il ne faut pas probablement confondre avec la «Doctrinede Pierre» (διδασκαλία Πέτρου), mentionnée par desécrivains moins anciens, a exercé une influence assezgrande dans l’antiquité chrétienne. 1° Elle semble avoirété connue dès la fin du second siècle par Apollonius, ’d’Asie Mineure (cf. Eusèbe, H. E., v, 18, t. xx, col. 480), par le gnostique Héracléon, par l’auteur de l’Épitre à Diognète, les apologistes saint Justin et Aristide. Voir Robinson, Texts and Studies, t. i, le partie, p. 86-90. Clément d’Alexandrie s’en est servi certainement, et c’est à lui que nous sommes redevables de plusieurs des fragments qui sont parvenus jusqu’à nous.Voir Strom., i, 29; ii, 15; vi, 5, etc., t. viii, col. 929, 1008; t. ix, col. 264. Elle remonte donc évidemment plus haut que tous ces écrivains: aux années 110-130 d’après Harnack, Chronologie, t. i, p. 472-474; aux années 90-100 d’après Th. Zahn, Gesch. des neutestam. Kanons, t. ii, IIe partie, p. 820-832; vers l’an 110 d’après le Dr von Dobschütz, Texte und Vntersuchungen zur Geschichte der altchristl. Litteratur, xi, 1. Ce dernier auteur et M. Harnack regardentl’Égypte comme le pays d’origine de ce document, sur415 PIERRE (ÉCRITS APOCRYPHES DE SAINT) — PIERRE LOMBARD 416

tout à cause des allusions qu’on y trouve au culte desanimaux par les Égyptiens. C’est très probablement leXTIpvYHa lui es * ci^ P ar Origène, De princ. (Prol.), i, 8, t. xi, col. 119, sous le titre de Pétri doctrina.

2° Les fragments que nous en possédons ont été réunispar A. Hilgenfeld, Nov. Text. extra canonem recep.tum, 2e édit., 1884, fasc. iv, p. 51-65, par von Dobschûtz, Dos Kerygma Pétri kritisch untersucht, 1893, dans lesTexte und Vnlersuch, , xi, 1, et Preuschen, Antilegomena, die Reste der ausserkanon. Evangelien undurchristl. Vberlieferungen, Giessen, 1901, p. 52-54, 143145. Voir aussi E. Hennecke, Neutestamentlichen Apocryphenin deutscher Uberselzung, … mit Einleitungen, Tubingue, 1904, p. 168-171. L’écrit, autant qu’on peut enjuger par ces fragments, se composait de discours prononcéspar un personnage qui parle toujours à la premièrepersonne du pluriel, au nom des douze apôtres.Clément d’Alexandrie dans Origène, In Evang. Joa., tom. xiii, 17, t. xiv, col. 424, suppose que ce personnagen’est autre que saint Pierre; bien plus, que le livre lui-mêmel’identifiait avec Pierre. Strom., vi, 7: ô Uétpoi; Ypi<p£i, t. ix, col. 280. Origène, (. c, doute à bondroit de l’authenticité, et Eusèbe, H. E., iii, 3, t. xx, col. 217, range explicitement l’écrit parmi les apocryphes.

3° Quant au sujet traité, c’est le pur monothéismeque doivent pratiquer les chrétiens, par opposition auxerreurs du judaïsme et du polythéisme. Les fidèles sontprécisément nommés un Tpciov yévoç entre les Juifs etles païens. Le livre renferme aussi des ordres de Notre-Seigneuren vue de la prédication de l’Évangile chezles païens. En somme, l’écrit renferme une sorte d’apologiedu christianisme, ou un programme pour lesmissionnaires chrétiens.

L. FlLLION.

5. PIERRE dans les noms de lieux. Le mot pierre, ’ébén, ou rocher entre dans un certain nombre denoms géographiques:

1° Pierre, ville principale d’Idumée, connue sous sonnom latin de Pétra. Voir Pétra, col. 166.

2° Pierre de Boen. Jos., xv, 6; xviii, 17. Voir Aben-Bohen, 1. 1, col. 34.

3° Pierre de division (Vulgate: P.etra dividens).I Reg., xxiii, 28. Rocher du désert de Maon où se retiraDavid pendant la persécution de Saûl. Son ennemi neput l’y poursuivre, ayant été obligé de marcher contreles Philistins. En souvenir de cet événement, le rocherfut appelé Séla’ham mahleqôf, «Rocher de la délivrance.» Il n’est pas identifié. Voir Bachila, t. iii, 2°, col. 391.

4° Pierre du désert (Vulgate: Petra deserti).Is., xvi, 1. C’est la ville de Pétra, col. 166.

5° Pierre d’Ëtam (Vulgate: Petra Etant). Jud., xv, 8. Voir Étam 3, t, ii, col. 1996.

6° Pierre d’Ezel (Vulgate: Lapis cui nomen estEzel). Rocher auprès duquel David devait attendre sonami Jonathas au commencement de la persécution deSaûl. I Reg., xx, 19. Voir Ézel, t. ii, col. 1062.

7° Pierre d’Horeb (Vulgate: Petra Horeb), rocherd’où Moïse fit jaillir miraculeusem*nt de l’eau.Exod., xvii, 6. Voir Majssah, t. iv, col. 853-854.

8° Pierre d’Oreb (Vulgate: Petra Oreb). Jud., vii, 25. Voir Oreb 2, t. iv, col. 1857.

9° Pierre du secours (Vulgate: Lapis adjutorii).1 Reg., iv, 1; v, 1; vii, 12. Voir Ében-Ézer, t. ii, col. 1526.

10° Pierre de Zohéleth (Vulgate: Lapis Zoheleth).III Reg., i, 9. Voir Zoheleth.

6. pierre angulaire. Voir Angulaire (Pierre), t. i, col. 601.

7. PIERRE DE JACOB. Gen., xxviii, 18, 22; xxxi, 45.Voir Bétïle, 1. 1, col. 1766.

8. PIERRE COMESTOR, théologien catholique françaisdu XIIe siècle, né à Troyes, mort à Paris, le 21 octobre1179 (d’après certains auteurs, en 1198). Il futsurnommé Comestor ou le Mangeur, à cause, croit-on, de la grande quantité de livres qu’il dévora. D’abordchanoine et doyen de Sainte-Marie de Troyes (1147), ildevint, en 1464, chancelier de l’Église de Paris et y occupajusqu’en 1169 la chaire de théologie. Il se démit de sesdignités dans les dernières années de sa vie et se retiraà l’abbaye de Saint-Victor de Paris où il mourut. Illaissa des sermons qui furent publiés d’abord sous lenom de Pierre de Blois, Pair, lat., t. cxcviii, col. 1721-1844, mais il fut surtout célèbre à cause de saScholastica Historia super Novum Testamentum, cutnadditionibuS alque incidentiis, qui fut considérée pendantplus de trois siècles comme l’ouvrage de ce genre leplus parfait. Son Histoire s’étend depuis le commencementdu monde jusqu’au martyre de saint Pierre et desaint Paul à Rome. L’auteur résume ou bien développeet explique les livres historiques de l’Ancien et du NouveauTestament, dont il cite souvent les propres expressions.Son commentaire ou sa paraphrase est tantôtlittérale et tantôt allégorique, entremêlée de considérationsthéologiques et philosophiques et de citationsd’auteurs profanes. Le livre de Pierre Comestor eutdans les écoles un succès semblable à celui du Maîtredes Sentences, et c’est son autorité qui paraît être ordinairementalléguée par les auteurs du moyen âge quandils emploient la formule: dicit magister in historiis.C’est à cause de l’usage qu’on en fit dans les écolesqu’elle reçut le nom de Historia scholastica. «Il n’yavait en ce temps-là, dit Richard Simon, Histoire critiquedu Nouveau Testament, t, ii, p, 320, de plusgrand et de plus estimé pour l’Écriture Sainte que iePierre Comestor… On ne lisait la Bible que de lamanière qu’elle était dans ce compilateur, et avec sesgloses. Cet usage a duré longtemps en France.» L’Historia sckolastica fut imprimée, in-f», Rèutling, 1471; Utrecht, 1473; Augsbourg, 1473; Strasbourg, 1483 et 1502; Bâle, 1486; in-4°, Paris, 1513; in-f», Haguenau, 1519; in-4°, Lyon, 1526; in-8°, Lyon, 1543; Venise, 1728; in-4°, Madrid, 1699. Cette dernière éditiona été reproduite par Migne, dans la Patrologielatine, t. cxcviii, [col. 1053-1722. La Bible historiale, de Guyart-Desmoulins (voir t. iii, col. 369), est une traductionlibre de V Historia scholastica. Voir aussi t. ii, col. 2355. — Voir les notices d’Oudin, de Fabricius, etc., dans Patr. lat., t. cxcviii, col. 1045-1054; domCeillier, Histoire générale des auteurs sacrés, Paris, 1868, t. xiv, p. 744; Brial, dans Histoire littéraire dela France, t. xiv, Paris, 1817, p. 12; U. Chevalier, Répertoiredes sources historiques du moyen âge. Biobibliographie, et Supplément, col. 1813, 2778.

9. PIERRE LOMBARD, surnommé le Maître desSentences, né probablement à Lumellogno, petite villede Lombardie, vers la fin du xie siècle, mort à Paris, le 20 juillet 1164. Après avoir étudié la théologie àBologne, à Reims et à Paris, où il fut auditeur d’Abélard, il devint lui-même professeur de théologie danscette dernière ville et fut élu en 1159 évêque de Paris; il renonça à cette dignité dès l’année suivante etMaurice de Sully lui succéda en 1160. Il s’est rendusurtout célèbre par ses Sententiarum libri quatuor, qu’il rédigea entre 1145-1150 (Denitle, dans VArchivfàr Literatur und Kirchengeschichte, 1. 1, 1885, p. 611); mais on a aussi de lui des commentaires de l’Écriturequi montrent avec quel soin il avait étudié les LivresSaints: Commentarius in Psalmos davidicos, Patr. lat., t. cxci, col. 55-1296; Collectanea ih omnes D. PauliEpistolas, col. 1297-1696; t. cxcai, col. 9-520. Le Commentairesur les Psaumes emploie et développe laGlossa ordinaria (t. iii, col. 246); il reçut le nom de

Magna Glossatura. Le Commentaire sur saint Paulest tiré principalement des Pères. «Cet ouvrage, ditdom Rivet, dans VHistoire littéraire de la France, est clair, méthodique, et renferme, outre les penséesdes Pères, de fort bonnes vues propres à l’auteur.» La Glossa in Jobum et la Concordia evangelica, qu’on a attribuées à Pierre Lombard ne sont pas probablementauthentiques. — Voir Histoire littéraire dela France, t. xii, 1763, p. 585-609; Â. Stôchl, Geschichteder Philosophie des Mitlelalters, Mayence, 1864, t. i, p. 390-411; J. Bach, Dogmengeschichte des Mitlelalters, Vienne, 1875, Th. ii, p. 194307, 727-739; F. Protois, Pierre Lombard, son époque, sa vie, ses écrits, soninfluence, Paris, 1881; U. Chevalier, Répertoire dessources historiques du moyen âge. Bio-bibliographie, 2e édit., 1905-1907, p. 3722.

    1. PIERRE##

PIERRE (hébreu: ’ébén, serôr, «le petit caillou»; Septante: W60ç; Vulgate: lapis, petra, calculus, saxum), substance minérale qui compose la plusgrande partie des couches géologiques du sol. — Quandla pierre forme de grandes masses continues, enfouiesdans le sol ou en émergeant, on l’appelle rocher. VoirRocher. De ces masses, on extrait des matériaux dedivers volumes pour les constructions. Voir Carrière, t. ii, col. 318. On réserve le nom de pierres aux partiesrocheuses qui sont meubles, par nature ou par suitedu travail de l’homme. Ces pierres peuvent être detoutes tailles, depuis le grain de sable ou de gravier jusqu’auxblocs qu’on employait aux grandes constructions.Voir t. ii, col. 320; Maçon, t. iv, col. 513. Lespierres de médiocre volume, amassées ensemble, forment un monceau, margêmdh, acervus, Prov., xxvi, 8, à moins que le mot hébreu ne désigne lafronde, comme le pensent les Septante. — Le sol de laPalestine renferme des pierres de beaucoup d’espèces, surtout des calcaires et des grès. Les roches éruptivesy fournissent aussi, en quelques endroits, le basalte, legranit et le porphyre. Voir Palestine, t. iv, col. 2005.Quand les pierres sont calcaires, il est relativementfacile de les tailler. Plus elles sont siliceuses, pluselles sont dures. Les silex fournissent la pierre queles chocs peuvent transformer en couteaux assez aiguspour opérer la circoncision. Exod., iv, 25; voir t. ii, col. 775.

1° Pierres à l’état naturel. — Là pierre est lourde, Prov., xxvii, 3, et résistante. Job, vi, 12. Les eauxcreusent la pierre, grâce aux matières solides qu’ellesentraînent avec elles. Job, xry, 19. Les racines desplantes s’enfoncent entre les pierres. Job, vii, 17. Ilest dit des pierres du pays de Chanaan qu’elles sontcomme du fer. Deut., viii, 9; cf. ls., lx, 17. Voir Fer, t. ii, col. 2207. Les pierres d’une maison pouvaientsubir un effritement que l’on considérait comme unesorte de lèpre. Lev., xiv, 20. Voir Lèpre, t. iv, col. 186.^J Certaines pierres, plus remarquables par leur couleuret leur éclat, étaient aptes à servir d’ornements.Voir Pierres précieuses.

2° Pierres utilisées à l’état brut. — 1. Usages domestiques.— On se sert d’une pierre comme de siège.Exod., xvii, 12. Pour dormir, on met une pierre soussa tête. Gen., xxviii, 11; Luc, ix, 58. «Les Arabes ducommun n’ont pour tout meuble dans leurs maisonsque des nattes, sur lesquelles ils couchent, quelquescouvertures et rarement des coussins; ils se serventd’une pierre pour chevet, qu’ils mettent par-dessus lanatte.» De la Roque, Voyage dans la Palestine, Amsterdam, 1718, p. 176. Cette pierre n’était guère plusdure que le chevet de bois dont se servaient les Égyptiens.Voir t. iv, fig. 93, col. 826. On pesait à l’aide depierres. Prov., xvi, 11. Voir Poids. On cachait sonargent sous une pierre. Eccli., xxix, 13. On faisait certainsexercices physiques à l’aide de pierres. Eccli., vi,


22; Zach., xii, 3. Voir Fardeau, t. ii, col. 2178. Un jetde pierre constituait une sorte de mesure pour lesdistances. Luc; xxii, 41. — 2. Manipulation. — Il yavait temps pour ramasser les pierres et temps pourles disperser. Eccle., iii, 5. On enlevait les pierres desvignes, pour qu’elles ne gênassent pas la culture, ls., V, 2; on les répandait au contraire sur un champ, quand on voulait le rendre stérile, IV Reg., iii, 19, 25.On enlevait les pierres d’une route pour qu’elle devîntplus praticable, Jer., i, 26; mais ce sens, adopté par laVulgate, est tout autre en hébreu. On pouvait êtreblessé par une pierre quand elle retombait pendantqu’on la roulait, Prov., xxvi, 27, quand on la détachaità la carrière, Eccle., x, 9, ou quand elle redescendaitsur le tête de celui qui l’avait jetée. Eccli., xxvii, 28.

— 3. Usages religieux. — L’autel devait être fait depierres non taillées. Exod., xx, 25. Élie bâtit ainsi unautel avec douze pierres sur le Carmel. III Reg., xviii, 31. Saül fit rouler une grande pierre, afin qu’on égorgeâtsur elle les victimes destinées au sacrifice. I Reg., xiv, 33. Cf. Jud., ix, 5, 18. La Loi ordonnait auxHébreux de dresser de grandes pierres dans le pays deChanaan, de les enduire de chaux, et d’y écrire lescommandements divins. L’ordre fut exécuté sur lemont Hébal, et un autel de pierres brutes y fut dressé.Deut., XXsi, 2-5. — 4. Monuments de souvenir. — Leshabitants de la Palestine antérieurs aux Hébreuxavaient, comme tous les anciens peuples, dressé ouutilisé d’énormes pierres afin de perpétuer certainssouvenirs. La Palestine transjordane compte par centainesles monuments mégalithiques, dolmens, voir t.i, fig. 120, col. 491, menhirs et cromlechs, connus depuislongtemps. Plus récemment, on en a découvert uncertain nombre d’autres dans la Palestine occidentale, tels un dolmen aux environs du Nébo, encore à l’estdu Jourdain, le double dolmen d’el-Hosn, au nordouestde la Syrie, etc. Cf. H. Vincent, Monuments enpierres brutes dans la Palestine occidentale, dans laRevue biblique, 1901, p. 278-298; Canaan, Paris, 1907, p. 414-423. Jacob dresse ainsi une pierre comme monumentde son entente avec Laban, et il fait amasserdes pierres en monceau en signe d’alliance. Gen., xxxi, 45-52. En mémoire du passage du Jourdain, Josué ordonne de prendre douze pierres dans le lit dufleuve et ensuite de les dresser à Galgala. Jos., iv, 3, 20-24. Pour marquer la tombe d’Absalom, dans laforêt d’Éphraïm, on élève au-dessus d’elle un monceaude pierres. II Reg., xviii, 17.. Les pierres sont bienindiquées pour servir ainsi de mémorial. Elles ontpour elles la durée, et la disposition particulière qu’onleur impose indique assez qu’on a eu une intention enles plaçant ainsi. À ce même titre, elles fournissentaussi des bornes pour les champs. Voir Bornes, t. i, col. 1854. — 5. Hostilités. — Les pierres peuvent servird’armes offensives. On mettait à mort certains coupablesà l’aide de pierres. Exod., viii, 26. Voir Lapidation, t, IV, col. 90. On jetait des pierres à quelqu’unpour le blesser, II Reg., xvi, 6, 13; Eccli., XXII, 25, oul’on saisissait la pierre en main pour le frapper, Exod., XXI, 18, ou se frapper soi-même. Marc, v, 5. Ondonnait plus de portée à la pierre en la projetant aumoyen d’une fronde. Jud., xx, 16, etc. Voir Fronde, t. ii, col. 2408. Dans la suite, on eut des machinespour lancer de grosses pierres contre les ennemis.I Mach., ii, 36; vi, 51. Voir Baliste, t. i, col. 1414; Catapulte, t. ii, col. 346. Les pierres contribuaient àl’attaque ou à la défense en obstruant des portes. Jos., x, 18; I Mach., v, 47. La pierre devenait dangereusepar elle-même quand elle était placée sur le cheminpour faire tomber le passant. Ps. xci (xc), 12; Eccli., xxvli, 29; xxxil, 25; ls., viii, 14; Matth., IV, 6; Luc, iv, 11. — Sur la pierre de scandale, Rom., ix, 23; I Pet., ii, 8, voir Scandale. — 6. Autres usages. — Les

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pierres servaient à fermer des puits ou des excavations diverses. Gen., xxix, 2, 3, 8, 10; Dan., vi, 17.Jetée dans l’eau, la pierre va au fond, à cause de sonpoids, et entraîne avec elle ceux qui y sont attachés.Exod., xv, 5; Jer., li, 63; II Esd., ix, 11; Apoc, xviii, 21. Voir Meule, t. iv, col. 1054. — La pierre à feu estmentionnée II Mach., x, 3. — Certaines pierres remarquables, soit par leur grandeur naturelle, soit parle souvenir qu’on y attachait, ont donné leur nom àplusieurs localités. Voir Pierre 5, col. 415; Ében, Ében-Ézer, t. ii, col. 1525, 1526.

Pierres travaillées.

Dans les plus ancienstemps, les habitants de la Palestine ont commencé àtailler la pierre. Des dolmens subissent déjà un travailreconnaissable, comme celui de Tell el-Mataba, qui estrégulièrement troué. On taille ensuite des pierres pourles consacrer à des usages religieux, voir Betyle, t. i, col. 1765, funéraires ou profanes. Voir Stèle. Au Sinaï, la Loi est donnée sur des tables de pierre, Exod., xxiv, 12, que Moïse brise, Exod., xxxii, 19, et remplace ensuite. Exod., xxxiv, 1; II Cor., iii, 7. Souvent, le nomde «pierre» sert à désigner les idoles, à cause de lamatière dont elles sont faites. Deut., iv, 28; xxviii, 36; Sap., xiii, 10; Jer., ii, 27; Act., xvii, 29, etc. On fabriqueen pierre divers objets utiles, meules, voir Meule, t. ii, col. 1052, portes, voir Porte, surtout pour lestombeaux, Matth., xxvii, 66; Marc, xv, 46; Joa., xi, 38, voir t. ii, col. 1478, pressoirs, voir Pressoir, etc. Onutilise la pierre à la construction des murs, des maisons, des palais, du Temple, ainsi qu’au dallage de certainsespaces. Voir Pavé, t. iv, col. 2237. Les Gibliens étaientrenommés pour leur habileté à mettre la pierre enœuvre, voir Gébal, t. iii, col. 139, et on les employapour les grandes constructions salomoniennes. On taillait la pierre, IV Reg., xii, 12; Am., v, 11; I Mach., xi, 10; on la polissait, quand il était besoin, I Mach., xiii, 27; on l’appareillait pour que toutes ses faces fussentà angle droit les unes des autres. III Reg., v, 17; Is., ix, 10; Lam., iii, 9; Ezech., xl, 42; Am., v, 11. On plaçaitd'énormes pierres pour servir de fondements à l'édifice, III Reg., v, 17; Jer., xliii, 9, 10, ou de pierresangulaires à l’intersection des murs. Voir Angulaire (Pierre), t. i, col. 601. Les belles pierres de leur Templeont toujours émerveillé les Hébreux, qui prenaientgrand soin de les réparer à l’occasion. III Reg., vi, 7-vii, 12; IV Reg., xii, 12; xxii, 6. Ils aimaient les pierresde leur Temple. Ps. cii (ci), 15. Les Apôtres se firentun jour l'écho de cette admiration et de cet amour, auprès de Notre-Seigneur. Marc, xiii, 1; Luc, xxi, 5.

Mais les plus solides amas de pierres n'étaient pasà l’abri de la destruction. Une ville pouvait être si bienruinée qu’il n’en restât pas un caillou, c’est-à-dire pasla plus petite pierre informe. II Reg., xvii, 12. Desmonceaux de pierres représentent seuls les cités ruinées. Is., xvii, 1; Jer., xxvi, 18; Mich., i, 6; iii, 12. DuTemple d’Hérode, qui semblait si solidement assis surses fondations, le Sauveur prédit qu’il ne resterait paspierre sur pierre. Matth., xxiv, 2.

La pierre, soitisolée, soit enclavée dans des constructions, pouvaitrecevoir des inscriptions, voir Stèle, ou une décorationsculpturale. Voir Sculpture.

Autres mentions de la pierre.

1. Comparaisons.

L’eau gelée devient comme de la pierre. Job, xxxviii, 30. Être comme une pierre signifie qu’on estsous le coup de la stupéfaction. I Reg., xxv, 37. Uncœur de pierre est un cœur dur, insensible et inintelligent. Ezech., xi, 19; xxxvi, 26. Certaines pierres ontquelque ressemblance avec le pain; le démon en prendoccasion de proposer à Notre-Seigneur le changementdes pierres en pain, Matth., iv, 3; Luc, iv, 3, et leSauveur lui-même, faisant allusion à la même ressemblance, dit qu’un père ne donnerait pas une pierre àson enfant qui réclame du pain. Matth., vii, 9; Luc, En cours Dictionnaire de la Bible/Tome 5.1.b PIERRE-PROMESSE - Wikisource (1)

xi, 11. Dans les déserts rocheux, les pierres plus oumoins hautes se dressent à perte de vue et ont l’aird'êtres immobiles: Dieu, par sa puissance, pourraitchanger ces pierres en fils d’Abraham. Matth., iii, 19; Luc, iii, 8. Le paresseux est comparé à une pierre, souillée d’ordure et qu’on ne peut toucher. Eccli., xxii, 1. Voir t. ii, col. 2136. Rien de plus commun que lespierres; l’argent était aussi commun à Jérusalem sousSalomon. III Reg., x, 27. — 2. Métaphores. — Avoirune alliance avec les pierres des champs, c’est vivre.enpaix sur le sol où l’on a sa tente. Job, v, 23. Quand onbâtit sa maison avec des gains iniques, la pierre criedelà muraille, c’est-à-dire les êtres inanimés protestenteux-mêmes contre l’injustice. Hab., ii, 11. À défautdes enfants acclamant le Sauveur, les pierres ellesmêmes auraient crié pour saluer en lui le Messie. Luc, xix, 40. — 3. Symboles. — Dans un songe, Nabuchodonosor vit une haute statue qu’une pierre vint briseret dont elle ne laissa pas trace; la pierre devint ensuiteune grande montagne. Cette pierre représentait leMessie et son royaume, devant lequel devaient disparaître toutes les autres puissances de la terre. Dan., il, 34-45. — Le Sauveur traite saint Pierre comme lapierre sur laquelle il doit asseoir inébranlablementl'édifice de son Église. Matth., xiv, 18. Les fidèles sonteux aussi des pierres vivantes et spirituelles appelées àentrer dans la construction. Eph., ii, 20-22; I Pet., ii, 4-8. — Au vainqueur, Dieu donnera une pierre blanche, postant un nom écrit, que connaît seul celui qui lareçoit. Apoc, ii, 17. Le caillou blanc marquait, chez lesanciens, les jours heureux et les votes favorables.Cf. Martial, ix, 53; Perse, ii, 1; Ovide, Metam., xv, 41. Pour saint Jean, il désigne le sort heureux attribuédans le ciel à celui qui a bien combattu sur la terre.

H. Les être.PIERRE PRÉCIEUSE, pierre remarquable par sacouleur, son éclat ou sa rareté. Les pierres précieusesétaient recherchées des Orientaux qui les faisaient entrerdans la composition de leurs bijoux, anneaux, bracelets, colliers, pendants d’oreille, dans l’ornementation desvêtements, couronnes de rois, voiles, etc. II Reg., xii, 30; I Par., xx, 2; Judith, x, 19; xv, 14; Cant., x, 14, etc.Voir Bijoux, 1. 1, col. 1794.

I. Nom général. — On les appelle habituellement enhébreu 'ébén yeqâràh, «pierre de prix» (cf. l’assyrienubnu aqartu, pierres précieuses, Frd. Delitzsch, Assyrisches llandwôrlerbuch, in-8°, Leipzig, 1896, p. 8).II Reg., xii, 30; III Reg., x, 2; I Par., xx, 2; II Par., ix, 1, 9, 10; xxxi, 27; Ezech., xxvii, 22; xxviii, 13; Dan., xi, 38. Quelquefois 'ébén yeqâràh est employé non pour despierres précieuses proprement dites, mais pour des pierres de construction, comme le marbre, etc. L’expression'ébén yeqâràh, pierre précieuse, est parfois remplacéepar une locution équivalente, comme 'ébén héfés, Is., Liy, 12, mot à mot «pierre de désir», pierre qui excite le désir, la convoitise 'par sa beauté; ou comme 'ébnê hên, Prov. xvit, 8, «pierres de grâce, de beauté,» c’est-àdire belles pierres. On rencontre aussi le mot 'ébénaccompagné du nom d’une espèce particulière de pierresprécieuses, par exemple 'ébén sôham, pierre de soham, ou onyx; 'ébén sappir, pierre de saphir; 'ébén éqdah, pierre d'éclat, Is., liv, 12, escarboucle ou rubis. Lemot 'ébén «pierre» sans addition ne se trouve dansle sens de pierre précieuse, que lorsque le contexte, comme une énumération de pierres précieuses, vientpréciser la signification et écarter toute amphibologie.Les Septante traduisent ces diverses expressions parXt'60; Ttutb; ou XiGoç yprjcrro; , Xîôo; èxXexTÔç, >.190; TioXuteXtiç; et la Vulgate par lapis pretiosus ou gemma.

II. Provenance. — L’Egypte, l’Arabie, PIndé fournirent aux Hébreux les 17 ou 18 pierres précieuses mentionnées dans les textes bibliques. Elles leur arrivaientpar les caravanes de marchands qui.de l’Inde où de

l’Arabie venaient en Phénicie apporter leurs richesses, ou par leurs relations avec l’Egypte et la Phénicie.A certaines époques même ils allèrent eux-mêmes enchercher jusque dans l’Inde. «On ne saurait parcourirune galerie égyptienne sans être surpris du nombreprodigieux de menues figures en pierre fine qui sontparvenues jusqu’à nous. On n’y voit pas encore lediamant, le rubis ni le saphir; mais à cela près, ledomaine du lapidaire était aussi étendu qu’il l’est aujourd’huiet comprenait l’améthyste, l’émeraude, le grenat, l’aigue-marine, le cristal de roche, le prase, les millevariétés de l’agate et du jaspe, le lapis-lazuli, le feldspath, l’obsidienne… Le plus grand nombre de ces substancesétaient taillées en perles rondes, carrées, ovales, allongées en fuseau, en poire, en losange. Enfilées etdisposées sur plusieurs rangs, on en fabriquait descolliers, et c’est par myriades qu’on les ramasse dans lesable des nécropoles… La perfection avec laquelle beaucoupd’entre elles sont calibrées, la netteté de la perce, la beauté du poli font honneur aux ouvriers, t G. Maspero, L’archéologie égyptienne, in-8°, Paris, 1887, p. 234.Ces pierres précieuses, les Égyptiens les trouvaient ouchez eux, ou en Ethiopie et jusque dans la terre dePount, dans la presqu’île du Sinaï et en Arabie. Lesdocuments de la XVIIIe dynaslie les signalent parmi lesprésents que les rois de Babylone, les princes de Mitaniou des Hethéens envoyaient au Pharaon. G. Maspero, Hist. ancienne des peuples de l’Orient classique, in-8°, Paris, 1897, t. ii, p. 284. L’Egypte pouvait donc fourniraux Hébreux, dès le temps de l’Exode, toutes les pierresnécessaires à la confection du pectoral du grand-prêtre.

Plus tard, fixés en Palestine, ils voyaient passer parleur pays les marchands qui, de Babylonie ou de Perse, allaient en Egypte. Ils pouvaient aussi entrer en relationavec les marchands de Saba et de Rééma qui apportaientà Tyr toutes espèces de pierres précieuses, Ezech., xxvii, 22. Sur les marchés de cette grande villecommerçante, il leur était facile d’acquérir les pierresprécieuses apportées par les Syriens. Ezech., xxvii, 16.Nous voyons aussi à l’époque de Salomon la reine deSaba apporter au monarque une grande quantité depierres précieuses. III Reg., x, 2, 10. Salomon lui-mêmeéquipait des flottes pour le pays d’Ophir, qui avec d’autresproduits de l’Inde revenaient chargées de pierresprécieuses. III Reg., x, 11, t. iv, col. 1832. Et on saitcombien les anciens ont vanté la beauté et l’abondancedes pierres précieuses de ce dernier pays. S. Jérôme, Epist., cxxxv, 3, t. xxil, col. 1073-1074; Lassen, lndischeAlterthumskunde, in-8°, 1866, 1. 1, p. 364; Vigouroux, LaBible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. iii, p. 390. Il y avait en Israël des artisans habiles àtravailler ces pierres, à les tailler, à les enchâsser, à lesgraver. Ainsi Béséléel à l’époque de l’Exode était renomméen cet art, Exod., xxxv, 33; et son travail étaitresté célèbre. Eccli., xlv, 13.

III. Détermination des espèces de pierres précieuses.— Pour classer et dénommer ces pierres précieuses, les Hébreux ne pouvaient, comme aujourd’hui, s’arrêter à l’analyse de leur composition chimique et àleurs formes cristallines. Pour eux, comme pour lesanciens, on tenait compte de la couleur surtout, desautres qualités extérieures, de l’usage, etc., et ainsi souventon comprenait sous un même nom des pierres decouleur identique ou approchante, mais de compositiontrès différente. De plus, avec le temps les dénominationsont changé; ainsi par exemple on admet généralementque ce que les anciens appelaient chrysolithe est notretopaze, et que le saphir n’était qu’un lapis-lazuli, etc.De là la difficulté de déterminer exactement l’espècede pierre comprise sous les noms qu’ils employaient. Onpeut aboutir cependant à des déterminations certainesou du moins probables, en tenant compte des divers élémentsde solution suivants: l’étymologie des noms hébreux et la comparaison de ces noms avec les termes desdifférentes langues sémitiques, ou avec la langue du paysd’origine de ces gemmes; les différentes versions anciennescomme les Septante, l’Itala et la Vulgate, la versionsyriaque et les Targums, et les interprétations deJosèphe ou des Rabbins; les qualités ou les usages queles textes sacrés attribuent à ces pierres et leur groupementen séries disposées avec art, permettant de mieuxpréciser les couleurs et les nuances; enfin les descriptionsdes mêmes pierres dans les auteurs anciens, commeStrabon, Diodore de Sicile, Théophraste, Pline l’ancien, et aussi dans les lapidaires, bien que ceux-ci s’occupentdavantage du sens mystique et des propriétés occultesdes pierres précieuses.

Ces ressources ont été utilisées dans les articles consacrésà chacune de ces pierres. Il reste ici à donner lesprincipaux groupements que l’on rencontre dans làSainte Écriture, et dont l’observation peut être utile àla détermination de chacune des pierres ainsi artistementrangées.

Trois groupements principaux méritent de fixer l’attention: les pierres du rational, Exod., xxviii, 17-20, etxxxix, 10-13; les pierreries du roi de Tyr, Ezech., xxviii, 13; et les pierres des fondements de la Jérusalem céleste.Apoc, xxi, 18. Et’il est à remarquer que les deux derniersgroupements’dépendent étroitement du premier.

1° Pierres du rational. — Les 12 pierres du pectoralou rational sont disposées 3 par 3 sur 4 rangées, etplacées selon le texte massorétique de la façon suivante.Les rangées commencent de haut en bas, et lespierres dans chaque rangée vont suivant la coutumehébraïque de droite à gauche. Nous les disposons dansle même ordre pour la comparaison qui sera faite plusbas avec le texte de l’Apocalypse.

1 er rang: 3. Bâréqèt 2. Pitddh 1.’Ôdém

2e rang: 6. Yahâlôm 5. Sappîr 4. Nôfék

3e rang: g.’Ahlâmâh 8. Sebô 7. LéSéni

4e rang^; 12. YaSféh il. Sôham 10. Tarsis

Les Septante dans Exod., xxviii, 17-20 et xxxix, 10-13, les traduisent et les rangent ainsi:

3. a[tâpa-f50; 2.. ToitâÇiov 1. erctpStov

(12) 6. foccraiç 5. a&Tzyeiçioi; 4. av6p «Ç

9. àfiiOuaioç 8. â/irci]; 7. lifvpiov

(11)12. ôvi^iav (6)11. firipûXXiov 10. -/puffdXiâoç

On peut remarquer que dans le manuscrit hébreuqu’ils traduisaient, les Septante ne trouvaient pas lejaspe à la 12e place, mais à la sixième, t. iii, col. 1143.Plusieurs anciens copistes pouvaient avoir transcritl’un pour l’autre deux noms qui ont une certaine ressemblancedans le texte hébreu naroi et nbn>, les deuxmots commençant par un t, yod, et l’ensemble deslettres ayant, surtout dans l’ancienne écriture, grande

analogie, ^^3^) yahâlom, et H^W^, yasfeh.

De même les copistes des Septante ont dû intervertirl’ordre des deux dernières pierres, le Sôham à la11e place de l’hébreu étant l’onyx, qui se trouve dansla leçon actuelle des Septante rejeté en 12e lieu, t. iv, col. 1824. Nous avons indiqué la correspondance avecle texte hébreu massorétique par des chiffres entreparenthèses. La Vulgate suit la traduction des Septante, et, comme elle, place le jaspe eu 6e lieu au lieu du 12*.Mais cette version latine n’intervertit pas la 11° et la12e pierre.

3. Smaragdui, 2. Topazius 1. Sardius

(12) 6. Jaspis 5. Sapphirus 4. Carbunculii-S

9. Amethystus 8. Achates] 7. Ligurius

(6) 12. Beryllus, 11. Onychinus 10. Chrysolithus

Nous trouvons dans Josèphe en deux passages deses ouvrages, Bell, jud., V, v, 7, et Ant. jud., III, vii,

5, l'énumération des pierres du rational. On voit qu’ilsuit les Septante: il conserve les mots employés parcette version pour rendre les termes hébreux, et l’ordredes rangées; mais il intervertit plusieurs fois la placedes pierres dans les rangées, sans doute parce qu’ilcite de mémoire. Et dans les deux passages indiqués, sur ce dernier point, il ne s’arrête pas à la même disposition.Nous mettrons entre parenthèses le numérode la place des mêmes pierres dans le texte hébreu actuel.

1. accpSiov4. ôfvOpa^(8)1. àxâtYjç(11)10. ovu$

1. <jap86vui; 4. avépai; "I. XÊ-pjpoç10. xP U0 ^'^°î

Dans Bell, jud., V, v, 7.

3. 17(1.3 pa-fSo; 2. T(5naÇo «

(5) 6. uàitiçsipoç (12) 5. ïaamç(1) 9. iiY’iptov (9)8. àné&u<"o;

(10)12. xpu<rM180ç (6)11. ^puUo;

DansÀnf. jud., III, vii, 5.

3. (7(iapafSo{ [2. tôitaÇos

. (5) 6. oœTtçsipo; (12) 5. ïa<7ni; (8)9. àxoroiç (9)8. à; j18u<rt<;

6(12). pTipuXXoc U. o’iii,

2° Pierres précieuses du roi de Tyr dans Ezéchiel, xxvih^ 13.

1. 'Odém, 2. Pildâh, 3. Yakâlôm, 4. Tarsis, 5. $ôham, 6. yâsfêh, T. sapph; 8. nôfék, 9. bâréqéj. Cetteénumération de 9 pierres se termine par vezâhâb, «etde l’or.»

Les Septante ou bien lisaient un teste plus completet différent en plusieurs points; ou bien plus probablement, leurs copistes ont ajouté trois pierres etmodifié l’ordre afin de se rapprocher de l'énumérationdu rational. On lit en effet:

1. irâpSio; , 2. TOnâÇioç, 8. ffjiàpœfSoç, 4. avOpaE, 5. oaTcçsipoç, 6. faaiuç.

Après ces six premières pierres le texte ajoute iciàpf lipioç xai xpuffoç, «l’argent et l’or,» et il reprend:

(7. Xifûptoi; , 8. àxàTïjç, 9. àneOuaToç, 10. "/P uo U t ( K'

11. [ÎTIplSXXtOÇ, 12. ÔVU)(10Ç.

C’est, on le voit, absolument la disposition desSeptante pour les 12 pierres du rational, tandis quedans le texte hébreu d'Ézéchiel il n’y a que 9 pierreset elles sont disposées dans un ordre différent despierres du rational, soit selon l’hébreu, soit selon laversion grecque. Les pierres du texte hébreu d'Ézéchielrépondent, dans; la traduction des Septante ]dela description du rational, aux numéros 1, 2, 11, 10, 12, 6, 5, 4, 3. Saint Jérôme sur ce passage d'Ézéchielavait remarqué la différence de l’hébreu et des Septante, et il ajoutait qu’Aquila, Symmaque etThéodotionen cet endroit différaient totalement entre eux, etavec les Septante, pour l’ordre, le nombre et mêmeles noms. La Vulgate comme l’hébreu n'énumère que9 pierres et suitle même ordre, sauf qu’il y a interversionentre le jaspe et le béryl. Le syriaque et le chaldéenn’ont que huit pierres.

3° Les pierres de la Jérusalem céleste. — Nous trouvonsdéjà dans Tobie, xiii, 16-17 (texte grec), un essaide description de la Jérusalem céleste, où entrent lespierres précieuses, mais moins développé que dansl’Apocalypse. «Les murs de Jérusalem sont de saphir etd'émeraude et de diverses pierres précieuses; les ruessont pavées de béryl et d’escarboucle.» Dans l’Apocalypse, xxi, 18-20, les pierres sont au nombre de 12 quesaint Jean rie range pas par séries, mais que nousdisposons en 4 rangées pour les comparer plus facilementavec les pierres du rational. Nous Élisons précéderchaque pierre d’un chiffre indiquant le numérod’ordre dans le texte de l’Apocalypse. Le chiffre placéentre parenthèses indique la place correspondante

dans la traduction grecque de la description du rational.

(5)2. <râitçetpo5 (4)3. x a ^Xe ^ v

(12) 5. «rapSôvuÇ (1) 6. (TapStov

(11)8. pàpuUo; (2)9. tonâÇio»

(7)11. uàxivôoi; (9)12. àui<h><ri: oç

(6)1. laaiciç

(3) 4. <T[jLâpay50; (10)7. xpotfôXtOo; (8)10. xpwoitpatJtç

On peut remarquer que des manuscrits portent-/apXï|8<ov au lieu de x a ^*s8civ ou ^où.Tt.r l Sc! >v; ce quidonnerait, au lieu de la calcédoine, l’escarboucle etrépondrait alors exactement au nôfék du rational, traduitav8pa? par les Septante, t. ii, col. 56. La chrysoprasede saint Jean n’est peut-être pas la chrysoprase moderneet ne serait qu’une des variétés de l’agate, le Sebadu rational, t. ii, col. 742. L’hyacinthe ne serait autrechose que le ligure, léSem du rational, t. iii, col. 789ett. iv, col. 254.

A l’exception du oapêôvu? et du ToirâÇiOT) qui devraientéchanger leur place, les pierres de l’Apocalypse conserventla disposition générale des 4 rangées du rational, tout en variant l’ordre des rangées et la dispositiondes pierres dans chaque rangée. Ainsi les3 premières pierres de saint Jean sont les pierres dela 2 «rangée du rational selon le texte lu par les Septante, mais énumérées à rebours. Avec la transpositionindiquée tout à l’heure, la 2e et la 3e rangée de saintJean répondraient à la l r» et à la 4e du rational. Lestrois dernières pierres de saint Jean sont les pierres dela 3° rangée, dans un ordre ni semblable, ni inverse, mais différent. En somme donc l'énumération de l’Apocalypseest visiblement inspirée du rational, sans enêtre cependant la copie. Les 12 pierres du rationalreprésentaient pour les Hébreux tout ce qu’il y avait deplus beau en pierreries. Aussi Ezéchiel s’eu inspirepour joindre la richesse du roi de Tyr. Et saint Jeanqui ne pouvait manquer de voir et d’indiquer le caractèretypique de la loi ancienne à l'égard de la nouvelleet d’Israël avec le peuple chrétien, signale ainsi lerapport entre les 12 patriarches et les 12 tribus avecles 12 Apôtres et le peuple nouveau. Apoc, xxi, 12, 14.Les noms des 12 enfants de Jacob étaient, comme onsait, gravés par ordre sur chacune des 12 pierres. Oncroit généralement que cet ordre est celui de la naissance.1. Ruben, 2. Siméoh, 3. Lévi, 4. Juda, 5. Dan, 6. Nephthali, 7. Gad, 8. Aser, 9. Issachar, 10. Zabulon, 11. Joseph, 12. Benjamin, — Joseph qui donna naissanceaux deux tribus d'Éphraim et de Manassé, occuperaitla onzième place, où se trouve l’onyx ou sardonyxaux deux couleurs.

Avec les.divers moyens d’information indiqués plushaut et la comparaison des pierres dans les différentsgroupements qui tous dépendent du rational, on peutétablir le tableau suivant (fig. 83 A):

3. Emeraude(Vert pur)6. Béryl ouaigue-marine(Vert bleuâtre)9. Améthyste(Violet pttr)

[12. Jaspe.(Vert foncé)

2. Topaze des anciens

(Vert jaune)

5. Sapbir des anciens

Lapis-Lazuli

(Bleu ciel)

8. Agate ou

Chrysoprase

(Grisâtre clair)

11. Onyx ou variété

de Sardoine

(Blanc et rouge)

1. Sarde ou Cornaline(Rouge-sang clair)4. Escarboucleou Grenat syrien(Rouge lie de vin)7. Ligure ou hyacinthe(Rouge orangé

foncé)

10. Chrysolylhe' des

anciens (notre topaze)

(Jaune d’or)

L’arrangement harmonieux des couleurs demandeque le béryl soit à la sixième place et non à la douzième.Le jaspe fait moins bien,; placé sous l'émeraude, qu'à ladouzième place. La disposition donnée dans le textehébreu est donc plus heureuse que celle des Septante.

IV, Liste alphabétique des pierres précieuses dela Bible. — En dehors des pierres du rational qui formentcomme l'écrin des plus belles pierres connuesdes Hébreux, aux^temps anciens, il j a quelques gemmes [Image à insérer]

mentionnées isolément, ’comme le diamant et peut-êtrele rubis, du moins les pierres entendues autrefois sousces noms. On peut ranger aussi parmi les pierres précieuses, bien que leur origine soit différente, le corailet la perle (fig. 83 B).

Voici l’énumération alphabétique des unes et desautres:

1. Agate (sebô, Septante: àx<i’» )Ç> Vulgate: achates), la seconde pierre de la troisième série des pierres précieusesdu rational, Exod., xxviii, 19; xxxix, 12; Voirt. i, col. 264. C’est la chrysoprase de Saint Jean.Apoc., xxi, 20, t. if, col. 742. Omise dans le texte hébreud’Ezéchiel, xxviii, 13; mais mentionnée dans la traductiondes Septante.

2. Améthyste (hébreu: ’ahlàmâli, Septante: à[iEÔv<rtoç; Vulgate: amethystus), la 3 me pierre du 3 m «rangdans le rational, Exod., xxviii, 19; xxxix, 12; et la12 8 pierre fondamentale de la nouvelle Jérusalem.Apoc, xxi, 20. Omise dans le texte hébreu, mais rétabliepar la version des Septante dans Ezech., xxviii, 13.Voir t. i, col. 478.

3. Béryl (hébreu: yahàlôm; Septante: BrjpuWoç; Vulgate: beryllus), la 3e pierre du second rang dans lerational d’après le texte hébreu, Exod., xxviii, 19; xxxix, 12, la 2e du 4e rang d’après le texte reçu desSeptante; et la 3e du 4 8 rang dans la Vulgate. C’est la3e pierre dans Ézéchiel, xxviii, 13. Elle figure dans letexte grec de Tobie, xiii, 17, mais manque dans la Vulgate.Bans V apocalypse, xxi, 20, c’est la 8e pierre fondamentale.Voir t. i, col. 1637.

4. Calcédoine (grec: xa^zcSciv et xaXx^Stov et d’aprèsquelques mss. xap^îiiv; Vulgate: chalcedonius). Lacalcédoine est une variété d’agate; mais toute l’antiquitéa souvent confondu le chalcedonius avec le charchedonius, l’escarboucle. Elle occupe la 3e place parmiles pierres de la Jérusalem céleste, Apoc, xxi, 19, etne serait autre que le nôfék ou av6pa$ du rational.Exod., xxviii, 17. Voir t. ii, col. 55.

5. Chrysolythe (hébreu: tarHS; Septante: yjiuab-Xi60; ; Vulgate: chrysolythus), la dixième pierre durational, Exod., xxviii, 20; xxxix, 13; la 4e dans l’énumérationd’Ezéchiel, xxviii, 13; la 7e des pierres de laJérusalem céleste. Apoc, xxi, 20. Dans Ezech., 16, Cant., v, 4; Dan., x, 6, les traducteurs grecs gardent lemot sans le traduire: 6apm «, 8ap<r£i; . La chrysolithedes anciens serait notre topaze actuelle. Voir t. ii, col. 740.

6. Chrysoprase (grec: xpu^upairoç; Vulgate: chrysopraws), la dixième pierre de la Jérusalem céleste.Apoc., xxi, 20. Ce ne serait probablement pas la chrysoprasemoderne, mais une sorte ^d’agate et elle correspondraità la 8e pierre du rational. Voir t. ii, col. 742.

7. Corail (hébreu: ra’mof; Septante: ns-réwpa, poi|jto6; Vulgate: excelsa, sericum), matière calcaire sécrétée parcertains polypes, le corail rouge, f Job, xxviii, 18; Prov., xxiv, 7; Ezech., xxvii, 16. Voir t. ii, col. 955.

8. Cornaline (hébreu: ôdem; Septante: dâpSiov; Vulgate: sardius), pierre qui varie’du rouge sang foncéau rouge chair, nuancé de jaunâtre, était confondueavec la sardoine. C’est la l re pierre du rational; Exod., xxviii, 17; xxxix, 10; la première des pierres duroi de Tyr, Ezech., xxviii, 13; la sixième pierre de lacité céleste, Apoc, xxi, 19. Voir. t. ii, col. 1007.

9. Cristal (hébreu: gâbiS, Job, xxxiii, 18, et qérah, Ezech., i, 22, mots qui ont d’abord le sens de glace, mais qui s’entendent aussi du cristal de roche, commele mot grec xpûcxaXXoc). Voir t. ii, col. 1119.

10. Diamant (hébreu: $âmîr; Septante: à8a[juxvTÉvo; ; Vulgate: adamas, adamanttnus). Ezech., iii, 9; Zach., vii, 12; Jér., xvii, 1. Ce ne serait pas le vraidiamant que les anciens ne savaient pas tailler etpolir; mais le yaqout blanc des arabes, appelé <jquptç, la pierre asmir des Égyptiens, c’est-à-dire une pierre

dure et brillante, le corindon limpide. Voir t. ii, col. 1403.

11. Émeraude (hébreu: bârèqét; Septante-r at.âpayBoç; Vulgate: smaragdus), la 3° pierre du rational, Exod., xxviii, 17; xxxix, 10, la9°pierre d’Ezéchiel, xxviii, 13; la 4e pierre de la Jérusalem céleste. Apoc, xxi, 19.Elle figure parmi les pierres de la Jérusalem nouvelle deTobie., xiii, 16 (Vulg. 21). Elle ornait le pavillon d’Holopherne.Judith, x, 21 (Vulgate, 19).; Le texte grec de l’Ecclésiastique, xxxii, 8, mentionne un cachet d’émeraudeenchâssé dans l’or; mais le texte hébreu récemmentdécouvert n’a pas le mot émeraude ni l’indication d’unepierre particulière pour le cachet. Voir. t. ii, col. 1729,

12. Escarboucle (hébreu: nôfék; Septante: av9p «5; Vulgate: carbunculus), la l re pierre du second rangdans le rational; Exod., xxviii, 18; xxx, 11; la8 8 pierredu roi de Tyr, Ezech., xxviii, 13; une pierre qu’onapportait à Tyr, Ezech., xxvii, 16; peut-être la3° pierre fondamentale de la cité céleste. Apoc, xxi, 19.L’Ecclésiastique, xxxii, 7, parle de joyau fait d’uneescarboucle enchâssée dans l’or; et dans le texte hébreuretrouvé on constate en effet le mot nôfék (xxxii, 5).Voir t. ii, col. 1907.

13. Hyacinthe (Apocalypse: uixivSoc; Vulgate: Hya~cinthus), la onzième pierre de la cité céleste. Apoc, xxi, 20. Elle paraît n’être autre chose que le ligure, lésem, la 7e pierre du rational. Voir t. iii, col. 787.

14. Jaspe (hébreu: yaSfeh; laann; Vulgate; jaspis), la 12e pierre du rational selon le texte massorétique, la6e selon la version grecque et la Vulgate, Exod., xxviii, 20; xxxix, 13; la 6e pierre d’Ezéchiel, xxviii, 13; lal re pierre de la Jérusalem céleste. Apoc, xxi, 19. Voirt. iii, col. 1142.

15. Ligure (hébreu: lésém; Septante: Xtyvpiov; Vulgate: Ugurius). la l rB pierre du 3e rang dans lerational. Exod., xxviii, 19; xxxix, 12. Ce serait lapierre hyacinthe de l’Apocalypse, xxi, 20, d’après saintÉpiphane et de nombreux exégètes. Elle manque dansl’énumération d’Ezéchiel, xxviii, 13, d’après le textehébreu, mais figure dans la traduction grecque. Voirt. IV; col. 254.

16. Onyx (hébreu: Sôham; Septante: ôvûxiov; Vulgate: onychinus) la 11e pierre du rational, Exod., xxviii, 20; xxxix, 13, mise au 12e rang par les Septante.C’est la 5e pierre de l’énumération d’Ezéchiel, xxviii. 13, d’après l’hébreu, rejetée la 12e dans la traductiongrecque. C’est le sardonyx de l’Apoc, xxi, 19.Voir t. iv, col. 1823.

17. Perle (grec: (japYapmi; Vulgate: margarita), substance brillante qui se forme dans l’intérieur decertaines coquilles marines. Voir t. v, col. 144. — Surles peninim que les uns regardent comme du corail, d’autres comme des perles, voir t. ii, col. 957.

18. Rubis. Quelques auteurs voient dans le kadkodd’Is., liv, 12, et d’Ezéchiel, xxvii, 16, une pierre rougeéclatante qu’ils identifient avec le rubis. Pour d’autresc’est le’éqdâb, , pierre étincelante, Is., liv, 12, qui seraitle rubis. Voir Rubis.

19. Saphir (hébreu: sappîr; Septante: <rârfç£ipov; Vulgate: sapphirus), la 5e pierre du rational, Exod., xxxm, 19; xxxix, 13; la 7e pierre d’Ezéchiel, xxviii, 14, selon l’hébreu’,; placée la 5e dans le grec. La 2e pierrefondamentale de la cité céleste. Apoc, xxi, 19. On saitque le saphir des anciens est plutôt le lapis-lazuli.Quelques auteurs croient que la turquoise serait désignéepar ce nom.

20. Sardoine (hébreu: ’ôdêm; Septante: mipSiov; Vulgate: sardius), la première pierre du rational, Exod., xxviii, 19; xxxix, 12; la première des pierresprécieuses du roi de Tyr, Ézech., xxviii, 13; la sixièmepierre fondamentale de la cité céleste. Apoc, xxi, 19.

21. Topaze (hébreu: pitddh; Septante: TomiÇiov, Vulgate: topazius), la seconde pierre du rational, Exod.,

xxviii, 17; xxxix, 19; Ja seconde aussi de l’énumérationd’Ézéchiel, xxviii, 13; la 9e pierre fondamenlale de lanouvelle Jérusalem. Apoc, xxi, 20. Ce n’est pas labelle pierre’jaune d’or que nous nommons aujourd’huitopaze et que les anciens appelaient chrysolithe.C’est une pierre d’Ethiopie, Job, xxviii, 19, qui pourraitn’être qu’un péridot, ou une pierre vert olive, ou vertjaune. Voir Topaze.

V. Comparaisons. — Les pierres précieuses en général, ou telle pierre déterminée, servent de terme decomparaison pour marquer une chose de grand prix.Ainsi l’attente de celui qui espère est une pierre précieuse.Prov., xvii, 8. Les lèvres savantes ont plus devaleur que les pierres précieuses. Prov., xxii, 5. Lasagesse est supérieure à la topaze d’Ethiopie. Job., xxviii, 19. — Dans Ps. cxix, 127, où le Psalmiste aime la loi deDieu plus que l’or fin, pâz, les Septante et la Vulgateont vu à tort une pierre précieuse, la topaze.

VI. Bibliographie. — Théophraste, De lapidibus; Pline, U. N., xxxvii; S. Épiphane, De duodecim gemmis(t. xliii, col. 294-304) et son ancienne versionlatine (loc. cit., col. 322-366); S. Isidore, Etymolog., xvi, 6-15, De lapidibus, t. lxxxii, col. 570-580; J.Braunius,

Vestitus Sacerdotum hebreeorum, in-8°, Leyde, 1680, 1. II, c. viii-xix, p. 627-745; E. Fr. R. Rosenmullcr, Handbuch der biblischen Alterthumskunde, in-8°, Leipzig, t. iv, I re partie; G. B. Winer, Biblisches Realwôrterbuch, in-8°, Leipzig, 1847, 1. 1, p. 281-284, Edelsteine; Ch. William King, Antique Gems, in-8°, Londres, 1860; 2e édit., 2 in-8°, 1872; The natural history of gems ordécorative stones, in-12, Londres, 1867; 2e édit., 1870; de Saulcy, dans la Revue archéologique, août 1869, p. 91; Ch. de Linas, Les origines de l’orfèvrerie cloisonnée, 3 in-8°, Paris, 1877, 1878, 1887; Clément Mullet, Essai sur la minéralogie arabe, extrait du Journalasiatique, 1868; E. Jannetaz et E. Fontenay, Diamantet pierres précieuses, in-8°, Paris, 1881; Ch. Barbot etBaye, Guide pratique du joaillier, in-8, Paris, s. dedansDaremberg et Saglio, Dictionnaire des antiquitésgrecques et romaines, t. ir, 2 «partie, in-4°, 1896, articleGemmai par E. Babelon, p. 1460-1488; dans Hastings, Dictionary of the Bible, t. iv, in-4°, 1902, p. 619-621, article Precious Stones de W. M. Flinders-Petrie. —On peut consulter aussi les divers lapidaires et les autresouvrages cités aux articles spéciaux sur chaqueespèce de pierres précieuses. E. Levesque.

    1. PIERRERIES##

PIERRERIES, ’pierres précieuses. Voir Pierres précieuses.

    1. PIÉTÉ##

PIÉTÉ (grec: eùoigEia; Vulgate: pietas), applicationde toute sa volonté et de tout son cœur au servicede Dieu. — 1. Dans l’Ancien Testament, l’idée de piétéest représentée par les mots héséd, «zèle, dévouement» envers Dieu, Eccli., xlix, 4, d’où les noms de’anSê héséd, «hommes de piété», et hâsîdîm, donnésaux hommes pieux, Is., lvii, 1; îrd’h, «crainte», voir Crainte de Dieu, t. ii, col. 1099; sédéq, «justice».Voir Justice, t. iii, col. 1875. Dans Isaïe, xi, 2, 3, ilest dit que sur le rameau de Jessé reposera

L’esprit de science et de crainte de Jéhovah, Et il respirera dans la crainte de Jéhovah.

Dans les deux vers, le même mot îr’âh est employé; il s’agit donc, de part et d’autre, de la même crainte deDieu, c’est-à-dire de la religion envers lui. Les versions, pour ne pas répéter deux fois le même mot, l’ont traduitune première fois par eitréêeta, pietas, et la secondepar ipdëoç, timor, «crainte». Les deux motsont ici exactement le même sens, comme le montre ladouble traduction grecque d’un même verset des Proverbes, i, 7, par les Septante qui y rendent successivementîr’af Yehovâh parçôgo; Kupi’ov et par eùséësia

eîç ©siv. La piété et la crainte de Dieu ne sont donc, dans le passage d’Isaïe, qu’une seule et mêmp chose.Cf. Touzard, lsaïe, xi, 2-3, et les sept dons du Saint-Esprit, dans la Revue bibUque, 1899, p. 249-252.Après la restauration messianique, Jérusalem sera appelée «Splendeur de la piété». Bar., v, 4. Les auteurssacrés célèbrent la piété de Josias, Eccli., xlix, 4, et celle d’Onias III. II Mach., iii, 1. Les premiers ancêtresd’Israël n’ont pas laissé faiblir fiqôfam, «leursobéissances» ou «leurs espérances», SiKaiotrûvat, «leurs justices», pietates, «leurs témoignages depiété». Eccli., xltv, 10. Une récompense est réservéeà ceux qui s’endorment dans la piété, c’est-à-dire dansla fidélité au service de Dieu. II Mach., xii, 45.

2° Dans le Nouveau Testament, la piété ne se confondplus simplement avec la crainte de Dieu ou lareligion en général; elle suppose quelque chose de plusgénéreux et de plus affectueux dans le service de Dieu, en réponse à la bonté et à l’amour du Sauveur pourles hommes, Tit., iii, 4, et comme effet de la grâceplus puissante de la Loi nouvelle. Car l’incarnation est «un grand mystère de piété», c’est-à-dire de l’amourde Dieu envers l’homme, provoquant l’amour del’homme envers Dieu. I Tim., iii, 16. Une c doctrineconforme à la piété» est celle qui s’inspire des grandsmystères de la foi. I Tim., vi, 3. Les chrétiens doiventvivre «en toute piété et honnêteté», par conséquentfidèles à tous les devoirs de la vie surnaturelle et à ceuxdelà vie naturelle. I Tim., ri, 2. Les femmes chrétiennesfont profession de piété, 6sooiê£! a, pietas, aumoyen des bonnes œuvres. I Tim., ii, 10. Saint Paulrecommande vivement â son disciple de s’exercer àla piété, comme à quelque chose qui peut et doittoujours grandir. I Tim., IV, 7. Il veut qu’il recherche «la justice, la piété, la foi, la charité, la patience, ladouceur.» I Tim, , VI, 11, La piété est donc d’un degrésupérieur à la justice. «Elle est utile à tout: elle ades promesses pour la vie présente et pour la vie àvenir,» par conséquent est profitable même à la viedu temps, loin de lui nuire. I Tim., iv, 8. «C’est unegrande richesse que la piété contente du nécessaire» et ne s’embarrassant pas des biens inutiles de cemonde. I Tim., vi, 6. U y a des hommes’vicieux, «ayant les dehors de la piété sans en avoir la réalité.» II Tim., iii, 5. «Ils ne voient dans la piété qu’unmoyen de lucre,» parce qu’eux-mêmes sont privés dela vérité, I Tim., vi, 5, et que c’est «la vérité quiconduit à la piété». Tit., i, 1. La vraie foi est doncseule la source de la piété sincère. La grâce enseigneà renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines, pour vivre dans le siècle présent avec tempérance, justice et piété. Tit., ii, 12. Mais le monde ne s’accommodepas de la piété, et «tous ceux qui veulent vivreavec piété dans le Christ Jésus, auront à souffrir persécution.» II Tim., iii, 12. — Saint Pierre veut aussiqu’à leur foi les chrétiens ajoutent la vertu, le discernement, la tempérance, la patience, la piété, l’amourfraternel, la charité, autant de dons qui viennent deDieu. II Pet., i, 3, 6, 7. Ils doivent veiller à la saintetéde leur conduite et à leur piété, en attendant le jourdu Seigneur, II Pet., iii, 11, qui «sait délivrer del’épreuve les hommes pieux». II Pet., ii, 9.

H. Lesêtre.

    1. PIÉTON##

PIÉTON (hébreu: ragli; Septante: neÇd; ; Vulgate: pedes), homme de pied. Ce terme ne s’emploie quedans les dénombrements de troupes, Exod., xii, 37; Num., xi, 21; Jud., xx, 2; I Reg., iv, 10; xv, 4; II Reg., x, 6; III Reg., xx, 29, et l’on oppose le piétonau cavalier ou au soldat monté sur un char. IV Reg., xiii, 7; I Par., xviii, 4; xix, 18. On lit dans Jêrémie, xii, 5: «Si lu cours avec des piétons et qu’ils tefatiguent, pourras-tu lutter avec des cavaliers?» Leprophète s’applique à lui-même cette remarque: il est

haï et persécuté par ses propres concitoyens; commentpourra-t-il tenir devant des ennemis plus forts, les

étrangers?

H. Lesêtre.

    1. PIGEON##

PIGEON (Vulgate: columba). Voir Colombe, t. w, col. 846.

PILA, «mortier». La Vulgate, Soph., i, 11, atraduit par Pila le nom propre hébreu Maktés, localitédes environs de Jérusalem ou quartier de cette ville.Voir Macthesch, t. iv, col. 531.

1. PILATE (PONCE) (grec: IldvTio; lifta™; ), procurateurromain de la Judée au temps de Jésus-Christ, Indépendamment des récits évangéliques relatifs à lapassion de Notre-Seigneur, Matth., xxvii, Marc, xv, Luc, xxiii, Joa., xviii-xix, il est nommé plusieurs foisdans le Nouveau Testament: Luc, iii, 1, pour fixerl’époque à laquelle saint Jean-Baptiste inaugura sonministère; Luc, xiii, 1, à propos d’un acte particulièrementcruel de son gouvernement, Act., iii, 13; IV, 27; xm, 28, et I Tim., vi, 13, comme responsable dela mort du Sauveur. Parmi les auteurs classiques, Tacite est seul à le mentionner. Ann., xv, 44. Philonet Joséphe parlent souvent de lui, le premier dans saLegatio ad Caium, xxxviii, le second dans ses Antiquitéset dans le Bellum judaicum. Voir plus bas, col. 430 et 431.

1° Son nom et son origine. — Son nom complet, qui n’apparaît qu’une seule fois dans le Nouveau Testament, Luc, iii, 1, est Pontius Piîatus. Il est possiblequ’il ait appartenu, soit par son ascendance proprementdite, soit par adoption, à la gens Ponlia, d’originesamnite et célèbre dès le début de l’histoire romaine.Voir le P. Ollivier, Ponce Pilate et les Pontii, dans laRevue biblique internationale, t. v, Paris, 1896, p. 247.254, 594-600. Pilatus n’était qu’un surnom, un cognomen, dont il est difficile d’expliquer la provenance.C’est à tort qu’on l’a rattaché parfois à pileus, bonnetde laine dont on coiffait les esclaves lorsqu’on lesaffranchissait; en effet, dans ce cas, on eût dit pileatus.La véritable étymologie semble être plutôt pilum oupila, «javelot,» de sorte que pilatus signifierait: «armé du javelot.» Cf. Virgile, &n., xii, 121-122.D’après sa fonction, Pilate devait appartenir à l’ordredes chevaliers romains.

2° Son titre et la durée de son administration. —Pilate porte, dans le texte grec de saint Matth., xxvii, 2, 11, 14, etc., et de saint Luc, xx, 20, comme aussidans Josèphe, Ant., XVIII, iii, 1, le titre moins exact def.yeiKûv. Cf. Act., xxiii, 24, 26, 33; xxiv, 1, 10; xxvi, 30.En latin, son titre officiel était, non pas prœses, commenous lisons habituellement dans la Vulgate aux passagesqui s’occupent de lui et d’autres gouverneurs dela Judée, mais procurator, dont l’équivalent grec étaitéitiTpoTtoç. Voir Tacite, Ann., xv, 44; Philon, Légat, adCaium, xxxviii; Josèphe, Bell, jud., II, ix, 2. Avant luià partir de la déposition d’Archélaûs, par Auguste, l’an 6de notre ère, quatre procurateurs s’étaient succédé enJudée et en Samarie, — car leur juridiction s’étendaitaussi à cette seconde province. C’étaient: Coponius(6-9 après J.-C), Marcus Ambivius (9-12), Annius Rufus(12-15), Valerius Gratus (15-26). Il fut donc le cinquième, et il exerça ses fonctions entre les années 26 et 36 del’ère chrétienne; par conséquent pendant dix ans, comme le dit Josèphe en termes exprès, Ant. jud., XVIII, iv, 2. Il entra en fonction la douzième année deTibère, Eusèbe, H. E., i, 9, t. xx, col. 107, laquellecorrespond, non pas à l’an 27 après J.-C, comme on l’adit parfois, mais à l’an 26. Cf. Ewald, Geschichte Christiund seiner Zeit, in-8°, 2e édit., Gœttingue, 1857, p. 36; T. Keim, Geschichte Jesu von Nazara, in-8°, 1. 1, Zurich, 1867; E. Schûrer, Geschichte des pidischen Volkes, in-8<>,

4e édit., Leipzig, 1904, p. 487; pour l’an 2 7, J. BelserGeschichte des Leidens und Sterbens des Herrn, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1903, p. 332. Le gouvernement dePilate eut donc, comme celui de Valerius Gratus, uneassez longue durée, et c’est uniquement sous le règnede Tibère qu’il fut exercé. Or, Tacite, Ann., i, 80; iv, 6, et Josèphe, Ant. jud., XVIII, VI, 5, font remarquerque, par principe, ce monarque laissait longtemps sesmagistrats en fonction dans les provinces.

3° Caractère général et quelques épisodes de sonadministration. — Ce qu’en racontent les auteurs sacréset profanes montre, d’un côté, à quel point étaitpénible et difficile, à cette époque, la tâche d’un gouverneurde Judée, et, d’un autre côté, combien Pilatefit peu d’eflorts pour rendre son administration concilianteà l’égard des Juifs. La lettre d’Agrippa à Caligula, citée par Philon dans sa Legatio ad Caium, xxxviii, trace de lui un portrait peu flatteur, dans lequel il y acertainement quelque exagération, puisqu’il provientd’un ennemi juré, mais dont l’histoire ne constate quetrop bien l’exactitude générale. Cette lettre dit de luiqu’il était «inflexible de caractère et dur avec arrogance». Elle lui reproche; < la corruption, les violences, la rapine, les mauvais traitements, les vexations, de perpétuelles exécutions sans jugement préalable, descruautés sans nombre et insupportables». Détestantles Juifs et ne comprenant rien à leur tempérament nià leurs sentiments religieux, il prétendit les gouvernerd’après sa propre volonté, et les faire fléchir en tout etmalgré tout. Mais, aussi faible et irrésolu par momentsqu’il était d’ordinaire intraitable, il contribuait lui-mêmeà amoindrir son autorité; aussi £ut-ii vaincu àplusieurs reprises par ceux dont il croyait pouvoir aisémenttriompher, et il finit même par être tout à faitbrisé par eux. Son opiniâtreté et sa maladresse occasionnèrentplus d’une fois des mouvements de rébellion, qu’il dut ensuite étouffer dans le sang.

Dès les premiers mois qui suivirent son installation, il froissa jusqu’au vif les habitants de Jérusalem, ettous les Juifs de Judée par là même. Ses prédécesseurs, fidèles à la politique d’après laquelle Rome accordaithabituellement une grande liberté aux provinces conquises, lorsqu’il ne s’agissait que de leurs affaires intérieures, s’étaient montrés fort accommodants surcertains points qui touchaient aux idées religieuses desJuifs. C’est ainsi qu’ils avaient fait enlever, sur les étendardsdu détachement militaire qui tenait garnison àJérusalem, toutes les images et effigies qui présentaientun caractère idolâtrique. Pilate, au contraire, voulut que les soldats envoyés par lui dans la villesainte y entrassent avec leurs enseignes munies detous leurs emblèmes, Il ne prit d’autre précaution quede faire pénétrer hommes et drapeaux pendant la nuit.La colère des Juifs fut grande, lorsqu’ils s’aperçurent, le lendemain matin, de l’outrage qui leur avait été fait.En nombre considérable ils se rendirent à Césarée, oùle procurateur avait sa résidence ordinaire, et, pendantcinq jours, ils protestèrent avec une telle énergie, quePilate, qui avait d’abord pris le parti de les faire massacrer, dut céder, en voyant qu’ils étaient prêts àmourir tous, plutôt que de supporter cet affront. Cf.Josèphe, Ant. jud., XVIII, iii, 1-2; Bell, jud., II, ix, 2-4. — Plus tard, malgré cette leçon humiliante, Hcommit une faute toute semblable, en faisant suspendredans le palais qui lui servait d’habitation lorsqu’il séjournaità Jérusalem, des boucliers d’or dédiés à Tibèreet munis aussi d’inscriptions ou de symboles idolâtriques.Une insurrection faillit éclater. Averti par lesJuifs, l’empereur ordonna lui-même d’enlever au plustôt la cause du désordre. Voir Philon, Légat, adCaium, xxxviii, édit. Mangey, t. ii, p. 590; EusèbeH. E., ii, 6, t. xx, col. 154. — Plus tard encore, Pilatese permit de puiser dans le trésor sacré du temple de m

P1LATE (PONCE)

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Jérusalem, sous prétexte de se procurer ainsi les fonds-nécessaires pour construire un aqueduc grandiose, quiamènerait dans la capitale l’eau des réservoirs de Salomon, situés à environ 15 kilomètres au sud-ouest deBethléhem. Des troubles violents s’ensuivirent et lesang coula encore abondamment. Cf. Josèphe, Ant.jud., XVIII, iii, 2; Bell, jud., II, ix, 4; Eusèbe, H. E., II, vi, 6-7, t. xx, col. 114; E. Schûrer, Geschichte desiûd. Volkes, ¥ édit, t-. i, p. 490-491.

Saint Luc, xiii, 1, signale brièvement un épisodeégalement tragique de l’administration de Pilate: «Ily avait là (près de Jésus, à certain jour de sa vie publique) quelques hommes qui lui annoncèrent ce quiétait arrivé aux Galiléens, dont Pilate avait mêlé le sangavec celui de leurs sacrifices.» Nous ne connaissonscet incident que par le récit du troisième Évangile; maisil est en parfaite harmonie avec la conduite habituellede Pilate, comme aussi avec le caractère belliqueuxdes Galiléens, qu’on était sûr de trouver parmi lesZélotes les plus exaltés, les plus remuants. Cf. Josèphe, Ant. jud., XVIII, ix, 3, etc. Il s’agit sans doute d’unetentative de révolte, qui fut aussitôt réprimée par legouverneur avec une implacable sévérité. Les rebellesfurent assaillis par les soldats de Pilate et égorgés dansles parvis mêmes du temple, au moment où les prêtresimmolaient les animaux que ces malheureux offraienten sacrifice, de sorte que leur propre sang se mêla àcelui de leurs victimes.

4° Son rôle dans la passion du Sauveur est fort bienrésumé dans ces mots de Tacite, Ann., xv, 44: Christus, Tiberio imperitanle, per procuratorem Ponliurn Pilatumsupplicio adfectus fuerat. Malgré la parole simiséricordieuse et si délicate de la divine victime: «Celui qui m’a livré à toi commet un plus grandpéché,» Joa., xix, 11, Pilate demeure à tout jamaiscouvert d’infamie par l’attitude lâche, égoïste, iniquequ’il prit à l’égard de Jésus-Christ, en n’osant pas résisterjusqu’au bout au fanatisme cruel des Juifs. Toutefois, dans le Credo, les mots Passus sub PontioPilato ont été insérés, moins pour mettre en reliefl’odieuse injustice du procurateur, que pour fixer la dateofficielle de, 1a mort de Jésus-Christ, et ponr montrer, par là-même, que le christianisme repose sur une basehistorique certaine. Cf. S. Augustin, De fide et symbolo, c. v, t. xl, col. 187.

Les membres du Sanhédrin, privés par Rome du jusgladii, et n’ayant pas le droit d’exécuter la sentence demort qu’ils avaient portée contre Jésus, conduisirentNotre-Seigneur au prétoire, pour obtenir du procurateurla ratification de leur jugement. C’est donc devantle tribunal de Pilate que se passa la seconde partie duprocès du Sauveur, celle qu’on nomme le procès civil, par opposition au procès ecclésiastique, qui avait eulieu chez Caïphe. Pilate se trouvait alors à Jérusalem, à- l’occasion de la fête de la Pàque, selon la coutume desgouverneurs romains, pour prévenir par sa présence, et au besoin pour châtier aussitôt le moindre mouvementinsurrectionnel. Sa conduite en cette circonstancesolennelle, assez brièvement esquissée par saint Matthieu, - xxvii, 1-25, et par saint Marc, xv, 1-15, est décrited’une manière plus complète, au point de vuepsychologique, soit par saint Luc, xxiii, 1-25, soit surtoutpar saint Jean, xviii, 28-xix, 16, dont l’admirableanalyse jette de vives clartés sur les narrations dessynoptiques. Voir J. Belser, Geschichte des Leidensdes Herrn, p, 337-338; L.-CI. Fïllion, Évangile selonsaint Luc, introd. critique et commentaires, Paris, 1882, p. 381-388; Évangile selon saint Jean, introd.critiq. et commentaires, Paris, 1887, p. 335-349. Lequatrième Évangile nous rend vraiment témoins île cedrame auguste et douloureux, partageant le récit enpetites scènes très vivantes, qui nous font contemplerPilate, tantôt faisant l’in.terrogatoire de Jésus dans

l’intérieur du prétoire, tantôt discutant avec les Juifs, qui étaient demeurés en dehors. Les réflexions de l’évangélisteet eelles du gouverneur nous permettent de lirejusqu’au fond de l’âme de ce dernier.

Le procurateur ne pouvait guère ne pas connaître, au moins de nom et depuis quelque temps, Jésus-Christ, qui avait excité me si vive émotion dans Jérusalemdurant les derniers jours. Quoi qu’il en soit, les évangélistessont unanimes à affirmerque, malgré la gravitédes crimes reprochés à l’accusé par les princes desprêtres, Pilate fut promptement convaincu de sa parfaiteinnocence. Dès le premier instant, il avait percéà jour la futilité de leurs accusations, et reconnu qu’ilsle lui avaient livré «par jalousie», par haine. Cf.Matth., xxvii, 18; Marc, xv, 10. Aussi refusa-t-il longtempsd’acquiescer à leur demande, dont l’injusticeétait flagrante. Cf. Matth., xxvii, 23-24; Luc, xxiii, 4, 14, 22; Joa., xviit, 38; xix, 4, 6. Le récit sacré nous leprésente même comme prenant un grand intérêt àJésus, d’abord à cause de son majestueux silence, Matth., xxvii, 14; Marc, xv, 4-5, puis à cause de sesgraves et sublimes réponses, Luc, xxiii, 3; Joa., xviii, 33-38; xxix, 9-11. De là ses efforts multipliés pour lesauver: il proclame plusieurs fois et hautement soninnocence (voir ci-dessus); il le renvoie à Hérode, qui, lui non plus, ne le trouve pas coupable, Luc, xxiii, 6-15; il propose de le faire flageller, pour apitoyer lepeuple, Luc, xxiii, 16; il essaie d’user du droit degrâce en sa faveur, Matth., xxvii, 15-23; Marc, xv, 6-15; Luc, xxiir, 17-25; Joa., xvra, 39-40; il le montre à lafoule, couronné d’épines et tout ensanglanté, Joa., xix, 4-5; enfin, il dégage sa responsabilité par un acte symbolique.Matth., xxvii, 24.

Les Évangélistes mettent ainsi à nu sa conscienceimpressionnée, qu’ébranlait, mais trop superficiellement, le désir d’arracher à la mort ce juste, qui neressemblait à aucun des accusés conduits jusque-làdevant son tribunal. Son âme superstitieuse, quoiqueincrédule, fut tout particulièrement frappée, lorsqu’ilentendit les Juifs reprocher à Jésus de s’être fait Filsde Dieu. Joa., xix, 7. Il craignait que Notre-Seigneur nefût quelque dieu ou demi-dieu de la mythologie, auxreprésailles duquel il redoutait de s’exposer. Aussis’empressa-t-il de le questionner sur son origine: Vndees tu? La réponse de Jésus le rassura. Cf, Joa., xix, 9-12.

Finalement il céda, «pour donner satisfaction aupeuple,» Marc, xv, 15; «il livra (Jésus) à leur volonté,» Luc, xxiii, 24, surtout lorsque les Juifs l’eurent menacétrès ouvertement de la disgrâce de César. Joa., xix, 12. Il monta donc sur son tribunal et proclama lasentence du Sauveur. Joa., xix, 15. Il avait mis à profitles rudes leçons que lui avaient données les Juifs. Pource magistrat égoïste, sans principes moraux, guidéseulement par les considérations mondaines et politiques, qu’étaient les droits les plus sacrés’d’un innocent, dès lors que son intérêt personnel était en jeu?La conservation de son emploi si lucratif et si honorablel’emportait sur tout le reste. C’est ainsi que, malgrésa vaine protestation, il prit une très grande partau crime le plus affreux qu’aient jamais enregistré lesannales de l’histoire. Les Constitutions apostoliques, v, 14, t. i, col. 877, lui reprochent à bon droit sa lâcheté(îvavSpîa). Quant à la question célèbre qu’il adressa auSauveur. «Qu’est-ce que la vérité?» Joa., xviii, 38, c’était simplement la parole d’un dilettante, d’un sceptique, qui regardait la vérité comme une chose indifférenteet comme un mot sans portée. Aussi n’attendit-ilmême pas la réponse de Jésus. — Semblable à lui-mêmejusqu’au bout, après avoir été battu, cette fois encore, par les Juifs, il les traita avec dédain, en refusant opiniâtrementde modifier l’inscription qu’il avait faitplacer au-dessus de la Jcroix, Joa., xix, 19-22, ’[et en

permettant à Joseph d’Arimathie de donner aucorpssacré de Notre-Seigneur une sépulture honorable. Cf.Luc, xx.ni, 50-52; Joa., xix, 38.

5° Sa révocation et sa mort. — Un dernier acte decruauté, dont Josèphe, Ant. jud., XVIII, iv, 1-2, nousa conservé les détails, ne tarda pas à renverser lescalculs de cet homme politique et à amener sa chute.Un certain nombre de Samaritains, séduits par un imposteur, s’étant mis à faire des fouilles sur le montGarizim, près de Sichem, dans l’espoir d’y trouver desvases sacrés que Moïse y aurait cachés avant sa mort, le gouverneur les fit massacrersans pitié. Leurs parentset amis, exaspérés, allèrent se plaindre à Vitellius, quiétait alors légat de Syrie. Celui-ci, voyant que Pilateétait devenu insupportable à ses administrés, l’envoyaà Rome pour qu’il essayât de se justifier devant l’empereur; mais il n’arriva qu’après la mort de Tibère.

Les derniers faits de sa vie sont enveloppés d’ombreet de mystère; du reste, ils furent de bonne heuredéfigurés par la légende. On ignore même en quel lieuet de quelle manière il mourut. Suivant Eusèbe, H. E., II, vii, t. xx, col. 155, et Chronicon, 1™ année de Caïus, t. xix, col. 538, il aurait été banni à Vienne dans lesGaules, où, accablé par l’infortune, il aurait péri de sapropre main. Voir aussi le Chronicon paschale, t. xcii, col. 557-559, et Orose, Hist., vii, 5, t. xxxi, col. 1071.On voit encore dans cette ville un monument de formesingulière, une pyramide sur une base carrée, qu’onnomme le «tombeau de Pilate», mais qui n’a rienpour justifier ce titre. Le nom de Pilate, que porte unemontagne voisine de la ville de Saint-Étienne, se rattachesans doute aussi à ce souvenir. D’après l’historiengrec Malalas, Ghronographia, x, t. xcvii, col. 390, Pilate aurait été décapité par Néron. Comp. Jean d’Antioche, dans Mûller, Fragmenta hisloricorum grsecorum, t. IV, p. 574, édit. Didot, et Suidas, au motNépwv.Il semble du moins probable qu’en toute hypothèse ilmourut de mort violente. Voir E. Schûrer, Geschichtedes jùd. Volkes, 4e édit., t. i, p. 493-494, On trouve decurieux détails sur ses derniers moments dans le traitéapocryphe Mors Pilati. Cf. Fabricius, Apocryph., t. iii, p. 505; Thilo, Codex apocryph. Novi Testam., 1832, t. i, p. 796-798; Tischendorf, Evangelia apocrypha, " édit., 1851, p. 432-435; 2e édit., 1876, p. 456-458.Plus tard, la légende continua à se développer. Jeté àBorne dans le Tibre, le cadavre de Pilate y aurait occasionnédes tempêtes et des inondations. Dans le Rhône, où on l’emporta ensuite, les mêmes phénomènes terriblesse reproduisirent. Enfin, on le précipita dans unpetit lac, situé près de Lucerne, au sommet du montPilate, dont le nom viendrait précisément de cel épisode.Ou bien, après avoir erré au loin, poursuivi parle remords, l’ancien procurateur serait allé de lui-mêmecacher son infortune sur cette cime gigantesque, etaurait fini par se noyer de désespoir dans le lac qu’ony voit encore. Cf. A. Lùtolf, Sagen, Branche und Legendenan den fûnf Orten, Lucerne, 1865; Creizenach, Pilatus-Legenden, 1894; James, Apocrypha anecdota, dans les Texts and Studies, édités par Robinson, t. v, fasc. i, 1897, p. xlv-l, 65-81.

Fait surprenant: cette triste figure a excité de bonneheure une certaine sympathie. Il est vrai que c’était àune époque où l’on aimait à disculper Pilate et les Romains, pour aggraver le crime des Juifs déicides. Comp.VEvangel. Pétri, dans E. Preuschen, Antilegomena, die Reste der ausserkcmonisc/ien Evangelien, Giessen, 1901, in-12, p. 13-18. C’est ainsi que, d’après la ParadosisPilati, le gouverneur, condamné â mort parTibère et sur le point d’être exécuté, conjure Notre-Seigneurde ne pas permettre qu’il soit châtié avecles Juifs, et allègue son ignorance pour excuser enpartie sa conduite. Une voix lui répond du ciel, etl’assure que toutes les générations le proclameront

bienheureux, et qu’il sera un témoin du Christ lors deson second avènement, pour juger avec lui les douzetribus d’Israël. Voir Tischendorf, Evang. apocr., p. 426431. Les Abyssins vont même jusqu’à l’honorer commeun martyr, et célèbrent sa fête le 25 juin. Cf. Stanley, Lectures on the History of the Eastern Church, in-8°, Londres, 1865, 3e édit., p. 13. Le mot de Tertullien ausujet de Pilate, jam pro sua conscientia christianus, Apolog., 21, t. j, coi. 12, provient d’un sentiment analogue, qu’on retrouve dans l’évangile de Nicodème, i, 2, où Pilate est désigné comme «incirconcis dans la chair, mais circoncis de cœur». Voir Tischendorf, Evang.apocr., p. 236; Origène, Hom. in Matth., xxxv, t. xiii, col. 1773. On savait gré au gouverneur de la Judée destentatives, pourtant si molles, qu’il avait faites pourarracher Jésus-Christ à la mort.

6° Bibliographie. — Karl Hase, Leben Jesu, 5e édit., in-12, Leipzig, 1865, p. 248-249, cite une littératureconsidérable composée sur PiWle. Voir aussi. ï.ttvatd, Die altchristliche Litteratur und ihre Erforschungvon 1884-1900, l re partie, p. 144-146. Parmi les livresles plus récents, voir J. Langen, Die letzten LebenstageJesu, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1864, p. 261-294; Mommsen, Rômische Geschichte, in-8°, t. v, 4e édit., Berlin, 1894, p. 508 sq.; P. Waltjer, Pilatus, eeneStudie, in-8°, Amsterdam, 1888; G. A. Mùller, PontiusPilatus, der fûnfte Procurator von Judàa, Stuttgart, 1888; Grâtz, historien juif, Geschichte der Juden, t. iii, p. 253-271; A. E. Innés, The Trial of Jésus Christ, alégal monograph, Edimbourg, 1899, in-8°, p. 61-123; E. Schùrer, Gesch. des jùdischen Volkes im. ZeitaUerChristi, in-8°, t. i, 4e édit., Leipzig, 1904, p. 487-492; J. Belser, Die Geschichte des Leidens und Sterbens, der Auferstehung und Himmelfahrt des Herrn, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1903, p. 323-339, 346-372.

L. E’iLLION.

2. PILATE (ACTES DE), livre apocryphe Voir ÉvangilesAPOCRYPHES, t. II, Col. 2116.

3. PILATE (FEMME DE). — Elle n’est mentionnéedans les Évangiles que par saint Matthieu, xxvii, 19: «Pendant qu’il (Pilate) était sur son tribunal, sa femmelui envoya dire: Qu’il n’y ait rien entre toi et ce juste(Jésus-Christ), car j’ai beaucoup souffert aujourd’hui ensongeà son sujet.» À part ce trait touchant, qui manifestetout ensemble une vive et respectueuse sympathiepour le Sauveur, et la crainte que son mari ne s’embarrassâtdans de graves difficultés, s’il ne se dégageaitimmédiatement de ce procès, nous ne savons rien debien certain sur elle. — Une ancienne tradition l’appelleProcla, Up6%la, ou Claudia Procula, et fait d’elle unefemme pieuse, bien plus, une «prosélyte de la porte».Voir Prosélyte. Dans l’Évangile de Nicodème, chap. ii, Pilate dit d’elle: 6eoae|3r)ç ê<m xai |15Mov iouBatCec.Cf. Thilo, Codex apocryph. Novi Testam., in-8°, 1832, t. i, p. 523; Tischendorf, Evangelia apocrypha, in-8°, Leipzig, 1851, p. 332; Nicéphore, Historiée, 1, 30, t. cxlv, col. 720. Or, nous savons par Josèphe, Ant., XVIII, iii, 5; Bell, jud., xx, 2, et par Juvénal, Sat., vi, 543, queles femmes romaines, même celles qui appartenaientaux classes supérieures, étaient attirées par la religionjudaïque, qui parlait beaucoup plus à leur âme que lepaganisme si vide d’alors. Il est probable que la femmedu procurateur avait entendu parler de Notre-Seigneur, et qu’elle avait conçu une grande admiration pour saconduite et son enseignement.

Les interprètes discutent sur la nature du songe auquelfait allusion son message à Pilate. Plusieurs auteurscontemporains le regardent comme un fait purementnaturel, provoqué par l’arrestation et le procèsecclésiastique de Jésus, dont elle aurait été informéeavant de s’endormir. Voir Langen, Die letzten LebenstageJesu, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1864, p. 274-275

Mais nous croyons, à la suile des Pères et de la grandemajorité des commentateurs, qu’il est difficile de nepas reconnaître à ce songe un caractère non seulementprovidentiel, mais vraiment surnaturel. Toutefois, lesanciens écrivains ecclésiastiques n’apprécient pas tousde la même manière cette intervention surnaturelle.Il en est qui l’attribuent au démon. La plupart desexégètes lui donnent une origine céleste. Voir Origène, Hom. in Matth., xxxv, t. xiii, col. 1773; S. Jean Chrysostome, Hom. lxxxvi in Matth., 1, t. Lvnr, col. 764; Schanz, Commentai ûber das Evangel. des heilig.Matthâus. in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1879, p. 540; Ma’Le Camus, La vie de N.-S. Jésus-Christ, 2e édit., in-8°, t. iii, Paris, 1887, p. 315.

On a essayé, il est vrai, d’attaquer la valeur historiquede cet épisode, en rappelant la loi romaine quiinterdisait aux proconsuls, et aussi aux autres magistratsdélégués dans les provinces, de se faire accompaguerpar leurs femmes; mais cette loi, observée avecrigueur sous la république, tomba en désuétude àl’époque de l’empire, comme nous l’apprennent formellementTacite, Ann., iii, 33-34, et Suétone, August., 24. Voir aussi Josèphe, Ant., XX, x, 1; Ulpien, iv, 2.

D’après une tradition qui remonte au moins jusqu’autemps d’Origène, a femme de Pilate aurait été récompenséede son dévouement pour Notre-Seigneur enacceptant la foi chrétienne. Voir Origène, Hom. inMatth., xxxv, t. XIII, col. 1773, et les lettres apocryphesqu’auraient échangées Pilate et Hérode, dans M. R. James, Apocrypha anecdota, 2e série, Cambridge, 1897, in-8°, p. 66-75. Le ménologe grec va même jusqu’à laranger parmi les saints et place sa fête le 27 octobre.Cf. Calmet, Dictionn. de la Bible, au mot Procla, édit. Migne, t. iii, col. 1268. L. Fillion.

    1. PILON##

PILON (hébreu: ’ëlî; Vulgate: pilus), masse debois, de métal (fîg. 84) ou de pierre (fig. 85) destinée à

un mortier, comme on broie le grain, avec le pilon, sa

85. — Pierres de quartz pour piler le grain, trouvées à Tell-Yehudiyéh(XVIII’dynastie). D’après W. M. Flinders Patrie, Hyksos and Israélite Cities, in-4°, Londres, 1906, pi. xv etp. 17.

folie ne se séparera pas de lui,» comme l’huile se sépare

des olives.

H. Lesêtre.

’PIN (hébreu: ’orén; Septante: tuîtuç; Vulgate:

pinus), arbre vert assez abondant en Palestine.

I. Description. — Les arbres résineux de la familledes Conifères doivent ce nom à leur appareil fructifèreou cône formé d’écaillés servant à protéger les graines.Mais entre tous leurs congénères les Pins se distinguentpar la forme de ces écailles pourvues sur le dos d’uneproéminence ou apophyse. Leur feuillage n’est pasmoins caractéristique, car les aiguilles foliaires, surl’arbre adulte, sont réunies par petit* groupes, de

84.’Égyptiens pilant dans un mortier. Thèbes. L’inscription porte: k «Dépêchez-vous tous à l’ouvrage en prenant soinde tout ce qui vous est donné; faites le pain.» ( «On pile le grain dans les greniers de…» D’après Wilkinson, Manners of ancient Egygtians, 2- édit., t. ii, p. 204.

concasser et à écraser les objets placés dans un mortier.Voir Mortier, t. iv, col. 1311. — La manne est comparéeà «quelque chose de menu comme des grains», et, d’après la Vulgate, à «quelque chose d’écrasé aupilon». Exod., xvi, 14. Les grains peuvent être écrasésau pilon; mais, si la manne se prêtait au travail de lameule ou du pilon, elle n’apparaissait pas à l’état concasséquand elle tombait. Voir Manne, t. iv, col. 657. — Lesenfants d’Israël doivent apporter, pour le luminaire dusanctuaire, de l’huile «d’olives concassées», Septante: xîvtofiuivov, «martelées», et équivalemment, d’aprèsla Vulgate, «martelées au pilon». Exod., xxvii, 20. —Le mot «pilon» ne se lit en hébreu que dans ce textedes Proverbes, xxvii, 22: «Qu’on pile l’insensé dans

deux ordinairement, protégés chacun par un involucrede folioles scarieuses. La floraison a lieu au printemps, au lieu d’être automnale comme chez les Cèdres; lesfleurs mâles émettent alors en extrême abondance lapoussière pollinique qui emportée par le vent simuleune pluie de soufre. Les cônes mettent parfois 3 ansavant d’atteindre leur maturité. Il en est ainsi, parexemple, dans le Pin-Pignon (Pinus Pinea L.), belarbre de la région méditerranéenne que la dispositionétalée de ses branches au sommet de la tige a fait nommeraussi Pin-Parasol. Son cône est ovoïde obtus avecdes écaillesluisantes; ses graines deviennentdes amandescomestibles et volumineuses revêtues d’une coque noirâtre, très dure, à aile presque nulle. Le Pin d’Alep,

P. Halepensis Miller (fig. 86), est l’espèce la plusrépandue en Syrie, où elle remplace le Pin maritimedes rivages occidentaux; ses feuilles sont grêles etflexueuses; ses cônes, plus allongés et penchés àl’extrémité d’un court pédoncule, mettent 2 ans à mûrir;

Pinus Halepensis. Branche, cône, fleur, graine.

les graines petites, couvertes d’un tégument mou, sontprolongées en aile roussàtre. Enfin dans la région élevée du Liban on observe un Pin très voisin du précédent, P. Brutia Tenore, distinct toutefois par sesfeuilles plus épaisses, rigides, ainsi que par ses cônessessiles non pendants. F. Hy.

II. Exégèse. — L’arbre appelé 'orén n’est mentionnéqu’une seule fois dans la Bible, Is., xiiv, 14, dans unpassage où le prophète se moque de l’idolâtre qui est àla recherche de bois dont il prend une partie pour setailler des idoles, et dont il brûle le reste.

Un homme va couper des cèdres,

Il prend des rouvres et des chênes,

Il fait un choix parmi les arbres de la forêt

Et même il plante le 'orén que la pluie fait croître.

Il s’agit d’un arbre dont le bois est bon à brûler etpeut être utilisé pour sculpter des idoles, un arbrequ’on peut mettre en parallèle avec le cèdre ou le chêne, qui s’en distingue cependant sous certains rapports.Le cèdre, le rouvre et le chêne sont placés ici parmiles arbres des forêts qu’on n’a pas besoin de planter etqu’on ne cultive pas. Le 'orén est signalé comme unarbre qu’on plante, mais cependant ce n’est pas un arbrequ’on soigne et qu’on arrose selon les procédés habituels de la Palestine pour les plantes et les arbres cultivés. On laisse à la pluie du ciel le soin de l’arroser.Tous ces caractères paraissent bien convenir à diversesespèces de pin qu’on rencontre abondamment enPalestine, surtout dans les terrains sablonneux, commele Pin d’Alep, Pinus Halepensis, le Pin-Pignon ou Parasol, Pinus Pinea, et le Pinus Brutia. C’est ainsi dureste que l’entendent les Septante et la Vulgate quitraduisent 'orén par iu’tv; , et pinus. Bien qu’il y aitgrande divergence parmi les rabbins sur la naturede cet arbre, beaucoup cependant s’arrêtent au pin, etl’identifient avec l’arbre que les arabes appellent-j*X*a,

snaubar, et qui n’est autre que le pin; ou bien ils lerangent dans la même famille que les arazim, «cèdres, net les beroSîm, les cyprès: ce qui convient bien au pin.

Cependant il est des critiques qui croient que le mot'orén, pj «, dont le nun final n’est pas régulièrementformé dans les anciens manuscrits et pourrait bienêtre un zaïn mal écrit, n’est autre que tin, 'éréz, lecèdre. Ils pensent aussi que la suite logique du sensdemande qu’on lise à rebours les stiques de ce verset: car il est naturel de planter le cèdre avant de le couper.Ils ont ainsi:

On a planté des cèdres et la pluie les fait croître, On laisse grandir les arbres de la forêt, Puis on prend le rouvre et le chêne, Et l’on coupe les cèdres.

C’est le sens auquel s’arrête A. Condamin, Le livred’Isaîe, 1905, p. 269. Cette leçon et ces transpositions sontloin toutefois d'être certaines, et pourraient bien n'êtrequ’une interprétation de ce passage, inspirée d’un pointde vue trop subjectif. Les anciennes versions tiennentpour un mot différent de 'éréz, c’est-à-dire pour 'orén, «pin.» Et on peut trouver une suite logique à la penséesans rien bouleverser. L’idolâtre cherche d’abord parmiles arbres des forêts, le cèdre, le rouvre et le chêne; ilen vient même à planter des pins afin d’avoir du boisà sa convenance pour se tailler des idoles. Rien ne paraît donc exiger de transposition; et la lecture 'orén etsa traduction par «pin» sont suffisamment justifiées.Cette traduction d’ailleurs trouve une certaine confirmation dans un texte égyptien du Papyrus Anastasi, i, 19, 3. Dans une description d’un site de Palestine,

se lit le nom I… | t II, anourna, arrouna, qui

rappelle l’hébreu 'orén, pin. Le rapprochement estd’autant plus vraisemblable que ce mot est placé entredeux noms de conifères, le cyprès et le cèdre, et queces trois arbres sont dits «atteindre jusqu’au ciel».Tous ces caractères semblent bien viser le pin-pinier.J. Lauth, dans la Zeitschrift der deutsch. morgenlànd.Gesellsch., 1871, p. 620; V. Loret, Études de botaniqueégyptienne, dans Recueil de travaux relatifs à laphilol. et archéol. égypt., in-4°, 1895, p. 187.

E. Levesqde.PINA (Jean de), commentateur espagnol, né à Madrid en 1582, mort dans la même ville en 1657. Entréau noviciat des Jésuites d’Alcala en 1603, il remplitdivers offices dans son Ordre. Son volumineux commentaire sur l’Ecclésiastique, Commentariorum in Ecclesiasticum tomi quinque, parut à Lyon de 1638 à 1648, 5 in-f°. On y rencontre des idées élevées, ingénieuses, des aperçus nouveaux, mais aussi parfois des longueurset du remplissage. P. Bliard.

    1. PINACLE DU TEMPLE##

PINACLE DU TEMPLE, partie du Temple deJérusalem sur laquelle le diable transporta Notre-Seigneur pour le tenter. Le récit de la tentation est leseul endroit du Nouveau Testament où nous rencontrons ce terme: tb UTepûyiov toû EepoO, pinnaculumtempli, N[3ti., vi, §; pinnatempli, Luc, tv, 9. IlTepuycovest le diminutif de icTépuS, «aile», comme pinnaculum l’est de pinna, qui désigne en latin une grosseplume d’oiseau, ou une nageoire de poisson, cf. Lev., xi, 9, 10, 12; Deut., xiv, 9, 10, ou des créneaux de muraille. Les Septante emploient le mot utépuyiov — 1. pourtraduire l’hébreu kànâf, signifiant la partie du vêtement, le bord qui pend comme une aile, Num-, xv, 38; Ruth., iii, 9; I Sam. (Reg.), xv, 27; xxiv, 5; — 2. l’hébreu senappir, désignant l’aileron, la nageoire despoissons, Lev., xi, 9-12; Deut., xiv, 9, 10; — 3. l’hébreuqâsâh, qui s’entend de «l’extrémité» du rational oupectoral. — Que signifie exactement uTépuyiov dansl'Évangile? Tout le monde reconnaît qu’il s’agit d’unendroit élevé, ressemblant en quelque manière à uneaile ou à une pointe, mais on ne s’accorde pas sur sasituation précise. Le nom étant précédé de l’article en 439

PINACfeE DU TEMPLE — PINTO RAMIREZ

440

grec, il en résulte que la partie du temple désignéepar là était bien connue et déterminée, du temps deJésus-Christ; aujourd’hui on ne peut faire que des conjectures. Selon les uns, le pinacle faisait partie de lamaison de Dieu, ou du sanctuaire proprement dit; selon les autres, il était dans les dépendances dutemple. Les partisans de cette seconde opinion s’appuientsur ce que le sanctuaire est appelé dans le NouveauTestament & va<5ç et que le pinacle est appelé pinacle toûîepoû, non toû vaoû. Ceux qui soutiennent la premièreopinion reconnaissent que le mot vatfç s’applique exclusivement à «la maison de Dieu», mais ils allèguentque le mot îspov, quoiqu’il puisse s’entendre quelquefoisseulementdes dépendances du temple, Matth., xxi, 12, 14; xxvi, 55; Marc, xiv, 49; Luc, xix, 47; xxi, 37; xxii, 53; xxiv, 53, etc., comprend en réalité le vaô; avec ses dépendances, Matth., xii, 6; xxiv, 1; Marc, xiii, 3; Luc, xxl, 5; xxii, 52; par conséquent le pinacle pourrait avoirété à la rigueur une partie du vao"ç. Ce n’est donc passur le mot ieptfv seul qu’on peut s’appuyer pour fixerla position du pinacle.

1° Ceux qui le placent sur le sanctuaire proprementdit sont loin d'être d’accord entre eux. — 1. Grotiusentend par ifrepû-ftov le parapet qui entourait le toitde la maison de Dieu, conformément à l’usage juif. VoirParapet, t. iy, col. 2153. Ce parapet, d’après le Talmud, Middoth, iv, 6, avait trois coudées de hauteur, un peuplus d’un mètre et demi. — 2. D’autres commentateurspensent que le pinacle est le faite du toit, ce quis’accorde mal avec ce que nous apprend Josèphe, Bell, jud., V, v, 6, à savoir que le faîte était hérisséde pointes d’or afin que les oiseaux ne puss*nt pas s’yreposer. —3. D’après Ligthfoot, Horx hebraicx, Matth., iv, 5, Works, 1684, t. ii, p. 130, le pinacle peut être lenom donné au portique de la maison de Dieu, abttt, 'ùldm, parce qu’il débordait comme des ailes à droiteet à gauche l'édifice de la maison de Dieu. On peut alléguer contre cette opinion, de même que contre les deuxprécédentes, que les termes itTspOfiov TO îepoû s’entendent plus naturellement des dépendances du temple quede la maison de Dieu, mais surtout que Jésus-Christ, n'étant pas de la tribu de Lévi, se trouvait empêché parla Loi de pénétrer dans le sanctuaire. Le roi Hérode, même pendant qu’il fit reconstruire la maison de Dieu, ne put jamais y entrer. Josèphe, Ant. jud., XV, xi, 5.2° Le pinacle, d’après ceux qui le placent dans lesdépendances du Temple, faisait partie du grand portique qui fermait l’aire sacrée à l’est et au sud. Josèphe, Ant. jud., XV, xi, 5, décrit ce portique en ces termes: «Au sud (de la cour des Gentils) était le portique royal(ttjv padî'Xetov crroâv), qui était triple et s'étendait de lavallée orientale jusqu'à la vallée occidentale; il étaitimpossible d’aller au delà. C’est le plus remarquable des travaux qu’ait éclairés le soleil. La valléeest tellement profonde, que les yeux de celui qui regarde en, bas en sont troublés. [Hérode] y éleva unportique [soutenu par un mur de terrassem*nt] d’uneimmense hauteur.Si quelqu’un voulait du haut voirjusqu’au fond, il s’exposerait à être pris de vertige.» La muraille surplombe en effet la vallée du Cédronqui forme au-dessous un affreux précipice. Josèphe, Ant. jud., XX, îx, 7. Quand on cherche sur les lieuxmêmes à se rendre compte de la scène décrite parl'Évangile, on est amené naturellement à cette conclusion: c’est au-dessus de la haute muraille qui soutientla terrasse du temple du côté de la vallée, quele démon a dû transporter Notre-Seigneur, car enaucun autre endroit, il ne pouvait le tenter avec autantde force, en lui disant: «Si tu es le Fils de Dieu, précipite-toi en bas.» Matth., iv, 6. — Ajoutons que, d’après le témoignage d’Hégésippe et de Clémentd’Alexandrie, dans Eusèbe, H. E., ii, 1, 23, t. xx, col. 136, 196, 200, l’apôtre saint Jacques le Mineur, le premier

évêque de Jérusalem, fut précipité du pinacle du Temple, itTspuT’ov, dit Clément, TtïépuY’ov toû ieooû, dit d’abordHégésippe, et puis irrépimov toû vaoO, col. 200, mais lemot vho'ï, dans son sens précis, ne peut être exact, parceque ni saint Jacques ni le peuple auquel il parlait nepouvaient pénétrer dans le vaoç. Ce n’est que dans leparvis que l’Apôtre a pu adresser un discours aux Israélites et ce n’est que du portique extérieur qu’il a pu êtrejeté en bas. Le pinacle était donc une partie du portique. Lorsque l’Apôtre eut été achevé par le bâton d’unfoulon, il fut enseveli à l’endroit même où il avait consommé son martyre, ajoute Hégésippe, ce qui ne peutêtre vrai que s’il était mort en dehors de l’enceinte duTemple, c’est-à-dire dans la vallée de Cédron où l’onenterrait en effet les défunts, tandis qu’il était impossible d’enterrer dans le Temple même. La tradition localeplace le tombeau de saint Jacques à l’angle sud-est del’esplanade du Temple, voir Jacques 2, t. iii, col. 1088, dans la vallée de Josaphat. Ces divers détails s’accordenttrès bien avec l’opinion qui place le pinacle au-dessusde la vallée du Cédron et la confirment par là même.

F. VlGOUROUX.

    1. PINCETTES##

PINCETTES (hébreu: mahtâh, mélqâhtayîm,

malqâhayim; Septante: laêk; Vulgate: forceps),

instrument de métal composé de deux tiges qu’on peut

rapprocher pour saisir un objet (flg. 87). — Il n’est

87. — Pincettes romaines antiques.

D’après Daremberg et Saglio, Dictionnaire des antiquités,

t. ii, flg. 3163, p. 1240.

question de pincettes que dans la description du mobilier du sanctuaire que Moïse fit exécuter. Exod., xxv, 38; xxvii 3; xxxvii, 23; xxxviii, 3. Elles servaient àmettre du feu dans les encensoirs, Num., xvi, 6, 7, età disposer les mèches des lampes. Num., IV, 9. Salomon fit fabriquer en or les pincettes du Temple.III Reg., vii, 49; II Par., iv, 21. Dans une de ses visions, Isaïe, vi, 6, vit un ange prendre un charbon ardent sur l’autel avec des pincettes, afin de lui purifier

les lèvres.

H. Lesêtre.

    1. PINEDA##

PINEDA (Jean de), commentateur espagnol, né àSéville en 1558, mourut dans cette ville le 27 janvier1637. Reçu dans la Compagnie de Jésus en 1572, ils’appliqua à l'étude de l'Écriture Sainte qu’il enseignaensuite pendant 18 ans à Cordoue, Séville et Madrid.Le premier ouvrage d’exégèse dû à la plume de P. Pineda est le Commentarionmi in Job libri tredecim; il parut à Madrid en 1597-1601, 2 in-f°. Des rééditionsde cette œuvre capitale se succédèrent à intervallesrapprochés dans diverses villes de l’Europe, Madrid, Cologne, Séville, Venise, Paris. — Ses travaux sur Salomon, Ad suos comtnentarios Salomon prsevius, idest, de rébus Salomonis régis libri octo, quoiquemoins considérables, eurent également beaucoup devogue à son époque; ce travail qui parut à Lyon en1609, fut réimprimé à Venise en 16Il et à Mayence en1613. Il donna enfin des Commentarii in Ecclesiasten, in-4°, Séville, 1619, Paris, 1620, et Prselectio sacra inCantica Canticorum, in-4°, Séville, 1602. Ces ouvragestémoignent d’une science aussi vaste que sûre.

P. Bliard.

    1. PINTO RAMIREZ André##

PINTO RAMIREZ André, commentateur portugais, né à Lisbonne en 1595, mourut le 23 mai 1654. Admisdans la Compagnie de Jésus en 1617, il enseigna longtemps la rhétorique, puis l'Écriture Sainte à Salanianque; son Canticum Canticorum Salomonis dratnatico tenore, litterali allegoria, tropologicis notis explicatum, in-8°, Lyon, 1642, est curieux et original plutôt que sûr. 441

PINTO RAMIREZ

PIS1DIE

442

Son explication de l’Apocalypse qui contient les avertissem*nts aux sept évêques d’Asie, offre de précieuxenseignements moraux. Conimentarius in EpistolasChristi Domini ad septetn Episcopos Asise quse inApocalypsi continentur. Lyon, 1652, in-fol.

P. Bliard.PIOCHE (hébreu: ma’edêr"; Vulgate: sarculuni), instrument destiné à défricher le sol. Notre fer depioche se termine d’un côté en pic et de l’autre enhoue. Pline, H. N., xviii, 49, 2, dit que le sarculuniservait surtout à la petite culture dans les régions montagneuses. Le ma’edêr dont parle Isaïe, vii, 25, estprécisément employé dans les mêmes conditions. Lemême mot désignait sans doute des instruments analogues, constituant des houes plus ou moins étroites.

Voir Houe, t. iii, col. 766.

H. Lesêtre.

    1. PIRES Jacques##

PIRES Jacques, commentateur flamand, né à Anversle 22 janvier 1680, mort à Bruxelles le 3 janvier 1750, entra au noviciat de Ja Compagnie de Jésus à Malinesen septembre 1698 et professa la théologie et l'Écrituresainte. Dans son Commentarius in sanctwm JesuChristi evangelium secundum Matthseum, necnon secundum Marcum, Lucam et Joanriem, Louvain, 1747, in-8°, Malines, 1823, il s’applique plus particulièrement àmontrer l’accord des quatre écrivains sacrés d’aprèssaint Augustin, Maldonat et Cornélius a Lapide; puisafournir des armes contre les hérétiques, à mettre enrelief les idées mystiques auxquelles le texte peut seprêter sans effort. P. Bliard.

1. PISCINE (hébreu: berêkâh; Septante: xp^rj, xoXu(/, ëïj8pot; Vulgate: piscina, natatoria), bassin artificiel à ciel ouvert, construit pour garder l’eau dessources, des pluies ou des aqueducs. Il diffère de laciterne, ordinairement couverte, moins vaste et alimentéeseulement par l’eau de pluie. Voir Citerne, t. ii, col. 787. — Différentes piscines sont mentionnées dansla Bible, la piscine de Gabaon, II Reg., ii, 13, voir t. iii, col. 19; les piscines d’Hésébon, Cant., vii, 5, voir t. iii, col. 659; la piscine de Samarie, III Reg., xxii, 38; lespiscines attribuées à Salomon, Eccle., ii, 6, voir t. i, col. 799, et les piscines de Jérusalem; la piscine supérieure, sur le chemin du champ du Foulon, IV Reg., xviii, 17; Is., vii, 3; xxxvi, 2; la piscine inférieure, Is., xxii, 9, 11; la piscine attribuée à Ézéchias, IV Reg., xx, 20; II Ksd., iii, 16; la piscine du roi, II Esd., ii, 14; la piscine de Siloé, II Esd., iii, 15; Joa., ix, 7, 11, et la piscine probatique ou de Bethesda. Joa., v, 2, 4, 7. Sur les piscines actuelles de la ville, voir Jérusalem, t. iii, fig. 245, 246, col. 1347, 1350. Cf. C. Mommert, Topographie des alten Jerusalems, 3 in-8°, Leipzig, 1900-1905, t. iii, p. 76-102. Pour la piscine supérieurevoir Piscine 2. Ézéchias fit déverser par un aqueducla fontaine de Gihon dans la piscine de Siloé (voirAjueduc, t. i, col. 804), appelée pour cette raison piscine inférieure. L’attribution de piscines à l’initiativede ce roi ne vise pas autre chose que ce travail, quieut pour résultat d’alimenter la fontaine de Siloé. VoirSiloé. Quant à la piscine du roi, c'était sans doute celleque Josèphe, Bell, jud., V, iv, 2, appelle piscine deSalomon et qu’il place à l’est de Siloé. Voir son emplacement, t. iii, fig. 249, col. 1356. Sur la piscine Probatique, voir Bethsaïde, t. i, col. 1723. — Nahum, ii, 8, compare Ninive, au temps de sa prospérité, à une piscine d’eaux; ni les habitants, ni les ressources ne manquaient alors à la cité. — Les piscines servaient àrecueillir l’eau pour différents usages. La piscine deSiloé recevait par un aqueduc creusé dans le roc l’eaude la source de Gihon, que l’on tenait à soustraire auxatteintes d’un ennemi assiégeant la ville. On puisaitaux piscines l’eau à boire, Luc, sxii, 10; on y lavaitdes objets divers et l’on s’y baignait, comme à la piscine de Samarie, III Reg., xxii, 38, à la piscine de Bethesda, Joa., v, 4, et très probablement dans les autres.Voir Bain, 1. 1, col. 1387. C’estencore ce qui se pratiqueaujourd’hui aux piscines de Siloé et de la Vierge.Cf. Le Camus, Notre voyage aux pays bibliques, Paris,

1894, 1. 1, p. 376-379. "

H. Lesêtre.

2. PISCINE SUPÉRIEURE (hébreu: berêkâh hd-'élyôndh, Septante: ^xoXu[161^9paTi avw), piscine située près deJérusalem, où conduisait une route appelée chemin duchamp du Foulon. Elle est mentionnée en deux occasions: 1° C’est en cet endroit que fut faite la prophétied’Emmanuel, Is., vii, 3; s2° C’est là que le Rabsacès etles envoyés de Sennachérib s’adressèrent au peuplequi était sur les murs de la ville pour le presser de sesoumettre au roi d’Assyrie. IV Reg., xviii, 17; Is., xxxvi, 22. Il résulte des détails de cette dernière scèneque la piscine était en dehors de la ville. Pendantlongtemps on a cru que la piscine supérieure se trouvait à l’ouest de Jérusalem à l’emplacement du BirketMamillah actuel. Voir Jérusalem, t. iii, col. 1349; Champ du Foulon, t. ii, col. 529. Cf. C. Mommert, Topographie des alteri Jérusalem, m Th., Leipzig(1905), p. 76-79, 132. Plusieurs savants contestentaujourd’hui cette identification et identifient la piscinesupérieure avec une des piscines de Siloé. Voir J. Benziger, Hebrâische Archàologie, 1894, p. 52.

    1. PISIDIE##

PISIDIE (grec: RimS(a), contrée située dans lapartie sud-ouest de l’Asie Mineure, et mentionnée deux

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88. — Carte de la Pisidie.i

fois dans le Nouveau Testament: Act., xiii, 14, etxiv, 24.

1° Limites. — Elle était enclavée entre le haut plateau phrygien et la vaste plaine de Pamphylie. Seslimites précises ne peuvent pas plus être déterminéesque celles d’autres nombreuses provinces de la péninsule asiatique, car elles varièrent aux différentesépoques de l’histoire. On peut dire du moins avec assezd’exactitude, qu'à l'époque qui nous intéresse, la Pisidieétait bornée au nord par la Phrygie; au sud, parlaPamphylie, qui la séparait de la Méditerranée; à l’est, par le territoire isaurien et la Lycaonie; à l’ouest et ausud-ouest, par la Carie et la Lycie (fig. 88).

2° Géographie physique. — La Pisidie était un district rocheux, montagneux, formé par la chaîne duTaurus occidental, qui a, dans ces parages, quelquesuns de ses pics les plus élevés. C’est une des contréesles plus sauvages, les plus accidentées et les plus pittoresques de l’Asie Mineure. Çà et là s’ouvrent de largesvallées, où coulent des cours d’eau dont plusieurs, telsque le Kestros, PEurymédon et le Mêlas, sont considérables et vont se jeter dans le golfe de Pamphylie. Dansla partie septentrionale du pays se trouvent plusieurslacs salés, et aussi le grand lac d’eau douce qui porte 443

PISIDIE — PISTACHE

le nomA’Egherdîn Gœl. Au sud, les montagnes descendent d’une manière assez abrupte dans la plainepamphylienne et, sur la partie inférieure de leurs pentesfort bien exposées, croissent l’olivier, le styrax et plusieurs autres plantes aromatiques.

3° Population et histoire de la Pisidie. — LesPisidiens formaient une race montagnarde âpre etbelliqueuse, passionnée pour la liberté et ardemmenthostile à tout ce qui pouvait gêner son indépendance.Strabon, XII, vi, 7; Pline, H. N., v, 24. On ignorequelles étaient leurs origines ethnologiques. Ils furentd’abord gouvernés par des chefs héréditaires; puisAmyntas, le dernier roi des Galates, réunit tout le payssous sa domination, en 36 avant J.-C. C’est Xénophon, dans son Anabasis, I, i, 11; II, i, 4, etc., qui fait lapremière mention historique des Pisidiens. Ne redoutant rien, ils troublaient fréquemment le repos descontrées voisines, par des invasions soudaines et terribles, dont ils revenaient chargés de butin. Cf. Strabon, l. c; Tite Live, xxxv, 13. On comprend doncqu’ainsi exercés à la guerre et au brigandage, ils aientfait, à l’occasion, d’excellents soldats. Voir Josèphe, Ant. jud., XIII, xiii, 5; Bell.jud., xliii, 3. Aussi, niles Perses, ni Alexandre le Grand, ni les Séleucides, ni même les Romains ne réussirent-ils à les subjuguercomplètement. Si le général romain Quirinius parvintà s’emparer de la citadelle de Cremna, après de longsefforts, et à y installer une colonie de vétérans, et sid’autres colonies furent également établies à Antiocheet en d’autres localités, Pline, B. N., v, 24, le cœur dela contrée ne fut jamais dompté. Après cette conquêteimparfaite de Rome, la Pisidie fut rattachée à la province de Galatie (25 avant J.-C.) et puis de Pamphylie.Cf. Ptolémée, v, 4 et 5; J. Marquardt, Organisation del’empire romain, t. ii, trad. franc., Paris, 1892, p. 238, 278, 313. Ce n’est qu’en 297 de notre ère, durant lerègne de Dioclétien, qu’elle devint une province à part, gouvernée par un prisses. — On conçoit aisément, d’après les détails qui précèdent, que les Pisidienssoient demeurés à peu près totalement rebelles à lacivilisation hellénique. Cependant, le langage et l’artgrecs pénétrèrent à la longue dans la contrée, commele montrent, d’une part, les inscriptions récemmentdécouvertes, et, de l’autre, les restes assez bien conservés des anciens monuments. On ne possède que derares fragments de la langue propre aux Pisidiens.Voir W. M. Ramsay, Inscriptions en langue pisidienne, dans la Revue des Universités du Midi, 1895, p. 353-360. — Les villes principales de la Pisidie, vraiesforteresses au milieu des montagnes, étaient Sagalassos, Selgé, Cremna, Termessos, Pednalissos. Les ruines deplusieurs d’entre elles ont été retrouvées de nos jours.

4° La Pisidie et le Nouveau Testament,-x La Pisidiereçut plusieurs fois la visite de saint Paul. Durant sonpremier voyage apostolique, il la traversa du sud aunord, avec Barnabe, en venant de Chypre et de Pamphylie. Act., xiii, 13-14. Puis il la parcourut de nouveau en sens inverse, du nord au sud, lorsqu’il revintde Lystres et d’Icône à Antioche (de Pisidie), et redescendit en Pamphylie. Act., xiv, 20-23. Il est probable qu’il visita aussi la partie septentrionale de laprovince au début de son second voyage apostolique, en compagnie de Silas et de Timothée, Act., xvi, 6; mais cela n’est pas dit explicitement. Saint Luc décrittout au long, Act., xiii, 14-52, le ministère et le beausuccès de l’Apôtre à Antioche. Notons, à ce sujet, unedouble leçon du texte sacré, au passage Act., xiii, 14.Pour distinguer cette ville importante de plusieursautres cités hom*onymes, spécialement d’Antioche deSyrie, le narrateur emploie, d’après le «textus r’eceptus», l’expression 'AvttôjrEtav ttJç tliffifiiaç, «Antiochede Pisidie»; mais il est vraisemblable, d’après les manuscrits N, A, B, C, etc., que la leçon primitive était

'AvudxE’av tïjv rito-iSfav, «Antioche la Pisidienné.» Dans l'énumération des nombreux périls auxquels ilfut exposé durant son long ministère, saint Paulsignale en particulier, Il Cor., xi, 26, ceux qu’il couruten passant les fleuves et de la part des brigands. Il fitsans doute très spécialement l’expérience de ces deuxsortes de dangers en voyageant sur les routes pisidiennes. D’une part, en effet, il eut à franchir plusd’un torrent de montagne, aux eaux gonflées par lespluies. D’autre part, ce que nous avons dit plus hautdu caractère des habitants de la Pisidie montre que les «périls des brigands» n'étaient pas rares danscette région. D’ailleurs, les inscriptions anciennesqu’on y a trouvées mentionnent en propres termes cetteespèce de péril. Plusieurs d’entre elles signalent l’existence d’un corps de gardiens, qui avaient pour fonctionprincipale de protéger les voyageurs et les propriétéscontre les bandits: ôpoç-jXaxeç, îiapatp’jXaxtaî. Uneautre est dédiée par des parents éplorés «à Sousou, leur fils, gardien des montagnes, égorgé par. desbrigands.» Voir W. M. Ramsay, Hislorical Geographyof AsiaMinor, p. 174; Id., The Church in the RomanEmpire, p. 23-25.

Il semble qu’il existe encore un vestige du passagede saint Paul en Pisidie, dans le nom de Kara Bavlo(c’est-à-dire IlaûXo) que portent les ruines de l’ancienneville d’Adada, située autrefois sur la route qui conduisait directement de la côte de Pamphylie à Antiochede Pisidie. Cf. Ramsay, The Church in the RomanEpipire, p. 20-23.

Voir Strabon, XII, vi, 7 et 8; Pline, H. N., v, 24; Kiepert, Aile Géographie, in-8°, p. 127; Conybeareet Howson, The Life and Epistles of St. Paul, Londres, 1875, in-12, p. 129-134; C. Fouard, Saint Paul, sesmissions, in-8°, Paris, 1872, p. 28-32; le comte Lanckoronsiti, Stâdte Pamphyliens und Pisidiens, in-8°, t. ii, Vienne, 1892. L. Fillion.

    1. PISTACHE##

PISTACHE (hébreu: botnîm: Septante: rspéêtvOo; ; Vulgate: terebinthus), fruit du Pistachier.

I. Description. — Le Pistacia vera (vulgairementPistachier), fig. 89 est un arbrisseau de la famille desTérébinthacées. Les feuilles pennées avec 1 ou 2 pairesde folioles, rarement réduites à la foliole terminale, sont d’abord velues sur toute leur surface, puis à la finseulement aux bords, très amples, coriaces, obtusesou mucronulées, luisantes en dessus, avec des nervures saillantes. Les fleurs dioïques et apétales, enpanicules dressées, ont les caractères de celles duLentisque. Mais le fruit devient beaucoup plus gros, rouge, oblong, prolongé en apïcule à son sommet.Originaire des montagnes du Liban, il s’est répandupar la culture dans toute la région méditerranéenne etorientale, pour son fruit dont la pulpe est aigreletteet comestible. L’amande est oléagineuse, et le boisfournit un combustible excellent. Enfin son écorceastringente peut servir au tannage, et secrète la résineconnue sous le nom de Térébenthine de Chio. F. Hy.

II. Exégèse. — Les botnîm figurent parmi les meilleures productions du pays de Canaan, que les enfantsde Jacob doivent porter en présent au premier ministredu pharaon d’Egypte. Gen., xliii, 11. Que sont cesbotnîm? À s’en tenir aux seules versions anciennes, ilserait difficile de décider, puisque les unes, commela version samaritaine, la version arabe des Samaritainset celle d’Erpenius voient dans les botnîm les noix dupistachier, et les autres plus anciennes et plus nombreuses traduisent par térébinthe, comme les Septante, TEpégtv60ç, la Vulgate, terebinthus, le syriaque, betmo, le chaldéen, butma', l’arabe, butin. Les Arabesappellent actuellement le térébinthe butm, tandisqu’ils donnent au pistachier le nom de fistûq. Et lesnoms employés par le syriaque et le chaldéen, betmo, 445

PISTACHE

PLA.CE D’HONNEUR

446

butmâ désignent également dans ces langues le térébinthe.Il y a lieu de remarquer cependant que lePistacia vera et le Pistacia terebinthus sont deuxarbres de la même famille, des plantes ayant entre ellesde grandes analogies; c’est ce qui a amené les Grecsà les confondre. Théophraste, Bisi. pi., iv, 5. Il estfort possible que les peuples orientaux aient aussicompris sous la même dénomination les deux espècesdu Pistacia et que tout en traduisant par térébinthe, les versions sémitiques aient eu en vue cependant lePistacia vera. Les fruits du térébinthe ne sauraientguère être offerts en présent comme une des meilleuresproductions de la Palestine, tandis que la noix dupistachier était et est encore très appréciée. C’est cequ’ont bien vu d’anciens commentateurs juifs: ainsile botnah du Tr. Schebi, 7, est regardé par la glose de

89. — Pistacia vera.

Bartenora et par Maimonide comme une espèce denoix, appelée piDDNS, p’istuq. On sait du reste que lepistachier était très répandu en Palestine. La ville deBetonim, Job, xiii, 26, au pays de Gad, paraît tirer sonnom de l’abondance de cet arbre. Pline, H. N., xiii, 10, y reconnaît une spécialité de la Syrie, qu’on netrouvait pas en Egypte: ce qui est conforme au textede la Genèse, xliii, 11. Pour ces diverses raisons l’identificationdes botnîm avec les pistaches est très vraisemblable: c’est le sentiment de Bochart, Geograph., t. ii, 1. 1, ch. x; de Celsius, Hierobotanic, in-8°, Amsterdam, t. i, p. 24; de Michælis, Supplementa ad lexica hebraica, in-8, Gœttingue, 1792, t. i, p. 171. Cf. I. Low, Aramaïsche Pflanzennamen, in-8°, p. 420.

E. Levesque.

    1. PLACE D’HONNEUR##

PLACE D’HONNEUR, place attribuée à un personnageconsidérable,-r 1° La droite est ordinairementattribuée, dans la Sainte Écriture, à celui qu’onveut particulièrement honorer. Dieu fait siéger à sadroite le Messie, son Fils incarné. Ps. ex (cix), 1; Matth., xxii, 44; Marc, xil, 36; Luc, xx, 42; Act., ii, 34; Heb., i, 13. Devant le sanhédrin, NotreSeigneurannonce, qu’on le verra un jour occuper cette place.Matth., xxvi, 64; Marc, xiv, 62; Luc, xxii, 69. Il enprend possession au jour de son ascension. Marc, xvi,

19. Saint Etienne le voit à cette place. Act., vii, 55.Les Apôtres parlent souvent du Christ à la droite deDieu. Rom., viii, 44; Col., iii, 1; Heb., i, 3; viii, 1; x, 12; xii, 2; î Pet., iii, 22. Au dernier jour, le Fils del’homme occupera le siège de sa majesté pour exercersa fonction déjuge suprême. Matth., xxv, 31.

2° Le roi Salomon fait asseoir la reine Bethsabée asa droite. III Reg., ii, 19. Dans l'épithalame du PsaumeXLV (xliv), 10, la reine est aussi â la droite du roi. Lepeuple d’Israël est appelé «l’homme de la droite» deJéhovah, Ps. lxxx (lxxix), 18, à cause de la placed’honneur que Dieu lui a assignée parmi les autrespeuples. Au dernier jugement, les brebis, c’est-à-direles âmes des justes, seront placées à droite. Matth., xxv, 33. Il ne faut pas mettre son ennemi à côté de soi, le faire asseoir à sa droite, si l’on ne veut pas êtresupplanté par lui. Eccli., xii, 12.

3° La place attribuée à quelqu! un marque sa dignitéet l’autorité qu’il exerce. Job, xxix, 25, dit que quandil se rendait dans l’assemblée de ses concitoyens, onlui donnait la première place et il siégeait comme unroi. La mère des fils de Zébédée demande à Notre-Seigneurque, dans son royaume, ses deux fils soientassis l’un à sa droite et l’autre à sa gauche. Matth., xx, 21. C'était réclamer pour eux les deux premières dignitésdans ce royaume temporel dont on croyait l'établissem*ntimminent. La seconde place est attribuéeau premier ministre du roi. Joseph occupe le secondchar après le pharaon. Gen., xli, 43. Jonathas sera lesecond après David, I Reg., xxiii, 27; Elcana est lesecond après Achaz, II Par., xxviii, 7; Aman et Mardochéeoccupent la même place auprès d’Assuérus.Esth., x, 3; xiii, 3, 6. Daniel, v, 7, 16, 29, n’est que letroisième dans le royaume, parce que le roi Nabonideavait associé au gouvernement son fils Balthasar.A Malte, le gouverneur Publius portait le titre deirpMTOç, «premier». Act., xxviii, 7. On regardaitcomme un honneur de siéger au milieu des premiers.

I Reg., ii, 8; III Reg., xxi, 9; Prov., xxxi, 23. Les roismettent leur plaisir dans les trônes et les sceptres, Sap., vi, 22; la sagesse vaut mieux que ces choses.Sap., vii, 8. Les pharisiens aimaient à occuper lespremières places dans les festins et dans les synagogues. Matth., xxiii, 6; Marc, xii, 39; Luc, xx, 46Quand un riche se présentait dans certaines réunions, on lui offrait une place d’honneur en lui disant: <jù -/.dcSou 58e xaXw; , «à toi cette belle place».Jacob., ii, 3, — Au jour du jugement, les Apôtressiégeront sur douze sièges d’honneur, pour juger avecle Fils de l’homme. Matth., xix, 28. Alors celui quiaura vaincu sera assis avec le Fils de Dieu sur sontrône, de même que le Fils est assis sur le trône duPère. Apoc., iii, 21. Mais bien des rôles seront changés; beaucoup de ceux qui étaient les premiers sur la terreseront alors les derniers et réciproquement. Matth., XIX, 30; xx, 16; Marc, x, 31.

4° La place occupée à table était en rapport avec ladignité de chaque convive. La reine, épouse d’Artaxerxès, est assise auprès du roi pendant le repas,

II Esd., ii, 6, sans doute dans l’attitude iigurçe t. iv, fig. 97, col. 290. À l'époque de Notre-Seigneur, onrecherchait avec avidité les premières places à table.Matth., xxiii, 6; Marc, xii, 39; Luc, xx, 46. Un jour, le divin Maître fut témoin de cet empressem*nt. Il enprit occasion pour donner aux convives une leçon desavoir-vivre, dont il fit en même temps une leçon d’humilité.Luc, xiv, 7-11. L’hôte en effet ne respectait pastoujours le choix de chaque convive; il faisait monterl’un et descendre l’autre, ce qui était une source d’humiliationspénibles, bien que méritées. Les Apôtres neprofitèrent pas de la leçon. Avant la dernière Cène, aumoment sans doute où il s’agissait de prendre place àtable, on les voit se disputer sur la préséance. 447

PLAGE D’HONNEUR

PLAIDEUR

448

Luc, xxii, 24-30. En leur lavant les pieds lui-même, Notre-Seigneur leur montra en quoi consisteraient lesdignités dans son royaume. Joa., xiii, 4, 5, 13-17. —Sur la place occupée par les convives à l'époque évangélique, voir Lit, t. iv, col. 290-291.

H. Lesêire.

    1. PLACE PUBLIQUE##

PLACE PUBLIQUE (hébreu: hàs, «. le dehors», refyob, «ce qui est large», Sûq, «là où-l’on court»; Septante: TcÀixteia, nXâxoç, âfopà j Vulgate: platea, forum), espace découvert, à proximité des habitations.— Dans les villes d’Orient, il n’y avait pas de placesproprement dites comme dans les nôtres. Les maisonsétaient resserrées les unes près des autres, les ruesétroites, souvent tortueuses et encombrées. On se gardait d’y ménager des emplacements vides, où l’on n’aurait pu s’abriter contre le soleil et qui, dans les villesentourées de murs, auraient rendu l’enceinte plus étendue et plus difficile à défendre. Les places n'étaientordinairement que l’espace maintenu libre à l’entréedes villes ou des villages. De là les noms qui leur sontdonnés; ce sont des endroits en dehors de l’agglomération, ils sont larges, on peut y courir, ce qui n'étaitpas possible dans les rues. Les places étaient les lieuxnaturellement indiqués pour servir à toutes les manifestations de la vie publique. La Sainte Écriture y faitassez souvent allusion.

1° Quand des étrangers arrivaient, ils se tenaient surla place, jusqu'à ce que quelqu’un leur offrît l’hospitalité. Jud., xix, 16, 17, 20. Parfois, ils préféraient s’y établir pour passer la nuit. Gen., xix, 2. Comme la placeétait le lieu de passage de tous les arrivants et de tousles sortants, on y cherchait ceux qu’on voulait rencontrer, Cant., iii, 2; on y faisait les proclamations publiques, Prov., i, 20; Luc, x, 10, les vieillards venaient y deviser à l’aise, quand la chaleur était tombée, I Mach., xiv, 9; on y trouvait les ouvriers à louer, Matth., xx, 3, et les convives à inviter. Luc, xiv, 21. Les gens d’importance aimaient à s’y rendre pour être salués, Matth., xxiii, 7; Marc, xii, 38; Luc, xi, 43; xx, 46; mais, comme on y rencontrait toutes sortes de personnes etd’objets plus ou moins impurs, les pharisiens ne manquaient pas de se laver en revenant de la place publique.Marc, vil, 4. Notre-Seigneur voulut bien enseigner souvent sur les places publiques, Luc, xiii, 26, mais sansy faire retentir sa voix comme ceux qui veulent imposer à la foule. Matth., xii, 19. Dans les villes et lesvillages, on rassemblait les malades sur les places publiques, pour qu’il les guérît. Marc, vi, 56.

2° Les places étaient le théâtre des événements quiintéressaient toute la population. En cas de danger, c’estlà que retentissaient les cris d’alarme. Ps. cxliv (cxliii), 14. Les ennemis lès occupaient tout d’abord. Lam., iv, 18. 'Les Hébreux devaient y brûler tout le butin desvilles adonnées à l’idolâtrie. Deut, xiii, 16. Les Philistins avaient suspendu les os de Saùl et de Jonathas surla place de Bethsan. II Reg., xxi, 12. Après la défaite, la place publique devenait le siège de la désolationpopulaire. Is., xv, 3; Am., v, 16. Menacé par Sennachérib, Ézéchias réunit les chefs militaires sur uneplace, hors de la ville, et les exhorta au courage et à laconfiance. II Par., xxxii, 6. Esdras lut la loi au peupleassemblé sur la place, devant la porte des Eaux, et ensuite, sur cette place et sur celle d’aphraïm, on dressades tentes pour célébrer la fête des Tabernacles. II Esd., m, 8, 16. Voir Jérusalem, t. iii, col. 1364, 1365. Parfoisaussi, sur les places, on installa les cultes idolâtriques, Ezech., xvi, 24, 31, assimilés à la fornication. Cf. Prov., vu, 12.

3° La place publique était le rendez-vous de la jeunesse, qui y prenait ses ébats. Les jeunes garçons et lesjeunes filles y venaient jouer. Zach., viii, 5; Matth., xi, U5; Luc, vii, 32. Dans les temps de calamités, la mortfrappait les jeunes gens des places publiques. Jer., Kj

21; xlix, 26; l, 30; les enfants et les nourrissons y tombaient en défaillance. Lam., ii, 11.

4° Sur la place publique, par laquelle tous les hommespassaient pour se rendre aux champs ou en revenir, lajustice tenait ses séances. Job, xxrx, 7; cf. Act.., xvi, 19.Mais souvent la vérité et la justice trébuchaient sur laplace publique, Is., ux, 14, l’oppression et l’astuce s’yinstallaient à demeure. Ps. lv (liv), 12. Voir Jugement, t. iii, col. 1843; Porte. Les places publiques servaientaussi pour les marchés. Voir Marché, t. iv, col. 748. —Daniel, ix, 25, prédit la restauration de Jérusalem, avecses places et son enceinte; Tobie, Xin, 22, souhaitaitque le pavé de ces places fût de pierres d’une blancheursans tache.

5° Il est aussi question d’autres places: la place orientale du Temple, c’est-à-dire le grand parvis, dans lequelÉzéchias réunit les prêtres et les lévites, II Par., xxix, 4; Esdras y rassembla aussi tout le peuple, I Esd., x, 9, et Judas Machabée y détruisit les autels idolâtriquesque les étrangers y avaient élevés, U Mach., x, 2; laplace du palais de Suse, à travers laquelle Mardochéefut promené en triomphe, Esth., iv, 6; vi, 9, 11, et lesplaces que voit saint Jean dans la Jérusalem déicide.Apoc, xxi, 21; xxii, 2. Voir Agora, t. i, col. 275; Forum, t. ii, col. 2328. — Souvent les versions parlentde places là où le texte hébreu mentionne un emplacement quelconque, une contrée, Job, xviii, 17, et surtout des rues. II Reg., xxii, 43; III Reg., xx, 34; Tob., il, 3; Esth., iv, 1; Ps. xvin (xvii), 43; Prov., vii, 8; xxii, 13; Eccle., xii, 4, 5; Eccli., ix, 7; Is., v, 25; x, 6; xxiv, 11; Jer., v, 1; vii, 17, 34; xliv, 6, 17^21; Lam., n, 12; iv, 1, 8, 14; Ezech., xxvi, 11; xxviii, 23; Mich., vu, 10; Nah., ii, 4; Zach., viii, 4; ix, 3; I Mach., i, 58; u, 9; II Mach., iii, 19; Matth., vi, 5; Act., v, 15. VoirRue.

6° En dehors des villes, certains croisem*nts deroutes forment des sortes de places ou carrefours.Ainsi, pour tirer ses présages, le roi de Babylones’arrête à 'ëm had-dérék, «la mère du chemin», à latête de deux chemins, ânt-c-îiv àp^ai’av ôêov, «à l’antiquechemin», probablement pour èrci tï|v àpyrp ôSoù, «aucommencement du chemin», in bivio, «au carrefour».Ezech., xxi, 21 (26). — La Vulgate appelle bivium, carrefour, ce que l’hébreu et les Septante nomment «ported'Énaïm». Gen., xxxviii, 14, 21. Voir Enaim, t. ii, col. 1766. Elle donne encore le nom de bivium à l’a[xçoSov, «la rue», de Bethphagé. Marc, xi, 4. Enfin, elleappelle trivia, «carrefours des trois chemins», lesplaces des villes de Moab. Is., xv, 3.

H. Lesêtre.

    1. PLAGIAIRE##

PLAGIAIRE (grec: àvSpaTCoStcTTrj?; Vulgate: plagiarius), celui qui vend ou qui achète comme esclaveun homme libre, dont on s’est emparé par vol. SaintPaul, I Tim., i, 10, énumère les plagiaires avec les hamicides et les autres criminels dignes de toute la rigueurdes lois. Le plagiat ainsi entendu était puni de mortchez les Hébreux, Exod., xxi, -16; Deut., xxiv, 7; chezles Grecs, Xénophon, Memorab., i, ii, 62, et chez lesRomains. Lex Fabia, Digest., xlviii, tit. xv. La loi mosaïque condamnait à mort non seulement celui quiavait vendu comme esclave un homme ou une femmevolée, mais aussi celui qui, sans les vendre, les retenaitentre ses mains. Exod., xxi, 16.

    1. PLAIDEUR##

PLAIDEUR, celui qui, devant le juge, défend cequ’il croit être son droit. — Chez les Hébreux, chacunplaidait lui-même sa cause devant les juges. À défautde témoins pour appuyer sa revendication ou sa défense, il prétait serment afin de donner plus de poids àsa parole. Exod., xxii, 11; Heb., vi, 16. Voir Jugement, t. iii, col. 1844; Procédure. Booz et le proche parentde Ruth font valoir chacun leurs raisons devant dixanciens pour épouser ou ne pas épouser la jeune^fille.

Ruth, iv, 1-6. Deux femmes viennent ainsi plaider devantSalomon, au sujet de l’enfant que chacune prétendêtre le sien. III Reg., iii, 16-28. Déjà, du temps de David, Absalom cherchait à attirer à lui les plaideurs, sousprétexte que justice ne leur était pas rendue au tribunalroyal, II Reg., xv, 2-4, bien que lui-même fût rentréen grâce sur l’intervention d’une femme de Thécué, venue pour plaider auprès de David la cause d’un filssoi-disant menacé de mort par sa parenté. II Reg., xiv, 4-20. Les plaideurs usaient parfois de moyens indélicatspour capter la bienveillance des juges. Prov., xvii, 15, 23; xviii, 5; xxiv, 23; xxviii, 21. — Notre-Seigneur recommandeau plaideur de s’accorder avec son adversairependant qu’ils sont tous les deux ensemble en route pourJe tribunal; car, une fois entre les mains de la justice, L’affaire suivra son cours et le plaideur imprudent ouopiniâtre en subira les dures conséquences. Matlh., v, 25.En parlant ainsi, le divin Maître entend donner unconseil pratique non seulement pour la vie présente, maisencore pour l’autre vie. On a intérêt à donner satisfactionen ce monde à tous ceux qu’on a lésés de quelquemanière; car, si l’affaire vient en état au tribunal dusouverain Juge, la sentence sera redoutable, et le coupablene sortira de prison qu’après avoir payé jusqu’àla dernière obole. Voir Purgatoire. — Saint Paul neveut pas que les chrétiens qui ont à plaider quelqueaffaire l’un contre l’autre en appellent aux tribunauxdes païens. «Quand vous avez des jugements à fairerendre sur les affaires de cette vie, dit-il, établissezpour les juger ceux qui sont les moins considérésdans l’Église.» I Cor., vi, 4. Les plus humbles fidèles, avec leur simple bon sens, seront aptes à juger cesdifférends à l’amiable, et l’on évitera ainsi de porter àia connaissance d’adversaires des discussions qui leurdonneraient occasion de se moquer d’hommes faisantprofession de vivre en paix les uns avec les au trèsetde n’attacher qu’une médiocre importance aux intérêtsmatériels. D’autre part, le conseil de l’Apôtre montreque, sur certaines questions temporelles, il peutexister des dissentiments légitimes, même entre leschrétiens. Mais le chrétien ne doit pas être un hommeà procès. L’Apôtre s’inspire du conseil donné parNotre-Seigneur: «Si l’on t’appelle en justice pouravoir ta tunique, abandonne encore ton manteau.» Matth., v, 40; Luc, vi, 29, 30. Il est évident qu’il n’y apas ici de précepte. Ainsi l’a compris saint Paul qui, en plusieurs circonstances, a revendiqué ses droits, à Philippes, Act., xvi, 37-38; à Jérusalem, xxii, 25-26; xxiii, 1; devant les procurateurs Félix, xxiv, 1.0, et Festus, xxv, 8-12. Si le chrétien abandonnait toujours tousles siens, les adversaires l’accuseraient de pusillanimité, son abnégation encouragerait tous les attentats et ilfinirait lui-même par ne plus compter dans la sociétédes hommes. La charité, autant que la justice, commandede se défendre légalement en certains cas, pourne pas laisser les méchants maîtres absolus de tous lesbiens d’ordre temporel. Cf. S. Augustin, Epist. 138, ii, 9-15, t. xxxiii, col. 528-532; De serni. Dotn. in mont.,

i, 18, 63, t. xxxiv, col. 1261-1262.

H. Lesêtre.

    1. PLAIE##

PLAIE, résultat d’un coup, d’une blessure, d’un malquelconque qui entame partiellement le corps, et, parextension, calamité de tout ordre qui atteint une personneou une collectivité. Ce mot représente donc plusieursidées, auxquelles correspondent, dans l’hébreu etdans les versions, des termes tantôt identiques et tantôtdifférents.

1° Coups (hébreu: tnakkdh, de nâkdh, «frapper»; Septante: hXy)Yt|; Vulgate: plaga). 1. Les coups sontassez souvent mentionnés dans la Sainte Écriture. Exod., il, 11; Prov., xvii. 10; xix, 29; xxiii, 13, 14; II Mach., m, 26; vi, 30; Matth., v, 39; xxiv, 49; xxvi, 51, 68; xxvii, 30; Act., xxiii, 2, etc. Voir Soufflet. — 2. La loi pré

voyait le châtiment ou le dédommagement qu’entraînentles coups donnés. Qui frappait son père ou sa mèreencourait la mort. Exod., xxi, 18. Frapper son esclaveà coups de bâton jusqu’à lui ôter la vie méritait châtiment; si l’esclave survivait, ne fût-ce qu’un jour ou deux, le maître restait indemne. Exod., xxi, 20. Ceux qui, ense battant, heurtaient une femme enceinte, devaient uneamende si l’accouchement n’était que prématuré. Au cascontraire, on appliquait la peine du talion, qui concernaitégalement les cas de blessure, de mutilation ou demeurtrissure. Exod., xxi, 22-25. Voir Talion. Celui qui, en donnant un coup à son esclave, lui faisait perdre unœil ou même une dent, lui devait en retour la liberté.Exod., xxi, 26. — 3. La loi réglait enfin le nombre decoups qui pouvaient être infligés par sentence juridique.Ils devaient être proportionnés à la faute et ne jamaisdépasser quarante. Deut., xxv, 2, 3. On les infligeaitanciennement sous forme de bastonnade. Voir Bastonnade, t. i, col. 1500. Après la captivité, on y substitua laflagellation. Voir Flagellation, t. ii, col. 2281. Cf. Act., xvi, 23, 33; II Cor., vi, 5; xi, 23.

2° Blessure (tnakkdh, 71X7, -^. plaga; pesa’, de pdsa’, «blesser», Tpaûjia, vulnus; dakké’, de dâkd’, «êtrebroyé», itXrjYij, infirmitas; mafyas, de mâhas, «frapper», itXïiYï), plaga; Jjês, «blessure de flèche», de hêç, «flèche», 3éXo; , sagitta; néga’de nàga’, «frapper», «çï), n<%<TTt5, plaga, lepra, flagellum; éébér, de Sabar9 briser», ovizpimiaL, fractura). 1. La première mentionde blessure se lit dans le chant de Lamech. Gen., iv, 23. Voir Lamech, t. iv, col. 41. On trouve ensuite mentionnéesles blessures de Job, xxxiv, 6; d’Achab, III Reg., xxii, 35; de Joram, IV Reg., ix, 15; II Par., xxii, 6; deNotre-Seigneur, Joa., xix, 18; xx, 27; cf. Is., lui, 10; de saint Paul, Act., xvi, 33, etc. Au désert, les Hébreuxsont blessés par les morsures des serpents. Num., xxi, 6. Il n’y a que plaies et blessures, par Conséquent violencesde toutes sortes, dans Jérusalem, au temps deJérémie, vi, 7. Les faux prophètes font passer les incisionsqu’ils pratiquaient sur eux-mêmes pour des blessuresqu’ils auraient reçues dans des rixes avec leursamis. Zach., xiii, 6. Voir Incision, t. iii, col. 868. Levoyageur de la parabole du bon Samaritain est couvertde blessures par les voleurs. Luc, x, 30. Les ivrognesencourent souvent des blessures. Prov., xxiii, 29. Lesverges causent des blessures qui contribuent à corrigerle vice. Prov., xx, 30; Eccli., xxviii, 21; xxx, 7. L’humanitésera sauvée par les blessures et les meurtrissuresdu Rédempteur. Is., lui, 5, 10. —2. Au sens figuré, Jéhovah bandera les blessures et guérira les plaies deson peuple. Is., xxx, 26. Les blessures que fait un amisont inspirées par sa fidélité. Prov., xxvii, 6. — 3. Lalégislation s’occupait des blessures. Elle réglait que celuiqui blesse subit la loi du talion. Exod., xxi, 25; Lev., xxiv, 20. Quand le cas était difficile à décider, on allaittrouver les prêtres et le juge en fonction à ce momentet l’on s’en remettait à leur sentence. Deut., xvii, 8; xxi, 5. Voir Juge, t. iii, col. 1834.

3° Maladie (néga à<pVj, tcXt^ti, hc<<tti$, plaga). La lèpreest appelée une plaie; elle entame en effet la peau et leschairs. Lev., xiii, 3-42; Deut., xxiv, 8. Voir Lèpre, t. iv, col. 175. Après la prise de l’Arche, les Philistins sontfrappés de plaies consistant en tumeurs malignes. I Reg., v, 6, 9; vi, 5. Voir Ofalim, t. iv, col. 1757. Le roivntiochusIV Épiphane fut atteint d’une plaie incurable, quiavait le caractère d’un châtiment divin, Ôsia [idé<rr<$, divinaplaga. II Mach., ix, 5, 11. Notre-Seigneur guérissaitles malheureux qui souffraient de plaies. Marc, iii, 10, v, 29, 31; Luc, vii, 21.

4° Épreuve (yâd, «main», xe’P Papeûx, «mainlourde», mamis plagse; [i<z<m£, plaga, flagellum). Job; xix, 21, se plaint que la main de Dieu l’a frappé commed’une plaie. Cette main est lourde. Job, xxiii, 2. Le justeéprouvé et repentant constate que ses amis s’éloignent

V. - 15 45Ï

PLAIE

PLAIES DE N.-S. JESUS-CHRIST

452

de lui à cause de sa plaie. Ps. xxxviii (xxxvii), 4, 12. Ildemande que Dieu détourne de lui cette plaie. Ps. xxxix(Xxxviii), 11. Celui qui a confiance en Dieu n’a pas àsubir de plaie. Ps. xci (xc), 10.

5° Châtiment (ydd, àvayiu], dolor; maggëfâh, denâgaf, «frapper», nXrjrh; plaga; néga’, 68vv» i, turpitudo; négéf, icTtôm; , plaga; makkâh, it>7)Y*|, plaga; vésa’, Spaûeiv, plaga; Sébér, de Sâbar, «briser i>, izl^r{, plaga). 1. Tous les coups du malheur fondent sur l’impie.Job, xx, 22. L’impudique ne recueille que plaie ethonte. Prov., vi, 33. La maison du parjure est pleine deplaies. Eccli., xxiii, 12. —2. La plaie atteindra ceux quin’acquitteront pas leur rançon au moment du recensem*ntdans le désert. Exod., xxx, 12. Les lévites serventle Seigneur dans le sanctuaire, afin que les Israélites nesoient frappés d’aucune plaie quand eux-mêmes s’y présenteront.Num., viii, 19. Ceux-ci cependant s’attirentla plaie par leurs murmures. Num., xvii, 13. Dieu frapperade plaies les Israélites rebelles et infidèles. Lev., xxvi, 21, 28; Deut., xxviii, 59, 61; xxix, 21. — 3. Il afrappé de la sorte les envoyés qui sont allés visiter lepays de Chanaan et ensuite ont découragé le peuple.Num., xiv, 37; Coré, Dathan et Abiron, Num., xvi, 46; les Hébreux qui ont murmuré au désert pour avoir dela viande, Num., xi, 33; ceux qui se sont laissé séduire àBéelphégor, Num., xxv, 8, 18; xxxi, 16; la nation coupableau temps de Joram, II Par., xxi, 14, et de Jérémie, x, 19; xiv, 17. Par moquerie, on siffle sur la plaiequi atteint Jérusalem coupable, Jer, , xix, 8; l’Idumée, .1er., xlix, 17, Babylone, Jer, , l, 13; Ninive, Nah., iii, 19, et les peuples conjurés contre Jérusalem. Zach., xiv, 12.

6° Fléau public (maggëfâh, (ruvaM-truxa, «accident», plaga; iChr^n; 6pa-j( «; , interfectio; nêga izaai.6ç, «recherche», plaga; négéf, itrfch, plaga; makkâh, n"Xï|fïi, plaga). l.Le pharaon d’Egypte et sa maison sontfrappés de grandes plaies à cause de Sara, femme d’Abraham.Gen., xii, 17. Les fléaux se déchaînent contre lesÉgyptiens, quand le pharaon refuse la liberté auxHébreux. Exod., ix, 14; Judith, v, 10, 11. Mais ceux-cien sont indemnes. Exod., xii, 13. La plaie sévit sur lesPhilistins, qui se sont emparés de l’Arche, IReg., v, 12; VI, 5, 9; sur les gens de Bethsamès, qui ont regardél’Arche irrespectueusem*nt, I Reg., vi, 19; sur tout lepeuple israélite, à l’époque de David, sous forme depeste. II Reg., xxiv, 21; I Par., xxi, 22. —2. Dieu châtierason peuple «avec une verge d’homme et des plaiesde fils des hommes», c’est-à-dire par des fléaux proportionnésà la fois à la faiblesse et à la malice descoupables. II Reg., vii, 14. On priera dans le Templepour obtenir la délivrance de ces fléaux. III Reg., viii, 37, 38; II Par., vi, 28, 29.

7° Les plaies d’Egypte (maggâfôf, <ruvavT7)uara, plagie, Exod., ix, 14). Elles sont au nombre de dix: 1. L’eau changée en sang. Exod., vii, 17, 21. Voir Eau, t. ii, col. 1520; Sang. Les magiciens imitèrent ce fléau.Exod., vil, 22. — 2. Les grenouilles. Exod., viii, 3-6.Voir Grenouilles, t. iii, col, 347. Les magiciens imitèrentde nouveau ce fléau. Exod., viii, 7. — 3. Lesmoustiques. Exod., viii, 16-19. Voir Cousin, t. ii, col. 1093.Les magiciens furent impuissants à imiter cette plaieainsi que les suivantes, et ils dirent au pharaon: «C’estle doigt d’un dieu!» Exod., viii, 18, 19. — 4. Les mouches.Exod., viii, 21-24. Voir Mouche, t. iv, col. 1324. —5. La peste du bétail. Exod., ix, 2-7. Voir Peste, col. 164.

— 6. Les pustules. Exod., ix, 9, 10. Voir Pustules. —7. La grêle. Exod., ix, 18, 26. Voir Grêle, t. iii, col. 336.

— 8. Les sauterelles. Exod., x, 4-15. Voir Sauterelle.—9. Les ténèbres. Exod., x, 21-23. Voir Ouragan, t. iv, col. 1930. — 10. La mort des premiers-nés. Exod., xii, 29-30. Voir Paque, t. iv, col. 2094; Prehier-né. — Cesplaies ont un côté naturel, en ce sens que les phénomènesqui les constituent se produisent naturellement

en certaines circonstances. Mais ce qui leur donne «uncaractère miraculeux, évident et incontestable, c’estqu’elles arrivent à point nommé, comme sanction de laparole de Dieu, dans des circonstances annoncées àl’avance, précises, et avec une intensité qui révèle manifestementune intervention surnaturelle: elles se produisentpar l’ordre de Moïse, au moment qu’il a prédit, de la manière qu’il a déclarée; elles cessent quand ill’ordonne et, plusieurs fois, au moment qui lui a étéJixé par le pharaon; le pays de Gessen est toujoursexempt; les Égyptiens n’en contestent jamais le caractèreextraordinaire; ils en sont au contraire consternéset ils acceptent ces signes comme une preuve de lamission divine de Moïse.» "Vigouroux, La Bible et lesdécouvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 312. Sur les dixplaies, voir lbid., p. 315-349. La dixième plaie, en particulier, en faisant périr dans une même nuit tous lespremiers-nés, tant des hommes que des animaux, fitéclater de la manière la plus convaincante et la plusdouloureuse le dessein que Dieu avait d’arracher sonpeuple aux mains de ses persécuteurs. Cette dernièreplaie, plus terrible que toutes les autres, ne pouvait cessercomme les précédentes et était sans remède. Dieuexerça cette sévérité contre toute une nation pour abaisserl’orgueil et vaincre l’obstination du pharaon, pourchâtier les Égyptiens de la part qu’ils avaient prise àl’oppression des Hébreux et pour graver profondément, dans le cœur de ces derniers, l’idée de sa puissance, desa domination absolue sur toute la nature, de sa supérioritésur tous les dieux qu’adoraient les nations et de labonté qu’il entendait témoigner au peuple qu’il s’attachaitparticulièrement. Voir Moïse, t. iv, col. 1196-1198.

8° Défaite (makkâh, truvTpc^ts, tt^yyj, plaga). Ladéfaite d une armée est habituellement désignée sous lenom de «grande plaie». Jos., x, 10, 20; Jud., xi, 33; xv, 8; I Reg., iv, 10; xiv, 14, 30; xxiii, 5; II Reg., xvii, 9; ïviii, 7; III Reg., xx, 21; II Par., xiii, 17; xxviii, 5; Tob., i, 21; Esth., ix, 5; IMach., i, 22; v, 3, 34; vii, 22; vin, 4, etc.

9° État moral (makkâh, icXr^r, , plaga). La misère moraled’un individu ou d’un peuple est représentée sousla figure d’une plaie. «Toute transgression est commeune épée à deux tranchants, laplaie qu’elle fait estincurable.» Eccli., xxi, 4. Les infidélités continuelles dupeuple de Dieu constituent pour lui un état maladif danslequel on ne constate que blessures, meurtrissures, plaies purulentes, qui ne sont ni nettoyées, ni bandées, ni soignées d’aucune manière. Is., 1, 5, 6. La plaie de lanation est inguérissable et mortelle. Jer., xv, 18; xxx, 12, 14; Mich., i, 9. Cependant Dieu pansera les plaies deSion, Jer., xxx, 17, et un jour le Rédempteur se chargerades plaies de l’humanité. Is., lui, 4.

10° Plaies symboliques (tcXiîyïÎ, plaga). Ce sont lesfléaux que saint Jean énumère dans l’Apocalypse: le feu, la fumée et le soufre, ix, 18; les plaies dont les deuxtémoins de Dieu peuvent frapper la terre, xi, 6; la plaiemortelle dont guérit la première bête, xiii, 3, 12, 14; lessept plaies déchaînées par les anges, xv, i, 6, 8; xvi, 9, 21; la plaie qui frappe la grande Babylone, xviii, 4, 8; les plaies dont sont menacés ceux qui ajouteront ouretrancheront aux paroles de l’Apocalypse, xxii, 18.

H. Lesêtre.

’PLAIES DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS

CHRIST, blessures qui lui ont été faites pendant sapassion. 1° Les prophéties faisaient clairement entendreque des plaies seraient infligées au Messie souffrant.

Ils ont percé mes mains et mes pieds,

Je pourrais compter (Vutgate: ils ont compté) tous mes os,

fait dire au Messie souffrant le Psaume xxii (xxj), 1718. Sur ce texte, voir Lios, t. iv, col. 277-279.

Il a été transpercé à cause de nos péchés…

Et c’est par ses meurtrissures que nous avons été guéris. 453

PLAIES DE N.-S. JÉSUS-CHRIST

PLAINE

454

I§., lui, 5. Les mots employés par le prophète, meholàl, «il a été transpercé, ouvert», èrpai^a-tiffôn, vulneratus est, «il a été blessé», et bahâburâtô, «par sa meurtrissure», cf. Gen., iv, 23, pu>).a>TCt, livore, la trace que laissent les coups reçus, supposentdes blessures et des coups attaquant la chair même.

Je répandrai sur la maison de David

Et sur les habitants de Jérusalem

Un esprit de grâce et de supplication,

Et ils regarderont vers moi qu’ils ont percé.

Zach., xil, 10. Le mot ddqârù signifie «ils ontpercé», confùcentnt. Par une transposition de lettres, les Septante ont lu rdqddù, xaTiopxïiTavîo, «ils ontinsulté». Saint Jean, XIX, 37, qui cite ce texte, lit conformémentà l’hébreu i|sx£vTf, (jav, «ils ont transpercé», transftxerunt. Ce texte ne s’applique pas directementà Judas Machabée, tué par. les ennemis, comme lepense saint Ephrem, qui le rapporte du resle aussidans le «sens mystique et très vrai» à Notre-Seigneur.Cf. Bévue biblique, 1898, p. 91. Ce derniersens est seul possible; il est reconnu et consacré parsaint Jean, xix, 37. Les regrets dont parle ensuite leprophète de la part de ceux qui ont commis le crime, Zach., xil, 10, se sont produits effectivement après lamort du Sauveur. Luc, xxiii, 48; Act., ii, 37. — Unautre texte de Zacharie, xiii, . 6: «Qu’est-ce que cesblessures à tes mains? — J’ai reçu ces coups dansla. maison de mes amis,» ne peut être appliqué àNotre-Seigneur que par accommodation. Il s’agit eneffet d’un faux prophète qui a pratiqué sur lui-mêmedes incisions idolâtriques et qui, pour se disculper, feint d’avoir été blessé par ses amis.

2° Quand Notre-Seigneur annonce sa mort, il ditqu’il sera crucifié. Matth., xx, 19; xxvi, 2. La crucifixionétait un supplice romain, et saint Jean, xviii, 32, remarque que quand les Juifs avouèrent qu’ils ne pouvaienteux-mêmes mettre Jésus à mort, ils procuraientl’accomplissem*nt de la prédiction qu’il avait faite.Joa., XH, 33. Les Juifs l’auraient lapidé, les Romainsdevaient le crucifier. Les Évangélistes se contentent dedire qu’on le crucifia, sans donner aucun détail. Matth., xxvii, 31, 35; Marc, xv, 24, 25; Luc, xxiii, 33; Joa., xix, 18. Quelquefois, les criminels étaient attachés à lacroix avec des cordes. Cf. Rich, Dict. des antiq.grecques et romaines, trad, Chéruel, Paris, 1873, p. 206.Le plus souvent, on les fixait avec das clous. Cf. Plaute, MostellaHa, ii, 1, 13. Tertullien, Adv.jud., 10, t. ii, col. 629, fréquemment témoin de ce spectacle, dit quela perforation des mains et des pieds était «l’atrocitépropre de la croix». En certains cas, on liait le suppliciéavec des cordes avant de le clouer. Cf. Pline, H. N., xxviii, 11; S. Hilaire, De Trinit., x, 13, t. x, col. 352. Les Pères sont unanimes à expliquer les versets17-18 du Psaume xxi, en supposant que le Sauveura eu les mains et les pieds percés par les clous.On lit aussi dans VEpîtrede Barnabe, 12, dont l’auteurse réfère à IV Esd., xiv, 33; v, 5: «Quand ces chosess’accompliront-elles? Lorsque le bois, dit le Seigneur, aura été étendu par terre puis redressé, et que du boisle sang tombera goutte à goutte, paroles qui se rapportentà la croix et à celui qui devait y être crucifié.» Cf. Hemnier-Lejay, Textes et documents, les Pèresapost., Paris, 1907, t. i, p. cxii, 74-75. Pour que lesang tombât du bois goutte à goutte, il fallait que leSupplicié y fût blessé, qu’il eût par conséquent lesmains et les pieds percés. Voir Clou, t. ii, coi. 810.Cf. Friedlieb, Archéologie de la Passion, trad. Martin, Paris, 1897, p. 181-184; Ollivier, La Passion, Paris, 1891, p. 334-338. Le -Sauveur avait reçu d’autres blessuresà la flagellation, au couronnement d’épines, etprobablement même, d’après certaines traditions, pendantle portement, de la croix et par suite de diverses,

chutes. Cf. Thurston, Étude historique sur le cheminde la Croix, trad. Boudinhon, Paris, 1907, p. 87-109.Mais ces blessures n’étaient qu’accessoires à côté desquatre plaies qui lui furent faites pendant le crucifiement.Une cinquième fut ajoutée après la mort. Au lieude briser les jambes du crucifié, comme c’était la règle, un soldat lui transperça le côté de sa lance, et il ensortit du sang et de l’eau. Joa., xix, 32-34. L’apôtre voitdans cette plaie l’accomplissem*nt de la prophétie deZacharie, su, 10.

3° Après sa résurrection, Jésus apparaît dans lecénacle aux onze et à leur? compagnons, et, en preuvede sa résurrection et de la réalité de sa présence, illeur montre ses mains et ses pieds. Luc, xxiv, 39, 40; Joa., xx, 20. Pourquoi? Parce que cette vue devaitconstituer pour eux un témoignage irrécusable, ce quisuppose nécessairement que ses extrémités n’avaientpas seulement été attachées à la croix, mais qu’ellesavaient été transpercées et qu’elles gardaient encore latrace de ses blessures. Le Sauveur explique ensuitequ’il fallait que s’accomplit en lui tout ce qui avait étéprédit par Moïse, les prophètes et les Psaumes, Luc, xxiv, 44, ce qui, entre autres prophéties, vise les passages serapportant aux plaies du Messie souffrant. Thomas, absent au moment de cette première apparition, déclaraque, pour croire, il voulait mettre son doigt dans letrou des clous et sa main dans le côté du Sauveur.Notre-Seigneur accéda au désir de l’apôtre incrédule; huit jours après, il lui montra les plaies de ses mainset de son côté et l’invita à en constater la réalité. Tho jmas se rendit alors. Joa., xx, 24-29. Ce récit rend indubitablela perforation des mains et des pieds, que lesÉvangélistes permettaient de supposer, mais n’affirmaientpas positivement. — Saint Jean, parlant dudernier avènement du Christ, dit qu’alors «tout œil leverra, même ceux qui l’ont percé», èîe-/ÉvtTi<ïav, pupuqerunt.Apoc., i, 7. Saint Jérôme, Epist. xiv, 11, t. xxii, col. 354, en faisant allusion à cette apparition, du Christ souverain Juge, s’exprime ainsi: «Regarde, Juif, les mains que tu as clouées; regarde, Romain, le côté que tu as percé.» Saint Jean représente dansle ciel, «au milieu du trône, l’Agneau debout, et paraissantavoir été immolé.» Apoc, v, 6. L’Agneau estvivant, puisqu’il est debout, et pour paraître c avoir été.immolé», il faut qu’il porte encore les traces desblessures mortelles qu’il a reçues. L’Église a consacrécette pensée, dans l’hymne qui se récite aux premièresvêpres de la fête de la Lance et des Clous de N.-S. J.-C.:

Te, Jesu, superi laudibus efferant, Qui clavorum adilu signaque lanceseIn cælo rétines, vivus ubi imperas.

Dans la séquence Solemnis hsec festivitas, pour lejour de l’Ascension, on lisait aussi:

Patri monstrat assidue

Quae dura tuliL vulnera,

Et sic pacis perpetuœ

Nobis exorat fœdeva.

Ces idées s’inspirent de ce qui est dit Heb., ix, 11, 12,

24; x, 11-14, et Apoc, i, 7; v, 6.

H. Lesêtre.

    1. PLAINE##

PLAINE, étendue de pays plat. — Les Hébreux ontplusieurs expressions pour rendre ce mot:

1° Biq’âh, de la racine bdqa’, qui veut dire: «fendre,» et par là même: «ouvrir.» Le substantif indique donccomme une «fissure» ou une «ouverture» entre les: montagnes ou les collines; voilà pourquoi il rend aussibien le sens de valle’e. Cependant il ne s’applique qu’àune large étendue de terrain, à la différence de gè’, quidésigne plutôt des ravins ou des gorges étroites. C’estainsi que la grande plaine de Cœlésyrie, qui s’étendentre le Liban et l’Antiliban, porte encore en arabe lenom A’El Beqd’a. Les Septante traduisent généralement. 455PLAINE — PLAISIR

456

ce mot par rceSiov. Gen., xi, 2; .los., xi, 8, 17; xii, 7; Ezech., iii, 22, 23, etc. La "Vulgate le rend par campus, Gen., xi, 2; Jos., xii, 7; II Par., xxxv, 22; Is., xli, 18; lxiii, 14, etc.; campestris [terra], Dent., xi, 11; planities, Jos., xi, 17; vise planée, la., xl, 4. Il est employédans un sens indéterminé Gen., xi, 2; Ps. cm (hébreu, crv), -6; Is., xl, 4; xii, 18; lxiii, 14; Ezech., iii, 22, 23, vin, 4; xxxvii, 1, 2. Ajouté à des noms propres, il désigne les plaines suivantes:

1. La plaine de. Jéricho (hébreu: biq’af Ierêhô), partie, de la vallée du Jourdain qui s'étend aux environs de Jéricho. Deut., xxxiv, 3.

2. La plaine de Masphé (hébreu: biq’at Mispék), Jos., xi, 8, territoire appelé «terre de Maspha» auit. 3 du même chapitre, ou région située au pied del’Hermon. Voir Maspha 2, col. 834.

3. La plaine du Liban (hébreu: biq’at hal-Lebdnôn), Jos., xr, 17; xii, 7, est, non pas la Cœlésyrie, maisplutôt la plaine qui se trouve au sud et au sud-ouestde Banias, «sous l’Hermon.» "Voir Baalgad, t. i, col. 1336.

4. La plaine de Mageddo (hébreu: biq’at Megiddô, II Par., xxxv, 22; biq’af Megiddôn, Zach., xii, 11)n’est autre que la plaine d’Esdrelon ou de Jezraël, entre les monts de Samarie au sud et ceux de Galiléeau nord. Voir Mageddo 3, col. 560.

5. La plaine d’Ono (hébreu: biq’at 'Ônô), II Esd., vi, 2, dans laquelle était situé le village d’Ono, aujour; d’hui Kefr 'Ana, au sud-est de Jaffa. Voir Ono 2, col. 1821.

6. La plaine d’Aven (hébreu: biq’af 'Âvèn; Septante: toSïov t Qv; Vulgate: campus idoli, «la plainede l’idole» ), Am., i, 5, serait, d’après un certain nombred’auteurs, la plaine de Cœlésyrie, ce qui n’a rien desûr. Voir Aven, t. i, col. 1286.

7. La plaine de Dura (hébreu: biq’at Dura'), Ban., iii, 1, aux environs de Babylone. Voir Dura, t. ii, col. 1517.

ty Kikkar. Ce mot, qui signifie «rond, cercle,» etpar extension, «district,» est plusieurs fois appliquéà la plaine du Jourdain. Il désigne, en particulier, l’oasis fertile qui existait autrefois près de la partieinférieure du fleuve et où florissaient les villes de laplaine. On trouve ainsi les expressions: kikkar hayYardên; Septante: rj rcepfywpoç TO y 'lopSâvov; Vulgate: regio Jordanis, Gen., xiii, 10, 11, etc., ou simplementkak-kikkar, Gen., xix, 17, 25, 28, 29. Cf. Matth., iii, 5. Voir Jourdain, t. iii, col. 1712.

3° 'Ardbâh, avec l’article défini, hâ 'Arâbâh, dontl’idée générale est celle de «région déserte, stérile».C’est une des expressions caractéristiques que l'Écriture emploie pour désigner dans son ensemble laplaine ou dépression remarquable qui s'étend despentes méridionales de l’Hermon au golfe d’Akabah.Voir Arabah, t. i, col. 820. Le pluriel 'Arbôt, souventuni à Mô'âb, Num., xxii, 1; xxvi, 3, 63; xxxi, 12, etc., et à Yerîhô, «Jéricho», Jos., iv, 13; v, 10; IV Reg., xxv, 5, etc., il indique la partie de la plaine du Jourdain qui, au nord de la mer Morte, se développe surles deux rives du fleuve, à l’ouest aux environs deJéricho, à l’est dans le Ghôr es-$eisbân, jusqu’auxpremières hauteurs de Moab. Voir Moab, La plaineinférieure, col. 1148.

4° Mîsôr, plus souvent avec l’article, ham-Mîsôr. Cemot, de la racine ydSar, «être droit», est appliquéau plateau de Moab, Deut., iii, 10; iv, 43; Jos., xiii, 9, etc., par contraste avec les inégalités de la partie occidentale de la même contrée et les montagnes de Galaadau nord. Voir Misor 1, col. 1132.

5° Sefêldh, haf-aefêlâh: Cette expression, qui signifie «: le pays bas», désigne là partie de la plaine côtiérequi s'étend entre les montagnes de Juda et la Méditerranée, et dont les Philistins formèrent leur territoire.

Les Septante la rendent ordinairement par neStov, Deut, , i, 7; Jos., xi, 2, xii, 8; r toSwi r-pij, Jos., x, 40; xi, 16, etc. la Vulgate, par campestris, campestria, Jos., x, 40; xv, 33; Jud., i, 9, etc.; planities, Jos. r xi, 16, etc. Voir Séphêlah. La partie supérieure de cetteplaine, celle qui va de Jaffa au Carmel, porte le nomde baron. Voir Saron.

6° On trouve dans saint Luc, vi, 17, à propos du lieu oùNotre-Seigneur prononça le discours sur les Béatitudes, l’expression tôjio; jieStvôç, «plateau»; Vulgate: locuscampestris. Voir Béatitudes (Mont des), 1. 1, col. 1528.

On voit que chacun des mots hébreux dont nousvenons de parler a, par lui-même, une significationdistincte. C’est ainsi que les environs de Jéricho, suivant les divers points de vue sous lesquels on les contemple, sont dits faire partie du kikkar, de la biq'âhou des 'arabôf. Mais le misôr ne saurait, être appeléune biq'âh, ni la biq’dh une 'ârâbàh. De même encorele misôr moabite était tout à fait distinct des 'arbôtMô'âb. Ce mot mîsôr est en définitive, étymologiquement, celui qui correspond le mieux à celui de «plaine». — Voir Vallées. Sur le sens et la distinctiondes différents mots employés pour «plaines» et «vallées», cf. Stanley, Sinai and Palestine, Londres,

1866, Appendix, p. 481-489.

A. Legendre.

    1. PLAISIR##

PLAISIR (hébreu: 'édndh, 'êdén, 'onég, Hmfyâh, fa'ânug', Septante: ffBovrjjE^Tpyç-r^cx, £>9po<T>vq, tp’jçtj", Vulgate: voluptas, delicise, luxuria), satisfaction plusou moins vive que l’on éprouve à jouir des biens de cemonde.

1° Plaisirs permis. — Dieu a attaché le plaisir àl’accomplissem*nt de certains devoirs, comme ceux deta vie conjugale, Gen., xviii, 12; Cant., vit, 7, du travail, Eccle., ii, 10, de l’observation du sabbat, Is., lviii, 13, de la fidélité à son service, Ps. xxxvi (xxxv), 9, de lacélébration des fêtes. II Par., xxx, 23; II Esd., viii, 12; xii, 27, etc. La jouissance des biens de la vie cause unplaisir légitime. II Esd., ix, 25. L’Ecclésiaste, ii, 1, 8, 24, 25; v, 18, a usé de tous les plaisirs en pensant qu’ilslui venaient de Dieu. Certains plaisirs se trouvent surtout auprès des rois. II Reg., i, 24; Luc, vii, 25, et, d’après les versions, II Par., x, 10. Ces plaisirs présentent cependant des inconvénients. À (es aimer trop, ontombe dans l’indigence. Prov., xxi, 17. Il ne sied pas àl’insensé de s’y livrer, Prov., xix, 10, sans doute parcequ’il ne saura pas se modérer. Un moment d’afflictionles fait vite oublier. Èccli., xi, 29. L’avare, qui s’estprivé, laisse ses biens à d’autres, qui vivront dans lesdélices. Eccli., xiv, 4. — La veuve chrétienne qui vitdans les plaisirs, est morte, bien qu’elle paraissevivante, I Tim., v, 6, l’usage immodéré du plaisir, même légitime, ne convenant pas à son état. Voir Joie, t. iii, col. 1597.

2° Plaisirs coupables. — Les impies cherchent partout le plaisir et s’y livrent sans retenue. Sap., ii, 6-9; Luc, xv, 13; I Cor., xv, 32; I Pet., iv, 3, 4. À Babylone, châtiée par Dieu, les chiens sauvages devaient hurlerdans les «maisons de plaisir». Is., xiii, 22. Pendantla persécution d’Antiochus Épiphane, le Temple étaitdevenu un lieu de plaisirs infâmes. II Mach, , VI, 4. Lesriches vivent sur la terre dans les délices et les festins, comme la victime qui se repaît le jour où l’on doitl'égorger. Jacob., v, 5. Saint Pierre accuse les faux.docteurs de passer toutes les journées dans les déliceset, par leurs théories pompeuses et vides, d’attirer lesnouveaux convertis dans les convoitises de la chair.II Pet., ii, 13, 18. Saint Paul signala également cesmêmes faux docteurs, «amis des voluptés plus que deDieu.» II Tim., iii, 4. Les fidèles de Jésus-Christ, autrefois «esclaves de toutes sortes de convoitises et: dejouissances», ont su y renoncer pour devenir héritiersde la vie éternelle. Tit., iii, 3, 7. Car Notre-Seigneur a

déclaré que «tes plaisirs de la vie», soit ceux qui sontcoupables, soit même ceux qui sont légitimes, maisdont on abuse, sont les épines qui empêchent la bonnesem*nce de croître dans les âmes. Luc, viii, 14. SaintJean rapporte la sentence portée contre la grande Babyloneet contre tous ceux qui ont partagé son genre devie: «Autant elle s’est glorifiée et plongée dans le luxe, autant donnez-lui de tourment et de deuil.» Apoc., xviii, 7. Voir Gourmandise, t. iii, col. 281; Ivresse, col. 1048; Luxe, t. iv, col. 435; Luxure, ibid., col. 436.

H. Lesêtre.

    1. PLANCK Heinrich Ludwig##

PLANCK Heinrich Ludwig, théologien prolestant, né à Gœttingue le 19 juillet 1785, mort dans cette villele 23 septembre 1831. En 1806, il devint répétiteur àIHiniversité de Gœttingue, en même temps que Gesenius, et y enseigna l’exégèse et l’hébreu. Il s’occupaprincipalement de la critique et de la langue originaledu Nouveau Testament. On a de lui: Bemerkungenùber den ersten Paulinischen Brief an Timotheus, Gœttingue, 1808 (défense del’authenticilédecetteÉpître

planètes, qui sont, dans l’ordre de leur distance dusoleil, Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune. Ces deux dernières ont été découvertesl’une en 1781, l’autre en 1846. On a de plus observéune multitude de petites planètes, dont le nombre atteintplusieurs centaines et s’accroit avec les années. —Les anciens ont très bien reconnu les planètes à leurssignes distinctifs. Dans le système cosmogoniquebabylonien, Mardouk avait tracé la route des planètesdans le ciel, et avait confié à des dieux la garde dequatre d’entre elles, se réservant lui-même de veillersur celle que nous appelons Jupiter. Cf. Jensen, DieKosmologie der Babylonier, Strasbourg, 1890, p. 288291. Les Babyloniens ne connaissaient naturellementque cinq planètes, confiées, Jupiter à Mardouk, Vénusà Istar, Saturne à Ninib, Mars à Nergal, Mercure à Nébo.Ces attributions ne sont pas absolument certaines.Cf. Jensen, Die Kosmologie, p. 95-133; Oppert, Unannuaire astronomique babylonien, dans le Journalasiatique, 1891; Maspero, Histoire ancienne, 1. 1, p. 669.

90. — Les planètes, d’après les Babyloniens, représentées sur une borne, sous le règne de Nabuchodonosor I", roi de Babylone, vers 1300 avant J.-C. — D’après Jeremîas, Bas alte Testament, 19C4, lîg. 5, p. 11.

contre Schleiermacher); Entwurf einer neuen synoptischenZusammenstellung der drei ersten Evangelien, m-8°, Gœttingue, 1809; De vera natura atque indoleorationis grœcse Novi Testamenti commentatio, in-4°, Gœttingue, 1810; cet essai, qu’il publia comme programmede son cours, quand il fut nommé professeur «xlraordinaire de théologie en 1810, lui acquit unegrande réputation. Il travailla les dernières années dosa vie à un Lexique du Nouveau Testament, mais la mortl’empêcha de l’achever. — Voir Fr. Lucke, Fr. G. J.Ptançk, ein biographischer Versuch, Gœttingue, 1835.Dans cette biographie du père d’Henri Louis, in-8°; Lucke a réimprimé, p. 135 sq., ce qu’il avait écrit dufils en 1831 au moment de sa mort, Zum Andenken anD. K. L. Planck, eine biographische Mittheilung. VoirAllgemeine deutsche Biographie, t. xxvi, 1888, p. 227.

    1. PLANÈTE##

PLANÈTE, corps céleste dont la révolution estcommandée par le soleil et dont l’orbite décrit uneellipse autour de cet astre. Les planètes se distinguentdes étoiles fixes par leur absence de scintillation et parleur déplacement au milieu des étoiles. C’est par suited’une simple illusion d’optique que les planètes paraissentse mouvoir à travers les étoiles, car elles sont àune distance effroyable de la plus rapprochée de cesdernières. Les planètes n’ont pas de lumière propre; ellesréfléehissent celle qu’elles reçoivent du soleil et, en conséquence, présentent des phases régulières, comme la lune. On distingue aujourd’hui huit grandes

Si à ces planètes on ajoute le soleil ou Samas et lalune ou Sin, on a les sept planètes des anciens (fig. 90).On a retranché depuis de ce nombre le soleil, qui n’estpas une planète, et la lune, qui est un satellite de laterre, et l’on y a ajouté la terre elle-même, qui est uneplanète. — Les Égyptiens connaissaient aussi les cinqplanètes, Ouapshetatooui ou Jupiter, Kahiri ou Saturne, Sobkou ou Mercure, Doshiri, «le rouge», ou Mars, etBonou, «l’oiseau», ou Vénus, ayant double figure, Ouàiti, ou étoile du soir, et Tiou-noutiri, ou étoile dumatin. Cf. E. de Rougé, Noie sur les noms égyptiensdes planètes, dans le Bulletin archéologique de l’Athenseumfrançais, t. ii, p. 18-21, 25-28. Sur un plafonddu tombeau de Séli l<*, sont.représentées trois planètesdebout sur leurs barques et cheminant lentement sousla conduite de Sâhou ou Orion et de Sothis ou Sirius(fig. 91). — Les écrivains sacrés ne mentionnent qu’incidemmentquelques planètes: hêlêl, Vénus, voir Lucifer, t. iv, col. 407; hag-Gad, probablement Jupiter, voir Gad, t. iii, col. 24; kîyyûn, correspondant à l’assyrienkaivanû, Saturne, cf. Jensen, Kosmologie, p. 111-116; Oppert, Tablettes assyriennes dans leJournal asiatique, 6e sér., t. xviii, 1861, p. 445; voir R.EMPHA.M. Saint Jude, 13, assimile les docteurs demensonge à des nXâvritsç àfftépeç, «astres errants». Ilest probable que l’apôtre songe plutôt aux comètes.Voir Comète, t. ii, col. 877. Les Chaldéens cependantcomparaient les planètes à des moutons capricieux, libbon, échappés au troupeau des étoiles pour s’en

aller paitre à leur guise. Cf. Jensen, Die Kosmologie, p. 95-99; Jeremias, Das aile Testament, in-8°, Leipzig,

1904, p. 9-16.

H. Lesêtre.

    1. PLANT AVIT DE LA PAUSE Jean##

PLANT AVIT DE LA PAUSE Jean, évéque français, né en 1576 au château de Marcassargues, dans leGévàudan (aujourd’hui le département de la Lozère), mort au château de Margon, près de Béziers, en 1651.Élevé dans le calvinisme, que professaient ses parents, il y resta jusqu’à l’âge de 29 ans. Il remplissait mêmeles fonctions de ministre à Béziers, lorsqu’il se convertitau catholicisme et fit son abjuration dans cetteville (1605). Par la suite il devint prêtre, et après avoirété, successivement, grand vicaire du cardinal deLa Rochefoucauld, aumônier d’Elisabeth de France, reine d’Espagne, il fut promu, en 1625, par l’intervenhebraico-latini loco, sacrm linguse studiosis inservirepossit, in-f°, Lodève, 1644. Son second ouvrage est intitulé: Florilegium rabbinicum, ordine alphabelieodigeslum, compleclens hebraicas et chaldaicas veterumrabbinorum sententias duplici charactere rabbinicoet quadrato exaratas, versione latina, brevibusque, ubï opus est, scholiis in gratiam studiosorumlinguse sanctse illustratas, in-f°, Lodève, 1644. À la finune table donne les noms de tous les rabbins dont lesmaximes sont citées. Dans cet ouvrage l’auteur fait denombreux rapprochements avec les maximes de l’Ancienet du Nouveau Testament.

Cet ouvrage appelait comme complément le suivant: Florilegium biblicum, complectens omnes utriusqueTeslamenti sententias hebraice et grsece cum versionelatina et brevi juœta literdlem sensum commenlario

91. — Planètes et constellations représentées en Egypte sur le tombeau de Séti I".D’après E. Lefébure, Les hypogées royaux de Thèbes, i’part., pi. xxxvi.

tion de cette princesse, à l’évêché de Lodève. Sesinfirmités l’obligèrent à résigner ce siège, en 1648, pour se retirer, dans le diocèse de Béziers, au châteaude Margon. Il avait étudié l’hébreu avec le plus grandsoin, et l’on a de lui sous un titre qui rappelle le nomde l’auteur: jsan 7BJ, néta’haggéfén, Planta vitis, scuThésaurus synonymicus-hebraico-chaldaico-rabbinicus, in quo omnes totius hebraicae linguse voces unacum plerisque rabbinicis, talmudicis, chaldaicis, earumquesignificationes, etymon, synonymia, usus, elegantiæ, paraphrases, idiotismi, ex hebraicorumBibliorum contextu, horum chaldaicis paraptirasibus, ex immensa codicum Babylonici et HierosolymitaniTalmudica farragine, ex Rabbinorum commentaloribus, grammaticis expositoribus, cabbalistis, philosophaet theologis, aliisque reconduis Hebrœorummonumentis, nova et exacta methodo, per hexapla7rapaXX/|)iMç demxmstrantur, ac una cum auctoritatibuse sacrarum Utterarum corpore depromptis energiamet emphasim vocum perhibentibus ample ac dilucideexplicantur: nonnullorum quoque vocabulorum grsccorum, latinorum, gallicorum, ilalicorum, hispanicorum, germanicorum, anglicorum, belgicorum, polonicorum, ex etymologia ab hebrseo seu chaldaicoidiomate petita passim ubique indicatur; Quibus accessitduplex Index locupletissimus qui justi lexici

illustratas. L’ouvrage est divisé en deux parties. Lal ie contient les maximes tirées des livres de l’AncienTestament écrits en hébreu. La seconde renferme lesmaximes du Nouveau Testament et des livres écrits engrec de l’Ancien Testament. Les maximes sont disposéespar ordre alphabétique du 1 er mot de la sentencebiblique en hébreu, ou en grec. In-f°, Lodève, 1645. Ala fin un index donne toutes les sentences d’après laVulgate selon l’ordre alphabétique. Une table des principalesmatières termine le volume. Un exemplaire deces trois volumes se trouve à la Bibliothèque nationaleA 2718, 2719 et 2720. — Sur le mouvement d’étudesbibliques auquel se rattache la composition du premierde ces ouvrages, voir t. ii, col. 1415, 1416; pour la biographie, cf. Poitevin-Peltavi: Notice sur Jean Plantavitde la Pause, iu-8°, Béziers, 1817. 0. Rey.

PLANTES DE PALESTINE. Voir Botanique sacrée, t. i, col. 1867-1869; Palestine, t.iv, col. 2035-2041; Arbres, 1. 1, col. 888-894; Herhes et Herbacées (plantes), t. iii, col. 599 et 596-599; Fleur, t. ii, col. 2287; Légumes, t. iv, col. 160, et l’article consacré à chaque plante.

PLAT (hébreu: sallafrat, selôhit; grec: irt’vaf, rpuëXeov, irapodu’; ; Vulgate: «os, catinus, paropsis), ustensileservant à contenir certains aliments. Cet ustensile

a le fond plat et est muni de bords plus ou moins élevés.Il ne sert pas ordinairement à la cuisson; celle-ci se faitau four ou dans des marmites. Voir Chaudière, t. ii, col. 628. — 1° Afin d’assainir des eaux, Elisée y jeta dusel qu’on lui avait apporté dans un plat neuf, ùSpurxr, , «vase à eau», vas. IV Reg., ii, 20. — Pourdonneruneidée des malheurs que l’impiété de Manassé attirera surJérusalem, le Seigneur dit qu’il nettoiera la ville commele plat qu’on nettoie et qu’on retourne ensuite, c’est-à-direqu’il y fera place nette et bouleversera tout defond en comble. IV Reg., xxi, 43. Les versions appellentici le plat âXetéauTpoç, «vase d’albâtre», tabulas, «tablettes», plateaux. — Sous Josias, on fit cuire les victimes dela Pâque dans des chaudrons et des plats, ollœ. II Par., xxxv, 13. — Il est dit du paresseux qu’il plonge la maindans le plat et ensuite a de la peine à la ramener jusqu’àsa bouche. Prov., xix, 24; xxvi, 15. Les versions, qui n’ont compris nulle part le sens du mot sallafyat, le traduisent ici par «sein» et «aisselle». — 2° Notre-Seigneurreproche aux scribes et aux pharisiens denettoyer le dehors de la coupe et du plat en laissant àl’intérieur la rapine et l’intempérance. Matth., xxiii, 25, 26; Luc, si, 39. Le Tu’vaÇ, dont parle ici saint Luc, était originairement une planche; le nom est passé successivementau plateau de bois, puis au plat de terre oude métal. — Judas met la main au plat en même tempsque le Sauveur, c’est-à-dire, comme l’indique le contexte, prend part au même repas que lui. Matth., xxvi, 23; Marc, xiv, 20. Le catinus de la Vulgate était un

92. — Le sacro catino.

D’après Ricta, Dictionnaire des antiquités, p. 128.

plat assez profond dans lequel on servait des légumes, de la volaille et du poisson. Cf. Horace, Sat., i, vi, 115; II, ii, 39; w, 17. On conserve à Gènes, dans le trésorde la cathédrale, le sacro calino (fig. 92), vase précieuxapporté de Césarée de Palestine en 1101, qu’on dit avoirservi à Notre-Seigneur pendant la dernière Cène et àJosèphe d’Arimathie pour recueillir le sang des blessuresdu Sauveur. lombé au pouvoir des Génois, aprèsla première croisade, il fut prodigieusem*nt célèbreau moyen âge sous le nom de Saint-Graal. On le croyaiten émeraude; mais il fut brisé quand Napoléon I" lefit transportera Paris, et l’on reconnut qu’il n’étaitqu’en pâte de verre orientale ancienne. Ses faibles dimensionsne permettent pas de croire qu’il ait jamaispu servir de plat dans un festin pascal. Cf. A. de Laborde, Notice des émaux, bijoux, etc., conservés au

Louvre, Paris, 1853, p. 333.

H. Lesêtre.

    1. PLATANE##

PLATANE (hébreu: ’armôn; Septante: Trt.àTotvo; , Gen., xxx, 37, et iXitr), Ezech., XXI, 8; Vulgate: platanus), un des grands arbres de Palestine.

I. Description. — Les arbres de cette famille serapportent à un genre unique et même, selon Spach, à une seule espèce, ce qui est incontestable au moinspour l’ancien monde. Par ailleurs leur structure est sispéciale qu’ils ne peuvent être confondus avec aucunautre type végétal, et que leurs affinités même restentdouteuses. Les fleurs petites et unisexuées sont groupéesen capitules monoïques, globuleux et espacés surde longs pédoncules terminaux et pendants. Les étamines, comme les pistils, y sont entremêlés de poils écailleuxconsidérés comme des bractées t des périanthes rudimentaireset des organes sexuels avortés. Chaque fruitisolé est un achaine claviforme, avec style terminalpersistant, et entouré à sa base de poils raides articulés.

Le Platanus orîentalis, de Linné (fig. 93), d’origineméditerranéenne et surtout asiatique, a été répandupar la culture dans toutes les régions tempérées 1, parce qu’il supporte des froids très rigoureux, etprospère également sous les climats chauds, surtoutau voisinage des eaux. Il devient alors un arbre dépremière grandeur, à cime large et régulière, donnantun ombrage très épais et ainsi très propre à orner lesplaces publiques. Ses larges feuilles alternes et paliiiatilobéessont munies de stipules concrescentes enforme de manchette, et la base de leur pétiole se dilateen une poche qui protège le bourgeon axillaire.Il se distingue surtout de tous les autres arbres d’avenuepar l’exfoliation de ses couches corticales externes, qui tombent par grandes loques, laissant le tronc lisseet nu. Roissier dit bien que le vrai platane d’Orient

93. — Platanus orientalis.

aurait son écorce persistante et rugueuse (Flora orientalis, t. iv, p. 1162), mais c’est sans doute une manièreun peu exagérée d’exprimer la différence entre lesécailles petites, alignées longitudinalement et pluslongtemps persistantes du type Platanus orientalis, etles larges plaques irrégulières, promptement caduques, de sa variété acerifolia, de beaucoup la plus répandue, et qui se distingue en outre par ses feuilles à lobesmoins profonds. Cette même variété acerifolia a plussouvent encore été confondue avec le type américaindes platanes, Platanus occidentalis L., qui a le limbefoliaire superficiellement lobé, plus large que long, avecun duvet persistant plus longtemps sur les nervures dela page inférieure, et un seul capitule fructifère pendantà l’extrémité de chaque pédoncule. F. Hy.

II. Exégèse. — Varniôn est mentionné deux foisdans le texte hébreu de l’Ancien Testament. DansGen., xxx, 37, nous voyons Jacob prendre des baguettesde peuplier, d’amandier et à."armôn, y peler des.bandes blanches et les placer ainsi en face des brebisqui venaient s’abreuver. Dans Ézéchiel, xxxi, 8, Assurest comparé à un cèdre du Liban dont les rameauxsont si puissants qu’ils égalent des cyprès et des’armôn. L’étymologie Çarman, «dépouiller», ’armôn, l’arbre qui se dépouille de son écorce), la place que les deux textes lui donnent au milieu des grandsarbres, la traduction généralement adoptée par les anciennesversions, ne laissent guère place au doute dansl’identification de’armôn considéré comme le platane.

— Dans l’éloge delà Sagesse, Eccli., xxiv, 19, le plataneest également présenté comme un bel et grand arbre.Aussi les exégètes sont-ils presque tous d’accord pourrejeter le châtaignier (que les rabbins voient habituellementdans’armôn, bien que cet arbre ne croisse pas~en Palestine) et pour rejeter aussi l’érable, reconnaissantdans’armôn, le Platanus orientalis. — Le plataneest répandu dans toute la Palestine et s’y montre commeun très grand arbre, aux larges rameaux et épais ombrages.Et ce qui est conforme à nos deux textes hébreuxqui nous transportent en Syrie, en Assyrie et enMésopotamie, les platanes de ces dernières régions dépassenten général la hauteur et les proportions quecet arbre atteint en Palestine. Belon, Observations deplusieurs singularités, in-8°, 1588, 1. I, c. cv; Jeande la Roque, Voyage de Syrie et du mont Liban, Paris, 1722, p. 197, 199. Une constatation de ce dernier ouvrage, p. 68, semble être le commentaire du passaged’Ézéchiel, xxxi, 8. Parlant des cèdres groupés ausommet du Liban et qui forment comme une petiteforêt, cet auteur ajoute: «Elle est composée de vingtcèdres d’une grosseur prodigieuse, et telle qu’il n’y aaucune comparaison à faire avec les plus beaux platanes, sycomores, et autres gros arbres que nous avonsvus jusqu’alors.» Voir 0. Celsius, Bierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. i, p. 512; I. Lôw, ArarnâischePflanzennamen, in-8°, Leipzig, 1881, p. 107.

E. Levesque.

    1. PLATRE##

PLATRE, produit de la calcination du gypse. Legypse est un sulfate de chaux hydraté, qui perd soneau quand on le calcine au four. Le produit de cetteopération, réduit en poudre, est le plâtre. Délayé avecde l’eau, le plâtre devient-une pâte molle qui prendtoutes les formes que l’on désire et les garde en durcissantpeu à peu. — Le plâtre n’est pas directementmentionné dans la Bible. Mais le gypse ne manquait pasen Palestine; les couches gypseuses du cénomanienaffleuraient en particulier au bord de la mer Morte.Voir Palestine, t. iv, col. 2010, 2014, 2022. Il n’était pasplus difficile à uliliser pour faire du plâtre, que le calcairepour faire de la chaux. Voir Chaux, Lu, col. 642.Les Hébreux n’ont guère dû. s’en servir dans leurs constructions; les pierres y étaient simplement superposéesou le mortier y agglutinait les matériaux sans consistance.Voir Mortier, t. iv, col. 1312. Le plâtre ne pouvaitêtre utilisé que pour faire des enduits dans desendroits à l’abri de l’humidité. Voir Enduit, t. ii, col. 1783. Les Hébreux durent apprendre des Phéniciensà fabriquer et à utiliser le plâtre, à supposer que lesChananéens ne l’aient pas connu avant leur arrivée.On a trouvé en Espagne la trace du passage des Phéniciensdans les objets que renfermaient d’anciennessépultures. Ge sont des débris de vases phéniciens enplâtre, des fonds de pots troués et bouchés avec duplâtre, des cols de plâtre ajoutés à des vases de terrecuite et peints en rouge, des crépissages de muraille, etc. Cf. L. Siret, Orientaux et Occidentaux enEspagne aux temps préhistoriques, dans la Revue desQuestions scientifiques de Bruxelles, oct. 1906, p. 558, 559. Les Phéniciens ne faisaient ainsi qu’importer auloin une industrie bien connue dans leur pays d’origine.

H. Lesêtre.

PLECTRE. Le pleclre (w/.TîxTpov, de irt.r.TTeiv, «pincer, frapper» les cordes, en latin plecto; on disaitaussi xpoiietv. Le terme technique était xp£xgtv) étaitun bâtonnet, pointe ou crochet, de bois, d’ivoire oude métal, droit ou recourbé, dont on se servait pourfaire vibrer les cordes des instruments, au lieu de lestoucher directement avec les doigts. On employait

aussi pour le même usage un crochet de corne ou unbec de plume. Les Orientaux modernes fixent souventle plectre à un anneau tenu au doigt et peuvent ainsien employer plusieurs simultanément. L’usage duplectre, moins ancien que le procédé de percussionmanuelle, est peut-être d’origine grecque. La Bible nele mentionne pas, non plus qu’Homère. Il est représentécependant en Egypte entre les mains de musiciensbédouins ou Amou du temps de la XIIe dynastie, voir t. ii, fig. 304, col. 1068, et l’espèce de harpe dontces musiciens se servaient a dû être connue desHébreux. On rapporte à Sapho l’invention du plectre, mais Athénée remarque qu’Épigone d’Ambracie, auvue siècle, dédaignait de s’en servir: |iou<T! xwTato? 8’<î>vxœTa X £’P a ^’X a iXïixTpou ii/aXktv. Deipnos., iv, 25, p. 183. C’était une exception. Il est évident que lesGrecs apprécièrent un procédé d’exécution qui augmentaitl’émission du son et sa résonnance et multipliaitl’effet musical en diminuant la fatigue du joueur. Ilsl’appliquèrent à la cithare, à la lyre, au psaltérion, même aux instruments à manche, mais non exclusivement; les deux procédés de percussion étaient employésconcurremment. Les monuments représentent en effetdes musiciens jouant avec le plectre de la main droitependant que la main gauche nue pince les cordes.C’était, à peu près comme dans le jeu actuel de laZither, le moyen de faire ressortir le chant; et l’ondisait, sans doute d’après la manière dont le musicientenait son instrument, foris canere, pour «jouer (de lamain droite) avec le plectre», et intus canere, «toucherles cordes avec les doigts (de la main gauche)». Cicéron, Verr., i, 20, 53, qui nous rapporte ces expressions musicales, mentionne le cithariste Aspendius, qui pouvaitexécuter à la fois l’accompagnement et le chant de lamain gauche seule, lbid. Chez les Grecs même, lesinstruments asiatiques proprement dits se jouaient sansplectre, mais cet accessoire fut importé de Grèce chezles Asiatiques avec les instruments nouveaux, ainsi quel’attestent les monuments assyriens, et les Hébreuxdurent s’en servir pareillement, après la captivité. Dumoins Josèphe l’exprime-t-il indirectement en mentionnante nable antique qui se jouait sans plectre.Ant. jud., VII, su, 3. Mais les rares indications musicalesde cette période ne nous fournissent aucun textequi démontre l’usage du plectre dans la musique dusecond temple ou dans l’usage privé. J. Parisot.

    1. PLÉIADES##

PLÉIADES (hébreu: kîmâh; Septante: UXciàSe; ; Vulgate Pléiades), constellation de l’hémisphère boréal, voisine de la tête du Taureau (fig. 94). Voir Hyades,

Astérope a m’. Tuyg’te

mSs. /uêrope

      • <*£$£.

94. — Les Pléiades.

  • » --.

t. iii, col. 789. Elle compte plus de 2500 étoiles, dont64 principales, parmi lesquelles cependant sept ou huitseulement sont visibles à l’œil nu. D’après qoelquesauteurs modernes, himdh désignerait Sirius ou leScorpion. Mais un passage de lob, XXXVIII, 31, <s Est-Cfttoi qui serres les liens de kinidh?» suppose clairement 465

PLÉIADES — PLEUREUSES

qu’il s’agit d’un groupe d'étoiles, et, d’après les anciennes versions, ce groupe n’est autre que celui desPléiades. L’Iliade, xviii, 486, signale également cegroupe parmi les constellations les plus remarquables.Deux autres passages bibliques mentionnent kimâhparmi les œuvres importantes du Créateur. Dans lepremier, Job, ix, 9, les Septante traduisent par Pléiadeset la Vulgate par Hyades; dans le second, Amos, v, 8, les Septante rendent le mot par navra, «fouteschoses s, et la Vulgate par Arcturus. Voir Arcturus,

t. i, col. 937.

H. Lesêtre.

    1. PLEURANTS##

PLEURANTS (LIEU DES), Locus Flentium, dansla Vulgate, Jud., ii, 1, 5. Voir Bokim, t. i, col. 1843.

    1. PLEUREUSES##

PLEUREUSES (hébreu: meqônenô(, de qin, aupilel qénên, n chanter des chants lugubres»; Septante:

95. — Pleureuses égyptiennes dans le cortège funèbre.D’après Wilkinson, Manners and Custons, t. iii, pi. lxvi.

8pï)voûnai; Vulgate: latnentatrices), femmes qui poussaient des cris lugubres dans les funérailles. — Chez

l’extrême du désespoir, mais les parents et les amis necraignaient pas de se donner en spectacle, ni de troubler l’indifférence des passants par l’intempérance deleur deuil.» Maspero, Histoire ancienne, t. ii, 1897, p. 511. Cf. Lectures historiques, Paris, 1890, p. 144152. Les pleureuses accompagnaient le convoi funèbre(flg. 95), en poussant des exclamations pour répondreà celles de la parenté: «À l’occident, demeure d’Osiris, à l’occident, toi, le meilleur des hommes!» Sur le Nil, elles montaient dans une barque et y continuaient leursgestes éplorés et leurs cris de douleur (flg. 96). Enfin, à la tombe même, elles faisaient au mort les adieuxsuprêmes: «Plaintes! plaintes! Faites, faites deslamentations sans cesse, aussi haut que vous le pouvez! voyageur excellent, qui chemines vers la terre d'éternité, tu nous as été arraché! toi qui avais tant demonde autour de toi, te voici dans la terre qui imposel’isolement!» Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. iii, p. 516, 518. Voir t. ii, fig. 705, col. 2417; t. iv, fig. 459, col. 1749; Funérailles, t. ii, col. 2416-2420. — La modede ces bruyantes démonstrations ne s’est point perdue.Chez les Arabes, quand quelqu’un est mort, «les femmes crient de toutes leurs forces, s'égratignant les bras, les mains et le visage, arrachant leurs cheveux et seprosternant de temps en temps, comme si elles étaientpâmées de douleur.» De la Roque, Voyage dans laPalestine, Amsterdam, 1718, p. 260. En Palestine, auxenterrements des musulmans actuels, on voit en tête ducortège «une troupe de gamins affublés ou plutôt déguenillés à l’orientale, guidés par un gamin chef quin’arrive jamais à les faire mettre en rang, ni à leurfaire comprendre la mesure de la cantilène criardequ’ils ont mission de chanter… La marche est ferméepar une troupe de femmes enveloppées de longues robeset drapées de manteaux de toile indigo; elles poussent, en signe de douleur, de petit* cris stridents; chacunetient à la main un mouchoir de couleur sombre qu’elletortille avec toute espèce de contorsions et agite dans

WïWiŒlMJMfflŒ

96. — Pleureuses égyptiennes sur la barque funéraire. D’après Wilkinson, Ibid., pi. Lxvii.

les Orientaux, la douleur a toujours été fort démonstrative. En Egypte, par exemple, «les enterrementsn'étaient pas, comme chez nous, de ces processionsmuettes où la douleur se trahit à peine par quelqueslarmes furtives; il leur fallait du bruit, des sanglots, des gestes désordonnés. Non seulement on louait despleureuses à gages qui s’arrachaient les cheveux, chantaient des complaintes et simulaient par métier

la direction du corps, comme si elle voulait l’aspergerdes larmes que le tissu est censé avoir essuyées. Cesont des pleureuses de profession, louées pour la circonstance». Chauvet-Isambert, Syrie, Palestine, Paris, 1890, p. 165-166. — Les pleureuses n'étaient pas inconnues chez les anciens Israélites. On s’y lamentait surles morts. III Reg., xiii, 30. Voir Deuil, t. ii, col. 1397.Les chanteurs et les chanteuses firent entendre leurs 467

PLEUREUSES

PLOMB

lamentations sur Josias. II Par., xxxv, 25. Dans sa prophétie sur la ruine de Jérusalem, Jérémie, ix, 17-20, écrit:

Pensez à commander les pleureuses, qu’elles viennent!

Envoyez chez les plus habiles, qu’elles viennent!

Qu’elles se hâtent, qu’elles entonnent sur nous des lamentaQue les larmes coulent de nos yeux…. [tions,

Enseignez à vos tilles une lamentation,

Que chacune apprenne à sa compagne un chant de deuil,

Car la mort est montée par nos fenêtres…

aoXli, (lentes et ejulantes mutlum, des pleureuses quise lamentaient beaucoup. Malth., ix, 23; Marc, v, 38; Luc, viii, 52. Quand Notre-Seigneur dit que la jeunefille dormait et n'était pas morte, toutes ces personnesà gages, musiciens et pleureuses, se moquèrent de lui, en comptant bien que le salaire attendu ne leur feraitpas défaut. Ces manifestations bruyantes de la douleurfrappaient les enfants, qui les imitaient dans leurs jeuxet disaient à leurs camarades: «Nous avons chanté

97. — Pleureuses égyptiennes dans une scène de sépulture. D’après Wilkinson, op. cit., t. iii, pi. 69.

Cf. Eccle., xiii, 5; Eccli., xxxviii, 16; Jer., xxii, 18; xxxi, 15; xxxiv, 5; Am., v, 16. Sur les complaintes des

98. — Pleureuses gagées. Sarcophage représentant les funéraillesde Méléagre. D’après Rich, Dict. des anliq., p. 501.

pleureuses, voir t. ii, col. 1397. Sur la ruine de l’Egypte, les filles des nations chanteront une lamentation.

une lamentation et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine, vous n’avez pas pleuré!» Malth., xi, 17; Luc, vu, 32. Cf. Ketuboth, iv, 6; Baba Metsia, vi, 1; Josèphe, Bell, jud., III, ix, 5. — Il ne convenait pas aux chrétiens de donner à leur deuil une expression aussiexagérée; saint Paul leur recommande de ne pass’affliger comme les autres hommes qui n’ont pasd’espérance. I Thes., iv, 13. L'Église a toujours réprouvéles excès du deuil funèbre. Les Romains avaient adoptél’usage des pleureuses gagées (fig. 98), appelées prseficæ, parce qu’elles étaient placées entête des cortègesfunéraires. Cf. Aulu-Gelle, xviii, 7, 3. Les chrétiensoccidentaux répudièrent toujours le service de cespleureuses, comme entaché d’idolâtrie. Les Orientauxle conservèreut dans une certaine mesure; mais lesPères ne manquaient pas de combattre-cet usage.Cf. Martigny, Dict. des antiq. chrét., Paris, 1877, p. 241, 280. Une curieuse inscription chrétienne(fig. 99) réprouve les cris poussés sur la tombe desmorts. L’inscription grecque est ainsi conçue: «Sperantius, aie bon courage, doux, excellent;» à gauchede la seconde ligne, on voit un canard portant le motANATEC, qui joue sur le latin anates, «canards»; àdroite est un bœuf avec le mot BOYÀEIN. En réunissantles deux mots, on a en grec: ava6îç goieiv, «cesse debeugler», de crier. Cf. Martigny, Dict. des antiq. chrét., p. 241. C’est la condamnation des pleureuses et de ceux

qui seraient tentés de les imiter.

H. Lesêtre.

CJTH PANTI€ÏWJrYkYc xpHcre

99. — Inscription de la custode des reliques de saint Apollinaire.D’après Perret, Catacombes de Rome, m-i; Paris, t. vi, 1851, pi. lxiii, u. 33.

Ezech., xxxii, 16. — Lorsque le Sauveur arriva chezJaïre, dont la fille venait de mourir, il y trouva grandtumulte de gens accourus pour les funérailles, entreautres des joueurs de flûte et yWov™: x «l à).» *irovTmc

PLEURS. Voir Larmes, t. iv, col. 92. '

    1. PLOMB##

PLOMB (hébreu: 'oférëf, en assyrien abâru; Se tante: aiXiëoc, u.o'), iê80c; Vulgate: plumbum),

métal d’un blanc bleuâtre qui se ternit facilement, assez malléable, si mou qu’on peut le rayer avecl’ongle, fusible à la température peu élevée de 330° etonze fois et demie lourd comme l’eau. — 1° Le plombest très commun dans la nature; mais il ne se présentepas à l’état natif. Le minerai qui le contient enplus grande quantité est la galène, ou sulfure de plombnaturel. On en dégage le métal par divers procédés decalcination. La presqu’île Sinaïtique renferme de nombreuxgisem*nts de minerai de plomb; on en trouvaitaussi en Egypte. On s’explique ainsi que, dès le séjourau désert, les Hébreux possédaient différents objets ouustensiles de plomb. Num., xxxi, 22. Les Phéniciensen recueillaient en Espagne, où abondent les filons deplomb argentifère. Voir Argent, 1. 1, col. 945. Cf. Pline, H. N., iii, 7; L. Siret, Orientaux et Occidentaux enEspagne aux temps préhistoriques, dans la Revuedes questions scientifiques, Bruxelles, octobre 1906, p. 544-545. Ézécbiel, xxvii, 12, dit que Tharsis échangeaitle plomb avec Tyr. Le plomb n’avait pas grandevaleur, mais était assez usuel en Palestine pourqu’on pût dire que Salomon amassait de l’argentcomme du plomb, Eccli., xlvii, 20. Jérémie, vi, 29, 30, pour indiquer que la méchanceté est inséparable deses compatriotes, fait allusion à l’opération du fondeurde métaux: «Le soufflet est devenu la proie du feu(ou: a soufflé violemment), le plomb est épuisé, onépure, on épure, les méchants ne se détachent pas.Argent de rebut! dira-t-on.» Le prophète décrit icil’opération au moyen de laquelle on sépare l’argentdes métaux inférieurs auxquels il est mélangé. On faitfondre du plomb dans le creuset et, quand il est fondu, on y ajoute le minerai d’argent. Sous l’influence de lachaleur, au contact de l’air, le plomb se transformeen litharge, qui s’absorbe peu à peu, tandis que l’argentse sépare de toute autre substance et se rassemble aufond du creuset. Voir Creuset, t. ii, col. 1116. Jérémiesuppose que, contrairement à l’ordinaire, le plomb aété complètement. transformé et absorbé, sans quel’argent soit sorti de la gangue. Ézéchiel, xxii, 18, 20, compare les Israélites infidèles à des scories et à desmétaux communs, fer, cuivre, étain et plomb, queDieu fera fondre dans le fourneau allumé par sa colère.Ces passages montrent que les Israélites possédaient lascience pratique des procédés nécessaires pour le traitementdes métaux usuels. Zacharie, v, 7, 8, parle d’undisque de plomb, servant de couvercle à un épha assezlarge pour contenir une femme. On a trouvé en Palestinedes poupées de plomb qui servaient aux pratiquesmagiques. Voir t. iv, fig. 173, col. 568. — 2° La pesanteurde ce métal fait dire que les Égyptiens se sontenfoncés dans les eaux de la mer Rouge comme leplomb. Exod., xv, 10. Les anciens ne connaissaientpas de métal plus lourd. Eccli., xxii, 17. — 3° Job, xix, 24, parlant de ses paroles d’espérance, fait ce souhait:

Je voudrais qu’avec un burin de fer et du plombElles fussent pour toujours gravées dans le roc!

L’auteur sacré fait probablement allusion à une inscriptioncreusée dans le roc avec le burin de fer et dans leslettres de laquelle on a ensuite coulé du plomb. Grâceà ce procédé, l’inscription était plus visible et les lettressculptées se conservaient mieux. Cf. Renan, Le livrede Job, Paris, 1859, p. 81; Frz. Delitzsch, Das Buch Job, Leipzig, 1876, p. 246. Il ne peut évidemment être questiond’un burin de plomb, ce métal étant beaucouptrop mou pour servir à cet usage. La Vulgate supposel’inscription gravée «avec un stylet de fer et une lamede plomb, ou sculptée au burin sur le roc.» Les anciensécrivaient parfois sur des lames de plomb, mêmedes inscriptions assez longues. Cf. Pausanias, ix, 31, 4; Pline, H. N., xiii, 21; Tacite, Annal., ii, 69, etc. Voirt. ii, fig. 491, col. 1366. Mais le texte hébreu et les Septante parlent de plomb, ’eférét, i/oXiëw, et non de lamesde plomb, et la contexture même de la phrase exigeque le plomb soit ici, non la matière sur laquelle onécrit, mais celle au moyen de laquelle on constituel’inscription, barzél ve’oférét, avec «le fer et le plomb».Cf. Frz. Delitzsch, Das Buch lob, p. 246. On n’a pasretrouvé d’inscription ancienne ayant du plomb coulédans le creux des lettres. Mais le procédé n’était pasd’invention si difficile qu’il ne pût être employé en certainscas. — 5° Le plomb est encore désigné en hébreupar le mot’ânâk, l’assyrien anaku. Mais ce mot n’estutilisé qu’une fois, Am., vii, 7, 8, pour désigner le fil àplomb. Voir Fil a plomb, t. ii, col. 2244.

H. Lesêtre.

    1. PLONGEURS##

PLONGEURS, oiseaux de l’ordre des palmipèdes, surtout remarquables par leur facilité à plongerpour chercher leur proie dans l’eau. Imparfaitementorganisés pour le vol ou la marche, ils mènent une viepresque exclusivement aquatique. Les plongeurs proprementdits ne se rencontrent guère que dans les mersdes climats froids. Aussi n’en est-il pas fait mentiondans la Sainte Écriture. — Mais on trouve en Palestined’autres oiseaux qui se nourrissent de poissons etplongent adroitement pour saisir leur proie. Tels sontles martins-pêcheurs, passereaux de l’espèce cerylerudii, qui pèchent de petit* poissons dans les lagunesd’eau douce, ou de l’espèce alcyon smyrnensis, quiplongent dans le Jourdain avec un agilité surprenante.Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 429, 448, 463. À la mer Morte et surtout au lac de Tibériadevivent par myriades des échassiers macrodactylesappelés grèbes huppés, podiceps cristatus. Ces oiseaux, longs d’environ m 50, portent au sommet de la têteune double huppe qui leur donne un aspect très gracieux, avec leur cou long et mince. Ils nagent presquecomplètement plongés dans l’eau et ne peuvent êtreatteints qu’à la tête. Extrêmement sauvages, ils s’enfoncentà la moindre alerte. De leur long bec, ils aiment àenlever les yeux des poissons, surtout des chromis, dont beaucoup errent ensuite aveugles à travers leseaux du lac. Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, p. 432, 510. Ces oiseaux ont été sûrement connus des anciensHébreux; mais ils étaient beaucoup trop inaccessiblespour que le législateur songeât à parler d’eux au pointde vue de l’alimentation. Peut-être les assimilait-on au

porphyrion. Voir Porphyrion.

H. Lesêtre.

P LUIE, eau qui se déverse des nuages sur la terreen globules plus ou moins volumineux. La pluie tombequand les gouttelettes liquides qui composent un nuagedeviennent trop lourdes pour rester en suspensiondans l’atmosphère. C’est ce qui arrive quand, par suitedu refroidissem*nt de l’air ou du transport du nuagedans des régions à plus basse température, de nouvellesquantités de vapeur viennent se condenser à la surfacedes gouttelettes déjà formées. D’autres fois, un fortébranlement de l’air, comme celui qui résulte des déchargesde la foudre, suffit pour déterminer la résolutiond’un nuage en pluie. Voir Nuage, t. iv, col. 1710.

I. Les noms de la pluie. — La pluie est désignée enhébreu par treize noms différents, ce qui indique l’importancequ’on attachait en Palestine à ce phénomène météorologique.Ces noms sont les suivants: mâtàr, ieiô; , pluvia; — ge’Sétn, Ctté; , pluvia, «averse»; — gosém, ûetôç, compluta est; — metar-géSém, ûst<î «yeipiepivô?, «puie d’hiver», pluvia imbrà, «grosse puVe «; —géséni-mitrôt, -/etpwv ûtré; , hiemis pluvia, «pluie d’hiver»; — zérém, vctôc, pluvia; — sagrîr, mayâve; , «gouttes», perstillantia; — zarzîf, oxa-fâtsç, stillicidia;

— sâfîah, OSata Oîrua, «eaux inférieures», alluvio; —rebibim, viçetoi; , «pluie», stillse; — se’irim, 6V6pos, imber; — yôréh, istiç irpciïjioç, pluvia temporanea, «première pluie»; — môréh, veto? Kpt£ïy.oç, pluvia

matutina, «première pluie»; — nialqôs,-jetôç o<]/iu.oç, pluvia serotina, «arrière-pluie»; — sefàv, «temps depluie», ûstii; , imber. Dans le Nouveau Testament, lesmots qui désignent la pluie sont 'jtzàt, pluvia, et 6po-/r, seulement dans Matth., vii, 25, 27.

II. La pluie en général. — 1° la pluie est beaucoupplus appréciée dans les climats très chauds que dansles nôtres; elle l’est encore davantage dans les régionsoù font défaut, les rivières et les moyens naturels ouartificiels d’irrigation. Aussi les auteurs sacrés parlentils de la pluie comme d’un grand bienfait de Dieu.

Qui a ouvert des canaux aux ODdëes…

Afin que la phiie tombe sur une terre inhabitée,

Sur le désert où il n’y a point d’hommes,

Pour qu’elle arrose la plaine vaste et vide,

Et y fasse germer l’herbe verte!

La pluie a-t-elle un père?

Job, xxxviii, 25-28. C’est Dieu qui verse la pluie sur laterre, Job, v, 10, par le moyen des nuées qui sevident, Eccle., xi, 3. C’est lui qui commande auxondées et aux averses, Job, xxxvii, 6; Jer., x, 13; li, 16, qui fait les éclairs et la pluie, Ps. cxxxv (cxxxiv), 7, qui donne des lois à la pluie, Job, xxviii, 26, demanière qu’elle vienne en temps propice. Act., xiv, 16.

IVattire les gouttes d’eau

Qui se répandent en pluie par leur propre poids;

Les nuées la laissent couler,

Et en versent les ondées sur le3 hommes.

Job, xxxvi, 27, 28. Et qui peut compter les gouttes depluie? Eccli., i, 2. Dieu accorde la pluie à tous sansdistinction, bons et mauvais. Matth., v, 45. Mais lesidoles seraient bien incapables d’en donner. Jer., xiv, 22; Bar., vi, 52. Aussi la pluie est-elle invitée, commetoutes les autres créatures, à bénir le Seigneur.Dan., vi, 64. — 2' La pluie est un élément de fécondité pour le sol.; < La pluie et la neige descendent duciel et n’y retournent pas, qu’elles n’aient abreuvé etfécondé la terre et ne l’aient couverte de verdure, qu’elles n’aient donné la sem*nce au semeur et le painà celui qui mange.» ls., lv, 10; cf. xxx, 23. Après lapluie, le soleil vient et l’herbe sort de terre. Gen., ii, 5; II Reg., xxiii, 4. Cf. Ps. cxlvii (cxlvi), 8. La pluiefait aussi croître les arbres. Is., xliv, 14. «Lorsqu’uneterre, abreuvée par la pluie qui tombe souvent sur elle, produit une herbe utile à ceux pour qui on la cultive, elle a part à la bénédiction de Dieu.» Heb., vi, 7. —3° Quelquefois la pluie a des effets désagréables ounuisibles. À travers la couverture mal close, elle formedes gouttières qui coulent dans la maison. Prov., xxvii, 15. Au dehors, il faut une tente pour s’abriter contreelle. Is., tv, 6. Il y a des malheureux qui passent lanuit sans vêtement; la pluie des montagnes les pénètre, alors même qu’ils cherchent à se blottir contreun rocher. Job, xxiv, 8. La pluie fait écrouler les mursmal bâtis. Ezech., xiii, 11, 13; Matth., vii, 25, 27. Ellepeut tomber en torrents dévastateurs. Ezech., xxxviii, 22. C’est ce qui arriva en particulier au déluge. Gen., vu, 12; viii, 2.

III. Le régime pluvial en Palestine. — 1° Le paysque Dieu donna aux Israélites était un «pays de montagnes et de vallées, qui est arrosé par la pluie duciel». Deut., xi, 11. En cela, il différait totalement del’Egypte. La Palestine, en effet, n’a pas à compter sur lesrivières pour arroser le sol. Les torrents qui descendent des collines vers le Jourdain ou vers la Méditerranée sont eux-mêmes taris pendant la saison sèche.C’est donc de la pluie seule qu’il faut attendre l’irrigation des terres. Elle tombe d’ailleurs en Palestine avecune régularité remarquable. Elle commence à apparaître ea octobre et cesse tout à fait avec le mois demai. À Jérusalem, les jours de pluie sont en moyennede 1 */g en octobre, 5! /2 en novembre, 9 en décembre,

10 en janvier, 10 1/2 en février, 8 l /t en mars, 5 ï/j enavril, 1 1/2 en mai. Cf. Socin, Pàlâstina und Syrien, .Leipzig, 1891, p. 35; . Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1883, p. 8-40; 1892, p. 50-71; Zeitschrift des deutschen Palàslina-Vereins, t. xiv, 1891, p. 93-112. Il ne se produit que des variationslégères daus la distribution de ces jours pluvieux. Lamême règle s’applique à peu près à tout l’ensemble dupays. Il tombe moins de pluie cependant du côté deGaza, et surtout dans la vallée encaissée du Jourdain.La hauteur de pluie qui tombe dans l’année et de 1M0 à2 ra 12, en moyenne de l m 60, alors que la moyenne estdel m 50 à la surface du globe. Cette pluie alimente lessources et servait autrefois à remplir les citernes. Ilest probable que, quand la Palestine était plus boiséeet plus cultivée qu’aujourd’hui, les pluies étaientencore plus abondantes. La fraîcheur entretenue parla végétation déterminait la précipitation de nuages quipassent maintenant sans rien donner ou dont la pluies'évapore dans une atmosphère desséchée, avant d’avoirtouché le sol. La dénudation du pays a un autre inconvénient. Au lieu d'être arrêtée par les cultures et depouvoir pénétrer à l’intérieur d’un sol ameubli, la pluieruisselle à la surface et les trois quarts en sont perdus, ne produisant d’autres effets que des ravinementsdévastateurs. Ce sont les vents d’ouest et de sud-ouestqui amènent la pluie en Palestine. III Reg., xviii, 44; Luc, xii, 54. Le vent du nord souffle assez rarement; il se sature d’humidité sur les sommets du Liban et del’Anti-Liban et amène aussi de la pluie. Prov., xxv, 23.2° Les Israélites distinguaient deux pluies, la première pluie, yôréh ou môréh, pluvia temporanea, etl’arrière ou dernière pluie, malqôs, pluvia serotina.Deut., xi, 14; Jer., iii, 3; v, 24; Joël., 11, 23; Jacob., v, 7. Cf. Schebiith, ix, 7; Nedarim, viii, 5, etc. La première pluie commençait à tomber en octobre et devenait plus fréquente en novembre. C’est elle qui ameublissait le sol et permettait le travail préparatoire auxsemailles. À son défaut, «à cause du sol crevassé, parce qu’il n’y a pas eu de pluie sur la terre, les laboureurs sont confondus.» Jer., xiv, 4. Cette premièrepluie manquait rarement; il fallait des sécheresses exceptionnelles pour qu’on - en fût totalement privé.III Reg., xvii, 1. Dans les derniers temps avant l'èrechrétienne, le sanhédrin ordonnait des jeûnes répétés, quand cette pluie tardait encore en novembre et surtout en décembre. Voir Jeûne, t. iii, col. 1531. — Lapériode qui va du commencement àe décembre à la îinde février est la saison des pluies. Elle compte unetrentaine de jours pluvieux, sur les cinquante-deuxjours de pluie habituels à la Palestine, Le neuvièmemois, correspondant à décembre, est signalé pour soncaractère pluvieux. I Esd., x, 9, 13. Pendant ce mois, à la fête de la Dédicace, Notre-Seigneur était obligé des’abriter dans le Temple sous le portique de Salomon, à cause des intempéries. Joa., x, 22, 23. Cette saisonn’avait pas d’importance spéciale au point de vue agricole. Cependant des pluies trop continues empêchaientla, maturation de l’orge ou mettaient les chemins horsde service. Cf. Matth., xxiv, 30; Josèphe, Ant. jud., XIV, xv, 12. En pareil cas, on retardait la Pàque d’unmois, en ajoutant au douzième mois de l’année. le moisintercalaire de veadar. Voir. PIque, t. iv, col. 2098. — Laseconde pluie venait en mars et en avril. C’est ellequi arrosait les céréales déjà en herbe et facilitait leurcroissance. De son abondance dépendaient la quantitéet la [qualité de la moisson. Aussi était-elle attendueavec anxiété. Job, xxix, 23; Prov., xvi, 15; Jer., iii, 3; Ezech., xxxiv, 26; Ose., vi, 3; Zach., x, 1. M. Yigouroux, dans la Revue biblique, 1894, p. 440, raconte commentil fut, en Palestine, «témoin des souhaits que tout lemonde répétait sans cesse, pour obtenir cette «pluie «tardive» qui avait fait jusque-là défaut. Et, en effet,

les récoltes commençaient à sécher dans les champs, les citernes tarissaient et les accapareurs cachaient leblé. Aussi, quand la pluie est tombée en abondance, la joie a été universelle; ceux-là même dont les projetsde voyage étaient ainsi renversés, ou qui rentraientchez eux trempés jusqu’aux os, bénissaient ce don deDieu, qui apportait avec la fertilité la seule eau qu’onait pour boire dans la plus grande partie du pays.» Cette pluie n’était pas toujours régulière. «Je vous airetenu la pluie alors qu’il y avait encore trois moisavant la moisson…; une terre était arrosée par la pluie, et une autre, sur laquelle il ne pleuvait pas, se desséchait.» Am., iv, 7. Il ne fallait pas pourtant que cettepluie fût trop violente; car alors elle renversait lesépis et causait la disette. Prov., xxviii, 3. — En mai, la pluie cessait complètement. Cant., ii, 11. Elle étaitaussi insolite pendant la moisson, c’est-à-dire à partirde la seconde quinzaine de mai, que la neige en été.Prov., xxvi, 1. C’est pourquoi Samuel donne commeune marque certaine de l’intervention divine la pluiequ’il obtient à l’époque de la moisson. 1 Beg., xii, 17, 18. — Cf. Tristram, The natural History af Ihe Bible, Londres, 1889, p. 31-33. — Du milieu de mai au milieud’octobre, la pluie ne tombe plus en Palestine. Ed.Robinson, Biblical Researches in Palestine, 2e édit., 1856, 1. 1, p. 428 T 431.

IV. Caractère providentiel de la pluie pour lesHébreux. — 1° «Si vous gardez mes commandementset les mettez en pratique, j’enverrai vos pluies en leursaison; la terre donnera ses produits et les arbres deschamps donneront leurs fruits.» Lev., xxvi, 3, 4.Telle est la convention établie dès l’origine entre Dieuet son peuple. Elle est rappelée dans le Deutéronome, xi, 14, 17: Que les Israélites soient fidèles, la premièreet la seconde pluie viendront à leur heure, et, en conséquence, le blé, le viii, l’huile et le fourrage abonderont.Qu’ils soient infidèles, Dieu «fermera le ciel etil n’y aura plus de pluie», par conséquent, plus derécoltes. Dieu leur enverra de la poussière au lieu depluie. Deut., xxviii, 24. II n’est point dit que Dieu aittoujours appliqué à la rigueur les termes de la conventionet proportionné le bienfait de la pluie au degréde fidélité des Israélites. Dans leur histoire, en effet, il est beaucoup plus souvent question de transgressionset d’apostasies que de sécheresse et de disettes. Néanmoins, en plusieurs circonstances, le châtiment annoncésuivit les fautes. — 2° À la consécration du Temple, Salomon demanda au Seigueur d’oublier les péchésàe.set» çeyfA «. et. de lui accorder la pluie, III Reg.; vni, 36, quand ce peuple se repentirait sincèrement etviendrait dans le Temple implorer son Dieu. II Par., vi, 26, 27. Le Seigneur daigna répondre qu’il en serait ainsi.IIPar., vii, 13, 14. —3° Le prophète Élie fut chargé d’allerdire à l’impie Achab, roi d’Israël: «Il n’y aura cesannées-ci ni rosée ni pluie, sinon à ma parole.» III Reg., xvii, 1. La prophétie s’accomplit, et la faminefut la conséquence de la sécheresse. Nulle part mêmeon ne trouvait d’herbe pour la nourriture des animaux, qu’on était obligé d’abattre. III Reg., xviii, 5. Surl’ordre du Seigneur, Éiie se présenta de nouveaudevant. Achab, et, après avoir confondu et fait périrles prophètes de Baal, il annonça la pluie, qui en effetfut amenée par des nuages venus du côté de la meret tomba abondamment. III Reg., xviii, 41-45; Jacob., v, 18. — 4° Isaïe, v, 6, comparant Israël à une vignestérile, dit que le Seigneur commandera aux nuées dene plus laisser tomber la pluie sur elle. David avaitdéjà appelé la même malédiction sur les monts deGelboé, témoins de la mort de Saûl. II Reg., i, 21.Jérémie, v, 24, 25, s’adresse en ces termes à ses compatriotesimpies: «Ils ne disent, pas dans leur cœur: Craignons Jéhovah notre Dieu, lui qui donne la pluie, celle de la première saison et celle de l’arrière-saison,

et qui nous garde les semaines destinées à la moisson.; Ce sont vos iniquités qui ont dérangé cet ordre, cesont vos péchés qui vous privent de ces biens.» Amos, iv, 7, 8, fait une remarque analogue. Zacharie,; xiv, 17, 18, annonce que la pluie fera défaut en Palestineet en Egypte, si les familles de ces pays ne sont: pas représentéesà Jérusalem pour la fête desTabernacles.: Cette fête se célébrait les derniers jours de septembreet les premiers jours d’octobre, par conséquent à laveille de la première pluie. La pluie est tout à faitexceptionnelle en Egypte. Deut., xi, 10, 11. Cr. Hérodote, m, 10. Mais les pluies abondantes des régionsqui alimentent le Nil peuvent faire plus ou moins défaut, et l’inondation du fleuve n’être plus suffisante pourarroser et féconder le pays. "Voir Irrigation, t. iii, col. 926. Les Septante ont supprimé dans ce passagela mention de la pluie et ne parlent que d’un tléau, itTùot; . — 5° Les deux témoins que Dieu envoie sur laterre pour parler et agir en son nom «ont la puissancede fermer le ciel pour empêcher la pluie de tomberdurant les jours de leur prédication». Apoc, xi, 6.

VI. Comparaisons. — 1° À cause de son rôle si bienfaisanten Palestine, les écrivains sacrés comparent àla pluie l’enseignement de la loi et de la sagesse.Deut., xxxii, 2; Job, xxix, 23; la miséricorde divine, Eccli., xxxv, 26 (19), et la faveur du roi. Prov., xvi, 15. — 2° La venue du Messie sera pour le mondecomme une pluie bienfaisante et féconde.

Qu’il descende comme la pluie sur le gazon, Comme l’ondée qui arrose la terre 1Qu’en ses jours le juste fleurisse, Avec l’abondance de la paix!

Ps. lxxii (lxxi), 6. Isaïe, xlv, 8, dit aussi:

Cieux, répandez d’en haut votre rosée, Et que les nuées fassent pleuvoir la justice! Que la terre s’ouvre et produise le salut, Qu’elle fasse germer la justice en même temps!

Israël espère que Dieu viendra à lui, «comme la pluietardive qui arrose la terre.» Os., vi, 3. — 3° Par assimilation, on dit que Dieu fait pleuvoir la grêle, Exod., IX, 18, 23; le feu du ciel, Gen., xix, 24; Ezech., xxxviii, 22; Luc, xvii, 29; sa colère, Job, xx, 23; les piègessur les pécheurs, Ps. xi (x), 7; la manne et les caillesdu désert. Exod., xvi, 4; Ps. lxxv (lxxiv), 24, 27.

H. Lesêtkb.

1. PLUME (hébreu: nôçâh, sis; Septante: xrspév; "Vulgate: pluma), produit épidermique, de nature pluscompliquée que le poil des mammifères, et qui sert àrecouvrir le corps des oiseaux. — Quand le prêtre offraitun sacrifice d’oiseaux, il devait jeter de côté le jabot etnosatdh. Lev., i, 16. On fait ordinairement venir nosdhde î/â{râ’, «sortir», et on lui donne le sens d’ «impureté, excrément». Mais en s’en tenant à la leçon duSamaritain, et à la traduction des Septante, de Symmaque, de Théodotion et de la Vulgate, on doit traduirepar «plume». Nô§âh a le sens de plume, Job, xxxix, 13; Ezech., xvii, 3, 7. Il est certain d’ailleurs qu’avantde porter un oiseau sur l’autel, on le déplumait.Cf. Sebachim, vi, 2; Siphra, ꝟ. 67, 1. — Jérémie, xlviii, 9, dit à propos de Moab:

Donnez la plume à Moab, car en s’envolant il fuira, Ses villes seront dévastées et dépeuplées.

Ici, le mot qui désigne la plume, prise pour les ailes, est sss. Or, ce mot a plusieurs significations. C’est d’abordle nom de la lame d’or du grand-prêtre, ce qui fait queles Septante le traduisent par <rrçu.sïa, «signes», et leChaldéen par «couronne», la lame d’or étant commela couronne du grand-prêtre et le signe de sa dignité.Exod., xxviii, 36-38. Le mot gif veut aussi dire «Jleur», Job, xiv, 2, traduction admise par Aquila et la Vulgate, tandis que Symmaque le rend par «germe». Pour, continuer la métaphore, la Vulgate fait venir le verbesuivant nâjo’de nus, «fleurir», et traduit: «Donnezune fleur à Moab, car il sortira florissant,» ce qui concordepeu avec le vers suivant. En réalité, nâso’vientde nâsâ’, «voler», etyiya ici le sens déplume. Jérémiesemble s’inspirer d’un passage d’Isaïe, xvi, 2, égalementcontre Moab:

Comme des ofseaux fugitifs,

Comme une nichée que l’on disperse,

Telles seront les filles de Moab.

Voir Aile, t. i, col. 311. — Ézéchiel, xvii, 3, 7, représentele roi de Babylone comme un grand aigle, «couvertd’un plumage, nosâh, aux couleurs variées,» et, leroi d’Egypte comme un aigle aux «nombreuses plumes».Dans ces deux passages, les Septante traduisent parovules, «serres». Ici le sens du mot nôsah-, correspondantà l’assyrien nâsu, n’est point douteux. Dans Job, xxxix, 13, il est dit que l’aile de l’autruche n’est ni(celle de) la cigogne, ni nosâh, «la plume» qui vole.Les Septante reproduisent le mot sans le traduire: véa-oo. La Vulgate traduit par «épervler», en faisantprobablement venir nosâh du miphal nissâh, «se

disputer», d’où oiseau de proie.

H. Lesêtre.

2. PLUME À ÉCRIRE. Voir CA.LAMK, t. ii, col. 50.

    1. PLUVIER##

PLUVIER (Septante: x «pao"p «>; ; Vulgate: charadrion, charadrius), oiseau de l’ordre des échassiers, àbec long et renflé à l’extrémité, habitant le voisinagedes eaux et se nourrissant d’insectes aquatiques et d’annélides.Les pluviers vivent en troupes et voyagentensemble quand ils émigrent d’Afrique usque dans lenord de l’Europe (fig. 100). Ils sont nombreux dans la

100. — Le pluvier.

Basse Egypte. — Les Septante et la Vulgate, Lev, , xi, 19; Deut., xiv, 18, traduisent par «pluvier» le mot’ândfâh, qni désigne beaucoup plus probablement le héron.Voir Héron, t. iii, col. 654. Les pluviers ne sont pasnommés parmi les échassiers qui fréquentent les bordsdes lacs palestiniens. Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 526, 543. Le législateur hébreu n’a donc

pas eu à s’occuper d’eux.

H. Lesêtre.

    1. POco*ckE Edward##

POco*ckE Edward, théologien anglican, l’un desplus célèbres orientalistes de la Grande Bretagne, néle 8 novembre 1604 à Oxford, mort dans cette ville le10 septembre 1691. Après avoir fait ses études dans saville natale, où il étudia surtout les langues orientaleset reçut les ordres anglicans, il fut nommé, en 1630, chapelain de la factorerie anglaise à Alep et y séjourna

six ans. En 1636, Land, archevêque de Cantorbéry, fonda en sa faveur une chaire d’arabe à l’universitéd’Oxford. Il ne put professer qu’en 1647, après de nombreusesdifficultés. Poco*ck se servit de ses étudesorientales principalement pour l’intelligence des Écritures.Il fut un des principaux collaborateurs de laPolyglotte deWalton.En 1655, il publia, in-4°, à Oxford, sa Porta Mosis, contenant six discours arabes, imprimésen caractères hébreux, des commentaires de MoïseMaimonide sur laMischna, avec une traduction anglaiseet des notes. Ce fut le premier ouvrage publié par lapresse hébraïque d’Oxford. Outre plusieurs autres publicationsorientales, on lui doit Commentary on theProphéties of Micah and Malachi, 1677; Horea, 1685; Joël, 1691. Ces divers ouvrages ont été réunis dans sesTheological Works, 2 ih-8°, Londres, 1740, en têtedesquelles on trouve une biographie de l’auteur. VoirW. Orme, Bibliotheca biblica, 1824, p. 352; S. Lee, Oictionaryof national Biography, t. xlvi, 1896, p. 7-12.

    1. PODAGRE##

PODAGRE, maladie de la goutte, affectant spécialementles pieds. — La goutte est une maladie qui envahitl’organisme entier et se présentée l’état tantôtaigu et tantôt chronique. Elle se déclare d’ordinaireentre 25 et 55 ans et atteint plus souvent les hommesque les femmes. Ses causes les plus fréquentes sont lesexcès de table, la vie molle et sédentaire, le défautd’exercice, quelquefois l’impression d’un froid humide, la suppression de la transpiration, etc. La goutte semanifeste par une douleur subite et très vive au grosorteil, ou plus rarement au cou de pied, au genou, àla main. La douleur augmente et finit par devenirintolérable. L’accès dure plusieurs jours et se renouvelleà intervalles irréguliers; puis, les périodes desouffrance se multiplient et se prolongent; des nodositéset des concrétions d’urates et de phosphates calcairesse forment dans les articulations et en rendentles mouvements difficiles ou même impossibles. Onappelle podagre la goutte qui s’attaque aux pieds, chiragre celle qui atteint les mains, etc. La goutte setraite surtout par des soins hygiéniques, exercice, sobriété, régularité de vie, frictions, séjour dans lesclimats chaudset secs, etc. — Il est racontédu roi Asaque hàlâh’ét-raglâv, È7rov, e<7£ toùj TtôSaç oûtoî, doluitpedes, III Reg., xv, 23; yéhélé’beraglâv, èu.aXaxi<rây]toùç TiôSaç, cegrotavit dolore pedum. II Par., xvi, 12.Il fut malade des pieds, et, suivant ce qu’ajoute cedernier texte, il en arriva à éprouver de grandes souffrances.Le mal se déclara la trente-neuvième année durègne d’Asa; il dura par conséquent de deux à troisans, puisque le roi mourut la quarante et unièmeannée. II Par., xvi, 12, 13. Le texte sacré ajoute qu’aulieu de chercher Jéhovah, sans doute pour en obtenirsa guérison, il s’adressa aux médecins. Ceux-ci n’arrivèrentni à le guérir ni à le soulager beaucoup. Ons’accorde généralement à reconnaître la goutte dans lamaladie si succinctement décrite; sa localisation, lessouffrances qu’elle occasionna, son prolongement sontdes caractères propres à la goutte. Il est probable qu’àun moment elle remonta jusqu’à un organe essentiel, le cœur ou le cerveau, et entraîna ainsi la mort. L’anciennemédecine ne possédait pas de spécifiquessérieux contre ce mal. Lucien, Tragopodagra, 173, indique comme remède contre la podagre un exorcismefait par un Juif. — Il y a peut-être, dans plusieurs autrestextes, quelque allusion à la goutte qui paralyse lesgenoux, Job, IV, 4, et à celle qui atteint à la fois lesgenoux et les mains. Eccli., xxv, 32; Is., xxxv, 3; Heb., xii, 12. — Cf. W. Ebstein, Die Medizin imAlten Testament, Stuttgart, 1901, p. 148.

H. Lesêtre.

    1. POÊLE##

POÊLE (hébreu: maliâbaf, masrêf; Septante: T)JYavov> Vulgate: sartago), instrument qui sert à faire

frire sur le feu des gâteaux ou des mets analogues.La poêle était en métal et ne consistait guère quedans une simple plaque avec ou sans rebords (fig. 101).

— On faisait frire sur la poêle des gâteaux de fleurde farine destinés aux oblations. Lev., ii, 5; vi, 21; viꝟ. 9. Ces gâteaux étaient ordinairement mélangésd’huile, ce qui leur permettait de se détacher facilementdu métal. Dans le Temple, il y avait des léviteschargés de veiller sur les gâteaux cuils à la poêle, I Par., ix, 31; xxiii, 29. — Chez son frère Amnon-Thamarfit cuire des gâteaux, puis prit la poêle etles versa. II Reg., xiii, 9. Le mot mairêÇ n’apparaîtque dans ce passage. Le mot mafyâbaf n’estpourtant pas réservé pour les poêles du Temple. —Ezéchiel, iv, 1-3, reçut l’ordre de tracer sur une briqueun plan de Jérusalem et de construire autour l’appareild’un siège, puis de prendre une poêle de fer et de laplacer comme un mur de fer entre lui et la ville, dontil figurait l’assiégeant. Cette poêle de fer, ainsi interposée, signifiait que Dieu, le véritable assiégeant, nevoulait plus ni voir ni entendre Jérusale iii, dont le

101. — Poêle à frire, trouvée à Pompéi.D’après Rich, Dictionnaire des antiquités, p. 556.

sort était irrévocablement fixé et la ruine décidée. Dansla réalité, la poêle de fer représentait ici les péchésd’un peuple incorrigible, appelant un vengeur inflexible.Isaïe, lix, 2, avait en effet déjà dit: «Ce sont vos iniquitésqui ont mis une séparation entre vous et votreDieu, ce sont vos péchés qui vous ont caché sa facepour qu’il ne vous entendît pas.» Cf. Lam., iii, 44. —Pendant la persécution d’Antiochus Épiphane, le premierdes sept frères, d’abord affreusem*nt mutilé, futplacé sur une poêle pour y être rôti, et la vapeur dela poêle se répandit au loin. II Mach., vii, 3-5.

H. Lesêtre.

POÉSIE HÉBRAÏQUE. Sur le caractère généralde la poésie hébraïque et sur les caractères particuiiersqui la distinguent, parallélisme, vers, strophe, voir Hébraïque(Langue), t. tu, col. 487-492

1° Origine babylonienne de la poésie hébraïque. —Le parallélisme n’est pas une invention des Hébreux, on le trouve dans de très anciens poèmes babylonienset même égyptiens, quoique moins régulier dans cesderniers. Eb. Schrader, Semilismus und Babylonismus, dans les Jahrbucher fur proteslantische Théologie, 1. 1, 1875, p. 121; H. Zimmern, dans la Zeitschrift fur Assyriologie, t. viii, p. 121; t. x, p. 1; W. Max Mùller, DieLiebespoesie der alten Aegyyler, 1899, p. 10. La littératureassyrienne offre même des exemples de poèmesalphabétiques. Proceedings of the Society of BiblicalArchseology, t. vii, 1895, p. 135-151. C’est donc de leurpatrie primitive que les Hébreux avaient emporté, pourainsi dire, leur moule poétique. Leurs ancêtres avaientconnu, là aussi, leur principal genre poétique, la poésielyrique, et l’on a pu donner le nom de psaumes à despoèmes babyloniens qui par leur ton, leur tour etleur sentiment religieux, ressemblent en effet auxchants du Psautier, dont ils diffèrent peu pour la forme, quoiqu’ils en différent totalement par la doctrine théologique.— Ni les Assyriens ni les Hébreux n’eurent l’idéedu draine proprement dit. — L’antique Babylonie eut despoèmes épiques, tels que le poème de Gilgamès, mais

les Israélites n’ont jamais utilisé cette forme de poésie.L’Écriture contient snrtout des poèmes lyriques. Pourles différents noms qu’on leur donnait, voir Psaumes.

— Avec la poésie lyrique, , la poésie gnomique ou didactique, mâîal, fut la plus cultivée chez les Hébreux. VoirProverbes.

2° Usage de la poésie chez les Hébreux. — Commechez tous les peuples, dès la plus haute antiquité, lesHébreux eurent recours à la poésie pour exprimer leursjoies et leurs peines, les événements heureux et lesdeuils de la vie privée ou de la vie publique. Le plusancien morceau poétique que renferme la Bible est relatifà l’histoire de Lamech. Gen., iv, 23-24. Moïse chantele passage de la mer Rouge, Exod., xv, 1-21; Débora, lavictoire de Barac et la défaite de Sisara, Jud., v, etc.Cf. I Reg., xviii, 7; Jud., xv, 16; Num., xxi, 27-30; Jos., x, 12. Noé, Gen., ix, 25-27; Jacob, Gen., xlix; Moïse, Deut., xxxiir, bénissent leurs enfants ou leurpeuple en un teslament poétique. David déplore dansune élégie d’un lyrisme achevé la mort de Saùl et deJonathas, II Reg., i, 18-27; Jérémie, dans ses touchantes’Lamentations, les malheurs de son peuple emmené encaptivité. Cf. II Reg., iii, 33; Jud., xi, 40. La poésiecomme la musique égayait lès festins. Is., v, 12; xxtv, 9; Amos, vj, 5; Jud., xiv, 14, 18, etc. La découverted’une source fournissait matière à un chant. Num., xxi, 17-18. On célébrait aussi par des chants poétiques lamoisson et les vendanges. Jud., rx, 27. Voir Chanson, t. ii, col. 551. Mais les Hébreux composaient surtout deschants religieux et leur poésie est avant tout religieuse.Le Psautier en est la preuve; aucun autre recueil poétiquene peut lui être comparé pour l’élévation des sentiments, la profondeur de la piété, l’éclat du lyrisme, l’union intime du poète avec Dieu, Les livres des prophètesnous offrent une plus grande variété de formespoétiques que les Psaumes, mais c’est le même sentimentreligieux qui s’y manifeste.

Les chants sacrés, avec accompagnement de musique, furent un des éléments principaux du culte rendu àDieu par les Israélites. Voir Chant sacré, t. ii, col. 553; Chantres du temple, col. 556; Musique, iii, t. iv, col. 1319. C’est aux Hébreux que l’Église chrétienne aemprunté avec les Psaumes, l’usage de la psalmodie etdu chant liturgique.

3° Technique de la poésie hébraïque. — 1. La poésiehébraïque, comme toutes les poésies, se distingue dela prose par l’assujettissem*nt à des règles spécialesqui consistent surtout dans le rythme et dans la mesure.Un poème doit briller par! e choix des pensées, la beauté des figures, le mouvement, la couleur etl’éclat du style, mais toutes ces qualités peuvent existerdans la prose; ce qui constitue proprement te poèmeen tant qu’œuvre d’art, c’est en général, la métrique; en hébreu, c’est en particulier le parallélisme, quipar lui-même n’exige pas une mesure rigoureuse etpeut se rencontrer à la vérité dans des morceaux quine sont pas en vers, mais qui doit toujours coexisteravec le vers, lequel caractérise par excellence les morceauxpoétiques. Les règles de la versification hébraïquene nous sont pas bien connues, mais l’existence duvers hébreu n’en est pas moins certaine. Les poèmeshébreux sont aussi souvent divisés en strophes.

2. Outre ces caractères généraux, on peut signalerdans la poésie hébraïque, a) l’emploi de mots, deformes grammaticales et de tournures qui lui sontpropres, comme dans toutes les langues; — b) lespoèmes acrostiches, dans lequel chaque vers ou chaquesérie parallèle commence par une lettre de l’alphabet, selon son ordre alphabétique. Voir Alphabétique(Poème), t. i, col. 416; — c) la rime ou répétition dumême son à une place déterminée du vers. L’emploide la rime dans la poésie rabbinique est fréquent, mais son usage régulier ne paraît pas antérieur au 479 poésie hébraïque — poétiques (livres) de la bible 480

vu» siècle de notre ère. On ne la rencontre donc qu’accidentellementdans l’ancienne poésie hébraïque. Lalangue des Hébreux, par la sonorité des finales de sesmots et de ses flexions, fournit à la rime des ressourcesabondantes et le poète est amené tout naturellement às’en servir et à répéter, sans les chercher, les mêmes terminaisonsqu’il emploie nécessairement pour exprimersa pensée. Il y a donc dans ce qu’il écrit des rimes inconscientes, mais elles sont aussi quelquefois un effetde l’art comme on n’en saurait douter lorsqu’elles réviennentd’une manière régulière et suivie et par conséquentvoulue. Ainsi, par exemple, dans les vers suivantsde Job, x, 9-18.

Zekor-na kî kahômèr’âêîtânî

Ve’él l dfâr leUbênî.

Hâlô" kékàlâb (afikênî

Vekagbinâh (aqpVèni.

_’Ôr ûbdiâr (albisêni

Uba’àsdmôt vegidîm (eiôkkênî.

Jfayîm vdhéséd’àêîlâ’immâdî

Ûfquddatkâ sâmrâh rûhi.

Ve’élléh sàfantâ bilbâbèka

Yâda’etî kî zô(’immâk, ’Im hâfa’ti usemartànî

Umê’âvôni l’ô penaqqênî.’Im rdsæfi’alelai li

Veiddaqlî l’ô’éssd’r’ôsî

Seba’qâlôn ure’êh’onyî.

Ve-ig’éh kassahal (esûdènî

Vefasob (ilpalld’bi.

TehaddêS’èdêka negdî

Veféréb ka’askâ’immâdî

Biàlifôf vesdbd’'immî.

Velâmmâh mêréljiém hôs’êlànî’Egeva ve’ain l’ô-(ir’êni.

Voir aussi le Ps. vi, dont une grande partie des verssont rimes.

d) L’assonance, c’est-à-dire la reproduction fréquentedu même son, est recherchée par les poètes hébreux.Elle se distingue.de la rime en ce qu’elle n’est pas placéerégulièrement à la fin du vers mais arbitrairement àdes endroits différents. Dans les 44 vers que contientle chap. v des Lamentations, la syllabe nû est répétéetrente-cinq fois; elle l’est douze fois dans les seize versde Ps. cxxiv. Elle est autant un artifice de rhétoriquequ’un procédé poétique, de même que l’allitération etles jeux de mots, mais tous ces moyens qui piquentl’attention et aident la mémoire du lecteur ou de l’auditeursont familiers aux poètes d’Israël.

e) L’allitération est la répétition des mêmes lettresou des mêmes syllabes. Les exemples en sont nombreux: èo’âh umeès’âh, «solitude et désert», qui se litdeux fois dans Job, xxx, 3, et xxxviii, 27, etc. — L’annominationest la répétition des mêmes mots sous desformes différentes; Isaïe l’affectionne particulièrement.

Hinnèh Yahvéh metaltélqâ.

Taltêlâh gâber ve’ôtkâ’atôh

Çanôf isnofkd senêfdh. Is., xxii, 17-18.

Quant aux paronomases et aux jeux de mots, les poèteshébreux s’y complaisent, lreû rabbîm veîrâ’û. Ps. xl, 4. Veire’û saddiqim veîrd’û. Ps. LU, 8. Vehdyetahtd&niyàh vëâniyâh. ls., xxix, 1, etc.’Voir Jevs ce mots, U III, col. 1525. Cf. aussi G. W. Hopf, Allitération, Assonanz, Reim in. der Bibel, in-8°, Erlangen, 1883; J. M. Casanowicz, Paronomasia in the old Testament, in-8°, Boston, 1894.

Sur la poésie hébraïque en général, voir l’historiqueet l’exposé des systèmes anciens et modernes sur lamétrique hébraïque dans J. Dôller, Rythmus’, Metrikund Strophik in der biblisch-hebrâischen Poésie, in-8°, Paderborn, 1899; Ed. Konig, Stilistik, Rhetorik, Poetik im Bezug auf die biblische Literatur, in-8°, Leipzig, 1900, p. 346 sq. Sur les strophes en particulier, voir D. H. Mùller, Die Prophetên in ihrer ursprûnglichenForm, 2 in-8°, Vienne, 1896; F. Perles, Zurhebraïschen Strophik, Vienne, 1896; J. K. Zenner, S. J., Die Chorgesânge im Bûche der Psalmen, 2 in-4°, Fribourg-en-Brisgau, 1896; D. H. Muller, Strophenbauund Besponsion, in-8°, Vienne, 1898. Voir aussiH. Grimme, Psalmenprobleme, Vntersuchungen ûberMetrik, Strophen und Pasekdes Psalmenbuches, in-4°, Fribourg (Suisse), 1902. F. Vigouroux.

    1. POÈTE##

POÈTE (grec: 7co! 7|Tr, s). Ce mot, désignant un écrivainqui a composé des vers, ne se lit qu’une fois dansl’Écriture. Saint Paul, dans son discours de l’Aréopage, cite littéralement à ses auditeurs un vers d’Aratus quiétait comme lui originaire de Cilicie. Voir ARATUS, t.l, col. 882. II ne le lui attribue pas d’ailleurs nommément, mais il s’exprime ainsi: «comme l’ont dit quelques-unsde vos poètes.» Act., xvii, 28. Cette manièrede parler pourrait ne pas être prise à la rigueur de lalettre et s’entendre d’un seul poète, mais il est vraique deux autres poètes grecs sont connus comme ayantécrit un vers semblable: ’Ex aov yàp flvo; lir(ilv, ditCléanthe, Hynm. in Jov., 15. "Ev àvSpûv, h 6ewv févoç, dit Pindare, Nem., 6. Voir Wetstein, In Act., xvii, 28, Novum Testam. gr., t. ii, 1752, p. 570.

Saint Paul cite aussi un poète Cretois, Tit., i, 12, égalementsans le nommer; il l’appelle «un prophète» des Cretois. Voir Epiménide, t. ii, col. 1894. DansI Cor., xv, 33, il reproduit un vers de la Thaïs de Ménandre, mais sans aucune indication. Voir Ménandre, t. iv, col. 960. Ce sont là les seuls poètes profanes citésdans le Nouveau Testament. — Dans l’Ancien Testament, on ne trouve qu’un mot qui, en hébreu, désigneles poètes en général, et encore ne s’applique-t-ildirectement qu’à ceux qui composent des mâSâl, poèmesgnomiques, didactiques et satiriques. Les Nombres, XXI, 27, rapportent les vers contre Moab, ꝟ. 27-30, enles attribuant aux môHîm ou poètes. La Vulgate n’apas traduit ce mot; les Septante l’ont rendu par oîa’tvtYJJiaiTKTTai’. — Il est possible que le mot nâbî’, «prophète», eut accessoirement le sens de poète, parceque les prophètes écrivaient souvent ou s’exprimaienten vers, mais ce n’était certainement, en tout cas, qu’unesignification secondaire et dérivée. Ben Sirach faitl’éloge des poètes sacrés (bwn >Nin: i). Eccli., XLIV, 5.

F. Vigouroux.

PŒTIQUES (LIVRES) DE LA BIBLE. 1° L’Écriture contient un certain nombre de livres écritsen vers et des morceaux poétiques se trouvent aussidans plusieurs des livres écrits en prose. Voir t. iii, col. 487. Les grammairiens hébreux n’ont noté quetrois livres avec les accents poétiques, Job, les Psaumeset les Proverbes, mais on range aussi aujourd’hui parmiles livres poétiques le Cantique des Cantiques et les Lamentations.Plusieurs y ajoutent l’Ecclésiaste et l’Ecclésiastiquedont une partie a été retrouvée dans le texteoriginal. — Deux recueils de poésies qui contenaientdes morceaux profanes avec des morceaux religieux, le Livre des Guerres du Seigneur, Num., XXI, 14, et leLivre des Justes ou du YdSâr (Jos., IX, 13, etc. VoirJustes (Livre des), t. iii, col. 1873. Cf. Livres perdus, 1°, 2°, t. iv, col. 317), ne nous sont plus connus que pardes citations. Il paraît avoir existé aussi un recueild’élégies ou lamentions funèbres, qinôf. II Par., xxxv, 25.

On pourrait considérer également comme livres poétiquesles écrits de plusieurs prophètes, qui se conformenten général aux règles de la poésie hébraïque, tels que Isaïe, Osée, Joël, Amos, Abdias, Michée, , Nahum, Habacuc, Sophonie, etc. Cependant ils s’astreignentd’ordinaire moins rigoureusem*nt aux exi

gences de la poétique hébraïque, de sorte qu’il n’estpas toujours facile de distinguer ce qui est vers de cequi n’est que style oratoire, et de tracer une ligneexacte de démarcation entre les deux. Si nombre demorceaux renferment des chants, des psaumes ou descantiques en vers réguliers, Is., xii, 1-6, etc., qu’on reconnaîtsans peine, il en est autrement ailleurs. Néanmoinsmême quand ils ne s’expriment pas en vers proprementdits, les prophètes, souvent, ne parlent pas enprose simple; ils se servent d’un langage mesuré, plussoigné, plus artificiel et plus rare, afin qu’il soit plus, digne des oracles divins qu’il transmet aux hommes etafin qu’il frappe davantage l’imagination et l’esprit desauditeurs et des lecteurs. Il est, du reste, malaisé d’enfixer les règles précises. Tandis que, parfois, ils s’exprimentde la manière la plus ordinaire, sans aucuneffort et sans aucun artifice, ls., vii, 1-3; Jer., xxi, 1-10, d’autres fois, prose et poésie sont entremêlées, Is., vi; Jer., i, etc., et ailleurs, entre l’une et l’autre, apparaîtun langage rythmé, qui n’est ni la simple prose ni levers de Job ou des Psaumes, et qui est caractérisé surtoutpar le parallélisme, mais avec des nuances et desvariations infinies. F. Vigouroux.

    1. POIDS##

POIDS, morceaux de pierre ou de métal d’une pesanteurdéterminée, qu’on a employés, dès les temps lesplus reculés, pour peser les objets de toute nature.Comme l’or et l’argent ne furent monnayés qu’à uneépoque relativement tardive et qu’il fallait les peserpour connaître leur valeur, chez les Hébreux, commechez les Babyloniens et les Assyriens, les mêmes noms, talent, mine, sicle, etc., servent à désigner soit despoids, soit des monnaies. Voir Monnaie, t. iv, col. 1235.

I. Les poids a l’okigine. — 1° Poids primitifs. —De même que les membres du corps humain fournirentles premières mesures de longueur, par exemple, la coudée, le pied, l’empan, le palme, le doigt, voirMesures, t. iv, col. 1041-1042, de même la nature procuraaux hommes, sous la forme des graines de certainesplantes communes, telles que le blé, l’orge, lesharicots, etc., les premiers poids dont ils firent usage.Voir Ridgeway, Origin of nietallic Currency andstandard Weigths, in-8°, Cambridge, 1892, p. 387.Divers passages du Talmud mentionnent encore cespoids primitifs. Voir le traité Scheqâlim. Maimonidedit aussi, Constitut. de Siclis, Leyde, 1718, p. 1-2, que, sous les rois hébreux, le sicle pesait 320 grains d’orge.Néanmoins, il exista de très bonne heure, en Egypte etspécialement chez les Babyloniens, un système complet, fort bien agencé, en ce qui concerne cette partiede la métrologie.

2° Noms. — Le mot «poids» se dit en hébreu: niisqdl, bptfD, ou Séqél, Vpp, de la racine sâqal,

T ï " «peser». Cf. Gen., xliii, 21; Ex., xxx, 14; Lev., v, 15; xxix, 35, etc. Les poids des anciens Israélitesfurent tout d’abord de simples pierres, et c’est pource motif qu’on les nommait habituellement Q’jax,

  • T-: ’âbânîm, «pierres». Cf. Lev., xix, 36; Deut., xxv, 13;

II Reg., xiv, 26; Prov., xi, 1; xvi, 11; xx, 10, 23, etc.En fait, on a retrouvé, à Jérusalem et en d’autresendroits de la Palestine, plusieurs poids en pierreordinaire, en hématite, etc. Voir Talent. Plus tard, ilsparaissent avoir été aussi quelquefois en plomb, cf. Zach., v, 7, et sans doute aussi en d’autres métaux.

3° Formes. — Les Égyptiens, les Assyriens et lesBabyloniens donnaient à leurs poids des formes d’animaux: notamment celle d’un lion accroupi, munid’une anse qui le rendait plus maniable (fig. 102), celled’un canard (fig. 103), celle d’une gazelle ou d’autresanimaux. Voir Balance, t. ï, fig. 420, col. 1403. C’estpeut-être pour ce motif que le mot hébreu ms’Dp, qesitàh, Gen., [xxxm, 19, cf. Jos., xxiv, 32, et Job, xlii,


11, est traduit par «agneau» dans les Septante et dansla plupart des autres versions anciennes. Voir Gesenius, Thésaurus, t. iii, p. 1241. Mais on ne peut riendire de certain à ce sujet. Les poids hébreux, assyrienset babyloniens portaient d’ordinaire une ou deuxinscriptions, qui marquaient leur valeur et le nomdu roi qui les avait fait fabriquer. C’est ainsi que, surun poids assyrien en forme de lion, on lit ces motsgravés en araméen: «deux mines du pays», et cette

102. — Poids assyrien en forme de lion. British Muséum.

autre inscription en caractères cunéiformes: «Palaisde Sennachérib; deux mines du roi.» Sur un poidsbabylonien en basalte vert, en forme de canard, on liten caractères cunéiformes: «Trente mines de poidsjustifié. Palais d’Irba-Mérodach, roi de Babylone.»

4° Poids hébreux. — On ne pouvait pas manquer deretrouver quelques anciens poids hébreux en Palestine; mais ils ne forment encore qu’une série trèsincomplète. Toutefois, il ne faut pas oublier que lessicles juifs qui sont parvenus jusqu’à nous sous formede monnaie comptent aussi sous ce rapport, puisque, à

103. — Poids assyrien en forme de canard.

la façon de nos monnaies courantes, ils correspondaientà des poids fixes. — 1° M. Clermont-Ganneau aétudié dans son Recueil d’archéologie orientale, t. iv, 1900, p. 24-35, quelques-uns de ces poids. Un tout petitpoids de 2° r 54 seulement, a été découvert en Samarie; il porte deux inscriptions en hébreu: réba’nésef, njwa-i, «quart d’une moitié» (?), et réba’sel, Stfjo-, , «quart d’un sicle» (?) (fig. 104). Trois autres poids sontl’un en pierre rougeâtre, l’autre rouge clair et le troisièmeen calcaire blanc; , ils ont été trouvés à Tell-Zacharîya; ils pèsent 10u r 21, 9° "05 et 9 grammes (fig. 105).Sur chacun d’eux on a cru lire le mot hébreu nésef,

  • ]2M, qu’on a traduit ordinairement par «moitié». Un

autre poids, également de petites dimensions, a laforme d’un grain de chapelet percé et est en pierred’un jaune rougeâtre; il provient d’Anâtà, l’ancienneAnathoth, près de Jérusalem, et correspond à 89 r 61.Les hébraïsants ont beaucoup discuté au sujet de cesinscriptions, sans pouvoir se mettre entièrementd’accord. Quelques-uns d’entre eux ont lu néség, xti,

ou késéf, IDd, «argent», au lieu de néséf. En tout

V. — 16

cas, le mut reba’désigne certainement un quart. VoirEd. Kcenig, EMeit&ng indnsttltè Testam. y in*8°, Eton%, 1893, p. 485, h. 1; Driver, Introd. ta Ike Mteratwvof the Otd Test., in-8°, 6 «édil., p. 449, note; PalestineEscplor. Fund, Quarterly Stâitemênt, iâ-8°, 1890, p> 267-288; 1891, p. €9; 1893, p. 22; 1894, p. 220, $86287; 1895, p. 187-190. - 2° Dans la."même revue, 1892,

l^0j4

104. — Poids en hématite, en forme de navette, découvert àSamarîe. D’après Palestine Expl. Fund, Quart. Stat., 1890, p. 267; 1894, p. 287.

p. 114, M. FI. Pétrie analysé d’autres poids qu’on aaussi découverts en Palestine, Mais rien de tout celane conduit à des résultats définitifs.

11. Anciens systèmes métrologiques de l’Orientbiblique en ce qui concerne les poids. — i. ob-SERVATIONSgénérales. *- Les Hébreux paraissentavoir eu assez tôt un système de poids bien complet.Ce système était le même, dans son ensemble, quecelui de la plupart des peuples de l’Asie antérieure, enparticulier des Phéniciens, des Syriens, de plusieursprovinces d’Asie Mineure, et tout spécialement le mêmeque celui des Babyloniens. — Où avait d’abord simple105. — Quatre poids israélites à inscriptions.

D’après Clermont-Ganneau, Recueil d’archéologie orientale,

t.’fv, 1° et 2’livr., 1900, p. 25, 26, 18.

ment conjecturé, puis on a démontré de la manièrela plus certaine qu’en ce qui regarde les poids., commeles mesuTes de longueur et de capacité, tous les systèmesmétrologiques de l’antiquité, y compris ceux del’Egypte, de la Grèce, de la Sicile, de l’Italie, etc., ontentre eux une ressemblance frappante, et que Babyloneen est le centre, ou plutôt le lieu d’origine. Voir Bôckh, Metrolùgische Untersuchungen ùber Gewichte, Mwnzfûisetmd Maasse des Alterlkwms in ihreni Zusàrnmenkatige, in-8°, Berlin, 1838. Bertheau, ZurGesckichteder leræliten, in-8°, Gœttingue, 1842, a développéeette idée et cette démonstration pat rapport aux anciensHébreux; M. Brandis l’a reprise plus "en grand, dams son ouvrage intitulé Dos Munît-, Mttsstmâ Gewichtswëeenin Vorderusien bis auf Klexan&er denGrosse», ia-8°, Berlin, 1866. La preuve est devenue

péremptoire à la suite des ^vanls travaux de M. G. P.Lehmann, Voirsurtout Dm altbabytonièehé Mttss* tindGewichtssystem aïs Gfundiwge der ttntifcen’Gèwichl-, Mûnzund Maassystefne, dans les Actes en vin» Congrèsinternational des Orientalistes, Section sémitique Ï3, iïi-8°, Leyde, 1893, p. 166-2Î6. CL V. Buruy, Histoiredés Grecs, t. î, Paris, 1887, p. 608. Nâturellemeut, lesystème bàbytaM’en a subi des modifications et destrahsfor’maliioûs multiples thez les divers peuples quil’ont emprunté, tout en demeurant an fond le même.

On peut regarder comme un point ittcontêstable que, dès te xvr 3 siècle avant J.-C, la partie du SystèmeHiétrôtogique des Babyloniens qui se rapporte aux poidsavait péwélfré daWs les régions syriennes. Cela ressortde la façon te plus évidente du fait suivant: dans lesiascriptioïis de TeH j el-A «ïarna, les tributs payés att roid’ugypte Ttootbmès 1Il par ses vasslaux de Syrie sonténumérés en pcMs assyriens, cW-à-dire, en talentset eft mines, et non pas en poids égyptiens. Voir Lehmann, datis faZeitaChHft fur Assyriok/gie, t. itt, 1888, p, 392. Il est vrai que, sur l’inscription du temple deKara’ak, les mêmes tributs sont ênoïrcës d’après lesystème métroiogique égyptien. Mais il est visible, parla seule inspection des chiffres marqués, que ces chiffreseut été obtenus au moyen de Calculs, et traduitspouf ainsi dire en langue «égyptienne; éar ils sont souventimpairs, et même accompagnés de fractions, tandisque d’ordinaire les tributs étaient comptés par centaineset par milliers de talents, de mines, de sïcles, etc. Cf.Nowack, Bandb’uch der hebr. Àrckâotogie, t. î, p. 206; Benringer, >Mëbr. Afvhâologie, p. 186. Suivant Hérodote, in, 91, l’Egypte elle-même payait le tribut auxPerses d’après les poids babyloniens.

il. les poids BABmomENS. — Quelques indicationsà ce sujet sont ici à leur place, puisque c’est au systèmebabylonien’que les Hébreux ont emprunte leurspropres poids. Cette branche a été en quelque sorterévolutienïiée de ïi®s jours, non seulement par l’éludedes textes assyriens et babyloniens, mais surtout parla découverte d’un nombre assez considérable de poidsde Babylone’et de Ninive. — Le principe sur lequels’appuie tout’ce système métrolog’ique est le principesexagésittfal, ainsi nommé parce que le chiffre 60joue chèà les Babylewtens le même rôle que le chiffre10 chez nous. Leur unité de poids était la mine, MA’NA des inscriptions, qui correspond à màneh desHébreux, au grec fivâ et au latin mna ou mina. Audessus de la mine était le talent, appelé gaggarou dansles-lettres de Teîl-et-ÂmaTtta, kikkaren hébreu, TaXavTov, c’est-à-dire «poids», en grec, taientum en latin; ilvalait 60 mines. Au dessous de la mine était le sicle, enassyrien siklu, sègél en hébreu, aUXa en grec, ou» T «TV|p, siclus eh latin; elle formait la soixantième partiede la mine. Il fallait dottc, en ChaMee et en Assyrie, 60 sicles pour làire «ne mine, 60 mines pour faire untalent. [Les monuments découverts à Îeil-Loh, dans laBahylonie méridioJiasle, montrent que les ChaldéeJis seservaient aussi d’un poids inférieur, nommé chi, quicorrespondait à 180 grains de blé (60x3).

On a remaYqué qu’à Babylone et à Ninive il existaitun double système de poids, et, dans chaque Système, une double série, la série lourde et la série légère.Voir’C. P. Léhmann, Sikungsberïchte der archàolog.GesèltSChaft £ù Berlin, 1888, p. 27-42; j50s altbabylonischeMuasunà Gewichtssystem, 1893, p. 6-20. La sérielourde pesait exactement le double de la série légère. Lepremier système a été surnommé royal, parce que lespoids qui le représentent ont été trouvés dans les palaisroyaux et qu’il portent tous cette inscription: «Tantet tant de mines du roi.» La mine royale lourde a étéévaluée, d’après ces modèles, à 1010 gr. (c’est le poidsde la fig. 102), et la mine légère à 505 gr. (poids de laKg. 103). D’après cela, le talent royal de la série lourd

correspondait à 1010 gr. x 60, c’est-à-dire à 60 600 gr., et le talent royal de la série faible, à 505 gr. X 60, .c’est-à-dire 30 300 gr. Le sicle royal lourd, qui était la60e partie de la mine, valait 16s r 83, et le sicle royalléger pesait 8a r 41. Voir Lehmann, dans Zeitschrift furEthnologie, 1889, p. 372-373. À côté de ce système depoids royaux, les Babyloniens en avaient un autre, ditcommun ou usuel, dont on a également retrouvé deséchantillons, marqués «une 1/2 mine, un 1/3 de mine, 1/6 de mine». Ces poids étaient un peu plus faiblesque les poids royaux. D’après les évaluations de M. Lehmann, la mine lourde y valait en moyenne 989*24; lamine légère, 491s r 2.

m. s rsrSME des poids hébreux. — Il était en réalité, ainsi qu’il a été dit plus haut, la reproduction decelui des Babyloniens. À Jérusalem comme à Babylone, les poids principaux étaient le sicle, la mine et letalent. Le talent valait 60 mines, et tel était aussi le casen Asie Mineure, en Grèce, en Syrie, en Perse. Maisle sicle avait cessé d’être la 60e partie de la mine; parun compromis entre le système sexagésimal et le systèmedécimal, elle en était devenue la 50e partie. Nousignorons à quelle époque précise et en quel endroit sefit tout d’abord cette transformation. Chez les Israélites, elle nous apparaît dès l’Exode, xxxviii, 24-25, où nousvoyons que leurs talents d’argent n’équivalaient pas à3 600 sicles, comme à Babylone, mais seulement à 3000.

Les principaux poids des Hébreux sont mentionnéstrès souvent dans la Bible, mais toujours d’une manièreindirecte, par conséquent sommaire et incomplète, carles écrivains sacrés supposaient à bon droit que ce sujetétait familier à leurs lecteurs. Çà et là cependant, lesrapports réciproques de plusieurs poids ou mesuressont indiqués en termes explicites. Cf. Exod, , xv, 36; Ezech, , xlv, 12.

1° Le sicle. — L’unité de poids des Israélites était lesicle, séqél, qui valait, à l’époque des Machabées, etprobablement aussi dès celle de Moïse, 149’200. Lessubdivisions du sicle envisagé comme poids, étaient: — 1. le 1/2 sicle ou béqa, ’, ypn, de la racine biqiï, «diviser». Cf. Gen.. xxiv, 22; Ex., xxx, 13 et xxxviii, 26, dans le texte hébreu. Voir Béka, t. 1, col. 1555; — 2. Legérâh, mi, «grain», qui était la dixième partie du

T"

béqa’, la vingtième partie du sicle. Cf. Exod., xxx, 13; Lev., xxvii, 25; Num., iii, 47; xviir, 16; Ez., xi.v, 12.Voir Obole, t. iii, col. 197. C’était le plus petit de tousles poids hébreux. — 3. L’Ancien Testament signale aussile 1/3 de sicle, Neh., x, 32, et le 1/4 de sicle, appelérèba’, «quart», Gen., xxiv, 22; 1 Beg., ix, 8. Plustard, les Juifs donnèrent au réba’le nom de zouz, ni.Voir Réba’.

2° La mine. — Au-dessus du sicle, il y avait la mine, en hébreu, màneh, rua. Cf. III Reg., ix, 17; I Esd., ii, 9; II Esd., vii, 71-72. Son poids était de 50 sicles, comme il a été dit plus haut. Il est vrai que, d’aprèsÉzéchiel, xlv, 12, elle paraît avoir correspondu à60 sicles, car on lit dans le texte hébreu de ce passage, et aussi dans la Vulgate: «c Le sicle a 20 gérafi; lamine doit avoir 20 sicles, 25 sicles, 15 sicles.» Or, 20+- 25 +- 15 = 60. Mais, généralement, on préfère àcette leçon celle de la traduction grecque des Septanted’après le Codex Alexandrinus et le Codex Vaticanus: «Cinq (sicles) doivent élre cinq (sicles), et dix sicles, dix, et (de) cinquante sicles sera votre mine.» Manièrede dire que les poids doivent avoir leur valeur rigoureusem*ntexacte, ni plus ni moins. Il est très possible, en effet, que le texte primitif ait été altéré en cet endroit.Voir F. Keil, Bibl, Commentar àber den ProplielenEzéchiel, in-8°, Leipzig, 1868, p. 460-461. Lesmines mentionnées au I er livre des Machabées, xiv, 24et xv, 18, sont des mines attiques, qui avaient un poidsdistinct. Voir Mine, t. iv, col. 1102-1105.

3° Le talent. — Le poids le plus élevé, chez lesHébreux comme chez les Babyloniens, les Perses, etc., était le talent. Son nom hébreu, kikkar, iss, a le sens

de «rond, objet rond», sans doute parce que telle étaitsa forme primitive. Voir Talent. Il équivalait à 60 mines, à 3000 sicles. Cela ressort très évidemment du passageExod., xxxviii, 24-25, où nous voyons que 603550 demisiclescorrespondaient en poids à 100 talents 1775 sicles.Comp. aussi Exod., xxv, 39; II Reg., xii, 30; III Reg., ix, 14; x, 10, 14; II Par., xxv, 9, etc.

4° Poids dans le Nouveau Testament. — Le NouveauTestament ne mentionne qu’une nouvelle espèce depoids, la Xt’tpa, Vulgate, libra, la livre, Joa., xii, 3; xix, 139: poids romain qu’on évalue à 326sr327, etqui se subdivisait en 12 onces. — Dans l’Apocalypse, xvi, 21, nous trouvons aussi la mention du talent en tantque poids: des grêlons pesant un talent. Cf. Josèphe, Bell, jud., V, vj, 3. — On a trouvé à Jérusalem, en1891, une grosse pierre ayant servi de poids et pesant41 Lil 900 grammes. Voir Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1892, p. 289-290; F. Vigouroux, Manuel biblique, 12* edit., t. i, p. 310.

5° Les balances. — Pour peser, on se servait de balances.Cf. Gen., xxiii, 16; xxiv, 22; Deut., xxv, 13; Prov., xi, 1; xx, 10; Is., xxtv, 6; Am., viii, 5, etc. VoirBalance, t. i, col. 1400-1405. Les marchands les portaientavec eux, en même temps que les poids les plususuels, placés dans une pochette. Cf. Deut., xxiH, 3; Prov., xvi, 4; Mich., vi, 11. Cela était d’autant plus nécessaireque, pendant longtemps, l’argent et l’or n’étaientpas monnayés, et qu’il fallait les peser chaque fois qu’ilsétaient donnés en paiement. Cf. Jer., xxxii, . VoirMonnaie, t. iv, col. 1235.

III. Rapport des poids hébreux avec noire systèmedécimal. — Il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de déterminer cette relation avec certitude, comme on le voit par les divergences qui existent entreles évaluations des savants qui se sont le plus occupésde ce problème. Les modèles qu’on a récemment découvertsnous sont parvenus en trop petite quantité et dansun état de préservation trop incomplète, pour nousfournir autre chose que d’assez vagues indications. Dumoins, nous pourrons établir l’équivalence d’une façonapproximative. Pour fixer le rapport qui existe entrenotre système décimal et les poids des anciens Israélites, les savants ont pris pour base le sicle d’argent del’époque des Machabées, qu’ils ont supposé être de mêmepesanteur que celui des anciens Hébreux. Les deux tableauxqui suivent indiquent les résultats ainsi obtenus.

h~q%< fierait gr.

1 Talent ^ 60 mines 3 O00 sicles 6000 60000= 42 533, 100

1 Mine = 50— 100 1000— 708, 850

1 Sicle = 2 20=. 14, 200

1 Béqa’=- 10 = 7, t00

1 Gérah*= =- 0, 108

Ou bien: Gérah

1 —

10 =

20 =

1000 =

2= i —

100 = 50 «= 1 raine.

0, 708

7, 100

14, 200

708, 850

42 533, 100

60000 «6000 ^ 3000 — 60 — = 1 Talent =

IV. Le poids du sanctuaire et le poids du roi. —1° On rencontre fréquemment dans le Pentateuquel’expression sêqel haq-qôdés, iff-r^n "jptf, «poids tjjj

sanctuaire», au sujet de laquelle on a fait des conjecturesplus ou moins heureuses. Cf. Ex., xxx, 13, 24; xxxviii, 24, 26; Lev., v, 15; xxvii, 3, 25; Num., iii, 47, 50; vii, 13-14; xviii, 16. Les rabbins l’expliquaienten ce sens qu’à côté du poids du sanctuaire, ou poidssacré, les Hébreux en auraient eu d’ordinaires, enquelque sorte civils, dont la valeur aurait été moindre de moitié. Voir Maimonide, Constitut. de siclis, éd. deLeyde, 1718, p. 19; Bertheau, Zur Gesch. derhræliten, Gœttingue, 1842, p. 26-27. Cette hypothèse rappelleraitaussi le système babylonien; mais elle est sans fondement, car il n’est parlé nulle part d’un tel arrangementchez les Hébreux. D’autres ont supposé que le systèmede poids ainsi nommé dépassait au contraire les poidsordinaires. Voir Nowack, Handbuck der hebr. Archéologie, 1. 1, p. 209. — Il est plus simple et beaucoup plusnaturel de dire, avec la plupart des interprètes, que lalocution «poids du sanctuaire» indiquait des poidslégaux, d’une exactitude rigoureuse, conformes aux étalonsqui avaient été déposés, d’abord dans le tabernacle, puis dans le temple, pour servir de norme régulière.Le Talmud, Kélim, 17, 9, constate que c’est près de laporte orientale du temple que se trouvait ce dépôt.Cette hypothèse explique aussi pourquoi, d’après I Par., xxm, 29, les fils d’Aaron paraissent avoir été préposésaux poids et mesures. Voir Keil et Delitzsch, Bibl. Commentarûber die nachexilischen Geschichtsbûcher, in8°, Leipzig, 1870, p. 194; Josèphe, Ant. jud., VIII, iii, 8; Michælis, Mosaisches Recht, Francfort-sur-le-Main, 1775-1780, t. iv, § 227. Les Romains conservaient ainsiau Capitule, et les Athéniens dans les bâtiments de lamonnaie, les étalons de leurs divers poids. Cf. V. Duruy, Histoire des Grecs, 1. 1, Paris, 1887, p. 390-391; Histoiredes Romains, t. v, Paris, 1883, p. 504.

2° Nous lisons aussi dans l’Ancien Testament, maisune seule fois, II Reg., xiv, 26, l’expression «poids duroi», ’ébén hani-mêlék, littéralement «pierre du roi», Septante, irô aîxXw x& (3aTiXucw; Vulgate, pondère publico.Il est dit, dans ce passage, que la chevelure d’Absalom, lorsqu’il la coupait une fois par an, pesait 200 siclesd’après le poids du roi. Les avis des commentateurssont également très divisés sur ce point, d’autantplus qu’une chevelure d’homme pesant 2 kil 840 gr.(14si, 200 X 200) paraît chose impossible. Peut-être yaura-t-il eu ici une corruption du texte en ce qui regardeles chiffres. Du moins, d’après la plupart des auteurs, le poids du roi aurait été exactement le même que lepbiàs du sanctuaire. "Voir BcêcVlVv, Metrologische Ûnter.suchungen Mer Geivichte…, p. 61; Bertheau, l. c.p. 28. D’autres ont pensé, à la suite de Josèphe, Ant., VII, viii, 5, que le poids du roi aurait dépassé en pesanteurle poids commun, de sorte qu’il n’aurait falluque 40 sicles royaux au lieu de 50, pour valoir une mine.D’autres, au contraire, ont regardé le poids royal commeinférieur de moitié au poids ordinaire. On est dans l’incertitudesur ce point. Le plus vraisemblable est que lepoids royal signifie poids juste et exact.

V» Les poids envisagés dans la Bible au point devue moral. — La scrupuleuse fidélité par le maniementdes poids est fréquemment exigée dans les livresles plus divers de l’Ancien Testament. Les auteursinspirés insistent à ce sujet, soit à cause du caractèresacré de la propriété individuelle, soit en vue de laloyauté et de la paix des relations commerciales ousociales. Lev., xix, 35-36: «Vous ne commettrez d’iniquiténi dans les jugements, …ni dans les poids… Vousaurez des balances justes, des poids justes,» ’abnésédeq. Deut., xxv, 13-16: «Tu n’auras pas dans tonsac (dans ta pochette) un poids et un poids, un groset un petit…; tu auras un poids exact et juste (à lalettre, une pierre de perfection et de justice), afin quetes jours se prolongent dans le pays que le Seigneurton Dieu te donne.» Prov., xi, 1: «La balance fausseest en abomination au Seigneur; mais le poids justelui est agréable.» Prov., xx, 10: «Deux sortes de poidssont une abomination an Seigneur.» Eccli>, xlii, 14, le fils de Sirach recommande instamment «la justessede la balance et des poids», c’est-à-dire l’honnêteté danstous les rapports commerciaux. Mich., vi, 11: «Est-onpuravec des balances fausses et avec de faux poids dans

le sae?» C’est en conformité avec ces conseils que les..rabbins exigeaient, Baba bathra, v, 10 f, qu’on nettoyâtsoigneusem*nt les poids et les balances, de crainte queles matières étrangères, en y adhérant, n’en diminuassentla parfaite justesse, aux dépens de l’acheteur.VI. Bibliographie. — Liber de mensuris et ponderibus, Migne, t. xliii, col. 271-274; Eisenschmidt, Deponderibus et mensuris veterum Bomanorum, Grsscorumet Hebrœorum, Strasbourg, 1737; Paucton, Métrologie ou traité des Mesures, Poids et Monnaiesdes anciens peuples et des modernes, in-4°, Paris, 1780; X. Bôckh, Metrologische Unter suchungen uber Gewichte, Mûnzfûsse und Maasse des Alterthums, in-8°, Berlin, 1838; V. Vasquez Queipo, Essai sur les systèmesmétriques et monétaires des anciens peuples, 3 vol.in-8°, Paris, 1859; L. Herzfeld, Metrologische Voruntersuchungenzu einer Geschichte des ibràischen résp.altjûdischen Handels, Leipzig, 1863-1865; de Wette, Lehrbuch der hebrâisch-jûdischen Archâologie, in-8°, 4° édit., Leipzig, 1864, § 182-184; J. Brandis, DasMûnz-, Mass-und Gewichtswesenin Vorderasien, in-£°, Berlin, 1866, p. 43-45, 95, 102-103, 158; F. Hultsch, Metrologicorumscriptorum reliquias, 2 in-4°, 1864-1866;

B. Zuckermann, Das jûdische Maassyslem in seinenBeziehungen zum griechischen und rômischen, in 8°, Breslau, 1867; J. Oppert, L’étalon des mesures assyriennes, in-8°, Paris, 1875; F. Hultsch, Griechischeund rômische Métrologie, in-8°, 2e édit., Berlin, 1882; M. C. Soutzo, Étalons pondéraux primitifs, 1884;

C. F. Lehmann, Altbabylonisch.es Maas und Gewicht, dans les Verhandlungen der Berliner Gesellschaft furAnthropologie, Berlin, 1889; W. Ridgeway, The Originof Metallic Currency and Weigth Standards, in-8°, Cambridge, 1892; C. F. Lehmann, Das Altbabylon.Maas— und Gewichtssystem (VIIIe Congrès des orientalistes, 1889), Leyde, 1893; W. Nowack, Lehrbuch derhebrâischen Archâologie, in-8°, Leipzig, 1894, p. 208209; J. Benzinger, Hebrâische Archâologie, in-8°, Fribourg-en-Br., 1894, p. 182-189; R. Klimpert, Lexikonder Mûnzen, Maasse, Geivichte sowie der Zàhlarten undZeitgrossen aller Lànder der Erde, in-12, Berlin, 1896; F. Hultsch, Die Gewichte des Altertums.nach ihremZusamtnenhang dargestellt, dans les Abhandlungender philolog.-histor. Classe der kônigl. sàchsischenGesellschaft derWissenschaften, in-A°, t.iv, Leipzig, iB89.

L. Fillion.

POIL (hébreu: se’âr; Septante: 6pfÇ; Vulgate: pilus), production épidermique, composée d’une racinebulbeuse enfermée dansla peau, et d’une tige extérieurequi s’élève plus ou moins au dessus de la surface cutanée.Cette tige est creuse et imbibée d’un liquide colorantqui détermine la nuance du poil. — Le systèmepileux de l’homme comprend les cheveux (voir t. ii, col. 684), les sourcils, les cils, la barbe (voir 1. 1, col. 1450; t. iv, col. 1330), les poils et les poils follets. Chez lesanimaux, le système pileux couvre à peu près tout lecorps. Voir Laine, t. iv, col. 34, et, pour les poils dechèvre, ou’izzîm, Exod., xxvi, 7; xxxvi, 14; I Reg., xix, 13, et de chameau, Cilice, t. ii, col. 759.

1° Ésaû était velu, sâ’îr, SaaJç, pilosus, «comme unmanteau de poil.» Gen., xxv, 26; xxvii, 11. La mêmeparticularité se remarquait chez le prophète Élie.IV Reg., i, 8. — Le poil de l’homme a la propriété de sehérisser sous l’empire de la frayeur: les cheveux sedressent sur la tête de celui qui a grand’peur. Job, i, 15, dit qu’au passage d’un esprit, tous les poils de sa chairse hérissèrent. — 2° Pour leur purification, les léviteseurent à passer le rasoir sur tout leur corps, à causedes impuretés dont le système pileux peutêfre le siège.Num., viii, 7. Cette prescription ne s’étendait pas auxprêtres. Lev., xxi, 5. On pense, du reste, qu’elle ne futen vigueur qu’au désert. Cf. Negaim, xiv, 4. Chez /esÉgyptiens, pour raison de pureté, les prêtres se. rasaient

le corps entier tous les trois jours. Hérodote, ii, 37. —3° Des indications minutieuses sur l’examen des poilssont consignées dans la loi sur les lépreux. Le poildevenu tout blanc est un signe de contagion. Lev., xiii, 3, 10, 20, 25. Le poil devenu jaunâtre indique uneautre espèce de mal. Lev., xiii, 30. Les poils noirs constituentau contraire un signe favorable. Lev., xiii, 37.On comprend que le liquide qui remplit le canal pileuxet le colore soit lui-même altéré et décoloré dans lecas où la contagion a atteint le tissu épidermique. Lelépreux que l’on jugeait guéri devait raser tout son poille premier et le septièmejour de sa purification légale.Lev., xiv, 8, 9. — 4° Pour faire périr le dragon vénérédes Babyloniens, Daniel lui fit avaler des boules composéesde poix, de-graisse et de poils. L’animal dutétouffer à la suite d’une absorption si indigeste.Dan., xiv, 26. — Sur Is., vii, 20, voir Pied, col. 355.

H. Lesètee.

    1. POING##

POING (hébreu: ’egrôf; Septante: nuy^; Vulgate: pugnus). main dont les doigts sont repliés en dedans, de manière à former une sorte de masse offensive oudéfensive. — Celui qui frappait un autre avec lepoing et le rendait malade, avait la charge de le fairesoigner et de l’indemniser de son chômage. Exod., xxi, 18. Isaïe, lviii, 4, observe qu’un jeûne accompagné dequerelles et de coups de poings ne saurait plaire à Dieu.

— Sur la coutume de se laver les mains «vy^, «avecle poing», voir Laver (se) les mains, t. iv, col. 137.

H. Lesêtre.

    1. POINTS-VOYELLES##

POINTS-VOYELLES, nom donné aux signes massorétiquesmarquant les voyelles dans les Bibles hébraïquesqu’on appelle pour cette raison ponctuées. Leurnom provient de ce que ces signes sont des points oudes petit* traits. Voir Hébraïque (Langue), t. iii, col. 467, pour leur forme et leur valeur; col. 504, pour leur origine."Voir aussi Ponctuation.

    1. POIREAU##

POIREAU (hébreu: hâfir; Septante: itpâaa; Vulgate: porri), un des légumes appréciés des Israélites.

I. Description. — Diverses espèces i’Allium sontcultivées comme condiment à cause de leur saveur acre, mais agréable; d’autres chez qui l’arôme est moins pénétrantcomptent parmi les herbes potagères, ainsi l’Oignon.Voir t. iv, col. 1762. C’est aussi le cas du Poireau, A. Porriim, L. (iig. 106). Dans la nombreuse série desaulx, cette espèce se distingue par son bulbe simple etallongé et surtout par ses feuilles planes, jamais creuses, garnissant dans sa moitié inférieure la tige épaisse etcylindrique, qui peut atteindre la taille d’un mètre aumoment de la floraison. L’inflorescence globuleuse très

. ample naît d’une spathe herbacée terminée par unepointe 4 fois plus longue qu’elle. Les pièces du périanthe, de couleur blanchâtre ou carnée, sont rapprochées encloche d’où font saillie les étamines au nombre de 6; les 3 filets inférieurs portent de chaque côté une longuepointe stipulaire dépassant au début les anthères rougeâtres.Le style reste inclus; la capsule trigone-arrondies’ouvre en 3 valves à la maturité, pour laisser échapperles nombreuses graines noires aplaties, ridées.

On ne connaît pas la plante à l’état sauvage, maisVilmorin regarde comme très probable son origine dérivéede I’Allium Ampeloprasum, vulgairement appeléAil d’Orient, qui croît spontanément dans la régionméditerranéenne, et n’en diffère guère que par laproduction de caïeux abondants, la brièveté et la caducitéde la spathe, enfin par la substitution fréquentede bulbilles aux graines. F. Hy.

II. Exégèse. —A s’en tenir à la signification ordinairede b, â ?ir on n’entendrait par ce mot que l’herbe, legazon. Mais dans Num., xi, 5, ce terme semble biendésigner une plante particulière, une herbe potagère, comme les oignons et les aulx près desquels elle figure.

Il nous souvient, disent les Israélites au désert, des

poissons que nous mangions pour rien en Egypte, desconcombres, des melons, héfyafir, des oignons et desaulx.» Ici toutes les versions, les Septante, la Vulgate, le syriaque, le chaldéen, l’arabe, le samaritain, toutesont traduit Aayir par poireau. Comme les hébreux désignaientpar le terme très général yéréq, verdure, leslégumes verts, ils pouvaient également appeler du nomd’herbe verte, }ia}ir, le poireau, sa couleur verte luiméritant bien cette dénomination. Cependant en lisantce verset du livre des Nombres on peut être étonné devoir après haqqiSSuim, les concombres, et’âbattifrimles melons, et avant besalim les oignons et sûmîm lesaulx, le mot hidçir mis au singulier. Sans doute ce pourraitêtre un collectif. Mais ne pourrait-on avancer une

106. — AUium porrum.

conjecture? -|>ïn, hâfîr, ne serait-il pas une faute decopiste pour n>sn, hêsîm? (Dans l’ancienne écrituresurtout le m et le r, rapidement écrits, peuvent avoirune grande ressemblance.) jÇTéjîm serait le pluriel dehés, nom emprunté aux Égyptiens pour désigner lepoireau, qui se dit en effet arasi, hedji, en copte et qui

rappelle l’hiéroglyphe S ^"ï T, hedj, hets. Le nom des

oignons bé$él, be$dlim, n’est-il pas déjà un mot égyptien, badjar, avec la même lettre hébraïque ï,?, pourrendre le ctj égyptien? T. iv, col. 1765.’Abatlihim, lesmelons ou pastèques, dans le même texte est aussi unnom d’origine égyptienne. T. iv, col. 951. La faute d’uncopiste, introduisant au lieu de ha$im, nom d’origineégyptienne, un nom hébreu hasîr bien connu, auraiété l’origine de la leçoa actuelle du texte hébreu.

Le poireau était très apprécié, et il l’est encore enEgypte et en Palestine. On connaît la satire de Juvénal, xv, 9, sur les Égyptiens:

Porrum et cèpe nefas violare, ac frangere morsu.O sasctas gentes, quibus hœc nasc*ntur in hortisNumina!

Les Égyptiens n’ont jamais adoré les poireaux. Tout cequ’il y a de vrai dans ce texte c’est que le poireau étaitcultivé dans les jardins. Il entrait fréquemment dansl’alimentation. E. Levesque.

POIRIER. C’est par ce mot que les Septante traduisentbeka’im dans I Par., xiv, 14, Stiiov, et que la Vulgaterend le même terme hébreu, dans I Par., xiv, 14, et dans l’endroit parallèle, II Reg., v, 23, pyrus. Bienque le poirier, dont deux espèces sont indigènes, aitété connu et cultivé en Palestine, aucune raison ne permetcette identification. Les beka’im sont plutôt desmûriers. Voir t. iv, col. 1344.

POIS, légume cultivé en Palestine.

I. Description. — Le nom de pois a été attribué àplusieurs plantes annuelles de la famille des Légumineuses, tribu des Viciées, fournissant des graines alimentairesriches en fécule, sucre et gluten. Le genreCicer se distingue aisément à ses gousses courtes etgonflées, renfermant chacune 2 graines bossuées et

-107.

Cicer Arietinum.

ridées, et surtout à ses feuilles formées de 6 à 8 pairesde folioles, terminées par une foliole impaire, sans vrille.L’espèce principale est le C. Arietinum L. (lig. 107), vulgairement pois-chiche. Les vrais Pisum ODt de trèslarges stipules foliaires, plus développées même queles folioles, dont le nombre est réduit de 1 à 3 paires avecune vrille terminale et ramifiée. Les gousses longueset comprimées renferment des graines nombreuses.L’espèce cultivée communément dans les jardins sousle nom de petit pois est le P.. sativum L. (fig. 108) àfleurs blanches ou bleuâtres, et à graines rondes. Ellen’est, sans doute, pas distincte spécifiquement duP. arvense à corolle plus teintée, surtout sur les ailesqui sont d’un pourpre noir, et à graines anguleuses parcompression réciproque. Cette dernière forme, plusrobuste et aussi plus résistante aux froids, se cultive enpleins champs comme plante fourragère. À l’heureactuelle on ne connaît à l’état spontané ni l’une nil’antre, mais seulement échappées des cultures. Aussipense-t-on communément qu’elles sont dérivées decertains Pisum croissant dans les bois de la régionméditerranéenne et de l’Asie centrale, et ayant pourtype le P. eiatiusde Bieberstein. Les différences tiréesde la dimension du pédoncule etdesgousses paraissentinsignifiantes. Celles même de la graine légèrementgranuleuse chez la plante des broussailles, tandis qu’elleest lisse dans les races cultivées, ne dépassent pas nonplus la limite des variations provoquées artificiellement.Or c’est de temps immémorial que les pois sont

introduits dans la culture pour la nourriture del’homme ou des animaux domestiques. F. Hy.

II. Exégèse. — Le pois se rencontre dans 1a Vulgatepour traduire le mot hébreu >bp, qdli, qui est répétéune seconde fois dans II Reg., xvii, 28. Lorsque Davidarriva à Mahanaïm, on.vint lui offrir du froment, del’orge, de la farine, et qâli (Seplante: à’Xttov; Vulgate: polentam), «du grain grillé»; puis des fèves, des lentilles, et qàlî (omis dans Septante; Vulgate: frixumcicer), «des pois grillés». Dans le premier cas, qâliest regardé généralement comme étant du grain grillé.On vient apporter à David du froment et de l’orge, c’est-à-dire des grains de ces deux céréales en nature, et aussi en farine et en grains grillés. Les grains grilléssont une nourriture très usitée dans les pays orientaux.W. Thomson, The Landand the Book, .in-S°, Londres, 1885, p. 648. Mais quand le mot qâli revient pour laseconde fois dans le même verset, certains auteurs pensentque c’est le fait d’une dislraction de copiste qui

108. - Pisum sativum.

l’aurait répété à tort: aussi les Septante n’ont rien encet endroit. D’autres au contraire croient que cetterépétition est justifiée. Après avoir offert à David descéréales en nature et préparées, on lui présente aussides graines légumineuses en nature et grillées: «desfèves, des lentilles et des pois grillés.» Rabbi Isaîecité par 0. Celsius, Hierobolamcon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. ii, p. 233 et aussi Rabbi Salomon, AbodaZarah, (.38, 2, admettent deux espècesde qâli, ou grain grillé, l’une faite de blé ou d’orge, l’autre de graines légumineuses.On aurait ainsi une explication suffisante deqâli dans le même verset. Pour J. Kitto, Cyclopcedia, in-8°, Edimbourg, 1864, t. ii, p. 607, qâli à la secondefois, serait un mot différent du premier, mais parune ponctuation fautive, ramené à la même forme, etserait à rapprocher du sanscrit kallse, kullse, qui signifiegraines de légumineuses, et spécialement pois, soitpois-chiche, soit pois gris et petit pois. Le pois quiétait certainement cultivé en Palestine, serait ainsimentionné à côté de la fève et de la lentille, et se seraitnommé peut-être qalli. La conjecture est bien hasardée.OCelsius, Bierûbotanieon, t. a, p. 231-234, — Les poisétaient vraisemblablement compris dans les espècesdiverses de têr’ônim, «graines légumineuses» dont senourrissaient Daniel et ses trois compagnons à la courde Mabuchodonosgr. — Quelques auteurs, comme Reynier, Economie des Arabes et des Juifs, p. 430, 493

POIS ™- POISSON

494

cherchent à identifier de qésatjk d’Isaïe, xxv^i, 24-27, avec le pois-çhiche; mais ce nom désigne la nielle(Nigella sativa) ou cumin nojr. VoirGithit. iii, col. 2l44.A. de Gandolle, Origine des plantes cultivées, in-8°, Paris, 1886, p. 259. E, Levesqub.

    1. POISON##

POISON (hébreu: hêmàh, «ce qui brûle;» r’ôs, cequi vient de la pla, nte vénéneuse; mevarâh; Septante: Ùi’, Vulgate: vençnum), suhstançe d’origine animale ouvégétais, qui est nuisible qu mortelle pour l’organismehumain. — II n’est guère parlé de poison qu’une seulefois dans le sens propre; Ptolémée Macron se donna lamort par le poison, çapsuaixsvoai; , veneno. II Maqh., x, 13. Le mot çapuaxsi’a, employé dans le grec biblique, Exod., vii, 11; vhi, 7, 18, etc.; Gal., v, 10; Apoc, ix, 21, et traduit par veneficium, ne suppose pas l’usagedes poisons, mais seulement les sortilèges et les pratiquesmagiques, tandis que le verbe çapy-Me^u desMachahées y signifie «empoisonner». — Notre-Seigneur, en envoyant ses Apôtres, leur promet que s’ils prennentquelque breuvage mortel, 6avi<71t» o; , Us n’en éprouverontaucun mal. Marc, xvi, 18. — Au figuré, le venindes reptiles, hêmâh, ûviw, fnror, fera périr les ennemisde Dieu. Deut., xxxii, 24. Une peste venimeuse, mertrî, les frappera. Beut., xxxii, 24. Leur raisin deviendravénéneux et leur vin se changera en venin, r’ôS, Svitiô?, x ^» venenum, fel. Deut., xxxii, 32, 33.Pour r’ôs, dans le sens de venin, voir Pavot, t. iv, col. 2239. Le pain du méchant se change en venin, nierorâh, ^o^, fel, Job, xx, 14, car lui-même a sueéle venin de l’aspic, Septante: «la langue du serpent letera périr», Vulgate: capui, «tête,» sens ordinaire der’os, qui ne convient pas ici. Job, xx, 16. Le vin mordcomme un serpent, Prov., xxiii, 32; d’après les versions, il répandra le venin, Cô?, venena. Dieu fait boire à sonpeuple infidèle et aux faux prophètes l’eau de poison, r’os, x» Wï, fel. 1er., viii, 14; ix, 14; xxiii, 15. Les richesd’Israël ont changé le droit en poison, c’est-à-dire qu’ilsen font un moyen de nuire au peuple. Am., vi, 13. Levenin des impies, hêmâh, Oojiô; , furor, est semblable àcelui des serpents, Ps. lviii (lyu), 5; ils ont sous leslèvres le venin de l’aspic. Ps. cxl (cxxxix), 4; Rom., nr, 13. La langue, si l’on n’y prend garde, répand un poisonmortel. Jacob., iii, 8. L’apôtre compare ainsi à la languedu serpent venimeux celle de l’homme aux paroles

impies et méchantes.

H. Lesêtre.

1. POISSON (hébreu: ddg, dag, dâgâh, (ânnîn, «le monstre marin»; Septante: lybbi, xf, To; ; Vulgate: piscis, cete, cetus), animal vertébré, vivant dans l’eauet y respirant au moyen de branchies, organes qui empruntentà l’eau même l’oxygène nécessaire à la vie.Sur les mammifères qui vivent aussi au sein des eauxet sont généralement désignés par les mots pannm, xt|to<, cete. Voir Cétacés, t. ii, col. 405. Les poissonsforment de très nombreuses espèces, que les naturalistesdivisent plus communément en cinq ordres. Ilsont l’Intelligence nulle, la vue très courte, mais l’odorattrès développé. Leur conformation et leur systèmemusculaire leur permettent de se mouvoir très rapidementdans l’eau. Leur appétit est très vorace; ils sedévorent les uns les autres et sont doués d’une prodigieusefécondité qui aide chaque espèce à survivre àtoutes les exterminations.

I. Remabques générales. — 1° La Sainte Écrituren’entre dans aucun détail caractéristique sur les poissons.Elle se contente de les mentionner d’une manièregénérale. Après avoir créé tout ce qui se meut dans leseaux, selon son espèee, Gen., i, 21, Dieu soumit lespoissons à la domination de l’homme, Gen., i, 26, 28; ix, 2, v Ps. vui, 9, domination qui se borne pratiquementpour l’homme à s’emparer des poissons, quand il lepeut, pour en faire sa nourriture. Œuvre de Dieu,

comme tous les autres êtres, les poissons de la merrendent témoignage à la puissance du Créateur. Job, xir,

8. Us tremblent devant lui, c’est-à-dire ne sont que depauvres créatures en face de sa majesté. Ezeoh., xxxviii, 20. Leur abondance marque la bénédiction, Ezech., XLvn,

9, 10, et leur destruction, la colère de Dieu. Is., ii, 2; Os., iv, 3; Soph., i, ’A, -- 2° Il était permis aux Israélitesde manger des poissons, mais seulement ceux quisont pourvus de nageoires et d’écaillés. Les poissonssans nageoires oU sans, éeailles devaient leur être enabomination. Lev., xi, 9-12. La restriction n’était pasconsidérable. Elle comprenait les silures, par conséquentle silurus aurilus du Nil, et d’autres de la mêmeespèce qui sont très communs dans les eaux douces enOrient; les raies, qui habitent exclusivement la mer; les lamproies, qui au printemps remontent les fleuveset les rivières pour frayer; les squales, poissons marinstrès voraces qui forment plusieurs espèces. Les docteursy joignirent par la suite les murénidés ou anguilles, dont les écailles sont petites et peu visibles.La plupart de ces poissons ont une chair agréable, mais parfois un peu indigeste. La principale raison deleur prohibition provenait donc uniquement de la volontédivine, qui s’affirmait en imposant aux Israélites

109.— Poisson en bronze trouvé dans une nécropole punique.

D’après un dessin de M. Jd’Anselme (Delattre, La nécropole

punique de Ddu’imès, fouilles de! S93-iS91, fig. 3, p. i).

une privation d’ailleurs assez légère. Saint Paul signalela différence qu’il y a entre la chair du poisson et celledes autres animaux. I Cor-, xv, 39. — 3° Il est dit de Salonaonqu’il disserta sur les poissons. III Reg., iv, 33. IIest à croire que le roi avait des connaissances assezétendues sur le grand nombre des espèces qui peuplentles eaux palestiniennes. Toutefois, il est remarquable, observe Tristram, The natural History of the Bible, Londres, 1889, p. 284, qu’on ne trouve en hébreu aucunnom particulier de poisson, alors que la languegrecque en possède plus de quatre cents. — 4° La Loidéfendait formellement «toute image de poisson quivit dans les eaux au-dessous, de la terre». Deut., iv, 18. La prohibition n’était pas restreinte aux seuls poissons.Elle avait pour but de détourner les Israélitesd’une forme d’idolâtrie commune aux peuples qui lesentouraient. Les Philistins avaient leur dieu-poisson, Dagon, dàgôn, dont le nom vient de ddg. Voir Dagon, t. ii, col. 1204. Les Phéniciens et les Carthaginois vénéraientles poissons; ils en portaient les images sureux comme amulettes et se faisaient enterrer avec ellesaprès leur mort. Le P, Delattre, dans ses fouilles desnécropoles puniques, en a trouvé un grand nombre enbronze (fig. 109), en os, en ivoire, en lapis-lazuli (fig. 110).D’après Hérodote, ii, 72, les Égyptiens regardaientcomme sacrés un gros poisson du Nil, appelé lépidote, et l’anguille. Les Chaldéens honoraient aussi un dieupoisson, Oannès (t. i, fig. 316°, eol, 1154), qui passaitpour avoir instruit les premiers hommes, Cf. Fr. Lenormant, Les origines de Vkisloire, Paris, 1880, t. i, p. 585.Il n’était donc pas inutile de prémunir sévèrement lesIsraélites eontre tout danger d’imitation de ces cultesgrossiers. Aujourd’hui encore, dans la Syrie occidentale, l’ancien eulte rendu à Dagon se perpétue sous formede vénération envers certains poissons qu’il est défendude pêcher. Tel est le capoeta fratercula (fig. 111), nourriavec sollicitude dans des bassins spéciaux à Tripoli. Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 58; Élien, Hist. animal., x, 46; xii, 2; Xénophon, Anabas., i, 4, 9; Strabon, xvii, 812; Diodore de Sicile, ii, 4.

II. Les poissons d’Égypte. — 1° En bénissant les fils de Joseph, Jacob dit: «Qu’ils multiplient (idgû, qu’ils poissonnent) en abondance au milieu du pays».Gen., xlviii, 16. Il y a là une allusion à la grande fécondité des poissons et à leur abondance particulière dans le Nil et ses canaux. Au désert, les Israélites se souvenaient des poissons qu’ils mangeaient pour rien en Égypte, Num., XI, 5, tant ils étaient abondants et faciles à prendre.

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110. — Poissons en os, ivoire et lapis-lazuli, trouvés dans les nécropoles de Carthage. Celui qui est figuré au milieu en noir est gravé sur une pastille de verre. D’après le P. Delattre.

Ce sont ces poissons qui, pendant la première plaie, moururent à cause de l’infection du fleuve. Exod., vii, 18, 21; Ps. cv (crv), 29. Quand les Israélites se plaignirent de leur nourriture près du Sinaï, Moïse fit cette réflexion: «Leur ramassera-t-on tous les poissons de la mer, pour qu’ils en aient assez?» Num., xi, 22. — 2° Les poissons marins des côtes d’Égypte et de la Palestine sont ceux qu’on trouvedans toute la Méditerranée. Quelques, espèces, les muletspar exemple, y abondent particulièrement. Certains

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111. — Capoeta fratercula. D’après Lortet, La Syrie, p. 58.

cétacés, marsouins et dauphins, y sont aussi très communs, mais ne pouvaient servir à la nourriture desIsraélites. — 3° De nombreuses espèces peuplent le Nilet les divers canaux qui en dérivent. «Beaucoup de poissons de mer montent frayer en eau douce, les dupées, les mugils, les perches, le labre, et poussent leurs excursions très haut dans le Saïd. Les espèces qui ne sortent pas de la Méditerranée sont arrivées du fond del’Ethiopie, et en arrivent encore chaque année avec lacrue, le raschal, le raï, la tortue molle, le docmac, lesmormyres. Plusieurs atteignent une taille gigantesque, le bayad et la tortue près de 1 mètre, le latus jusqu’à3 mètres; d’autres se distinguent par leurs propriétésélectriques, comme le silure trembleur. Le fahaka(fig. 112) est un poisson allongé, qui naît au delà descataractes. Le Nil l’entraîne d’autant plus aisément qu’il a la faculté de s’emplir d’air et de se gonfler àvolonté: quand il est tendu outre mesure, il bascule etfile à la dérive, le ventre au vent et tout semé d’épinesqui lui prêtent l’apparence d’un hérisson. Pendantl’inondation, il roule de canal en canal au gré du courant; les eaux en se retirant l’abandonnent dans les champs limoneux, où il devient la proie des oiseaux ou chacals, et sert de jouet aux enfants.» Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, Paris, 1895, t. i, p. 35, 36. Cf. J. Geoffroy Saint-Hilaire, Histoire naturelle des poissons du Nil, dans la Description de l’Égypte, t. xxiv, p. 176-217. Tous ces poissons sont en quantité prodigieuse. Si, même avant la promulgation de la loi sur les animaux impurs, les Israélites s’abstenaient de plusieurs d’entre eux par raison d’hygiène,

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112. — Fahaka du Nil.

D’après Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 36. particulièrement des silures, ils en avaient à leur disposition beaucoup d’autres appartenant aux genresbrème, spare, perche, labre, carpe, chromis, etc. Voirt. ir, fig. 622, col. 2044, un eunuque apportant à uneÉgyptienne des poissons dans un panier. — 4° Dans saprophétie contre l’Égypte, Isaïe, xix, 8, prédit le dessèchement du fleuve et des canaux, l’infection des eaux et la perte des poissons, au grand désespoir des pêcheurs. Ezéchiel, xxix, 4, 5, annonce également la destruction des poissons, en punition de l’orgueil égyptien.

III. Les poissons de Palestine. — 1° Au lac de Tibériade. — Les poissons sont prodigieusem*nt abondants dans ce lac. Comme ceux du Jourdain et de ses affluents, ils présentent une grande ressemblance avec les poissons du Nil, au point qu’autrefois on croyait à une communication souterraine entre le fleuve égyptien et les eaux palestiniennes. Cf. Josèphe, Bell. jud., iii, x, 8.

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113. — Chromis Simonis. D’après Lortet, La Syrie, p. 507.

Ces poissons forment parfois des bancs étendus et épais, qui agitent l’eau à la surface comme le ferait une violente averse. Ils appartiennent aux genres chromis, clarias, capoeta, barbus, blennius, discognathus et nemachilus. Les chromis sont représentés par de nombreuses espèces. Ces poissons, longs d’une vingtaine de centimètres à peine, ont la spécialité de garder leurs alevins dans leur gueule durant plusieurs semaines, jusqu’à ce que ceux-ci soient de taille à sesuffire à eux-mêmes. «Une de ces espèces, le chromisSimonis (fig. 113), a une gueule énorme, comparéeaux dimensions du corps; au printemps, les joues dumâle sont toujours gonflées par les œufs, oa le fretin, qu’il transporte ainsi partout avec lui… J’ai vu maintes

fois la femelle en pondre une quantité considérable, deux cents environ, au milieu des joncs et des roseaux, dans une petite excavation qu’elle creuse en se frottantdans la vase… Quelques minutes plus tard, le mâleprend avec ses lèvres les œufs, les uns après les autres, et les fait glisser dans l’intérieur de sa gueule, contreses joues qui se gonflent alors d’une manière étrange…Au sein de cette cavité incubatrice d’un nouveau genre, les œufs subissent en quelques jours toutes leurs métamorphoses.Les petit*, qui prennent rapidement unvolume considérable, paraissent bien gênés dans leurétroiteprison… et ne quittent cette demeure quelorsqu’ils sont longs de dix millimètres, et alors assezforts et agiles pour échapper facilement à leurs nombreuxennemis.» Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, p. 506. L’hemichromis sacra se rencontre, au mois dejuin, avec la gueule pleine d’œufs et d’alevins, atteignantparfois le nombre de deux cent cinquante. Les chromisTiberiadis, niloticus et microstomus, de plus grandetaille que les précédents, sont préférés par les pêcheurs.Les alevins que contient ainsi la gueule deschromis ont une couleur argentée et tombent sur lesable comme des gouttelettes de mercure. Ce fut trèsprobablement dans la gueule d’un chromis que, surl’ordre du Seigneur, saint Pierre trouva un jour, nonplus des alevins, mais le statère destiné à payer le

114. — Clarias macracanthus des rives vaseuses et herlieusesdu lac de Tibériade. D’après Lortet, La Syrie, p. 509.

tribut. Matth., XVII, 26. Le poisson, malgré la présencedu statère dans sa bouche, n’eut pas plus de difficultéà saisir l’hameçon, que n’en avaient ses semblablespour saisir la proie destinée à les nourrir, dans letemps que leur bouche était encombrée par leurs alevins.Un des poissons les plus curieux du lac est unsiluridé, le clarias macracanthus (fig. 114), analogueau clarias anginllaris d’Egypte, le coracinus de Josèphe, Bell, jud., III, x, 8. Il atteint plus d’un mètre delongueur, peut vivre plusieurs jours hors de l’eau, etfait entendre, quand on le prend ou qu’on le frappe, des espèces de miaulements comme ceux d’un chat. Ila une vessie natatoire qu’il peut remplir d’air, qui luipermet de respirer hors de l’eau comme les dipneustes, et qui, en se contractant, imite le bruit d’un miaulement.Ce poisson, dépourvu d’écaillés, ne pouvait êtremangé par les Israélites. Les poissons du lac serventde proie aux pélicans et aux grèbes huppés, échassiersqui fréquentent la Palestine en très grand nombre. Cesderniers s’attaquent aux chromis pour les dévorer; mais, quand ils les trouvent trop gros, ils se contententde leur enlever les yeux avec leur long bec. Aussiprend-on souvent des poissons aveugles dans le lac.Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, p. 508-510.

2° Dans le Jourdain et ses affluents. — Le Jourdainnourrit une grande quantité de poissons que chassentles martins-pêcheurs, mais qui se multiplient d’autantplus aisément que, par suite d’un préjugé, les Arabesn’y touchent jamais. Les espèces ne différent pas decelles qui peuplent le lac de Tibériade. On pêche leplus fréquemment les capoeta Syriaca, socialis et Damascina, poissons argentés comme les truites de montagne; les barbus canis et longiceps, d’assez grandetaille et pourvus de tentacules de chaque côté du museau; le cyprinodon cypris, petit poisson de cinq centimètresde long, et quelquefois le claHas macracanthus.Les torrents qui se jettent dans le Jourdain ontles mêmes espèces que le fleuve. Les petit* ruisseauxdu Kelt, aux environs de Jéricho, nourrissent le capoetaDamascina, le Discognathus lamta et le cyprinodoncypris. Le barbus longiceps abonde surtout dansle Jaboc. Le lac Houléh a les mêmes habitants que lelac de Tibériade. Mais tous les poissons qu’entraîne leviolent courant du Jourdain périssent dès qu’ils atteignentles eaux de la mer Morte. Cf. Ezéch., xlvii, 9, 10. Voir Jourdain, t. iii, col. 1739; Morte (Mer), t. iv, col. 1300. On trouve aussi en grande abondance dansdes sources même salées ou chaudes, de petit* poissonsargentés, le cyprinodon Sophiw, le’cyprinodondispar, et d’autres analogues. Le cyprinodon dispar(fig. 115), long de cinq centimètres à peine, est d’ungris argenté et verdàtre sur le dos. Des points pigmentairesd’un noir intense sont semés sur les flancs, leventre et les nageoires. Ce poisson vit dans les sourceschaudes, fortement salées et parfois quelque peu sulfureuses.Mais, comme tous les autres, il périt sitôt qu’onle plonge dans l’eau de la mer Morte. La source AïnSghaïr, salée, sulfureuse et d’une température de 20°, renferme des myriades de cyprinodon Sophiæ, longs

H5. — Cyprinodon dispar de Palestine.D’après Lortet, La Syrie, p. 439.

de trois ou quatre centimètres à peine. Ces poissonssont d’un brun verdàtre, avec des raies argentées verticalessur les flancs. Ils se meuvent avec grande agilitéet se nourrissent surtout de larves de moustiques.Près du lac Houléh, la source Aïn Mellâhâh nourrit descyprinodon dispar et des capoeta fratercula. Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, p. 438, 439, 444, 540. Ilarrivait parfois que les torrents aboutissant au Jourdainse tarissaient. Alors se réalisait ce que dit Isaïe, L, 2: «Je changerai les fleuves en désert, leurs poissonspourriront faute d’eau et ils périront de soif.»

IV. Le poisson de Jonas. — Le texte sacré dit que «Jéhovah lit venir un grand poisson, dàg gâdôl, pourengloutir Jonas, et Jonas fut dans le ventre du poissontrois jours et trois nuits.» Jon., ii, 1. Dans saint Matthieu, xii, 40, le poisson est appelé un monstre marin, xïjto; , cetus. Tout d’abord, il n’est nullement nécessairede supposer que Dieu ait créé un poisson spécialpour engloutir le prophète. Il «fit venir», c’est-à-direprit soin que le monstre se trouvât là au momentvoulu. Notre-Seigneur lui-même fait allusion à l’événementet le présente comme un signe, c’est-à-direcomme un fait miraculeux destiné à prouver ou à figurerquelque chose. Matth., xii, 39; Luc, xi, 29. Lesmots dâg gâdôl, «grand poisson», x^toc, employés parles Septante et par saint Matthieu, piscis grandis de laVulgate, ne préjugent absolument rien quant à la naturede l’animal en question. Il ne saurait être labaleine dontle pharynx est beaucoup trop étroit pouravaler une proie considérable. Voir Baleine, t, i, col. 1413. Mais dans la Méditerranée se trouventd’autres monstres capables d’engloutir un homme toutentier. Tels sont par exemple le pristis ou scie, dont la

taille peut atteindre de trois à einq mètres; le squale, poisson de grande taille dont la voracité est prodigieuse; la lamie, de dimension extraordinaire et dqntle poids peut atteindre 15000 kilogrammes, et surtoutle requin ou careharias, d’une force et d’une voracitéétonnantes et dont la taille, peut aller jusqu’à neuf etdix mètres. Tous ces poissons appartiennent à lafamille des sélaciens ou plagiostomes, dont la boucheest placée transversalement au-dessous du museau.Dans leur mythe d’Hercule englouti par un monstremarin qu’avait envoyé Neptune, puis rejeté sain et sauf, les Grecs faisaient intervenir un carcliarias, xdtpx’fwsxûwv, csmis cm’charias ou requin. Cf. Lycophron, Cassandr., 34. On cite plusieurs cas d’hommes engloutistout entiers par des requins, entre autres celui d’unmatelot qui, en 1759, tomba à la mer dans la gueuled’un requin qui suivait le navire. Le monstre, blessé àcoups de fusil, rendit aussitôt le matelot un peu contusionné.Cf. S. Muller, Des Bitt. von Linné volst. Natwsystem., Nuremberg, 1774, p. 268, 269. Le cas d’unhomme englouti par un poisson, comme le fut Jonas, est donc naturellement possible. Il est dit que le prophèteresta trois jours et trois nuits dans le ventredu monstre. Jon., ii, 2, Cette expression doit s’entendre, à la manière hébraïque, non de 72 heures, mais debeaucoup moins, peut-être de 30 ou 4Q. Ce séjour deJonas au sein du poisson, sa survivance dans un pareilmilieu et ensuite sa délivrance sur te rivage ne sontpas présentés par le texte sacré comme des faits naturels.On ne peut donc leur opposer d’autres objectionsque celles qu’on fait contre tous les miracles. Voir Jonas2, t. iii, col. 1608-1609. Cf. F. Baringius, De cetoJonse, dans le Thésaurus de Hase et Iken, Leyde, 1732, t. ii, p. 217-219; Rosenmùller, Prophétie minores, Leipzig, p. 354-356, 374; T. J. Lamy, Jonas, dans leDiction, apologétique de Jaugey, p. 1705-1714. Sur lesreprésentations de Jonas et du poisson dans l’iconographiechrétienne primitive, voir Martigny, Diction, desantiquités chrétiennes, Paris, 1877, p. 398.

V. Le poisson de Tobie. — Le jeune Tobie descendaitsur la rive du Tigre pour se laver les pieds, quand unpoisson énorme, tx9ù? (h’y «Ç) piscis immanis, sortit pourle dévorer, ou, d’après le Sinaïticus, chercha à luihapper le pied. Tobie fut épouvanté, mais, sur l’ordrede l’ange, il tira le poisson par les ouïes jusque sur larive. Tob., vi, 2.4. Le texte sacré ne dit rien sur la naturede ce poisson. L’Euphrate et le Tigre sont trèspoissonneux. Les riverains n’ont longtemps vécu quede poisson, qu’ils mangeaient frais, salé ou fumé. Ils leséchaient au soleil, le pilaient dans un mortier, tamisaientla poudre et en faisaient des sortes de pains oude gâteaux. Hérodote, i, 200. Le barbeau, la carpe, l’anguille, la murène, le silure prospèrent et prennent defortes dimensions dans ces eaux lentes. On y trouveaussi une curieuse espèce de grondin. «Il séjourne dansl’eau à l’ordinaire, mais l’air libre ne l’effraie point: il saute sur les berges, grimpe aux arbres sans trop depeine, s’oublie volontiers sur les bancs de boue que lamarée découvre et s’y vautre au soleil, sauf à s’enlizeren un clin d’œil si quelque oiseau l’avise de trop près.» Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, t. i, p. 556. On a conjecturé que le poisson de Tobieétait un silure, mais on a contesté qu’il ait pu s’élancerpour attaquer l’homme. Cf. Tristram, The natural Historyof the Bible, p. 293. Le Sinaïticus et la Vulgateparlent d’un grand poisson. Le texte grec de la Sixtinedit seulement qu’ «un poisson s’élança du fleuve». Ilne serait pas impossible que ce poisson non qualifié, qui sauta du fleuve, ne fût autre que le grondin. Ildevait, en tous cas, être à la fois de taille assez faiblepour que le jeune homme pût le tirer à lui, et pourtantassez volumineux pour fournir les provisions qui suffirentaux deux voyageurs jusqu’à Rages. Tob., vi, 6.

Une fresque du cimetière de Thrason représente Tcsbieoffrant à l’ange le, poisson qu’il vient de prendre(fig. 116). Cf. Marùechi, Éléments d’archéologie chrétienne, Paris, t. i, 1899, p. 303. Sur l’emploi du flel depoisson pour la guérisqn des yeux, voir Fiel, t. ii, col. 2234. "Voir aussi Tobie.

VI. Le marché aux poissons. — Dans l’ancienne Jérusalem, H y avait une parte des Poissons, ainsi nomméeparce que les provisions de poisson arrivaient par là, de la mer et du lac de Tibériade. II Par., xxxiii, 14; H Esd., iii, 3; xii, 38; Soph-, i, Î0. Des [marchandstyriens vendaient le poisson dans la ville; Néhémie futmême obligé de prendre des mesures rigoureuses pourles empêcher d’exercer leur commerce le jour du sabbat.II Esd, , xiii, 16. Le poisson qu’ils vendaient n’étaitpas frais, à cause de la distance à parcourir, mais saléou séché au soleil. Voir le marchand de poisson d’un ancienbazar égyptien, t. ii, fig. 512, çql. 1555. Le poissonde mer frais ne pouvait guère venir à Jérusalem, que deJqppé. Les Phéniciens avaient de grandes pêcheriesmaritimes et exportaient en Palestine une partie de leur

116. — Tobie offrant à l’ange, le poisson.

Peinture de la catacombe des Saints-Thrason-et-Saturnin.

D’après Martigny, Dictionnaire, p. 760.

poisson. Les habitants de plusieurs bourgs de la côte nevivaient que de leur pêche. Le lac de Tibériade fournissaitles poissons d’eau douce. Un grand nombre debateaux y péchaient au temps de Notre-Seigneur. Cf.Josèphe, Bell, jud., III, x, 9. Des poissons salés arrivaientaussi d’Egypte. Le zâç. ijçoç qu salaison s’y préparaiten un grand nombre d’endroits, d’où la fréquencedu nom de lieu Tapissai. Machschirin, vi, 3. Cf. Hérodote, n, 149. Le thon salé ou holias provenait d’Espagne, dont les salaisons étaient renommées. Schabbath, xxil, 2; Machschirin, vi, 3. Cf. Pline, ii, N., xxxil, 146; Sehûrer, Géschichte des jïidischen Vol/tes, Leipzig, t. ii, 1898, p. 57, 58. Sauf au bord de la mer et du lactous les poissons n’étaient transpertés et utilisésqu’après avoir été sales ou séchés au soleil. Le peuplese contentait de cette nourriture.

VII. Les poissons dans l’Évangile. — Les évangélistesmentionnent les poissons à propos des pêchesordinaires, Matth., xiii, 47, ou miraculeuses. Luc, v, 6; Joa., xxi, 6-13. Voir Pêche, col. 6. Ils en parlentsurtoutau point de vue de la nourriture. Notre-Seigneurdit qu’un père ne donnerait pas un serpent à son enfantqui lui demande un poissqn. Matth., vii, 10; Luc, XI, 11. Le poisson et le serpent ont une certaine ressemblance; mais l’un est comestible et l’autre nuisible.A la première multiplication des pains, un enfant a deuxpoissons, assez petit*, sans doute, puisqu’il peut lesporter en chemin avec einq pains. Matth., xiv, 17; Marc, vi, 38, 41; Luc, ix, 13; Joa., vi, 9. À la secondemultiplication, on trouve parmi les assistants quelques

petit* poissons. Matth., sv, 34. Ces poissons, salés ousèches, faisaient partie des provisions de route dont semunissait ordinairement l’Israélite. — Après la résurrection, au cénacle, les Apôtres offrent à Notre-Seigneurun morceau de poisson rôti. Luc, xsiv, 42. À son tour, sur les bords du lac de Tibériade, le Sauveur a disposé

117. — Poisson, personnifiant Notre-Seigneur,

portant une corbeille de pains.

D’après Martigny, Dictionnaire, p. 291.

pour eux du poisson qui rôtit sur des charbons ardents.Joa., xxi, 9. — Les miracles de la multiplication despains suggérèrent aux premiers chrétiens l’idée d’unsymbole eucharistique qu’on trouve représenté dans lescatacombes. C’est un poisson portant une corbeille depains (Dg. 117). Voir Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 3e édit., p, 291. Cf. Marucchi, Élé'nients d’archéologie cln'étienne, Paris, 1900, t. ii, p. 170.

118. — Poisson de bronze, figure de Notre-Seigneur.D’après Martigny, Dictionnaire, p. 655.

A cause de son nom grec, le poisson devint lui-même lesymbole du Christ. On observa de bonne heure que lescinq lettres du mot t%6jc fournissaient les initiales descinq mots 'Ir, <roJî Xpto-ioç OsoO vî'o «ctwt^p, «JésusChrist, de Dieu Fils, Sauveur.» Des poissons de verreou de métal étaient portés comme objets de piété, aumoyen desquels les chrétiens se reconnaissaient entreeux. On gravait des poissons sur* des anneaux, sur

H9. — Ancre debout, figurant une croix, d’où descend une ligne

à laquelle est pris un poisson, image du chrétien.

D’après Martigny, Dictionnaire, p. 657.

l’ivoire, les pierres précieuses, etc. Parfois des inscriptions étaient tracées sur le poisson lui-même, pouraccuser davantage sa signification. On lit sur un poisson de bronze (flg. 118) le mot CCOCAIC, «sauve», cequi fait que l’ensemble constitue celle invocation: «Jesus-Cbrist, Fils de Dieu, Sauveur, sauve-nous, s Lepoisson pris à l’hameçon (fig. 119) figure le chrétienconverti par la prédication évangélique. Cf. Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, p. 653-659.

H. Lesêtre.

2. POISSONS (PORTE DES) à Jérusalem. Voir Jérusalem, 2°, t. iii, col. 1364.

    1. POITRINE##

POITRINE (hébreu: fiazéh; chaldéen: hddin; Septante: arf^oç, <ttï)6vv un; Vulgate: pectus, pectuscuZum),

partie antérieure du corps, située entre le ventre et lecou. — 1° Le mot hazéh n’est employé que pour désigner la poitrine des victimes offertes dans les sacrifices pacifiques. Cette poitrine était détachée, balancéedevant le Seigneur et ensuite appartenait ordinairement aux prêtres. Exod., xxix, 26, 27; Lev., vii, 30, 31; ix, 20, 21; x, 1. — 2° Dans plusieurs passages, lesversions prennent la poitrine pour désigner le ventre, Gen., i», 14, et surtout les organes du sentiment, telsque les concevaient les auteurs sacrés, le cœur, Judith, iii, 11, les reins, les entrailles, le sein, etc. Lastatue vue en songe par Nabuchodonosor avait la poitrine et les bras d’argent. Dan., ii, 32- Au moment del’attentat d’Héliodore, les femmes de Jérusalem secouvrirent la poitrine d’un cilice, en signe de deuil.II Mach., iii, 19. Les sept anges de l’Apocalypse, xv, 6, portaient des ceintures d’or autour de la poitrine. — 3° Dans le deuil ou le repentir, on se frappe la poitrine.Nah., ii, 7; Luc, xviii, 13; xxiii, 48. Ce geste est naturel; c’est la révélation publique de ce qui est caché aufond du cœur, douleur ou regret. Cf. S. Augustin, Serm., 67, t. xxxviii, col. 433. — À la dernière Cène, saint Jean reposa sa tête sur la poitrine de Jésus, Joa., XIII, 25; XXI, 20, ce qui marquait l’amour duSauveur pour le disciple, et celui du disciple pour sondivin Maître. H, Lesëtke.

    1. POIVRETTE COMMUNE##

POIVRETTE COMMUNE, nom vulgaire de la nigelle ou nielle cultivée, dont la graine servait de condiment dans l’Orient et qui était appelée gith en latin.Voir Gith, t. iii, col. 244.

POIX (hébreu: zéfe’f; Septante: kIggoi; Vulgate: .pix), substance résineuse ou bitumineuse, extraite despins et des sapins. Celte substance est de la térébenthine qui se fond à chaud dans l’eau; d’aspect jaunâtre, elle est grasse au toucher, tient aux mains et est imperméable à l’eau; elle se ramollit seulement à lachaleur. — La corbeille de jonc dans laquelle Moïsefut exposé sur le Nil était enduite de bitume et de poix, pour que l’eau n’y pénétrât pas. Exod., ii, 3. — Danssa prophétie contre Édom, Isaïe, xxxiv, 9, dit que lestorrents de son territoire seront changés en poix etque la terre elle-même deviendra de la poix brûlante.Le prophète fait allusion à la configuration du pays qui, situé au sud-ouest de la mer Morte, a vu les éruptionsde matières bitumineuses dans lesquelles ont périSodome et les villes coupables. Voir t. iii, col. 830.Les phénomènes qu’il prédit ne sont que des images duchâtiment qui menace l’Idumée. — Celui qui touche dela poix souille sa main, à cause de la nature adhésivede cette substance; de même, celui qui fréquente l’orgueilleux devient vicieux à son contact. Eccli., xiii, 1.— Pour augmenter la combustion de la fournaise babylonienne, on y jetait de la poix, matière résineuse quiactivait le feu. Dan., iii, 46. Pour tuer le dragonqu’adoraient les Babylonie’ns, Daniel lui fit avaler desboulettes composées de poix, de graisse et de poils.Dan., xiv, 26. La graisse devait allécher l’animal, lapoix, retenue par les poils, s’arrêter dans sa gorge etl'étouffer. C’est ce qui se produisit.

H. Lesêtre.

POLE Matthieu. Voir Poole.

    1. POLICE##

POLICE, institution chargée de maintenir l’ordrepublic. — 1° Police civile. — On a fort peu de renseignements sur ce sujet. Les choses devaient d’ailleursse passer très simplement chez les Hébreux. La policerentrait naturellement dans les attributions des anciens, placés à la tête de chaque agglomération. Voir Anciens, 1. 1, col. 555-556. Dans les affaires criminelles, les parents, le lésé lui-même ou les témoins amenaient lecoupable devant les juges. Voir Jugement, t. iii, col. 1844.

Les rois exerçaient le droit de police sur tout le payssoumis à leur juridiction. III Reg., xviii, 10; IV Reg., 1, 9, 11, 13; Jer., xxxvii, 12-14; Matth., xiv, 3; Act., xii, 1-3. Dans certains cas de flagrant délit, on voit lesjuges prendre l’initiative des poursuites et citer ousaisir eux-mêmes le coupable. Dan., xui, 27, 29; Joa., vin, 3.

2° Police religieuse. — Le blasphème et les crimescontre la religion appelaient la surveillance des jugeslocaux, III Reg., xxi, 10-13, et surtout des prêtres deJérusalem. Jer., xxvi, 8, 9. Le grand sanhédrin exerçaplus tard cette surveillance sur tout le pays juif etmême sur les communautés juives vivant hors de laPalestine. Les hommes qu’il employait pour sa policesont appelés ûmipé-rai, ministri, «serviteurs». Il en estquestion dans le Nouveau Testament. Matth., xxvi, 58; Marc, xiv, 54; Joa., vii, 32, 45; xviii, 3, 12, 22; xix, 6; Act., v, 22, 26. La police du sanhédrin fut mise en mouvement pour suivre partout Notre-Seigneur pendant savie publique et espionner ses paroles et ses démarches.Le soin de cet espionnage ne fut pas confié aux simplesserviteurs; des scribes et des pharisiens envoyés de Jérusalem s’y employèrent. Matth., xv, 1-6; xvi, 1; Luc, v, 17; xi, 53, 54. À Jérusalem, le sanhédrin chercha àfaire arrêter Jésus par les serviteurs. Joa., vii, 30, 32, 44. Ceux-ci n’osèrent pas une première fois et furentréprimandés par leurs maîtres. Joa., vii, 45-47. Peuavant la dernière Pâque, le sanhédrin donna ordre àquiconque le savait de dénoncer le séjour de Jésus, afin qu’on pût l’arrêter. Joa., xi, 56. Pour plus de sûreté, il voulait agir par ruse. Matth., xxvi, 4. Maisigrâce à la trahison de Judas, on put trouver une occasion favorable pour s’emparer de la victime. Matth., xxvi, 16. La troupe qui fut envoyée à Gethsémani comprenait une cohorte, mais aussi des agents dépendantdu sanhédrin. Matth., xxvi, 47; Marc, xiv, 43; Joa., xviii, 3. Ces derniers appartenaient à la police desgrands-prêtres. L’un d’eux se permit de souffleter leSauveur en plein tribunal. Joa., xviii, 22. Cf. A. Lémann, La police autour de la personne de Jésus-Christ, Paris, 1895. Les mêmes agents se saisirent plus tard des apôtres, les mirent en prison, mais se gardèrent ensuitede les maltraiter, quand ils constatèrent leur délivrancemiraculeuse. Act., vii, 18, 22, 26. Lorsque Saul s’enallait à Damas, pour ramener à Jérusalem les chrétiensenchaînés, il disposait évidemment d’une force depolice à la solde du sanhédrin. Act., ix, 2.

3° Police du Temple. — Dans le premier Temple, lapolice était confiée à des lévites. Voir Portier; I Par., ix, 17, 24-27; xxvi, 12-18. Dans le second, les lévitesoccupaient la nuit vingt et un postes, à savoir: les cinqportes de la montagne du Temple, les quatre anglesintérieurs, les cinq portes du parvis intérieur, les quatre angles extérieurs de ce parvis, la chambre de l’oblation, celle du voile, la partie postérieure du Saint desSaints, la porte Nitzotz au nord, la chambre Aftines audessus de la porte des Eaux et l’endroit appelé Beth moked, dans lequel dormaient les prêtres. Dix lévitesveillaient à chaque poste, et avec eux dix prêtres danschacun des trois derniers. Cf. Num., xviii, 4; Ps. cxxiv(cxxiu), 1, 2. Tamid, i, 1; Middoth, i, 1. L T n préfet duTemple, nommé 'ïs har hab-baî{, «homme de la montagne de la maison», faisait des rondes pendant lanuit pour s’assurer que chacun veillait à son poste.S’il trouvait quelque gardien à dormir, il pouvait lefrapper de verges et même mettre le feu à ses vêtements.Cf. Middoth, 1,% L' Apocalypse, xii, 15, fait peut-êtreallusion à cet usage. On renforça cette garde de nuit, après l’attentat commis, sous le procurateur Coponius, par des Samaritains, qui profitèrent de l’ouverture duTemple après minuit durant les fêtes de la Pâque poursemer des ossem*nts de morts dans le lieu saint. Cf. Josèphe, Ant. jud., XVIII, ii, 2. Pendant le jour, la police

du Temple veillait également pour interdire l’entrée dupériboie à ceux qui n’avaient pas le droit de le franchir.Voir Péribole, col. 142; Philon, De prœm. sacerdot., 6, édit. Mangey, t. ii, p. 236. Le préfet du Temple avaitla police des parvis extérieurs; un autre fonctionnaire, appelé 'U hab-birâh, «homme de l'édifice», surveillait leTemple lui-même. Cf. Orla, ii, 12. Le mot bîrâh désignecertainement ici le Temple, comme I Par., xxix, 1, 19; Pesachim, iii, 8; vii, 8, etc. Cf. Schûrer, Geschichtedes jûdischen Volkes ini Zeit. J.-C, Leipzig, t. ii, 1898, p. 273, 274. Dans le Nouveau Testament, le préfet duTemple porte le nom de <jtp «ttiyô; , magistratus. Judass’aboucha avec les princes des prêtres et les magistrats, vraisemblablement les deux préfets mentionnés plushaut et commandant la police du Temple. Luc, xxii, 4.Les forces policières qui procédèrent à l’arrestation duSauveur à Gethsémani étaient d’ailleurs accompagnéesde princes des prêtres, d’anciens et des préfets duTemple, nxçiax^oi xo> lepoû, magistratus templi. Luc, xxii, 52. L’un des deux préfets intervint à plusieursreprises au sujet des Apôtres. Act., iv, 1; v, 24, 26.C’est plutôt le préfet des parvis dont il est questiondans ces derniers passages.

4° Police romaine, — Les procurateurs romainsexerçaient en Judée le droit de haute police. De l’an 6à l’an 41 après J.-C, ils surveillèrent même les financesdu Temple. Ce droit passa ensuite, jusqu’en 66, auxprinces juifs, Hérode de Chalcis et Agrippa II, qui d’ailleurs nommaient le grand-prêtre. Cf. Josèphe, Ant.jud, ., XX, i, 3; IX, 7. Jusqu'à l’an 36, le procurateurgarda, dans la citadelle Antonia, les ornements dugrand-prêtre, ne les remettant au titulaire qu’aux troisgrandes fêtes et au jour de l’Expiation. Vitellius en rendit alors aux Juifs le libre usage, que le procurateurCuspius Fadus chercha en vain à restreindre de nouveau en 44. Cf. Josèphe, Ant. jud., XVIII, iv, 3; XX, i, 1, 2. Les Romains s’en emparèrent définitivement àla prise de Jérusalem. Cf. Josèphe; Bell, jud., VI, viii, 3. À l'époque des grandes fêtes, qui attiraient à Jérusalem une population nombreuse et très remuante, leprocurateur quittait sa résidence ordinaire de Césaréepour venir dans la capitale juive, afin de parer à toutévénement imprévu. Il habitait alors soit la citadelleAntonia, soit l’ancien palais d’Hérode. Cf. Josèphe, Bell, jud., II, xiv, 8; xv, 5. La garnison de Jérusalemse composait habituellement d’une cohorte. Voir t. ii, col. 827. Celle-ci était commandée par un x’d a PX ot ->tribunus. Act., xxi, 31; xxii, 24; xxiii, 10, 15; xxiv, 7, 22. Josèphe, Bell, jud., V, v, 8, parle d’un Tif[i.a deRomains en garnison à l’Antonia; mais pour lui, cf. Ant.jud., XX, VI, 1; Bell, jud., II, xii, 5, le zi-(La est la(meîpoj la cohorte, cf. Act., xxi, 31, et non la légion.La cohorte romaine prêtait main forte aux autoritésjuives dans certains cas. Elle fournit les soldats quiprirent part à l’arrestation du Sauveur, Joa., xviii, 3, et à son crucifiement, Joa., xix, 23, 24, sous la conduited’un àxaTtSvTapyoç, centurio. Matth., xxvii, 54; Marc, xv, 39; Luc, XXHi, 47. La garde, xoucrrwSîa, custodia, apostée au sépulcre, Matth., xxvii, 65, se composait ausside soldats romains, comme le prouve ce qui se passaaprès la résurrection. Matth., xxviii, 14. De l’Antonia, deux escaliers donnaient accès dans le Temple et permettaient d’y faire pénétrer des soldats en cas de troubles. Aux jours de fête, des postes étaient établis sousles portiques qui entouraient le parvis des gentils.Cf. Josèphe Ant. jud., XX, v, 3; viii, 11; Bell, jud., II, xii, 1; V, v, 8. Le tribun de la cohorte intervenait pourmaintenir l’ordre, Act., xxi, 31-40; xxhi, 10, et il expédiait des détachements composés de piétons et de cavaliers, pour conduire des prisonniers jusqu'à Césarée, Act., xxiii, 23, 24. Le centurion qui conduisait des prisonniers, même par mer, en était responsable. Act., .

xx’vii, 4243.

H. Lesêtre.

POLITARQUE (grec: πολιτάρχης; Vulgate; princeps civitatis), nom local des chefs de la ville de Thessalonique. Act., xvii, 6, 8. On a retrouvé un certain nombre de leurs inscriptions. Voir Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques modernes, 2e édit., p. 237-256. Leur nombre paraît avoir varié selon les époques. Une inscription en mentionne deux, une autre six, une autre sept, etc. On trouve des politarques

dans d’autres villes de la Macédoine. Quand saint Paul prêcha l’Évangile à Thessalonique, les Juifs irrités voulurent s’emparer de sa personne et, ne l’ayantpas trouvé, ils traînèrent Jason chez qui il logeaitdevant les politarques; ceux-ci ne laissèrent en liberté Jason et les frères qu’on avait arrêtés avec lui que contre caution. Act., xvii, 1-9.


POLITESSE, ensemble d’usages qui président auxbonnes relations des hommes entre eux. — Ces usagesvarient suivant les pays et suivant les temps; mais la dignité extérieure a toujours été en grande estime chez les Orientaux, ce qui fait que parmi eux, mêmel’homme du peuple, le pauvre, le nomade, ne sontjamais vulgaires. Les Israélites avaient des règles depolitesse auxquelles la Sainte Écriture fait assez souvent allusion.

1° En se rencontrant, on échangeait des salutationstrès expressives et parfois très cérémonieuses. VoirSalutation. En certaines circonstances, on donnait un baiser. Voir Baiser, t. i, col. 1383. On voit Joab saisir de la main droite la barbe d’Amasa pour le baiser. II Reg., xx, 9. Pour marquer un plus grand respect, on se prosternait, voir Adoration, t. i, col. 233, etProsternement. À la rencontre d’un supérieur, celuiqui était sur sa monture en descendait et se prosternait. I Reg., xxv, 23.

2° L’inférieur donnait à son supérieur le nom deseigneur et lui-même se déclarait son esclave, Gen., xviii, 3; xix, 2; xxxiii, 14; Jud., xix, 19; I Reg., xxvi, 18, etc.; il parlait de lui à la troisième personne. Gen., xliv, 18, 19, etc. Une femme prenait aussi le nom d’esclave devant son supérieur, I Reg., i, 16; xxv, 24; IV Reg., iv, 2, 16, etc., cependant même un serviteur pouvait parler à sa maîtresse sans qu’aucun terme spécial de respect fût mentionné. I Reg, xxv, 14, 17.

3° On avait des égards particuliers pour les vieillards. La loi faisait une obligation de se lever devant eux. Lev., xix, 32. Le jeune homme devait garder une attitude modeste et réservée:

Parle, jeune homme, s’il y a utilité pour toi,
À peine deux fois, si l’on t’interroge.
Abrège ton discours, dis beaucoup en peu de mots.
Sois comme quelqu’un qui a la science et sait se taire.
Au milieu des grands, ne te fais pas leur égal,
Et, où il y a des vieillards, sois sobre de paroles…
L’heure venue, lève-toi sans tarder.

Eccli., xxxii, 7-10.

4° Quand on allait chez quelqu’un, on commençaitpar se tenir hors de la maison, et, si Ton arrivait chez un grand personnage, on se faisait annoncer. III Reg., 1, 23. Il eût été impoli d’entrer rapidement dans la maison, de se courber à l’entrée pour voir à l’intérieur et d’écouter à la porte. Eccli., xxi, 25-27. Voir Visite. Les visites comportaient différentes attentions mutuelles.Le nouvel arrivant pouvait apporter des présents, voir Présent; son hôte lui donnait le baiser, lui lavait les pieds, voir Lavement des pieds, t. iv, col. 132, et le parfumait. Voir Onction, t. iv, col. 1810; Parfum, col. 2163. S’il y avait quelque festin ou quelquesautres réjouissances, il fallait éviter de s’attribuer la première place, voir Première place, et ensuite prendre soin de se comporter convenablement. Voir Festin, t. iii, col. 2212; Repas. Quand le visiteur venait de loin, le devoir de l’hospitalité s’imposait envers lui.Voir Hospitalité, t. iii, col 760.

5° La conversation était fort dans le goût des Israélites, comme de tous les Orientaux. Job, xxix, 9-11, etc. Mais elle devait respecter la convenance des assistants. Aussi était-il dit à l’adresse du vieillard qui assistait à un repas, Eccli., xxxii, 3-4:

Parle, vieillard, avec justesse et doctrine, c’est ton rôle,
Mais sans faire obstacle à la musique.
Lorsqu’on (l’)écoute, ne te répands pas en paroles,
Et n’étale pas ta sagesse à contre-temps.

Il y a en effet «un temps pour se taire et un tempspour parler.» Eccle., iii, 7. Fleury, Mœurs des Israélites, I, xii, fait les remarques suivantes au sujet du langage des Hébreux: «Ils usaient volontiers, dans leurs discours, d’allégories et d’énigmes ingénieuses. Leur langage était modeste et conforme à la pudeur, mais d’une manière différente de la nôtre: ils disaient l’eau des pieds pour dire l’urine; couvrir les pieds, pour satisfaireaux autres besoins, parce qu’en cette action, ilsse couvraient de leurs manteaux, après avoir creusé laterre, Deut., xxiii, 14; ils nommaient la cuisse pour les parties voisines que la pudeur défend de nommer.D’ailleurs, ils ont des expressions qui nous paraissent fort dures, quand ils parlent de la conception et de la naissance des enfants, de la fécondité et de la stérilité des femmes; et ils nomment sans façon certaines infirmités secrètes de l’un et l’autre sexe, que nous enveloppons par des circonlocutions éloignées. Toutes ces différences ne viennent que de la distance des temps et des lieux. La plupart des mots qui sont déshonnêtes, suivant l’usage présent de notre langue, étaient honnêtes autrefois, parce qu’ils donnaient d’autres idées… Les livres de l’Écriture parlent plus librement que nous ne ferions de ce qui regarde le matériel du mariage, parce qu’il n’y avait personne parmi les Israélites qui y renonçât, et que ceux qui écrivaient étaient deshommes graves et des vieillards pour l’ordinaire.» Les récits que font parfois les historiens sacrés et le langage que tiennent certains prophètes ne doivent donc pas étonner. Ils n’accusent nullement un manque de savoir-vivre et de délicatesse; ils portent seulement la marque d’un temps et d’un pays où les choses ne s’appréciaient pas comme dans les nôtres, où la grâce de l’Évangile n’avait pas encore fait sentir son influence et où la politesse ignorait certains raffinements dont des civilisations plus avancées couvrent leurs vices. La simplicité des mœurs autorisait d’ailleurs celle du langage en bien des circonstances. — Il était considéré comme malséant de rire bruyamment. Eccli., xxi, 23.

6° Dans l’Évangile, on rencontre un bon nombre deformules de politesse très simples, mais d’autant plusexpressives que souvent les interlocuteurs s’adressentl’un à l’autre sans se donner aucune appellation spéciale.Ceux qui parlent au Sauveur lui disent ordinairement «Seigneur», Matth., viii, 6, 8, 25; ix, 28; xv, 22; Luc, v, 8, 12; Joa., iv, 49; v, 7; xi, 21, 27, etc., ou «Maître, Rabbi, Rabboni», Malth., xxii, 16; xxvi, 49; Marc, iv, 38; ix, 16; x. 51; Luc, vii, 40; viii, 24; x, 25; xvii, 13; xviii, 18; xix, 39; Joa., viii, 4; ix, 2; xi, 8, etc. Lui-même, suivant les personnes auxquelles il s’adresse, dit ci mon fils», Matth., ix, 2; Marc, ii, 5; «homme», Luc.,-v, 20; «jeune homme», Luc, vii, 14; «femme», Matth., xv, 28; Luc, xiii, 12; Joa., viii, 10, même quand il parle à sa mère, Joa., ii, 4; xix, 26; «ma fille.» Marc, v, 34; Luc, viii, 48. Parfois, il interpelle directement quelqu’un par son nom.Matth., xvii, 24; Luc, vii, 40; x, 41; xix, 5; Joa, , xiv, 9; xxi, 15, 17. Dans les paraboles, le fils dit «mon père», Matth., xxi, 28; Luc, xv, 12, 21; le père dit «mon fils», Matth. 31; le serviteur dit à son maître «seigneur». Matth., xxv, 20; Luc, xiii, 8; xiv, 22; xix, 16, 25, etc. On dit «ami» même à des hommesrépréhensibles ou méchants. Matth., xx, 13; xxii, 12; xxvi, 50; Luc, xiv, 10. Abraham dit même «mon fils» au mauvais riche de l’enfer. Luc, xvi, 25. La femme qui pousse une acclamation au milieu d’un discours de Notre-Seigneur, Luc, xi, 27, fait preuve à son égard d’une courtoisie très délicate. Le Sauveur veut que sesdisciples, en entrant dans une maison, y souhaitent lapaix, Matth., x, 12; Luc, x, 5, et, quand on a à réprimander quelqu’un, il recommande de le faire tout d’abord seul à seul. Matth., xviii, 15. Le convive malappris auquel le maître dit sèchement: «Cède la place à cet autre,» Luc, xiv, 9, a bien mérité cette leçon de politesse. — Après sa résurrection, Notre-Seigneur salue gracieusem*nt ceux auxquels il se montre, Matth., xxviii, 9; Luc, xxiv, 36; Joa., xx, 21, 26, et il appelle ses Apôtres «enfants». Joa., xxi, 5.

7° Saint Paul réprouve la vaine politesse; il prescrit aux chrétiens d’avoir «une charité sans hypocrisie», par conséquent, une politesse extérieure qui s’inspire des sentiments d’une charité sincère, et il veut qu’ils soient remplis d’affection les uns pour les autres, se «prévenant d’honneur les uns les autres». Rom., xii, 9, 10. Jl rappelle à Timothée qu’il doit avoir des égards pour tous et de l’honneur pour les vraies veuves.

H. Lesêtre.

POLONAISES (VERSIONS) DÉ LA BIBLE. Voir Slaves (Versions) ce la Bible.


POLYCARPE, chorévêque syrien jacobite, du v> auVIe siècle. Philoxène, évéque de Mabboug, le chargea, en l’an 508, de traduire toute la Bible du grec en syriaque. Cette version est appelée philoxénienne et il n’en reste que des fragments. La version philoxénienne du Nouveau Testament fut corrigée par Thomas d’Harkel (ou d’Héraclée) et constitua ainsi la revision héracléenne dont nous possédons encore de nombreux manuscrits. Il n’est pas facile, à l’aide de la revision héracléenne, de reconstituer la traduction faite par Polycarpe, car les astérisques et les obèles qu’elle porte peuvent avoir déjà été introduits par Polycarpe lui-même, comme l’a montré M. D*. Gottlob Christian Storr. C’est donc à tort sans doute que MM. Wetstein et White croyaient pouvoir formuler la règle suivante; «Lorsque Thomas a trouvé dans ses manuscrits grecsdes choses différentes de celles qui étaient dans la version de Polycarpe, il les a écrites en marge; il a marqué d’un obèle les mots qui manquaient dans ses manuscrits, et il a introduit dans le texte, en les marquant d’une astérisque, les mots qui manquaient dans la traduction philoxénienne», Repertorium für Biblische und Morgenländische Literatur, Leipzig, 1780, t. vii, p. 48-74. Cf. Rubens-Duval, La littérature syriaque, 3e édition, p. 50.

F. Nau.


POLYCHRONIUS, écrivain ecclésiastique duve siècle. Tout ce que l’on connaît de la vie de cet exégète tient dans le maigre renseignement fourni par Théodoret, H. E., v, 39, t. lxxxii, col. 1277. L’histoire nous apprend que Polychronius était le frère cadet du fameux Théodore de Mopsueste, et qu’en 428, il occupait le siège d’Apamée en Syrie, qu’il illustra par son éloquence et l’éclat de ses vertus. Il ne semble pas qu’il ait survécu longtemps à son frère, mort en 428, car, au concile d’Éphèse, ce n’est plus son nom qui figure comme titulaire d’Apamée. On a cru pouvoir appliquer à l’évêque d’Apamée les nombreux détails que Théodoret, Religiosa historia, xxiv, t. lxxxii, col. 1457-1464, rapporte d’un saint ermite du nom de Polychronius. Mais il n’y a nulle identité entre ces deux personnages qui doivent demeurer distincts. C’est sur l’exégèse de l’Ancien Testament que s’est portée toute l’activité littéraire de Polychronius, et lui aussi est un des principaux compilateurs de Chaînes. Voici l’indication de ses œuvres aujourd’hui connues. — 1° Scolies sur le livre de Job. Elles furent publiées d’abord sous le nom d’Olympiodore, diacre d’Alexandrie, en traduction latine, par Paul Comitolus, S. J., à Lyon, en 1586; l’année suivante, en 1587, une seconde édition parut à Venise, avec deux additions. Le texte grec fut édité à Londres en 1637 par Patrice Junius, et c’est cette dernière édition que Migne a reproduite. Patr. Gr., t. xciii, col. 13-470. — 2° On trouve, dans la seconde édition des Scolies sur Job, celle de Venise, 1587, le prologue d’un commentaire sur le livre de Job. En 1738, D. O. Wahrendorf en publie le texte grec original, dans ses Meditationes de resurrectione præsertim Jobi, Göttingen. — 3° La même édition de Venise dont nous avons parlé, donne aussi en latin, p. 38-38, un petit traité sur les causes de l’obscurité de l’Écriture Τί ἐστιν ἡ ἀσάφεια τῆς Γραφῆς. Toutefois, on possédaitdepuis longtemps le texte grec de ce fragmentdans les Questions à Amphiloque de Photius, Quæst., clii, t. ci, col. 815-816. — 4° Des Scolies sur le livre de Daniel ont été découvertes et publiées par le cardinal Mai, Scriptorum veterum nova collectio, t. i, part. 2, Rome, 1825, p. 105-160. Le savant éditeur accompagne le texte grec d’une version latine. Toutefois, celle-ci, ainsi que bon nombre de notes, a été supprimée dans la seconde publication que le cardinal Mai fit de ce travail de Polychronius dans Scriptorum veterum nova collectio, t. i, part. 3, p. 1-27. — 5° Enfin des Scolies sur Ézéchiel ont été également trouvées et éditées par Mai dans sa Nova Patrum Bibliotheca, t. vii, part. 2, Rome, 1854, p. 92-127. Au tome clxii de la Patrologie grecque, Migne a repris les éditions des Scolies sur Daniel et Ézéchiel faites par Mai. En 1617, J. Meuvsius publia à Leyde son Eusebii, Polychronii, Pselli in Canticum Canticorum expositiones grœce. Ces commentaires sur le Cantique des Cantiques ne sont pas de l’évêque d’Apamée, comme l’a démontré O. Bardenhewer, Polychronius, Bruder Theodors von Mopsuestia und Bischof von Apamea. Ein Beitrag zur Geschichte der Exegese, Fribourg-en-Brisgau, 1879. M. Bardenhewer, dans le même travail, défend aussi Polychronius, contre toute suspicion de nestorianisme, qui du reste ne repose que sur le fait de sa parenté avec Théodore de Mopsueste. Alors que celui-ci, par exemple, mettait en doute le caractère canonique du livre de Job, Polychronius, au contraire, insiste sur la canonicité de cette partie de l’Écriture Sainte. Polychronius se révèle comme un des plus grands exégètes de la célèbre école d’Antioche, dont il pratique tous les principes. Il s’attache surtout à épuiser l’explication du texte qu’il a sous les yeux et à l’occasion il s’élève fortement contre la méthode allégorique d’Origène.

J. Van der Gheyn.


POLYGAMIE, mariage d’un seul homme avec plusieurs femmes à la fois.

I. À l’époque patriarcale. — 1° Du récit de la création du premier homme et de la première femme ressort nettement cette idée que, dans l’intention du Créateur, l’union constitutive de la famille doit exister entre un seul homme et une seule femme. Gen., Il, 21-24. La suite du récit ne suppose toujours qu’une seule femme à Adam. Gen., iv, 25. Dans la postérité de Caïn, le cinquième patriarche, Lamech, est noté comme ayant pris deux femmes, Ada et Sella. Gen., iv, 19. Le fait est enregistré comme digne de remarque. Il introduit en effet une modification notable dans la constitution de la famille humaine. Rien ne laisse supposer que Lamech ait été autorisé à agir ainsi; il n’est pas blâmé, sans doute, mais il suffit que l’usage s’introduise par un descendant de Caïn pour qu’il soit suspect. Lesautres patriarches des deux lignées de Caïn et de Seth

paraissent n’avoir eu qu’âne seule femme. La chosen’est pourtant dite assez clairement que pour Noé.Gen., viii, 18. — Avec Abraham, la polygamie apparaîtcomme chose normale. Le patriarche a une premièrefemme, Sara. Gen., xti, 5. Comme celle-ci nelui donne pas d’enfant, il prend une seconde femme, Agar. Gen., xvi, 1. Il faut remarquer toutefois que cettedernière n’a pas la même situation que Sara, Cestune épouse de rang inférieur, une de celles que l’onappelle concubines dans un sens particulier à laSainte Écriture, c’est-à-dire des femmes légitimes, mais de second rang, et quelquefois dès esclaves quele mari prend ou reçoit quand la première femme eststérile. Ce fut le cas pour Abraham. Le patriarcheépouse Cétura, après la mort de Sara, Cen., xxv, 1, etil est ensuite fait mention de concubines. Gen., xxv, 6.Il n’est question que de Rébecea pour Isaae. Gen., xxtv, 51. En principe, semble-t-il, Jacob ne pensé qu’à RaChel.Lia est substituée frauuuleusemeïit à la crémière, et, comme Jacob ne veut pas renoncer à l’épouse de sonchoix, il se trouve en avoir deux. Or Rachel est d’abordstérile. Elle fait agréer par le patriarche Bala, sonesclave; puis Lia, de son côté, agit de même et présenteà Jacob son esclave Zelpha. Gen., xxlx, 25, 29; xxx, "2, 9. Ésaù a trois femmes. Gen., xxxvi, 1, 2. Un’est plus parlé de plusieurs femmes à l’occasion despersonnages bibliques jusqu’à Moïse, soit qu’en effetils n’en aient pris qu’une, soit que les auteurs sacrésn’aient eu ni occasion ni motif pour mentionner unecirconstance qui paraissait toute naturelle. On voiten effet que Rachel considère Bala comme une autreelle-même auprès de Jacob. «Qu’elle enfante sur mesgenoux, dit-elle, et par elle j’aurai, moi aussi, unefamille.» Quand Bala a enfanté, Rachel s’en féliciteen disant: «Dieu m’a rendu justice, et même il aentendu ma voix et m’a donné un fils.» Elle ajoute, après la naissance du second enfant de Bala: «J’ailutté auprès de Dieu à l’encontre de ma sœur et je l’aiemporté.» Gen., xxx, 3-8. Comme Bala appartient àRachel, les enfants de Bala sont regardés comme luiappartenant aussi. De fait, on ne voit aucune différencede traitement entre les douze fils de Jacob: enfants desdeux femmes libres, enfants des deux esclaves, toussont au même titre enfants de Jacob.

ï" L’attribution à Lamech du premier exemple depolygamie et l’absence totale de scrupule qui caractériseles multiples unions d’Abraham, indiquent assezqu’à l’époque du patriarche la tolérance de la polygamieétait tout à fait entrée dans les mœurs. De fait, lecode d Hammourabi, art. 144-146, voir t. iv, col. 336, prévoit, à côté de l’épouse de premier rang, l’existencelégale d’une concubine ou d’une esclave présentéeau mari par l’épouse. Les rois babyloniens avaientdans leurs harems de nombreuses femmes de conditionvariée. Dans la classe bourgeoise et dans le peuple, le nombre des épouses dépendait des ressourcesdu mari. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 741742. lien était de même en Egypte. Le pharaon possédaitde nombreuses femmes, filles de grands seigneursou de hauts fonctionnaires, ou étrangères, filles de petit*princes des pays soumis à l’Egypte, venues à lacour en qualité d’otages, La plupart de ces femmes démettraientsimples concubines, quelques-unes prenaientrang d’épouses royales, et une au moins recevaitle titre de grande épouse ou de reine. Cf. Maspero, Histoire ancienne, 1. 1, p. 276. Les seigneurs possédaientaussi leur harem, proportionné à leur situation defortune; les hommes de moindre condition constituaientleur famille selon leurs moyens. Ce que’Pou sait desBabyloniens, des Égyptiens, et plus tard des Perses, cf. Hérodote, i, 135, donne l’idée de ce qu’était lapolygamie des anciens temps. Le nombre des femmesétait le signe d’un luxe proportionnel aux ressources

des riches et des puissants. Comme d’autre part onestimait à très haut prix l’avantage d’une descendancemultiple et assurée, on Faisait normalement appel àune seconde femme quand la première n’avait pasdonné d’enfants. Abraham et Jacob ne firent donc quese conformer aux usages de leur temps et de leur pays, Jacob avec moins de réserve que son grand-père, il estvrai, mais sous la pression jle circonstances indépendantesde sa volonté.

IL Chez les Israélites. — 1° Lu législation mosaïque.— 1. Les traditipns reçues des ancêtres chaldéenssur l’usage de la polygamie et le spectacle de ce que lesHébreux eurent devant les yeux, sous ce rapport, enEgypte, He permettaient pas à Moïse de passer la questionsous silence. La loi mosaïque n’approuve ni neblâme la polygamie; elle tend seulement à la ramenerà la bigamie, telle qae la prévoyait le code babylonien.Elle examine le cas "où un homme a donttëàsonnls uneesclave Israélite pour épouse; si le fils prend une autreépouse, il doit cependant garder la première et ne rienlui ôter de ce qui lui est dû pour la nourriture, le vêtementet l’habitation. Exod., xxi, 9, 1©. Des entravesconsidérables sont ensuite apportées à la pratique dela polygamie. Les rapports sexuels entraînent uneimpureté légale qui nécessite des ablutions et met, pourainsi dire, hors de la société jusqu’au soir. Lev., xv, 18.On ne peut prendre pour seconde épouse la sœur desa femme. Lev., xviii, 18. Les eunuques ne sont pasadmis dans la société israèlite, Deut., xxiii, I, et sanseux la tenue d’un harem est pratiquement impossible.La loi prévoit qu’un homme puisse avoir deux femmes.Deut., xxi, 15. Elle n’indique pas dans quelles conditions.Le code babylonien est plus précis et plus restrictif.Ii règle que celai auquel son épouse n’a pasdonné d’enfants peut prendre une concubine; maisceluicin’en peut prendre une seconde, s’il a déjà reçu de safemme une esclave dont il a eu des enfants. Art. 144, 145, t. IV, col. 336. Le cas d’Abraham est, dans le principe, conforme à cette législation; il ne prend Agarqu’à cause de la stérilité de Sara. Le cas de Jacobn’est pas conforme à la littéralité du code babylonien; car le patriarche a déjà des enfants de Lia, quand ils’unit à l’esclave Zelpba, sans parler de ses deux autresunions. Les rois s’autorisaient de leur situation pours’accorder de nombreuses épouses. Le législateurhébreu songe à ce qui pourra un jour se passer enIsraël, et il recommande expressément au roi futurde ne pas prendre un grand nombre de femmes, de petir que son cœur ne se détourne de Dieu.Deut., xvti, 17. — 2. Les concessions faites par la loimosaïque furent considérées plus tard comme un pisaller.Dans plusieurs passages, Prov., v, 18, 1*9; su, 4; xix, 14; xxxi, 10-31; Ps. çxxviii (cxxvii), 3; Eceli., xxvi, 1-4, les auteurs sacrés semblent supposerla présence d’une seule femme au foyer domestique.Cependant on ne peut tirer de leurs paroles une conclusionrigoureuse, à cause de l’étroite subordinationdans laquelle vivaient l’esclave ou la concubine et leursenfants vis-à-vis de l’épouse principale. Les prophètesenvisagent aussi sous la figure d’une union conjugaleles rapports de Dieu avec son peuple choisi. Voir Mariage, t. iv, col 769. Ce symbolisme n’avait de sensqu’autant que la monogamie était la règle du mariage.Mais il n’y a là encore qu’une ïmprobation lointaine dela polygamie. Ce sont les mœurs qui peu à peu réagirentcontre l’usage toléré par la loi.

H «La coutume Israélite. — 1. On ne peut pas interpréterde îa polygamie ce qui est dit des fils d’Issachar.I Par., vii, 4. "Mais Saharaïm, de la tribu deBenjamin, eut d’ahord deux femmes moabites qu’ilrenvoya, puis une troisième. I Ttnt., ^fm, l, 8. À l’époquedes Juges, la polygamie est pratiquée sans mesure parcertains personnages que les événements mettent en

lumière, mais qui devaient vivre comme ceux de leurcondition. Gédéon a 70 fils et beaucoup de femmes etde concubines. Jud., viii, 30, 31. Jaïr a 30 fils. Jud., x, 4. Abesan a 30 fils et 30 filles. Jud., xil, 9. Abdon a40 fils. Jud., su, 14. Elcana, père de Samuel, a deuxfemmes qui paraissent de même condition, Anne etPhénenna. La seconde prenait plaisir à affliger sa rivaleà cause de sa stérilité. I Reg., i, 2, 6. La situation dela famille d’Elcana représente ce qu’étaient les famillesmoyennes en Israël. La bigamie y régnait. Peut-êtremême Elcana n’avait-il pris Phénenna qu’à raison dela stérilité d’Anne, qu’il préférait à l’autre et traitait enconséquence. I Reg., i, 5. De là des dissentiments, desjalousies et des propos amers, conséquences inévitablesde la polygamie déjà constatées dans les famillesd’Abraham et de Jacob. — 2. Sous les rois, les recommandationsdu Deutéronome, xvii, 17, sont interprétéesavec une largeur excessive. À Saiil ne sont attribuéesqu’une femme et une concubine. II Reg., iii, 7. Maisdéjà David prend Michol, I Reg., xviii, 27, Abigaïl,

I Reg., xxv, 42, Bethsabée, II Reg., xi, 5, et un certainnombre de femmes et de concubines, II Reg., xii, 8, en possession desquelles se met publiquement Absalom, le jour où il veut s’emparer de la royauté paternelle.

II Reg., xvi, 21, 22. Salomon dépasse toutes les bornesavec son innombrable harem. III Reg., xr, 3. Cf. Cant., vi, 8-9, Roboam a 18 femmes et 60 concubines; ilétablit ses fils dans les différentes places du royaumeet leur donne beaucoup de femmes. II Par., xi, 21, 23. Abia a 14 femmes. II Par., xiii, 21. Joram en a unnombre qui n’est pas indiqué. II Par., xxi, 17. Quandle grand-prêtre Joïada veut établir le jeune roi Joas, illui fait prendre deux femmes. II Par., xxiv, 3. Lesrenseignements font défaut au sujet des autres rois deJuda; mais c’est probablement parce qu’ils ont plusieursépouses que l’historien sacré prend soin denommer la mère de chaque nouveau roi. III Reg., xxii, 42; IV Reg., xii, 1; xiv, 2; xv, 2, 33; xviii, 2; xxi, 1, 19; xxii, 1; xxiii, 31, 36; xxiv, 8. Par ce que l’on saitdes rois de Juda, on peut juger de ce que dut être la polygamieparmi les rois d’Israël. — 3. Après la captivité, on ne trouve plus mention de polygamie chez les écrivainssacrés.. Il est seulement question de l’admissiond’Esther dans le harem d’Assuérus. Esth., ii, 8. À cetteoccasion, l’historien fournit de curieux détails sur lerecrutement et le fonctionnement du harem royal deSuse. On commence par chercher dans tout l’empiredes jeunes filles, «vierges et belles de figure», qu’onrassemble à Suse. L’eunuque Egée a pour fonction defaire un choix, d’enfermer les élues dans la maisondes femmes, sous une surveillance rigoureuse, et deleur assurer des soins appropriés pendant de longsmois. Au bout d’un an, chacune était présentée au roi, passait une nuit dans son palais, puis était reléguéedans une seconde maison des femmes, où elle restaitdésormais confinée sous la garde d’un autre eunuque, à moins que le roi ne la fit rappeler. Esth., ii, 2-14.Esther eut la faveur de plaire à Assuérus plus quetoutes les’autres, et elle fut élevée à la dignité dereine, ce qui lui permettait d’avoir ses entrées auprèsdu roi, et d’habiter dans un palais particulier où ellepouvait donner des festins même au roi et à sonministre. Esth., ii, 16, 17; v, 1-8. La polygamie étaiten vigueur chez les Perses, cf. Strabon, xv, 733; Hérodote, I, 135, chez les Mèdes et chez les Indiens.Cf. Strabon, xi, 526; xv, 714. — 4. On a pu» remarquerque, pour la période royale, la Sainte Écritureparle de polygamie à propos des rois, mais se tait ence qui concerne les particuliers. Même silence pourla période qui s’étend de la captivité à Jésus-Christ.Faut-il en conclure que la coutume était totalementtombée en désuétude, en dehors des cours? Onne doit pas se hâter de tirer cette conclusion. Le roi

Hérode eut en tout dix femmes, dont plusieurs à la fois.A ce propos, Josèphe, Bell, jud., i, xxiv, 2, observe quecette pluralité était permise aux Juifs en vertu de leursusages particuliers, et que d’ailleurs le roi aimait avoirplusieurs femmes. En un autre endroit, Ant. jud., XVIL, I, 2, il dit: «C’est pour nous une coutume nationaled’avoir en même temps plusieurs femmes.» Il adressecette remarque à ses lecteurs grecs et romains, chezlesquels la polygamie était mal vue. D’après la Mischna, Sanhédrin, li, 4, un roi pouvait se permettre dix-huitfemmes. Quant aux particuliers, ils avaient droit d’allerjusqu’à quatre, cf. Yebamoth, iv, 11; Kethuboth, x, 1-6, ou cinq. Cf. Kerithoth, iii, 7; Kidduschin, ii, 7; Bechoroth, viii, 4. Saint Justin, Dial. cum. Tryphon., 134, t. vi, col. 785, confirme ces indications de la Mischna, quand il déclare que les docteurs juifs «en sontencore à permettre à chacun d’avoir quatre ou cinqfemmes.» La polygamie s’est, paralt-il, perpétuée chezles Juifs allemands jusqu’au moyen âge. Cf. Schûrer, Geschichte des jùdischen Volkes im Zeit. J.-C, Leipzig, t. i, 1901, p. 407.

III. Dans le Nouveau Testament. — Les écrivainsdu Nouveau Testament ne font nulle part mentionexpresse de la polygamie. Par deux fois, saint Paulexige bien que l’évêque soit (icSç yuvaixô; avujp, «marid’une seule femme». I Tim., iii, 2; Tit., i, 6. Mais cequ’il exclut ici, ce n’est pas la polygamie simultanée, étrangère aux mœurs des Grecs et des Romains, c’estla polygamie successive. Il veut de même que la veuveadmise au service de l’Église soit évb; àvêpôç fuvi, «femme d’un seul homme», c’est-à-dire évidemment «n’ayant eu qu’un seul mari». Le silence des écrivainsdu Nouveau Testament démontre qu’à leur époquemalgré les concessions des docteurs juifs, la polygamieétait assez exceptionnelle et assez décriée pour qu’il fûtinutile de la réprouver. C’était donc un abus qui tombaittotalement en désuétude, surtout au contact dumonde gréco-romain, qui avait bien d’autres vices, mais ignorait celui-là. S’il en eût été autrement, Notre-Seigneuren aurait parlé, comme il a fait pour ledivorce. — 2. D’ailleurs la condamnation de la polygamieest nécessairement renfermée dans celle du divorce.Notre-Seigneur déclare que «quitter sa femme pouren prendre une autre, c’est commettre l’adultère.» Matth., xix, 9; Marc, x, 11; Luc, xvi, 18. Le mal neconsiste pas nécessairement à se séparer de sa femme, puisque dans certains cas la séparation est permise, mais à prendre une seconde femme du vivant de lapremière. Au regard de la loi évangélique, la bigamie adonc le caractère de l’adultère; à plus forte raison enest-il ainsi de la polygamie. Le divin Maître attribue àla dureté de cœur des Hébreux, c’est-à-dire à leurmanque d’intelligence, de délicatesse et de sens moral, l’autorisation du divorce que Moïse a dû leur accorder.Matth., xix, 8. La même cause a certainement inspiréle législateur quand il a toléré tacitement la polygamie.Les Hébreux d’autrefois n’auraient pu se passer de cettetolérance, au milieu de peuples qui en jouissaient àleur aise. Une défense portée par fa loi n’eût servi qu’àmultiplier les transgressions. Rom., vii, 7-11. La loiancienne a donc toléré un abus qui ne se heurtait àaucun article essentiel de la loi naturelle et qui respectaitsuffisamment les fins principales du mariage, l’unionmutuelle de l’homme et de la femme et la propagationde la race. Mais la loi nouvelle, plus parfaite et d’ailleursuniverselle, ne pouvait laisser se perpétuer cettetolérance. «Au commencement, il n’en fut pas ainsi.» Matth., xix, 8. Notre-Seigneur le disait du divorce; c’était également vrai de la polygamie. Adam n’avaitreçu de Dieu qu’une seule femme et n’en avait qu’une, ainsi que ses descendants pendant plusieurs générations.

— 3. Quels qu’aient pu être les avantages résultant dela tolérance de la polygamie pour les anciens Hébreux, il est incontestable que ces avantages étaient secondaires, locaux et prêtant à de nombreux et graves abus, tels que la mésentente entre les femmes dans les familles d’Abraham, de Jacob et d’Elcana, la discorde entre les enfants dans la famille de David, la multiplication scandaleuse des épouses et des concubines autour de Salomon et de plusieurs rois. La loi évangélique rétablissait les choses à l’état primitif, qui était conforme au plan providentiel. L’expérience a d’ailleurs prouvé que la polygamie n’était favorable ni à l’union desépoux, ni à la dignité de la femme, ni au bonheur desenfants, ni à la multiplication de la population. Cf.Bergier, Œuvres complètes, Paris, 1859, t. iv, p. 1529-1534. On a la démonstration de cette vérité chez les peuples qui ont conservé la polygamie, spécialementchez les Musulmans. Avant Mahomet, les Arabes avaienthuit ou dix femmes. Mahomet crut devoir restreindrece nombre: «N’en épousez que deux, trois ou quatre.Choisissez celles qui vous auront plu. Si vous ne pouvezles maintenir avec équité, n’en prenez qu’une, ou bornez-vous à vos esclaves. Cette conduite sagevous facilitera les moyens d’être justes et de doter vosfemmes.» Koran, iv, 3. La restriction de la polygamie n’est ici qu’une question de ressources; l’intérêt social et la cause de la morale n’ont rien à gagner à la règle ainsi formulée. On sait comment quelques protestants du XVIe siècle crurent pouvoir autoriser ou pratiquer la polygamie. En 1540, Luther, Mélanchton et Bucer accordèrent même au landgrave Philippe de Hesse la permission d’adjoindre une seconde épouse à celle qu’ilavait déjà. Cf. Bossuet, Histoire des variations, vi, Œuvres, Bar-le-Duc, 1870, t. iii, p. 239-242. La loi évangélique n’en subsiste pas moins dans sa rigueursalutaire.

H. Lesêtre.

POLYGLOTTES. — I. Définition. — Sous le nomabrégé de «Polyglottes» ou sous la dénomination pluscomplète de «Bibles polyglottes.», on désigne, conformément à la signification étymologique: πολύς, «plusieurs», γλῶττα, «langue», des recueils contenant, en tout où en partie, le texte original de la Bibleaccompagné de deux versions, au moins, en languesdifférentes. Ces textes doivent être reproduits dans lemême volume et sur des colonnes parallèles ou superposées.Faute d’avoir dans l’esprit cette notion suffisammentprécise, des bibliographes mal avisés ont appeléPolyglottes des éditions de la Bible, contenantauprès de l’original une seule traduction soit en latinsoit dans une langue vulgaire. Généralement toutefoison exige pour une Polyglotte trois textes bibliques auminimum: l’original et deux versions, sans compterles traductions littérales qui les accompagnent. Cettenotion écarte donc de la catégorie des Polyglottes lesmanuscrits bilingues du Nouveau Testament, grecs etlatins, Di, D2, Wc, Δ (Évangiles), E, Gb (Actes et Épîtres catholiques), grecs et coptes, Ta, Tf, Th, Ti, Tk, Tl, Tm, Tn,T°, Tp, Tq, Tv, Tw, grec et arabe, Θh les Psautiers bilingues, trilingues ou quadruples, manuscrits qui réproduisaient plusieurs versions latines des Psaumes etparfois le texte grec, aussi bien que le QuintuplexPsalterium, que Le Fèvre d’Étaples fit imprimer en1509, les éditions du Nouveau Testament avec une version interlinéaire ou avec une traduction latine, récente ou ancienne, les éditions de plusieurs versions sans le texte original, telles que celle du Cantique et des Épîtres catholiques en éthiopien, en arabe et en latin, faite en 1654 et 1655 par Nissel et Peträus, et la Biblia pentapla de Wansbeck, 1711, comprenant quatre versions allemandes et une néerlandaise, enfin les éditions reproduisant le texte original, une ancienne version et la traduction de celle-ci en langue étrangère, telle que le Nouveau Testament.de Le Fèvre de la Boderie, publié à Paris en 1584 et contenant le grec, la Peschito et une traduction latine de cette version syriaque.

Ainsi limitée, la notion de Polyglotte exclut touteédition de la Bible en plusieurs langues faite dans unbut pratique d’édification. La Polyglotte, en effet, estun ouvrage destiné à favoriser l’étude et les travauxscientifiques sur la Bible. Son but principal est defaciliter la comparaison du texte original des LivresSaints avec les anciennes versions, en présentant cestextes, non pas en des volumes différents, mais dansun seul, et sur la même page en des colonnes parallèlesou superposées. Les Polyglottes sont donc un instrumentd’étude presque nécessaire aux mains de ceuxqui veulent se livrer à la critique textuelle, à la reconstitution et à l’interprétation du texte et de la pensée des écrivains sacrés. Aussi, dans l’encyclique Providentissimus Deus, Léon XIII a-t-il déclaré les Polyglottes d’Anvers et de Paris sincères investigandæ sententiæ peraptas. Voir t. i, p. xvi. Les Polyglottes présentent encore un autre avantage: elles facilitent aux étudiants l’étude des langues sacrées, si vivement recommandée par le même pape. Voir ibid., p. xxvii. La juxtaposition des textes permet les comparaisons et rend le même service qu’une version interlinéaire, et le maniement fréquent des textes parallèles ainsi groupés est une condition de progrès à réaliser dans la connaissance de ces langues.

II. Les quatre grandes Polyglottes. — Dans l’antiquité chrétienne, les Hexaples d’Origène (voir t. iii, col. 689-701) sont le seul travail qui soit une véritable Polyglotte. Ce n’est qu’au XVIe siècle que la renaissance des études bibliques provoqua la publication de recueils des textes originaux et des anciennes versions de la Bible. Les quatre Polyglottes d’Alcala, d’Anvers, deParis et de Londres méritent par leur ampleur et leurimportance d’être signalées les premières.

La Polyglotte d’Alcala. — 1. Histoire. — On la doità l’initiative et à la magnificence du grand cardinalFrançois Ximénès de Cisneros, archevêque de Tolède et ministre du roi de Castille. C’est pendant l’été de 1502, durant son séjour à Tolède, qu’il conçut le projet d’une Polyglotte pour raviver l’étude scientifique de la Bible et permettre aux théologiens, par la comparaison des textes, de remonter aux originaux. Il confia le travail à des philologues, qui étaient professeurs à son université d’Alcala: Antoine de Lebrija (voir t. i, col. 709), Démétrius Ducas, Lopez de Zuniga, Nunez de Guzman, à qui il associa trois savants juifs convertis: Alphonse d’Alcala, Paul Coronell et Alphonse de Zamora. Le cardinal acheta des manuscrits hébreux et rassembla de divers côtés des manuscrits grecs et latins. Nous indiquerons ceux qu’on a pu identifier. Quoique le cardinal pressât les travailleurs, ce ne fut qu’au mois de janvier 1514 qu’un premier volume, contenant le Nouveau Testament, sortit despresses d’Arnold Guillaume de Brocario. C’est le tome vdans le plan général de l’ouvrage. Quelques mois plustard, à la fin de mai 1514, fut achevé un second volume, le t. VI; il contient deux dictionnaires, hébreu et chaldaïque, et une grammaire hébraïque, œuvres d’Alphonsede Zamora et devant servir d’introduction à l’AncienTestament. Les quatre autres volumes, t. i-iv, sont consacrés à l’Ancien Testament; le dernier sortit des presses le 10 juillet 1517. Le cardinal mourut quatremois plus tard, le 8 novembre 1517. Toutefois, songrand ouvrage ne fut mis en vente qu’en 1520, aprèsque Léon X, à qui il avait été dédié, l’eût approuvé par bref en date du 22 mars 1520. Il n’en avait été tiré que600 exemplaires, et quoique la dépense totale s’élevâtà plus de 50000 ducats, le prix de chaque exemplaire fut fixé à six ducats et demi seulement. La Polyglotte d’Alcala ne fut guère connue qu’en 1521. Elle est d’une extrême rareté; aussi le prix des exemplaires, qui reparaissent sur le marché, est très élevé.

2. Description. — Le titre général de l’ouvrage, quiforme 6 in-f», est: Biblia sacra Polyglotta, etc. Celuide l’Ancien Testament est: Vêtus Testamentum multiplia lingua nunc primo impressum. Dans le t. i, consacré tout entier au Pentateuque, à la suite des prologues et de divers traités, viennent les textes reproduits. hébreu, latin, grec, disposés sur trois colonnesdans la partie supérieure de chaque page, sans que leslignes correspondent, en raison de la différence descaractères. Le texte hébreu est ponctué et le texte grecest accentué. Dans la colonne, toujours la plus rapprochée de la marge intérieure, le grec des Septante estsurmonté d’une version latine, littérale et interlinéaire, faite par les éditeurs; les mots latins sont exactementau-dessus des mots grecs correspondants. De petit* caractères latins indiquent le rapportde la Vulgate avec letexte hébreu. La partie inférieure de la page est diviséeen deux colonnes inégales, dont la plus large contientle texte chaldéen ponctué du targum d’Onkelos, et lamoins large une version latine de ce texte. À la margeextérieure, sont indiquées les racines des mots et desformes hébraïques et chaldaïques, imprimées dans lacolonne voisine. Le t. n comprend les livres de Josuojusqu’aux Paralipomènes inclusivement. Comme lestargunis, bien que traduits en latin par ordre de Ximénès, n’y sont pas reproduits, la page entière est diviséeen trois colonnes, dans lesquelles les textes sont disposés comme dans le volume précédent. La prière, deManassé, à la fin du t. ii, n’est éditée qu’en latin. Let. m renferme les deux livres d’Esdras, Tobie, Judith, Esther, Job, le Psautier, les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique, la Sagesse et l’Ecclésiastique. La disposition générale est la même que dans les volumes précédents, sauf quelques particularités. Dans le Psautier, la version latine ordinaire ouïe PsalteHum gallicanunisert de version interlinéaire au texte grec, et le Psalterium hebraicum de saint Jérôme occupe la colonne dumilieu. Pour les livres deutérocanoniques, bien, quele texte hébreu fasse défaut, on a maintenu la divisionen trois colonnes: la version interlinéaire du grec desSeptante est imprimée à part dans la colonne réservéeailleurs à l’hébreu. Le t, jv contient tous les prophèteset les trois livres des Machabées. Pour le troisième deces livres, il n’y a que deux colonnes, contenant séparément le texte grec et une version latine. Dans le t. v, consacré au Nouveau Testament, après diverses piècesqui servent d’introduction, les quatre Évangiles sontimprimés sur deux colonnes, dont la plus large contientle texte grec et la moins large la Vulgate. Les passagesparallèles et les citations bibliques sont notés enmarge. Chaque Évangile est suivi d’un prologue. Deuxdissertations grecques, dont la seconde est d’Euthalius, précèdent les Épîtres de saint Paul, reproduites surdeux colonnes. Chaque Épltre est précédée d’un prologueet d’un sommaire. Deux prologues précèdent aussi lesActes, qui sont suivis des Épîtres catholiques et de l’Apocalypse. Cinq pièces de poésie, deux en grec. et troisen latin, à la louange de Ximénès et de son œuvre, terminent le volume, avec une liste des noms propres, une petite grammaire grecque et un court lpxique greclatin. Le texte grec n’est pas accentué, parce que lesautographes ne l'étaient pas, afin de se rapprocherainsi le plus possible de l’original. Le rapport du textegrec avec la Vulgate est indiqué par de petites lettreslatines, inscrites au-dessus des mots correspondants.Cf. Van Præt, Catalogue des livres imprimés sur vélingui se trouvent dans des bibliothèques tant publiquesque particulières, Paris, 1824, t. i, p. 1-4.

3. Valeur et influence. — a) Texte hébreu. — Bienque n’appartenant pas aux incunables hébreux, sonédition a fait époque et elle est la première éditioncatholique de ce texte. Elle a été considérée comme-Use.œuvre scientifique. Ses inexactitudes et ses nombreuses fautes d’impression ne diminuent pas la valeurcritique du texte. D’après les travaux de Bær, sesvariantes sont meilleures que les leçons traditionnellesmassorétiques. Ximénès avait fait acheter sept manuscrits hébreux, qui lui avaient coûté à eux seuls 4000 ducats. Us provenaient des synagogues de Tolède et deMaquéda. Ils sont conservés à la bibliothèque de l’université de Madrid. Cinq ne sont que des Pentateuquesavec des commentaires ordinairement défectueux et corrigés par Zamora. Deux sur parchemin contiennent laBible hébraïque en entier. Ils ont appartenu au collègede Saint-Ildefonse d’Alcala. L’un est du xm c siècle et aété acheté à Tolède en 1280 par deux médecins juifs, l’autre a été transcrit l’an 6242 depuis la création àTarazona en Aragon. Les collations que Franz Delitzsch, ComplutensischeVarianten zu dem alttestamentlichenText, in-i», Leipzig, 1878, p. 6-38, a faites de quelquespassages avec d’autres documents, lui ont permis deconclure que les éditeurs avaient utilisé au moins unmanuscrit hébreu, différent des deux Bibles hébraïquesconservées, que le texte édité, malgré ses fautes, a unehaute valeur critiqué et surpasse souvent les autreséditions du texte hébreu. Cette édition a été reproduitedans la Polyglotte d’Heidelberg et utilisée dans celled’Anvers.

b) Texte des Septante. — Les éditeurs de la Polyglotte, pour cette édit on princeps des Septante, eurent à leurdisposition deux manuscrits de la bibliothèque vaticane: 346 (Holmes 248) contenant les livres sapientiaux, Esdras, Tobie, Judith, Esther, et 330 (Holmes 108) contenant leslivres historiques depuis le Pentateuque jusqu'à Estheravec un fragment de Tobie. Voir t. iv, col. 682. Ces manuscrits, qui paraissent être du xme siècle, furent envoyésà Alcala par Léon Xla première année de son pontificat; prêtés pour un an, ils ne furent rendus que le 9 juillet 1519. Les éditeurs eurent aussi la copie faite avec grandsoin, envoyée par le sénat de Venise et conservée à labibliothèque de Madnid comme provenant du collègeSaint-Ildefonse d’Alcala, d’une partie d’un manuscritgrec très correct copié par ie crétois Jean Rhosos pourle cardinal Bessarion et conservé à la bibliothèqueSaint-Marc de Venise (Marc V; Holmes 68). La copiecomprend les Juges, Ruth, les quatre livres des Rois, les deux livres des Paralipomènes, les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique, le I er livre d’Esdras (apocryphe), Esdras et Néhémie, Esther, la Sagesse, Judith, Tobie, les trois livres des Machabées. Les collations de cesmanuscrits avec le texte des Septante de la Polyglotte, que Franz Delitzsch a faites, Fortgesetzte Studien zurÈntstehimgsgeschichte der Complutensischen Polyglotte, in-4°, Leipzig, 1886, p. 4-28, ont permis de déterminer l’usage que les éditeurs ont fait des manuscritsmis à leur disposition. Ils n’ont pas reproduit textuellement les manuscrits 330 et 346. Les nombreuses différences de leur texte avec celui du premier manifestentdes corrections arbitraires, faites d’après l’hébreu qu’ilspréféraient, non pas, comme dit Richard Simon, «enune infinité d’endroits,» Catalogue des principaleséditions de-la Bible, dans Histoire critique du VieuxTestament, Amsterdam, 1685, p. 516, ou «en un assezgrand nombre d’endroits», Bibliothèque critique, Amsterdam, 1708, t. iii, p. 485, mais seulement pourune petite part, ou plus souvent des emprunts à lacopie du manuscrit de Bessarion ou au Vatican 346, dont ils corrigeaient les fautes de transcription. Pourle Psautier, qui n’est pas dans les trois manuscritsprécédents, ils ont utilisé un manuscrit spécial en cursive, du xm c ou XIVe siècle, qui est à la bibliothèque deMadrid. On ignore de quels manuscrits ils disposaientpour leslivres prophétiques. À défaut de renseignementsprécis, on a recherché à quelle recension appartenaitle texte de leur édition et on a constaté qu’il ressemblaità celui des manuscrits I, V et VI de Saint-Marc de

Venise (Holmes 23, 68, 122), qui ont servi à l’éditionAldine de 1518. Ibid., p. 53-57. Lc, texte des Septantede la Polyglotte de Complute a été reproduit dans lesPolyglottes d’Anvers et de Paris, dans la Bible de "Valableou de Bertratn, Genève, 1586-1587, 1599, 1616, etdans celle de D. Wolder, Hambourg, 1596. Cf. Swete, An introduction to the Old Testament in Grëek, Cambridge, 1900, p. 171-173.

c) Texte grec du Nouveau Testament. — L’éditionde Complute est aussi l’édition princeps du texte originaldu Nouveau Testament. On ignore sur quels manuscritselle a été faite. Lopez de Zuniga (Stunica), qui, sans avoir eu la part principale à cette édition, comme on le pensait, a travaillé au moins au texte desActes et des Épitres, parle de manuscrits grecs corrigés, mais il n’en nomme qu’un, le Rhodiensis, vraisemblablementenvoyé de Rhodes au cardinal Ximénès etcontenant les npîtres. On ne l’a pas encore retrouvé.On ne sait si, pour le Nouveau Testament, des manuscritsgrecs du Vatican furent envoyés à Alcala. La comparaisondu texte édité avec les manuscrits du Vatican, 1158 (Ev. 140 et 366, Act. 72, Paul 79, Apoc. 37), lesseuls dont il puisse être question, ne permet pas deconclure à leur emploi. Franz Delitzsch estime que letexte des Actes et des Épîtres est apparenté à celui duHafniensis 1 (Ev. 234, Act. 57, Paul 72), qui est àCopenhague, mais qui était encore à Venise en 1699, et qui a été copié par Théodore d’Hagios Petros, et àcelui du Laudianus 2 (Ev. 51, Act. 32, Paul 38), quiest à la Bodléienne à Oxford et qui est une copie duprécédent, i orlgesetzte Studien, p. 30-51. Wettsteinet Semler avaient prétendu que les éditeurs de la Polyglotted’Alcala avaient altéré le texte grec, en y insérantdes leçons de la Vulgate. Gœze, Vertheidigungder Complut. Bibel, Hambourg, 1765; AusfûhtïichereVertheidigung des Compl. N. T., ibid., 1766; Fortsetzungder ausfùhrl. Vertheidigung des Compl.N. T., Halle, . 1769, a surabondamment prouvé la faussetéde ce sentiment. Seul, le verset, I Joa., v, 7, a étécertainement emprunté à! a Vulgate; les passages, Rom., xvi, 5; II Cor., v, 10; vi, 15; Gal., iii, 19, en proviennentpeut-être. En résumé, bien que les manuscrits consultésaient été probablement récents, le texte édité comprendbeaucoup de bonnes leçons que les critiques postérieursont admises, surtout pour l’Apocalypse, moins pourles Évangiles et très rarement dans les autres livres.Il diffère beaucoup de celui qu’Érasme éditait à lamême époque; il est moins incorrect, malgré sesfautes évidentes. Franz Delitzsch, Studien zur Enstehungsgeschichteder Polygloltenbibel des CardinalsXimenes, Leipzig, 1871; Ed. Reuss, Bibliotheca N. T.grœci, Brunswick, 1872, p. 15-26; S. Berger, La Bibleau seizième siècle, Paris, 1879, p. 49-54; Gregory, Textkrilik des Neuen Testaments, Leipzig, 1902, t. ii, p. 924-928; A. Bludau, dans Der Katholik, 1902, t. ii, p. 27 sq.

Le texte grec du Nouveau Testament d’Alcala n’apas eu au xvi «siècle l’influence qu’Hefele lui a attribuée.Aucune édition ne l’a reproduit exactement. Leséditeurs des Polyglottes d’Anvers et de Paris et ceuxqui dépendent de ces Bibles lui ont emprunté un plusou moins grand nombre de leçons. Ed. Reuss, op. cit., p. 74-83. Au xixe siècle, il a été fidèlement réédité parGratz dans son édition du Nouveau Testament, 2 in-8°, Tubingue, 1821; Mayence, 1827, 1851. Van Ess, dansson édition, in-8°, Tubingue, 1827, a mêlé les leçons deComplute avec celles d’Érasme. Ed. Reuss, op. cit., p. 45.

d) Texte latin de la Vulgate. — L’édition d’Alcala aprécédé la Bible clémentine. Son origine est peu connue.Ximénès dit bien qu’il a rassemblé des manuscritslatins, mais sans plus d’explication. La bibliothèque del’université de Madrid a trois Bibles latines qui viennent d’Alcala et qui contiennent le verset des troistémoins célestes. Elles ont dû servir aux éditeurs de laVulgate. Franz Delitzsch, Fortgesetzte Studien, p. 5152. De l’examen du texte édité, on a conclu que ceséditeurs ont corrigé des exemplaires courants de leurépoque d’après les manuscrits plus anciens et plus corrects, dont ils rapportaient quelques-uns, écrits en lettresgothiques, au vif ou au vtne siècle, mais parfois aussisur l’hébreu et le grec, en particulier pour supprimerce qui n’avait pas de termes correspondants dans lesoriginaux. R. Simon, Histoire critique du Vieux Testament, Amsterdam, 1685, p. 313, 516. — Sur la Polyglottede Complute, voir encore Hefele, Der CardinalXimenes, 2e édit., Tubingue, 1851, p. 113-147; trad.franc., Tournai, 1856, p. 141-177; Vercellone, Disserlazioniacademiche di vario argument o, Rome, 1864, p. 407; Hurter, Nomenclator literarius, 3e édit., Inspruck, 1906, t. ii, col. 1132-1134;

2° La Polyglotte d’Anvers. — 1. Histoire. — Dès1566, l’imprimeur Christophe Plantin, établi à Anvers, avait formé le projet de publier une Polyglotte. Parl’intermédiaire du cardinal de Granvelle, son protecteur, il s’assura l’intervention de Philippe II, roi d’Espagne.Ce prince donna un subside de 12000 florins àrembourser en exemplaires de la nouvelle Bible etenvoya Arias Montanus pour surveiller le travail etcorriger les épreuves. Ce savant espagnol arriva àAnvers le 15 mai 1568. Il apportait d’Alcala la versionlatine des targums sur les prophètes, et un très ancienmanuscrit hébreu qui lui appartenait. Pendant quePlantin faisait fondre les caractères nécessaires, gravéspar Robert Granjon et Guillaume Le Bée (on se servitpour l’hébreu des caractères employés pour la Bible de’Bomberg), Arias Montanus préparait les matériaux. Ilfut aidé par André Mæs, François Luc de Bruges, Guy Le Fèvre de la Boderie et son frère Nicolas, François Ravlenghien, plus tard gendre de Plantin, etson frère Nicolas-Guy, le jésuite Jean Willem (Harlemius), etc. Voir t. i, col. 954-955. Les caractères et lepapier étaient plus beaux que ceux de la Polyglotted’Alcala. L’impression commença au mois de juillet1568 et fut terminée le 31 mai 1572. Le t. îv est daté de1570, le t. v de 1571 et les Apparatus de 1572. On tira960 exemplaires ordinaires, 200 meilleurs, 30 fins, 10 extra-fins et 13 sur parchemin. Arias Montanus avaitdemandé à Pie V son approbation. Le pape hésita àcause de la version latine de Pagnino et de quelquestraités de YApparatus qui paraissaient suspects. LeTalmud et Sébastien Munster y étaient trop souventcités. On consulta des théologiens belges et espagnols.Montanus alla à Rome s’expliquer et présenta un mémoire.Pie V était mort te Y" ûïi. < Jv&çoï& XYll, iale 12 du même mois, se montra plus favorable et adressaà Philippe II, le 20 octobre 1572, un bref, dans lequelil appelle la Polyglotte d’Anvers opus vert regium..D’ailleurs, YApparatus fut réimprimé du 2 août 1572au 14 août 1573 avec des modifications, faisant droitaux critiques précédentes/ Max Rooses, ChristophePlantin, imprimeur Anversois, 1882, p. 123. CependantLéon de Castro, professeur de langues orientalesà Salamanque, dénonça Arias Montanus à l’Inquisitionespagnole. Il lui reprochait d’avoir présenté la traductionde Pagnino comme la version la plus exacte destextes hébreu et grec et d’avoir recommandé de recouriraux sources originales, contrairement, prétendait-il, au décret du concile de Trente sur la Vulgate. AriasMontanus se défendit en 1576. Mariana, comme inquisiteur, signala des fautes très réelles, mais déclaraqu’elles n’étaient pas suffisante? pour faire condamnerla Polyglotte du roi d’Espagne. L’affaire ne fut terminéequ’en 1580. H. Reusch, Der Indec der verbotenenBûcher, Bonn, 1883, t. i, p. 575 576. La Polyglotte «royale» reçut bon accueil du public et elle fut approuvée par plusieurs universités, notamment par celle de Paris. L’empereur et le roi de France autorisèrent sa vente dans leurs États. Les exemplaires furent vite distribués et devinrent rares et recherchés. On les a vendus chez les antiquaires 120, 150 et 180 marks.

2. Description. — La Polyglotte de Plantin est intitulée: Biblia hebraice, chaldaice, græce et latine, et elle comprend 8 in-folio. Les quatre premiers volumes contiennent l’Ancien Testament. Pour les livres protocanoniques, chaque page a deux colonnes, reproduisant, au verso, le texte hébreu sans version interlinéaire et la Vulgate, et au recto, le texte grec des Septante à droite avec sa traduction latine à gauche. Au bas des pages, on trouve, pour tous les livres qui en ont, les targums ou paraphrases chaldaïques et leur version latine.Celle-ci était celle que le cardinal Ximénès avait faitfaire et qu’Arias Montanus avait apportée d’Espagne.Le texte chaldaïque avait été emprunté à des manuscritsespagnols et vénitiens. On en avait retranché les fablesles plus grossières. Les livres deutérocanoniques n’ontque trois colonnes, sur une seule page, reproduisantde gauche à droite la version latine du texte grec, cetexte lui-même et la Vulgate. Dans le t. iii, on a imprimé, sans pagination, le seul texte latin des IIIe et IVe livres d’Esdras. Le t. V contient le Nouveau Testament, Les textes y sont disposés dans cet ordre. La page de gauche présente dans une première colonne la Peschito, qui n’a que les livres protocanoniques, en caractères syriaques, et dans une seconde colonne, sa version latine, œuvre de Guy Le Fèvre de la Boderie. La page de droite reproduit d’abord la Vulgate latine, puis le texte grec. Sous ces quatre colonnes, et par conséquent sur les deux pages, le texte syriaque est transcrit en caractères hébraïques avec points-voyelles pour les lecteurs qui ne sauraient pas lire le syriaque. Les trois derniers volumes ont le titre d’Apparatus. Le t. vi contient une grammaire hébraïque et un abrégé du Thésaurus de Pagnino par François Ravlenghien, une grammaire chaldaïque et un dictionnaire syro-chaldaïque par Guy Le Fèvre de la Boderie, une grammaire syriaque et un vocabulaire intitulé: Peculium Syrorum par Mæs, une grammaire et un dictionnaire grecs, dont l’auteurest inconnu. Le t. vii renferme plusieurs dissertations d’archéologie biblique par Arias Montanus, et des recueils de variantes ou de notes philologiques et critiques de divers auteurs. Ces dissertations et recueils forment un total de 18 traités distincts. Le t. viii comprend la version latine des livres de la Bible hébraïque, faite par Pagnino et revisée par Arias Montanus; elle a été examinée par les censeurs de Louvain. Il contient ensuite le texte grec du Nouveau Testament, la version latine interlinéaire, correspondant aux mots grecs; les différences du grec et du latin sont imprimées en marge avec des caractères spéciaux. Enfin, viennent les Communes et familiares hebraicæ linguæ idiotismi d’Arias Montanus. Mais l’ordre de ces volumes et desmatières qu’ils contiennent est divergent selon lesexemplaires qui sont d'éditions différentes. Van Præt, Catalogue des livres imprimés sur vélin de la bibliothèque du Roi, Paris, 1821, t. i, p. 1-5; C. Ruelens et A. de Backer, Annales plantiniennes, Paris, 1866, p. 128-135. La version interlinéaire a été souvent réimprimée à part. Voir t. i, col. 954-955. Richard Simon l’a jugée très sévèrement. Histoire critique du Vieux Testament, 1. II, c. xx, Amsterdam, 1685, p. 316-318; Critique de la Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, Paris, 1730, t. ii, p. 213-216.

3. Valeur et influence. — Les textes, hébreu et grec, ont été empruntés à la Polyglotte de Complute, etcelui des Septante sans modifications; mais l’hébreu aété collationné avec la Bible de Bomberg. Quant àl'édition grecque du Nouveau Testament, elle diffèrede celle de Complute par un certain nombre de leçonsqui se trouvent dans l'édition de Robert Estienne de1550. Sur les mille passages que Reuss a étudiés, elleest 709 fois d’accord avec les deux éditions précédentes.Dans les 291 autres, 39 sont d’accord avec R. Estienne, 3 avec Érasme, 1 est tout spécial et les 249 dernièressont exclusivement conformes à la Bible de Complute.Le texte grec du t. viii diffère de celui du t. v en 14 passages dans lesquels la leçon de Complute est abandonnée pour celle d’Estienne, sauf Apoc, i, 6, dont le texte est nouveau, en trois autres dans lesquels la leçon d’Estienne est remplacée par celle de Complute, enfin, I Pet., ii, 3, la leçon Érasmienne est remplacée par le texte ordinaire. L'édition d’Arias Montanus suit donc une voie spéciale et elle a plus de valeur que les critiques le disaient. Elle a été souvent reproduite exactement ou avec quelques corrections, dans ses deux états. On trouvera le détail de ces rééditions dans Reuss, Bibliotheca N. T. græci, p. 74-83. Cf. Gregory, Textkritik des N. T., t. ii, p. 936. La Vulgate latine est de même nature que celle de la Polyglotte d’Alcala. Finalement, les travaux préparatoires de la Bible d’Anvers ont laissé beaucoup à désirer. Les éditions ne sont pas en progrès notables sur celles de Complute, et les recueils de variantes, dans YApparatus, sont parfois peu considérables.

La Polyglotte de Paris. — 1. Histoire. — Le cardinal du Perron et Jacques de Thou, bibliothécaire duroi, avaient conçu le projet de rééditer la Polyglotted’Anvers avec l’aide de deux maronites, Gabriel Sioniteet Jean Hesronite, ramenés d’Orient par Savary deBrèves. Ils avaient obtenu le privilège royal en 1615.Mais la mort du premier en 1617 et du second en 1618arrêta l’entreprise, qui pourtant fut louée, en 1619, parl’Assemblée du clergé réunie à Blois. Guy-Michel Le Jay, avocat au parlement, reprit le projet. Le cardinal deBérulle lui conseilla, en 1626, d’y ajouter le Pentateuque samaritain et la version samaritaine. L'édition deces textes fut confiée à l’oratorien Jean Morin. Philipped’Aquin fut chargé de l’hébreu, Gabriel Sionite et JeanHesronite des versions syriaques et arabes, AbrahamEchellensis et d’autres érudits collaborèrent à l’entreprise. L’impression fut remise à Antoine Vitré, qui fit graver des caractères hébreux, chaldéens, grecs etlatins par le fils de Le Bée. Jacques de Sanlecquegrava les caractères samaritains et syriaques, dontSionite avait fourni le modèle. Il prépara aussi desmatrices nouvelles d’arabe sur les poinçons de M. de Brèves. On fit fabriquer un papier spécial, si beau qu’on l’a appelé carta imperialis. A. Bernard, Antoine Vitré et les caractères orientaux de la Bible polyglotte de Paris, in-8°, Paris, 1857; id., Histoire de l’imprimerie royale du Louvre, in-8°, Paris, 1867, p. 55-64. L’impression fut commencée au mois de mars 1628. Les quatre premiers volumes étaient achevés en 1629, et le t. vi en 1632; la première partie dut. v est datée de 1630, et la seconde de 1633. Le t. viii fut terminé vers la fin de 1635. L’impression du t. vii, qui était commencée à cette date, fut interrompue par suite du refus de Sionite de remettre la copie nécessaire. Il ne voulait pas non plus se dessaisir des manuscrits orientaux, ayant appartenu à Savary de Brèves. Au mois de janvier 1640 il fut enfermé au château de Vincennes par ordre du roi, et les manuscrits remis à Vitré. Libéré le 12 juillet, Sionite reprit sa traduction latine de la version syriaque, et le t. vii fut achevé en 1642. Son travail traîna en longueur, et le t. ix sortit des presses au mois de mai 1655 seulement. La Polyglotte entière parut enfin, avec une préface, datée du 1er octobre 1645, en tête du premier volume. L’Assemblée du clergé l’avait approuvée, le 24 janvier 1636. Le Jayavait emprunté 100000 écus que Richelieu s’offrit de payer. L'éditeur refusa cette offre aussi bien que la proposition des éditeurs anglais de lui racheter

600 exemplaires. La Polyglotte de Walton empêcha lavente de celle de Paris, dont le prix était de 200 francs.Beaucoup d’exemplaires furent vendus au poids dupapier, et Le Jay, entièrement ruiné, ne put payerses dettes. La Polyglotte fut présentée au public, en1666, par trois libraires hollandais sous un nouveautitre: Biblia alexandrina heptaglotta, comme étantpubliée sous les auspices d’Alexandre VII, mais leur rusefut déjouée. Mabillon, Musseum italicum, Paris, 1687, 1. 1, p. 95-96. Elle est magnifique par la beauté du papieret l’exécution typographique; mais la grandeur duformat rend son emploi fort difficile. Elle présenteenfin le désavantage de n’avoir pas publié dans lemême volume tous les textes, puisqu’il faut recourir àdeux volumes pour les avoir ensemble sous les yeux.

2. Description. — Elle comprend 9 tomes en 15 volumesgrand in-folio et est intitulée: Biblia. 1. hebraica.2. swmaritana. 3. chaldaica. 4. grxca. 6. latina. 7. arabica, quibus textus originales totius Scripturse Sacrx, quorum pars in editione Complutensi, deinde inAntuerpiensi regiis sumptibus extat, nunc integris exmanuscriptis toto fere orbe quxsitis exemplaribusexhibentur. En raison de son contenu, elle comprenddeux parties bien distinctes. Les cinq premiers volumes, sauf une préface non paginée de Le Jay: Instituaoperis ratio, et une autre préface de J. Morin sur lePentateuque samaritain et sa version samaritaine, entête du premier volume, ne sont guère que la reproductionintégrale des cinq premiers volumes de la Polyglotted’Anvers. La disposition typographique est la même, ainsi que les textes. Les seules différences notablesconsistent en ce que le t. v, au lieu du syriaque en lettreshébraïques, contient une version arabe du NouveauTestament et sa traduction latine, et aussi le textesyriaque desquatreÉpîtres-catholiques et de l’Apocalypsequi manquaient dans la Peschito. La seconde partie, formantles quatre derniers tomes, est seule nouvelle. Let. vi contient le Pentateuque syriaque et arabe avecleurs traductions latines, puis le Pentateuque samaritainet sa version samaritaine, qui n’ont qu’une seuletraduction latine. Ces deux textes étaient impriméspour la première fois. Les t. vii-ix ont les versionssyriaque et arabe, avec leurs traductions latines, detout le reste de l’Ancien Testament, sauf que poiir Jobil n’y a qu’une seule traduction latine des deux textes.

3. Valeur. — Quant à la première partie, qui n’estpresque que la reproduction de la Polyglotte d’Anvers, la Polyglotte de Paris n’a pas réalisé les progrès quepourtant il eût été facile d’accomplir. Le texte hébreuest mal reproduit et fort incorrect; il aurait pu aisément^reconstitué d’après les bons manuscrits massorétiquesqui se trouvaient à Paris à la bibliothèque du roi.Pour les targums, le texte d’Anvers est mêlé à celui dela Bible de Bomberg. Il eut été à propos d’imprimer, pour les Septante, l’édition.romaine faite d’après le

Vaticanus, et. pour la Vulgate, la Bible clémentine.Pour le texte grec du Nouveau Testament, Reuss, BibliothecaN. T. grseci, p. 75, n’a remarqué que neufdifférences d’avec le prototype. Cf. Gregory, Textkritikdes N. T., t. ii, p. 940-941. Relativement aux textesnouveaux, l’absence de préfaces et i’Apparatus critiqueprive de renseignements sur leur origine, si l’on exceptele Pentateuque samaritain et sa version samaritaine.Ils provenaient des manuscrits achetés à Damas par levoyageur Pietro délia Valle pour le compte de M. deSancy, ambassadeur de France à Constantinople, etdonnés par ce dernier, qui était devenu oratorien, à labibliothèque de l’Oratoire (n. 1 et 2 du fonds samaritainde la Bibliothèque nationale). Le manuscrit dePeiresc, demandé dès 1630 par Vitré, avec des manuscrits arabes, ne futapporté à Paris qu’en 1632 par DenisGuillemin et ne put être utilisé. L. Dorez, Notes etdocuments sur la Bible polyglotte de Paris, dans le

Bulletin de la Société d’Histoire de Paris et de l’Ilede-France, 17e année, 1890, p. 84-94. La version arabedes Évangiles a été éditée d’après le texte arabe, publiéà Rome en 1591, et la traduction latine est celle deJ.-B. Raymond, revue par Gabriel Sionite. Pour le restedu Nouveau Testament, on avait quelques manuscritsarabes, venus d’Alep, entre autres un seul sur l’Apocalypse, provenant de S. de Brèves. On a reproché à GabrielSionite d’en avoir modifié le texte. Les versions, syriaqueet arabe, de l’Ancien Testament, furent éditées à l’aided’éditions antérieures (le Pentateuque arabe, publié àConstantinople, en 1546; un Psautier syriaque et arabeédité au Mont-Liban, en 1610; . un Psautier syriaque, Paris, 1625; un Psautier arabe, Genève, 1516; Rome, 1613), et de six ou sept manuscrits seulement. En 1640, Sionite avait rapporté de Rome un manuscrit syriaque, légué par Risius. La Polyglotte de Paris, supérieure àcelle d’Anvers par les nouveaux textes qu’elle contenait, n’eut guère d’influence, supplantée qu’elle fut bientôtpar la Polyglotte de Londres.

4° Polyglotte de Londres. — i. Histoire. — Commela Bible de Le Jay était incommode à manier et trèschère, les Anglais décidèrent de publier une Polyglotteplus commode et moins coûteuse. Brian Walton, quifut plus tard évêque anglican de Chester, s’en chargeaavec de savants collaborateurs. Edmond Castle surveillal’édition des textes samaritains, syriaques, arabes etéthiopiens; il fit la traduction latine de la version éthiopiennedu Cantique et composa le Lexicon heptaglatton, annexé à la Polyglotte. Samuel Clarke s’occupa dutexte hébreu et des targums, et traduisit en latin laversion persane des Évangiles. Thomas Hyde transcrivitle Pentateuque persan et en fit la traduction latine.Alexandre Huish surveilla l’impression des textes grecset latins, et recueillit les variantes du Codex Alexandrinus.ha nouvelle Polyglotte fut publiée par souscriptionsous le patronage de Cromwell, qui lui accordal’exemption des droits sur le papier. Le premier volumeparut en septembre 1654; il sortait, comme les suivants, des presses de Thomas Roycroft, à Londres. Il contientune dédicace au Protecteur. Après la restauration desStuarts, on remplaça cette dédicace par une autre àCharles II. On distingue par suite les exemplairesroyaux et les exemplaires républicains; ceux-ci, quisont les plus rares, sont les plus recherchés. Le t. ilest daté de 1655. Le t. vi et dernier parut en 1657. En1669, on y joignit le Lexicon heptaglotton de Castle endeux in-folio. La Polyglotte de Londres, qui avait étémise à l’Index par décret du 29 novembre 1663, àcause de ses prolégomènes (voir H. Reusch, Der Indexder verbotenen Bâcher, Bonn, 1885, t. ii, p. 124125), ne figure plus dans l’édition officielle du cataloguedes livres prohibés, publiée en 1900.

2. Description. — Cette Bible, qui forme 6 in-f», estintitulée: S& Biblia polyglotta complectens textusoriginales hebraicos cum Pentateucho Samarilano, chaldaicos, grsecos versionumque antiquarum samaritanse, chaldaicse, latinse Vulgatse, œthiopicse, grascseSept., syriocse, arabicse, persicse, quicquid compararipoterat ex tnss. antiquis undique conquisitis optimisqueexemplaribus impressis summa /ide collatis.Les quatre premiers tomes sont remplis par l’AncienTestament. Le i", à la suite de la préface et de prolégomènes, dans lesquels Walton parle des languessacrées, des éditions et des versions de la Bible, et quiconstituent une véritable introduction critique, reproduitle Pentateuque en huit langues. Les textes sontdisposés sur deux pages en cet ordre: au verso, enhaut de la page sur quatre colonnes parallèles, le textehébreu avec la version interlinéaire de Santé Pagninorevue par Arias Montanus, la Vulgate latine de la Bibleclémentine, le grec des Septante d’après l’édition romainedu Vaticanus avec les variantes de VAlexan

drinus, placées au-dessous, la version latine de cetexte grec, empruntée à l’édition de Flaminius Nobilius; la version syriaque, accompagnée de sa traductionlatine est dans le bas de cette page; au recto, le hautde la page contient parallèlement le targum d’Onkelosselon l’édition de Bâle, sa version latine, le textehébreu samaritain et sa version latine; la version arabeet sa traduction latine occupent le bas de la page. Let. n contient les livres historiques, de Josué à Esther.La disposition est à peu près la même que dans le 1. 1, sauf qu’au recto, il n’y a que le targum du pseudo-Jonathanpour les livres qui en sont dotés, avec satraduction latine, et la version arabe (qui manque pourEsther). Le t. m renferme Job, les Psaumes, les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique, les grands et lespetit* prophètes. La disposition typographique variesuivant les livres. Sans entrer dans plus de détails, signalons seulement un texte nouveau: la versionéthiopienne des Psaumes et du Cantique. Le t. iv débutepar la Prière de Manassé, en grec et en latin, leIIIe livre d’Esdras (latin, grec, syriaque, avec traductionlatine du grec et du syriaque), le IVe livre d’Esdras, en latin seulement. On trouve ensuite Tobie (le textehébreu selon les deux éditions de fa*ge et de SébastienMunster avec leurs traductions latines correspondantes, la Vulgate, le grec et la version syriaque). Pour Judith, les parties deutérocanoniques de Jérémie et de Danielet les deux livres canoniques des Machabées, il n’y aque trois grands textes (latin, grec et syriaque); uneversion arabe est en plus pour la Sagesse, l’Ecclésiastique, Èaruch. Les passages deutérocanoniques d’Estherne sont qu’en grec et en latin. Après les textes grec etsyriaque de III Mach., on trouve la version arabe deII Mach. La seconde partie de ce t. iv contient les deuxtargums du Pentateuque, dits du pseudo-Jonathan etde Jérusalem, intercalés l’un dans l’autre et accompagnésde leurs traductions latines, la version persanedes mêmes livres avec traduction latine. Le t. v estconsacré au Nouveau Testament. Il contient superposés, au verso, le texte grec (édition Robert Estienne) avecla version latine interlinéaire d’Arias Montanus, lesversions syriaque et éthiopienne avec leurs traductionslatines, au recto, la Vulgate et les versions arabe etperse (celle-ci pour les Évangiles seulement), avecleurs traductions latines. Le t. vi sert d’Appendice etrenferme des notes de divers auteurs et des recueils devariantes, avec l’Index de l’ouvrage entier. Le Lexiconheptaglotton de Castle, 2 in-f°, Londres, 1669, est souventajouté à la Polyglotte de Walton.

3. Valeur, — La Polyglotte de Londres est la pluscomplète et la meilleure qui ait été publiée. Elle estloin cependant d’être parfaite. Les Prolégomènes deWalton, qui ont été réédités à part, in-f°, Zurich, 1673, et par Dathe, Leipzig, 1777, ont été critiqués enplusieurs points par Richard Simon, Histoire critiquedu Vieux Testament, Rotterdam, 1685, p. 481510. Cf. Réponse de Pierre Ambrun, ministre dusaint Évangile, à l’Histoire critique du Vieux Testament, ibid., p. 46-48; Lettres choisies, Paris, 1730, t. ii, p. 275; t. iii, p. 122. Les éditeurs ont empruntéaux Polyglottes d’Anvers et de Paris la version interlinêairede l’hébreu, le Pentateuque samaritain et saversion samaritaine, la version syriaque de l’AncienTestament et la version arabe du Nouveau. Au lieu derééditer ces versions, prises à la Polyglotte de Paris «par un larcin public», comme dit R. Simon, on auraitpu reproduire de meilleurs textes ou, au moins, revoirles traductions latines correspondantes, qui sont malfaites. Elle a, en progrés sur les précédentes, reproduitl’édition romaine des Septante, l’édition de l’Italiquepar Flaminius Nobilius et la Vulgate clémentine. Ellea produit aussi des textes nouveaux: un Psautieréthiopien, déjà imprimé à Cologne et à Rome, la

version éthiopienne du Cantique et du Nouveau Testament, publiée pour la première fois, et la versionpersane des Évangiles, tirée d’un manuscrit de Poco’cke.Les trois targums du Pentateuque étaient empruntésà l’édition de Buxtorf, et la version persane de ce livreà l’édition de Constantinople. Le texte grec du NouveauTestament provenait de l’édition d’Estienne de 1550, dont le texte n’est modifié qu’en trois passages.Ed. Reuss, Bibliotheca N. T. grmci, p. 56. À la marge, on lit les variantes du codex, Aleœandrinus, recueilliespar Huish. Les notes et les variantes, éditées dans l’appendiceont généralement peu de valeur. Gregory, Textkritik des N. T., t. ii, p. 941-942. Nonobstant cesdéfauts, la Polyglotte d’Angleterre reste un instrumenttrès utile pour l’étude critique de la Bible.

III. Polyglottes partielles ou moins importantesfaites aux xvie, xvii 8 et xviii c siècles. — 1° Le Psautierde Justiniani. — Bien qu’imprimé après le NouveauTestament d’Alcala, il a été publié en 1516, avant laPolyglotte de Ximénès. Son éditeur, Augustin Justiniani, religieux dominicain et évêque de Nebbio, avait projetéla publication d’une polyglotte qu’il ne put exécuter. Iln’a donné que le psautier en cinq langues: Psalteriumhebrteum, grsecum, arabicum et chaldaicum cumtribus latinis interpretationibus et glossis, in-f°, Gênes, 1516. Chaque page comprend quatre colonnes, qui contiennent, au verso, l’hébreu, sa traductionlatine, la Vulgate et le texte grec, au recto, la versionarabe, le targum, la version latine du targum et desscolies et remarques.

2° Le Psautier de Polhen. — Jean Polken, prévôtde la collégiale Saint-Georges de Cologne, a fait imprimer, en 1518, un Psautier en quatre langues: hébreu, grec, latin et éthiopien (qu’il appelle chaldéen). Cetteversion éthiopienne a été reproduite dans la Polyglottede Londres.

3° Les deux Pentateuques polyglottes des Juifs deConstantinople. — En 1546, les Juifs de Constantinoplefirent imprimer le Pentateuque en plusieurs langues.Au milieu de la page se trouve le texte hébreu en groscaractères, il est accompagné d’un côté du targumd’Onkelos en caractères médiocres et de l’autre de laparaphrase persane. En dehors de ces trois colonnes, il ya en haut de la page la version arabe de Saadias Gaon, et au bas le commentaire de Rabbi Isaac Iarchi. Lestextes arabe et persan sont imprimés en caractèreshébreux. L’année suivante, 1547, parut dans la mêmeville un autre Pentateuque polyglotte avec la mêmedisposition des textes. Le texte hébreu, qui est aussi aumilieu, est aceompagné d’une traduction en grec vulgaireet d’une version espagnole; ces deux traductionssont imprimées en caractères hébreux avec pointsvoyelles.Au haut de)a page, court le targum d’Onkeloset au bas, le commentaire de Jarchi.

4° Essais de Draconitès. — Jean Draconitès (14941566) avait entrepris une Biblia pentapla. Il n’en a publiéque de courts fragments ou spécimens: les sixpremiers chapitres de la Genèse, in-f°, Wittemberg, 1563; les deux premiers Psaumes, ibid., 1563; les septpremiers chapitres d’Isaïe, Leipzig, 1563; les Proverbes, Wittenberg, 1564; Malachie, Leipzig, 1564; Joël, Wittemberg, 1565; Zacharie, ibid., 1565; Michée, ibid., 1565 TCes textes étaient imprimés en cinq langues: hébreu, chaldéen, grec, latin, version allemande de Luther. Parune disposition bizarre, ces cinq textes sont superposésligne par ligne. Les Septante, la Vulgate et la traductionallemande sont corrigés d’après l’hébreu. Les passagesmessianiques sont en encre rouge. Un commentaire estencore au-dessous de ces cinq lignes du texte, dont lasuite est de la sorte maladroitement interrompue.

5° La Polyglotte de Bertram, ou de Heidelberg. — Uncalviniste d’origine française, Corneille-BonaventureBertram, professeur d’hébreu à Genève (1566-1584), puis

prédicateur à Frankenlhal, mort en 1594, publia uneBiblia sacra, hebraice, grssce et latine, 2 in-f°, Heidelberg, 1587. Elle ne contenait que l’Ancien Testament enhébreu, en grec, avec la Vulgate et la version de Pagnino.Bien que le titre ajoute: Omnia cum editioneComplutensi diligenter collata, l’édition n’est qu’unereproduction de la Polyglotte d’Anvers; elle lui a empruntéaussi les deutérocanoniques de l’Ancien Testament.Une deuxième édition parut en’1599. La troisième, faite chez Commelin, en 1616, comprend en outre leNouveau Testament avec la version latine d’Arias Montanus, le tout emprunté encore à la Polyglotte d’Anvers.Voir Ed. Reuss, Bibliotheca N. T. grœci, p. 78-79. Cen’est donc pas une Polyglotte pour le Nouveau Testament.Comme cette Bible contenait des notes de Vatable, on l’appelle parfois la Bible de Vatable.

6° La Polyglotte d’Hambourg. — Ou la rencontrerarement complète. Elle comprend: 1. le texte hébreude la Bible hébraïque d’Élie Hutter, in-f», 1587, dontla date est remplacée par celle de 1596, et dans laquelleles lettres de la racine sont typographiquement distinguéesdes autres caractères; 2. l’édition de DavidWolder qui contient en 6 in-f° et sur quatre colonnesle texte grec de l’Ancien et du Nouveau Testament, laVulgate, la traduction latine de l’Ancien Testament parPagnino et celle du Nouveau par Théodore de Bèze, enfin la version allemande de Luther. Les deux ouvragessortent des presses de Jacques Lucius, à Hambourg, 1596.Le texte grec du Nouveau Testament est emprunté, saufde rares modifications, à l’édition de Samuel Selfisch, in-8°, Wittenberg, lo83. Cf. Ed. Beuss, Bibliotheca N. T.grsecifp. 63-64. Cette Polyglotte, qui est très imparfaite, ruina son éditeur, bien que le gouvernement danoisait obligé toutes les églises du Schleswig à l’acheter.

7° Les Bibles de Hutter. — Élie Hutter, ancien professeurd’hébreu de l’électeur de Saxe et imprimeur àNuremberg, avait la passion des Polyglottes. Il en publiaplusieurs qui sont toutes imparfaites. — 1.Il avaitCommencé un Ancien Testament en six langues et enquatre éditions différentes. Le seul volume paru, in-f°, Nuremberg, 1599, comprend six textes en six colonnes.Sur la page de gauche, on trouve l’hébreu entre le targumet le grec, le tout d’après la Polyglotte d’Anvers; sur la page de droite, il y a la version allemande deLuther entre la Vulgate et une autre version récente, qui diffère selon les exemplaires, destinés à des nationsdifférentes. La sixième colonne, en effet, reproduit, oubien la version slavonne de l’édition de Wittemberg, ou bien la traduction française de Genève, ou bien laversion italienne de Genève, ou bien la version saxonnefaite sur la traduction allemande de Luther. Ce volumene dépasse pas le livre de Ruth. — 2. Un Psautier hébreu, grec, latin et allemand, in-8°, Nuremberg, 1602.

— 3. Un Nouveau Testament en douze langues, 2 in-f», Nuremberg, 1599. Les douze textes sont disposés sur sixcolonnes de la manière suivante: Au verso, dans lal re colonne, la version syriaque de l’édition de Trémélius, 1569 (l’auteur a suppléé les passages manquants ile récit de la femme adultère, le verset des témoins célestes, les quatre Épltres catholiques et l’Apocalypse, qu’il a traduits en syriaque d’après le grec), avec laversion italienne, de Bruccioli, 1526, l’une sous l’autre, verset par verset; dans la 2e colonne, un texte hébreuque l’éditeur avait fabriqué, imprimé en caractères dedeux sortes, et la traduction espagnole de CassiodoreReina, 1569; dans la 3e, le grec et la version françaisede Genève, de 1588. Au recto, la l re colonne contientla Vulgate et la version anglaise de 1562, la 2e, la versionde Luther et la traduction danoise de 1589, et la3e, la version bohémienne de 1693 et la version polonaisede 1596. Hutter reproduisit l’Épître aux Laodicéensqu’il avait lui-même traduite en grec sur le texte latin.Cette œuvre n’a’aucun caractère scientifique, et rien

n’égale l’audace et l’arbitraire avec lesquels l’éditeurconstitue ses textes. Pour le grec du Nouveau Testament, il n’a pas tenu compte des règles critiques, mêlantles leçons anciennes à sa guise et en fabriquantimpudemment en conformité avec les doctrines luthériennes.Ed. Reuss, Bibliotheca N. T. grseci, p. 105106. — 4. Un autre Nouveau Testament en quatre langues: hébreu, grec, latin et allemand, emprunté auprécédent sans grandes modifications, in-4°, Nuremberg, 1602. On en fit un nouveau titre en 1615, pourreprésenter une soi-disant édition d’Amsterdam, chezJ. Walschært. Ed..Reuss, op. cit., p. 106. — 5. Huttera édité aussi quelques prophéties et les quatre Évan-, giles en douze langues.

8° La Polyglotte de Reineccius ou de Leipzig. —Chr. Reineccius, curé de Weissenfels, prépara unenouvelle Polyglotte en quatre langues, qui parut àdeux époques assez éloignées l’une de l’autre. Le NouveauTestament fut édité, in-f°, à Leipzig, en 1713, sous ce titre: Biblia sacra quadrilinguia N. T. À lasuite d’une préface de Reineccius et de prolégomènesen allemand, tirés de Luther, les textes sont impriméssur cinq colonnes parallèles. Sur la page de gauche, se trouve le texte grec entre la version syriaque et unetraduction en néo-grec; sur la page de droite, on lit laversion latine de Sébastien Schmid et la version allemandede Luther. Les passages parallèles sont indiquésà la marge extérieure; des variantes grecques et allemandes, celles-ci prises à la première édition de Lutheravec des notes marginales de Luther et des annotationsde Reineccius, sont au bas de la page. Enappendice, se trouvent des additions critiques et exégétiquesde diverse nature. Le texte grec, qui ressemblesouvent à celui de Pritius, mêle les leçons de RobertEstienne et des Elzévier. Il a été souvent réédité à part.Ed. Reuss, op. cit., p. 157-159. L’impression de l’AncienTestament était déjà commencée en 1713, maiselle subit de longs retards. Quand elle fut fort avancée, en 1747, l’imprimeur fit un nouveau titre au NouveauTestament, et enfin, trois et quatre ans plus tard, en1750 et 1751, parut l’Ancien Testament en 2 in-f°. Cesvolumes contiennent le texte hébreu, le texte grec desSeptante, la version latine de Schmid et la versionallemande de Luther.

IV. Projet d’une nouvelle Polyglotte par RichardSimon. — En 1678, dans son Histoire critique du VieuxTestament, édit. de Rotterdam, 1685, p. 521-522, RichardSimon avait esquissé le projet d’une nouvellePolyglotte, qui ne serait qu’un abrégé de la Polyglottede Londres. Au lieu d’imprimer, dans des volumeslourds, difficiles à manier et chers, toutes les anciennesversions, il ne reproduirait que les variantes de cellesqui sont dérivées. Par conséquent, la nouvelle Polyglottene devait être composée que de trois textescomplets: ^ le texte hébreu, la version des Septante etla Vulgate latine. Le P. Simon avait d’abord pensé yjoindre l’Jtala d’après l’édition de Flaminius Nobilius.Il ne voulait éditer ni le Pentateuque samaritain, ni la version samaritaine, ni les targums; leurs variantesauraient seulement été indiquées à la marge enface de l’hébreu. Les autres targums, qui sont plutôtdes commentaires que des versions, pourraient êtrenégligés, sauf à noter à a marge leurs leçons propres.Quant aux autres versions, leurs variantes seraientsignalées en face de l’hébreu pour celles qui dériventde ce texte, ou en face des Septante pour celles qui ensuivent le texte. De celles qui sont mixtes, comme laversion syriaque remaniée d’après les Septante, on nenoterait que les leçons vraiment spéciales. Les varianteslatines accompagneraient aussi la Bible clémentine.Retiré à Dieppe, dès 1681, Simon avait préparé l’AncfenTestament conformément à ce plan. Il avait prisun exemplaire de la Polyglotte de Walton, et au moyen

de bandes de papier collées, H avait couvert ce qu’ilvoulait omettre, et écrit ce qu’il désirait ajouter ousubstituer. En 1684, sous forme de lettre adressée àAmbroise par Origène, il développait son projet: NovnrumBibliorwn polyglottorum synopsis, in-8°, Utrecht, datée du 20 août 1684. Il aurait mis aussi aubas des pages les passages conservés des versionsd’Aquila et de Symmaque et différents des Septante.Dans une réponse d’Ambroise à Origène: Ambrosii adOrigenem epistola de novis Bibliis polyglottis, datéedu 1 er décembre 1684, in-8°, Utrecht, 1685, il annonceque sa Polyglotte serait heureusem*nt complétée par, un dictionnaire et une grammaire hébraïque, dont ildressait le plan. Cf. Bayle, Nouvelles de la Républiquedes lettres, octobre 1684, art. 13, t. i, p. 153-155; janvier1685, art. 9, t. î, p. 209-211; Journal des Sçavans, 30 juillet 1685. Voir aussi R. Simon, Réponse de PierreAmbrun, ministre du saint Évangile, à l’Histoire critiquedu Vieux Testament, Rotterdam, 1685, p. 48.Ce projet fut loué par Le Clerc et blâmé par Jurieu.Au premier, qui sous le pseudonyme de CristobulusHierapolitanus, écrivit à Origène une longue lettrelatine, datée du 4 novembre 1684, publiée partiellementpar R. Simon, Réponse au livre intitulé; Sentimensde quelques théologiens de Hollande sur l’Histoirecritique du Vieux Testament, Rotterdam, 1686, p. 2-5, et intégralement par Le Clerc, Défense des Sentimens, etc., 1686, p. 421 sq., Simon demanda desconseils et des renseignements dans un billet en flamand, traduit en français dans la Réponse au livre, etc., p. 5-6. Jurieu, de son côté, avait attaqué le projet deSimon dans son livre sur V Accomplissem*nt des prophéties.Simon répliqua violemment. Réponse à laDéfense des Sentimens, etc., Rotterdam, 1687, p. 194198. Il continua la préparation de cette Polyglotte, quidevait être complète en un seul volume. Si elle n’a pasété imprimée, ce ne fut pas, comme l’a dit le Père Lelong, parce qu’aucun imprimeur n’a voulu en faire ladépense; ce fut seulement parce qu’il ne s’en trouvaaucun assez habile pour imprimer un ouvrage qui exigeait, sur la même page, tant de caractères différents.La première feuille fut imprimée; elle fourmillait detant de fautes qu’il fut impossible de les corriger. R.Simon, Critique de la Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, Paris, 1730, t. ii, p. 449-450. Quand R. Simonécrivait ce dernier ouvrage, la meilleure partie dela copie de sa polyglotte était prête. Son travail passa, après sa mort, à la bibliothèque du chapitre cathedra! de Rouen, à qui il avait légué ses manuscrits, L. Batterel, Mémoires domestiques pour servir à l’histoirede l’Oratoire, édit. Ingold et Bonnardet, Paris, 1905, t. iv, p. 273-275; Saas, Notice des manuscrits de la bibliothèquede l’Église métropolitaine de Rouen, in-12, Rouen, 1746, p. 41 sq.; A. Bernus, Richard Simonet son Histoire critique du Vieux Testament, Lausanne, 1869, p. 29, 107. Le manuscrit dont des parties manquaientdéjà en 1746, ne se trouve pas à la bibliothèquemunicipale de Rouen, qui a hérité des autres manuscritsde Richard Simon.

V. Polyglottes manuelles publiées au xix» et auXXe siècle. — 1° La Polyglotte de Bagster. — L’éditeuranglais Bagster a donné au public: Biblia sacraPolyglotta textus archetypos versionesque prsecipuasab Ecclesia antiquitus receptas necnon versiones recentiores, 2 in-f°, Londres, 1831. Après des prolégomènesdus à S. Lee, cette Polyglotte reproduit en petit*caractères l’hébreu de Vander Hooght, le Pentateuquesamaritain de Kennicott, les Septante, la Vulgate, laPeschito, le texte grec du Nouveau Testament (éditionde Mill), les traductions, allemande de Luther, italiennedeDiodati, française d’Osterwald, espagnole de Scio etla version anglaise dite autorisée. Elle a été rééditéesous ce titre: Bagsler’s Polyglot Bible in eight languages, 2 in-f", Londres, 1874. Elle ne comprend queles livres protocanoniques. Bagster a aussi publié: Hexapla Psalter, in-4°, 1843, contenant les Psaumesen hébreu, en grec, en latin, Psalterium l.ebraicum etgallicanum, de saint Jérôme et deux divisions anglaises.

2° La Polyglotte de Stier et de Theile. — Stier etTheile ont publié une Polyglotte manuelle: Polyglotten-Bibelzum praktischen Handgebrauch, 4 in-8° en6 parties, Bielefeld, 1846-1855. Elle contient, pourl’AncienTestament, l’hébreu, les Septante, la Vulgate et laversion allemande de Luther, et pour le Nouveau, legrec, avec quelques variantes, le latin et l’allemand.Elle a eu plusieurs éditions dont la dernière date de1890. Dans les trois premières qui ont été stéréotypées, la quatrième colonne, pour le Nouveau Testament, estremplie de variantes de diverses traductions allemandes.Dans la quatrième (1855) et la cinquième (1858), cettecolonne est occupée par une version anglaise. Dansl’édition de 1875, on a ajouté en appendice les principalesvariantes du Sinaiticus. Sur la constitution dutexte grec du Nouveau Testament, voir Éd. Reuss, BibliothecaN. T. grxci, p. 265. Ce texte diffère peu dutexte reçu. L’hébreu, revu par Bôckel et Landschreiber, n’est pas très bon. Les deutérocanoniques manquent.

3° Biblia tetraglotta de Bunsen, 1859, sous la directionde Lagarde, est demeurée à l’état de projet.

4° Ed. de Levante a publié une Hexaglotte et uneTriglotte: Hexaglott Bible, comprising the holy Scripturesof the Oldand New Testament, &m-¥, Londres, 1876, qui contient l’hébreu, les Septante, la version syriaquedu Nouveau Testament, la Vulgate, la versionanglaise autorisée, une version allemande et une versionfrançaise; Biblia Triglotta continens Scripturassacras Veteris et Novi Testamenti, 2 in-4°, Londres, 1890, qui est un extrait de l’Hexaglotte et qui contient, pour l’Ancien Testament, l’hébreu, les Septante et laVulgate, pour le Nouveau, le grec, la Peschito et laVulgate. Les livres deutérocanoniques en sont absents.

5° M. Vigouroux a entrepris la publication d’une Polyglottecatholique et française: La sainte Bible Polyglottecontenant le texte hébreu original, le texte grecdes Septante, le texte latin de la Vulgate et la traductionfrançaise de M. l’abbé Glaire, avec les différencesde l’hébreu, des Septante et de la Vulgate, des introductions, des notes, des cartes et des illustrations.Elle formera 8 in-8° dont six, contenant toutl’Ancien Testament, et le septième comprenant les Evangileset les Actes, ont déjà paru, Paris, 1898-1908. Lestextes sont disposés sur quatre colonnes, avec notes etvariantes au bas des pages. Le texte hébreu a été em-’prunté à l’édition stéréotypée de Stier et de Theile (textede Van der Hcoght, revu par Hahn et Theile). Le textedes Septante est celui de l’édition romaine de 1587, avecquelques additions tirées de la Polyglotte d’Alcala. Dessignes, introduits dans le texte, indiquent les lacunes, les additions et les divergences les plus notables relativementà l’hébreu. Au bas de la colonne sont les principalesvariantes de YAlexandrinus, du Sinaiticus, del’Ephrœmiticus, etc. La Vulgate clémentine est conformeà la réimpression officielle, faite à Turin en 1881. Latraduction française de Glaire est accompagnée de notes.A partir du t. ii, les variantes grecques sont plus nombreuses, on trouve en plus celles de YAmbrosianus etdu Parisinus, n. 8, du Coislinianus VIII pour Tobie, du Marchalianus pour les prophètes; un double textegrec pour certains passages de Tobie et de Judith, avecles variantes pour le reste de Tobie et pour Esther; lesparties, récemment retrouvées, du texte hébreu de l’Ecclésiastique.Les Épitres et l’Apocalypse seront contenuesdans le t. vm.

6° Indiquons enfin quelques Polyglottes partielles: Tischendorf, Novum Testamentum triglottum, in-8°, Leipzig, 1854; 2e édit., ibid-, 1865, a publié le texte

grec avec des variantes, la revision de saint Jérômed’après les manuscrits avec les leçons diftérentes delàVuîgate clémentine et la version allemande de Luther, revue sur les premières éditions; Hexaglott Bible deCohn, 1856-1859, jusqu’aux Nombres; 1868, tout lePentateuque; Hexaglot Pentateuch de Robert Young, Edimbourg, 1851: textes samaritain, chaldéen, syriaque «t arabe des cinq premiers chapitres de la Genèse; Parabola’de seminatore ex Evangelio Matthœi, inlxxii Europeas linguas ac dialectos versa, ac Bomanischaracteribus expressa, Londres, 1857 (édition privéedu prince L.-C. Bonaparte).

Sur ^es PoYy glottes, ovr Richard Simon, Histoirecritique du Vieux Testament, in-8°, Rotterdam, 1685, p. 514-522; P. Lelong, Discours historique sur lesprincipales éditions des Bibles polyglottes, in-12, Paris, 1713; Id., Bibliotheca sacra, in-fol., Paris, 1723, t. i, p. 1-47; dom Cathelinot, Bibliothèque sacrée, part. III, a. 1, dans le Dictionnaire de la Bible de domCalmet, Paris, 1730, t. iv, p. 297-302; G. Outhuys, Geschiedkundig verslàg der voornaamste uitgavenvanhet Biblia Polyglolta, in-8°, FraneJser, 1822; Brunet, Manuel dulibraire, Paris, 1860, t. i, col. 849-854; En^cyclopédie des sciences religieuses de F. Lichtenberger, t. x, p. 676 sq. (art. Polyglottes de S. Berger); F. Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., Paris, 1906, t. i, p. 260-264; Ch. Trochon, Introduction générale, Paris, 1886, t. i, p. 449-455; R. Cornely, Introductio generalis, 2e édit., Paris, 1894, p. 527-532; Bealencyclopâdie furprolestanlische Théologie und Kirche, t.xv, p. 528-535.

E. Mangenot.

    1. POLYPE##

POLYPE, zoophyte à longs filaments mobiles. VoirCorail, t. ii, col. 955.

POIMARIUS. Voir Baumgarten 2, t. i, col. 1518.

1. POMME. Voir Pommier.

2. POMME DE SODOME. Voir JÉRICHO, t. III, col. 1291 et fig. 226, col. 1290.

    1. POMMIER##

POMMIER (hébreu: fappûah; Septante: u^Xov; Vulgate: malum), arbre fruitier de Palestine.

I. Description. — Cet arbre a donné son nom à unetribu de Rosacées dont il est le type, les Pomacées, à

120. — Malus communis.

fruit comprenant, " outre les carpelles soudés à soncentre, une enveloppe charnue formée en partie par leréceptacle ou le tube du calice. Son sommet porte unedépression ouœii limité par les sépales ou par l’a tracede leurs cicatrices. Bans les vrais Malus chacune des5 loges de l’ovaire renferme seulement deux ovules, alors qu’ils sont nombreux dans les Cognassiers. Autour de la graine ou pépin l’endocarpe est cartilagineuxau lieu d’être osseux comme dans les Néfliers, ou totalement charnus comme dans les Poiriers. Enfinle pédoncule s’insère dans une cavité basilaire de cefruit qui est ainsi ombiliqué, avec une forme généralementdéprimée.

Les Pommiers sont originaires de toute la régionsilvatique de l’Ancien Monde. Mais l’espèce la plus répandueen Europe à l’état spontané, le Malus acerba tsemble manquer dans la région orientale, où l’on netrouve que le M. Communis (6g. 120) [M. mitis deWallroth) caractérisé par ses feuilles cotonneusesen dessous, ainsi que les sépales. Ces deux types croisésentre eux et améliorés par la culture ont donnénaissance à toutes les nombreuses races de nos ">vergers, F. Hy.

IL Exégèse. — Le fappûah se présente plusieursfoisdans la Bible, trois fois comme arbre, Cant., ii, 3; vin, 5; Joël, 1, 12, et trois fois comme fruit de cetarbre, Cant., ii, 5; vii, 9 (Vulgate, 8); Prov., xxv, 11. Ce mot serencontre aussi comme nom de ville, fappûah, Jos., xii, 17; xv, 34; xvi, 8; xvii, 8, ou sous la forme Bel fappûah, Jos., xv, 53. Dans les textes cités, le fappûah estun arbre à l’ombre duquel on peut se reposer, Cant. ir, 3; viii, 5; un arbre rangé à côté du figuier, du grenadier, du palmier, de ces arbres cultivés qui se dessèchentau jour des calamités. Joël., i, 12. Son fruit estdoux à la bouche, Cant., ii, 3; et répand une suaveodeur (d’où lui vient son nom, racine nafah). Cant., vii, 9. Ce fruit réconforte et rafraîchit. Cant., ii, 5. Cesdifférents caractères conviennent bien au pommier, qu’on rencontre en Palestine dans les vergers, près deshabitations, et dont le fruit est toujours très appréciépour son goût et son odeur. D’autre part les Septanteet la Vulgate ont toujours traduit par jiîiXov oamalum.

L’arabe _UL>, tiffah, qui évidemment rappelle étroitementle fappûah hébreu, signifie toujours la pomme, et rien que la pomme. Pour désigner un autre fruit, il faut ajouter une épithète, par exemple, tifjâh arminy, pomme d’Arménie, l’abricot; liffahparsy, pommede Perse, la pêche; tiffah mahi, pomme de Mah, lrcitron. Du reste les abricotiers et les pêchers ne fureatimplantés qu’assez tard en Palestine, sous la dominationgrecque. Or certainement, d’après Joël, i, 12, etles noms de lieux chananéens où entre le tappûah, cetarbre était connu en Palestine beaucoup plus anciennement.Le pommier avait été importé en Egypte àune époque reculée, et probablement du pays de Cha-.naan. Ramsès II fit planter des pommiers dans sesjardins du Delta. V. Loret, Recherches sur plusieursplantes connues des anciens Égyptiens, V. le Pommier, dans Recueil de travaux relatifs à la philologieet archéologie égyptiennes, t. vii, p. 113. Ramsès111, pour les offrandes journalières des prêtres deThèbes, leur fit présent de 848 paniers de pommes.La culture de cet arbre était alors très répandue enEgypte et encore maintenant on le rencontre aux environsde Miniéh. V. Loret, La flore pharaonique, 2e édit., p. 83. Le nom égyptien d’aillleurs a probablement étéemprunté aux peuples de Syrie en même temps quel’arbre et il rappelle le fappûah hébreu et le fiffah.

arabe: 8 4, Dapih, pommier, et f i i i < Dapih,

pomme, nom qui est devenu xeiïHf» ou -XHiieg, ûjepeh en copte; et dans les anciens lexiques copticoarabes, ce mot est rendu par tiffah, f*îjXov. La traductionfappûah, «pomme, pommier,» paraît donc bienétablie; et il n’y a pas de raison de chercher une autreidentification, lorsque toutes sont sujettes à plusde difficultés. Aussi la tappûafy n’est pas l’abricotcomme le veut H. Tristram, The natural History ofthe Bible, 8e édit., in-8°, Londres, 1889, p. 335; ce

fruit est du reste d’importation plus récente, et nerépond pas parfaitement aux caractères du tappûah.Cf. t. i, col. 91. Ce n’est pas davantage le coing, commele voudraient 0. Celsius, Hierobotanicon, in-12, Amsterdam.1848, p. 254, 267 et E. F. K. Rosenmûller, Handbuchder biblischen Alterthumskunde, t. iv, p. 308312, cf. t. ii, col. 826: ce fruit acerbe et acide au goûtne répond pas parfaitement à la description du tappûahdans les textes bibliques. C’est encore moins l’orange, qui ne fut connue dans la région méditerranéenne quepostérieurement à l’ère chrétienne. Bien que plus anciennementeonnus en Palestine, le cédratier et le citronnierne paraissent avoir été importés qu’à l’époquede la captivité de Babylone; du reste leurs qualités nepermettent guère de les identifier avec le tappûal.ibiblique. Cf. t. ii, col. 374, 793. Reste donc le pommier, comme l’arbre le plus anciennement connu(même avant l’introduction des Hébreux en Palestine)de tous ceux qu’on veut identifier au tappûah et sonfruit a bien les caractères marqués dans les textes.

On peut cependant mettre à part le (appùah desProverbes, xxv, 11.

Comme des pommes d’or sur des ciselures d’argentAinsi une parole dite à propos.

L’épithète d’or pourrait changer la signification etmarquer qu’il ne s’agit pas d’un simple tappûah, maisd’un fruit qui lui ressemble, aux couleurs plus dorées, par exemple le citron, le cédrat, l’orange. Il n’est pasnécessaire alors que les caractères du (appûah ordinairelui conviennent. Mais reste la difficulté de l’époquetardive pour l’introduction de ces plantes en Palestinesurtout relativement à l’oranger. Il est vrai qu’il n’estpas nécessaire alors d’admettre que les arbres eux-mêmesy aient été transplantés, il peut s’agir de lasimple importation du fruit. Il faut dire aussi quedans ce (appûah d’or on peut encore voir la pomme.

E. Levesque.

    1. PONCE##

PONCE (grec: IIôvtio; ; Vulgate: Pontius), nom defamille de Pilate, qui le rattache par origine ou paradoption â la gens Pontia, très connue dans l’histoireromaine. Matth., xxvii, 2; Luc, iii, 1; Act., iv, 27; I Tim., vi, 13. Voir Pilate, col. 429.

PONCTUATION HÉBRAÏQUE. - I. Sa natureet ses différentes espèces. — On traitera, sous cenom, de l’ensemble des points ou signes que les anciensrabbinsont inventés pour transmettre d’une manièreplus certaine la prononciation du texte hébreu de laBible, et aussi pour aider à mieux comprendre le sensdes Saints Livres, en indiquant les relations des motsentre eux. Ayant cette invention, les consonnes étaientseules tracées sur les manuscrits; il fallait donc posséderune connaissance parfaite de la langue hébraïquepour lire aisément le texte sacré et pour suppléer exactementles voyelles. Lorsque l’hébreu fut devenu unelangue morte, on sentit peu à peu le besoin de facilitercette lecture, et aussi de fixer la signification d’ungrand nombre de mots, en joignant aax consonnes dessignes qui représenteraient soit les voyelles, soit laponctuation. Ceux qni ont créé ce système très complexe, composé de signes multiples, n’ont pas touchéau texte même de la Bible, tel qu’il s’était transmisavant eux de génération en génération. Ils n’ont rienchangé aux consonnes, qui, jusqu’alors, avaient étéseules reproduites par l’écriture: tous les signes nouveauxont été insérés soit dans l’intérieur des lettresprimitives, soit au-dessus d’elles, soit au-dessous, soit àcôté, parfois aussi dans la ligne même, entre les mots.

Ces signes sont de plusieurs sortes. On distingue: 1° ceux qui sont destinés à marquer les voyelles, lespoints-voyelles, comme on disait autrefois, ainsinommés parce que beaucoup d’entre eux — c’était

même le cas pour la plupart, à l’origine — consistenten un ou plusieurs points groupés de différentes manières: par exemple, Itéré, oue long, ~. Les anciensgrammairiens juifs les appelaient pour ce motif niqqûd, de la racine niqqêd, ponctuer; par conséquent, ponctuation.De là vint aussi, pour leurs inventeurs, le nomde punetatores, ponctuateurs. — 2° Il existe une autresérie de signes, qui servent à des fins diverses, et qu’ondésigne parfois en général par le nom de points diacritiques.Ce sont: — a) le daguesch, point dans l’intérieurde la lettre, pour montrer que celle-ci doit êtreredoublée ou fortifiée dans la prononciation; — b) lepoint qui sert à différencier le Sîra, w, d’avec le sîn, ïr, suivant qu’il est placé à droite ou à gauche de la lettre;

— c) le ràphêh, trait horizontal qu’on met au-dessousd’une consonne, pour marquer qu’elle n’a pas le sonfort; — d) le mappîq, semblable au daguesch, mais quine se place guère que dans le hé final, ii, pour indiquerque cette lettre doit alors se prononcer commeun h aspiré; — e) les signes 2. ou *, puncla extraordinariaqu’on rencontre fréquemment à travers letexte biblique original et qui correspondent à des notesplacées soit au bas de la page, soit eu marge, lesquellesmarquent le qerî et le hefîb. — 3° Il y a enfinles signes qui représentent la ponctuation proprementdite. Comme il a été déjà traité, t. iii, col. 467-469, 504-507, des signes relatifs à la vocalisation, c’est-à-direde ceux qui ont été mentionnés au 1° et au 2°, il nesera question ici que de la ponctuation dans le sensstrict de l’expression.

II. La ponctuation hébraïque proprement dite etses divers BUTS. — Ici encore, il est nécessaire d’établirune distinction, car les signes ou accents spéciauxdont nous allons parler servent tout à la fois à troisfins différentes. — a) Pour la lecture ordinaire, ilsmarquent l’accent tonique, c’est-à-dire la syllabe quidoit être mise en relief dans la prononciation. C’esttoujours la dernière ou l’avant-dernière, le plus souventla dernière. Voir t. iii, col. 472. — 6) Pour la lecturemodulée de la Bible, cantillalio, telle qu’elle alieu dans les synagogues, ces accents indiquent les élévationset les chutes de la voix, chacun d’eux équivalantà une sorte de neume, qui se compose de plusieursnotes de musique toujours les mêmes. — c) Ils marquentenfin la ponctuation des phrases, sujet que nousavons seul à traiter ici. En hébreu, les accents, en tantqu’ils servent à cette fin, portent le nom expressif deta’am, «goût,» au pluriel te’àrtiim, parce qu’ils donnentpour ainsi dire du goût à la phrase.

III. Origine des accents destinés a la ponctuationen hébreu. — Ce système de signes, avec les régiesmultiples qui le dirigent, suppose, comme celui de lavocalisation auquel il se rattache de très près, un travailde longue haleine. De nombreux savants israélites yprirent part, car il se prolongea pendant plusieurssiècles. — Au moyen âge, les Juifs croyaient généralementque l’accentuation et la vocalisation du textehébreu de la Bible remontaient jusqu’à Esdras et à cequ’on appelait la «Grande Synagogue». Cette opinionavait encore des adhérents au xvii c siècle, parmi leshébraïsants chrétiens, comme on le voit parla discussiontrès vive qui eut lieu sur ce point entre Louis Cappel, qui la rejetait, et les deux Buxtorf, qui l’acceptaient.Voir t. i, col. 1982, t. ii, col. 219; j. Schnedermann, Die Controverse des Ludovicus Cappellus mil denBuxtorfen ûber die hebr. Punctation, in-8°, Leipzig, 1879. Quelques rabbins allaient même jusqu’à affirmerque les accents avaient été introduits par les prophètesde l’exil, et qu’ils portaient ainsi le sceau de l’inspirationdivine. Bien plus, plusieurs d’entre eux, entreautres Judas Hadassi, l’un des chefs de l’école caraïte, supposaient que les tables de la Loi, lorsque Moïse lesreçut au sommet de Sinaï, auraient été munies de

points-voyelles et d’accents. "Voir H. Gràtz, Geschichteder Juden von den âlteslen Zeiten bis auf die Gegenwart, t. v, p. 503. Au xvi «siècle, le savant juif EliasLevita protesta de toutes ses forces contre ces théories; Louis Gappel fit de même cent ans après.

On ne saurait dire avec certitude si la vocalisationet l’accentuation du texte sacré, c’est-à-dire l’inventiondes points-voyelles et celle des accents destinés àmarquer la ponctuation, furent contemporaines. Celleciest peut-être un peu moins ancienne que celle-là.Le grammairien juif Ben-Ascher, dans son traité Dikdukéha-Teamîm, réédité en 1879 par Bær etStrack, ꝟ. 9, faiten prose riniée l’éloge de la ponctuation biblique et mentionneles «points sans nombre» dont elle se composait, mais sans dire à quelle époque il en fixait l’origine.Il est certain du moins, et communément admis de nosjours, que la ponctuation hébraïque proprement diteest plus récente que saint Jérôme († 420), et que leTalmud, achevé vers l’an 500 après Jésus-Christ. Eneffet, ni l’un ni l’autre ne la connaissent encore, ainsiqu’on l’a démontré par des arguments irréfutables.Voir la dissertation de H. Hupfeld, dans les TheologischeStudien und Kritihen. 1830, p. 549-590, 785-810.Le traité Soferim, iii, 7, où il est parlé pour la premièrefois de points destinés à marquer la séparation desversets, est postérieur au Talmud.

C’est probablement au vie siècle de notre ère qu’ilfaut placer les débuts du système de la vocalisation etde.la ponctuation hébraïques. Il se développa lentement, car il ne semble avoir été complet qu’au milieudu viil" siècle. Voir The Jewish Encyclopedia, in-4°, NewYork, t. x, 1905, p. 269. Les plus anciens manuscrits, qui datent du ix 9 et du x° siècle, sont pourvusd’accents; il en est de même, jusqu’à un certain point, des fragments hébreux de l’Ecclésiastique, récemmentdécouverts en Egypte. Cf. la Revue des Éludes juives, Paris, t. SL, n. 79, année 1900, p. 1-36; A. E. Cowley etA. Neubauer, The original Hebrew ofa Portion of Ecclesiasticus, in-f", Oxford, 1897.

D’après une hypothèse ingénieuse, mais peu vraisemblable, de M. Joseph Derenbourg, dans la Revuecritique, nouvelle série, t. vii, 1879, p. 453-461, le systèmede la ponctuation hébraïque se serait élaboré toutentier dans les écoles primaires juives, à l’époque indiquéeplus haut, et serait l’œuvre des maîtres d’école, qui auraient inventé ces divers signes pour faciliteraux enfants la lecture du texte hébreu de la Bible. Cesystème a une origine plus scientifique. Les hébraïsantss’accordent de plus en plus pour le rattacher àcelui des Syriens, inventé dès la fin du ve siècle, aveclequel il présente de grandes analogies, et dont il provientau moins en partie. Voir P, Martin, Histoire dela ponctuation et de la Massora chez les Syriens, in-8°, Paris, 1875, dans le Journal asiatique, 7e série, t. v, p. 81-208; A. Wright, À short History of Syriac Literature, in-8°, Londres, 1894, p. 115-116. Les Syriensavaient eux-mêmes emprunté leurs accents aux Grecs.D’après une autre théorie, dont H. Prcetorius s’est faitl’ardent et savant défenseur, dans son livre Die Herkunftderhebràischenvccente, in-8°, Berlin, 1901, la plupartdes accents hébreux auraient pour modèles directsla ponctuation et la neumation des Évangéliaires grecs.

En toute hypothèse, le système emprunté, soit grec, soit syrien, ne fut pas adopté tel quel, mais remaniéet considérablement développé par les écoles juives deBabylonie et de Palestine, qui prirent en main, de trèsbonne heure, la vocalisation et la ponctuation du textebiblique. Il existait des divergences assez grandes entreles signes adoptés par les écoles orientales et les écolesoccidentales (celles de Palestine). Voir Babyloniens(Petropolitanus Codex) et le fac-similé, fig. 409, t. i, col. 1359. Nos éditions imprimées contiennent l’accentuationpalestinienne. — Les massorètes veillèrent sur

les signes des voyelles et des accents, avec le même soinreligieux et méticuleux que sur les consonnes, commeon le voit par les notes nombreuses des éditions critiquesdelà Bible hébraïque publiées par S. Bær etFrz.Delitzsch, in-8°, Leipzig, 1869-1896, et par R. Kittel, in-8°, Leipzig, 1905-1906.

IV. Importance du verset dans la ponctuationhébraïque. — Cette ponctuation a pour but principal, eneffet, de déterminer les rapports réciproques des motset des propositions, non pas précisément dans une mêmephrase, comme c’est le cas pour nos langues européennes, mais dans un même verset. D’où il suit que leverset joue un rôle essentiel dans cette sorte d’accentuation, car c’est par rapport à lui qu’elle est invariablementdéterminée. Les punctatores ont donc commencépar séparer les versets tant bien que mal, d’après lesens, s’efforçant d’en faire un tout à peu près complet.Ils l’ont ensuite divisé en deux parties, qui ne sont pasnécessairement égales. Chacune de ces parties a été àson tour subdivisée en deux sections plus petites, et ainside suite, jusqu’à ce qu’on eût atteint des groupesminuscules et inséparables de mots. Ainsi donc, sousle rapport de la ponctuation, chaque verset biblique —et notons de nouveau qu’il ne forme pas toujours niobligatoirement une phrase complète — est considéré, d’après le langage imagé des anciens grammairiens, comme un territoire, ditio, qui est dominé par le doublepoint final (voir plus bas), et que d’autres accents, devaleur décroissante, coupent de façon à former d’autrespetit* domaines secondaires, selon qu’il est plus oumoins long.

Nous aussi, nous avons des signes disjonctifs, quipartagent la phrase en ses différents membres; mais, tandis qu’il nous suffit d’en posséder quatre, le point, les deux points, le point et virgule, la simple virgule

— nous laissons de côté le point d’interrogation, lepoint d’exclamation et la parenthèse, qui manquent totalementen hébreu — on en rencontre près de trentedans l’ensemble de la Bible hébraïque, sans parler dusystème de ponctuation qui est propre à quelques livrespoétiques. Voir col. 535. Et non contents de séparerainsi par le menu les propositions et les mots, au moyende signes divers, les ponctualeurs en ont inventé uneseconde classe, qui, à une exception près, le traitd’union, fait complètement défaut dans les langues indogermaniques: il s’agit des accents conjonctifs, asseznombreux aussi, qui sont destinés à unir entre euxcertains mots d’une manière plus étroite. En somme, il n’est pas un seul mot hébreu qui ne soit muni d’unaccent quelconque, lequel le sépare du mot précédentou l’y rattache. — Parmi les accents qui servent à laponctuation, les uns sont placés sur la première consonnedu mot, les autres sur la dernière; pour ce motif, on donne aux premiers le surnom de prépositifs, etaux seconds celui de postpositifs.

V. Désignation des signes de la ponctuation hébraïque.— On distingue, ainsi qu’il vient d’être dit, deux grandes catégories d’accents, servant à la ponctuationdans la Bible hébraïque: les distinctivi oudisjonctifs, appelés aussi domini, «maîtres», c’est-à-direprincipaux, à cause de leur importance considérable; les conjunclivi ou conjonctifs, qu’on appelait encoreservi, «serviteurs», subalternes, à cause de leurmoindre utilité. D’après la savante grammaire de Kônig, Lehrgebàude der hebràischen Sprache, 1881, t. i, p. 75-81, que nous avons prise pour guide principaldans l’énumération qui suit, on en compte jusqu’à 27.Leurs noms hébreux ou araméens se rapportent tantôtà leur forme, tantôt aux fonctions qu’ils remplissentsoit pour rendre plus aisée l’intelligence de la phrase, soit en vue de la canlillatio des synagogues. Nous n’enavons donné la traduction que lorsqu’elle est moralementcertaine, ou de quelque utilité.

Il y a d’abord les accents ordinaires, pu prosaïques, qui sont employés dans la plupart des livres de la Bible, écrits habituellement en simple prose; puis les accentspoétiques, qui forment un système particulier, réservépourles trois livres de Job, des Psaumes et des Proverbes, écrits en vers. Il paraît singulier, à première vue, quece système n’ait pas été adopté aussi pour le Cantiquedes cantiques; mais les rabbins ont rangé de bonneheure ce petit livre dans une catégorie spéciale. Depart et d’autre, nous trouverons la double classe desaccents disjonctifs et des accents conjonctifs.

A) Accents ordinaires ou prosaïques. — 1° Dans cegroupe, les signes disjonctifs de la ponctuation sontrangés sous quatre chefs distincts, dont les noms symboliques, relativement récents, marquent la valeur toujoursdécroissante. On distingue: — o) les imperatores, au nombre de deux seulement: 1° le sôf pâsûk, «fin du verset»,: , toujours précédé du sillûq, «cessation», T, qui l’annonce, placé qu’il est sous la syllabedu dernier mot du verset; 2° V’atnal}, a. respiration, pause», 7, situé habituellement vers le milieu du verset; — b) les reges, au nombre de cinq: 1° le zâqêfqâtôn ou petit zâqêf, X, dont le nom signifie «élévation»; 2° le zâqêf gâdôl ou grand zâqêf,-il; 3° le rebia-, «qui repose», ^.; 4° le segolfa’, «grappe», i; 5° le salsélet, «chaîne «, L; — c) les duces, au nombre de cinq: 1° le paStâ’, «inclinatio» Z; 2° le yetîb, «sessio»,

—; 3° le tifhâ’, (s. largeur de la main s, ~; 4° le (ebîr’, x’, 5° lezarqâ’, -; — d) les. comités au nombre de six: 1° legéreS, L; 2° le gersaïm ou gérés double, À; le legarmêh, 1; 4° le pâzêr, e; 5° le qarnépàrâh, «cornes de vache», îf; 6° le feliSâ’gedolâh ou grand felîsd’3., qui n’estemployé que seize fois dans la Bible.

Cela fait donc en tout, dans le système prosaïque, dix-huit accents disjonctifs. Les «empereurs» marquenttoujours la fin et habituellement le milieu duverset; les «rois» servent à diviser les deux sectionsainsi obtenues, lorsqu’elles ont une certaine étendue.Cf. Gen., i, 22, où la première moitié du verset, qui estfort courte, n’a aucun accent de cette espèce, tandisque la seconde en contient, parce qu’elle est pluslongue; le contraire a lieu au verset 24. Les «ducs» séparent les divers groupes de la phrase; parexemple, le sujet de ses attributs, le complément et lesmots qui en dépendent. Les «comtes» ont encore unrôle plus spécial, puisqu’ils séparent simplement lespetit* groupes de mots.

2° On compte d’ordinaire neuf accents prosaïquesconjonctifs. Ce sont: 1° le merkd’, «prolongement», 1; 2° le merkd’kefîilâ’ou double merkd’,-g-; 3° le mûnah, T, semblable au legarmêh; 4° le dargâ’, ~; 5° lernâhpâk, —; 6° le qadmâ’, appelé aussi’azld’, X; 7 «lefeUSâ’qetanndh ou petit telisâ’, X; 8° le gérah, nomméaussi galgal, 7, qui précède toujours le pâzêr gâdôlet qui, comme cet accent disjonctif, n’est employé queseize fois dans la Bible; 9° le ma’yelâ’, ~. Seuls, lesmots étroitement unis par le sens, comme le nominatifet le génitif qui en dépend, le substantif et l’adjectifqui lui sert d’épitbète, sont reliés l’un à l’autre parun acccent conjonctif.

B) Les accents dits poétiques sont en partie lesmêmes que les accents ordinaires, dont on vient deparcourir la liste, et ils en diffèrent en partie. La dissemblanceentre les deux systèmes d’accentuation serattache moins à la ponctuation proprement ditequ’aux modulations différentes de la voix, lorsque leslivres de Job, des Psaumes et des Proverbes sont luscomme partie intégrante du culte dans les synagogues.On en compte 20, qui se divisent aussi ep deux classesprincipales. — 1. Les accents disjonctifs sont: 1° lesillûq avec le sôf pâsûq,: et T, ’2° le’oleh veyôred, «montant et descendant», que l’on nomme aussimêrkâ’mâhpàk, ’parce que les deux signes dont il se

compose sont ceux qui représentent ces deux accents, j?; 3° V’afnâh, —, qui a une valeur moindre que dans lesystème ordinaire; 4° le rebîa’gâdôl ou grand rebîâ’, j.; 5° le rebîa’qdtôn ou petit rebîa, -, semblable auprécédent, mais formé d’un point plus petit; 6° lerebia’mugrâé, c’est-à-dire le rebiâ’précédé du gères,

; .1; 7 «le saUélet gedôlâh ou grand salsëlef, —; 8° le

%, arqâ’ou Hnnôr, -; 9° le dehi, auquel on donne encorele nom de tifhâ’initial ou prépositif, i; 10° le pâzêr, H.; i l >lemahpdklegarmêh, T; i { 2<>e’azlâ’legarmêh,! y.

— 2. Les accents conjonctifs sont: 1° le mêrkâ’, T; 2° leniûnâh, ~; 3° le’illûy ou mûnah supérieur, ±; 4° letarhd, identique au dehî non prépositif, ~; 5° le gérâhou galgal, 7; 6° le mahpâk, —; 7° le’azlâ’, J.; 8° leSalsélet qetanndh ou petit salsélet, _L.

C) Le maqqêf et le méteg. — À ces divers signes dela ponctuation hébraïque, il faut joindre le maqqêf etle méteg, qui s’y rattachent de très près. Le maqqêf, «lien», consiste en un gros trait horizontal, —, placéen haut de la ligne, entre deux ou plusieurs motsqu’il associe très étroitement, de sorte qu’ils sont censésne plus former qu’une seule expression. Par ex.: Dirt, kôl-âdâm, «tout homme»; ib-iï/N-bs-rN, ’e(-kôl~’âser-lô, «tout ce qui est à lui». Certaines particules, entreautres iw, signe de l’accusatif, bx, «vers»,

Sy, «sur», en sont presque toujours accompagnées.

Le maqqêf, faisant refluer l’accent tonique vers la findu mot qu’il sert à créer, modifie par là-même, en lesabrégeant, les voyelles des premières syllabes de cemot nouveau. — Le méteg, «frein», a la forme d’unpetit trait vertical, placé en bas de la ligne, T, et à lagauche d’une voyelle. Comme son nom l’indique, ilarrête l’attention du lecteur, qu’il avertit de ne pasglisser trop rapidement sur la syllabe ainsi notée. Ilmarque aussi un accent tonique secondaire. Il a parfoisune importance spéciale pour la prononciation decertaines voyelles; par exemple, pour distinguer a de 0, i long de i bref, etc.

VI. Quelques remarques sur ces divers accents. —1. Ce double système de ponctuation est, on le voit, assez compliqué, non seulement à cause du grandnombre des signes employés, mais encore parce queplusieurs de ces signes sont identiques, ou presqueidentiques entre eux, et aussi parce que, insérés àtravers les voyelles, ils rendent tout d’abord la lectureplus difficile. Heureusem*nt, il n’est pas nécessaired’en avoir une connaissance approfondie pourbien comprendre le texte original de l’Ancien Testament.Pour l’hébraïsant ordinaire, il suffit d’êtrefamiliarisé avec les accents principaux. Leur multiplicitémême montre, à elle seule, que plusieurs d’entreeux ne peuvent avoir qu’une infime valeur; souventils n’équivalent pas même au quart d’une de nos virgules.

2. Lorsqu’on étudie la ponctuation hébraïque dans ledétail, on est forcé d’admettre qu’elle est réellementingénieuse, tout en demeurant subtile et complexe.Le choix des accents, soit disjonctifs, soit conjonctifs, a été déterminé d’avance par les ponctuateurs et lesgrammairiens; tel accent conjonctif ne peut s’employerqu’avec tel accent disjonctif, à l’exclusion de tout autre, et réciproquement.

3. Si quelques-uns de ces signes ont la même formeou ressemblent à une voyelle — c’est le cas pour lerebia, qui est identique au cholem, c’est-à-dire à’o

— leurs inventeurs ont pris soin qu’on ne pût pasaisément les confondre. C’est ainsi que, dans le systèmeordinaire ou prosaïque, le paltâ, J_, est placé au-dessusde la consonne qui termine le mot, tandis quele qadmâ’, qui lui est identique, est mis sur la premièreconsonne de la syllabe accentuée. De même, leyetîb, ~, est placé à droiteet au-dessus de la première

consonne, tandis que le mahpâk, qui lui est entièrement semblable, est mis à gauche de la syllabe quiporte l’accent tonique, etc.

4. Les principaux signes de ponctuation entraînentsouvent des changements dans les voyelles auprèsdesquelles ils sont placés. Tantôt ils les allongent, tantôt ils les abrègent, suivant les circonstances. Lesgrammaires un peu complètes donnent les règles deces changements. — Il arrive çà et là que le mêmeaccent est employé plusieurs fois de suite dans unmembre de phrase. Cf. Gen., i, 20, dans la premièremoitié du verset. Il perd alors graduellement de saforce, au fur et à mesure qu’on avance dans la phrase.

VII. Utilité de ce système de ponctuation. — Elleest indéniable, car cet ensemble de signes a d’abordcontribué à fixer de bonne heure le sens traditionneldu texte original de l’Ancien Testament, en joignant eten séparant les mots d’une manière logique; puis, grâce à la vigilance minutieuse des massorètes, quin’ont pas moins surveillé la ponctuation que les consonnes et les voyelles, elle a servi aussi à maintenir cetexte dans une assez grande pureté. Le travail des ponctuateurs se conforme bien, d’ordinaire, à la signification naturelle de la parole divine. Il représente l’interprétation courante de la Bible hébraïque par les anciensJuifs, à l'époque où il fut accompli.

La ponctuation hébraïque parut, pendant longtemps, si excellente aux commentateurs israélites, qu’AbrahamAben Esra, au xiie siècle, alla jusqu'à édicter cette règle: «Aucune interprétation d’un passage biblique ne devrait être acceptée, si elle n’est pas conforme à l’accentuation.» Néanmoins, dans la pratique, presqueaucun exégète juif ne s’est conformé rigoureusem*nt àce principe, pas même Aben Esra; et ils ont eu raison, car le système a des imperfections manifestes, et il estévident que ses créateurs n’ont eu ni le désir, ni ledroit d’imposer des liens perpétuels à ceux qui devaient interpréter après eux les saintes Écritures. Unautre savant juif très illustre, Kimchi, a donc pu direen toute justesse, In Ose., xii 17: «En interprétantl'Écriture, nous ne sommes pas liés par les accents.» Il y a quelques endroits, cependant, où la ponctuationrabbinique est préférable à celle des Septante et de laVulgate; par exemple, au passage célèbre Is., xl, 3, où on lit, d’après l’accentuation de l’hébreu: «Unevoix crie: Dans le désert préparez le chemin du Seigneur;» d’après les Septante et notre version latineofficielle, comme aussi d’après les passages du NouveauTestament qui reproduisent ce texte, Matth., iii, 3; Marc, I, 3; Luc, iii, 4; Joa., i. 23: «Une voix criedans le désert: Préparez…»

VIII. Bibliographie. — 1° Dans les temps plus éloignés de nous. Le plus ancien traité que nous ayonssur la ponctuation hébraïque est celui du grammairienjuif Ben Ascher, qui vivait dans la première moitié duXe siècle; il a été réédité sous ce titre: Diqduqé haTeamim des Ben-Ascher von Tiberias, herausgegebenvon S. Bær und H. L. Strack, in-8°, Leipzig, 1879. Ona aussi, dans le même sens, J. Derenbourg, Manueldu Lecteur, traduction d’un traité arabe sur les accents et la Massora, in-8°, Paris, 1871; voir aussi Journal asiatique, juillet-décembre, 1870, VIe série, t. xvi, p. 309-550. — 2° Ouvrages spéciaux, contemporains: A. B. Davidson, Outlines of hebr. Accentuation, in-8°, Londres, 1861; A. Geiger, Zur Kakdanim (= Punktatoren) Literatur, dans la Jûdische Zeitschrift fur Wissenschaft und Leben, 1872, t. x, p. 10-35; L. Segond, Traité élémentaire des accents hébreux, in 8°, Genève, 2e édit., 1874; E. Kônig, Gedanke, Laut und Accent alsdie drei Faktoren der Sprachbildung, in-8°, Weimar, 1874; H. Strack, Beitrag zur Geschichte des hebràischen Bibeltextes, dans les Theolog. Studien und Kritiken, 1875, p. 736-747; M. Schwab, Des points-voyelles

dans les langues sémitiques, dans les Actes de la Société philologique, t. vii, in-8°, Paris, 1875; Frz. Delitzsch, Elementa accentuationis metricse, dans l’ouvrage Liber Psalmorum, textum massoreticum accuratissitne expressit… S. Bær, in-8°, Leipzig, 1880, p. vin-xii; S. Wejnkoop, Leges de accent, hebr. linguseascensione, in-8°, Leyde, 1881; H. Gràtz, Étude sur laponctuation hébraïque, dans la Monatschrift fur Geschichte und Wissenschaft des Judenthums, 1882, p. 389-409; W. Wickes, À treatise on hebr. Accentuation, in-8°, Oxford, 1881-1887, ouvrage très solide; Ilermann, Zur Geschichte des Streites liber die Entstehunyder hebràischen Punktation, in-8°, Ruhrort, 1885; A. Bùchler, Untersuchungen zur Entstehung undEnlwickelung der hebr. Accente, in-8°, Vienne, 1891; A. Ackermann, Das hernienéutische Elément in derbiblischen Accentuation, in-8°, Berlin, 1893; Nathan, Die Tonzeichen in der Bibel, in^8°, Hambourg, 1893; S. Bachrach, Das Alter der hebr. Vocalisation und Accentuation, in-8°, Varsovie, 1895; H. Grimme, Grundzùge der hebràischen Akzente und Vokallehre, in-8°, Fribourg (Suisse), 1896; J. M. Japhet, Die Accente derheiligen Schriften, in-8°, Francfort-sur-le-Mein, 1896; F. Prætorius, Ueber dem zuruckweichenden Accent imHebràischen, in-8°, Halle, 1897; Id., Die Herkunft derhebr. Accente, in-8°, Berlin, 1901; P. Kahle, Zur Geschichte der hebràischen Accente, dans la Zeitschriftder morgenlàndischen Gesellschaft, 1901, t. lv, p. 167194; The Jewish Encyclopedia, New-York, 1900-1905, t. i, au mot «Accents», p. 149-158, et t. x, au mot «Punctuation», p. 268-273. Voir aussi E.Kônig, Historisc/ikritischer Lehrgebàude der hebràischen Sprache, t. i, Leipzig, 1881, p. 52-90; t. ii, l re partie, Leipzig, 1895, p. 349-362. L. Fillion.

i. PONT (grec: llo-no; ), nom qui a désigné, à différentes époques de l’histoire, un territoire du nord-estde l’Asie Mineure, dont les limites ont beaucoup varié.Directement il représente la mer,-jiôvtq; , et en particulier la mer Noire, le Pont Euxin des anciens, Ilovto{ etfÇeivoç, «mer hospitalière.» Puis on l’employacomme une dénomination appliquée aux côtes sud-estde cette mer. Xénophon, Anabasis, V, vi, 15, est leplus ancien auteur qui en ait usé en ce sens. Ailleurs, nous apprenons que c’est une abréviation pour Ka-jiTiaêoxi’a t| itepi tô Eû'leivov, «la Cappadoce qui est prèsde l’Euxin,» Polybe, v, 43, ou K. tj-jipôç tw ittfv’rw, «laCappadoce qui est près de la mer.» Strabon, XII, i, 4.

I. Situation géographique. — À l’origine, le paysqui portait ce nom n'était donc qu’une bande de territoire qui s'étendait le long de la côte de l’Euxin, entrela Colcbide, à l’est, et le fleuve Halys, à l’ouest. Il faisaitpartie du vaste domaine de la Cappadoce, qui allait dela Cilicie au Pont Euxin. Sous la domination persane, il fut divisé en deux satrapies ou gouvernements, dontle plus septentrional, borné au nord par la mer et ausud par le mont Paryadrès, fut appelé, comme nousvenons de le voir, Cappadoce sur le Pont, puis simplement le Pont. Du côté de l’ouest, son territoire s’avançait davantage dans les terres. Les contrées limitrophesétaient: au sud-ouest, la Galatie; au sud la Cappadoceproprement dite et la Petite Arménie; à l’est, la Colchideet l’Arménie; à l’ouest, la Paphlagonie. Voir fig. 121.Néanmoins, comme, nous l’apprendra le résumé del’histoire du Pont, ces limites ne furent pas les mêmesà toutes les époques.

Sous le rapport de la géographie physique, la régionqui forma toujours le noyau principal du Pont est accidentée à l’extrême, comme le sont peu de contréesde notre globe. C’est essentiellement un pays de montagnes. Les monts principaux sont, à l’est, le Paryadrèset le Scydisès, qui se dressent comme des rempartsgigantesques: le premier, tout le long du littoral, en

face du Caucase, tandis que l’autre s’avance à l’intérieur, comme un prolongement de l’Antitaurus. Quelques-uns de leurs sommets atteignent plus de 3000 mètres. Les montagnes du sud donnent naissance à denombreuses rivières, qui sillonnent tout le pays; onen a compté jusqu'à vingt-huit. Les principales sont leHalys, aujourd’hui Kisil-lrmack, l’Iris et le Lycos. Lesvallées étaient très fertiles, surtout celle qui borde lePont Euxin; elles produisaient, spécialement dans lapartie occidentale, toutes sortes de céréales et d’arbresfruitiers, Cf. Strabon, XII, 1, 15; Pline, H. N., xiv, 19; Théophraste, Hist. planlar., iv, 5; viii, 4; ix, 16. Lesabeilles y abondaient; aussi faisait-on un commerceconsidérable de miel et de cire. Voir Xénophon, Anab., IV, viii, 16, 20; Pline, H. N., xxi, 45. Les eaux desrivières étaient très poissonneuses, et l’on trouvait desminerais variés dans les montagnes. On rencontraitpartout, suivant les zones et les altitudes, des pâturages, des champs cultivés, des vignobles, des vergers, desforêts. La situation commerciale était excellente aussi,

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121. — Carte du Pont.

grâce aux ports de l’Euxin et aux vallées fluviales. Leclimat est généralement tempéré, doux et agréable, comme celui de la région méditerranéenne. Cf. Strabon, II, l, 15; XII, ii, 10.

Les habitants appartenaient par leur origine, les unsà la Colchide, les autres à la Grèce, d’autres à de nombreuses tribus dont la parenté ethnologique est trèsobscure} parmi elles, on mentionne les Tibareni, lesMacrones, les Mocynœci, les Chalybes, etc. Quelques-unesappartenaient à la race sémitique, notammentles Leucosyri, ou Syriens blancs, qui semblent êtredescendus des Assyriens. À eux tous, ils formaient unevraie mosaïque de nations, et parlaient, au dire desanciens auteurs, 22 ou 25 langues distinctes. Voir ValèreMaxime, VIII, vii, 16; Quintilien, I, ii, 50; Pline, H. N., xxv, 2; Aulu-lielle, xvil, 17. Le long de la côte, descolonies grecques, venues en partie de Sinope, en partie de Milet, s'étaient établies depuis le xviie siècleavant J.-C. et étaient parvenues à une grande prospérité. Les peuplades de l’intérieur, surtout à l’est, étaienttrès sauvages, à demi barbares. Voir Strabon, loc. cit.; R. Hansen, De gentibus in Ponto orientali habitantibus, Kiel, 1876.

Plus de cent villes, dont plusieurs riches et peuplées, étaient un signede la prospérité du pays; quelques-unesd’entre elles sont encore pleines de vie. Les pluscélèbres, étaient 1° sur le rivage de l’Euxin: Sinope, actuellement Sinoub, Amisus ou Sanisoûn, Trapezus ouTrébizonde, Pharnacéia, Side; 2° dans l’intérieur: Amaséia, qui devint, l’an 7 avant J.-C, l’a capitale delàprovince romaine du Pont; Çomana Pontica, Lycopolis, Sébastia ou SiudsyCabira, appelée plus tard Néocésarée.

II. Histoire du Pont. — Elle est assez difficile àrésumer, tant elle a eu de vicissitudes. Tel est d’ailleurs

le cas pour la plupart des provinces d’Asie Mineure.Après l'époque de Cyrus, le Pont demeura sous ladomination au moins nominale de la Perse, et futgouverné par des satrapes. Cf. Hérodote, iii, 94; vii, 77, etc. Ses annales proprement dites ne s’ouvrent qu’avecla famille des Mithridate, qui lui procura tant degloire et aussi tant de revers. Un premier Mithridate, qu’on dit avoir appartenu à la noblesse perse, fut lefondateur de cette dynastie. Ariobazane, son fils, 363337 avant J.-C, subjugua quelques tribus du Pont, quiavaient été jusqu’alors plus ou moins indépendantes, etjeta ainsi les bases d’un territoire à part. Voir Diodorede Sicile, xv, 90. Son fils et successeur, Mithridate II, poursuivit son œuvre. Mais c’est surtout Mithridate III, 301-266, qui fonda vraiment le royaume du Pont, enprofitant, pour s'établir solidement, des guerres intestines que se livraient alors les Diadoques ou successeurs d’Alexandre le Grand. On le désigna plus tardpar le surnom de ktistès, «fondateur n. Il prit le titrede roi en 296. Son domaine, qui s'étendait d’abord surles districts paphlagonien et cappadocien situés près ducours inférieur du fleuve Halys, ne tarda pas à embrasser aussi les régions pontiques proprement dites.Durant deux siècles ce royaume continua de grandir, presque en silence, éclipsé par les deux dynastiesdes Séleucides et des Ptolémées, et même aussi parles deux petit* royaumes de Bithynie et de Pergame, nés en même temps que lui.

C’est sous son dernier roi, Mithridate VI Eupator, dit le Grand (120-63), qu’il s'éleva tout à coup à unegrandeur prodigieuse. Ce prince fut presque perpétuellement en guerre, en premier lieu avec ses voisins du nordest de l’Asie, auxquels il enleva tour à tour la Chersonèsetaurique, la Colchide, la Petite Arménie et une grandepartie de l’Asie Mineure, puis avec les Romains, dont ilavait d’abord recherché l’amitié. Sa lutte avec Rome seprolongea, à part quelques intervalles de trêve, durant delongues années, 92-65 avant J.-C. La grande républiquen’eut guère d’adversaires plus terribles. Cicéron disaitde lui, Pro Mànl., xv, 32, que c'était «le plus granddes rois auxquels le peuple romain eût jamais fait laguerre.» Sylla lui-même, envoyé contre lui, n’arrivapas à remporter des avantages décisifs. Finalement, Mithridate fut défait par Pompée en 65, et son territoirefut divisé en plusieurs morceaux. La région septentrionale, voisine de la mer Noire, et la région occidentale furent incorporées à la province de Bithynie, établie depuis l’an 74, et la nouvelle province ainsi formée reçut le nom de Bithynia et Pontus. Les districtsméridionaux furent partagés entre un certain nombrede petit* dynastes du pays. Cf. Dion Cassius, xlii, 45; Strabon, XII, i, 4. C’est ainsi que Polémon reçutd’Antoine, l’an 36 avant J.-C, le territoire situé prés duLycos, qui fut nommé Pontus polemoniacus. De soncôté, Déjotare, roi de Galatie, recevait la partie situéeentre les rivières Iris et Halys, qui forma le Ponlusgalaticus. Enfin, la partie orientale échut au roi deCappadoce, et devint le Pontus cappadocicus. Ontrouve ces trois contrées ainsi désignées, non seulementpar les historiens, mais aussi sur d’anciennes inscriptions. À Polémon I er succéda Polémon II, qui, en 63après J.-C, se désista en faveur de Néron. Suétone, Nero, 8. Il avait épousé en secondes noces Bérénice, filled’Hérode Agrippa I er et sœur d’Hérode Agrippa II. Josèphe, Ant., XX, vii, 3. Voir Bérénice 2, t. i, col. 1012.

III. Le Pont et le Nouveau Testament. — Le Pontest mentionné à trois reprises dans les écrits du Nouveau Testament: deux fois au livre des Actes, ii, 9, etxvin, 2, et une fois au début de la I re Épître de saintPierre, I Pet., i, 1. Dans le premier de ces passages, Act., ii, 9, le Pont est cité avec plusieurs autres provinces d’Asie Mineure, la Cappadoce, l’Asie proconsulaire, la Phrygie et la Pamphilie, dans la longue liste

des contrées d’où un certain nombre de Juifs étaientvenus à Jérusalem, pour célébrer la première Pentecôtequi suivit la mort de Notre-Seigneur et qui fut témoinde la descente du Saint-Esprit sur l’Église naissante.Dans le second texte, Act., xviii, 2, nous apprenonsqu’Aquila, le célèbre ami et collaborateur de saint Paul, était originaire de cette contrée. Enfin, la premièreÉpitre de saint Pierre est adressée simultanément auxchrétiens «du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, del’Asie et de la Bithynie». D’après le sentiment généraldes critiques, le livre des Actes et la i a Pétri furentcomposés vers l’an 63 de notre ère; mais le premierdes trois textes signalés se rapporte à peu près à l’an 30, et le second, relatif au décret par lequel Claude exilales Juifs de Rome vers 50, nous ramènent quelques annéesplus haut. Or, le résumé historique qui précède amontré qu’au I er siècle de notre ère le mot Pont pouvaitrecevoir deux significations distinctes, selon qu’on l’appliquaitau royaume de Polémon II, ou à la province

d’après le Nouveau Testament, il y fut introduit beaucoupplus tôt.

Voir Marquardt, i ?omisc/ie Staatsvenvallung, 2 in-8°, Leipzig, 1873, p. 192-216; E. Meyer, Geschichle desKônigreichs Pontus, in- 8°, Leipzig, 1879; E. Reclus, Nouvelle géographie universelle, t. ix, L’Asie antérieure, in-4°, Paris, 1884, p. 555-562; Rollin etFeuardent, Trois royaumes de l’Asie Mineure: Cappadoce, Bithynie, Pont, in-8°, Paris, 1888; Th. Reinach, MithridateEupator, roi du Pont, in-8°, Paris, 1890; W. Ramsay, Historical geography of Asia Minor, in-8°, Londres, 1890; Id., The Church in the Roman Empire, in-8°, Londres, 1893. L. Fili.ion.

. 2. PONT (grec: ysçupoûv; Vulgate: pons), constructionjetée au-dessus d’un cours d’eau, pour permettrede le traverser (fig. 122). Il n’en est question que dans unseul passage, II Mach., xii, 13, et encore ne s’y agit-il pasde pont propremenV àW.NoVc Ç*se «! &, X. w, w.’?5>.

122. — Construction d’un pont par les Assyriens pour passer une rivière. D’après Gates of Balawat, pi. 74.

romaine Bithynia et Pontus. Mais la plupart des commentateurssupposent à bon droit que, dans nos troispassages, le nom du Pont semble avoir été. employéd’une manière toute générale, sans allusion aux diversespéripéties de l’histoire du pays et aux vicissitudes deson territoire.

Nous manquons de détails sur l’évangélisation duPont. Elle eut lieu sans doute sous l’influence de saintPaul et de ses disciples. Le pays n’était pas directementsur la route des premiers prédicateurs. Le fait que saintPierre compte le Pont parmi les destinataires de saI «Épître suppose qu’il y avait alors dans cette contréedes Églises ferventes, entièrement constituées. Voirsurtout I Pet., v, 1-7. D’après quelques auteurs, leprince des Apôtres les aurait connues personnellement; mais, selon l’opinion générale, il paraît peu probablequ’il soit allé jusque-là. Voir Pierre (Saint), t. iv, col. 370. Dans sa lettre si célèbre à Trajan, qui date del’année 112, Pline le jeune atteste, Epist., 96, qu’il yavait alors un nombre considérable de chrétiens dans laprovince Bythinia et Pontus, dont il était le gouverneur: à tel point, dit-il, que les temples païens étaientdéserts et les sacrifices interrompus en divers lieux.Quelques apostats prétendaient même avoir abandonnéla religion chrétienne 25 ans auparavant. Ce derniertraitfsuppose que le christianisme avait pénétré dans larégion au moins vers l’an 87; mais nous avons vu que,

    1. PONTIFE##

PONTIFE, grand-prêtre des Juifs. La Vulgate appellesouvent le grand-prêtre pontifex dans les livres historiquesde l’Ancien Testament et dans l’Évangile desaint Jean. Voir Grand-Prêtre, t. iii, col. 295. Dansl’Épitre aux Hébreux, v, 5, etc., Jésus-Christ est appeléle pontife, âpxiepev?, de la loi nouvelle.

    1. POOLE ou POLE##

POOLE ou POLE (en lalin Polus) Matthew, né àYork en 1624, mort à Amsterdam le 12 octobre 1679. Ilse rattachait par son père aux Pôles ou Pools deSpinkhill en Derbyshire. Après avoir pris ses degrésuniversitaires à Cambridge, il exerça le ministère pastoraldans la paroisse presbytérienne de S. Michæl-le-Querne, mais il démissionna en 1662 aussitôt après levote de VUniforniity Act. Ce fut alors que, plus librede son temps, et à l’instigation de William Lloyd quidevait être plus tard évêque anglican de Worcester, ilécrivit la Synopsis Criticorum. aliorumque SacrxScriptural lnterpretum, le travail le plus importantd’une active carrière. Il puisa largement aux sourcesrabbiniques et catholiques, affirment ses biographies; il emprunta peu de chose à Calvin et rien à Luther.Le premier volume parut, in-f°, en 1669, le 2e en 1671, le 3e en 1673, le 4 «en 1674, le 5* en 1676. — À l’époquede ce que les protestants appellent le Popish Plot, comme son nom fut mêlé incidemment aux déclarationsultra-fantaisistes de Titus Oates, Poole crut devoir

se réfugier â Amsterdam on il mourut. — Une 2e éditionde la’Synopsis, 5 in-f°, fut publiée à Francfort en1679; une 3e édition à Utrecht en 1684; une 4° à Francforten 1694 (toujours en 5 in-f°), augmentée d’une viede l’auteur, une 5e à Francfort en 1709, 6 in-f°, grossied’un commentaire sur les Apocryphes (deutérocanoniques).L’ouvrage fut mis à l’Index le 21 avril 1693. —Poole mourut avant d’avoir pu terminer ses Annotationson the Holy Bible qu’il n’eut le temps de pousserque jusqu’au chapitre lviii d’Isaïe. Le travail fut achevépar d’autres presbytériens et publié en 2 in-f°, 1683. Ila été souvent réimprimé. La dernière édition, 3 in-8°, a paru en 1840. — Voir S. Lee, Dictionary of nationalBiography, t. xlvi, 1896, p. 99. J. Montagne.

PORC (bébreu: hâzïr, le humsiru assyrien; Septante: x°4>°! > 3î; Vulgate: porcus, sus), mammifère del’ordre des bisulques, à pied fourchu et à doigts pairs; c’est le type des porcins (%. 123). — Le porc est surtoutremarquable par sa voracité, qu’on exploite pour l’engraisser.Il se nourrit de glands et de fruits sauvages.Guidé par son odorat très tin, il fouille la terre de son

._Si^

123. — Le porc.

boutoir pour y chercher les larves d’insectes, les racineset les tubercules. Tous lesdétritus lui sont bons, et, pour les trouver, il se vautre dans toutes les fanges.Il lui arrive de dévorer ses petit* et même parfois dejeunes enfants. Il vit jusqu’à 20 ans, et, chaque année, la truie a deux portées de 12 à 15 petit* chacune. Lachair du porc fournit un aliment substantiel, mais dedigestion un peu difficile. Dans les pays chauds, elledevient aisément malsaine.

1° L’usage de la viande de porc était interdit auxIsraélites. Lev., xi, 7; Deut. r xiv, 8. Cf. Tacite, Hist., v, 4; Juvénal, Sat., xiv, 98; Macrobe, ii, 4. Cette prohibitionne leur était pas spéciale. En Egypte, le simplecontact du pourceau rendait impur. Cependant, à lapleine iune, il était permis d’immoler des porcs àOsiris et à la Lune, et ensuite d’en manger, mais seulementce jour-là. Hérodote, ii, 47. Les Égyptiens ne laissaientpas d’élever des porcs en grand nombre’(fig. 124); quand les eaux du Nil se retiraient, ils lâchaient lesporcs dans les champs avant de les ensem*ncer; le piétinementde ces animaux suffisait à tenir lieu de labour.Hérodote, ii, 14. Cf. Élien, Hist. animal, x, 16; Plutarque, De hid., 8; Josèphe, Cont. Apion., ii, 13.L’abstention du porc était encore en vigueur chez lesIndiens, Élien, Hist. animal., xvi, 37; cꝟ. 1. 1, col. 615; chez les Arabes. Pline, H. N., viii, 78, dont la coutumea été consacrée par le Coran, ii, 168; v, 4; vi, 146; xvi, 116; chez les Éthiopiens, Porphyre, De abstin., i, 14; chez les Phéniciens, Hérodien, v, 6, 21; voir cependantLampride, Vil. Hêliogabal., 31, qui est d’unavis contraire. Les Cretois s’en abstenaient également, mais parce qu’ils considéraient le porc comme sacré.Athénée, ix, 375. Les troglodytes ou les Chananéens quiprécédèrent les Hébreux en Palestine mangeaient le

porc ou l’offraient en sacrifice. On a retrouvé dans lescavernes de l’époque néolithique, à Gazer, les ossem*ntsde ces animaux. Cf. Revue biblique, 1904, p. 428. Lesossem*nts de porcs qui abondent dans le haut-lieu néolithiquede Gazer, donnent même à penser que le porcétait une victime préférée dans l’ancien culte chananéen, ce qui expliquerait encore la prohibition absoluede l’usage du porc par la loi mosaïque. Cf. Vincent, Canaan, Paris, 1907, p. 188, 202. Tacite, Hist., v, 4, sefait l’écho d’une fable, quand il prétend que les Israélitess’abstenaient du porc à cause d’une lèpre dont ilsauraient été atteints et à laquelle le porc est sujet. Porphyre, De abstin., i, 14, prend l’effet pour la cause, quand il dit que les Phéniciens et les Juifs ne mangeaientpas de porc parce qu’il ne s’en trouvait pasdans leurs pays. Les raisons qui avaient déterminé lelégislateur des Hébreux étaient à la fois d’ordre moralet d’ordre hygiénique. Voir t. i, col. 617, 620. Cf. S. Jérôme, Adv. Jovin., ii, 6, t. xxiii, col. 291. L’abstentionde la chair de porc demeura l’une des caractéristiquesdu peuple juif. Cf. Philon, De concupiscent., 4-9, édit.Mangey, t. ii, p. 352-355; Juvénal, Sat., vi, 160; xiv,

124. — Porcher et troupeau de porcs en Egypte.D’après Wilkinson, Manners, t. ii, p. 100.

98; Cassel, De Judœorum odio et abstinenlia a porcinaejusque causis, Magdebourg, 1740.

2° Les prescriptions de la loi ne furent pas toujourssuivies par les Israélites. Isaïe, lxv, 4, parle de ceuxqui, de son temps, mangeaient de la chair de porc etdes mets impurs, dans des cachettes où ils se retiraientla nuit. Il décrit ce que se passait dans les jardins idolâtriques, où, à l’exemple de celui qui présidait l’assemblée, chacun mangeait de la chair de porc et d’autreschoses abominables. Is., lxvi, 17. — À l’époque machabéenne, les persécuteurs des Juifs entreprirent de leurimposer la transgression de la loi mosaïque au sujetdu porc. Pour profaner le sanctuaire, le roi AntiochusEpiphane ordonna, sous peine de mort, d’y offrir ensacrifice des pourceaux et d’autres animaux impurs.Beaucoup de Juifs se soumirent à cet ordre. I Mach., i, 50, 55. Il voulut anssi obliger les Juifs fidèles à mangerla viande de porc, et il la taisait introduire de forcedans la bouche de ceux qui résistaient. Il Mach., vi, 18.Le docteur Éléazar donna à cette occasion un admirableexemple de droiture de conscience et de fermeté.II Mach., vx, 18-31; voir Eléazar, t. ii, col. 1652. Septfrères et leur mère subirent ensuite courageusem*nt Jemartyre, plutôt que de manger de la chair de porc.II Mach., vii, 1-41. Sous Caligula, le préfet d’Egypte, Flaccus, obligeait les femmes juives à manger de lachair de porc en plein théâtre. Philon, In Flacc, 11, t. ii, p. 529-531. Par la suite, les Juifs ne furent pastoujours aussi intransigeants dans leur répulsion pourla chair de porc. Cf. Drach, De l’harmonie entrel’Église et la synagogue, Paris, 1844, t. i, p. 265, 266.

3° L’horreur dont le porc était l’objet parmi les Israélitesse manifeste en plusieurs passages de la Sainte

Écriture. Pour marquer le mépris de Dieu à l’égard duculte purement extérieur, Isaïe, lxvi, .3, dit: «Celuiqui présente une oblalion offre du sang de porc,» c’est-à-direcelui qui présente à Dieu une oblation sansl’accompagner de sentiments intérieurs lui est aussiodieux que s’il offrait du sang de porc. La femme quia le don de la beauté, mais est dépourvue de sens, estcomparée à un anneau d’or au nez d’un pourceau. Prov., xi, 22. Anneau et beauté sont également mal placés.Notre-Seigneur dit: «Ne jetez pas vos perles devant lespourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds.» Matth., vii, 6. Les pourceaux désignent ici les hommesgrossiers, uniquement préoccupés de plaisirs immondeset de pensées terrestres. Ils n’apprécieraient pas, ilsmépriseraient, ils profaneraient la doctrine évangéliqueet les biens spirituels, représentés par les perles.Inutile donc de les leur offrir. Pour indiquer le degréd’abaissem*nt où est tombé le tils prodigue, Notre-Séigneurdit qu’on l’envoya garder les pourceaux. Luc, xv, 15. Les docteurs interdisaient aux Juifs d’être gardiensde pourceaux. Baba kama, vii, 7; Jerus. Scheka125. — Tuile de la Legio X’avec l’emblème du sanglier.

lirn, ꝟ. 47, 3. Mais le fils prodigue n’est plus dans sonpays; il est tombé si bas qu’il est devenu étranger à safamille et à sa nation. Enfin, saint Pierre, parlant desfaux docteurs qui, après avoir connu la vérité, enseignentle mensonge, leur applique le proverbe: «La truie vautrées’est lavée dans le bourbier.» II Pet., Il, 22.Horace, Ep., i, ii, 26, dit de même, en unissant ensemble, comme l’Apôtre, le chien et la truie:

Vixisset canis immundus, vel arnica luto sus.

Sur le hâzir de Ps. lxxx (lxxxix), 14, voir Sanglier.

4° Lorsque le Sauveur vint aux pays des Géraséniens(voir t. iii, col. 204), et qu’il eut guéri un possédé dontle démon disait s’appeler «légion» (voir t. iii, col. 159), pour indiquer que les esprits mauvais se trouvaient làen grand nombre, ces esprits demandèrent à être envoyésdans un troupeau de deux mille pourceaux qu’on faisaitpaître dans le voisinage. Le Sauveur le leur permit.Aussitôt les pourceaux, sous l’influence des démons, seprécipitèrent du haut de la colline à pic dans le lac deTibériade et y périrent tous. Matth., viii, 30-34; Marc, v, 9-20; Luc, viii, 30-39. Les évangélistes ne disent pasà qui appartenait ce nombreux troupeau. Que, contrairementà l’esprit de la Loi, il ait appartenu à unJuif, qu’il ait été gardé par des porchers juifs, ou bienqu’il ait eu pour propriétaire et pour gardien des étran

gers, Notre-Seigneur, qui commandait aux démons, n’en était pas moins le maître d’agir comme il le fit.Le troupeau, il est vrai, n’était pas en terre juive. Sonvoisinage n’en constituait pas moins une tentation ouune sorte de défi à l’égard des Israélites de l’autre rivedu lac. Du reste, la perte était compensée par la sécuritérendue à la localité; car auparavant la fureur despossédés rendait le chemin impraticable. Matth., viii, 28. — On a retrouvé à Jérusalem des tuiles portantl’estampille de la Legio X» Fretensis, qui, sous l’empereurHadrien, campa à Gadara, non loin du pays desGéraséniens. Plusieurs de ces tuiles portent commeemblème un porc ou plutôt un sanglier (fig. 125). Cettereprésentation ne constitue pas, comme on l’a cru unmoment, cf. Revue archéologique, 1869, t. xx, p. 259, une insulte à la nation juive; car l’emblème du sanglierappartenait à plusieurs légions. Encore moinsfaut-il songer à chercher une relation quelconque entrela a légion» des démons se précipitant dans les porcs, et la Legio Fretensis ayant le porc ou le sanglier pouremblème. À l’époque évangélique, la X a légion campaiten Espagne; elle ne vint en Judée que pour la campagnede Vespasien. Tacite, Hist., v, 1. Cf. Revue

biblique, 1900, p. 101-105.

H. Lesêtre.

    1. PORC-ÉPIC##

PORC-ÉPIC, mammifère de l’ordre des rongeurs, qui, en dépit de son nom, n’a rien de commun avec le

126. — Le porc-épic.

porc, et se rapproche plutôt des lapins par sa taille etses habitudes (fig. 126). Il est très inoffensif, malgré lespiquants raides et aigus dont son corps est couvert. Cespiquants sont creux comme les tuyaux d’une plume, clairsemés et assez peu adhérents à la peau pour tombersouvent quand l’animal fait des mouvements brusques.Le porc-épic vit dans des terriers profonds. Il en sortla nuit pour chercher les graines, les racines, et mêmeparfois les œufs et les petit* oiseaux dont il se nourrit.

— Le porc-épic n’est pas nommé dans la Sainte Écriture, bien que certains auteurs le croient désigné parle mot qippôd, comme le hérisson, avec lequel sespiquants lui donnent quelque ressemblance. VoirHérisson, t. iii, col. 609. Pourtant l’espèce hystrixcristata est fort commune en Palestine, dans les régionsrocheuses et dans les gorges des montagnes. Elleabonde dans le voisinage de la mer Morte, dans lavallée du Jourdain et dans tous les endroits où lesfentes des rochers peuvent lui ménager un abri. Leporc-épic n’a pas besoin d’eau; il peut vivre par conséquentlà où presque aucun autre mammifère seraitincapable de résider. Il reste à dormir pendant l’hiver, et, le reste du temps, ne sort que la nuit. Aussi ne lerencontre-t-on pas vivant, excepté quand les Arabesréussissent à s’emparer de lui dans sa retraite. Celle-cise reconnaît aux empreintes de pattes et au grand

V. - 18

nombre de piquants qui jonchent le sol; mais elle estbien trop enfoncée dans les fissures du rocher et bientrop étroite pour être accessible. Les Arabes n’ont pastrouvé le moyen de faire sortir le porc-épic de sa forteresse. Sa chair est très estimée pour sa délicatesse, etses piquants sont un objet de commerce à Jérusalem.Pour s’en emparer, on chasse l’animal pendant la nuit, au moment où il regagne son gîte avant le lever dusoleil et on le met dans l’impuissance de s'échapperen le frappant à coups de bâton. D’autres fois, on dispose à l’entrée de son refuge des nasses de fil de fer.Pour se défendre, le porc-épic se roule en boule etdarde ses piquants contre les assaillants qui ne peuventl’atteindre sans se blesser cruellement. Cf. Tristram, Thenatural History of the Bible, Londres, 1889, p. 125.

Y r pcÈ'T’Rir

PORFlRIANUSouPORPHYRIANUS(CODEX).

Ce manuscrit, ainsi appelé du nom de son ancienpossesseur, fut d’abord étudié et publié par Tischendorfdans ses Monumenta sacra inedita, t. v et VI, Leipzig, 1865 et 1869. Il se trouve maintenant à la Bibliothèqueimpériale de Saint-Pétersbourg sous le numéro 225.C’est un palimpseste en écriture onciale du ix" siècle; il contient des fragments notables des Actes, desÉpîtresde saint Paul et de l’Apocalypse, mais une assez grandepartie est à peu près illisible. L'écriture supérieure, datant de l’année 1301, comprend les Actes des Apôtres(315 act) et les Épîtres pauliniennes (474 paul); vonSoden lui attribue le symbole a 463. — À cause de sonétat fragmentaire et de sa lecture difficile, le Porfirianus n’a été que peu utilisé par les critiques; son texteest d’ailleurs, au jugement de Hort, d’un type relativement récent. Le Porfirianus est désigné en critiquepar la lettre P, par le sigle a 3 dans la notation nouvelle de von Soden. — Voir Scrivener, Introduction, ¥ édil., Londres, 1894, t. i, p. 172-173; Gregory, Textkritik des neuen Testaments, Leipzig, t. i, 1900, p. 102-103; von Soden, Die Schriften des neuen Testaments, Berlin, t. i, 1902, p. 216. F. Phat.

    1. PORPHYRION##

PORPHYRION, oiseau de l’ordre des échassiersmacrodactyles, appelé aussi poule sultane. Peu différent

127. — Le porphyrion.

delà poule d’eau, le' porphyrion est originaire d’Afriqueet se fait remarquer par la belle couleur bleue de son

plumage, sur lequel se détachent un bec rouge et despattes rougeâtres (ftg. 127). — Les Septante ont traduitune fois par îtopçupiMv le mot tinSémét, qui désignetantôt le caméléon, voir t. ii, col. 90, tantôt un oiseauimpur, le phorphyrion, d’après les Septante, le cygne, d’après la Vulgate, Lev., xi, 18, l’ibis, d’après les deuxversions. Deut., xiv, 16. Voir Ibis, t. iii, col. 801. Il estimpossible de déterminer quelle est l’espèce visée parle législateur. Le porphyrion est commun sur le Nilet près des marais de la Palestine. Il se nourrit detoutes sortes de proies et, à ce titre, méritait de prendreplace parmi les oiseaux impurs. Cf. Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 250.

H. Lesêtre.

PORREAU. Voir Poireau, col. 489.

    1. PORTE##

PORTE (hébreu: dâldh, délét, môsd, pé(ah, tôUd'ôt, sa’ar; chaldeen: tera'; Septante: 6-jpa, itilr, itvXiov,

128. — Porle antique. Ptolémaïue. Musée judaïque du Louvre.

èEiôo; ; Vulgate: janua, porta, valva, ostium, fores), ouverture ménagée pour pénétrer dans une enceinte.Cette ouverture se compose d’une partie fixe, comprenant le seuil, les montants et le linteau, et d’uneparliemobile pivotant sur des gonds. Voir Gonds, t. 711, col. 275. La partie mobile peut être d’une seule pièce, s’articulant sur l’un des montants de la porte (%. 128), ou de deux pièces dont chacune s’articule sur unmontant et dont la réunion clôt l’ouverture. Dans cesecond cas, la porte est désignée par un mot au duel, delâtayim, ou au pluriel, deldfôf, fores, à cause de sesdeux battants (fig. 131). Le nom de porte convient d’ailleurs soit à la partie fixe de l’ouverture, soit à la partiemobile, soit à l’ensemble.

I. Dans le sens propre. — 1° Différentes espècesde portes. — Les écrivains sacrés font mention desportes: 1. du Tabernacle, Exod., xxxv, 17; XL, 12, etc.; — 2. du Temple, III Reg., vi, 31; IV Reg., ïii, 9; II Par., xxviii, 24; Ezech., viii, 5; x, 19; xli, 24; xliii,

11; Mal., i, 10; Ps. xxiv (xxm), 7; cxviii (cxvii), 19, 20; II Mach., viii, 33; Act., xxi, 30; etc.; voir Temple, — 3. des chambres du Temple, Ezech., xl. 38; xlii, 11; I Mach., iv, 57; — 4. des temples païens, Bar., vi, 17; Dan., xiv, 10; — 5. du camp Israélite, Exod., xxxii, 26, 27; — 6. des villes, Deut., iii, 5; Jos., ii, 5,

^m

129. — Porte avec g’ii 1^ il i rmeture d’un modèle de maisonégyptienne. Brltish Muséum. D’après Wilkinson, Manners andcustoms of the anc. Egyptians, t. i, fig. 117, n. 2, p. 351.

7; vi, 26; Jud., xvi, 3; I Reg., xxiii, 7; III Reg., xxii, 10; IV Reg., vii, 1; Judith, x, 6; Jer., xlix, 31; Ezech., xlviii, 30; I Mach., xii, 38; ’xin, 33; Act., xiv, 12, etc.;

— 7. de Jérusalem, Ezech., xxvi, 2; IIEsd., xiii, 19, etc.; voir Jérusalem, t. iii, fig. 240-242, col. 1364-1365; —

— 8. des maisons, Jud., xi, 21; Prov., v, 8; Marc, ii, 2; Luc, xvi, 20; Act., x, 17, etc.; — 9. des chambres, Jud., iii, 23-25; — 10. des palais de Joseph en Egypte, Gen., xliii, 19, de David à Jérusalem, II Reg., xi, 9; xv, 2; du roi de Babylone, Dan., ii, 49; du roi desPerses à Suse, Esth., ii, 19; 21; iv, 2; v, 9, 13; vi, 10; de Caïphe, Matth., xxvi, 71; — 11. des lours, Jud., ix,

130. — Porte égyptienne.D’après Wilkinson, Manners, t. i, fig. 123, p. 355.

51; II Mach., xiv, 41; — 12. des prisons, Bar., vi, 17; Act., v, 19, 23; xvi, 26, 27; — 13. des tombeaux, Matth., xxvii, 60; Marc, xv, 46; — 14. du jardin, Dan., xiii, 17; — 15. delà bergerie, Joa., 3, 1; — 16. de la fournaise, Dan., iii, 93. — 17. de la ferme, Marc, xi, 4.

2° Agencement des portes. — 1. Les portes des villesétaient de bois et formées de deux battants assujettisà l’intérieur par des barres. Voir t. i, fig. 453, col. 1468.La porte de Gaza, que Samson enleva pendant la nuit, avait chaque battant fixé à un poteau, jud., xvi, 3. Les

villes qui possédaient des portes et des barres pouvaientse défendre et garder des prisonniers. 1 Reg., xxiii, 7.Celles qui n’avaient ni portes ni barres étaient à lamerci des assaillants. Jer., xlix, 31. Quand la villeétait entourée de murailles assez épaisses, on pouvaitménager au-dessus de la porte une chambre de garde.

131.

— Portes égyptiennes fermées. Celle de gauche est closeavec des verrous.D’après Wilkinson, Manners, t. i, fig. 121, p. 353.

II Reg., xviii, 24, 33. Dans les sièges, on attaquait lesportes parla cognée et par le feu et ensuite on renversaitles montants qui les soutenaient. Lam., i, 4. — 2.Les portes du Temple de Salomon étaient fixées à despoteaux en bois d’olivier sauvage engagés dans la muraille; les battants se composaient de deux panneaux

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132. — Porte égyptienne avec ornements et inscriptions.D’après Wilkinson, Manners, 1. 1, fig. 124, p. 356.

en bois de cyprès, qui pouvaient se replier l’un surl’autre. III Reg., VI, 34; Ezech., xli, 24. Les Chaldéensbrûlèrent ces portes. IV Reg., xxv, 9. Cf. Ps. lxxiv(lxxiii), 3-7. Les portes du second Temple eurent lemême sort. II Mach., viii, 33. — 3. Les portes des maisonset des chambres étaient aussi de bois, quelque

fois de bois de cèdre. Cant., viii, 9. Les monumentségyptiens nous ont conservé la représentation d’ungrand nombre de portes. Le British Muséum possèdele modèle d’une petite maison avec sa porte roulantsur des gonds (fig. 129). Voir Wilkinson, Manners, 2° édit., 1. 1, fig. 117, p. 351. Les portes avaient naturellementdifférentes formes (fig. 130), ibid., fig. 123, p. 355, et fermaient de diverses manières (fig. 131). Ibid., fig. 121, p. 353. Quelques-unes étaient très ornées (fig. 132).Ibid., fig. 124, p. 356. Quelquefois elles portaient unnom (fig. 133), ibid., fig. 115, n° 1, p. 346) ou Une inscription(fig. 134). Ibid., fig. 134, p. 362. Cf. Deut., xx, 5. Les portes des maisons de Pompéi avaient généralementplusieurs battants, deux, trois et même quatre.Elles étaient divisées en panneaux et ornées de clousà grosse tête. Cf. H. Thédenat, Pompéi, Paris, 1906, t. i, p. 58. — 4. Les portes des tombeaux étaient souventde pierre plus ou moins ornée. Voir t. iii, fig. 41,

c

133. — Porte égyptienne, avec le nom de Remenkoprou

(Thotmès III).

D’après’Wilkinson, Manners, 1. 1, fig. 115, p. 346.

col. 205; fig. 56, col. 275. Cf. t. iv, fig. 392, 393, col. 1449, 1450. D’autres fois, une simple, dalle fermait la porte.Voir t. iii, fig. 268, col. 1478. — 5. Les portes de bergeriene consistaient guère que dans une sorte declayonnage suffisant pour arrêter les bêtes fauves. Voirt. ii, fig. 611, col. 1987. — 6. Les portes de métalétaient plus rares. Il est probable qu’on s’en servaitpour fermer les fournaises. Dan., iii, 93. Dans les prisons, où il fallait des fermetures particulièrement solides, on mettait des portes très épaisses. À Jérusalem, la porte extérieure était de fer. Act., xii, 10. — 7. Lapartie fixe des portes de temple, de palais ou de villerecevait une ornementation particulière en rapportavec sa destination. Voir t. i, fig. 68, col. 312 (égyptienne); t. ii, fig. 246, col. 668 (assyrienne); fig. 587, col. 1845 (grecque), etc.

3° Usage des portes. — 1. La porte tourne sur sesgonds, Prov., xxvi, 14. On l’ouvre, Jud., xix, 27; IV Reg., ix, 3; Act., xii, 14; Apoc., iii, 20, ou on la ferme. Gen., xix, 10; Il Reg., xiii, 17, 18; IV Reg., iv, 4, 5, 21, 33; Matth., xxv, 10, etc. Pour la fermer, on la fixe avec desbarres, voir Babre, t. i, col. 1468, ou avec une clef quipeut être manœuvrée du dehors. Voir Clef, t. ii, col. 800. Quant on veut être seul, à l’abri des dangersextérieurs, Is., xxvi, 20, pour prier, .Matth., vi, 6, oupour se reposer, Luc, xi, 7; xiii, 25, on ferme la portesur soi; car d’ordinaire, elle restait ouverte, parce quec’était seulement par la porte qu’entrait la lumière

dans les maisons les plus communes. Pour se faireouvrir du dedans, on frappe à la porte. Jud., xix, 22; Act., xii, 13; Apoc, iii, 20. — 2. Chez le roi Achis, àGeth, David, contrefaisant le fou, se heurtait contre lesbattants des portes, d’après la Vulgate (hébreu): «ilfaisait des marques.» I Reg., xxi, 13. La porte étaitsouvent assez légère; écouter à la porte ce qui se disaità l’intérieur était une grossièreté. Eccli., xxi, 17.L’homme bien élevé s’arrêtait à la porte, même quandelle était ouverte; l’insensé entrait rapidement et secourbait dès la porte pour voir à l’intérieur. Eccli., xxi, 15, 16. — 3. La Loi ordonnait de placer sur laporte de la maison certains textes sacrés. Deut., vi, 9; xi, 20. Voir Mezdza, t. iv, col. 1057. Isaïe, lvii, 8, reprocheà celle qui veut _se conduire mal de reléguerderrière la porte et les poteaux son zikkarôn, «mémorial», c’est-à-dire probablement sa mézuza, qui luirappelle la loi de Dieu, ou, selon d’autres, ses amulettesidolâtriques, qu’elle veut dérober aux regards. —4. Quand un esclave voulait rester pour toujours au

Porte égyptienne avec l’inscriptionr Belle maison.»

D’après Wiliinson, Manners, t. i

Pinofir,

fig. 134, p. 362.

service de son maître, celui-ci devait lui percer l’oreillecontre la porte de la maison. Deut., xv, 17. VoirOreille, t. iv, col. 1857. C’est devant la maison de sonpère qu’on lapidait la jeune femme que son épouxn’avait pas trouvée vierge. Deut., xxii, 21. L’exécutionainsi faite entraînait une sorte d’infamie pour le pèrequi n’avait pas su garder sa fille et l’avait accordée enmariage sans savoir son état ou sans vouloir en tenircompte. — 5. À l’époque des Machabées, on brûlait del’encens aux portes des maisons, en signe d’adhésionau culte idolâtrique. I Mach., l, 58.

3° Les portes de la ville (fig. 135). — 1. EIIés étaientle lieu le plus passager à cause des entrants et des sortants.De plus, il était rare que les villes ancienneseussent des places spacieuses. Dans les villes entouréesde murs, on utilisait pour les constructions tout l’espacedisponible, afin de réduire au minimum la longueurde l’enceinte à défendre. Le lieu de réunion leplus commode et le plus fréquenté était donc la portede la ville. Là se tenaient les oisifs et les curieux, quivoulaient se distraire ou s’informer. Lot était assis à laporte de la ville de Sodome quand les deux anges y arrivèrent.Gen., xix, 1. C’est là qu’on devisait sur le comptedes uns et des autres. Ps. lxix (lxviii), 13. Jérémie, xvii, 19, reçoit l’ordre d’aller faire entendre ses oraclesà la porte de la ville, pour qu’ils soient entendus desrois et des fils du peuple. On y tenait des marchés, IV Reg., v, 1, et, dans les temps d’idolâtrie, des hautslieux, c’est-à-dire de petit* sanctuaires d’idoles, surmontaientles portes, pour rappeler à tous le culte enhonneur. IV Reg., xxiii, 8. La sagesse est représentée

comme instruisant et invitant les hommes à la portede la ville, Prov., i, 21; viii, 3; ix, 14, tandis que l’insenséétait incapable de s’y faire entendre. Prov., xxiv, 7. On amenait les malades à Notre-Seigneur à la portedes villes. Marc, i, 33. — 2. La porte de la ville correspondanten Orient à l’àfopdc grecque et au forumromain, on y passait les contrats, Gen., xxiii, 18, et làse réunissaient les anciens auxquels on soumettait lesaffaires litigieuses. Deut., xxii, 15. On y faisait la renonciation’publique au droit du lévirat. Deut., xxv, 7; Ruth, iv, 11. Voir Lévirat, t. iv, col. 214. Dans le paysde Job, on écrasait à la porte, sans que personne lesdéfendit, les fils de l’insensé, c’est-à-dire qu’on laissaità l’abandon et que l’on vouait au mépris la race del’impie. Job, v, 4. Job lui-même venait siéger à la portede la ville, sur la place publique, et se faisait vénérerde tous, parce qu’il prenait en main la cause de tousles infortunés, n’avait d’autre règle que celle de la justiceet réduisait l’injuste au silence et à l’impuissance.Job, xxix, 7-17. Il n’eût jamais profité de la faveur d’unjuge pour accabler le faible. JoB, xxxi, 21. Il est recommandéde ne pas opprimer le malheureux à la

royale, parce que la porte donne accès au siège de cettepuissance. Chez les Perses, al 8jpas, «les portes,» désignaientla cour, Xénophon, Cyroped, , I, iii, 2, et dansl’inscription de Behistoun, col. ii, 13, Darius emploiele terme duvarayâmai, «dans ma porte». L’usage dumot «porte», pour parler de la puissance souveraine, s’est conservé en Turquie, «la Porte», comme ailleursl’usage des mots «cour, chambre, cabinet», etc., quiindiquent une autorité par le nom de l’endroit où elles’exerçait jadis. En ce sens doivent s’entendre les parolesde Notre-Seigneur, déclarant que «les portes del’enfer ne prévaudront pas contre son Église». Matth., xvi, 18. Ces portes de l’enfer ne sont autre chose quela puissance satanique qui sans cesse attaquera l’Églisesans jamais pouvoir triompher d’elle.

II. Dans le sens figuré. — 1° Les écrivains sacrésassimilent à une porte tout ce qui peut permettre ouempêcher un accès. Le» portes du pays sont les endroitspar lesquels les ennemis peuvent l’envahir. Jér., xv, 1; Nah., iii, 13. Le Seigneur ouvre devant Cyrus toutes lesportes des nations, afin qu’il s’en rende maître. Is., xlv, 4. — Le rivage est comme une porte qui enferme laixyïv. îob v xxxviii, 8, 10. Le ciel s’ouvre comme une

135. — Portes assyriennes.

D’après Smith, Dict. of the Bible, t. r, au mot Gâte, et Layard, The Monuments of Nineveh, part. i, p.

l’époux de la femme forte siège avec honneur parmiles anciens du pays. Prov., xxxi, 23. Isaïe, xxix, 21, s’élève contre ceux qui tendent des pièges à l’hommejuste qui les confond à la porte et le perdent par leursmensonges. Amos, v, 10, 12, 15, constate la haine dontles oppresseurs du peuple poursuivent les hommes intègresà la porte, et le tort qu’ils y font aux justes etaux pauvres; il veut que le droit y règne. Après laprise de Jérusalem, les vieillards ne purent continuerde se réunir à la porte. Lam., v, 14. — 3. Quand lesjugements étaient rendus, c’est encore à la porte dela ville qu’on exécutait les sentences. On y lapidait.Deut., xvii, 5; xxii, 24. Le Sauveur fut mis en croix àla porte de Jérusalem. Heb., xiii, 12. À Suse même, Aman fut pendu à la porte de la ville. Esth., xvi, 18.

— 4. Par extension, les portes sont prises pour lesvilles elles-mêmes. L’expression «dans tes portes», qui revient si souvent, surtout dans le Pentateuque, .signifie «dans tes villes». Deut., xii, 12; xiv, 27; xvii, 2, etc,; III Reg., viii, 37; II Par., vi, 28. Dieu affermitles verrous des portes de Jérusalem, c’est-à-dire fortifieet protège la ville. Ps. cxlvii, 13. Les portes deSion gémiront, c’est-à-dire la ville sera plongée dans ledeuil. Is., iii, 26. Rendre la justice dans ses portes, c’est la rendre dans ses villes. Zach., viii, 16. II estpromis à Abraham que sa postérité possédera «laporte de ses ennemis». Gen., xxii, 17. La porte représenteici la puissance des ennemis, de même qu’ellereprésente la fore; d’une ville, l’autorité qui s’exerceà Ta porte et la ville elle-même. La «porte du roi», dans Daniel, ii, 49, fera’malkd’, et dans Esther, iii, 2, 3; iv, 2; v, 9, Sa’ar ham-mâlék, désigne la puissance

porte pour laisser tomber la pluie. Ps. lxxviii (lxxvii),

23. Jérusalem est la porte des peuples, Ezech., xxvi, 2, toujours ouverte afin qu’on puisse par là arriver au salutpromis. Is., lx, ii, 18. Les portes du Liban sontl’endroit par où l’incendie viendra dévorer les cèdres.Zach., xi, 1. On appelle «porte du ciel» un lieu sanctifiépar une communication divine, Gen., xxviii, 17, et l’accès même du ciel aperçu en vision, Apoc., iv, l, et «porte de la mort» ou «du schéol» toutes les causesqui acheminent vers le tombeau. Job, xxxviir, 17; Ps. ix, 15; cvii (evi), 16, 18; Is., xxxviii, 10; Sap., xvi, 3. — Par une figure plus hardie, on parle de la portedu sein maternel, Job, iii, 10, de la porte que forme lagueule du crocodile, Job, xii, 6, et de la porte de? lèvres, à laquelle il faut mettre une garde sévère. Ps. cxli(cxl), 3; Eccli., xxviii, 28. Dans le Cantique, viii, 9, l’Épouse est comparée à une porte qu’on fermera avecdes panneaux de cèdre, c’est-à-dire qu’on défendracontre toute tentative.

2° Différentes locutions proverbiales empruntent l’idéede porte. Être à la porte de quelqu’un, c’est être toutprès de lui pour le menacer ou l’assister. Gen., iv, 7; Matth., xxiv, 33; Marc, xiii, 29; Apoc, iii, 20. Veillerou écouter à la porte de la sagesse, c’est se montrerattentif à ses enseignements. Prov., viii, 34; Eccli., xiv,

24. User le seuil de la porte d’un homme sage, c’estaimer à le fréquenter pour profiter de ses leçons et deses exemples. Eccli., vi, 36. Devant une pareille porte, les impies eux-mêmes s’inclinent, c’est-à-dire sont forcésde rendre quelque hommage à la vertu. Prov., xiv, 19.Par contre, faire le guet à la porte du prochain indiqueparfois des projets criminels. Job, xxxi, 9.

3° La «porte de la foi» est la facilité que Dieu ménageaux hommes pour qu’ils se convertissent à l’Évangile.Act., xiv, 26. Saint Paul aime à appeler «porteouverte» toute occasion favorable qui se présente à luid’annoncer Jésus-Christ. I Cor., xvi, 9; II Cor., ii, 12; Col., iv, 3; cf. Apoc, iii, 8. La «porte du salut», cellequi mène à la vie éternelle, est une porte étroite par laquelleon ne passe pas sans de sérieux efforts. Matth., vii, 13; Luc, xiii, 24. — Notre -Seigneur déclare qu’il estlui-même la porte qui donne accès dans la bergerie; sion entre par cette porte, on est sauvé. Joa., x, 9. Ledivin Maître, en effet, aide les âmes par sa grâce àentrer dans l’Église et par l’Église dans le ciel. — 4° LaJérusalem régénérée, image de la Jérusalem céleste, aaussi des portes. Isaïe, liv, 12, dit qu’elles sont d’escarboucles.Voir t. ii, col. 1907. Tobie, xiii, 21, les voit «bâties de saphirs et d’émeraudes». Saint Jean les décritavec détail. La Jérusalem céleste a douze portes, portant chacune le nom d’une des douze tribus. Chaqueporte est formée par une seule perle, enchâsséedans les pierres précieuses qui forment la muraille.Comme il n’y a point de nuit, il n’est pas nécessaire defermer ces portes. Apoc, xxi, 12, 21, 25. Sous cesfigures de pierres précieuses et de perles, les auteurssacrés veulent décrire les merveilles que Dieu opéreradans son Église par la grâce et dans le ciel par lagloire dont il environnera les saints.

H. Lesêtre.

2. PORTES DE JÉRUSALEM. Voir JÉRUSALEM, t. III, col. 1364.

    1. PORTIER##

PORTIER (hébreu: sô’êr; chaldéen: tard’; Septante: mjXtagôç, tlvpwpd; ; Vulgate: janitor, ostiarius, portarius), préposé à la surveillance d’une porte.

I. Portiers du Temple. — 1° Des prêtres et des lévitesavaient été chargés autrefois de tout ce qui concernaitle service du Tabernacle. Num., xviii, 4. Il y en avaitdonc nalurellement parmi eux qui devaient veiller surla porte. Ce service, d’après l’institution de Samuel etde David, comprenait 212 lévites. Ceux-ci se tenaientaux quatre côtés du Tabernacle et avaient à l’ouvrirchaque matin. La surveillance des chambres et des trésorsde la maison de Dieu rentrait dans leurs attributions.Quatre chefs les commandaient. Les portiers résidaientdans les villages environnants; mais un roulementétait établi entre eux pour faire à tour de rôle unservice hebdomadaire. Les portiers de semaine logeaientauprès du Tabernacle. I Par., ix, 17-27. — Quand l’Archeeut été transférée à Jérusalem, David adjoignit à Barachiaset Elcana, qui étaient portiers de l’Arche, deuxautres portiers, Obedédom et Jéhias. À ces fonctionnairesincombait la surveillance de l’entrée de la tentequi abritait l’Arche. I Par., xv, 23, 24. Obedédom etHosa furent ensuite chargés de ce service avec 68 lévites.I Par., xvi, 38. En vue du service du Temple projeté, David régla que, sur les 24000 lévites chargés de remplirles différents offices, 4000 seraient portiers. I Par., xxiii, 5. Ils étaient partagés en différentes classes, sousles ordres de chefs appartenant à la descendance deCoré et de Mérari. Le sort désigna les portes qu’ilsauraient à surveiller. À Obedédom échut le côté dumidi, et à ses fils la maison des magasins; à Séphim età Hosa le côté de l’occident; à Sélémias, le côté del’orient et à Zacharie le côté du nord. Quatre portiersdevaient être de garde chaque jour au midi, à l’occidentet au nord, six à l’orient, quatre aux magasins et deuxaux dépendances à l’occident, soit en tout vingt-quatrepour chaque journée. I Par., xxvi, 1-19. Les 4000 léviteschargés des portes se relayaient poiir ce service.Ils passaient la nuit à leur poste et, pendant le jour, surveillaient les entrées et les sorties. Chacun desvingt-quatre postes occupait naturellement plusieursgardiens dans le cours d’une même journée, et il est

probable, quoique les textes ne le disent pas, quechaque semaine l’effectif des portiers était changé.Quand le Temple fût bâti, Salomon, se conformant auxdispositions prises par son père, «distribua les portiersà chaque porte d’après leurs classes,» c’est-à-dired’après l’attribution que le sort avait assignée àchaque famille. II Par., viii, 14.

2° Sous Joas, le grand-prêtre Joïada eut à réorganiserle service du Temple, en partie supprimé sous lesrègnes précédents. Il rétablit des portiers aux entréesdu Temple, avec ordre de ne laisser entrer personnequi eût quelque souillure. II Par., xxiii, 19. — SousÉzéchias, le lévite Coré, gardien de la porte orientale, était en même temps préposé aux dons volontaires etchargé de distribuer aux prêtres, même en dehors deJérusalem, ce qui était offert au Seigneur. II Par., xxxi, 14. Les chefs des portiers étaient donc des personnagesconsidérables, ayant la responsabilité de services assezdélicats. — Sous Josias, les portiers recueillaient l’argentqu’on apportait pour la restauration du Templeet le remettaient aux intendants. II Par., xxxiv, 9, 13; IV Reg., xxii, 4. Ils furent chargés aussi de rejeterhors du Temple tout le mobilier idolâtrique dont onl’avait souillé. IV Reg., xxiii, 4. À la Pâque solennelleque Josias fit célébrer, il fut enjoint aux portiers de nepas quitter leur poste et des lévites furent chargés depréparer pour eux la Pâque. II Par., xxxv, 15. — À laprise de Jérusalem par les Chaldéens, le général vainqueurprit un certain nombre de notables de la ville, entre autres trois portiers, que Jérémie, xxxv, 4; lii, 24, appelle «gardes du seuil»; il les conduisit à Nabuchodonosor, qui les fit mourir à Réblatha. IV Reg., xxxv, 18.

3° Après la captivité, 139 lévites portiers revinrentavec Zorobabel. I Esd., ii, 42, 70; II Esd., va, 46.D’autres accompagnèrent Esdras un peu plus tard.

I Esd., vii, 7, 24. Trois d’entre eux avaient pris desfemmes étrangères et durent s’en séparer. I Esd., x, 24; II Esd., x, 28. Quand il fallut repeupler Jérusalem, on compta 172 portiers qui s’y établirent. II Esd., xi, 19. À cette époque, les chefs des portiers du Templeétaient au nombre de six. II Esd., xii, 25. Les portiersavaient part aux distributions des dîmes qui étaientversées par les Israélites, et remplissaient leurs fonctionsconformément au règlement établi par David.

II Esd., xii, 44, 46; xiii, 5. — Ézéchiel, xliv, 11, prévoitaussi, dans son Temple idéal, des lévites chargés desportes.

4° Dans le second Temple, il n’y avait plus que vingtet un postes de gardiens, au lieu de vingt-quatre. Mais, à chaque poste, dix lévites étaient de garde, et, chaquenuit, 240 lévites et 30 prêtres veillaient sur le Temple.Cf. Ps. cxxxin (cxxxiv); Tamid, i, 1; Middoth, i, 1; Reland, Antiquitates sacrée, Utrecht, 1741, p. 118. Unfonctionnaire supérieur faisait des rondes nocturnes dansle Temple, sous la surveillance d’un intendant spécial.Cf. Schekalim, v, 1. D’après Josèphe, Cont. Apion., h; 9, vingt hommes étaient employés à la fermeture, et il fallaitles efforts de ces vingt hommes réunis pour ouvrir laporte orientale du sanctuaire, qui était toute de bronzeet d’un poids énorme. Cf. Bell, jud., VI, v, 3. Les Juifsprétendaient que la porte principale du Temple grinçaitsi fort quand on l’ouvrait, que le bruit s’en entendaitjusqu’à Jéricho. Cf. Tamid, iii, 8. On ouvrait lesportes à la pointe du jour et on les fermait le soir àson déclin. Pendant les fêtes de la Pâque, on les ouvraitdès le milieu de la nuit, cf, Josèphe, Ant. jud. rXVIII, ii, 2, et à la Pentecôte les prêtres venaient lanuit pour remplir leurs fonctions. Cf. Bell, jud., VI, v, 3; Yoma, i, 8. — Les portiers surveillaient aussiceux qui pénétraient dans le Temple et dans ses parvis.Ils laissaient pénétrer dans le premier parvis tousceux qui se présentaient, même les étrangers, mais non

les femmes en état d’impureté légale. Le parvis desfemmes n’était ouvert qu’aux Israélites et le parvisd’Israël qu’aux hommes seuls, à l’exclusion de ceux etcelles qui n’étaient pas légalement purifiés. Cf.Josèphe, Cont. Apion., ii, 8. Les portiers ne remplissaient pastoujours leur office avec le soin requis et beaucoup d’Israélitestrouvaient plus commode de traverser le grandparvis que de contourner l’enceinte du Temple pour allerdu nord au sud de la ville. Notre-Seigneur intervintpour défendre de transporter différents objets à traversle Temple. Marc, xi, 16.

5° L’importance des portiers dans l’ancien Temple etla nécessité de leur fonction ont déterminé l’Église àinstituer aussi des portiers parmi ses ministres. L’ordred’ostiarius est le moins élevé des ordres mineurs. Lesportiers avaient à veiller sur ceux qui entraient pourassister aux réunions liturgiques et à prendre soin^del’ordre dans l’église, de la garde de différents objets, etc.

137. — Soldats égyptiens gardant la porte d’un campement.D’après Lepsiua, DenkmàUr, Abth. III, Blatt. 154.

Cf. Martigny, Dict. des antiquités chrétiennes, Paris, 1877, p. 659.

IL Autres portiers. — 1° Ii est plusieurs fois questionde portiers veillant sur les portes d’une ville. Mais cesportiers étaient plutôt des gardes postés en cet endroiten cas d’alerte ou de guerre (fig. 137). Tels étaient lesgardes des portes de Sa marie assiégée, IV Reg., vii, 10, 11, et ceux de Jérusalem, à l’approche des Chaldéens. Jer., xxxvii, 12. — Pour assurer le respect de la Loi, Néhémieposta des gardes aux portes de Jérusalem, avec ordre deles tenir fermées le jour du sabbat, pour empêcher lesmarchands tyriens d’entrer et de vendre. II Esd., xiii, 19.

— 2° Des portiers gardaient la porte des palais. Mardochéesurprit le complot que tramaient deux gardiens dela porte du palais de Suse. Esth., ii, 21; su, 1. À l’entréede la cour du palais de Caïphe, il y avait une portièrequi, par ses propos, contribua à la chute de saintPierre. Joa., xviii, 16, 17. — 3° Les maisons de quelqueimportance avaient des portiers. En quittant samaison, le maître commande au portier de veiller. Marc, xm, 35. À la maison de Marie, mère de Jean Marc, uneservante, du nom de Rhodé, entendit saint Pierre frapperà la porte du vestibule et ne songea pas à lui ouvrir.Act., xii, 13, 14. — 4° Le portier de la bergerie est legardien qui veille sur le troupeau pendant la nuit etouvre au vrai pasteur, quand celui-ci se présente. Joa., x, 2, 3-50. On lit dans Job, xxxvii, 17:

Les portes de la mort ont-elles été ouvertes devant toi?As-tu vu les portes des ténèbres?

Il est question de portes dans les deux vers. Dans le

second, les Septante lisent iruXtopoî, ce qui donne auparallélisme une forme bien préférable:

Les portiers de l’Hadès ont-ils eu peur à ta vue?

Cf. Dhorme, Le séjour des morts chez les Babylonienset les Hébreux, dans la Revue biblique, 1907, p. 68.Dans le poème babylonien de lu Descente d’Istar auxenfers, il y a aussi un portier, pêtû, préposé à la gardedes différentes portes. Sur la menace que fait Istard’enfoncer la première porte si on ne la lui ouvré, le portier va avertir la déesse infernale et ensuiteouvre à Istar les sept portes successives de l’enfer.Cf. Dhorme, Choix de textes religieux, Paris, 1907, p. 327-333. — Sur les portiers de prison, voir Geôlier,

t. iii, col. 193.

H. Lesêtre.

    1. PORTIQUE##

PORTIQUE (hébreu: ’ûlâm, ou’uldm, mûsâk, parbâr; Septante: aîXâfi, vao; , <7Toâ; Vulgate: porïicus, vestibulum), construction ordinairement composéede colonnes et d’un toit servant d’abri, destinée à ornerl’entrée d’un édifice, le pourtour d’une cour où il sertcontre la pluie et le soleil, etc. — 1° La premièremention d’une sorte de portique se trouve dans lesJuges, iii, 23.’Il y est dit qu’Aod, après avoir tué Églon, roi de Moab, sortit par le misderôn. On fait venir lemot de sâdâr, «série»; il désigne probablement unesérie de colonnes formant vestibule à la maison. LesSeptante traduisent par npootâç, «vestibule»; la Vulgatene rend pas le mot hébreu. Le portique de la maisond’Églon était sans nul doute fort simple. — 2° LeTemple de Salomon avait des portiques dont Davidavait laissé le plan. I Par., xxviii, 11. Sur les mots parbâret parvàrîm, pharurim, que plusieurs expliquentcomme signifiant portiques, voir Pharurim, col. 220.

— 3° Le portique du Temple porte ordinairement lenom de’ûlâm, que les Septante reproduisent à peuprès sans le traduire: aîXâjx. Le portique avait 20 coudéesde largeur, 10 de profondeur et 120 de haut.III Reg., vi, 3; II Par., iii, 4. Ce dernier chiffre estmanifestement fautif, car le Temple lui-même n’avaitque 30 coudées de haut. III Reg., vi, 1. D’après la descriptionqui en est fournie, ce portique occupait la façademême de l’édifice sacré. L’autel s’élevait en face de ceportique. II Par., viii, 12; xv, 8. Les rois impies le fermèrent; Ézéchias le purifia et le rendit à sa destinationprimitive. II Par., xxix, 7. Les prêtres se tenaient entrele portique et l’autel pour prier et demander pardonau nom du peuple. Joël, ii, 17. Ézéchiel, XL, 7-17, prévoitégalement des portiques dans son Temple idéal. —Sur l’espèce de portique construit par Achaz et appelémûsak, IV Reg., xvi, 18, voir Musach, t. iv, col. 1345.

— 4° Salomon orna aussi son palais de portiques: portiqueà colonnes, long de 50 coudées et large de 30, ayant en avant un autre portique avec des degrés, portiquedu trône, portique du jugement, portique de samaison d’habitation et portique de la maison de lareine. III Reg., vii, 6-8. Voir Maison du Bois-Liban, t. iv, col. 597. — 5° Dans le Temple d’Hérode, des portiquesoccupaient les côtés du grand parvis des gentils, et en faisaient le tour, à l’exception de la partie occupéepar la forteresse Antonia. Ces portiques formaientdeux allées parallèles, au moyen de trois rangées decolonnes, dont la troisième était engagée dans la muraillemême de l’enceinte. Le portique du midi, ou portiqueroyal, avait une rangée de colonnes de plus etformait par conséquent trois allées. Les colonnes étaientde marbre blanc et avaient 25 coudées de haut. Des lambrisde cèdre recouvraient les portiques. L’espace ainsiprotégé contre la pluie et le soleil était de 30 coudées delarge. Dans le portique royal, les deux allées latéralesavaient 30 pieds de large et 50 de haut, celle du milieu45 pieds de large et 100 de hauteur. Cf. Josèphe, Ant.jud., XV, xi, 5; Bell, jud., - V, v, 2. Ces portiques furent

incendiés à l’époque d’Archélaûs, pendant une séditiondes Juifs contre les Romains. Cf. Joséphe, Ant. jud., XVII, x, 2. On les reconstruisit ensuite. Le portique situéà l’est et faisant face au Temple proprement dit s’appelaitportique de Salomon.On se réunissait sous ces portiquespour converser, les docteurs y entretenaientleurs disciples. Un jour d’hiver, Jésus se promenaitsous le portique de Salomon et les Juifs se rassemblèrentautour de lui. Joa., x, 23. Sous ce même portique, lepeuple se réunissait plus tard autour de Pierre et deJean, pour écouter leur prédication, Act., iii, II, et lespremiers fidèles se tenaient ensemble pour prier etentendre les Apôtres. Act., v, 12. — Sur la piscine Probatiqueet ses cinq portiques, Joa., v, 2, voir Bethsaïde,

t. i, col. 1723.

H. Lesêtre.

fJPORTIUS (grec: FUpxioç; Vulgate: Portius), nomengentilitium de Festus, procurateur de Judée.Act., xxxiv, 27. Voir Festus, t. ii, col. 2116.

    1. PORTUGAISES##

PORTUGAISES (VERSIONS) DE LA BIBLE.

La nationalité, portugaise commença à se constituerà la fin du XIe siècle et, quoique le peuple eût déjàdepuis longtemps son idiome particulier, formé deslangues parlées par ceux dont il tirait son origine, lesrecherches les plus anciennes attestent que, mêmeparmi les Portugais, jusqu’au commencement duxive siècle, les versions connues ou usitées desSaintes Écritures étaient en espagnol ou en une autrelangue étrangère.

I. Premières versions portugaises. — On doit ausavant archevêque d’Évora (Portugal), D. Fr. Fortunatode S. Boaventura († 1844), deux importantes publicationsqui nous fournissent des renseignements et desdocuments sur les origines des versions portugaisesdes Écritures. Le premier de ces travaux a pour titre: Memoria sobre o começo, progressae decadencia dalitteratura hebraica entre os portugueses catholicosromanos et a paru dans le t. ix des Mémoires de l’Aca-, demie royale des sciences de Lisbonne. Un écrivaindu xvie siècle, Jacob Flavio d’Evora, suivi au xviiie sièclepar Diogo Barbosa Machado, dans sa Bibliotheca Lusitana, et par d’autres savants, avait raconté qu’un évêque, supposé ou douteux, d’Evora, appelé Gaston de Fox, avait traduit la Bible en langue arabe et que le roiD. Diniz l’avait fait traduire de l’arabe en portugais.Fortuné de Saint-Bonaventure a démontré par desraisons si solides la fausseté de ce récit que lecélèbre bibliographe du siècle dernier, InnocencioFrancisco da Silva, dont l’autorité est universellementreconnue, " déclare dans son Diccionario bibliographico, articles Pe Francisco Recreio et Gastào de Fox, quel’existence de cette prétendue version est inadmissibleau tribunal de la critique.

La seconde publication de Fortuné de Saint-Bonaventureest une Collecçâo de Inédites Portuguezes dosseeufos xiv et sv, 3 in-8°, Coimbre, 1829, imprimeriede l’Université. Cette collection est la reproductionfidèle de Manuscriptos do Mosteiro de Alcobaça. Dansle tome I er (de 317 p.) on trouve entre autres, uneTraducçâo do livro dos Actos dos Apostolos; dans let. n (de xv-299 p.), Historias d’abreviado TestamentoVelho, segundx) o Meestre das Historias scolasticas, esegundo outros que as abreviarom, e com dizeresà"artyeœf <?&et< ?r&re sabedores (depuis Je commencementde la Genèse jusqu’à la fin du second livre desRois); dans le t. m (de 232 p.), sous le même titre, l’histoire se continue depuis le troisième livre des Roisjusqu’au secondlivre des Machabées, aveedes additionstirées de l’historien Josèphe. Le manuscrit des Historiasest de l’an 1320 et du règne du roi de PortugalD. Diniz. Fortuné de Saint-Bonaventure, dans sonHistoria chronologicae [critica da Real Abbadia de

Alcobaça, a fait ressortir le mérite et l’utilité de cetteœuvre, et Innocent da Silva, dans son Diccionario, notice sur la Collecçâo, les avantages qu’on peut enlirer pour l’étude archéologique et philologique de lalangue. Comme on ne peut constater l’existence d’aucuneversion portugaise d’un livre biblique antérieureau règne de D. Diniz, comme on n’a non plus aucunepreuve que ce roi ait fait faire awcune autre traduction, même abrégée, c’est aux moines d’Alcobaça, auteursde la version des Actes des Apôtres et de l’histoireabrégée de l’Ancien Testament, que revient l’honneurd’avoir été chronologiquement les premiers traducteursde la Bible en langue portugaise.

Fernào Lopes, surnommé le patriarche des historiensportugais, rapporte dans le prologue de la secondepartie de sa Chronica d’el Rei D. Joâo ii, quirégna de 1385 à 1433, que ce monarque «fit traduirepar de grands lettrés, en langue (portugaise), les Évangiles, les Actes des Apôtres et les Épîtres de saint Paul, ainsi que d’autres livres spirituels des saints». Quelsfurent les «lettrés» qui exécutèrent ce travail, dequelle manière ils accomplirent leur tâche, où setrouvent ces versions, Fernand Lopes ne le dit pas etceux qui sur son témoignage ont reproduit cette noticene le disent pas davantage. D. Fr. Manuel do CenaculoVillas-Boas, dans son livre Cuidados Utterarios doPrelado de Beja em graça de seu bispado, p. 64, déclareseulement qu’il a eu en sa possession une traducçàohistoriada do Antigo Testamento manuscrite, faite au xve siècle en portugais de l’époque par unthéologien savant et versé dans la connaissance de lalangue hébraïque, et il ajoute qu’à la date à laquelleil écrit (son livre fut imprimé en 1788) il ne sait pasautre chose sur cette traduction.

Il convient de mentionner ici la version faite par lejurisconsulte Gonçalo Garcia de Santa Maria. DiogoBarbosa, dans le t. n de la Bibliotheca Lusitana, ditqu’elle a pour titre Epistolase Evangelhos que se cantamno decurso do anno, et qu’elle fut impriméein-folio, en lettres gothiques, en 1479, sans indicationde lieu. Antonio Bibeiro dos Santos, qui vivait de 1745 à1818, en parle aussi dans Memoria de algumas traducçôesbiblicas menas vulgares em lingua portugueza, qui a paru dans le t. vu des Memorias de LitteraturaPortugueza, publié par l’Académie royale des sciencesde Lisbonne. Il est vrai que le bénéficier FranciscoLeitào Ferreira (1667-1735), dans ses Noticïas Chronologicasda Universidade de Coimbra, dit que GonçaloGarcia était originaire de Saragosse (Espagne) et qu’onne connait de lui qu’une version en castillan de 138pages, imprimée en caractères gothiques. Barbosa etBibeiro dos Santos, s’en rapportant à cette information, ont rétracté ce qu’ils avaient écrit avant de la connaître.Toutefois leur rétractation a été trop prompteet elle n’est pas fondée sur des raisons suffisantes. Leslangues parlées dans les deux pays ont une source communeet elles ont entre elles grande affinité et ressem-, blance; Portugais et Espagnols des classes instruitescultivaient l’une et l’autre, la leur et celle de la nationvoisine, de sorte qu’il y avait des Portugais quiécrivaient en espagnol, comme le rabbin Duarte Pinhel, qui, de concert avec le castillan Jacques de Vargas etd’autres, composa en cette langue une version de laBible (Ancien Testament) éditée par Abraham Usqueet connue sous le nom de Bible de Ferrare, parcequ’elle fut imprimée dans cette ville en 1553. Il y eutaussi des Espagnols qui écrivirent en portugais et dece nombre fut Gonçalo Garcia de Santa-Maria. Innoc entda Silva, dans son Diccionario, article Gonçalo Garcia, rapporte que le 21 mai 1866 le libraire Bertrand luimontra un livre in-folio, en caractères gothiques, oùmanquaient le frontispice et le dernier ou les derniersfeuillets, mais où, au haut du premier feuillet, le

titre constatait que c’étaient les Epistolase Evangëlhosem portuguez par Gonçalo Garcia de Santa Maria, Da Silva n’affirme point que c’était l’édition de 1479, citée dans Je tome n de la Bibliotheca Lusitana, puisque le livre ne contenait ni frontispice ni suscriptionfinale avec la date de l’impression, mais il dit qu’iln’a pas de doute que, s’il n’était du xve siècle, il doitêtre au moins du commencement du xvie. Pour se rendrecompte que c’était un livre différent de celui dontparle Ferreira Leitào, il suffit à Da Silva de constaterque celui que mentionne Leitâo avait 138 pages, tandisque celui que vendit le libraire Bertrand en avaitplus de 400, sans compter celles qui étaient perdues- àla fin.

A peu près contemporaine de la version de GonçaloGarcia fut celle de D. Philippa de Lancastre, fille del’infant D. Pedro et petite-fille de D. Joào I". Elle vécutde 1435 à 1497 et acheva ses jours dans le couvent desreligieuses cisterciennes d’Odivellas. Le premier quimentionne cette traduction est Jorge Cardoso (16061669) dans VAgiologio Lusitano, au Il février, la lettreA. Elle a été citée depuis par le théatin D. AntonioCætano de Sousa (1674-1759) dans le t. il de VHistoriaGenealogica da Casa Real, et par Diogo Barbosa dansle t. il de la Bibliotheca Lusitana. D’après ces auteurscette version, faite sur une traduction française, renfermeles Evangelhose Homilias de todo o anno. Lesdeux premiers, et Antonio de Figueiredo, dans la Préfacegénérale de sa traduction de la Bible, nousapprennent que, de leur temps, cette œuvre se conservaitencore dans le monastère des Cisterciennes d’Odivellas.Augusto Soares d’Azevedo Barbosa de PinhoLeal, parle aussi de ce travail, en 1875, dans le t. vi deson Portugal Antigoe Moderno, au mot Odivellas. «D. Philippa, dit-il, écrivit un manuscrit et l’orna debelles miniatures; c’est un ouvrage de grand mérite, qu’elle donna au monastère; il existe encore.» Sur ledegré d’instruction de la princesse, le même auteurajoute: «Dirigée par son père dans son éducation, elleconnaissait à fond le latin et le français et elle a laissédes œuvres écrites de sa main.»

Dans la Resposta â Consulta que o Deputado (daReal Mesa censoria) Antonio Pereira de Figueiredofez aô Sr. Bispo de Beja sobre versôes partidas daBiblia em vulgar, em Fevereiro de 4794 (manuscritqui, selon l’auteur de la Préface à la seconde éditionde la Bible traduite par Figueiredo, appartient aujourd’huià l’Académie des sciences de Lisbonne), D.Fr. Manuel do Cenaculo rapporte que la reine D.Leonor, femme de D. Joào If, fit imprimer la traductiondes Actos dos Apostolos, as duas Epistolas de S.Pedro, as ires de S. Joâoe a de S. Judas, mais il nedit pas par qui elle avait été faite et s’il en existe desexemplaires.

Si ce n’est pas la même version, c’est au moins uneversion de la même époque, celle des Actos dosApostolos, dont nous avons parlé plus haut, qui aété publiée dans le t. I de la Collecçào de IneditosPorluguezes, éditée par D. Fr. Fortunato. D’après ceprélat, cette version fut faite, peut-être d’après uneautre version plus ancienne, par Fr. Bernardo de Alcobaça, qui vivait sous le règne de D. Joào II. C’est à ceFr. Bernardo de Alcobaça qu’on attribue généralementet avec raison la traduction portugaise de la Grandevida de Jésus Christo, écrite en latin par Ludolphe leChartreux. Cette traduction fut imprimée à Lisbonneen 1495, par ordre du roi D. Joào II et de sa femmeD. Leonor.

Il est inutile d’énumérer ici en détail diverses versionsde moindre importance, qui sont de la mêmeépoque ou peu postérieures, des traductions d’un certainnombre de Psaumes ou de chapitres d’autreslivres de la Bible, intercalés occasionnellement dans

des biographies ou dans des livres d’histoire ou de littératureprofane.

II. Versions portugaises depuis le xvi» sièclejusqu’au milieu du xviiie siècle. — Dans le cours duxvi «siècle, avec l’apparition du protestantisme et lapropagation de sa fausse doctrine du libre examen etde l’interprétation privée des Écritures, la lecture de laBible devint, dans une certaine mesure, un dangerpour ceux qui n’étaient pas familiers avec les règlesde l’herméneutique sacrée et qui ne connaissaient pasla véritable interprétation donnée aux Livres Saintspar l’Église qui en a le dépôt. Pour ce motif, Pie IV, le 24 mars 1564, en publiant par la Bulle. DoniiniciGregis l’Index des livres défendus, établit dans larègle 4, que l’usage des versions de la Sainte Écrituren’est pas permis à tous sans discernement, mais quela permission de les lire n’est accordée qu’à ceuxqui, au jugement de l’évéque ou de l’inquisiteur, peuventle faire sans péril et au profit de leur foi et de leurpiété. En Portugal, la religion des rois très fidèles etle zèle des évêques avaient déjà prévenu ce décret duSaint-Siège en adoptant à l’avance des mesures analogues.Les exemplaires de tout livre de la Bible traduiten langue vulgaire devaient porter à la première pagela permission accordée à celui qui pouvait s’en servir, et les versions, quelquefois même dans les manuscritsoriginaux, portaient le nom de celui à qui ellesétaient destinées. On possède des documents historiquesqui en témoignent. Ribeiro dos Sanctos, danssa Memoria da Litteratura Sagrada, publiée dans let. il des Memorias de Litteratura Portugueza, del’Académie des sciences de Lisbonne, cite un exemplairede la Bible où était incorporée à la premièrepage la permission donnée par Fr. Francisco Foreiropour autoriser Francisco de Sa de Miranda († 1558) àen faire usage. Barbosa dans la Bibliotheca Lusitana etFigueiredo dans la Préface de sa traduction de la Bible, parlent d’une version manuscrite des Psaumes de lapénitence, faite par D. Fr. Antonio de Sousa († 1597), évêque de Viseu, pour l’usage de sa sœur la comtessede Monsanto.

Ces défenses restrictives furent cause que les versionsdevinrent de plus en plus rares et que les savantss’appliquèrent surtout dès lors à commenter en latinle texte latin de la Vulgate, chaque écrivain choisis-^sant le livre de l’Écriture pour lequel il se sentait leplus d’attrait. L’auteur de la Préface générale de laversion de la Bible par Figueiredo, éditée à Lisbonneen 1854, énumère un grand nombre de ces commentateurs, parmi lesquels figurent des noms de grandeautorité dans les lettres portugaises, comme ceux deBartholomeu dos Martyres, Bernardo de Brito, FranciscoForeiro, Heitor Pinto, Joào de Lucena, Manuelde Sa, Antonio Vieira, Francisco de Mendonça, etc.

De leur côté, les protestants, interprétant malignementla défense faite par Pie IV, accusèrent l’Églised’interdire aux fidèles la lecture des Livres Saints afinqu’ils ne puss*nt pas connaître ce qui la condamnaitdans les écrits sacrés, et ils se mirent avec une grandeactivité à composer et à publier des versions de laBible, en supprimant une partie des livres du canon, en altérant parfois les textes comme il leur convenaitet en proclamant surtout qu’il était libre à chacun deles interpréter à son gré. Ils trouvèrent un collaborateurpour la langue portugaise dans la personne d’nnprêtre apostat du xviie siècle qui était devenu ministrecalviniste en Hollande; il publia: Novo Testament! ), isto é, todos os sacrosantos livros de escriptosevangelicose aposlolicos, do novo concerto de nossofiel senhor, Salvadore redemptor Jesu Christo; agoraIraduzidos em portuguez pelo Padre Joào FerreiraA. de Almeida, ministro prégador do Sancto Evangelho.Comtodasas licençasnecessaria. Em Amster

dam. Por a Viuva de J. V. Someren. Anno 1681.Em 4°. La Bibliothèque nationale de Lisbonne enpossède un exemplaire. Comme le fait remarquer lebibliographe da Silva, Diecionario, article Joâo FerreiraA. de Almeida, cette traduction est remplied’erreurs et de fautes typographiques provenant de ceque le correcteur était peu versé dans la langue portugaise, ainsi que le fait remarquer l’auteur lui-mêmedans un avertissem*nt publié à Batavia le 1 er janvier1683 et où sont énumérées plus de mille erreurs à corriger, avec cette observation qu’il a été impossible deles relever toutes.

Une seconde édition fut faite par les Hollandais établisen Asie pour l’usage des protestants portugais deBatavia, sous ce titre modifié: Novo Testamento, isto é, todos os livros do novo concerto do nosso fielsenhore redemptor Jesu Christo, traduzido na linguaportugueza pelo reverendo padre Joâo Ferreira A. deA Imeida, ministro prégadordo Sancto Evangelho n’eslacidade de Batavia em Java Maior. Em Batavia, porJoâode Vîtes, impressor da Illustre Companhia, e destanobre cidade. Anno 1693. Sur le verso de la feuille oùse lit le titre se trouve la déclaration que l’ouvrage aété imprimé por ordem do Supremo Governo daillustre Companhia das Vnidas Provincias na lndiaOriental, revista, com approvaçâo da congregaçàoecclesiastica da cidade de Batavia, pelos ministrosprégadores do Sancto Evangelho na Igreja da mesmacidade Theodorus Zas, Jacobus Opden Akker. Cetteédition est sur papier de Hollande, grand in-4°, et avin-597 pages. Elle a de plus que la première la concordancedes textes de l’Écriture. I. da Silva observequ’on y a corrigé peu ou point des fautes de la premièreédition, mais qu’on y a fait des changementsconsidérables, plaçant, par exemple, la plupart desverbes à la fin des propositions, «ce qui rend parfoisle sens obscur, fait violence à la phrase et affecte laconstruction des périodes.» Da Silva possédait unexemplaire de cette édition. J.-Ch. Brunet, dans le Manueldu libraire et de l’Amateur de livres, en signaleune autre qualifiée de «rarissime» dans le cataloguede Meerman.

En 1712 parut une troisième édition in-8°, à Amsterdam, chez Joào Creliluz, par ordre de la mêmecompagnie des Provinces-Unies, pour l’instructiondes Indiens. Elle est encore plus fautive que lesprécédentes. Une quatrième édition fut publiée en1760 en deux grands in 8°, à Tramgambar, par l’officede la mission royale du Danemark et au bénéficede cette mission, aux frais de la Société (anglicane) de la Propagation de la foi de Londres. Unecinquième édition fut donnée à Batavia par EgbertHumen, in-8°, 1773. Da Silva dit qu’elle fut comparéede nouveau avec le texte original et avec d’autres versionset ainsi améliorée, les verbes furent remis àleur place naturelle et beaucoup de mots et de fautescorrigés.

La traduction de Ferreira de Almeida, dit Ribeiro dosSantos, dans sa Memoria sobre versôes Biblicas, futfaite sur le texte grec qu’elle suit dans les points où ildiffère de la Vulgate. En sa qualité de calviniste, l’auteurn’en a pas exclu les livres deutérocanoniques querejette le luthéranisme. D’après Antonio Pereira deFigueiredo, dans sa préface au Nouveau Testament, 1. 1, 2e édit., on n’y trouve rien qui sente le calviniste, et il la regarde comme très servile. Mais d’autres écrivainssont d’un avis tout à fait contraire et la préfaceque nous venons de citer ne fut pas reproduite dansles éditions de Figueiredo qui furent publiées en 1794et après, sous la surveillance de l’autorité ecclésiastiquequi y fit supprimer aussi des notes. Quant à saservilité, la traduction, par exemple, de Luc, I, 28, prouve le contraire; au lieu de traduire par cheia de

graça, elle traduit par em graça acceita dans quelqueséditions et par agraciada dans d’autres.

Le même traducteur publia en 1738, in-4°, à Trangambar, Livros Eistoricos do Velho Testamento, eten 1740, in-8° dans la même ville et, comme le précédent, par l’office de la mission royale de DanemarkLivro dos Psalmos. En 1748 parut à Batavia, in-8 1 ", imprimé à l’office des séminaires par M. Mulder, DoVelho Testamento o primeiro tomo que contem osSS. Livros de Moysés, Josué, Juizese Ruth, Samuel, Reys, Chronicas, Esra. Nehemiase Esther. Traduzidosemportuguez por Joâo Ferreira A. de Almeida, Ministro prêgador, etc. Eu 1753, G. H. Heusler imprimaau même office du séminaire à Batavia, in-8°, DoVelho Testamento o segundo tomo que contem osSS. Livros de Job, os Psalmos, os Proverbios, o Prêgador, os Cantares, com os Prophetas Mayorese menores.Traduzidos em portuguez por Joâo FerreiraA. de Almeida, e Jacob Opden Akker, Ministros prégadoresdo Santo Evangelho, etc. Entre la publicationdu t. i et du t. n de cette version parut en 1749 unenouvelle édition du Livro dos Psalmos, in-8°, à lamême imprimerie, qui donna aussi plus tard, en 1757, dans une édition séparée, Û3 Livros de Moysés.

La traduction de l’Ancien Testament fut faite auxfrais de la Compagnie hollandaise des Indes Orientales.Elle ne contient pas les livres deutérocanoniques. Autémoignage de da Silva, Almeida fit sa version sur l’originalhébreu, en se servant de la version hollandaiseimprimée en 1618 et de la version castillane de CyprianoValera, édition de 1602; il la poursuivit jusqu’auxderniers chapitres d’Ézéchiel; elle fut achevée parJacob Opden Akker, un de ceux qui avaient été chargésde revoir la traduction du Nouveau Testament éditéepar Almeida en 1693.

Depuis sa publication, la version d 7 Almeida a été sisouvent réimprimée soit totalement, soit partiellement, pour les sociétés bibliques d’Angleterre et d’Amérique, qu’ «il est ^difficile, dit da Silva, de donner une énumérationexacte x de toutes ses éditions. Ce bibliographementionne deux éditions complètes dont il possèdedes exemplaires, l’un grand in-8°, imprimé par R. etA. Taylor, à Londres, 1819, l’autre grand in-8°, impriméà New-York en 1850. Nous avons entre les mainsdeux éditions complètes plus récentes, l’une in-8°, publiée à New York en 1883, par la Société bibliqueAméricaine, et où il est dit que le Nouveau Testamentest une Reimpresso da ediçâode 1693, revistae emendada; l’autre, in-4°, imprimée à Lisbonne, en 1897, revistae correcta, com referenciase na margemalgumas palabras segundo o hebraicoe grego. Sevend au Deposito das Escripturas Sagradas. — En1862, l’archevêque de Bahia, D. Manuel Joaquim daSilveira, publia une Lettre pastorale pour prémunir sesdiocésains contra adulteraçôes emu tilaçôes da Bibliatraduzidæm portuguez pelo Padre J.F.A. de Almeida.Il y examine l’édition de New York que les protestantsrépandaient dans le Brésil et après l’avoir confrontéeavec le texte reconnu authentique dès les premierssiècles, il montre qu’elle contient des altérations, changements, mutilations, additions, par exemple, Luc, 1, 28; Act., xiv, 23; Eph., v, 32; II Tim., iv, 5; II Joa., v, 6, 10, 13, 15, 17-20. Ces altérations se trouvent.dans les éditions de New York, 1882, et de Usbonne, 1897.

Ribeiro dos Santos, dans sa Memoria de algumastraducçôes biblicas (voir col. 560), appréciant la valeurphilologique pt littéraire du travail de Ferreira deAlmeida, dit que sa langue est a3sez riche et renfermeun trésor de mots pour le vocabulaire portugais, maisque sa grammaire est défectueuse, parce qu’il emploiedes phrases et des constructions qui n’ont pas la saveurdu langage national et parce qu’il serre de trop près

le texte original ou fait usage de locutions et d’idiotismespropres au pays où il vivait,

III. Versions portugaises depuis le milieu duxviir 3 siècle jusqu’à nos jours. — Au milieu duxviiJe siècle, à peu près au moment où apparaissait laversion complète faite par Almeida et son auxiliaire(1748-1753), s’ouvre une période nouvelle pour la multiplicationdes traductions de la Bible. L’Église quiavait interdit la lecture de l’Écriture en langue vulgaireau commencement du [protestantisme pour entraverles progrès de l’hérésie naissante parmi le peuple, permit, dans la seconde moitié du xvii 8 siècle, pourdétourner les fidèles de la lecture des versions protestantes, de publier des traductions en langue vulgaireà la condition qu’elles fussent accompagnées denotes et d’éclaircissem*nts tirés des saints Pères et dessavants catholiques, et approuvées par le Siège apostolique.Benoît XIV modifia en ce sens en 1757 la quatrièmerègle de l’Index formulée par Pie IV en 1564. Lerésultat fut la publication de versions nouvelles parmiles catholiques: au Portugal, il parut presque simultanémentdeux traductions complètes de l’Ecriture.

1° Version de Figueiredo. — La première fut cellede P. Antonio Pereira de Figueiredo (né en 1725, morten 1797). Il commença par le Nouveau Testament, lequel étaitprêt dès 1772, comme on le voit dans l’Épltredédicatoire au cardinal D. Joào da Cunha († 1773), mais le premier volume ne fut imprimé qu’en 1778, nâopor culpa do auctor, dit le Prologue, daté du 8 janvier1778, mas por infelicidade. La version de l’AncienTestament commença par les Psaumes imprimés en2 volumes en 1782, elle se continua par la Genèse etles autres livres, imprimés par l’imprimerie royale àlisbonne de 1783 â 1790. La traduction complète forme23 in-8°. Dès 1781, on réimprima les deux premiersvolumes du Nouveau Testament, corrigés pour le texteet augmentés pour les notes.

Peu de temps après parut la seconde édition de laBible entière: Eiblia Sagrada, traduzida em porluguezsegundo a Vulgata latina, illuslrada com préfacées, notas eliçôes variantes. Segunda ediçào revistae retocada pelo auctor. Les 17 volumes in-8°, que comprendl’Ancien Testament, furent imprimés par l’imprimerieroyale de Lisbonne de 1791 à 1803 et les 6 duNouveau Testament par Simào Thaddeo Ferreira de 1803à 1805.

En 1794, commença à paraître une troisième édition, en deux colonnes, contenant l’une le texte latin etl’autre la traduction portugaise, texte et notes retouchéspar l’auteur. Elle est dédiée au prince du BrésilD. Joào, dont elle reproduit en tête le portrait. Le tomepre mier contient une Prefacio gérai à toda a SagradaSiblia, de xcv pages, dans laquelle il est dit que cette édition «est incomparablement plus correcte et augmentée, de telle sorte qu’on peut dire avec raison que c’estune version nouvelle». Outre cette Préface générale, chaque livre est précédé d’une Préface spéciale plusou moins courte dans laquelle Figueiredo indique lestraductions en langues diverses dont il s’est servi pourla version de ce livre. Cette édition, imprimée à Lisbonne, par S. Th. Ferreira et terminée en 1819, comprendsept tomes in-folio.

Une réédition delà traduction de Figueiredo, avec letexte latin, en 2 in-f°, fut publiée en 1852-1853, par laSibliotheca Economica, soas la direction d’Eduardo deFaria, auteur d’un Dictionnaire portugais, avec ce titre: A Biblia Sagrada contendo oVelhoe Novo Testamento.Traducçào do Padre Antonio Pereira de Figueiredo.Enriquecida com varias notas pelo mesnio traductor(excepto aquellas que foram condemnadas cm Ronia)e por D. Felippe Scio de S. Miguel, Bispo de Segovia, Bossuet, etc. Ornado com gravuras. Lisboa. Typographiade José Carlos de Aguiar Vianna, 1852. Approvada pelo Cardeal Patriarcha de Lisboa em 9 de Janeirode 1852. Cette Bible fut critiquée lors de sonapparition à cause des fautes typographiques nombreuses, de la suppression des indications chronologiqueset d’une partie des préfaces et aussi de l’insuffisancedes notes.

Une nouvelle édition parut en 1854, avec le texte-latin à la librairie populaire et historique de Lisbonne, sous les auspices du cardinal patriarche. Le Patriarcheen autorisa la publication le 4 juin 1852, à conditionqu’elle reproduirait la seconde édition, in-4°, faite àLisbonne en 1794, par Simào Thaddeo Ferreira, avecses préfaces et ses notes, lesquelles avaient été expurgées, et qu’elle serait revue et corrigée par un savantecclésiastique, aidé au besoin de deux autres réviseurs.Une préface nouvelle à l’Ancien Testament et une autreau Nouveau sont l’œuvre de l’un des censeurs, P. FranciscoRecreio. Elle comprend trois volumes in-folio.Le troisième contenant le Novo Testamento. Vida deNosso Senhor Jésus Christo, paru* en 1857. La vie deNotre-Seigneur forme un supplément publié en 1858, avec ce titre spécial: Vida de Nosso Senhor JésusChristo, redïgida pelo Reverendo Abbade Brispot, evertida em vulgar por Luis Filippe Leite, Directorda Escola Normal Primaria de Lisboa.

La traduction de Figueiredo, sans le texte latin, futéditée au Brésil, en 1864, en 2 in-4°, à Rio de Janeiro, par la librairie 0. B. L. Garnier. Elle contient peu denotes de Figueiredo et seulement dans les livres duPentateuque, Josué, Esther, Daniel et Amos. Plusieurslivres n’ont aucune note. Celles qui sont relatives auxprophètes et au Nouveau Testament, œuvre du chanoineDelaunay, curé de Saint-Étienne-du-Mont à Paris, sontplacées à la fin de la Bible, sans aucun renvoi dans letexte sacré. Cette édition, avec les notes explicatives deDelaunay, est approuvée par un mandement de l’archevêquede Bahia, alors métropolitain du Brésil, daté de1863. — La Société biblique de Londres a publié diverseséditions de la version de Figueiredo, sans pré~faces et sans notes, 1821, 1866, etc. La lecture en futpermise aux catholiques du Portugal par un acte duministère du royaume, du 17 octobre 1842, reproduitdans la Revista universal Lisbonense, 1™ série, t. ii, p. 521. Francisco Recreio, un des censeurs de l’éditionde la Librairie populaire de 1854, déclare à la fin de lapréface que c’est «pour le bien de l’Église qu’est publiéeavec le plus grand soin cette traduction, parceque la propagande protestante l’a fâcheusem*ntintroduitedans le Portugal et les pays de sa domination, enla faisant imprimer à sa manière par ses presses impureset falsificatrices».

Au point de vue philologique et littéraire, la traductionde la Bible par Figueiredo a justement la réputationd’une œuvre de valeur. Il avait toutes les qualitésrequises pour ce travail, fait sur la Vulgate latine, étantlui-même un excellent latiniste, «connu comme telmême à l’étranger,» dit Innocencio da Silva, auteurd’études historiques et théologiques en latin, ainsi qued’ouvrages classiques pour l’enseignement élémentaire, moyen et supérieur de cette langue, adoptés universellementpendant près d’un siècle au Portugal et au Brésil; sa compétence l’avait fait nommer rédacteur pourles lettres latines de la secrétairerie d’État. Quant àsa composition en langue portugaise, voici ce qu’endit Fr. Recreio, dans la première préface de l’édition’de la Librairie populaire: «Dans le cataloguedes livres à consulter pour la continuation du Dictionnairede la langue portugaise, publié par ordre de l’Academie royale des sciences de Lisbonne, figure la traductionde l’Ancien et du Nouveau Testament, édition in-8°d’Antonio Pereira de Figueiredo. Cette mention est lapreuve authentique de son caractère classique.» On nepeut donner de semblables éloges aux notes que Figuei

redo a jointes lui-même à sa version. «On ne sauraitnier, dit Recreio, dans la préface déjà citée, l’utilité etl'étendue de l'érudition qui fait le mérite (des notes deFigueiredo) sous le rapport critique, dogmatique etmoral. À ceux qui ne sont pas d’accord avec quelquesunes de ses opinions particulières, nous répondronspar les paroles de l’Apôtre, prises dans leur sens vulgaire: Unusquisque in suo sensu abundet.» Sanscontester ce jugement, nous devons observer queFigueiredo, tout en possédant une instruction variée etétant très versé dans les sciences ecclésiastiques et profanes, souffrit néanmoins de l’influence des doctrinesrégalistes auxquelles ne surent pas alors résister mêmedes membres notables de l'épiscopat; il les défenditdans les livres qu’il publia, tels que la Tentativa theologica et Y Analyse da Profisâo de Fé do santo PadrePio IV, laquelle fut mise à l’index par décret du 26 janvier 1795, et il s’y montra tellement attaché qu’il refusade se rétracter même à ses derniers moments, ainsi quel’affirme un de ses nsveux, dans une lettre adressée à lapresse, et qu’il est rapporté par V Encyclopédie Portugueza illustrada (publication qui a commencé auxx «siècle, sous la direction de Maximiano Lemos), article sur Antonio Perdra de Figueiredo. Si l’ontient compte de ces circonstances, on comprend queses notes aient été condamnées, quoiqu’un grandnombre d’entre elles témoignent de ses connaissanceslinguistiques, historiques et littéraires; il n’y a pasd’injustice à affirmer qu’on n’y voit prédominer ni l’esprit sacerdotal, ni la piété chrétienne qui animent lescommentaires d’autres versions portugaises.

De 1902 à 1904, la traduction de Figueiredo a été rééditée en Portugal sous ce titre: Biblia Sagrada contendo o Velhoe Novo Testamento. Versâo do PadreAntonio Pereira de Figueiredo. — Commentarioseannotaçôes segundo os modernos trabalhos de Glaire, Knabenbauer, Lesêtre, Lestrade, Poels, Vigouroux, etc.— Pelo Rev. Santos Farinha. — Ediçào populareillustrada, approvada pelo Emmo-Cardeal Patriarcha, 3 in-8°, Lisbonne, 1902-1904. Les préfaces de Figueiredo sont remplacées par des préfaces nouvelles, les archaïsmes et les inexactitudes sont corrigés. Lescorrections ne sont pas toujours heureuses. Le commentaire est presque certainement nouveau. Cette édition n’est pas accompagnée du texte latin.

2° Versionde Sarmento. — Une autre traduction portugaise de la Bible fut faite en même temps que cellede Figueiredo par Francisco de Jésus Maria Sarmentoqui vécut de 1713 à 1790. Le Nouveau Testament parut d’abord sous le titre de Historia Evangelica, 8 in-8°, Lisbonne, 1777-1778. Avant le texte sacré on trouve uneGoncordia Evangelica, à imitaçâo da de Joào Buisson, impressa etn Savreux no anno de 1554. L’ancien Testament parut à Lisbonne de 1778 à 1785 en 44 in-4°, sous le titre de Historia biblica. Le traducteur ne s’estpas astreint à une traduction rigoureuse, comme il ledéclare dans le prologue du premier livre, et il ajoutesouvent des explications au texte.

La traduction de Sarmento fut rééditée sans le textelatin à Porto. L’Ancien Testament parut sous ce titre: Historia Biblicae Doutrina Moral da Religiâo Catholica, extrahida dos Livros Santos do Anligo Testamento com fréquentes Paraphrases et Varias NotasLitterariase Reflexôes Moræs, para sua maioremais proveitosa intelligencia: 27 in-8°, Porto, 18641867. Le Nouveau Testament dans un premier volumela Concordia Evangelica, et les suivants: VHistoriaEvangelica, apostolicae doutrinal, deduzida dos LivrosSantos do Novo Testamento, com fréquentes paraphrases introduzidas no Texto, sobre algumas NotasLitteræs em certos lugares maisdifficeis, tudo extrahido dos Antigos Padrese Modernos Expositores, para melhor e' mais facil intelligencia da Sagrada

Escriptura, Il in-8°, Porto, 1867-1869. Le troisième et lequatrième livre d’Esdras, également traduit par Sarmento, avec la prière de Manassé, etc., sont contenusdans un 12e volume paru en 1868.

Le bibliographe Innocencio mentionne deux versions partielles du Nouveau Testament, composées auxviii 6 siècle et restées manuscrites: Versâo das Epistolase Evangelhos, que se recitam em todo o anno.acompanhada de illustraçôes, par Joaquim José daCosta Sa († 1803), et O Evangelho de Jésus Christosegundo S. Matheus et S. Marcos, traduzidoe illustrado em largos commentarios, 3 in-4°, par AntonioRibeiro dos Santos († 1818), donnés par l’auteur à laBibliothèque de Lisbonne.

3° Versions du xix" et du XXe siècles. — D. Fr. Joaquim de Nossa Senhora de Nazareth, qui [fut d’abordévêque de Maranhào et puis de Coimbra et acheva savie à Maranhào (Brésil), en 1851, publia: O Novo Testamento de Nosso Senhor Jésus Christo, conforme aVulgata Latina, traduzido em portuguez, e annotadosegundo o sentido dos Santos Padrese ExpositoresCatholicos, pelo quai se esclarece a verdadeira doutrina do texto sagrado, e se refutam os erros subversivos dos novadores antigose modernos, 3 in-f°, Maranhào, 1845-1847. Version estimée et accompagnée dutexte latin. Une nouvelle édition fut imprimée, sans letexte latin, ia-12, à Lisbonne, 1875, em conformidadeda Versâo France.za annotada porJ.-B. Glaire.

En 1879, fut publié au Brésil une autre version: O Novo Testamento de Nosso Senhore RedemptorJésus Christo, traduzido do original grego. Primeiraediçào brazileira, in-8°, Rio de Janeiro. Elle paraîtêtre une retouche de la version de Ferreira de Almeidaet ne contient aucune note.

En 1895, a paru à Porto une Biblia popular illustradapelo abbade Drioux. Traducçào de Paiva Pona. Publicada com permissâo do Cardeal Bispo do Porto.Velhoe Novo Testamento, in-4°, avec gravures. Cen’est pas proprement une version, mais un récit danslequel le commentaire est mêlé au texte.

Le premier congrès catholique brésilien, réuni àBahia en 1900, résolut le 9 juin la publication d’unenouvelle édition de la Bible, pour combattre la propagande protestante. Le travail fut confié aux Franciscains. Ils ont publié à Bahia, en février 1902: O SantoEvangelho de Jésus Christo segundo S. Matheus, traduzido em Portug)iez segundo a Vulgata latina. Comannotaçôes extrahidas dos SS. Padres et de theologoseminentes, antigose modernos. Editado pelos Religiosos Franciscanos. — En avril de la même "année: OSanto Evangelho de Jésus Christo segundo S. Marcos.Une nouvelle édition de ces deux Évangiles parut enjuin 1902.

En août 1903: O Santo Evangelho segundo S. Lucas; en décembre 1903: U Santo Evangelho segundoS. Joào; en mai 1904: Os Actos dos Apostolos; demai 1905 à janvier 1906 ont été publiées: Epistola deS. Paulo aos Romanos; l a et 2 a Epistola aos Corinthios. La version des Évangiles et des Actes, avec les'notes, destinées surtout à combattre les erreurs desprotestants, pour une nouvelle édition, qui est souspresse, ont été revues par le P. J. Knabenbauer, S. J.

En 1903, le chanoine Duartè Leopoldoe Silva, devenu successivement depuis évêque de Corytiba et aujourd’hui de S. Paulo, publia une Concordancia dosSantos Evangelhos reunidos em um sô, in-8°, avec commentaire. Le texte des quatre Évangiles est fondu ensemble de manière à former un seul récit suivi.

Le Brésil a vu paraître en 1905 une ( traduction portugaise: Os Santos Evangelhos de N. S. Jésus Christoe os Actos dos Apostolos, Au titre général des Évangiles, on lit en plus: Traducçào portugueza segundo aVulgata latina. Por um Padre da Missâo. Com notas

da ediçâo [ranceza dos PP. da Assumpçâo, in-4°, Riode Janeiro. Le traducteur est le P. Pedro Maria Booz, sa version est approuvée par l’archevêque de cette ville, M" Arcoverde, aujourd’hui cardinal.

4° L’histoire des versions portugaises embrasse, commeon le voit, six siècles, et peut se partager en trois périodes, la première d’essais, la seconde de suspension, la troisièmed’activité. La première va du commencement duxiv siècle au milieu du xvie; elle ne voit paraître quedes traductions partielles dont les unes ont été impriméeset les autres sont restées manuscrites. La secondepériode s’étend jusqu’au milieu du xviii» siècle et correspondau temps où les erreurs protestantes qui regardentl’Écriture comme l’unique règle de foi et qui enseignentque chacun peut l’interpréter comme il l’entend, obligentles souverains Pontifes à interdire la lecture des versionsen langue vulgaire à ceux qui ne sont pas autorisésà le faire par leurs supérieurs ecclésiastiques. Cetteépoque n’a guère vu paraître que la traduction protes138. — Jarre archaïque, de Tell es-Safy.D’après Vincent, Canaan, p. 307.

tante de J. Ferreira de Almeida, accommodée auxerreurs dont il faisait profession. La période finales’ouvre avec le décret de Benoît XIV, autorisant la lecturedes versions en langue vulgaire approuvées parle Saint-Siège et annotées d’après les saints Pères etles savants catholiques. Les traductions se sont alorsmultipliées et les éditions augmentent continuellement.J. Pereira.

    1. POSIDONIUS##

POSIDONIUS (grec: LToueiSoûvioç), un des troisenvoyés du général syrien Nicanor, chargés de porter àJudas Macchabée des propositions d’alliance qui furentacceptées. II Mach., xiv, 19.

POSSÉDÉS DU DÉMON. POSSESSION. VoirDémonuques, t. ii, col. 1374.

POTEAU. Voir Mat, t. iv, col. 861-862; Pal, ïbid., col. 1961; Potence.

    1. POTENCE##

POTENCE (hébreu: ’es; Septante: ?ûXov; Vulgate: lignum, patibulum, crux), pièce de bois servant pour lapendaison des criminels. Voir Pendaison, t. iv, col. 34.En général, l’hébreu emploie, pour désigner cet instrument, le mot’ê$, «bois», qui ne préjuge rien quant àsa forme, et peut convenir au pal, voir Pal, t. iv, col. 1961.à la croix, voir CROfx, t. ii, col. 1129, au simple poteau

ou à un agencement de plusieurs pièces de bois. Gen., xl, 22; Num., xxv, 4; Deut., xxi, 22; Jos., viii, 29; x, 27; Esth., ii, 23; vi, 4; vii, 10; ix, 13. En hébreu, attacherà la potence se dit {âlâh’al hâ-’ês, «suspendre aubois», Septante: sxpé|xa<x£, «il suspendit», Deut., xxi, 22; ou simplement hôqîya’, «pendre», Septante: itapix6eiYM-an<70v, «on fit un exemple», on exposa en

139. — Lamçe-canard, de Gazer.D’après Vincent, Canaan, p. 315.

exemple, Num., xxv, 4, et ê^Xidcaav, «on exposa au soleil». II Reg., xxi, 6, 9. Une autre fois, les Septantesupposent une potence en forme de croix: èstaupâdiai, «. être mis en croix», en parlant de la potence d’Aman.Esth., xvi, 18. Cette potence avait cinquante coudées, près de vingt-cinq mètres de haut. C’était donc commeun grand mît au sommet duquel fut hissé le corps du

condamné.

H. Lesêtre.

140. — Oiseau peint, à Lachis.D’après Bliss, À mound of many cities, Londres, 1894, fig. 106.

    1. POTERIE##

POTERIE, fabrication d’ustensiles et d’objets diversen terre cuite. — 1° Poterie chananéenne. L’argile serencontrait assez communément en Palestine. VoirArgile, t. i, col. 949; Palestine, t. iv, col. 2013. Lesplus anciens habitants du pays surent l’utiliser.Jusqu’en ces dernières années, les débris de poterieretrouvés dans le sol palestinien étaient assez rares.Depuis les fouilles de MM. Bliss et Macalister, Excava

lions in Palestine dunng the years1898-î900, Londres, 1902, part, ii, The pottery, p. 74-141, les documentscéramiques sont devenus beaucoup plus nombreux.

141. — Jarre chananéenne.D’après Vincent, Canaan, pi. x, 8.

Les plus anciens spécimens chananéens sont grossierset simplement durcis au soleil. Puis, les potiersapprennent à cuire et perfectionnent leur art. Les vases

d’animaux, comme la lampe-canard trouvée à Gœzer(fig. 139). Ensuite on décore les objets en noir sur

143. — Cruche chananéenne décorée.D’après Bliss et Macalister, Excavations, pi. 44.

fond jaune, en y représentant divers ornements etsurtout des animaux (fig. 140).A partir du xvi «siècle avant J.-C, l’emploi du tour

142. — Marmites ehananéennes. D’après Vincent, Canaan, pi. x, 1, 15, 16.

sont modelés à la main avec une assez grande habiletéet à l’aide de silex pour aplanir les surfaces; mais letour n’est pas encore utilisé. Des stries et des hachures

se généralise, la technique devient plus habile et lespièces beaucoup mieux réussies. Les jarres sont pourvuesd’anses (fig. 141), les marmites prennent une forme

144. — Lampe chananéenne. D’après Bliss et Macalister, Excavations, pi. 47.

commencent à décorer les pièces. On ne se contentepas de fabriquer des vases à forme régulière (fig. 138), on s’essaie à faire des récipients affectant des formes

élégante (fig. 142), les cruches reçoivent une décorationpittoresque (fig. 143), les lampes reproduisentplus artistiquement les types d’animaux (fig. 144), la

peinture rouge foncé sur fond jaune ou gris et mêmeune sorte de vernis émaillé donnent aux pièces unephysionomie plus agréable. On a retrouvé à Gazer desjarres à fond pointu qui servaient à la sépulture desenfants. Parfois ces jarres se rencontrent sous un mur, sous un seuil de porte, sous une maison; les cadavresqu’elles contiennent sont ceux des enfants qui ont été

145. — Ancienne cruche à huile phénicienne. Nécropole de Tyr.D’après Lortet, La Syrie, p. -143.

immolés selon le rite chananéen. Voir Sacrifice. —On a été tenté de reconnaître l’influence phéniciennedans la céramique chananéenne. Mais les Phéniciensn’ont jamais eu de céramique originale (fig. 145). La poteriemise au jour à Tyr, à Tell-el-Rachédiéh, en 1903, est d’imitation cypriote. Cf. Revue biblique, 1904, p. 564566. Les Phéniciens cherchaient avant tout â débiterles articles les plus capables d’exciter l’envie de leurclientèle; les légendes gravées ou peintes par eux sur lesobjets n’impliquaient nullement une origine tyrienne.

146. — Cruche décorée, de style cypriote.D’après Sellin, Tell Ta’annek, Vienne, 1904, fig. 44^

Cf. Babelon, Manuel d’archéologie orientale, Paris, 1888, p. 292-299; Maspero, L’archéologie égyptienne, Paris, 1887, p. 242-247.

2° Poterie israélite. — Après leur installation en Palestineles Hébreux imitèrent naturellement les procédésde la céranique chananéenne. Mais ils donnèrent desformes quelque peu originales à leurs produits, cruchesdécorées à la manière cypriote (fig. 146), ou à panseétroite, comme des gourdes (fig. 147). À partir de la

monarchie, l’autonomie des potiers Israélites s’accentue, tout en subissant l’influence phénicienne, à laquelle laconstruction et l’ornementation du Temple avaientdonné grand crédit. Les produits de la Grèce arrivaientaussi sur les marchés palestiniens et contribuaient àaffiner le goût des artistes israélites. Néanmoins, leursproduits ne parviennent pas à rivaliser avec ceux de la

147. — Cruche en forme de gourde.D’après Sellin, ibid., pi. v, a.

dernière période chananéenne. Presque toute la vaisselleest fabriquée au tour; mais bien des vases domestiquessont grossièrement modelés à la main et à peinedégrossis au polissoir. Ils font des jarres larges et massives(fig. 148). Il n’y a pas de types absolument originaux; les ouvriers imitent l’ancienne poterie indigèneou s’inspirent des modèles mycéniens ou cypriotes(fig. 149). Voir. t. ii, fig. 416, col. 1135. La décoration

148. — Jarre juive. D’après Vincent, Canaan, p. 356.

est purement linéaire ou empruntée au règne végétal.Le ton jaune ou noirâtre de la terre cuite reçoit destraits en noir ou en rouge. Les figurines de l’époque serattachent aux productions grecques (fig. 150), quelquefoisavec des types sémitiques (fig. 151). Un certainnombre de pièces portent des estampilles. Parfois, c’est un nom de potier. Souvent, ce sont des estampillesroyales, caractérisées par le mot -bah et par le nomd’une localité (fig. 152). Quatre localités palestiniennes

sont nommées, Hébron, Ziph, Soccoth et Marésa. Ilfaudrait donc lire: «Au roi, Hébron; au roi, Ziph,» etc. Les ateliers royaux auraient ainsi fabriqué certainescatégories de vases; ces ateliers se trouvent précisémentdans des régions où abonde l’argile apte au moulage.Les potiers d’Hébron et de Beit-Djebrin, au voisinage

noms de la plante çétaç, le Poteriutn épineux. Mais lena’àsus est le jujubier ou, Zizyphus Spina-Christi.Voir’t.’iii, col. 1861.

    1. POTHIER Rémi##

POTHIER Rémi, théologien français, né à Reims en1727, mort dans cette ville le 23 juin 1812. Il fut suc149. — Poterie israélite. D’après Vincent, Canaan, pi. xi.

de l’antique Marésa, approvisionnent encore aujourd’huiles marchés de Jérusalem. Cf. H. Vincent, Canaan, Paris, 1907, p. 297-360. Les potiers israélites fabriquaientdes récipients de toute nature, des lampes, voir

cessivement curé de Béthenville et chanoine de Laonavant la Révolution. Esprit singulier, il croyait que personneavant lui n’avait parfaitement compris le sensde l’Écriture. Il publia en 1773 le plan d’une Explica150. — Figurines de style cypriote. D’après Vincent, Canaan, p. 356.

Lampe, t. iv, fig. 14, col. 54, des ustensiles quela rareté du bois obligeait à faire en terre cuite, commedes mangeoires d’animaux, voir Crèche, t. ii, col. 1108, des téraphim, des statuettes d’idoles. Cf. Sap., xv, 8, etc.

H. Lesêtre.

POTERIUM ÉPINEUX. Les Septante traduisentle mot hébreu na’âsus, Is., lv, 13, par <rro16ri, un des

cation de l’Apocalypse, qui fut brûlé par le bourreaupar ordre du Parlement de Paris, sur la réquisition del’avocat général Seguier. Pothier n’en fit pas moins paraîtreson Explication, imprimée clandestinement àDouai, 2 in-8°, 1773, et il en donna plus tard une traductionlatine, 2 in-12, Augsbourg, 1797 et 1798. Il fitparaître à part un extrait intitulé Les trois dernière»

plaies, in-12, Augsbourg, 1798, dans lequel il appelleBonaparte précurseur de l’Antéchrist. En 1802, il publia, in-8°, à Augsbourg, une explication des Psaumes enlatin. Voir Hoefer, Nouvelle biographie générale, t. xl,

151. — Figurines à profils de Sémites.D’après Vincent, Canaan, p. 357.

1862, col. 895; Michaud, Biographie universelle, nouv.<5dlt., t. xxxiv, p, 190.

    1. POTIER##

POTIER (hébreu: yô? s r, de yâçar, «façonner»; chaldéen: péhâr; Septante: xspap.î-j<; ; Vulgate: figulus), artisan qui fait des vases et des ustensiles de terrecuite. — 1° À une époque reculée, il y eut des potiersà Nétaïra et à Gédéra, qui travaillaient pour le comptedu roi. I Par., iv, 23. D’autres sont signalés auprès de

2° Pour exécuter son travail, le potier commençaitpar pétrir la terre avec les pieds. Is., su, .25. Puis, s ils’agissait d’un vase, il se servait de la roue (fig. 155)pour le façonner. La forme de l’instrument n’a guère

JJ>.

153. — Le dieu Phtah façonnant l’œuf du monde (peint en jaune)sur un tour à potier, dont il met la roue en mouvement avecles pieds. British Muséum. Cf. E. A. W. Budge, The Gods ofthe Egyptians, 2 in-4° Londres, 1904, t. i, p. 500.

varié depuis les anciens temps. Il se compose essentiellementde deux roues pleines, fixées horizontalement auxextrémités d’un axe vertical. L’appareil est agencé surun pivot, de telle manière que la roue inférieure puisseêtre mise en mouvement par les pieds d’un ouvrierassis. La roue inférieure, ainsi conduite par les pieds,

152. — Estampilles royales. D’après Vincent, Canaan, p. 358.

Jérusalem, dans la vallée de Ben-Hinnom, où Jérémie, xix, 2, mentionne une porte des Tessons ou du Potier, m’ar ha-harsùt, miXri ttjî ^apuetfi, porta fictilis, qu’ilfaut peut-être identifier avec la porte Sterquiline ou duFumier. Voir Jérusalem, t. iii, col. 1365. De ce mêmecôté se trouvait le champ du potier que les Juifs achetèrentavec les deniers de Judas pour y inhumer lesétrangers. Matth., xxvii, 8. Voir Haceldama, t. iii, col. 386.


entraîne dans son mouvement la roue supérieure, quifait partie d’un même système. Les objets posés surcette roue seront donc entraînés dans son mouvementgiratoire, et, comme dans un tour à façonner le bois, auront leurs surfaces usées par les objets résistantsqu’on tiendra à frottement auprès d’eux. Pourvu d’unappareil de cette nature, le potier s’assied, prend dansses mains de l’argile suffisamment humide, lui donne

V. - 19 «ne première forme générale, accusant le relief extérieuret ménageant une cavité à l’intérieur de la masse.Puis il la pose sur la roue supérieure, maintient le vaseavec une de ses mains placée à l’intérieur, met la roue

154. — Tambourin en terre cuiteD’après Lortet, La Syrie, p. 336.

en mouvement, et de l’autre main, avec une pièceplate à échancrures appropriées, comprime doucementla masse d’argile, jusqu’à ce qu’elle ait été réduite à

les tours sont mis en mouvement. Cꝟ. 1. 1, fig. 22, col. 179.Il fallait au potier une certaine habileté pour réussirdans sa tâche. Parfois, pour une raison ou pour uneautre, le vase se brisait avant d’être terminé. «Je descendisà la maison du potier, raconte Jérémie, xxrn, 3, 4; or, il faisait son ouvrage sur des roues. Le vase qu’ilfaisait manqua, comme il arrive à l’argile dans la maindu potier, et il refit un autre vase, comme il plut au potierde le faire.» L’Ecclésiastique, xxxviii, 32, 33, décrit avec plus de détails le travail du potier:

Le potier assis à son ouvrage

Et tournant la roue avec ses pieds,

Constamment est en souci de son travail,

Et fait effort pour fournir la quantité.

Avec son bras il façonne l’argile,

Et devant ses pieds il fait tourner la masse.

Il met tout son cœur à parfaire le vernis,

Un soin vigilant à nettoyer son four.

En effet, le vase une fois séché à l’air, est mis aufour pour y cuire. Le four doit être bien propre, pourque la pâte encore molle ne se déforme pas au contactd’objets étrangers. Le vernis, xptau-a, linitio, est uncomposé de divers oxydes, colorés ou non, qui se vitrifiepar la fusion et constitue une sorte d’émail à lasurface du vase. C’est dans le four que les vases dupotier prennent leur forme définitive; ils en sortentréussis ou manques. Eccli., xxvii, 6. Le potier peutfaire ainsi des ouvrages de toutes sortes, à son choix.Sap., xv, 7.

3° Comme, pour créer l’homme, Dieu prit de lapoussière de la terre et en forma, yàçar, son corps, Gen., ii, 7-8, les auteurs sacrés aiment à assimiler

5 6 r <f 7 ( u 8° 9

155. — Potiers égyptiens. D’après Wilkinson, Manners and Customs, 2e édit., t. ii, fig. 397, p. 192.a, e, l, p, roues sur lesquelles est placée l’argile; 1. Ouvrier façonnant l’intérieur d’une coupe qui tourne sur la roue a. —b, c, d, g, ii, iii, ii, représentent des vases déjà faits. — 2. Autre ouvrier façonnant l’extérieur d’une coupe et se préparant à laséparer du bloc d’argile. — 3 vient de séparer la coupe k du bloc d’argile (. — 4 met sur la roue p l’argile qu’il va travailler.— 5 façonne avec les deux mains un disque d’argile. — 6 entretienne four q d’où l’on voit sortir les flammes s. — 7 fait passerà 8 les vases que celui-ci fait cuire au haut du four. — 9 emporte les vases déjà cuits. Beni-Hassan (Moyen Empire).

l’épaisseur voulue et ait pris une forme circulaire bienrégulière. On obtient ainsi toutes sortes de formes(fig. 154). S’il faut ajouter des anses au vase, élargirou rétrécir quelque partie de ses bords, on le fait pendantque l’argile est encore fraîche. Des peintureségyptiennes représentent ce travail des potiers fabriquantau tour des vases d’argile (fig. 155), sans qu’onpuisse cependant se rendre compte de la manière dont

son œuvre à celle du potier. Cf. t. i, fig. 22, col, 179, le dieu égyptien Khnoum façonnant l’homme. L’hommeest donc, par rapport à Dieu, ce que l’argile est parrapport au potier.

Comme l’argile est dans la main du potier,

Et qu’il en dispose selon son bon plaisir,

Ainsi tes hommes sont dans la main de celui qui les a faits,

Et il leur donne selon son jugement. Eccli., xxxiii, 13-14. En conséquence, l’homme n’a pas plus droit de serévolter contre Dieu que l’argile contre le potier.

Folie! Le potier sera-t-il pris pour de l’argile,
De sorte que l’œuvre dise à l’ouvrier: Il ne m’a point faite!
Et le vase au potier: Il n’y entend rien! Is., xxix, 16.
Malheur à qui conteste avec celui qui l’a formé,
Vase parmi des vases de terre,
L’argile dira-t-elle à celui qui la façonne: Que fais-tu?
Ton œuvre dira-t-elle: Il n’a pas de mains!…
Oserez-vous m’interroger sur l’avenir,
Me commander au sujet de mes enfants
Et de l’ouvrage de mes mains!
C’est moi qui ai fait la terre,
Et qui ai créé l’homme qui est sur elle.

Is. xlv, 9, 11, 12

Après avoir montré le potier mettant sur la roue unvase qui ne se moule pas bien, et le remplaçant par unautre, Jérémie, xviii, 3-6, ajoute de la part de Dieu:

Est-ce que je ne puis pas vous faire
Comme a fait ce potier, maison d’Israël?
Ce que l’argile est dans la main du potier,
Vous l’êtes dans ma main, maison d’Israël.

Saint Paul reprend la même comparaison et assimileDieu au potier qui prend son argile et en fait ce qu’ilveut, tirant de la même masse un vase d’honneur etun vase commun. Rom., ix, 20, 21. Cf. Sap., xv, 7.

4° Quand l’ouvrage du potier a passé au four, on lebrise aisément, mais on ne peut pas le réparer. Lesauteurs sacrés tirent de là d’autres comparaisons. Dieumettra en pièces les nations rebelles comme le vase dupotier. Ps. ii, 9; Apoc, ii, 27. Isaïe, xxx, 14, comparel’alliance égyptienne à un ouvrage qui tombe subitementen morceaux, comme un vase de potier. Jérémiereçoit l’ordre d’acheter une cruche de potier, de labriser hors de Jérusalem sous les yeux des anciens etde leur dire:

Ainsi parle Jéhovah des armées:
Je briserai ce peuple et cette ville,
Comme on brise le vase du potier
Qui ne peut plus être réparé.

Jer., xix, 1, 11.

Après la prise de la ville, les nobles filles de Sion, jadis estimées au poids de l’or, se plaignent d’êtretraitées comme de simples vases de terre, œuvre dupotier. Lam., iv, 2. La statue du songe de Nabuchodonosor avait une partie des pieds en argile de potier, ce qui indiquait la fragilité de l’œuvre. Dan., ii, 41.

H. Lesêtre.

POU, insecte aptère, vivant sur le corps de l’hommeet des animaux. Le pou est pourvu d’un suçoir qui lui permet de pomper le sang, après qu’à l’aide d’un aiguilloncorné il a percé la peau (fig. 156).

156. — Pou et ses œufs. Grossis de 20 diamètres.

Ses pattes sont terminées par des crochets au moyen desquels il adhère fortement aux poils ou aux cheveux. — Josèphe, Ant. jud., 11, xiv, 3, suivi par beaucoup de commentateurs juifs, prétend que les kinnîm de la troisième plaie d’Egypte étaient des poux: «Une innombrable quantité de poux fourmillait des corps des Égyptiens, et il n’y avait ni lavages ni application de remèdes qui pût les détruire.» Les Égyptiens prenaient d’ordinaire de grandes précautions pour éviter ces insectes. Hérodote, II, 37. Mais ici Josèphe paraphrase le texte biblique. Les kinnîm ne sont pas des poux, φθειρές, pediculi, mais des cousins ou moustiques. Voir Cousin, t. ii, col. 1093. Les poux n’en sont pas moins une vermine qui laisse assez indifférents les Bédouins, les Arabes, les Fellahs et la plupart des Orientaux. Cf. E. Pierotti, La Palestine actuelle, in-8°, Paris, 1865, p. 122, 169. Les anciens Juifs la connaissaient. Les Talmudistes disent qu’il y a autant de péché à tuer un pou le jour du sabbat qu’à tuer un chameau. Jerus. Schabbath, v. 107. — La multiplication des poux peut engendrer une maladie qui, dans quelques cas, devient mortelle, la phtiriase ou maladie pédiculaire. Antiochus Épiphane et Hérodote Agrippa moururent d’une maladie analogue. Voir Helminthiase, t. iii, col. 585. Quelques

auteurs ont pensé que la maladie dont mourut Hérode le Grand, et que mentionne Josèphe, Ant. jud., XVII, vii; Bell. jud., i, xxxiii, 5, n’était autre que la maladie pédiculaire.

H. Lesêtre.

POUCE (hébreu: bohén; Septante: ἄκρον; Vulgate: pollex), doigt de la main ou du pied, occupant l’extrémité intérieure du membre, et, dans la main, opposable aux autres doigts. — Des lustrations de sang doivent être faites aux pouces des mains et des pieds dans la consécration du grand-prêtre, Exod., xxix, 20; Lev., viii, 23, et dans la purification du lépreux, pour lequel des lustrations d’huile sont ajoutées aux premières. Lev., xvi, 14, 17, 25, 28. Sur la signification de ces rites, voir Lustration, t. iv, col. 427, 428. — Le roi chinanéenAdonibésec, qui avait fait couper les pouces des mainset des pieds à soixante-dix rois, subit à son tour lamême mutilation, après sa défaite par les hommes dela tribu de Juda. Jud., i, 6, 7.

H. Lesêtre.


POULE (Grec: ὄρνις; Vulgate: gallina), oiseau del’ordre des gallinacés (fig. 157) et femelle du coq, dontelle difière par une taille plus petite, une queue pluscourte et un plumage moins éclatant. Voir Coq, t. ii, col. 951. Les poules pondent d’ordinaire un œuf par jour, sauf à l’époque de la mue. Quand elles en ont pondu une vingtaine, elles manifestent le besoin decouver. Les petit* sortent de leur coquille au bout devingt et un jours d’incubation. La poule remplit avecgrande sollicitude et grand dévouement ses devoirsmaternels. Elle suit ses poussins, les rappelle quandils s’écartent, veille à leur nourriture avant de penserà la sienne, les réunit sous ses ailes pour les réchaufferet les protéger, et les défend résolument même contreles oiseaux de proie. — Les poules ne paraissent pasavoir été connues des anciens Israélites. Il n’en estjamais question expressément dans l’Ancien Testament, et les volailles engraissées qu’on servait à la table deSalomon, III Reg., ’iv, 23, pouvaient comprendretoute espèce d’autres oiseaux. Voir Barburim, t. i, col. 1458. On ne sait pas à quelle époque les poules furent introduites en Syrie. Elles ne sont jamais représentées sur les monuments égyptiens. Dans l’Inde, onles trouve à l’état domestique dès les plus ancienstemps. De là elles ont passé, par l’intermédiaire de laPerse, en Palestine, puis en Grèce. Il est peu probableque leur introduction soit due à Salomon; car les paonset les singes sont seuls mentionnés parmi les animauxque ses navigateurs lui rapportèrent d’Ophir. III Reg., x, 22. Cette introduction doit cependant être voisine duretour de la captivité, car déjà Pindare (520-450 avant

J.-C), Olynip., xii, 20, fait mention du coq. — Quoiqu’on ait dit sur la défense qui aurait été faite auxJuifs d’élever des coqs ou des poules (voir t. ii, col. 953), ils ne font pas difficulté d’en nourrir en grande quantitémême dans leurs maisons de Jérusalem, où il leslaissent percher pendant la nuit. Les poulets et lesœufs entrent pour beaucoup dans leur alimentation, surtout pour les personnes que les infirmités ou l’âgeont rendues plus délicates. Cf. Tristram, The naturalHiitory of the Bible, Londres, 1889, p, 221-223. — Ilen était à peu près ainsi déjà à l’époque de Notre-Seigneur.De là cette comparaison que le divin Maîtreemprunte à la poule qui rassemble ses poussins sousses ailes. Matth., xxiii, 37. Il a voulu faire de mêmepour les fils de Jérusalem, mais ceux-ci n’y ont pasconsenti. La Vulgate traduit.avec raison par gallina,

1E>7. — La poule. «poule,» le mot grec ô’pvn, qui veut habituellementdire «oiseau», en général, mais qui désigne aussi lapoule en particulier. Cf. Eschyle, Eumen., 866; Xénophon, Anab., iv, 5, 25; Théocrite, xxiv, 63, etc.

H. Lesêtre.

    1. POUPE##

POUPE (grec: irpù^w,; Vulgate: puppis), arrièred’un navire. Voir Navire, t. iv, col. 1513. Au momentoù une tempête s’éleva sur le lac de Tibériade, Notre-Seigneurdormait, appuyé sur un coussin, à la pouped’une barque. Marc, iv, 38. C’est à la poupe qu’on faisaitasseoir les passagers d’une embarcation; ils yétaient plus à l’aise et y gênaient moins la manœuvredes rames ou des voiles. Voir Proue.

H. Lesêtre.

POURCEAU. Voir Porc, col. 543,

    1. POURPIER DE MER##

POURPIER DE MER, nom vulgaire de Varrochehalime, plante vivace que nombre d’auteurs identifientau mallûath de Job, xxx, 4. Voir Arroche halime, t. i, col. 1032.

    1. POURPRE##

POURPRE (hébreu: ’argâmân; assyrien: arga~mannu; chaldéen: ’ârigvdn; Septante: rcopçiipa; Vulgate: purpura), matière colorante extraite d’un mollusqueet étoffe teinte avec cette couleur. L’étymologiedu mot’ârgdman n’est point certaine. Il est assezprobable cependant qu’elle doit être tirée du sanscrit, dans lequel on trouve les mots râga; «couleur rouge,» ràgamanetrâgavan, «coloré en rouge.» Cf. Gesenius, Thésaurus, Addenda, p. 111.

I. L’a pourpre dans l’antiquité. — 1° La pourpre.estune matière colorante que les anciens extrayaient de

plusieurs mollusques, connus sous le nom de murexou «rocher». Ces mollusques sont gastéropodes etpectinibrancb.es, à coquille ovale ou oblongue, pourvueantérieurement d’un canal respiratoire, et dont chaquespire présente des bourrelets saillants en rangées longitudinaleset irrégulières. Ces bourrelets sont les restesdes anciennes bouches de l’animal. Le murex trunculusou rocher fascié (Hg. 158) fournissait la pourpreaméthyste ou violette, dite de Tarente. Du murexbrandarisou rocher droite-épine (fig. 159), on tirait lapourpre roùge foncé, dite pourpre de Tyr. On imitaitcette dernière à l’aide de certaines coquilles univalves

158. — Murex trunculus.

ou buccins, le purpura hœmastoma (fig. 160), le purpuralapillus, le janthina, etc. La matière colorantedu murex se trouve dans une poche située à la partiesupérieure du corps, entre la tête et le foie. Incoloredans l’animal, elle passe par diverses nuances, quandelle est exposée à l’air et à la lumière, et part duvert pour se fixer à la couleur pourpre. Le produitdu murex trunculus se compose de deux radicaux, une substance azurée analogue au bleu d’indigo, l’oxydecyanique, et une substance d’un rouge ardent, l’oxydepurpurique. Le murex brandaris ne contient qu’unseul radical, l’oxyde lyrien. Cf. Grimaud de Caux, Surla pourpre des anciens, dans la Revue de zoologie, 1856, p. 34, et Lacaze-Duthiers, Mémoire sur la pour~pre, dans les Annales des sciences naturelles, 1859, t. xii, p. 1-92. — 2° Les coquilles à pourpre se trouvent

159, — Murex brandaris.

en grande quantité sur les bords de la Méditerranée.Les anciens les recueillaient sur les côtes de Phénicie, Strabon, xvi, -757; sur celles du Péloponèse, Pausanias, m, 21, 6; sur celles du nord de l’Afrique, Strabon, xvii, 834, etc. Vitruve, De architect., vii, 12, remarqueque la pourpre recueillie au nord de la Méditerranéeétait plus sombre, qu’elle passait au violet dans lesrégions moyennes, pour arriver au rouge sur les côtesméridionales. La nature du mollusque employé étaitaussi pour beaucoup dans ces colorations. Pouf extrairela matière colorante, on ouvrait la coquille sur lespremiers tours de spire, soitfd’un coup de hachette, soit à l’aide d’une meule qui. l’usait par le frottement.Les Phéniciens se livraient en grand à l’exploitation de

la pourpre. Au dessus du port de Sidon, on rencontredes amoncellements de murex ouverts artificiellement, sur plusieurs mètres d'épaisseur et quelques centainesde mètres de largeur. Le long de l’isthme de Tyr, onconstate des dépôts analogues (Hg. 161). À Pompéi, ona trouvé de semblables amas, indiquant l’existenced’anciens ateliers de teinture. Pour préparer la teinture, après avoir ouvert le sommet de la coquille, «on recueillait avec soin le suc un peu jaunâtre qui suintaitde la blessure, on le laissait macérer trois jours avecdu sel, on faisait bouillir dans des vases de plomb etl’on réduisait à feu doux; on filtrait la liqueur autamis, pour la débarrasser des résidus de chair qui ybaignaient, et l’on trempait l'étoffe. La nuance la plusfréquente était lin sang frais poussant au noir par réflexion; mais des manipulations graduées permettaientd’obtenir des tons rouges, violet sombre, améthyste.» Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, Paris, t. ii, 1897, p. 203, 204. Cf. Aristote, Hist. anim., v, 13; Pline, H. N., ix, 36, 37. Aujourd’hui, «les gamins de Tyr savent encore parfaitement bien teindredes chiffons de laine en fixant la couleur sécrétée parle mollusque avec un peu de carbonate de soude et dujus de citron employés comme mordants. Ces guenillescolorées en rouge violacé leur servent de drapeauxlorsqu’ils jouent au soldat comme les enfants de nos

160. — Murex hœmastoma.

pays.» Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 127. — 3° «La pourpre était considérée comme laplus précieuse des teintures, à cause de son éclat et desa durée. Un des plus grands avantages de cette couleur est, en effet, de résister indéfiniment à l’influencede la lumière, qui, au lieu de détruire ou affaiblir lesprincipes colorants, en augmente au contraire l'éclat.Elle présente de plus à un très haut degré ces refletschatoyants et changeants si appréciés des anciens.» Lortet, ibid., p. 202. Le prix de revient de la pourpreétait fort élevé, à raison de la faible quantité de matièrecolorante que contient chaque murex, du grand nombrede mollusques qu’il fallait recueillir et de la manipulation qu’il fallait faire subir au produit. D’après lesestimations de Pline, H. N., ix, 36, 61, le poids desmollusques employés représentait plus de six fois celuide la laine à teindre. À Rome, la laine teinte en pourprese vendait au poids de l’argent, et la laine deux foisteinte, en écarlate puis en pourpre, ou dibapha, Pline, H. N., ii, 39, 63; xxi, 8, 22, valait dix fois plus, soit2300 francs le kilogramme. Cf. Guignet, Les couleurs, Paris, 1889, p. 139. — i° Le haut prix de la pourpren’en rendait l’acquisition possible qu'à des personnagestrès riches. Cf. Hérodote, îx, 22. Elle était l’emblèmede la royauté et plus tard de la puissance impériale.Cf. Udyss., xix, 225; Lucain, Pharsal., vii, 228; Eutrope, Breviar., îx, 8; Ammien Marcellin, xxi, 9; Cod.Theod., VI, xxiv, 3. Cod. Justin., ii, 8; vi, 12, etc. AByzance, on appelait itopcpupoYévvTv™; , «né dans lapourpre», le fils du prince. Des ordonnances impérialesrestreignirent l’usage de la pourpre à certains dignitaires. Cf. Suétone, Cses., 43; Ner., 32; Philostrate, Beroic, xix, 15; Cod. theod., IV, XL. Les Phéniciensrestèrent toujours les principaux fabricants et les fournisseurs des teintures de pourpre. Cf. Virgile, Georg, , m, 307; Tibulle, ii, 3, 58; 4, 28; Ovide, Ars amat., m t170. Cependant les Lydiens parvinrent à leur faire uneconcurrence appréciée. Cf. Élien, Nat. animal., IV, 46; Valer. Flaccus, Argonaut., iv, 369, etc. On cherchaitnaturellement à imiter la pourpre. Ctésias, lndic, 21, dit que dans l’Inde ou se servait d’une fleur couleurde pourpre pour obtenir un produit de même qualitéque ceux de Grèce et encore plus brillant. La fabrication de la pourpre au moyen du murex est délaisséedepuis longtemps. Grâce aux progrès de la chimie, onobtient beaucoup mieux et surtout à meilleur marché.Cf. A. Schmidt, Ueber die Purpurfârberei und denPurpurhandel im Altertum, Berlin, 1842; Von Martens, Purpur und Perlen, Berlin, 1874.

II, La pourpre dans la Sainte Écriture. — 1° Moïsereçut l’ordre de recevoir des Israélites, au désert, lapourpre nécessaire à la confection des objets du culte.Exod., xxv, 4. On lui en apporta en effet, Exod., xxxv, 6, 23, 25, 35, ce qui suppose que le fil de pourpre était

161. — Conglomérat de débris de murex truncuîus trouvés àTyr. — D’après W. R. Wilde, Narrative of a voyage to Madeira, Teneriffe, along the shores of the Mediterranean, 2 in-8°, Dublin, 1840, t. ii, p. 482.

assez commun en Egypte et que les Israélites en avaientemporté en quittant ce pays. Les fils de pourpre furentemployés à confectionner les tentures du Tabernacle, le voile du Saint des Saints, Exod., xxvi, 1, 31, 36, lestentures de la porte du parvis, Exod., xxvii, 16, l'éphod, la ceinture, le pectoral, les grenades de la robe dugrand-prêtre. Exod., xxviii, 5, 6, 8, 15, 33; xxxvi, 8, 35, 37; xxxviii, 18, 23; xxxix, 1, 2, 8, 22, 28. Dans laconfection de ces travaux entrent trois éléments: le rakêlél, hyacinthe ou pourpre bleue-violette, tirée, d’aprèsle Talmud, du hilzôn, mollusque à pourpre, voir Couleurs, t. ii, col. 1066; Y’argdmàn, ou pourpre rouge, et le tôld' ou cramoisi. Voir Cochenille, t. ii, col. 818; Eccli., xlv, 12. — Quand Salomon voulut bâtir le Temple, il demanda à Hiram un ouvrier habile à teindre enpourpre. II Par., ii, 7, 14. Pour fabriquer le voile duTemple, on employa le byssus, le bleu, le pourpre et le.cramoisi, II Par., iii, 14, c’est-à-dire qu'à l'étoffe debûs, voir Lin, t. iv, col. 264, furent joints des fils delaine bleue, pourpre et cramoisie. — Dans toute l’antiquité, l'étoffe de pourpre fut considérée comme la plusriche et la plus magnifique de toutes. Aussi on enrevêtait les statues des dieux. Jer., x, 9; Bar., vi, 71.On disait que l’Héraclès phénicien avait offert à Astartéla première tunique teinte avec la pourpre tyrienne.Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, p. 127. La statuede Jupiter Capitolin, à Rome, celle des Dioscures, àSparte et à Messine, portaient des manteaux de pourpre

précieuse. Le vêtement de pourpre éveillant ainsi ladouble idée de royauté et de divinité, il convenait quela pourpre fût employée dans le culte de Jéhovah, pourmarquer sa divinité unique et sa suprême royauté.Cf. Bâhr, Symbolikdes mosaischen Cullus, Heidelberg, 1837, t. i, p. 330-332.

2° La pourpre est signalée dans les dépouilles du roide Madian, dont s’empara Gédéon, Jud., viii, 26; dansle siège de la litière de Salomon, Cant., iii, 10; dans leconopée d’Holopherne, Judith., x, 19; dans les vêtementsde la femme forte, qui ordonne si bien sa richemaison, Prov., xxxi, 20; dans la parure de Daniel, après qu’il a expliqué le songe de Baltassar, Dan., v, 7, 16, 29; dans celle dont est revêtu Mardochée pour sontriomphe, Esth., viii, 15; dans les vêtements du mauvaisriche à Jérusalem. Luc, xvi, 19. À l’époque des Machabées, les royautés orientales attachaient grande importanceau port de la pourpre. Quand Judas pilla le campdes Syriens, il y trouva beaucoup de pourpre. I Mach., îv, 23. Par contre, l’auteur sacré remarque qu’à Rome, à cette époque, personne ne prenait la pourpre pourse faire roi. I Mach., viii, 14. Antiochus Épiphane ôtale droit de pourpre à Andronique, le meurtrier dugrand-prêtre Onias. II Mach., iv, 38. Alexandre Balal’accorda à Jonathas, et le revêtit lui-même à Ptolémaïde, I Mach., x, 20, 62, 64; Antiochus VI lui confirma cedroit. 1 Mach., xi, 58. Après lui, le grand-prêtre Simoneut seul, parmi les Juifs, le droit de se revêtir depourpre. I Mach., xiv, 43, 44.

3° Ézéchiel, xxvii, 7, 16, dit que les Tyriens faisaientvenir la pourpre des îles d’Élisa, c’est-à-dire de Laconiedans le Péloponèse, voir Élisa, t. ii, col. 1686-1688; ilajoute qu’ils en échangeaient contre les marchandisesdes Syriens. — À l’époque de^aint Paul, une fervente etgénéreuse chrétienne, Lydie, était marchande de pourpre, jtop9upo7rwÀi{, purpuraria, à Thyalire. Act., xvi, 14.

4° D’après saint Marc, xv, 17, Notre-Seigneur futrevêtu de pourpre par les soldats du prétoire. SaintMatthieu, xxvii, 28, dit que ce fut d’un manteau cramoisi, xXet|jLtc xoxxi’vr]. Il y avait donc équivalence entreles deux couleurs, et, quand on parlait de pourpre sansautre explication, il s’agissait de pourpre rouge.

5° Les cheveux de l’Épouse sont comparés à la pourpre.Cant., vii, 5. La comparaison porte moins sur la couleurque sur le brillant, la splendeur et les tons chatoyantsde la pourpre. Les poètes appellent «cheveux depourpre» ceux qui sont d’un brillant brun-noirâtre.Cf. Virgile, Georg.. i, 405; Tibulle, I, iv, 63.

6° Enfin saint Jean représente Babylone comme unereine vêtue de pourpre et faisant le commerce de lapourpre. Apoc, xvii, 4; xviii, 12, 16.

H. Lesètbe.

    1. POURRITURE##

POURRITURE (hébreu: maq, ràqâb, sahânâh, sâlia{, tam’âh; Septante: 81aç80pâ, qpôopà, «janpi’a; Vulgate: putredo, corruptio), résultat de la décompositiondes corps organiques. — 1° Job, xvii, 14, enproie à sa terrible maladie, en vient à dire à la pourriture: «Tu es mon père». Isaïe, iii, 24, annonce auxfilles de Sion que la pourriture remplacera pour ellesl’odeur des parfums. Joël, ii, 20, prédit que l’infectionde la pourriture s’élèvera dans le camp des Assyriens.Dieu l’a fait déjà monter dans le camp des Israélites.Am., iv, 10. — 2° La pourriture est surtout la caractéristiquedu tombeau. Dieu ne permettra pas que sonbien-aimé, son Messie, voie la corruption. Ps. xvi (xv), 10; Act., ii, 27; xiii, 35. Par la mort, le corps del’homme tombe en pourriture, mais pour ressusciterensuite: «Semé dans la corruption, le corps ressusciteincorruptible; semé dans l’ignominie, il ressusciteglorieux.» I Cor., xv, 42, 43. Il est comme une sem*ncequi d’abord pourrit en terre avant de revivre.

— 3° La pourriture ou carie des os représente, dans lescomparaisons, la femme acariâtre, Prov., xii, 4; l’envie, Prov., xiv, 30; la crainte des ennemis, Hab., iii, 16. Le pécheur repentant, en proie au remords, ditque l’infection et la purulence ont envahi ses meurtrissures, marquant ainsi combien est malheureux etrépugnant l’état de son âme, Ps. xxxviii (xxxvii), 6.La racine des méchants est semblable à la pourriture, Is., v, 24, elle ne peut rien produire de bon. Leur nomaussi tombe en pourriture. Prov., x, 7. Les richesimpies succomberont un jour à la pourriture d’unecruelle destruction, Mich., ii, 10; leurs richesses sontpourries. Jacob., v, 2. Celui qui sème dans la chair enmoissonnera la corruption, Gal., vi, 8, c’est-à-dire quecelui qui vit au gré des convoitises mauvaises de sanature n’en recueillera que péché et misère. Dieu estcomme la pourriture pour la maison de Juda, Ose., v, 12, il l’attaque et la consume lentement dans sa justice, afin de lui ménager le temps de la pénitence.

H. Lesêtre.

    1. POUSSIÈRE##

POUSSIÈRE (hébreu: ’àfâr, et une ou deux fois seulement: ’àbâq, ’âbâqàh, dahkâ’, daq, Salfaq, neko’(; Septante: a|i^.oç, yrj, xoviopTÔs, xovz; Vulgate: pulvis), éléments solides réduits en particules très ténues.

I. Au sens propre. — 1° Dans son corps, l’homme aété tiré de la poussière et il retournera en poussière.Gen., iii, 19; Job, x, 9; Ps. xc (lxxxix), 3; cm (en), 14; Eccle., xii, 7. Il en est de même des animaux. Ps. civ(cm), 29. — 2° La poussière du sol s’élève sous les piedsdes chevaux, Ezech., xxvi, 10; elle couvre les statuesdes faux dieux. Bar., vi, 12, 16. Dans la poussière, unarbre meurt, Job, xiv, 8; mais la pluie fait de la poussièreune masse consistante. Job, xxxviii, 38. La poussièrejoue un grand rôle dans les plaies d’Egypte. D’ellesortent les moustiques de la troisième plaie, Exod., vin, 16, 17, et les pustules de la sixième. Exod., ix, 9.Mise en mouvement par le khamsin de la neuvièmeplaie, elle empêche la lumière d’éclairer le pays pendanttrois jours. Exod., x, 21-23. Voir Ourà.gah, t. iv, col. 1931. — 3° La loi sur l’épreuve de la femme accuséed’infidélité l’obligeait à boire une eau dans laquelle leprêtre avait mis de la poussière prise sur le sol du sanctuaire.Num., v, 17, 24. C’était une manière de marquerque le sanctuaire lui-même devait prendre parti contrela femme, si elle était vraiment coupable. Les Assyriensavaient un rite analogue. Ils versaient dans de l’eau dufleuve de la poussière du sanctuaire du dieu et d’autrespoussières ramassées à différentes portes, et ils se servaientde ce mélange, non pour le faire boire, maispour arroser la porte de la maison que l’on voulaitsans doute préserver. Cf. Fr. Martin, Textes religieux etbabyloniens, I™ série, Paris, 1903, p. 243-245. — 4° Lapoussière résulte de l’écrasem*nt ou de la décompositionde certains solides. Ainsi le veau d’or est réduit en poussière.Exod., xxxii, 20; Deut., ix, 21. Voir Or, col. 1840, Quand les murs sont atteints de lèpre, on les racle etl’on jette la poussière au loin. Lev., xiv, 41. Voir Lèpre, t. iv, col. 186. Josias fit enlever du Temple tous lesobjets idolâtriques et réduire en poussière les idoles; puis il ordonna de porter cette poussière à Béthel, centreidolâtrique, et sur les tombes du peuple. IV Reg., xxiii, 4, 6, 15. — 5° En signe de deuil, on se jetait de lapoussière sur la tête. Jos., vii, 6; I Reg., iv, 12; Job, ii, 12; Etech., xxvii, 30; Am., ii, 7; Apoc, xviii, 19. Le prophèteMichée, i, 10, annonçant le châtiment de Juda, joue sur le nom de la ville de Beth-Aphra, «maisonde poussière», et dit d’elle: «À Beth-Aphra, je meroule dans la poussière,» c’est-à-dire je suis au comblede la désolation. Voir Aphra, t. i, col. 735. Cf. Jer., xxv, 34. En.Egypte, une des marques les plus fréquentes dedouleur consistait à se barbouiller le visage de poussièreet de boue (fig.162). Cf. Wilkinson, Manners andCustoms, 2e édit., t. iii, pi. lxvh; Maspero, Les contespopulaires de l’Egypte ancienne, 3e édit., p. 10. LesHébreux employaient dans l’expression de leur deuil la

cendre et la poussière. Voir Cendre, t. ii, col. 407. Lapoussière implique l’idée de fragilité et surtout celle demort. Elle convenait donc bien à l’expression d’un chagrinqui entamait la vie. Aux funérailles, chez les Arabes, «les femmes crient de toutes leurs forces, s’égratignentles bras, les mains et le visage, arrachant leurscheveux, et se prosternant de temps en temps, commesi elles étaient pâmées de douleur; elles prennent despoignées de terre ou de sable, et le jettent sur leurtête et sur leur visage.» De la Roque, Voyage dans laPalestine, Amsterdam, 1718, p. 260. — 5° Pour marquerla colère et l’indignation, on lançait de la poussière enl’air. C’est ce que fait Séméï, en accompagnant David deses imprécations. II Reg., xvi, 13. À Jérusalem, les Juifs, en fureur contre Paul, lançaient de la poussière enl’air. Act., xxii, 23. Cette expression de l’indignationparait être instinctive en Orient. Un fellah ayant étébattu sur l’ordre d’un effendi, jusqu’à ce qu’il eût perduconnaissance, «il y eut une grande lamentation. Lemalheureux fut apporté tout près de ma maison, au

rv, 10; Job, xvi, 18; Is., xxvi, 21. — 3° Secouer la poussièrede ses pieds sur quelqu’un ou sur un pays, c’est marquerqu’on regarde comme maudite la poussière de cepays, qu’on ne veut rien emporter d’un pareil endroit, etqu’on cesse tout rapport avec des hommes qui n’ont suni comprendre ni remplir leur devoir. Cette expressionne se lit que dans le Nouveau Testament. Matth., x, 14; Marc, vi, 11; Luc, îx, 5; x, 11; Act., xiii, 51. «Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir un Égyptien, un Syrien, à la suite d’une discussion, ou au sortir d’une maisonoù il a été mal reçu, quitter ses babouches etles battredeux ou trois fois, semelle contre semelle, en face deson adversaire. Cela veut dire: Je ne veux plus avoiraffaire avec toi.» Jullien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 257.

— 4° À raison de la sentence originelle, Gen., iii, 19, lapoussière éveille naturellement l’idée du tombeau. Aussiest-elle prise parfois pour la mort elle-même. Job, vii, 11; xx, 11; xxi, 26; xl, 8 (13); Ps. vii, ~6; Is., xxvi, 19; Dan., xii, 2. La poussière du tombeau, c’est-à-direla mort ne chante pas la louange de Dieu. Ps. xxx

d62. — Égyptiennes répandant de la poussière sur leur tête en signe de deuil.D’après Wilkinson, Manners and customs of the ancient Egyptians, 1e édit., t. i, p. 167.

milieu d’une foule de femmes qui hurlaient comme despossédées; la sienne surtout criait et se frappait la têteet jetait de la poussière en l’air, moremajorum, commevous pouvez le voir dans les tombes.» Lady Gordon, Lettres d’Egypte, trad. Ross, Paris, 1869, p. 273.

II. Au sens figuré. — 1° La poussière du sol estl’image de ce qui est petit, faible, méprisable. Abrahamparle au Seigneur, bien qu’étant poussière et cendre.Gen., xviii, 27. Dieu tire le pauvre de la poussière, c’est-à-direde l’abaissem*nt. I Reg., ii, 8; III Reg., xvi, 2.Les nations ne sont devant lui que poussière. Is., xl, 15.Il réduit en poussière ou renverse dans la poussière, c’est-à-dire humilie, abaisse et ruine, Moab, Is-, xxv, 12; xxvi, 5; Babylone, Is., xlvii, 1; Tyr, Ezech., xxvi, 4, 12; les ennemis. Is., xxix, 5. Il fait voler en poussière l’épéedes puissants. Is., xli, 2. Dans l’épreuve, on est affaisséjusqu’à la poussière. Ps. xliv (xliii), 25. Jérusalem régénéréesecoue sa poussière. Is., iii, 2. Après la captivité, les Juifs sauront tirer de leur poussière les pierresde leurs murs. II Esd., iv, 2. — 2° Mettre sa bouchedans la poussière, c’est se prosterner très humblement.Lam., iii, 29. Voir t. i, col. 541. Lécher la poussière despieds de quelqu’un, c’est lui marquer sa complète soumission.Ps. lxxi (lxxii), 9; Is., xlix, 23. Ezéchiel, xxiv, 7, accusant Jérusalem de ses crimes, dit qu’elle a versé lesang sur la roche nue, et non sur la terre pour le recouvrirde poussière. Le prophète veut signifier que lescrimes de Jérusalem ont été commis impudemment, augrand jour, et que tes traces en sont visibles. Cf. Gen.,

(xxix), 10. Le supplicié attaché à la croix est réduit à lapoussière de mort, c’est-à-dire dévoré, après la pertede son sang, par une fièvre brûlante qui le dessèchecomme une poussière et le conduit à la mort. Ps. xxii(xxi), 16. — 5° Les nuages sont comme la poussière despieds de Dieu. Nah., i, 3. À Israël infidèle, la poussière, c’est-à-dire la sécheresse, sera envoyée au lieu de pluie.Deut., xxviii, 24.

III. Comparaisons tirées de la poussière. — 1° Lapoussière se compose d’une multitude innombrable departicules. La race d’Abraham deviendra aussi nombreusequela poussière. Gen., xiii, 16; xxviii, 14; Num., xxiii, 10; II Par., i, 9. À la voix de Dieu, les caillestombèrent comme la poussière dans le camp des Israélites.Ps. lxxviii (lxxvii), 27. Dans un sens analogue, Benadad, pour donner l’idée du grand nombre de sessoldats, prétend que la poussière de Samarie ne suffiraitpas à remplir le creux de toutes leurs mains.III Reg., xx, 10. — 2° La poussière est le résultat d’unbroiement d’éléments solides. Les ennemis sont broyéscomme la poussière. II Reg., xxii, 43. — 3° La poussièrelégère est emportée par le vent. Les nations ennemies, Is., xvii, 13, les armées vaincues, IV Reg., xiii, 17, la fleur des méchants, «’est-à-dire leur prospérité, lesméchants eux-mêmes sont emportés par le vent commela poussière. Ps. xviii (xvii), 43; xxxv (xxxiv), 5; Is.,: xxix, 5. — 4° Le serpent rampe à terreet semble lécheret manger la poussière. Gen., iii, 14; Is., lxv, 25. Enface d’Israël régénéré, les nations lécheront la poussière comme le serpent, c’est-à-dire se feront humbles etsoumises. Mich., vii, 17. — Sur la poussière aromatique, Exod., xxx, 36; Cant., iii, 6, voir Parfum, t. iv, col. 2163.

H. Lesêtre.

POUSSINES Pierre, érudit français né le 28 octobre1609, à Laurac (Aude), novice de la Compagnie deJésus le 7 juillet 1624, fut, 19 ans durant, chargé ducours d’Écriture Sainte et d’hébreu au Collège romain.Revenu à Toulouse en 1682, il y mourut 4 ans plustard, le 2 février 1686. Sa vaste et sûre érudition ne seporta pas seulement sur les Pères grecs, elle s’exerçasur l’Écriture Sainte et nous a valu notamment deuxouvrages fort importants. C’est d’abord Catena Græcorum Patrum in Evangelium secundum Marcum, in-f°, Rome, 1673. Cette œuvre est suivie de commentaires sur des passages spéciaux des quatre Évangiles; de collations du texte grec de tous les livres du Nouveau Testament avec 22 manuscrits; d’observations sur divers endroits du Nouveau Testament. Son second ouvrage, plus remarquable, est Apocalypsis enarrationes, in-4°, Toulouse, 1685. On doit signaler encore deux Dissertations sur l’Assuérus d’Esther, le Darius de Daniel et le Zacharie de Barachie, deux autres Dissertations sur les prophéties concernant Notre-Seigneur, enfin une étude De adventu Christi nonnisi post prævisum Adami lapsum decreto.

P. Bliard.


POUTRE (hébreu: kruṭôṭ, meḥabbrôṭ, šêl’ôṭ, šequfîm, qôrâh; Septante: δοκός; Vulgate: trabes), pièce de bois, longue et forte, employée dans les constructions.— Il est question de poutres à propos de la construction des parvis du Temple, III Reg., vi, 36; vii, 12, du Temple lui-même, sous Salomon, II Par., ni, 7, et sous Josias, II Par., xxxiv, 11; des palais et autres édifices de Salomon, III Reg., vi, 15, 16; vii, 3, 4, et de maisons riches, Cant., i, 16, ou communes.IV Reg., vi, 2, 5. Les termes hébreux, presque tous au pluriel, indiquent probablement des variétés de poutres, différentes quant à la forme ou quant à l’usage, poutres proprement dites, poutrelles, fermes, solives, montants, colonnes, poteaux, etc. — Baruch, vi, 13, 54, dit que les idoles sont dans leurs temples commedes poutres et qu’elles y brûleront comme ces dernières.— Notre-Seigneur compare à une poutre dans l’œil les défauts de celui qui, oublieux ou inconscient de ses torts graves, ne songe qu’à remarquer les travers beaucoup moindres du prochain. Matth., vii, 3-5; Luc., vi, 41, 42. La poutre dans l’œil est une hyperbole orientale de même ordre que le chameau dans letrou d’une aiguille, Matth., xix, 24, le chameau avalé. Matth., xxiii, 24, etc. La comparaison se retrouve dans la Mischna, Arackin, 16 b, à propos des réprimandes qu’on refuse d’accepter: «À qui dirait à son prochain: Ôte la paille qui est dans ton œil, on ne manquerait pas de répondre: Ôte la poutre qui est dans le tien.»

H. Lesêtre.


POUZZOLES (grec: Ποτίολοι; Vulgate: Puteoli), aujourd’hui Pozzuoli, port autrefois célèbre, situé versl’extrémité septentrionale du golfe de Naples, ou duSinus Puteolanus, comme on disait alors, à l’ouest età 10 kilomètres de l’ancienne «Néapolis», entre le capdu Pausilippe et le cap Misène.


163. — Port de Pouzzoles; ruines de l’ancien môle.


L’origine de son nom est douteuse. On l’a rattaché tantôt aux exhalaisons putrides des sources sulfureuses de la région, putere; tantôt directement à ces puits sulfureux, putei.Saint Paul y arriva de Malte en peu de jours, poussépar un vent favorable. Act., xxviii, 13. Puteoli était le grand port commercial de l’Italie. Pline, H. N., xxxvi, 14, rapporte que les marchands de soixante-dix nations diverses s’y rencontraient, occupés à y entreposer pour Rome les produits de tout l’univers, spécialement le blé d’Égypte. Voir aussi Suétone, August., 98, et Titus 5; Silius Italicus, Silv., iii, 2. Cicéron, comme saintPaul, y aborda en venant de Sicile. Cf. Pro Plane, 26.L’historien juif Josèphe y vint également à la suited’un naufrage, Vita, 3. On nommait Pouzzoles «lapetite Délos», parce que cette île de la mer Égée avaitété elle-même le grand marché de l’univers. Il existeencore des restes de l’ancien môle sur lequel saint Pauldut débarquer (fig. 163). Fondée par les Ioniens, Pouzzoles portait primitivement, lorsque toute la rive cam-

panienne était beaucoup plus grecque que latine, lenom de Dikéarkhia, que lui donne encore Josèphe, Ant. jud., XVII, xii, 1. C’est pendant la seconde guerrepunique qu’elle fut occupée par les Romains.

En sa qualité de port marchand fréquenté du mondeentier, Pouzzoles ne pouvait manquer de posséder unecolonie de juifs, cf. Josèphe, l. c, et aussi d’entendrede très bonne heure la prédication chrétienne. VoirRamsay, St. Paul the Traveller, 5e édit., in-8°, Londres, 1900, p. 346. C’est probablement parmi ces habitantsisraélites que germèrent les premières sem*nces de lafoi en Jésus-Christ. Paul, en y débarquant, y trouvades «frères», Act., xxviii, 14, qui le prièrent de demeurerquelques jours auprès d’eux. Le centurion Julius, sous la garde duquel était l’Apôtre, lui accordacette faveur, comme précédemment à Césarée, Act., xxvii, 3, de sorte que saint Paul put passer une semaineentière à Pouzzoles. Une variante du texte grec, dansAct., xxviii, 13, mérite d’être signalée: au lieu deîrapsxX716^[isv nap’aÙToî; ini|».EÏvai, qui est la leçon laplus autorisée et celle qu’a suivie la Vulgate, le cod. Det d’autres manuscrits portent: TcapEx), . iit’aÛToïç é[i|j.stvavreç, «Nous fûmes consolés, étant demeurés auprèsd’eux». L. Fillion,

    1. PRADO##

PRADO (Joronime de), exégète espagnol, né àBæza en 1547, mort à Rome le 13 janvier 1595. Ilentra en 1572 au noviciat de la Compagnie de Jésus etdevint ensuite professeur à Cordoue où il enseignad’abord les humanités, puis, pendant 16 ans, l’ÉcritureSainte. Il est surtout Connu à cause de son grand ouvragesur Ézéchiel. Étant allé à Rome pour y chercherdes artistes capables de faire les illustrations qu’ilvoulait joindre à son Commentaire, il y mourut, laissantinachevée son œuvre qui fut terminée par son confrèreVillalpaud: Hieronymi Pradi etJoannis BaptistseVillalpandie Societate Jesu in Ezechielem Explorationeset Apparatus Vrbis ac Templi EierosolymitaniCotnmentariis et Imaginibus illustratus. Opustribus tomis distinctum, 3 in-f°, Rome, 1596-1604. Letome i, part. i, renferme le commentaire des 26 premierschapitres, le tome n est consacré au Temple et le tome nià la ville de Jérusalem. La première partie seule du tome iest l’œuvre de Prado; la seconde partie du tome i(Èzech., xxvii-xxviii) et les tomes n et m sont l’œuvrede Villalpand.

    1. PRÉCURSEUR##

PRÉCURSEUR (grec: icpoTpÉ X cov, np<S5po[ioç; Vulgate: prsecursor), celui qui court devant un personnagepour préparer son passage. — Les précurseursétaient employés chez les Égyptiens. Us sont représentéscourant à pied devant le char du pharaon. Voir t. ii, fig. 193, col. 566. L’un d’eux précédait le char de Josephen criant’abrek! Gen., xli, 43. Voir Abrek, t. i, col. 90; Main, t. iv, col. 584. Samuel prévit que lesrois israélites voudraient aussi avoir des hommes pourcourir «devant la face de leur char», à la mode égyptienne.I Reg., viii, 11. L’usage du précurseur existeencore en Egypte. «Il court devant notre landau, écartantde ses cris et menaçant de sa baguette les paresseuxou les affairés qui sont sur la route. Les sais desgrands seigneurs, mieux costumés que lui, portent desvestes brodées d’argent et d’or. Leurs manches largeset leur jupe volumineuse flottent au vent, tandis qu’ilscrieirï, qu’is -<ioïrt, qw’ïis ftappetA.-i> Le Cawwvs, Notrevoyage aux pays bibliques, Paris, 1894, t. i, p. 97.Cf. Landrieux, Aux pays du Christ, Paris, 1897, p. 65.

— Le Seigneur promit à Moïse d’envoyer devant luiun ange pour précéder le peuple dans le pays de Chanaanet ainsi lui frayer la voie. Exod., xxxiii, 2. Plustard, Dieu fit annoncer par Malachie, iii, 1, qu’il enverraitson messager pour préparer le chemin devant lui.Saint Jean-Baptiste remplit cet office à l’égard de

Notre-Seigneur, Marc, i, 2, 4, ce qui lui a fait donnerle nom de précurseur. — Jésus-Christ est entré dansle sanctuaire du ciel en qualité de précurseur. Heb., vi, 20. Il nous y précède et, par sa rédemption, nousmérite la grâce de le suivre. H. Lesêtke.

    1. PRÉDESTINATION##

PRÉDESTINATION, acte de volonté divine déterminantà l’avance la fin surnaturelle que doit atteindreune âme.

1° Il y a une prédestination à la grâce pour la vieprésente. Des témoins choisis d’avance ont eu la faveurde voir Jésus ressuscité, et sont ainsi devenus capablesde transmettre à d’autres la foi en cette résurrection.Act., x, 41. Saint Paul a été prédestiné à connaître lavolonté de Dieu, à voir le Juste et à entendre les parolesde sa bouche. Act., xxii, 14. Les chrétiens sont prédestinésà être les fils adoptifs de Dieu par Jésus-Christ, selon sa libre volonté, en faisant ainsi éclater en eux lagloire de sa grâce, Eph., i, 5, prédestination qui esttoute gratuite et ne suppose aucun mérite préalable dela part de l’homme, puisqu’elle ne dépend que de «larésolution de celui qui opère toutes choses d’après leconseil de sa volonté.» Eph., i, 11. Les chrétiens parviennentà cette adoption divine parla grâce de Jésus-Christ, qui veut que nous accomplissions «les bonnesœuvres que Dieu a préparées d’avance afin que nousles pratiquions.» Eph., ii, 10. Tout, dans la vie chrétienne, est donc prévu et voulu à l’avance par Dieu, dont la volonté toute-puissante respecte cependant laliberté de l’homme. Rom., ix, 18.

2° Il y a surtout une prédestination au salut et à lagloire éternelle. Saint Luc dit qu’à la prédication dePaul et de Barnabe, à Antioche de Pisidie,: < tous ceuxlàcrurent qui étaient prédestinés à la vie éternelle, sAct., xiii, 48. Saint Paul formule en ces termes la doctrinecomplète de la prédestination: «Toutes chosesconcourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceuxqui sont appelés selon son dessein. Car ceux qu’il aconnus d’avance, il les a aussi prédestinés à être conformesà l’image de son Fils, afin que son Fils soit lepremier-né d’un grand nombre de frères. Et ceux qu’ila prédestinés, il les a aussi appelés; et ceux qu’il aappelés, il les a justifiés; et ceux qu’il a justifiés, il lesa glorifiés.» Rom., viii, 28-30. Voilà donc quatretermes qui marquent l’action de la volonté divine surune âme: prédestination ou détermination antécédentede Dieu; vocation ou appel adressé à l’âme; justificationou effet de la grâce sur l’âme; glorification ouentrée de l’âme dans la vie éternelle. L’Apôtre compareensuite les âmes à l’argile dont le potier est le maîtreabsolu, et dont il peut tirer, à son choix, un vase précieuxou un vase commun. Ainsi fait Dieu, qui supporteavec patience «des vases de colère, formés pourla perdition», et qui exerce sa libre munificence «àl’égard des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparéspour la gloire.» Rom., ix, 21-23. L’Évangile queprêche l’Apôtre est une sagesse «que Dieu, avant lessiècles, avait destinée pour notre glorification.» I Cor., il, 7. Cette sagesse a été révélée «selon le dessein éternelqu’il a réalisé par Jésus-Christ.» Eph., iii, 11. VoirF. Prat, La théologie de saint Paul, 1. 1, 1908, p. 342-352.

3° La prédestination ne peut en aucune manière êtreassimilée au destin, àuâfx-*], fatum, des anciens, quidéterminait aveuglément à l’avance le sort de chacun.Elle ne çréjudicie en rien à la libre activité del’homme. Au dernier jugement, le sort de chacunest décidé, non d’après une détermination antécédenteet nécessitante de Dieu, mais selon les œuvres bonnesou mauvaises que l’homme a accomplies. Matth., xxv, 34, 35, 41, 42. D’après les paraboles du Sauveur, l’hommeest lui-même l’artisan de son bonheur ou de sonmalheur éternels. Matth., xx, 10; xxii, 12, 13; xxv, 3-12, 21, 23, 30, etc. «Si tu veux entrer dans la vie,

garde les commandements», dit formellement le Sauveur.Matth., xix, 17. Cf. Luc, xiii, 23. D’après saintPaul, il faut courir et se donner de la peine pouratteindre le but final, I Cor., ix, 24; la récompense estune couronne due en justice à celui qui a bien travaillépour Dieu sur la terre, II Tim., iv, 7, et cette récompenseest en rapport avec le labeur de chacun.Rom., ii, 5; I Cor., iii, 8. Saint Pierre déclare que lesbonnes mœurs sont nécessaires pour fixer chacun danssa vocation et son élection. II Pet., i, 10. La récompensepromise demeure toujours incertaine tant qu’onne la tient pas, car on peut la perdre par sa négligenceou son infidélité. Rom., xi, 22; I Cor., x, 12; Phil., ii, 12; Apoc, iii, 11, etc. Voir Justification, t. iii, col. 1878; Œuvres, t. iv, col. 1756. De tous ces textesrésulte cette conclusion, que par la prédestination Dieuprévoit le sort éternel de chaque âme, mais en tenantcompte de la manière dont cette âme utilisera librementses grâces. Autrement l’obéissance aux commandementset les efforts pour la pratique de la vertu neseraient pas de précepte pour le salut. Si, avant devenir au monde, on était prédestiné au bonheur ou aumalheur par une volonté inéluctable de Dieu, indépendammentde tout acte d’obéissance ou de désobéissancepersonnelle, il serait dès lors impossible, quoi qu’onfit, de manquer ce bonheur ou de se dérober à cemalheur. Pareille théorie est contraire à toutes les assuranceset à tous les conseils de l’Évangile. Dieu «veutque tous les hommes soient sauvés», I Tim., ii, 4, etil a envoyé son Fils dans le monde «pour que lemonde soit sauvé par lui». Joa., iii, 17. Telle est la prédestinationuniverselle ante mérita; c’est seulement laprédestination post mérita prmvisa qui assigne auxuns le bonheur et aux autres le malheur. Sur lathéorie thomiste et sur les discussions auxquelles adonné lieu la doctrine de la prédestination, voir Turmel, Histoire de la théologie positive, Paris, 1904, p.’276282, 401-409.

4° Il y a une prédestination spéciale pour Notre-Seigneur, dont saint Paul dit, d’après la Vulgate, qu’il «aété prédestiné Fils de Dieu miraculeusem*nt, selonl’Esprit de sainteté, par une résurrection d’entre lesmorts». Rom., i, 3. La prédestination ne peut portersur le Fils de Dieu dans sa nature divine, mais seulementsur ce qu’il est devenu dans le temps par son incarnation, et sur la gloire dont sa nature humaine aensuite été comblée dans le ciel après son ascension.Dans le texte grec, au lieu de prœdeslinatus, on litôpiudrvToc, qui veut dire «défini, fixé, établi». Lapensée de l’Apôtre est donc que Jésus-Christ a étédéfini, déclaré, manifesté Fils de Dieu par sa résurrection.

H. Lesêtre.

    1. PRÉDICATION##

PRÉDICATION (hébreu: qeryâh; Septante: x^puf|ia; Vulgate: prsedicatio), exposition et propagationpar la parole d’un enseignement dogmatiqueou moral.

I. Dans I’Ancien Testament. — En plusieurs circonstances, Moïse adressa au peuple qu’il avait à formerdes exhortations publiques à la fidélité envers Jéhovah.Elles sont consignées dans le Deutéronome, x, xi, xxix.Après lui, ce ne furent pas les prêtres, dont les fonctionsétaient presque exclusivement liturgiques, maisles prophètes qui eurent à rappeler au peuple lesprescriptions de la loi divine. Ainsi firent Samuel, Élie, Elisée, et ceux qui les suivirent. Josaphat envoyade ses chefs et des lévites dans les villes dejuda, avecle livre de la loi, pour enseigner le peuple. II Par., xvii, 7-9. Plus tard, le roi Jtzéchias envoya de même àtravers le pays d’Israël des messagers remplissant lesfonctions de missionnaires, pour prêcher aux tribusséparées le retour au service de Jéhovah, sans grandsuccès d’ailleurs. II Par., xxx, 6-11. Sous Josias, la

découverte du livre de la Loi fut l’occasion d’une sortede prédication solennelle. II Par., xxxiv, 29-33. L’obéissanceà la Loi fut de nouveau prêchée au temps d’Esdras.I Esd., ix, 6-x, 14; II Esd., viii, 1-ix, 38. Les oraclesdes prophètes sont souvent des prédications mises parécrit. Jer., vii, 2; xix, 2, etc. C’est par eux surtoutque la sagesse prêchait sur les places publiques.Prov., i, 20. Jonas, i, 2; iii, 2, fut envoyé à Ninivepour y prêcher la pénitence. Luc, xi, 32. Isaïe, lii, 7, salue à l’avance celui qui doit venir prêcher à Israëlla bonne nouvelle, la paix, le bonheur et le salut. Ilannonce que le Messie prêchera la bonne nouvelle, leretour à la lumière et l’année de grâce. Is., lxi, 1; Luc, iv, 19. Quand les synagogues furent instituées, le service religieux y comprit une explication destextes sacrés et une exhortation morale. Voir Lecteur, t. iv, col. 147; Sïnagogue. Saint Jacques atteste quedepuis bien des générations, Moïse avait dans chaqueville des hommes qui le prêchaient. Act., xv, 21.Néanmoins, sous l’ancienne loi, la prédication n’avaitqu’un rôle secondaire, parce que le Livre sacré étaitla base de la religion et renfermait tout ce qui s’imposaità la croyance et à la pratique de l’Israélite.

II. Dans le Nouveau Testament. — 1° Par sa prédicationsur les bords du Jourdain, saint Jean-Baptisteprépare les foules à l’apparition du Messie. Il exhorteà la pénitence et à l’accomplissem*nt des devoirs d’état; il interpelle sévèrement les pécheurs orgueilleux pourles obliger à rentrer en eux-mêmes. Mais sa missionse borne à annoncer le Messie, à disposer les âmes àle recevoir, et enfin à le montrer. Matth., iii, 1; Marc, i, 4, 6; Luc, iii, 3; Act., xiii, 24. Cette prédication fitgrand effet. Le précurseur eut beaucoup de disciplesqui s’attachèrent à lui. Matth., îx, 4; Marc, ii, 18; Luc, v, 33; vii, 18, 19; xi, 1; Joa., iii, 25; iv, i. Plustard, il s’en trouva même un, Apollos, à Éphése, quiprêchait la doctrine de Jésus tout en ne connaissantque le baptême de Jean. Act., xviii, 25. — 2° Le Sauveurprêcha lui-même sa doctrine pendant tout le coursde sa vie publique. Cette doctrine constituait la «bonnenouvelle» ou l’Évangile, d’où l’emploi du mot eûoefyt-Xi(ra<iôaeou eiixT(tll&txQoii, evangeliza, re, «évangéliser,» pour désigner cette prédication. Le Sauveur prêchaitdonc le royaume de Dieu, Luc, iv, 43; viii, 1; il l’annonçaitaux pauvres, Matth., vii, 22; xi, 5; Luc, iy, 18, alors que les docteurs juifs se bornaient à enseignerleurs disciples. Il prêchait partout, Matth., iv, 17, 23; ix, 35; xi, 1; Marc, i, 14, 45; Luc, viii, 1; Marc, i, 14, 45; Luc, viii, 1; dans les bourgs, Marc, i, 38; enpleine campagne, Matth., v, 1, 2; dans la Décapole, Marc, v, 20; dans les synagogues, Marc, i, 39; Luc, iv, 44; sur les bords du lac, Matth., xiii, J-2, 3; dans le Temple, Joa., v, 18; vii, 14, etc. Sur la prédicationdu Sauveur, voir Jésus-Christ, t. iii, col. 1480° 1497. — 3° NotreSeigneur chargea ses disciples etparticulièrement ses apôtres de prêcher son Évangile.Matth., x, 7; Marc, iii, 14; vi, 12; xvi, 15, 20; Luc, ix, 2; xxiv, 47; Act., x, 42; I Pet., i, 12; etc. Il leurrecommanda de le prêcher sur les toits, Matth., x, 27; Luc, xii, 3, c’est-à-dire de manière à être vus et entenduspas tous. — 4° L’ordre du Sauveur fut exécuté aveczèle. Dès le jour de la Pentecôte, saint Pierre se metà prêcher. Act, , ii, 14; il a pour imitateurs le diacreEtienne à Jérusalem, Act., vi, 14; vii, 1-53, le diacrePhilippe en Samarie, Act., viii, 5, 12, 40, tous lesautres Apôtres à travers le monde. Act., v, 42; viii, 4, 25; xiv, 6, 20; xv, 35, etc. — 5° Mais le prédicateur del’Évangile par excellence est saint Paul, que le Sauveurlui-même a choisi pour porter son nom devant les nations, devant les rois et devant les enfants d’Israël.Act., ix, 15. Il s’en va prêcher partout daus le monderomain, en commençant par les synagogues des Juifs, Act., ix, 20; xiii, 5, etc., et en s’adressant ensuite aux

gentils partout où il les rencontre. Act., xv, 36; xvii, 13; xix, 13; xx, 25; xxviii, 31; I Cor., ii, 4; xv, 1, 2, 11, 14; II Cor., i, 19; xi, 4; Col., i, 23; I Thés., ii, 9;

I Tim., ii, 7, IITim, i, 11; iv, 17; Tit., i, 3, etc. Cependantil se sait particulièrement chargé de la prédicationaux gentils, Gal., i, 16; ii, 2; Eph., iii, 8; mais il s’appliqueà prêcher l’Évangile là où il n’a pas encore étéannoncé. Rom., xv, 20; II Cor., x, 16. Son rôle spécialn’est pas de baptiser, mais de prêcher, I Cor., i, 17, etmalheur à lui s’il ne prêche pas. I Cor., IX, 16. —6° Les Épîtres de saint Paul énoncent un certain nombrede réflexions qui montrent quelle idée l’Apôtre se faisaitde la prédication. Tout d’abord, dans la religion deJésus-Christ, la prédication est indispensable. «Commentinvoquer celui en qui on ne croit pas? Comment croireen celui dont on n’a pas entendu parler? Comment enentendre parler sans prédication? Et comment y aurat-ildes prédicateurs s’ils ne sont envoyés?» Rom., x, 14-15. La prédication est donc nécessaire, puisqueNotre-Seigneur a donné pour base à sa religion nonplus un livre, comme dans la loi ancienne, mais laparole de ses envoyés. Matth., xxviii, 19. Pourtant n’estpas prédicateur qui veut; il faut avoir reçu mission deJésus-Christ, ou de ceux qui le représentent. Saint Paulne se prêche pas lui-même, c’est-à-dire qu’il ne meten avant ni sa personne ni ses idées. II Cor., iv, 5. Ilprêche Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié, c’est-à-direle Sauveur dans ses humiliations aussi bien quedans ses gloires. I Cor., i, 23. Il ne le prêchepas en faisant appel aux ressources de la sagesseet de l’éloquence humaines, I Cor., i, 17-25, maissimplement et en dépit de ses infirmités personnelles, Gal., iv, 13, aQn qu’il soit bien constant quecette prédication agit par sa propre vertu, indépendammentde la valeur du prédicateur. I Cor., i, 17. Ily en a qui se font prédicateurs de l’Évangile par envieet par esprit d’opposition. Phil., i, 15. Saint Paul prêcheavec un parfait désintéressem*nt, I Cor., ix, 18;

II Cor., xi, 7, et il s’applique à pratiquer la doctrinequ’il prêche, afin de n’être pas réprouvé. I Cor., îx, 27.Il veut que son disciple Timothée «prêche la parole, insiste à temps et à contre-temps, reprenne, menace, exhorte, avec une entière patience et toujours en instruisant.» II Tim., iv, 2. Tels sont en effet les devoirsqui s’imposent au prédicateur de l’Évangile.

H Lfsêtrf

PRÉFETS DE SALOMON. III Reg., iv, 7-19.Voir Gouverneur, 12°, t. iii, col. 285.

    1. PRÉFIXES##

PRÉFIXES, terme grammatical par lequel on désignedans la langue hébraïque les particules qui sontplacées au commencement de certains mots. Voir Hébraïque(Langue), t. iii, col. 473.

1. PRÉMICES, prélèvements opérés sur les premiersfruits produits par la terre, destinés à être offerts au Seigneur, comme les premiers-nés de l’homme et desanimaux. Ces prélèvements étaient de deux sortes, lesprémices des fruits naturels et les prémices desfruits préparés.

I. Prémices des fruits naturels. — 1° Ces prémicesportent le nom de bikkûrîm, nçia>s<}yiwr]>.ara., YsvvVjfj.aTa, fruges, et sont ordinairement désignées par l’expressionr’êsîp bikkàrê hà-’âdâmâh, àitap-/ai t<5v itpwTOYsvvyiikxtwvTri; fT|C> primitim frugum terrte, «les prémicesdes fruits de la terre», Exod., xxiii, 19, our’èsît perî ha-âdâmâh, àitapxiî wv ffnruiâiiav xrj; yîic, primitise frugum terrée. Deut., xxvi, 10. — 2° La Loiordonnait d’apporter les prémices des fruits de laterre dans la maison du Seigneur. Exod., xxui, 19; xxxiv, 26. Elle indiquait ensuite avec plus de détail lamanière dont on devait procéder. Une fois dans laTerre Promise, l’Israélite prendra les prémices de tous

ses fruits, les mettra dans une corbeille, s’en ira aulieu choisi par le Seigneur pour y être honoré et seprésentera au prêtre en fonction en lui disant: «Jedéclare aujourd’hui à Jéhovah, ton Dieu, que je suisentré dans le pays que Jéhovah a juré à nos pères denous donner.» Le prêtre prendra la corbeille et ladéposera devant l’autel. L’Israélite prononcera uneformule rappelant tout ce que Dieu a fait pour sespères et conclura en ces termes: «Et maintenant, voici que j’apporte les prémices des produits du solque vous m’avez donné, ô Jéhovah!» Ensuite il selivrera à des réjouissances avec le lévite et l’étrangerqui réside auprès de lui. Deut., xxvi, 1-11. — 3° Letraité Bikkurim de la Mischna a pour objet l’offrandedes prémices. — Quelques docteurs ont prétendu quela loi sur les prémices ne fut obligatoire que quand leTemple exista, parce que le texte sacré dit de lesapporter dans la «maison >> du Seigneur. Deut., xxvi, 2. Cf. Schekalim, viii, 8. Mais cette assertion est inadmissible, puisque le Tabernacle lui-même est souventappelé «maison». Exod., xxiir, 19; Jos., vi, 24; I Reg., i, 7, 24, etc. — 3° Bien que la Loi parlât de tous lesfruits de la terre, on restreignait l’obligation des prémicesaux sept fruits qui sont indiqués. Deut., viii, 8, comme caractéristiques de la Palestine, le froment, l’orge, la vigne, le figuier, le grenadier, l’olivier et lemiel. Cf. Bikkurim, I, 2; Gem. Bekoroth, 35, 1. —4° La Loi ne portait que sur les produits de la terred’Israël, à laquelle on ajoutait les anciens territoiresde Séhon, Deut., ii, 32-37, d’Og, Deut., iii, 8-10, etplus tard la partie de la Syrie conquise par David.D’après Josèphe, Ant. jud., XVI, vi, 7, on apportaitaussi les prémices d’Asie Mineure. — 5° Les fruitsofferts en prémices devaient être de premier choix ettout frais, sauf les raisins et les figues qui pouvaientêtre secs quand on les apportait de loin. — La quantitéde fruits à offrir en n^émices n’était pas déterminée.On pouvait même offrir à ce titre ceux d’unchamp tout entier. Cf. Bikhurim ii, 4; Siphra, ꝟ. 25, 1. Les prémices faisaient partie des six ou dix chosesdont la Loi ne réglait pas la mesure. Cf. Pea, i, l; Gem.Jerus., Pea, 16, 1. Mais les docteurs avaient décidé quel’offrande devait être au moins d’un soixantième. Lemot téni’, «corbeille», dont les trois lettres td, s, s, représentent les chiffres 9, 50 et 1, au total 60, servaità rappeler cette règle à la mémoire. Cf. Gem. Jerus.Bikkurim, 65, 3; Siphra, ꝟ. 202, 2. — 6° La séparationdes fruits constituant les prémices pouvait sefaire soit sur l’arbre, avant maturité, au moyen d’unsigne, soit après la récolte, à condition toutefois queles bikkûrîm, fussent mis à part avant toutes les autresredevances. Cf. Terumoth, iii, 7. On était obligé deremplacer ce qui s’était pourri ©u avait été volé. —7° Quand le Temple eut été construit l’offrande deces prémices se faisait à Jérusalem, mais pas avant laPentecôte, Exod., xxiii, 16; Lev., xxru, 17, ni après laDédicace, le 25 casleu, les fruits plus tardifs n’ayantpas grande valeur. Cf. Bikkurim, i, 6; Challa, IV, 10.

— 8° Par la suite des temps, l’offrande des prémicesfut réglée dans tous les détails. Les fruits se plaçaientdans des corbeilles dorées, argentées ou en bois desaule. Si tous les fruits devaient être contenus dansla même corbeille, on mettait au fond l’orge, puis leblé, ensuite les olives, au-dessus le miel, les grenades, les figues et enfin les raisins. Ordinairement on attachaità la corbeille des tourterelles ou des colombesdestinées à être offertes en holocauste. — La corbeilleainsi disposée était portée à Jérusalem par celui quifaisait l’offrande ou par son réprésentant. Le voyageétait entrepris en grande pompe. De plusieurs localités, on se réunissait à un rendez-vous commun. Lechef de la bande criait les paroles de Jérémie, xxxi, 6; cf. Mich., iv, 2: «Levez-vous et montons à Sion, vers

Jéhovah notre Dieu!» et l’on se mettait en route, avec un bœuf à cornes dorées et couronné d’olivier, etun joueur de flûte. Chemin faisant, on répétait lesparoles du Psaume CXXii (cxxi), 1: «J’ai été dans lajoie quand on m’a dit: Allons à la maison de Jéhovah!»

— Aux approches de Jérusalem, de hauts fonctionnairesdu Temple allaient au devant des arrivants etleur faisaient accueil. À l’entrée du Temple, chacun, même le roi, devait prendre sa corbeille sur sesépaules, et la porter à l’intérieur en chantant lePsaume CL, auquel les lévites répondaient par lePsaume xxx (xxix). Au parvis des prêtres, il la déchargeaitet l’agitait, avec l’aide d’un prêtre, en proférantles paroles prescrites. Deut., xxvi, 3-10. Cette formulen’obligeait ni les femmes, ni les tuteurs, ni les esclaves, ni ceux qui présentaient des prémices après la fêledes Tabernacles. Cf. Bikkurim, i, 5, 6. La corbeilleétait portée près de l’autel, sans qu’on pût mettre surl’autel même ce qui contenait du levain ou du miel, Lev., ii, ll, 12, et le sacrifice était offert. Si la corbeilleétait de métal, oh la rendait à l’Israélite porteur desprémices; les prêtres gardaient pour eux les corbeillesde saule ou de jonc. — Après l’offrande des prémices, l’Israélite était obligé de passer la nuit à Jérusalem; ilne pouvait repartir avant le lendemain matin. Cf. Bikkurim, II, 2, 3, i. — Les prémices appartenaient auxprêtres, ce qui explique l’empressem*nt avec lequelils accueillaient ceux qui les apportaient. Les prêtresde service pendant la semaine se les partageaient et lesmangeaient à Jérusalem même, eux, leurs femmes, leurs esclaves et leurs bêtes, pendant le séjour enville de celui qui avait présenté ces différents fruits.Num., xviii, 13; II Esd., x, 37. — Cf. Josèphe, Ant.jud., IV, viii, 22. Philon a écrit au sujet de la présentationdes prémices un petit traité De festo cophini, publié par Mai et par Tischendorf, Philonea, 1868, p. 69-71.

II. Prémices des fruits préparés. — 1° Ces prémicesportent le nom de terùmâh, âçafpeu.a, cmaPx*), primitise.Elles font l’objet du traité Terumoth de la Mischna.

— Outre les prémices des fruits à l’état naturel, la Loiordonnait encore de donner aux prêtres les prémicesdes produifs tirés des fruits, Exod., xxii, 29, nommémentde la farine, Num., xv, 19, 21, du vin nouveau, de l’huile, même de la toison des brebis, Deut., xviii, 4, et en général de tous les produits de la terre ou desarbres. Cf. Terumoth, ii, 5, 6. Cette redevance devaitêtre acquittée chaque année envers les prêtres par lesIsraélites non seulement de Palestine, mais aussi, aprèsla captivité, de Babylone, d’Egypte, du pays d’Ammonet de Moab, et de Syrie. Toutefois les prémices de cespays étrangers ne devaient pas êtres introduites en TerreSainte. Cf. Te-umoth, i, 1. Les prémices des toisonsétaient fidèlement offertes par Tobie, i, 6, qui, duroyaume d’Israël, avant d’être emmené en captivité, serendait régulièrement au Temple de Jérusalem et y présentait «les prémices» et ses «premières tontes», icptDToxovpiaç. Les prémices de la farine et des alimentsdont elle formait la base étaient l’objet de prescriptionsspéciales contenues dans le traité Challa de la Mischna.Saint Paul y fait allusion quand il dit que «si les prémices, àirapxij, sont saintes, la masse de la pâte, yjpa|ia, l’est aussi.» Rom., xi, 16. Était soumis à l’obligationdes prémices tout ce qui provenait du froment, del’orge, de l’épeautre, de l’avoine et du seigle. Cf. Challa, i, 1. Ces prémices ne s’acquittaient pas en farine, maisen pâte et en pain tout préparé. Cf. Challa, ii, 5. — Laquantité de prémices à fournir n’était pas déterminée.Ézéchiel, xlv, 13, 14, suppose une proportion d’unsoixantième pour le froment et l’orge, et d’un centièmepour l’huile. On estimait généralement qu’il était dû uncinquantième; les disciples d’Hillel opinaient pour unquarantième, ceux de Schammaïpourun trentième; les

moins généreux se contentaient d’un soixantième. Surles pains, les particuliers donnaient 1/24 et les boulangers1/48. Cf. Challa, ii, 7; Eduyoth, i, 2. Saint Jérôme, In Eiech., xiv, 45, t. xxv, col. 451, dit que, selon latradition juive, on pouvait s’en tenir à une quantité intermédiairequelconque entre le quarantième et lesoixantième. Cf. Philon, De.primitiis sacêrdotum, i, édit. Mangey, t. ii, p. 233.

2° L’usage de ces prémices n’était pas réglé. Chacunles attribuait au prêtre qu’il voulait. Ces prémicesn’avaient donc pas un caractère sacré, comme les précédentesqu’il fallait aller présenter au Temple. C’étaientde simples redevances au bénéfice de l’ordre sacerdotal.La liberté que chacun avait de les distribuer à son gréne laissait pas que d’aider les prêtres à se rendre aimableset serviables à tous. Sous Ézéchias, des prémicesabondantes de vin nouveau et d’huile furent ainsi présentées, avec les autres prémices, par les habitants deJérusalem aux prêtres et aux lévites, «afin qu’il s’attachassentfortement à la loi de Jéhovah,» c’est-à-direau service du Temple. Il Par., xxxi, 4-10. Après la captivité, les Israélites s’engagèrent à porter au Templeleurs prémices de farine, de vin et d’huile; mais ce futdans le but d’attirer et de fixer les prêtres, alors peunombreux, dans la maison de Dieu. Il Esd., x, 35-39; xii, 43; xiii, 5. Pour l’ordinaire, la redevance étaitacquittée partout où vivaient des prêtres. — Les prémicesdevaient être consommées en Terre Sainte par lesprêtres en état de pureté et tous ceux de leur maisonqui satisfaisaient à la même condition, Num., xviii, 11, leurs femmes, leurs enfants et leurs esclaves. Leursanimaux même pouvaient manger des prémices. Cf.Terumoth, ix, 3; xi, 9. La fille d’un prêtre mariée à unsimple Israélite n’avait pas le droit d’en manger, pasplus que ceux de sa maison. Lev., xxii, 11-13. Cf. Yebamoth, vu, 2; ix, 6. Une simple fille israélite mariéeà un prêtre en mangeait, ainsi que ceux de sa maison, cf. Yebamoth, vii, 2; IX, 5, mais seulement du vivantde son mari. Cf. Gittin, iii, 4. — Cf. Reland, Antiquitatessacrée, Utrecht, 1741, p. 200-205; Iken, Antiquilateshebraicse, Brème, 1741, p. 210-218; Schûrer, Geschichtedes judischen Volkes itn Zeït. J. C, Leipzig, t. ii, 1898, p. 249-250.

III. Remarques diverses sur les prémices. — 1° Lapratique. — À toutes les époques de l’histoire d’Israël, il est question des prémices. Pour maudire les montsde Gelboé, David souhaite qu’ils n’aient aucun champde prémices, c’est-à-dire qu’ils soient frappés de stérilité.II Reg., i, 21. Un homme de Baalsalisa apporte àElisée vingt pains d’orge de prémices et du fromentnouveau. IV Reg., iv, 42. Pareille offrande ne pouvaitse faire qu’aux prêtres; mais il n’y en avait plus de légitimesdans le royaume d’Israël, III Reg., xiii, 33, etle présent fait à Elisée ne procédait que de la générositédu donateur. Ézéchias remit en honneur l’offrandede prémices abondantes. II Par., xxxi, 4-10. Il est recommandéde faire honneur à Dieu des prémices detout son revenu. Prov., iii, 9. Cf. Eccli., xxxv, 10. Ezéchiel, xx, 40; xliv, 30; xlviii, 14, rappelle que les prémicesappartiennent au Seigneur et que celles des premiersproduits de toutes sortes sont pour les prêtres.Les captifs de Babylone se plaignent qu’il n’y a plusd’endroit pour présenter les prémices au Seigneur.Dan., iii, 38. Après la captivité, cette institution futrestaurée. II Esd., x, 35-39; xii, 43; xiii, 5. Elle étaiten pleine vigueur à l’époque évangélique, comme ledonne à supposer la composition des traités Bikkurimet Terumoth. — Deux offrandes de prémices étaientparticulièrement solennelles, celle dés prémices del’orge, à la Pâque, Lev., xxiii, 10, 11, voir Pâque, t. iv, col. 2094, et celle des prémices du froment et des deuxpains, à la Pentecôte. Exod., xxxiv, 22; Lev., xxiii, 17.Voir Pentecôte, col. 119.

2° Signification des prémices. — L’offrande des prémices, prescrite par le Seigneur, constituait à son égardun acte de reconnaissance, de soumission et de supplication.En s’acquittant de ce devoir, l’Israélite faisaitprofession de reconnaître en Jéhovah le créateur detoutes choses, le maître de la nature et le dispensateurlibéral de tous les biens. Il lui obéissait en sacrifiantune partie, la première et la meilleure, de ce qu’il avaitreçu de sa munificence. En même temps, il se le rendaitpropice et s’assurait les mêmes bienfaits pour l’avenir.Ces idées étaient si naturelles qu’on trouve chez unbon nombre de peuples l’usage d’offrir à la divinité lesprémices des fruits de la terre. Gf. lliad., ix, 529; Callimaque, In Cerer., 19; Théocrite, vii, 31; Aristophane, Ran., 4272; Pausanias, i, 43; Porphyre, De abstin., Il, 5, 6, 27, 32; Épictète, 38; Ovide, Metam., viii, 273; x, 431; Fasl., ii, 519; Tibulle, i, 1, 13; Pline, H. N., iv, 26, etc. En Egypte, les donations analogues de pains, deliqueurs, de quartiers de victimes, même de terres avectout ce qu’elles contenaient, étaient faites aux dieux, pour se les rendre favorables, et laissées à la jouissancedes prêtres. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuplesde l’Orient, 1895, t. i, p. 303. Les mêmes usagesrégnaient en Chaldée. Ibid., p. 676, 677.

3° Leur destination. — Les prémices constituaientune partie de la dotation des prêtres et des lévites. Ilétait juste que ceux qui, au nom de la nation, consacraientleur vie au service du Seigneur, reçussent dupeuple les choses nécessaires à la vie. On comprenaitégalement le droit supérieur de Dieu qui, en donnantaux Hébreux la terre fertile de Chanaan, avait établiune réserve en faveur de ceux qu’il prenait à son service.Cf. Eccli., xlv, 25. Aux prémices s’ajoutaient, pourles prêtres et les lévites, les dîmes, voir Dîme, t. ii, col. 1431; une part d’un centième sur le butin deguerre pour le grand-prêtre, et d’un cinquantième pourles lévites, Num., xxxi, 28-30; une part plus ou moinsconsidérable des victimes offertes pour les sacrificesautres que l’holocauste, voir Sacrifice; différentessommes d’argent ou divers biens en nature provenantde vœux, de restitutions, d’amendes, de rachats, etc.; l’épaule droite, l’estomac et la mâchoire de tous lesanimaux tués pour l’usage des particuliers, redevancequi était comme une extension des prémices. Cf. Iken, Antiquitates hebraicx, p. 217; Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 177. La vie des prêtres et des lévites était ainsiassurée dans des conditions suffisamment larges, maisqui ne permettaient pas l’accumulation de grandesrichesses, comme il arrivait pour les castes sacerdotalesdes autres pays de l’antiquité. Cf. Hérodote, ii, 37; Diodore de Sicile, i, 73; Munk, Palestine, p. 178-179.

4° Les prémices au sens figuré. — Pour marquer quele peuple d’Israël appartenait spécialement au Seigneuret que le Seigneur le protégeait en conséquence, Jérémie, il, 3, dit: «Israël était consacré à Jéhovah, commeles prémices de son revenu; quiconque en mangeait serendait coupable, le malheur fondait sur lui.» — SaintPaul salue en Jésus-Christ les prémices de la résurrectionet de la vie, , c’est-à-dire celui qui le premier estressuscité glorieusem*nt pour ne plus mourir et communiquerla vie aux âmes. I Cor., xv, 20, 23. — Leschrétiens ont ici-bas «les prémices de l’Esprit», c’est-à-direle commencement d’une vie qui se développeraun jour dans la gloire. Rom., viii, 23. Cf. S. Irénée, Adv. hmres., v, 8, 1, t. vii, col. 1142. — La famille deStéphanas représente les prémices de l’Achaïe, c’est-à-direqu’elle est la première qui se soit convertie danscette province. I Cor., xvi, 15. Les âmes vierges sontdes prémices pour Dieu et l’Agneau, c’est-à-dire qu’ellesoccupent une place privilégiée dans l’Église et dans leciel. Apoc, xiv, 4.

H. Lesêtre.

2. PRÉMICES (FÊTE DES), un des noms de la fête dela Pentecôte. Exod., xxiii, 16. Voir Pentecôte, col. 119.

    1. PREMIER##

PREMIER (grec: jrpiôraç; Vulgate: princeps), titreque portait le magistrat qui gouvernait l’île de Malte, Act, , xxviii, 7. H s’appelait Publius, lorsque saint Pauly aborda après son naufrage. Voir Publius. L’île deMalte, pendant la seconde guerre punique, était passéeen 342 avant J.-C. de la domination carthaginoise souscelle de Rome. Les Romains laissèrent aux Maltais unegrande liberté, ils firent de Malte un municipe et permirentaux habitants de se gouverner d’après leurspropres lois. Malte dépendait du préteur de Sicile, mais celui-ci étaitreprésenté dans l’île par un propréteurj, à qui l’on donnait le titre de np&zot MeXsTatav, PrimusMelitensium, comme l’atteste l’inscription suivantequi confirme l’exactitude de saint Luc: Aac.xtoç Kup.IIpo03ï]v; lirrceù; ’PtoiifacW] itprâxo; Me), irauiiv xaïirotTpwv. Kaibel, Inscript, greec. Italim et Sicilias, Berlin, 1890, p. 142, n. 601. Cf. Boeck, Corpus inscriptionumgrsecarum, n. 5754, t. iii, p. 682; Une inscriptionlatine porte: Mel. Primus. Smith, Voyage and shipwreckof St. Paul, 3= édit., Londres, 1866, p. 150-151.Voir Schœffer, Dissertatio de Publio, xpiàxtù Melitensium, in-â», Iéna, 1755.

    1. PREMIERNÉ##

PREMIERNÉ (héhreu: bekôr, de bâkar, «être lepremier»; Septante: itpwTÔroxoç; Vulgate: primogenitus), le premier qui vient au monde dans une famille.Il est aussi désigné par l’expression pétér réfyém, «ouverturedu sein», ou simplement pétér, Siocvoïyov [xv]tpav, quod aperit vulvam. Exod., xiii, 2, 12, 13, 15; xxxiv, 20. Ces désignations s’appliquent à la fois aupremier-né de l’homme et à celui des animaux.

I. Les premiers-nés des hommes. — 1° Dans les anciennesfamilles israélites, les premiers-nés jouissaientde certains droits. Voir Aînesse (Droit d’), 1. 1, col. 317322. — 2° Le premier-né était naturellement l’objetd’une affection plus grande et d’attentions plus marquéesde la part de son père dont il devait continuer la descendance.Si ce père mourait sans premier-né, on luien procurait un en vertu de l’institution du lévirat.Voir Lévirat, t. iv, col. 213. On pleurait plus amèrementque celle des autres la mort du premier-né. Zach., xii, 10. Gette mort était le plus grand malheur quipût arrivera une famille, Jos., vi, 26, et le plus grandsacrifice qu’un père pût s’imposer. Gen., xxii, 2, 12, 16; IV Reg., iii, 27; Mich., vi, 7. — 3° Dans un sens métaphorique, Dieu appelle le peuple d’Israël son premierné, c’est-à-dire son peuple de prédilection, celui auquelil accorde plus de bénédictions qu’aux autres et qu’il achargé de garder son nom sur la terre, comme le premier-néperpétue celui de son père. Exod., iv, 22, 23; Eccli., xxxvi, 14. Si Jérémie, xxxi, 9, appelle Éphraïmle premier-né de Dieu, c’est pour marquer qu’après lacaptivité le royaume d’Israël représenté par Éphraïm, retrouvera, aussi bien que Juda, le titre et les prérogativesde premier-né de Jéhovah. Le titre de premierné, donné par Dieu à Israël, est devenu comme l’idéemaîtresse qui commande, historiquement et légalement, tout ce qui se rapporte aux premiers-nés. — 4° Moïsereçoit l’ordre de dire au pharaon d’Egypte que s’il refuse, de laisser aller le premier-né de Jéhovah, Israël, Jéhovah fera périr son fils premier-né, par conséquentl’atteindra dans son affection la plus chère. Exod., iv, 23. Le pharaon s’obstine à refuser et la sentence divines’exécute. Le premier-né du pharaon et les premiers^nés des Égyptiens périssent en une nuit, et même lespremiers-nés du bétail ne sont pas épargnés. Exod., xi, 5; XH, 29, 30; xiii, 15; Ps. lxxvih (lxxvii), 51; cv (civ), 36; cxxxv (cxxxiv), 8; cxxxvi (cxxxv), 10; Sap., xviii, 13. Par contre, tous les Hébreux demeurent indemnes, y compris leurs premiers-nés. Exod. 3, 27, —

5° En conséquence de cette préservation, Dieu veut quetous les premiers-nés lui soient consacrés, comme luiappartenant. Exod., xiii, 2, 12; xxii, 29. Il indique lui-mêmela raison de cette consécration. Le père doit eneffet dire à son fils:» Comme le pharaon s’obstinait àne point nous laisser aller, Jéhovah fit mourir tous lespremiers-nés dans le pays d’Egypte, depuis les premiers-nésdes hommes jusqu’aux premiers-nés des animaux.Voilà pourquoi j’oflïe en sacrifice à Jéhovah toutmâle premier-né et je rachète tout premier-né de mesfils.» Exod., xiii, 15-16. Le texte sacré ajoute que l’Israélitene devra jamais perdre de vue le sens de cetteconsécration et que ce souvenir sera pour lui commeun signe sur la main et un bandeau entre les yeux. —6° En principe, les premiers-nés étaient ainsi réservéspour le service de Dieu. C’était en effet, dans les ancienstemps, la prérogative du chef de famille et, aprèslui, de son premier-né, d’exercer le sacerdoce. Voir 1. 1, col. 318. Mais il plut à Dieu d’organiser le culte autrementchez le peuple qu’il se choisissait. Il formulaainsi sa volonté: «J’ai pris les lévites du milieu desenfants d’Israël, à la place de chaque premier-né quiouvre le sein de sa mère parmi les enfants d’Israël, etles lévites sont à moi; le jour où j’ai frappé tous lespremiers-nés dans le pays d’Egypte, je me suis consacrétout premier-né en Israël.» Num., iii, 12, 13, 40-50; vin, 16. Les lévites sont donc désignés par Dieu pourremplir auprès de lui les fonctions cultuelles précédemmentdévolues au père et à l’aîné de la famille. —7° Comme les premiers-nés appartiennent à Dieu etque cependant Dieu n’a pas le dessein de les utiliserpour son service particulier, la liberté leur sera laisséemoyennant rachat. Tout premier-né doit donc être racheté, et l’Israélite qui le reprend au Seigneur ne doitpas se présenter les mains vides. Exod., xxxiv, 20. Unmois après sa naissance, le premier-né tombe sous laloi du rachat fixé à cinq sicles d’argent. Num., iii, 47; xviii, 15-16. — 8° Pour qu’un premier-né fût soumis àla loi, il devait être à la fois un garçon et le premierenfant de sa mère. Un garçon né après une ou plusieurssœurs n’était pas pétér réftém, «ouvrant le sein» dela mère. Exod., xiii, 2. Cette expression du texte sacrémontre qu’il s’agit bien du premier fils de la mère, etnon du premier fils du père. Ce premier-né pouvaitn’avoir pas le droit d’aînesse, si le père avait eu déjàd’autres enfants d’une autre épouse. Réciproquement, un père pouvait avoir plusieurs premiers-nés d’épousesdifférentes. Voir t. i, col. 317. Il n’y avait pourtant pasde premier-né dans toutes les familles. Dans le recensem*ntque Moïse fit au désert, on trouva 22273 premiers-nésd’un mois et au-dessus, sur 603550 Israélitesde vingt-ans et au-dessus, Num., i, 45; iii, 43, soit unpremier-né sur 27 hommes, et encore parmi ces derniersne sont pas comptés ceux qui ont d’un mois àvingt ans. Il s’agissait alors de substituer les lévites auxpremiers-nés. Comme il n’y avait que 20000 lévites, les273 premiers-nés qui ne pouvaient être remplacésfurent rachetés chacun au prix de cinq sicles. Num., iii, 40-50. Le rachat fut ensuite imposé à tous les premiersnés, sans qu’il fût tenu compte de leur remplacementpar les lévites. Num., xviii, 15. Les prêtres et les lévitesn’étaient pas assujettis à cette loi, puisque tousils devaient consacrer leur vie au service du Seigneur.

— 9° Le prix du^ rachat était uniformément de cinqsicles, pour les riches comme pour les pauvres.Cf. Philon, De prœmiis sacerdotum, 1, édit. Mangey, t. ii, p. 233. Ce prix appartenait au prêtre, Num, , xviii, 15, sans doute en tant que remplaçant du premier-né.La loi n’obligeait nullement à présenter le premier-néau Temple. Cependant, après la captivité, on paraîtavoir pris l’habitude de cette démarche. II Esd., x, 36. On profitait pour cela de la visite que la mèreavait à y faire après la naissance d’un enfant, Lev.,

xii, 2-8; mais rien de particulier n’était prescrit au sujetde ce dernier. La Sainte Vierge se conforma à l’usagedes pieux Israélites en ce qui concernait la présentationdu divin Enfant. Le trentième jour après la naissance, elle avait remis ou fait remettre au prêtre lescinq sicles d’argent (environ 17 fr. 50, voir t. iv, col. 1254) imposés par la Loi. Num., xviii, 16. Quandelle vint au Temple, après les quarante jours de réclusionqui lui étaient prescrits, Lev., xii, 2-4, elle etJoseph eurent l’intention de présenter l’Enfant au Seigneur.Luc, ii, 22. Les deux oiseaux offerts à cetteoccasion étaient destinés au sacrifice de purificationpour la mère, et non au rachat de l’Enfant, commeon le dit quelquefois à tort. Cf. Bossuet, Serm. pourla Purification, 1658, 2e part.; Elév. sur les myst., xviiie serm., iv, Bar-le-Duc, 1870, t. vii, p. 233; t. viii, p. 508. Bossuet peut s’appuyer sur la liturgie de la fêtede la Purification, qui répète plusieurs fois: obtuleruntpro eo par turlurum. Cette allégation liturgique estconforme à l’interprétation du texte du Lévitique, xii, 6, par saint Augustin, In Heptat., iii, 40, t. xxxiv, col. 695-696. Mais le saint Docteur n’explique ainsi letexte que par suite d’une ponctuation défectueuse. —10° Les juifs restèrent fidèles à l’accomplissem*nt decette loi, même après la destruction du Temple. Letrente-et-unième jour après la naissance du premierné, ils invitaient le prêtre à un festin et lui versaientles cinq sicles. Ce festin se célébrait même un jour dejeûne, mais se remettait au lendemain si le trente-etunièmejour coïncidait avec le sabbat. Si le père mouraitavant cette date, la mère n’était pas obligée de racheterl’enfant. Elle lui mettait au cou une petiteplaque portant les mots: bekôr sélô’nipdàh, «premiernénon racheté», et lui-même se rachetait une foisadulte. Les filles de prêtres et de lévites, mariées à desimples Israélites, étaient, comme leurs pères, exemptesde l’obligation du rachat. Cf. Iken, Antiquitateshebraicm, Brème, 1741, p. 516. — 11° Jésus est appelé le «premier-né» de Marie. Matth., i, 25; Luc, ii, 17; Heb., i, 6. L’enfant premier-né était en effet bekôr tout en restantfils unique. Zacharie, xii, 10, met en parallèle leyâlyid, «fils unique», et le bekôr. — La Sagesse est «première-née avant toute créature,» d’après une additionde la Vulgate, Eccli., xxiv, 5, et le Verbe incarnéest «né avant toute créature,» Col., i, 15, le premiernéd’un grand nombre de frères, Rom., viii, 29, enfantspar adoption d’un Père dont il est fils par nature, et, par sa résurrection glorieuse, «premier-né d’entreles morts.» Apoc, i, 5.

II. Les premiers-nés des animaux. — l°Dès l’origine, les premiers-nés des animaux ont été considérés commeayant une valeur plus grande. Deut., xxxiii, 17. DéjàAbel offrait au Seigneur les premiers-nés de son troupeau.Gen., iv, 4. — 2° À la dixième plaie d’Egypte, lespremiers-nés du bétail furent frappés comme ceux deshommes. Exod., xi, 5; xii, 29. Aussi, en retour, Dieuvoulut-il que les premiers-nés des animaux lui fussentréservés. Exod., xiii, 2; Num., iii, 13. — 3° Les mâlespremiers-nés des animaux devaient être immolés, commeappartenant à Jéhovah. Le premier-né de l’âne pouvaitcependant être racheté pour un agneau et à défaut derachat, on devait lui briser la nuque. Exod., xiii, 13; xxxiv, 20. L’âne était l’objet de cette exception à causede sa grande utilité pour les Israélites. Voir Ane, t. i, col. 566. On rachetait également les premiers-nés desanimaux impurs et le prix en revenait aux prêtres; maison immolait les premiers nés du bœuf, de la brebis etde la chèvre. Num., xviii, 15-18. Ces derniers devaientêtre amenés au sanctuaire, Deut., xii, 6, et c’est là seulementque les prêtres et les lévites pouvaient mangerla part qui leur en revenait. Deut., xii, 17, 18; xiv, 23.Il était défendu de faire travailler le premier-né dubœuf et de tondre le premier-né de la brebis. Si le pre

mier-né était aveugle, boiteux, atteint d’un défaut oud’une difformité quelconque, on ne l’offrait pas en sacrificeet on pouvait le manger là où l’on résidait, sansaucune condition. Deut., xv, 19-23. — 4° La traditionjuive a interprété ces différentes lois dans le traité Bechorothde la Misçhna. Les prêtres et les lévites étaienttenus à l’offrande des premiers-nés, mais seulement desanimaux purs. Cf. Beckoroth, ii, 1; Midr. Mechilta, 15, 2. Les premiers-nés, comme les prémices, devaient êtreamenés de toute la terre d’Israël. Cf. Themura, iii, 5.On devait également offrir ceux qu’on introduisait dansle pays. — Si l’on n’avait pas d’agneau pour racheter lepremier-né de l’âne, on en donnait le prix, fixé d’après^Tosèphe, Ant. jnd., IV, iv, 4, à un sicle et demi. Adéfaut de rachat, on frappait l’animal et on l’enterrait.D’après Philon, De prasm. sacerdot., 1, les premiersnésdes animaux impurs, cheval, âne, chameau, se rachetaientà prix d’argent, sur l’estimation du prêtre, avec majoration d’un cinquième. — Les premiers-nésdes animaux purs devaient être amenés aux prêtres deservice dans le Temple, au cours de leur premièreannée, comptée cependant à partir du huitième jouraprès la naissance. L’animal était égorgé dans le parvis, son sang versé aux pieds de l’autel, les parties intérieuresbrûlées sur l’autel après addition dé sel, etle reste cuit au gré des prêtres et mangé par eux àl’intérieur de Jérusalem. Cf. Sebachim, v, 8. — Lepremier-né atteint d’un défaut congénital, ou contractéensuite, ne pouvait servir de victime. Mais il était sacréà raison de sa naissance, et on le remettait aux prêtresqui pouvaient en manger partout, ou le vendre à d’autresqui le mangeraient à condition de ne pas le mettre dansle commerce. Cf. Maaser caheni, i, 2. — Les défauts dupremier-né pouvaient être manifestes ou douteux, passagersou permanents. Des mandataires du sanhédrinétaient chargés de faire des inspections à ce sujet.Cf. Reland, Antiquitates sacrai, Utrecht, 1741, p. 185188; Schûrer, Geschichte des jùdischen Volhes imZeit.J.-C, Leipzig, t. ii, 1898, p. 253-254. — 5° Dans Job, xviii, 13, le «premier-né de la mort» est la maladietrès cruelle qui conduit infailliblement à la mort. Enarabe, les fièvres mortelles sont aussi appelées «filles dela mort». Cf. Frz. Delitzsch, DasBuch Job, Leipzig, 1876, p. 231. Un Targum traduit l’expression hébraïque parmal’ak môtâ’, «ange de la mort», un autre par Sêrûymôtâ’, «prémices de la mort», les Septante par ôpaïaOivoacir, «le temps convenable de la mort» et la Vulgatepar primogenita mors, «mort première-née», sans doute dans le sens de «mort prématurée». DansIsaïe, xiv, 30, les «premiers-nés des pauvres» sont les

plus pauvres de tous.

H. Lesêtre.

    1. PRÉMONTRÉS##

PRÉMONTRÉS (TRAVAUX DES) SUR LES

SAINTES ÉCRITURES. L’ordre des Prémontrés aété fondé par saint Norbert de Gennep, né à Xanten(duché de Clèves) en 1080 (1085), mort le 6 juin 1134.Il fut chanoine régulier de Xanten et. fonda un ordrede chanoines réguliers à Prémontré, dans le diocèse deLaon (1120). Il devint archevêque de Magdebourg en1126. Il fut canonisé en 1582. — Nous donnons ici, d’aprèsl’ordre chronologique, les principaux ouvrages desErémontrés relatifs aux Saintes Écritures.

I. Introductions aux saintes Écritures. — 1. Ulin, ouUlinus Guillaume (date?), De studio linguas sanclæ, lngolstadt, 1543. — 2. Mansuy Nicolas (1690), Dissertationsur les années et époques de V Ancien Testament, pour redresser les erreurs de certains chronologistes, Clef du Cabinet de Luxembourg, novembre1749. — 3. Nauwens Corneille ({ 1774), Antilogisealiasque difficultatesscripturisticseampiificatse, 5 in-8°ms. „— 4. Kips Jean Baptiste (1716-1793), CompendiosumSacrx Scripturm Dictionarium ad scripturisticarumhistoriarum notitiam. Ex ipsa Sacra Scriptura, Flavio

Josepho, aliisque sacris historicis deductum et concinnatum, in-8°, Louvain, 1779; Synopsis Sawx Scripturm, 3 vol. ms. — 5. Zasio André Maximilien (1741-1816), Hermeneuticx seu ratio interpretandi Sacram ScripturamAntiqui Fcederis, 1796, in-8°; HermeneuticxYeteris Testamenti partes du», in-8°, Pesth, 1796-1797; Hermeneutica, seu ratio interpretandi Sacram ScripturamNovi Fcederis, Mu Tomi, Pesth, 1796; editio2<">, Vacii-Waitzen, 1801-1802. — 6. Jahn Martin Jean(1750-1806), Einleitung in die gôttlichen Schriften desalten Bundes, in-8°, Vienne, 1792. Cette première éditionfut suivie d’une nouvelle: Zweyte ganz umgearbeiteteAuflage, 4 in-8°, Vienne, 1802; Bibtische Archâologie, trois parties en 5 in-8°, Vienne, 1797-1804; lntroductioin libros sacros Veteris Fcederis. In epitomenredacta a Johanne Jahn. Editio secunda emendata, in-8°, Vienne, 1814; Archseologitt Biblica in compendiumredacta a Johanne Jahn, in-8°, Vienne, 1805; Editio altéra emendata, in-8°, Vienne, 1814; 3e édit., 1826, par Ackermann; 4= édit., 2 in-8°, Vilna, 1829-36; BibliaHebraica digessit et graviores lectionum varietates adjecitJohantiesJahn, 4 in-8°, Vienne, 1806; EnchiridionHermeneuticee generalis tabularum Veteris et NoviFcederis, in-8°, Vienne, 1812; Appendice Hermeneuticœseuexercitationes exegetiese. Vaticinia de Messia, Fasciculi duo, in-8°, Vienne, 1813 et 1815; Jeremias, MS. latin, in-4°. — 6. Stoppani Charles Antoine Jean-Baptiste(1778-1836), Sâtze aus der biblischen Auslegungskunde, den biblischen Alterthùmem und der Einleitungin die gôttlichen Bûcher, in-8°, Prague, K-S05-1812; Dissertatio de sludii biblici Veteris Testamenti, quantumad christiarios theologos attinet, necéssitate acpreestantia, Prague, 1809; Einige ldeen zur Beurtheilungdes moralischen Theiles des alten Bundes, dansFrints’theol. Zeitschrift, 2 êf Jahrg., 2° Band, l «s Heft.

— 8. Koppmann Adolphe Jean (1781-1835), Hermeneuticabiblica, a Cl. Altmanno Arigler édita (Viennæ1813), fuit ab eximio D re Adolpho Koppmann scriptotenusem*ndata. — 9. Gûntner Gabriel Jean Baptiste (18041867), Hermeneutica biblica generalis juxta principiacatholica, in-8°, Prague, 1848; 2e édit., 1851; 3° édit., Prague, 1863; Introductio in sacros Novi Testamentilibros historico-critica et apologetica, in-8°, Prague, 1863. — 10. Dallos, Szekeres et Wentko ont publié unerevue, qui a pour titre: À Biblia es a Tudomàny (LaBible et la Science), depuis 1896, in-4°, à Budapest.

— 11. Crets Gommaire Joseph (né en 1858), De divinaBibliorum inspiratione; dissertatio…, in-8°, Louvain, 1886. — 12. Kortleitner François-Xavier Joseph (né en1863), Archœologix Biblicse Summarium, in-8°, Inspruck, 1906; De polytheismo universo… apud HebrsROSfinifimasque gentes usitatis, in-8°, Inspruck, 1908.

II. Traductions des saintes Écritures. —1. Gebhard(† 1191), Psalmen Verdeutschung, 1174. — 2. Carré Rémi(1706-1773), Psaumes dans l’ordre historique, nouvellementtraduits sur l’hébreu. — 3. Klimesch PhilippeMathieu (1809-1886), Codex Teplensis, enthaltend dieSchrift des neuen Gezeuges. 1 Theil: Die vier heiligenEvangelien. II" Theil: Die Briefe S. Pauli, 111° Theil: Die Briefe S. Jacobi, S. Pétri, S. Johannis, S. Judée, das Botenbuch, und S. Johannis Offenbarung, nebsl drei Anhângen, in-4 «, Augsbourg-Munich, 1884.

III. Commentaires sur les saintes Écritures. — 1.S.Norbert († 1134), archevêque de Magdebourg. On luiattribue: Commentarii sive Interpretaiiones in aliquotlibros S. Scripturm. — 2. Luc du Mont-Cornillon(† 1179), In Evangelium Matthæi liber unus; In EvangeliumJoannis liber unus; In Apocalypsin. — 3. Philippede Harvengt (-J-1182) Commentarius mysiieus etmoralis in Cantica canticorum Salomonis, in-f°, mdcxxi. — 4. Gebhard († 1191), Commentaria in S. Paulum(1160); Interpretatio Apocalypseos (1156); Expo607 RRÉMONTRÉS (TRAV. DES) SUR LES SS. ÉCRIT. — PRÉSENT 608

sitioin Genesim, Exodum, Leviticum, librum Numerorum, Deuteronomium et Josue (1164); ExplanatioPsalmorum (1170); VocabulariumS. Scripturse (1189).

— 5. Zacharias Chrysopolitanus (xiie siècle), In unumex quatuor sive de concordia Evangelistarum, libriquatuor, 1°> édit, , in-f°, 1473; 2e édit., in-f», 1535; 3e édit., Cologne, 1618. — 6. Jean d’Abbeville (versVfcW), Glossa in Genesim; Commentaria in lïbros Exodiet LeuUici; Conmientaria in Numéros, Deuteronomium; in Canlica canticorum, et in Isaiam; Contmentariain Danielem, Tobiam, Judith et Esther; Glossain Psalterium, 3 in-f"; Comnientaria in Acta Apostolorum.— 7. Lensius ou de Lens (Eustache) (né vers 1170, vivait encore en 1226), Seminarium verbi Dei (dictionnairebiblique); Detropis et schematibus S. Scriplurse: De mysteriis S. Scripturæ; Cosmographie Moysis LibriIII; on lui attribue encore des Commentairessur la Genèse, l’Exode, le Lévitique, le. Deutéronome, et sur les Paralipomènes. — 8. Jacques d’Arras (JacobusAtrebas, 1227), In ultimam visionem Ezechielis, liber unus. — 9. Gervais († 1228), Commentarii littéralesin Psalmos; Commentarii littérales in minoresProphetas (ces deux ouvrages n’existent qu’en manuscrit).— 10. Jaricns († 1240), Commentaria in Genesimet Commentariain Ùantiea canticorum, (ms). — 11. Haytho, vel Haythonus (commencement du xiv c siècle), Commentarius in Apocalypsin (inédit). — 12. Pierre deLutra, ou de Kayserslauter (vivait dans la 1™ moitiédu xiv" siècle), In Evangelium S. Joannis, liber unus.

— 13. Pierre de Herenthals (1322-1391), CollectariusEvangeliorum, 1364, 2 in-f»; Collectarius superlibrum Psalmorum, in-f», 1480, 1483, 1487, 1488, 1494, 1498, 1504, etc.; In septem Psalmos pxiiitentiales Commentarius(ms.); In XV Cantica graduum liber 1 (ms).

— 14. Thomas de Vicogne (vers 1308); on lui attribue; Commentarii in Cantica canticorum, liber unus; In librum Job. — 15. Lheureux, ou Félix Thomas(† 1420): Annotationes in Psalmos Davidicos (ms).

— 16. Ulin, ou Ulinus Guillaume (vers le milieu duXVIe siècle), Commentationes in Epistolam sancti Pauliad Romanos, ms. in-4°. Le manuscrit n" 15333 de labibliothèque royale de Munich a pour titre: G. UliniCommentationes in sancti Pauli Epistolas et in VilEpistolas canonicas, in-8°, 1533. — 17. Motzhart Antoine(-{-1544), Annotationes in Evangelium sancti Joannis.— 18. De Quixada Thomas (1588), Sermones exegeticiin Sacram Scripturam. — 19. Manar (ou Mannært)Jean (1583-1633), Annotationes in Novum Testamentum(ms). — 20. Fabri Christophe († 1645). On lui attribueles ouvrages suivants: Commentaires sur les livresde Moyse; Commentaires sur Tobie; Commentairessur les Psaumes de David. — 21. Hempfer Georges(† 1648), Exegesis Psalmorum. — 22. Balavenus Augustin, ou Balavoine (vivait vers le milieu du xviie siècle), Paraphrasis mystica in Canticum canticorum.il traduisitce même ouvrage en français. (Rien ne fut imprimé, pour autant que nous le savons du moins.)

— 23. Tineo de Morales Louis (1660), Bexameron commentariolitterali ac morali illustratum. — 24. NoizetHenri († 1670), Annotationes in Epistolas B. Pauli.Manuscrit de 1578, in-f", biblioth. d’Averbode. — 25. DeEstrada Gijon Jean (f vers 1679), In Exodum. — 26. MaclotEdmont (1639-1711), Histoire de l’Ancien Testament, Nancy, 1705, in-8°; Histoire du Nouveau Testament oudu sixième âge du monde, divisé en deux parties. Avecdes réflexions théologiques, morales, critiques et chronologiques, in-8°, Paris, 1712. —27. Œrtle Eusèbe (16541721), CommentariusinPsalterium Davidis. — 28. ReiffenbergerNorbert (1694-1764), Varies Qusestione» inHistorias Genesis et Judicurn, cum Resolutionibus.

— 29. Béraneck Hugues († 1771), Catechesis scripturisticain Pentateuchum. — 30. Cænen Candide JeanJoseph Mathiàs Antoine (1749-1811), Commentaria in

Actus Apostolorum, ms. in-f°; Commentaria in Psalmos, 3 in-4° ms; Breviarium historicum Veteris acNovi Teslamenti, 1775, ms. in-4° (Bibliothèque d’Averbode).— 31. L’Ecuy Jean-Baptiste (1740-1834), auteur du8° et dernier volume de l’ouvrage de Bassinet: Histoiresacrée de l’Ancien et 9, u Nouveau Testament, Paris, 1804-1806. Ce dernier volume contient les Actesdes Apôtres et l’Apocalypse, in-8°; La Bible de lajeunesse (96 figures), 2 in-8°, Paris, 1819; 2e édit.; Abrégé de l’Histoire de la Bible (24 figures), in-12°, Paris, 1812. — À cet ouvrage est ajouté un NouvelAttas de la Bible, pour servir à l’intelligence deslivres sacrés de l’Ancien et du Nouveau Testament, Paris, 1809, grand in-f»; La Bible de la jeunesse, parl’Écuy, reçut de grands éloges lors de sa publication.

— 32. Seerwart Herman-Joseph (1752-1828), Thèses sacréeex septem Epistolis catholicis, et Apocalypsi S. Joannis, in-4°, Anvers, 1777; Thèses sacrée ex prioribuscapitibus Evangelii secundum Joannem, Louvain, 1778.

— 33. Gûntner Gabriel Jean-Baptiste (1804-1867), Commentariusin Evangelium S. Matthgei (cet ouvrage, annoncé dans la préface des 2e et 3e éditions del’Hermeneutica du même auteur, est peut-être restémanuscrit). — 34. Wentko Justin François (né en 1848), Exegesis in Libros sacros (Hongrie), 1881. — 35. MagashazyAntoine Adalbert (né en 1861), À négy evangeliumhasonlôsâga es Eùlônbôrôsège (Die Einheit undVerschiedenheit der vier Evangeliën), in-8°, Keszthely, 1896. — 36. Kortleitner François Xavier Joseph (né en1863), Canticum canticorum explicatum et prascipuead historiam Ecctesim applicatum, in-8°, Inspruck, 1892. — 37. Daniel (dates inconnues), In ApocalypsinB. Joannis Commentariorum liber.

IV. Bibliographie. — Dupré (Maur.), Annales brèvesordinis Prsemonstratensis, ^ édit., in-8°, Namur, 1886; Kohel Sigismond, Prœmonstratensis ordinis rionnullorumpatrum viles ex variis aulhoribus collectes, in-4°, 1608; Le Paige, Bibliotheca Prœmonstratensisordinis, 2 in-f», Paris, 1633; Lienhart Georges, Spiritusliterarius Norbertinus… seu sylloge viros ex ordinePrxmonstratensi, scriptis et doctrina célèbres necnoneorumdem vitas, res gestas, opéra et scripta tum ineditaperspicue exhibens…, in-4°, Augsbourg, 1771; Miræus (4ub.), Chronicon ordinis Preemonslratensiç, in-8°, Cologne, 1613; Ulysse Chevalier, Répertoire dessources historiques du moyen âge, Topo-Bibliographie, in-8°, Montbéliard, 1894-1903, p. 2455; Léon Gooværts, Écrivains, artistes et savants de l’ordre des Prémontrés, Dictionnaire bio-bibliographique, 2 in-4°.Bruxelles, 1899-1908. J. J. Feyen.

PRÉPUCE. Voir Circoncision, t. ii, col. 772.

    1. PRÉSENT##

PRÉSENT (hébreu: berâkâh, «bénédiction»; matfân, ma(tanâh, mattat, de nâfan, «donner»; Sohad, de Sâhad, «donner»; maSèa’, mas’êf, de nàsd’ «porter»; minhâh, nedâbdh, nêdéh, terûmâh, tesûrâh, Salmonîm; chaldéen: mafton, nebizbâh; Septante: Séy.a, Sûpov; Vulgate: donum, donarium, donatio, munus, munusculum), chose que l’on donne àquelqu’un sans y être obligé en justice. On peut distinguerles présents en trois sortes, suivant la pensée quiles inspire.

1° Présents gracieux. — Ce sont ceux qui sont faitspar amitié, par reconnaissance, par charité ou parrespect. 1. Tels sont les présents d’Abraham à ses concubines, Gen., xxv, 6; d’Éliézer à Rebecca, à son frèreet à sa mère, Gen., xxiv, 53; de Jacob à Ésaù, Gen., xxxii, 14, 19, 21; xxxiii, 11; d’Abigaïl à David, I Reg., xxv, 27; de David aux anciens de Juda, I Reg., xxx, 26; deSalomon à la reine de Saba, III Reg., x, 13; de ses sujetset de ses voisins à Salomon, III Reg., iv, 21; x, 25; II Par., ix, 24; de tout Juda à Josaphat, II Par., rvn,

5; de Josaphat à ses enfants, II Par-, xxi, 3; de MérodachBaladan à Ézéchias, IV Reg., xx, 12; la., xxxix, t; de ses sujets à Ézéchias, II Par., xxxii, 23; du chefchaldéen à Jérémie, Jer., xl, 5; de Nabuchodonosor àDaniel, Dan., ii, 6, 48; d’Assuérus à ses invités, Esth., ii, 18, et à Mardochée, Esth., xii, 5; de Cyrusaux captifs israélites qu’il délivre, Is., xlv, 13; I Esd., i, 4; du roi de Perse aux Juifs, II Mach., i, 35; des Juifs à leurs frères indigents, Esth., ix, 22; desmages à NotreSeigneur, Matth., ii, 11; voir Mages, t. iv, .col. 551; des rois à leur médecin, Eccli., xxxviii, 2; des hommes entre eux en signe d’allégresse, Apoc, xi, 10, etc. Parmi les présents, il faut ranger les donsqui sont faits par charité aux malheureux. Voir Aumône, t. i, col. 1244. — 2. Il est prédit qu’un jour, àl’époque du Messie, les rois et les nations apporterontleurs présents à Jérusalem. Ps. xlv (xliv), 13; lxxii(lvxi), 20; Tob., xill, 14. Il s’agit ici surtout des donsdestinés à honorer le Seigneur. Sur ces présents, voirOblation, Offrande, t. iv, col. 1725, 1758. — 3. Quelquefoisles présents gracieux sont refusés par ceux quidevraient les faire, I Reg., x, 27, ou par ceux qui pourraientles accepter. Dan., v, 17. — 4. Les présents ontleurs raisons d’être: ils font plaisir à tous, Prov., xvii, 8, procurent à celui qui les fait des amis, Prov., xix, 6, et même des bénédictions temporelles, Prov., xi, 25, et sont parfois utiles pour calmer la colère. Prov., xxi, 14.

2° Présents intéressés. — 1. On les fait en vue d’unintérêt légitime. Hémor offre de grands présents afind’obtenir que Dina soit accordée pour épouse à sonfils Sichem. Gen., xxxiv, 12, Sur le présent ou nioharque l’époux doit offrir aux parents de l’épouse, voir Dot, t. ii, col. 1496. Jacob envoie des présents à Joseph, pourgagner ses bonnes grâces. Gen., xliii, 11, 25, 26. QuandSaùl, à la recherche de ses ânesses, songe à consulterle voyant, il se prépare à lui offrir un présent. I Reg., ix, 7. Ainsi procèdent, vis-à-vis d’hommes de Dieu, Jéroboam, III Reg., xiii, 7; Naaman, IV Reg., v, 15, etHazaël, IV Reg., viii, 8-9. — 2. Des présents sont offertsà des rois dont on veut se ménager la faveur. Aod estchargé de porter des présents à Églon, roi de Moab.Jud., iii, 15, 18. De cette espèce sont les tributs plusou moins volontaires, mais décorés du nom de présents, qui sont payés par les Moabites à David, II Reg., vm, 2, 6; par les Philistins à Salomon, III Reg., iv, 21; par Asa à Benadad, III Reg., xv, 19; par Achaz auroi d’Assyrie, IV Reg., xvi, 8; II Par., xxviii, 21; parles Philistins à Josaphat, II Par., xvii, 11; par lesAmmonites à Ozias, II Pari, xxvi, 8; par Éphraïm auxnations voisines, Os., viii, 9; par Tryphon à Jonathas, I Mach., xii, 43, etc. Le roi Osée se déroba à l’obligationd’offrir des présents au roi d’Assyrie. IV Reg., xvii, 4. — 3. On offre des présents à quelqu’un pour legagner ou l’adoucir. David, pour pallier son crime, envoiedes présents à Urie. II Reg., xi, 8. Antiochus Épiphaneen ofire à Matathias et aux Juifs de son partipour qu’ils se soumettent. I Mach., ii, 18. L’hommeoutragé dans son honneur de famille demeure inflexibleet n’accepte pas les présents. Prov., vi, 35. — Cessortes de présents frayent la voie à un homme et luidonnent accès auprès des grands. Prov., xviii, 16. Maisils engendrent facilement des abus. Le roi qui en estavide ruine son pays. Prov., xxix, 4. Le présent injustementacquis périra. Eccli., XL, 12. Celui qui se glorifiede présents trompeurs, c’est-à-dire, comme traduitla Vulgate, qui en promet mais ne les donne pas, estun nuage ou un vent sans pluie. Prov., xxv, 14. Ensomme, celui qui hait les présents, vivra. Prov., xv, 27.

3° Présents corrupteurs. — 1. Il y a des présents infâmes, qui sont le salaire de la prostitution. Ezech., xvi, 33. — 2. Bien plus fréquemment, il est questiondans la Sainte Écriture de la corruption introduite par


les présents dans l’exercice de la justice publique. LaLoi recommande aux juges de ne pas accepter de présents.Exod., xïiii, 8. Il est dit que Jéhovah ne reçoitpas de présents pour rendre justice, Deut., x, 17; II Par., xix, 7; que les jugés n’en doivent pas recevoir, parce que les présents aveuglent, Deut., xvi, 19, etque maudit est celui qui, pour un présent, verse lesang innocent. Deut., xxvii, 25. Les auteurs sacrésrappellent que les présents corrompent le cœur, Eccli., vu, 7; qu’ils aveuglent les sages et les empêchent deblâmer ce qui est mauvais, Eccli., xx, 31; qu’il ne fautpas chercher à tromper le Seigneur par des dons, parcequ’il juge sans tenir compte de la qualité des personnes.Eccli., xxxv, 14. — 3. Le juste n’accepte pas» de présents au préjudice de l’innocent. Ps. xv (xiv), 5. Samuel a pu se rendre ce témoignage qu’il n’a jamaisreçu de présents pour fermer les yeux à la justice.I Reg., xii, 3. En général, l’homme juste se défie desprésents, et il secoue ses mains pour n’en pas recevoiret n’en pas garder. Is., xxxiii, 15. — 4. Mais le méchanta la droite pleine de présents, soit de ceux qu’il areçus pour mal faire, soit de ceux qu’il veut donnerpour corrompre. Ps. xxvi (xxv), 10. Les fils de Samuelrecevaient des présents au détriment de la justice.I Reg., viii, 3. D’autres cachaient des présents dans lepli de leur manteau pour gagner les juges. Prov., xvii, 23. Ceux-ci se laissaient facilement corrompre.Des plaintes sont formulées à ce sujet par Isaïe, i, 23; v, 23; Méchiel, xxii, 12; Amos, v, 12, et Michée,

ni, 11.

H. Lesêtre.

1. PRÉSENTATION de la Sainte Vierge au Templede Jérusalem. "Voir Marie, t. iv, col. 778-780.

2. PRÉSENTATION DE JÉSUS AU TEMPLE. —

1° Saint Luc raconte que, quand les jours de sa (ou deleur) purification furent accomplis, «Marie et Josephportèrent l’Enfant à Jérusalem pour le présenter auSeigneur, suivant ce qui est écrit dans la loi du Seigneur. «Luc, ii, 22-24. L’Évangéliste vise deux lois, cellequi ordonnait de consacrer au Seigneur tout mâle premier-né, Num., vii, 17; xviii, 16-17, et celle qui prescrivaitle sacrifice à offrir pour la purification de sa mèrequarante jours après la naissance de l’enfant. Lev., xii, 2-4. La Sainte Vierge ayant seule à être purifiée légalement, on comprend que la Vulgate parle des jours de «sa purification». Mais la plupart des manuscrits grecsportent ici le pluriel, «leur purification». D’après cetexte, il faut comprendre sous le nom de purificationla présentation de l’Enfant et le sacrifice de la mère, etle pronom au pluriel concerne Marie et Jésus, présentélui-même à son Père. Selon la loi, Num., xviii, 16, lepremier-né appartenait au Seigneur. Mais, comme leservice direct du Seigneur avait été réservé à la tribude Lévi, les premiers-nés qui s’en trouvaient ainsiexemptés devaient être rachetés, au prix de cinq siclesd’argent, à l’âge d’un mois. La loi ne prescrit pas entermes exprès la présentation du premier-né au Seigneur, mais l’usage avait ainsi interprété la loi quiordonnait de le «sanctifier» (consacrer dans le textehébreu) à Dieu. Exod., xiii, 2; Num., viii, 17. «Quandles jours de sa (ou de leur) purification (les quarantejours) furent accomplis, dit saint Luc, ii, 22-23, selonla loi de Moïse, Joseph et Marie le portèrent à Jérusalempour le présenter au Seigneur, comme il est écritdans la loi du Seigneur: Tout mâle premier-né seraconsacré au Seigneur.» Plus que toute autre mère, laSainte Vierge devait être portée à offrir au Seigneur sondivin Enfant. Elle savait qne cet Enfant, destiné au seulvéritable et efficace sacrifice pour le genre humain, avait hâte défaire précéder sa future immolation d’uneoffrande officielle de lui-même dans le Temple. D’autrepart, elle n’ignorait pas les prophéties, et, sans nul

V.- 20

doute, comprenait que Jésus les réalisait par sa présence: «Je remplirai de gloire cette maison; … grandesera la gloire de cette maison, la dernière plus que lapremière.» Agg., ii, 7, 9. «Soudain viendra dans sonTemple le Seigneur que vous cherchez, l’ange del’alliance que vous désirez. Voici, il vient, dit Jéhovahdes armées.» Mal., iii, 1. Pendant sa vie publique, leSauveur devait accomplir ces prophéties dans touteleur plénitude. Mais il ne pouvait attendre jusqu’à celleépoque pour paraître dans la maison de son Père. Carla volonté de ce Père était qu’il y fût apporté peu aprèssa naissance. Le saint vieillard Siméon avait reçu lapromesse «qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu leChrist du Seigneur», et il fut envoyé dans le Templepour le saluer, pendant que, de son côté, la prophétesseAnne, sur le déclin de sa vie, lui rendait hommage etparlait de lui «à tous ceux qui, à Jérusalem, attendaientla rédemption.» Luc, ii, ’26-38. Comme cette présentationn’était pas spécialement réglée par la loi, lesprêtres n’eurent pas à intervenir pour la faire, et il setrouva que Marie, la plus pure et la plus sainte des créatures, eut à remplir cet office extérieurement, pendantqu’intérieurement le Verbe incarné renouvelait l’offrandequ’il avait faite de son humanité dès le. premierinstant de son union hypostatique. Heb., x, 5.

2° La présentation du Sauveur, racontée par l’Évangilemême, fut de bonne heure l’objet d’une fête chrétienne.A la fin du IVe siècle, la JPeregrinalio SilvisR, 60, l’a mentionne comme célébrée à Jérusalem quadragesimsede epiphania, «le quarantième jour de l’épiphanie», c’est-à-dire de la naissance du Sauveur, selon lelangage oriental. Justinien en prescrivit la célébrationdans son empire en 542, à l’occasion d’une peste. LesGrecs appelaient cette fête ÛTcanâvr» ), «rencontre», àcause de la rencontre au Temple de Jésus et ses parentsavec Siméon et Anne. À Rome, elle est mentionnée parle sacramentaire de saint Gélase, ii, 8, t. lxxiv, col. 1158, entre 492 et 496, sous le nom de purificalio. La liturgielatine appelle cette fête la «Purification de laB. V. Marie»; mais les souvenirs évangéliques ytiennent une très grande place et, en conséquence, s’ily est question de la très sainte Vierge, il y est encoreplus parlé du divin Enfant, des prophéties qui annoncentson apparition et des circonstances qui accompagnèrentsa présentation. Cf. Kellner, Heortologie, Fribourg-en-Brisgau,

1901, p. 116-118.

H. Lesêtre.

    1. PRESLES##

PRESLES (Raoul de), traducteur de la Bible enfrançais, mort en 1382. Il fut avocat général au parlementde Paris et puis maître des requêtes de l’hôtelde Charles V, roi de France. Il traduisit et composaplusieurs ouvrages. Nous n’avons à mentionner ici quesa traduction française des Saintes Écritures. VoirFrançaises (Versions) de la Bible, iv, 3, t. iii, col. 2960.

    1. PRESSENSÉ##

PRESSENSÉ (Edmond de), théologien protestant, né à Paris le 3 juin 1824, mort dans cette ville le 8 avril1891. Au terme de ses études théologiques, commencéesà Lausanne (1842-1845) sous la direction de Vinet, etpoursuivies à Halle et à Berlin avecTholuck et Néanderpour maîtres, Pressensé fut nommé pasteur de l’égliseTaitbout à Paris (1847). En 1870 il résigna ses, fonctions, pour remplir celles d’aumônier des ambulances àla frontière. De retour à Paris il partagea son activitéentre la politique, la Revue chrétienne, fondée parlui en 1854 et qu’il dirigea pendant 37 ans, et la publicationde nombreux ouvrages. Le Il janvier 1890, l’Académiedes sciences morales et politiques lui ouvrit sesportes, une année avant sa mort. — Sans parler desnombreux articles de la Revue chrétienne, relatifs auxétudes bibliques, on a de lui: Histoire des trois premierssiècles de l’Église chrétienne, 6 in-8°, Paris,

1858-1877; L’école critique et Jésus-Christ, in-8°, Paris, 1863; Le pays de l’Évangile, in-12, Paris, 1864; Jésus-Christ, son temps, sa vie, son œuvre, in-8° et in-12, Paris, 1866 (plusieurs éditions); Éludes évangéUq&è», 1 in-12, Paris, 1867; Saint Paul jugé par Renan, in-8°, Paris, 1869. — Cf. Théophile Roussel, Notice surla vie et les œuvres de M. de Pressensé, in-8°, Paris, 1894. 0. Rey.

    1. PRESSOIR##

PRESSOIR (hébreu: gat, yéqéb, pùrâh; Septante: ).» )v6c, iupoXT, viov, inoX^viov; Vulgate: torcular), appareilservant à faire sortir le jus contenu dans lesraisins, les olives, etc.

1° Le pressoir se compose essentiellement d’unecuve dans laquelle on fait arriver le jus des fruits.Cette cuve s’appelle gat, Xïivô?. Le yéqéb désigne lamême cuve, en tant que placée au-dessous de l’appareilà pression, ïnroXïjviov. Le irpoXriviov est la cuve placéenon plus au-dessous, mais en avant. La pûràh, depur, «broyer», est l’appareil à pression. Le torcular, de torqueo, «tordre», a le même sens que pûràh.Tous ces mots d’ailleurs désignent l’ensemble del’appareil, bien qu’ils n’en nomment qu’une des parties.Parmi les pressoirs anciens, il y en a qui sont àtorsion. Tel est un pressoir égyptien se composant d’un

164. — Pressoir égyptien à torsion. Béni Hassan.

D’après Wilkinson, Manners and custutns of the ancient

Egyptians, t édit., 1. 1, fig. 160, p. 383.

sac oblong et perméable, fixé par ses exlrémités à deuxpoteaux (fig. 164). Quand le raisin est enfermé dans lesac, on soumet celui-ci à une forte torsion, et le raisincomprimé laisse échapper son jus dans une cuve, quiest un (iiuoXtiviov. C’est là un torcular proprement dit.D’autres fois le raisin est foulé aux pieds (tig. 165).Un autre pressoir égygtien (fig. 166) consiste en ungrand récipient dans lequel on a versé le raisin. Septhommes le foulent aux pieds, en se tenant par lesmains à des cordes qui pendent d’un châssis supérieur.Sur deux côtés du récipient, des cuves, qui sont des7cpo).T|Vta, reçoivent le jus. Beaucoup de monumentsanciens représentent des vendangeurs qui foulent auxpieds le raisin ou d’autres fruits dans des cuves.Cf.Dicf. cJ’arc/i «’ol.c/irt>t., t.i, fig.385, col.l616; fig.387, col. 1617; fig. 411, col. 1643; fig. 973, col. 2871, etc.Dans le pressoir à levier (fig. 167), primitivementemployé en Grèce et en Italie, une lourde pierrepèse sur les raisins ou les olives. Ces fruits sontretenus par un panier ou par des lattes. Une longuepoutrelle, articulée à l’une de ses extrémités, sert àsoulever la pierre pour placer le panier, et ensuite àaugmenter la pression par la pesée que des hommesexercent à l’extrémité libre. Ce pressoir parvenait àextraire ce qui restait de jus dans les raisins déjà foulés, ou l’huile dans les olives déjà écrasées. D’autrespressoirs moins encombrants furent inventés par lasuite. Cf. Rich, Dicl. des antiquités romaines etgrecques, trad. Chéruel, Paris, 1873 s p. 655-659. — Lespressoirs à huile de Palestine ressemblaient un peu àdes meules à blé. Voir t. iii, fig. 157, col. 773. Surune pierre creusée en cuvette, une meulp pouvait tourner, soit à la main, soit à l’aide d’une traverse de bois

passant à travers la meule et mise en mouvement pardes hommes ou des animaux. — «Encore aujourd’hui, en Palestine et en Syrie, on creuse le pressoir dans làvigne. Le raisin est entassé sur une aire de fortes

dans la Bible. Le pressoir ou la cuve sont nomméspour désigner leurs produits. Num., xviii, 27, 30; Deut., xv, 14; xvi, 13; IV Reg., vi, 27. Gédéon battaitson froment sur son pressoir, c’est-à-dire sur l’aire

165. — Pressoir égyptien dans lequel le raisin est foulé aux pieds.fD’aprèsWukinson, Manners and customs of anc. Egyptians, 2e édit., t. ii, p. 192.

dalles, entourée d’une bordure en pierres et adossée àune muraille. Là il est foulé aux pieds, puis fortementpressé à l’aide de poutres engagées dans le mur. Lemoût s’écoule dans des fosses, profondes d’un mètre, ’ymmii//iun/i//tfn/r//f

166. — Grand pressoir égyptien. Thèbes.D’après Wilkinson, Manners, t. i, fig. 162, p. 385.

enduites avec soin. Quand il y a déposé ses impuretés, on le porte dans une chaudière établie tout auprès, oùil reçoit une légère cuisson avant d’être mis en barilspour fermenter. On rencontre quelquefois des pressoirs

dallée qui servait d’ordinaire à presser le raisin. Jud., vi, H. Des pressoirs sont signalés près du Jourdain, Jud., vii, 25, et dans le voisinage de Sichem. Jud., ix, 27. Job, xxiv, 11, parle des pauvres gens que le richeoccupe à exprimer l’huile dans ses celliers et à fouler lavendange au pressoir. Dans une vigne, on bâtissaitd’ordinaire une tour et un pressoir, Is., v, 2; Matth., xxi, 33; Marc, , xii, 1, le pressoir pour faire le vin sur place, la tour pour y poster un veilleur chargé d’écarter lesmaraudeurs. Voir Tour. Zacharie, xiv, 10, parle de «pressoirs du roi» attenant à l’enceinte même de Jérusalem, et probablement voisins des jardins royaux, ausud de la ville. Voir t. iii, col. 1132. Gethsémani marquel’emplacement d’un pressoir à huile. Voir t. iii, col. 230.Les villes de Geth, «pressoir», Géthaïm, «les deuxpressoirs», Gethhépher, «le pressoir de l’excavation», ont dû leur origine à des pressoirs. Voir t. iii, col. 223, 227, 228. On trouve encore en Palestine de nombreuxrestes d’anciens pressoirs (fig. 169), plus ou moins déforméset enfouis sous la terre et les broussailles, dansles collines du sud de la Judée, entre Hébron et Bersabée; il y en a beaucoup au mont Carmel et aux environsde Caïffa, en Galilée et spécialement près deCédés. Cf. Tristram, The natural History of tke Bible, Londres, 1889, p. 409. — Néhémie rappela à l’ordredes hommes qu’il vit fouler au pressoir un jour desabbat. II Esd., xiii, 15. À l’Israélite fidèle, il étaitpromis que sa cuve déborderait de vin nouveau. Prov., m, 10. Par contre, en Moab, châiié par le Seigneur, le

167. — Pressoir romain. D’après Rich, Dict. des antiquités, p. 656.

de ce genre tout entiers taillés dans le roc.» Jullien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 261.

2° La Palestine était un pays de vignes. Aussi les

pressoirs sont-ils l’objet d’assez nombreuses mentions

vendangeur ne foule plus le vin dans les cuves, Is., xvi, 10, et, chez les Israélites infidèles, quand on venaitau pressoir pour y puiser cinquante mesures, il n’y enavait que vingt, Agg., ii, 17, ou bien on pressait l’olive

et le raisin, mais on n’en jouissait pas. Mich., vi, 15.Cf. Ose., ix, 2. — Oh chantait et on ponssait des crisde joie en foulant le raisin au pressoir. Le Seigneurfait dire de Moab, Jer., xlviii, 33:

J’ai fait tarir le vin des cuves;

On ne le foule plus au bruit des cris de joie:

Ce sont des cris de guerre et non des cris de joie.

3° Le pressoir fournit matière à des comparaisonsexpressives. L’auteur de l’Ecclésiastique, xxxiii, 16, 17, après avoir consacré ses veilles à la sagesse, se dit semïrcfie

Ww168. — Pressoir à viii, antique, taillé dans le roc, à Aïn Karim— On foule le raisin en a, d’où il s’écoule dans le bassin b, qui est de 1 mètre plus profond et plus large. Dans sa partieméridionale, qui est moins profonde, il y a trois niches, dontles deux latérales sont percées de trous, devant lesquels il yavait sans doute un clou qui devait servir à fixer des levierspour presser. Voir fig. 167. Les raisins foulés en a passaientdonc, comme le montre la section, en b, où on les pressaitencore davantage au moyen de pièces de bois et de leviers.Le liquide s’écoulait alors par les trous ene et d; c est beaucoupplus étroit et n’a que 1°40 de profondeur, tandis que da environ 2 mètres de large et 2°30 de profondeur. Dee à dil y a un trou rond par où le liquide peut passer du premierdans le second. Ce dernier a des marches au nord et à l’est.Sur le roc, près de la marche à l’est et au coin nord-est, il y aun creux en forme de coupe où l’on peut poser une jarre deterre sans qu’elle soit exposée à se renverser. — D’après Schick, Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1899, p. 41.

blable à celui qui grapille les raisins après la vendangeet qui pourtant, comme le vendangeur, remplit lepressoir. Au temps messianique, les cuves regorgerontde vin nouveau et d’huile, Joël, rt, 24, symboles del’abondance des biens spirituels. — Le pressoir est lafigure de l’épreuve et du châtiment qui écrasent. LesChaldéens ont écrasé les jeunes hommes de Juda et leSeigneur a foulé au pressoir les jeunes filles. Lam., i,

15. À la même idée se rapporte la pression, ffttyiç, pressura, de la femme qui enfante, Joa., xvi, 21, etcelle qu’endure le chrétien de la part des persécuteurs.Joa., xvi, 33; II Cor., i, 4; Phil., i, 17. — Dieu, dansl’exercice de sa puissance ou de sa justice, est comparéau vendangeur qui travaille au pressoir. Isaïe, lxiii, 2-6, représente en ces termes le jugement exercé contreÉdom, figure des ennemis des serviteurs de Dieu:

Pourquoi y a-t-il du rouge à ton vêtement,

Et tes habits sont-ils comme quand on foule au pressoir?

J’ai été seul à fouler au pressoir,

Et parmi les peuples personne n’a été avec moi;

Je les ai foulés dans ma colère,

Écrasés sous mes pieds dans ma fureur;

Le jus a jailli sur mes habits

Et j’ai souillé tout mon vêtement…

J’ai écrasé les peuples dans ma colère…

Et j’ai fait couler leur sang à terre.

169. — Pressoir à huile, trouvé à Taanach.D’après E. Sellin, Eine Nachlese aus dem Tell Ta’annak, dans les Denkschriften der K. Akademie der WissenschaftenPh. hist. XL, Vienne, 1906, fig. 43, p. 27.

On voit ici le vendangeur, se plaignant d’être seulà l’ouvrage quand d’ordinaire plusieurs foulent sur lamême aire. Il se met cependant à la tâche avec ardeur; le jus du raisin jaillit sur ses habits qu’il rougit et.tombe en bas de la cuve. Jérémie, xxv, 30, montre leSeigneur sur le point de châtier Jérusalem par le glaivedes Chaldéens: il fait entendre à tous les habitants dela terre le cri des vendangeurs qui foulent le raisin.Joël, iii, 13, parlant de la vengeance qui va fondre surles ennemis du peuple de Dieu, s’écrie:

Venez, foulez, car le pressoir est plein,

Les cuves regorgent, tant est grande leur malice.

Saint Jean se sert des mêmes figures pour décrirele jugement du monde. «L’ange vendangea la vigne dela terre et il en jeta les grappes dans la grande cuvede la colère de Dieu. La cuve fut foulée hors de la ville, et il en sortit du sang jusqu’à la hauteur du mors deschevaux.» Apoc, xiv, 19, 20. C’est le Roi des rois etle Seigneur des seigneurs «qui foulera la cuve du vi»

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PRESSOIR — PRÊT

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de l’ardente colère du Dieu tout-puissant.» Apoc, xix, 15.

Plusieurs Psaumes ont en titre dans les versions: ûiràptûv >ï)viSv, pro torcularibus, «pour les pressoirs».Ps. tiii, 1; lxxx, 1; lxxxiii, 1. Il y a en hébreu’alhag-giftit, «sur la gittît». Ce mot est le nom d’uninstrument. Voir Giïtith, t. iii, col. 245.

E. Lesêtre.

PRÊT, mise d’une somme d’argent ou d’un objet àla disposition de quelqu’un qui doit les rendre. Enhébreu, le verbe lâvdh signifie «emprunter» au kal, et «prêter» à l’hiphil causatif; Septante: Saveffciv, xty_p «vai; Vulgate: commodare. Le verbe nâSâh a lemême sens.

I. La loi. — 1° La loi mosaïque considérait le prêtcomme un service essentiellement désintéressé qu’ilfallait rendre au prochain dans le besoin. «Si tuprêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple, aupauvre qui est avec toi, tu ne seras pas à son égardcomme un créancier, tu n’exigeras pas de lui d’intérêt.» Exod., xxii, 25. La prescription est répétée dans leLévitique, xxv, 35-37: «Si ton frère devient pauvre etque sa main s’affaiblisse près de toi, tu le soutiendras, fût-il étranger, afin qu’il vive auprès de toi. Ne tire delui ni intérêt ni profit, mais crains ton Dieu et queton frère vive avec toi. Tu ne lui prêteras point tonargent à intérêt, et tu ne lui donneras point de tesvivres pour en tirer profit.» L’étranger est ici le gêr, admis à vivreau milieu des Israélites en respectantleurs lois religieuses et sociales. Voir Prosélyte. LeDeutéronome, xxiii, 19, 20, revient une troisième foissur le même objet: «Tu n’exigeras de ton frèreaucun intérêt ni pour argent, ni pour vivres, ni pouraucune chose qui se prête à intérêt.» — L’intérêtporte en hébreu différents noms. On l’appelle d’abordnéSék, du verbe nâSak, «mordre», parce que c’estmordre et dévorer le débiteur pauvre que de l’obligerà rendre quelque chose de plus que ce qu’on lui aprêté. L’araméen nekat, «mordre» donne de mêmenûktâ’, «intérêt»; l’arabe qras signifie à la fois «ronger» et «tirer intérêt»; Aristophane, Nub., i, i% emploie l’expression Sixvs(76a: ûitô twv x.pswv, «êtremordu par les dettes», et Lucain, I, 181, qualifiel’usure de vorax, «dévorante». Cf. Gesenius, Thesaurus, p. 922. Les versions traduisent né$ék par tôxoçet uswa. Du verbe râbâh, «augmenter, multiplier», sont tirés deux autres noms de l’intérêt: marbît etfarbîf, que les versions rendent par uXcovctandc, «surplus», super abundantia. L’intérêt d’un prêt se présentaitdonc aux Hébreux sous un double aspect: celuid’une dureté à l’égard d’un homme déjà pauvre; etcelui d’un profit en faveur d’un homme déjà riche. Oncomprend qu’à ces titres il ait été prohibé par une loiqui visait à resserrer les liens de fraternité entre tousles membres de la famille israélite.

2° S’il ne pouvait exiger d’intérêt, du moins le prêteuravait le droit de prendre un gage sur son débiteur.S’il en eût été autrement, certains débiteurs aujaientabusé de la situation pour se faire prêter sansintention de rendre, et bien des riches auraient refusé-de prêter, à cause des risques à courir; et, en définitive, c’eût été au détriment du pauvre. Mais la loi imposaitcertaines conditions à celui qui se nantissait-d’un gage prélevé sur les biens de son débiteur. VoirDette, t. ii, col. 1394, 1395. Plus tard, la solvabilité dudébiteur fut garantie par des cautions. Voir t. ii, col. 1395. — L’institution des années jubilaires et sabbatiquesapportait certaines restrictions aux droits naiûrelsdu prêteur. À l’année jubilaire, chaque familledevait rentrer dans sa propriété foncière. Dès lors, legage pris sur cette propriété devenait caduc. Il ne s’ensuitnullement, comme le prétend Josèphe, Ant. jud., III, xii, 3, que les dettes s’éteignaient par le faitmême. Rien dans les textes sacrés n’autorise à l’admettre. Voir Jubilaire (Année), t. iii, col. 1752-1753.L’effet de l’année sabbatique était purement suspensif.Comme, cette année-là, le sol n’était pas cultivé et nerapportait rien, celui qui avait fait un prêt ne pouvaiten exiger la restitution d’un Israélite. L’approche del’année sabbatique ne devait même pas empêcher deprêter au pauvre, sous prétexte qu’on ne rentrerait pasdans ses fonds toute la durée de cette année. Le Seigneurvoulait que l’Israélite lise eût le cœur mieuxplacé et n’hésitât pas à proroger d’une année entièrel’échéance de la dette. Deut., xv, 1-3, 7-11. Ce précepten’était pas d’une observation très onéreuse dans unpays et dans un temps où l’argent n’avait qu’une valeurreprésentative et n’était pas considéré comme portantprofit par lui-même.

3° Vis à vis de l’étranger, nokrî, àXXi-rptoç, de celuiqui n’était pas agrégé à la nation comme le gêr, lesdroits de l’Israélite avaient plus d’extension. On pouvaitexiger de lui le paiement de la dette même l’annéesabbatique. Deut., xv, 3. De plus, il était permis delui prêter à intérêt. Deut., xxiii, 20. Cette faculté comptaitparmi les faveurs accordées par Jéhovah à sonpeuple: «Tu feras des prêts à beaucoup de nations ettoi tu n’emprunteras pas.» Deut., xv, 6; xxviii, 12.Or ces prêts comportaient intérêt; autrement les Israélitesne les eussent jamais consentis à des peuples visà-visdesquels aucune obligation ne les liait, ni en justice, ni en charité. Chez les Babyloniens, on prêtait àintérêt. Le code d’Hammourabi prévoit plusieurs fois lepaiement d’un capital et des intérêts, kaspu u sibat-su.Scheil, Textes élamitiques-sétnitiques, Paris, 1902, p. 49; art. 48-51, p. 41-43. Cf. Buhl, La société israélited’après l’A. T., trad. de Cintré, Paris, 1904, p. 155-160. L’intérêt était de 20 et parfois même de25 pour 100. Cf. Rawlinson, Cun. Insc. W. As., t. ii, pi. 12, col. 1, 20, 21; t. iii, pi. 47, 9. Les prêtres babyloniensfaisaient fructifier les immenses ressourcesaccumulées dans les temples, trafiquaient sur l’argentet servaient d’intermédiaires entre prêteurs et emprunteurs, avec intervention de scribe public et usagedu gage, de la caution, de l’amortissem*nt et de lasaisie. Cf. Maspero, Histoire ancienne, 1. 1, p. 679, 750.Les Israélites ne faisaient donc que suivre un usagecommun en tirant intérêt de ce qu’ils prêtaient auxétrangers. — Par contre, si l’Israélite devenait infidèleà son Dieu, les malédictions devaient tomber sur lui, celle-ci entre autres: «L’étranger qui vit au milieu detoi s’élèvera de plus en plus au-dessus de toi, tandisque toi, tu descendras toujours plus bas; il te prêtera, et tu île lui prêteras pas; il sera en tête, et tu seras àla queue.» Deut., xxviii, 43, 44. L’étranger en questionest le gêr, admis à vivre au milieu d’Israël et astreintà ses lois. Par conséquent, s’il prêtait à un Israélite, ilne devait pas réclamer d’intérêt, et c’était déjà unehumiliation pour l’Israélite que d’en être réduit à empruntersans avoir le moyen de prêter. Mais, pour lasuite, on ne prêta guère sans intérêt dans de pareillesconditions.

II. La pratique. — 1° Les prescriptions de la loi surles prêts n’ont pas toujours été strictement observées.La femme dont Elisée multiplia l’huile pour l’aider àpayer sa dette avait vu ses deux enfants réduits en esclavagepar un créancier impitoyable. IV Reg., iv, 1. Letexte ne dit pas si ce créancier était Israélite ou étranger.S’il était Israélite, il avait outrepassé ses droits; car la loi permettait à l’Israélite pauvre de se vendrecomme esclave jusqu’à l’année jubilaire, Exod., xxv, 39; elle n’autorisait pas un créancier à le réduire deforce en esclavage. Il est assez probable que le créancierétait étranger, car le fait se passait dans le royaume dunord; on est alors en droit d’incriminer les compatriotesde cette veuve «d’entre les femmes des fils des prophètes», qui avaient laissé cette violence s’exercer sans

venir au secours de la malheureuse famille. — Aprèsla captivité, les gens du peuple se virent obligés, pourse nourrir et pour payer le tribut, d’emprunter del’argent en engageant tous leurs biens et même demettre leurs enfants en esclavage. II Esd., v, 2-5. Lescréanciers étaient des Juifs. Néhémie les réprimandasévèrement en leur disant: «Vous prêtez donc à intérêtà vos frères!» Et, prêchant lui-même d’exemple, ildécida les riches à faire abandon des biens qu’on leuravait engagés et de l’intérêt qu’ils avaient exigé. Cetintérêt se montait à un centième de l’argent, du vin etde l’huile. II Esd., v, 7-12. Bien que peu élevé, il nelaissait pas cependant d’être contraire à la loi et onéreuxpour les pauvres gens. — Dans une des parabolesde Notre-Seigneur, un débiteur est condamné àêtre vendu, avec sa femme, ses enfants et tous sesbiens, afin d’acquitter la dette. Matth., xviii, 25. Ici ledivin Maître se réfère sans doute à la législation romaine, qui était très dure pour les débiteurs insolvableset permettait de les mettre à mort ou de lesvendre hors de Rome. Cf. Aulu-Gelle, xx, 1, 47.

2° Les prophètes ont quelques allusions aux prêtsqui se faisaient de leur temps. Isaïe, ), , 1, suppose desdébiteurs vendus à des créanciers. Jérémie, xv, 10, dit en parlant des antipathies dont il est l’objet: «Jen’ai rien prêté, et tous me maudissent.» Celui quiprêtait pétait donc habituellement maudit, soit à causede sa dureté, soit par suite de l’ingratitude de son débiteur.Le même prophète constate que de son temps, et même bien avant son époque, on n’obéissait plus àla loi qui ordonnait de libérer, à l’année sabbatique, les esclaves israélites qui avaient dû se vendre parpauvreté ou pour acquitter des dettes. Jer., xxxiv, 9-16.

— Amos, ii, 8, accuse les riches d’Israël de s’étendreprès de chaque autel sur des vêtements reçus engage, et de boire dans les maisons de leur Dieu le vinde ceux qu’ils ont condamné à l’amende. Ce passagefait allusion à la loi qui permettait au prêteur deprendre en gage le manteau du prochain, à conditionde le lui rendre pour la nuit. Exod., xxii, 26. Lesriches faisaient ainsi un étalage scandaleux et un usagedéshonorant des manteaux qui constituaient la preuvede leurs prêts. Probablement, ils ne songeaient nullementà les rendre au temps prescrit. Le vin provenantdes amendes avait peut-être aussi été prélevé surdes débiteurs. — Ézéchiel, xviii, 8, 13, dit que le justerend au débiteur son gage, ne prête pas à usure et neprend pas d’intérêt, tandis que le méchant fait tout lecontraire. Mais il constate qu’à Jérusalem le prêt àintérêt s’était généralisé contrairement à la loi. Ezech., xxii, 12.

3° Les autres écrivains de l’Ancien Testament ontaussi quelques traits relatifs à la question du prêt.Dans Job, xxii, 6, on voit le méchant prendre sansmotif des gages à ses frères et enlever les vêtements aumisérable; il pousse devant lui l’âne de l’orphelin etretient en gage le bœuf de la veuve, tandis que, par safaute, le pauvre est sans couverture contre le froid etpasse la nuit sans vêtement. Job, xxiv, 3, 7. — Aumaudit, on souhaite que le créancier s’empare de cequi est à lui. Ps. cix (cvm), 11. Quant au juste, on luifait honneur, comme d’une chose qui est loin de sepratiquer généralement, d’être compatissant et de prêtersans intérêt. Ps. xv (xiv), 5; xxxvii (xxxvi), 26; exil(cxi), 5. — Pour l’auteur des Proverbes, xxii, 7, emprunter, c’est se faire l’esclave de celui qui prête. Parcontre, avoir pitié du pauvre, c’est prêter à Jéhovah.Prov., xix, 17. — L’Ecclésiastique renferme des remarquesintéressantes sur le prêt et ses’conséquencesdiverses:

Ne prête pas à plus puissant que toi, Et si tu lui as prêté, tiens-le pour perdu.

Eccli., viii, 15 (12).

Les puissants n’avaient donc guère l’habitude derendre. L’insensé «prête aujourd’hui et redemanderademain». Eccli., xx, 16 (14). On ne peut se fier à lui.C’est faire acte de miséricorde que de prêter au prochainqui est dans le besoin. Eccli., xxix, 1, 2. Malheureusem*nt, l’emprunteur n’est pas toujours délicat.

Beaucoup regardentcomme une trouvaille ce qu’on leur a prêté,

Et causent de l’ennui à ceux qui les ont aidés…

Quand vient le moment de rendre, on prend des délais,

On exprime tout son chagrin, on accuse la dureté des temps.

Peut-on payer, le prêteur recevra la moitié à peine

Et encorccroira à une bonne aubaine.

Si on ne le peut, on le frustre de son argent,

Et celui-ci se tait malgré lui de son obligé un ennemi

Qui le paie en malédictions et en injures,

Et qui, au lieu d’honneur, ne lui rend qu’outrage.

Eccli., xxix, 4-6.

L’auteur observe que, pour ces raisons, beaucoup serefusent à prêter; il les exhorte cependant à le fairepar charité pour leurs frères. Eccli., xxix, 7-11. — Deces différents passages résulte cette conclusion que chezles Israélites, surtout aux époques d’affaissem*nt religieux, l’amour du gain se manifestait chez ceux quiempruntaient et surtout chez ceux qui prêtaient. Laloi était d’autant plus aisément violée qu’on prétendaitpar là se mettre d’accord avec la pratique des étrangers.

4° À l’époque évangélique, la situation n’est plus lamême. On admet que l’argent prêté peut produire unintérêt. Notre-Seigneur, dans une parabole, fait allusion, sans un mot de blâme, aux opérations de banquequi rendaient l’argent productif. Matth., xxv, 27; Luc, xix, 23. Chez les Romains, l’intérêt légal était de12 pour 100 par an, et il s’accumulait d’année en année.Cf. Cicéron, Attic, vi, 3, 5. À son disciple cependant, le Sauveur recommande de ne pas chercher à éviter celuiqui veut lui emprunter. Matth., v, 42. Il ajoute même: «Si vous ne prêtez qu’à ceux dont vous espérez restitution, quel mérite avez-vous? Car les pécheurs prêtentaux pécheurs afin de recevoir l’équivalent, t «ïo-a…Prêtez sans rien espérer, et votre récompense seragrande.» Luc, vi, 34, 35. Ces pécheurs sont sans doutedes Juifs, car ils se contentent de recevoir l’équivalentdu prêt, conformément à la loi mosaïque. Il y a dansle texte grec: u^Sèv à7t£), iit; ovT£ «, ce que beaucoupd’anciens manuscrits latins traduisent: nihil desperantes, «sans désespérer de rien,» conformément ausens habituel du verbe grec, même dans les Septante.Is., xxix, 19; Judith, ix, 11; Eccli., xxii, 26; xxvii, 24; II Mach., ix, 18. Notre-Seigneur voudrait donc dire qu’ilfaut prêter sans désespérer de rien, car, à défaut dudébiteur, Dieu sera là pour récompenser le bienfaiteur.Mais le verbs grec peut aussi avoir, comme d’autresverbes de composition semblable, le sens «d’espérer enretour». Ce sens s’accorde mieux avec l’ensemble dupassage, dans lequel Notre-Seigneur préconise la pratiqued’une charité absolument désintéressée; aussiest-il le plus généralement admis. Le mot àmizit; ov: ecéquivaudrait à àvTsXm’CovTsç, «espérant en retour.» Cf. Bulletin critique, 15 juin 1894, p. 238; Knabenbauer, Evang. sec. Luc, Paris, 1896, p. 239, 240. Cettesentence de Notre-Seigneur représente, de l’aveu detous, non pas un précepte, mais un conseil à l’usagedes parfaits. — Il y avait à Jérusalem un dépôt publicdans lequel se conservaient les titres des créances. Audébut du siège, les sicaires s’empressèrent d’y mettre lefeu, afin de se concilier la faveur de la multitude ainsilibérée de ses dettes. Josèphe, Bell, jud., II, xvii, 6. —L’Évangile ne mentionne qu’un seul prêt effectif, celuide trois pains. Luc, xi, 5. <

5° La loi mosaïque autorisait les spéculations d’argentavec les étrangers, mais non avec les compatriotes.Cette disposition ne laissa pas que de devenir gênantequand les Israélites commencèrent à se lancer dans les

affaires et à exercer en grand le commerce de l’argent, qui ne permettait pas de différer le paiement desdettes à la septième année. Les prêtres eux-mêmesparticipaient à ces opérations financières. Cf. Josèphe, Ant.jud., XX, ix, 2. Pour éluder la difficulté, le créancieracceptait l’argent de son débiteur à titre de cadeau, ou bien l’on excluait de l’ordonnance légale les dettespour lesquelles le créancier avait un gage. Hillel imaginaun autre moyen, la Kpoaoolr), qui consistait à lireà haute voix, devant le juge, une formule par laquelleon se réservait d’exiger son argent en tout temps. De lasorte, l’intérêt du commerce était sauf, mais non letexte de la loi. Cette déclaration prend le nom hébraïséde prôz-bôl dans la Mischna. Cf. Schebiith, x, 3-7; Gittin, tv, 3; Pea, iii, 6; Moed Katan, iii, 3; Kethuboth, ix, 9; Vkzin, iii, 10. Les titres déposés dans lesarchives publiques de Jérusalem étaient vraisemblablementaccompagnés de cette déclaration. Cf. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes im Zeit. J. C, Leipzig, t, ii, 1898, p. 45, 363; F. Buhl, La société Israélited’après l’A. T., trad. B. de Cintré, Paris, 1904, p.173, 174.

H. Lesêtre.

    1. PRÊTEUR##

PRÊTEUR (hébreu: nôsëk, de nâsâh, «prêter»; Septante: SavsKjTrjç; Vulgate: creditor, fœnerator), celui qui prête. — Voir Dette, t. ii, col. 1394. Le prêteurmet de l’argent ou un objet quelconque à la dispositionde quelqu’un qui, tant qu’il n’a pas rendu ce quilui a été prêté, demeure son débiteur, lôvéh, SavsiWptEvo?iuô’/pswç, xp£<oç£0, éTj]; , debitor. Il y a des prêteursimpitoyables, IV Reg., iv, 1, d’autres qui sont miséricordieux.Luc, vii, 41. Ils sont les uns et les autressous le regard de’Dieu. Prov., xxix, 13. On vendait auprêteur des esclaves pour acquitter ses dettes, Is., L, 1, ou lui-même prenait tout dans la maison de son débiteur.Ps. cix (cviu), 11. Au jour du grand jugement deDieu, tous les hommes se trouveront dans la même situation, le prêteur comme l’emprunteur, le débiteurcomme le créancier. Is., xxiv, 2. Voir Emprunt, t. ii,

col. 1764; Prêt, col. 617.

H. Lesêtre.

    1. PRÉTOIRE##

PRÉTOIRE (grec: zo npatitôptov), mot dérivé dulatin prsetorium, lequel est passé en grec. Il désignaitprimitivement, chez les Romains, dans les camps demarche, la tente du général en chef (prsetor): Cf. Tite-Live, vu, 12; x, 33. Il s’appliqua ensuite au conseil deguerre ou réunion des officiers supérieurs qui setenait dans cette tente, Tite Live, xxvi, 15; XXX, 5; xxxvii, 5, et, dans les camps permanents, au quartiergénéral du commandant en chef. Lorsque l’empereurdevint théoriquement le général par excellence, l’iwiperator, sa résidence prit le nom de prsetorium, et, comme d’habitude il demeurait à Rome, il y eut, àcôté de preetoria changeant avec ses déplacements, unprœtorium fixe dans la capitale. À la tête de ce dernierétaient les préfets du prétoire, prxfecti prsetorio, et les prœtoriani étaient spécialement chargés dele garder. Tacite, Ann., i, 20; ii, 11, 24; iv, 46. Mais, même alors, le mot continua à être employé, commeauparavant, dans le sens de «résidence du gouverneur» et particulièrement de «logement réservé augouverneur dans ses déplacements, >. Cicéron, /n Verr., II, iv, 28; v, 35. Par une dernière extension, il devintsynonyme de maison riche, palais, et même de maisond’habitation opposée aux constructions agricoles.Cf. R. Cagnat, Prsetorium, dans le Dictionnaire desantiquités grecques et romaines de Daremberg etSaglio, Paris, t. vii, p. 640. — Ce nom ne se trouve quedans le Nouveau Testament. Dans les Évangiles, Matth., sxvii, 27; Marc, xv, 16; Joa., xviii, 28, 33; xix, 9, etdans les Actes des Apôtres, xxiii, 35, il désigne larésidence du gouverneur romain. Dans PÉpltre auxPhilippiens, i, 13, il a un sens que nous aurons à déterminer.

I. Dans les Évangiles. — Le prétoire, dans lesÉvangiles, soulève une question fort débattue de nosjours, à savoir l’emplacement qu’il occupait à Jérusalemau moment de la Passion du Sauveur. Commençonspar examiner les données scripturaires.

i° Données évangéliques. — C’est de chez Caïpheque les Juifs conduisirent Jésus au prétoire, chezPilate. Matth., xxvii, 2; Marc, xv, 1; Luc, , xxiii, 1; Joa., xviii, 28. «C’était le matin, et ils n’entrèrent paseux-mêmes dans le prétoire, afin de ne pas se souilleret de pouvoir manger la Pàque. Pilate sortit donc audevant d’eux, c^XŒv… ë£w; Vulgate: exivit… foras.» Joa., xviii, 28-29. Après leur avoir demandé quelleaccusation ils portaient contre cet homme et entenduleur réponse, il «rentra dans le prétoire, et appelaJésus», qu’il interrogea sur sa royauté. Joa., xviii, 3337. «Il sortit de nouveau au devant des Juifs» et leurproposa de relâcher le prisonnier à l’occasion de lafête de Pâque; mais ceux-ci réclamèrent Barabbas.Joa., xviii, 38-40. «Alors donc Pilate ordonna de saisirJésus et de le flageller. Et les soldats (le conduisantdans la cour, qui est le prétoire, ïaa> t/jç a-ûÀîjç, fi àdTivjrpaiTfipiov, Marc, xv, 16) tressèrent une couronned’épines qu’ils lui mirent sur la tête, et le revêtirentd’un manteau de pourpre; puis ils s’avançaient verslui en disant: <i Salut, roi des Juifs!» et ils lui donnaientdes coups de verge. Pilate sortit de nouveau etleur dit: «Voici, je vous l’amène pour que vous «sachiez que je ne lui trouve aucun crime."» Jésussortit donc, portant la couronne d’épines et le manteaude pourpre, et il leur dit: «Voici l’homme!» Joa., xix, 1-5. Devant les cris de mort poussés par les Juifs, Pilate «rentra de nouveau dans le prétoire» et fitsubir un nouvel interrogatoire à Jésus. Joa., xix, 7-11.Accusé de n’être pas l’ami de l’empereur, «Pilate fitsortir Jésus, ^aft’i ËSto, et s’assit sur le tribunal, êiulflrijjiaToç, à l’endroit appelé Lithostrotos, en hébreuGabbatha.» Enfin «il le leur livra chargé de lienspour être crucifié.» Joa., xix, 12-16. — Voilà tout ceque nous apprend l’Évangile: le prétoire où demeuraitPilate, d’où il sortit, et où il rentra plusieurs fois aucours de ces différentes scènes, le lieu témoin de l’interrogatoire, de la tlagellation, du couronnement d’épineset de la condamnation de Jésus, était précédé d’uneplace où la foule des Juifs put se rassembler et d’unlieu «élevé» (Gabbatha) et «pavé en pierre» (Lithostrotos) où le gouverneur établit son tribunal. Saint Marcnous parle d’une cour intérieure ou atrium, qur était leprétoire. Mais dans quel endroit de la ville se trouvait-il?Le texte sacré ne nous le dit pas. Interrogeons l’histoire.

2° L’histoire. — Le prétoire, chez les Romains, n’était pas un édifice spécial, semblable à nos palais de.justice, affecté aux audiences et aux jugements dutribunal; c’était, nous l’avons dit, la résidence du gouverneurde province, qui y jugeait cependant les cassoumis à sa juridiction et y rendait ses sentences, puisqu’il était non seulement le chef de l’armée, maisencore le chef du gouvernement. Les procurateurs deJudée n’habitaient pas ordinairement Jérusalem, maisCésarée maritime, où ils occupaient le palais d’Hérode, qui est appelé itpatrwptov toû’HpwSou, Act., xxiii, 35, à propos de la comparution de saint Paul devant Félix.Ils venaient dans la ville sainte à l’époque des grandesfêtes de l’année, lorsque la multitude des Juifs rassemblésà ces occasions pouvait amener et amenait souventdes émeutes. Pilate s’y trouvait donc à cause de lafête de Pâque. Mais où habitait-il? L’histoire nouséclaire un peu en nous apprenant qu’il devait, commeà Césarée, occuper un des palais d’Hérode, mais ellene nous dit pas lequel. Nous savons, en effet, qu’Hérodele Grand agrandit et embellit la citadelle Antonia, située à l’angle nord-ouest de l’enceinte du Temple. Ilen fit non seulement une forteresse remarquable, mais

encore un palais, renfermant des galeries et de somptueuxappartements. Cf. Josèphe, Ant. jud., XV, xi, 4; XVÎII, iv, 3; Bell, jud., i, iii, 1; V, iv, 2; v, 8.Voir Antonia., t. i, col. 712. Elle est appelée 7tape[iëo).» îVulgate: castra), Act., xxi, 34, 37; xxii, 24; xxiii, 10, 16, 32; elle servait, en effet, de caserne à la garnisonromaine, mais elle offrait en même temps au gouverneurune résidence agréable. Hérode cependant fit construireun autre palais, plus splendide encore, à l’anglenord-ouest de la ville, sur l’emplacement actuel de lacitadelle. Flanqué* de trois tours énormes, appeléesHippicus, Phasaël et Mariamne, cette maison royaleétait, à l’intérieur, d’une richesse extraordinaire. Cf. Josèphe, Bell, jud., V, iv, 4. Voir Jérusalem, t. iii, col. 1373. Il est certain qu’elle offrait plus d’attraitsencore que l’Antonia. Le procurateur Gessius Floruss’y installa, et nous le voyons un jour établir devantle palais son tribunal, près duquel se rassemblent lesprinces des prêtres et les principaux de la ville. Josèphe, Bell, jud., II, xiv, 8. Le contexte, II, xv, 5, 6, montre bien qu’il s’agit ici d’une demeure royale distinctede l’Antonia. Cependant on peut dire que, pendantles fêtes de Pâque, le gouverneur avait toutintérêt à occuper la citadelle, d’où il pouvait mieuxsurveiller les agissem*nts des Juifs dans le Temple etparer plus vite à toute éventualité. Cherchons un peuplus de lumière dans la tradition.

3° La tradition. — Le premier témoin est le Pèlerinde Bordeaux. Dans son itinéraire de l’an 333, aprèsavoir parlé de la maison de Caïphe, qu’il visita sur lemont Sion, c’est-à-dire sur la eolline occidentale, etde l’endroit où fut le «palais de David», il ajoute: «De là, en sortant de l’enceinte de Sion et en se rendantà la porte napolitaine (aujourd’hui bâb el-’Amûd, appelée aussi porte de Naplouse et de. Damas), on a, à droite, en bas, dans la vallée les murs où fut lamaison ou le prétoire de Ponce Pilate. Là, le Seigneurfut entendu avant sa passion. À gauche, est le monticuledu Golgotha où le Seigneur fut crucifié.» Cf. ItineraTerrai Sanctæ, edit. T. Tobler, Genève 1877, t. i, p. 18. Ce texte, comme les autres, sera discuté plusloin. — Un passage de la Vie de Pierre l’Ibère nousapprend que, au ve siècle, il y avait une église de Pilate.Quelle que soit la valeur intrinsèque de la visionqu’il relate, l’itinéraire dont il est question est clairementtracé: parti du Martyrium de saint Etienne, Pierre «courut au saint Golgotha et au tombeau; puis il descendità l’église qui est dite de Pilate et de là à celledu paralytique (Sainte-Anne) et ensuite à Gethsémani.» Cf. J.-B. Chabot, Pierre l’Ibérien, dans la Revue del’Orient latin, Paris, t. iii, 1895, p. 381-382. — À cetteéglise succéda un peu plus tard la basilique de SainteSophie. Nous lisons dans le Breviarius de Bierosolyma(vers 530): «De là, vous allez à la maison de Caïphe, où saint Pierre renia [le Sauveur] et où une grande basiliqueest dédiée à saint Pierre. Vous vous rendez ensuiteà la maison de Pilate, où celui-ci livra aux Juifs leSeigneur flagellé, et où il y a une grande basilique, appelée Sainte Sophie, avec une chambre où le Sauveurfut dépouillé de ses vêtements et flagellé.» Cf. Itinera Terne Sanctx, p. 59. — Théodose, DeTerra Sancta (vers 530), dit de son côté: «De lamaison de Caïphe jusqu’au prétoire de Pilate, il y acent pas. Là est l’église de Sainte-Sophie; tout auprès, saint Jérémie fut jeté dans une citerne. De la citerne oùfut jeté le prophète Jérémie jusqu’à la piscine de Siloé, il y a cent pas. Delà maison de Pilate jusqu’à la piscineprobatique, il y a plus ou moins cent pas; là le Seigneurguérit le paralytique.» Cf. Itinern Terrx Sanctæ, p. 65. — En l’année 570 environ, nous avons letémoignage d’Antonin le Martyr, De Locis Sanctis: «Nous avons prié dans le prétoire où le Seigneur futentendu et où est actuellement la basilique de SainteSophie. Devant les ruines du Temple de Salomon, l’eau coule vers la fontaine de Siloé, près du portiquede Salomon. Dans la même basilique, il y a le siègesur lequel s’assit Pilate quand il écouta le Seigneur, et une pierre quadrangulaire qui se trouvait au milieudu prétoire. C’est sur celle-ci que le Seigneur fut élevéquand il fut interrogé par Pilate, afin qu’il fût entenduet vu de tout le peuple; et il y laissa l’empreinte deses pieds.» Cf. Itinera Terrse Sancta; , p. 104. L’églisede Sainte-Sophie disparut sous le fléau de l’invasionpersane, en 614, et près de 400 chrétiens arrosèrentde leur sang le sol de l’antique prétoire, s’il faut encroire une relation arabe. Cf. Clermont-Ganneau, Recueild’archéologie orientale, Paris, t. ii, 1896, p. 148.

— Il faut arriver au commencement du IXe siècle pourretrouver mention du prétoire. L’auteur du Commemoratoriumde casis Dei, vers 808, dans le recensem*ntqu’il fait des prêtres et clercs desservant lessanctuaires de Jérusalem en compte cinq dans Je Prétoire.Cf. Itinera hierosolymitana, édit. Tobler et Molinier, Genève, 1880, t. i, p. 301. On pourrait croired’après le contexte qu’il place ce lieu saint sur lemont Sion, avec l’église de Saint-Pierre; il ne faut peut-êtrepas trop presser cette conclusion.

Nous verrons cependant s’accréditer, au temps descroisades, la tradition qui place le prétoire sur lemont Sion. Un des premiers historiens de cette époque, l’auteur des Gesta Francorum expugnantium Jérusalem, déclare que, au moment où les croisés entrèrentpour la première fois dans la ville sainte, il était difficilede reconnaître certains sanctuaires, en particulierceux qui marquaient le théâtre des diverses scènesdu procès de Notre-Seigneur. Après avoir visité l’églisede Sainte-Anne et la piscine Probatique, il ajoute: «r La flagellation de Jésus-Christ, le couronnement, ladérision et d’autres souffrances qu’il a endurées pournous: mais il n’est pas facile à présent de reconnaîtreles endroits où ces faits s’accomplirent, surtout parceque la ville a été trop souvent depuis bouleversée etdétruite.» Cf. J. Bongars, Gesta Dei per Francos, Hanau, 1611, p. 573. Cependant, en 1112 ou 1113, Phigoumène russe Daniel mentionne le prétoire à peuprès dans la même direction que les pèlerins dontnous avons parlé. Cf. Itinéraires russes en Orient, trad.B. de Khitrowo, Genève, 1889, p. 18-19. Un petit traitédes Lieux Saints intitulé: De situ urbis Jérusalem, etqui fut écrit entre 1130 et 1150, dit au sujet du prétoire: «[Jésus], étant retourné de là à Gethsémani, fut livrépar Judas aux Juifs. Celui-ci le présenta lié à Anne età Caïphe près du portique de Salomon, ensuite à Sion, au lieu qui est appelé Lithostrotos et qu’on montre àprésent devant la porte de l’église.» Cf. M. de Vogué, Les églises de la Terre Sainte, Paris, 1860, p. 427.C’est le commencement de la confusion. Plusieursécrivains anonymes, que l’on ne croit pas antérieursà 1145 ni postérieurs à 1170, placent le prétoire sur lemont Sion. Ainsi, pour n’en citer qu’un, l’Innominatusvin dit: «Nous vînmes ensuite au mont Sion, oùest la chapelle du Sauveur, appelée le prétoire de Pilate.Là, Notre-Seigneur fut couronné, lié, exposé auxdérisions et condamné par Pilate.» Cf. DescriptionesTerræ Sanctx a seec. viu-xv, édit. Tobler, Leipzig, 1874, p. 194. — Vers 1165, Jean de Wurzbourg s’exprimede même. Cf. Descriptiones T. S., p. 139. —Théodoric (1172) mêle les deux traditions. D’un côté, il parle de la maison de Pilate près de l’église Sainte-Anne; de l’autre, il montre le tribunal de Pilate sur lemont Sion. Cf. Theodorici Libellus, édit. Tobler, Paris, 1865, p. 10, 62-63. — Il est à remarquer cependant que, même à cette époque, la tradition maintient le lieu dela condamnation de Jésus du côté de l’église de Sainte-Anneet de la piscine probatique. C’est ainsi que, surune carte topographique de Jérusalem, tracée vers l’an

1180, on lit, à gauche du chemin qui conduit ad portantvallis Josaphat, ces mots: Hic flagellatus estJh’esus. Cf. Rôhricht, Kàrten und Plane zur Palàstinakundeaus dem 7 bis 16 Jahrhundert, dans la Zeitschriftdes Deutschen Palàstina-Vereins, Leipzig, t. XV, 1892, p. 34-39, pi. i. On trouve de même dans Ernoul, L’estatdela citez de Iherusalem (vers 1231): «À maindestre de celle rue de Josaffas, avait un moustier c’onapeloit le Repos. Là dist on que Jhesu Cris reposa, quant on le mena cruceflier; et là estoit li prisons u ilfù mis la nuit que il fu pris en Gessemani. Un poiavant, à main senestre de celle rue, estoit li MaisonsPilate. Devant celle maison avoit une porte par u onaloit al Temple.» Cf. Itinéraires à Jérusalem publiéspar H. Michelant et G. Raynaud, Genève, 1882, p. 49.Parmi les ouvrages du xm «siècle, il en est quelques-unsqui parlent vaguement du prétoire au mont Sion.Ainsi nous lisons dans Les pelerinaiges por aler enIherusalem (vers 1231): «Vers midi sur la cité deIherusalem est Monte Syon: là fu la grant yglise quiest abatue, où Notre-Dame trespassa, et d’iluequesl’emportèrent li apostre à Josaphas, et iluec devantest une chapele où Nostre Sire fu iugiés et batus etflacillez et d’espines tormentés et coronés; ce fu lePrétoire Cayfas et sa maison.» Cf. Michelant et Raynaud, Itinéraires à Jérusalem, p. 96. Il en est demême dans Les sains pèlerinages que l’en doit requerreen la Terre Sainte, et Pèlerinages et pardounsde Acre. Cf. Itinéraires à Jérusalem, p. 104, 231.Ces descriptions, tout en ne parlant que du prétoire deCaïphe, placent néanmoins implicitement le tribunalde Pilate au mont Sion, puisqu’elles y localisent lecouronnement d’épines. Cependant, vers la fin du mêmesiècle, Riccoldo da Monte Croce s’exprime en ces termesau sujet du prétoire: s Et nous arrivâmes à l’église deSaintevnne… Tout près de là, nous trouvâmes lapiscine probatique. En montant, nous rencontrâmes lamaison d’Hérode et, tout près, la maison de Pilate, oùnous vîmes le lithostrotos et le lieu où fut jugé leSeigneur, ainsi que l’endroit où se tint le peuple, surla place, devant le palais, lorsque Pilate sortit au-devantdes Juifs.» llinerarius, édit. Laurent, Peregrinatoresmedii sévi quatuor, Leipzig, 1864, p. 111112. — Au xive siècle, Marino Sanuto (1310), aprèsavoir mentionné l’église de Sainte-Anne et la piscineprobatique, l’une en face de l’autre, la première à droite, et la seconde à gauche d’une des portes de la ville, ajoute que, en allant directement vers la porte opposéeou porte Judiciaire, on trouve «la maison de Pilate», où l’Agneau de Dieu fut flagellé, couronné d’épines etenfin condamné à mort. Près de la maison de Pilate, ilplace «la maison d’Aline, à laquelle le Christ, pris parles Juifs à Gethsémani, fut d’abord conduit.» Près dela maison d’Anne, il signale «l’église de Sainte-Mariede Pamason (Pasmus Virginis sur le plan), où cettebienheureuse vierge tomba en syncope de douleur, envoyant son fils innocent porter sa croix.» Cf. Rongars, {iesta Dei per Francos, cap. x, p. 257. C’est ce qui estnettement marqué sur un plan du même auteur, tiréd’un manuscrit de Londres. Cf. Rôhricht, Marino Sanudosen. als Kartograph Palàstinas, dans la Zeitschriftdes Deutsclien Palàstina-Vereins, t. xxi, 1898, p. 84, pi. 4. À remarquer que la maison de Pilate estplacée en face de Notre-Dame du Spasme, du côté opposéde la rue, à l’angle de celle qui conduit à la portede Saint-Etienne. — Au xvie siècle, un pèlerin manceau, Greffln Affa*gart (1533-1534), décrit ainsi le Prétoire: - «Plus loing un peu (an delà du carrefour où il placeN.-D. du Spasme) est le prétoire de Pillate et aussi samaison en laquelle Jésus fut flagellé et couronné d’espines.Mays il est à noter que la mayson estoyt tellementsituée que l’une partie estoyt d’un costé de la rueet l’autre part de l’autre, en faczon qu’on povoyt aller

de l’une à l’autre par dessus une arche de pierre quitraversoyt la rue, faicte en manière degallerye… Après, l’on va à la maison de saincte Anne.» Cf. J. Chavanon, Relation déterre Sainte par Greffin Affa*gart, Paris, 1902, p. 95. Ici il n’y a plus de doute, l’emplacement duprétoire est bien marqué par l’arc de YEcce hom*o. —Au xviie siècle, Quaresmius (1616) le montre au nordouestde l’enceinte du Temple, près de la tour Antonia, et décrit longuement l’état des lieux. Cf. Quaresmius, Elucidalio Terrse Sanctse, Anvers, 1639, t. ii, lib. IV, cap. u. La tradition a continué sans interruption jusqu’ànos jours, et c’est là que les pèlerins cherchent lecommencement de la Voie douloureuse.

Si nous résumons, en dehors de toute hypothèse, lesenseignements de la tradition, nous arrivons donc auxrésultats suivants. Le prétoire, que saint Cyrille de Jérusalem, Catech., xiii, t. xxxiii, col. 820, déclare, au rve siècle, «réduit en solitude, par la puissance de celui quifut alors attaché à la Croix,» a, dès 333, son emplacementmarqué à droite de la voie qui "conduit de Sionà la porte de Naplouse, c’est-à-dire du sud au nord, eten bas, dans la vallée (du Tyropœon). Plus tard, il estindiqué par une église dite de Pilate, à laquelle ondescend en venant du saint Sépulcre, et qui se trouve surune ligne allant de l’ouest à l’est, vers la piscine Probatique.A cette église succède la basilique de Sainte-Sophie, que Théodose, (vers 530) place à peu près àmoitié chemin (quelle que soit la valeur de ses pas)entre la maison de Caïphe, sur le mont Sion, et la piscineprobatique, et qu’Antonin le Martyr montre devantles ruines du Temple de Salomon, à un endroit où l’eaucoule vers la fontaine de Siloé, c’est-à-dire le long dela vallée du Tyropœon. Après la destruction de la basilique, en 614, la tradition devient plus difficile à suivre; elle s’égare même au moment des croisades. Dèsle début de la guerre sainte, on constate la difficultéde retrouver l’emplacement du prétoire. Trompés peut-êtrepar une fausse lecture du texte évangélique: AdCaipham principeni sacerdotum in prsetorium, aulieu de a Caipha in prsetorium, Joa., xviii, 28 (cf. Tischendorf, Novum Testamentum grsece, édit. oct., Leipzig, 1869-1894, t. i, p. 932), et par certaines reliquestransportées de l’ancien prétoire sur le mont Sion, lespèlerins des XIIe et xme siècles ont souvent cherché surcette dernière colline le lieu de la flagellation, ducouronnement d’épines et de la condamnation de Jésus.Il est cependant juste de remarquer que, même au milieude ces fluctuations, les anciens jalons ne disparaissentpas complètement. Nous le voyons d’aprèsl’hégoumène russe, Daniel (1112 ou 1113), Théodoric(1172), certaines cartes topographiques de Jérusalem(1180) et Ernoul (vers 1231). Au xive siècle, MarinoSanuto maintient les mêmes lignes. Enfin la traditionse précise et se fixe à l’ancienne citadelle Antonia. Mais, il faut l’avouer, ce n’est qu’en des temps assez éloignésdes origines qu’elle se localise d’une façon aussi positive; les premiers témoins laissent le champ libre àdes recherches qui peuvent se poursuivre le long del’enceinte occidentale et septentrionale du Temple. Ilnous reste donc à voir si l’archéologie peut nous apporterquelque lumière, et à examiner les diverses théoriesémises sur la question.

4° Les hypothèses. — D’après les données de l’histoireet de la tradition que nous venons d’exposer, nous sommes en face de deux hypothèses générales: le Prétoire se trouvait ou à l’ouest, sur le mont Sion, ou à l’est, sur ou vers la colline du Temple. Cette.dernière, la plus importante, se subdivise en troisopinions, que nous aurons à étudier séparément.

a) lb prétoire au moxt swx. — Cette théorie, longtempsabandonnée, a été reprise de nos jours parKreyenbûhl, dans la Zeitschrift fur die neutestamentlicheWissenschaft, Giessen, t. iii, 1902.. p. 16 sq^L’au

teur s’appuie principalement sur l’histoire, rappelantl’exemple de Sabinus, gouverneur de Syrie, qui, pendantun séjour à Jérusalem, occupa le palais d’Hérode, et celui de Gessius Florus, dont nous avons parlé plushaut. Cf. Josèphe, Bell.jud., II, ii, 2; Ant. jud., XVII, ix, 3; Bell, jud., II, xiv, 8. Il cherche une confirmationde sa thèse dans le fait suivant, rapporté par l’historienjuif, Bell, jud.f II, ix, 4; Ant. jud., XVIII, iii, 2. Pilate, ayant employé l’argent du trésor sacré à laconstruction d’un aqueduc, souleva contre lui le peuple, qui, profitant de la venue du procurateur dans la villesainte, assiégea son tribunal, t’o j3f; | «.a, en poussant degrands cris. Prévoyant le tumulte, le gouverneur avait eusoin de mêler à la foule des soldats armés, mais vêtus àla manière du peuple, et leur avait enjoint de frapperles séditieux non avec le glaive, mais avec des bâtons.Sur un ordre qu’il donna du haut de son tribunal, laconsigne fut exécutée, et un grand nombre de Juifstombèrent sous les coups. Josèphe ne dit pas quel palaishabitait Pilate à ce moment-là, mais il paraît clair ànotre auteur que l’émeute ne put avoir lieu à PAntonia, où les soldats romains n’eussent pas laissé pénétrer lajnasse populaire; on ne saurait non plus placer lePt) [xx du procurateur sur la place du Temple, au-dessousde l’Antonia, d’où l’on descendait par des degrés. Il estvrai que la sédition soulevée à propos de saint Paul, Act., xxi-xxiii, éclata en cet endroit, et que le tribunmit l’Apôtre en sûreté dans la citadelle. Act., xxr, 34, 37; xxii, 24; xxiii, "10, 16, 32. Mais il n’est pas questionici du procurateur, qui à ce moment était à Césarée, et le théâtre de l’émeute est nettement caractérisépar la mention du Temple, du «camp», raips; j.60Xï], c’est-à-dire de la partie de la citadelle qui servait decaserne à la garnison romaine, et des degrés, «votêaS(not, par lesquels on y montait. Act., XXI, 35, 40. Dansle récit de Josèphe, au contraire, le soulèvement estdirigé contre le gouverneur. Il va sans dire que lepalais d’Hérode avait sa garnison comme l’Antonia, etque le procurateur y avait au moins sa garde du corps.Lors donc que saint Marc, xv, 16, parle de la cohorteconvoquée dans la cour du prétoire, pour prodiguerles outrages à Jésus, il ne saurait être question de lagarnison de l’Antonia, mais de celle du palais d’Hérodeou d’une partie de celle-ci, la garde du procurateur.Aussi les Synoptiques, dans l’exécution de la sentencecapitale, ne mentionnent-ils pas un -/iXi’ap-/oç ou tribun, comme les Actes, xxi-xxm, mais seulement un xïvtupiwv, centurion. Marc, xv, 39. La présence d’une garnisondans le palais royal explique peut-être l’expressionde saint Marc, xv, 16, i ttù.r, ô ètrriv irpatTtopiov; aùXi) seul ne pourrait s’appliquer à l’Antonia, qui étaitune forteresse. Sans doute celle-ci, avec ses magnificences, pouvait être assimilée à un château royal, mais, par destination, elle était surtout une forteresse, le çpouptov du Temple, comme le Temple était le çpoùpiovde la ville, suivant le mot de Josèphe, Bell, jud., V, v, 8; aussi l’historien juif la désigne-t-il régulièrementSOUS les noms de itOpyo; , Trup-josiÇ^; , tppoûpeov, non sous celui de a-JX^. Une ocjXyJ, c’est le palais dugrand-prêtre, Marc, , xiv, 54, ou de l’empereur, (jaat-Xtxï) aûXvj. Eusèbe, H. E., V, XX, 5. Josèphe lui-même, Bell, jud., Y, iv, 4, appelle le palais d’Hérode ^ toO(JaaiXéwç aOXrç. Contre cette théorie on a cherché à fairevaloir l’expression à’ie.Tie.itysi, employée par saint Luc, xxm, 7, à propos du renvoi de Jésus devant Hérode.Comme àvaTOinteo signifie «envoyer en haut, fairemonter», on en conclut que le palais d’Hérode Antipasétait à un niveau plus élevé que la demeure actuellede Pilate. Or, Antipas, pendant son séjour à Jérusalem, habitait le palais des Asmonéens, situé plus bas ducôté de la vallée de Tyropœon. Donc Pilate ne pouvaitoccuper le palais d’Hérode le Grand. M. Kreyenbùhrépond que le verbe àvansiiitEtv n’indique pas seulement la direction vers un lieu plus élevé, mais’encorevers une personne supérieure en dignité et en puissance.Cf. Act., xxv, 21, et que, Luc, xxiii, 11, 15, il amême le sens de «renvoyer».

Tels sont les arguments par lesquels on cherche àprouver que le Prétoire devait se trouver sur la collineoccidentale. Cette théorie a le grand inconvénient d’êtreabsolument contraire à la tradition. Nous avons vii, eneffet, que les témoignages les plus anciens et les plusauthentiques, jusqu’à l’époque des croisades, fixent nosregards du côté de la colline orientale, Le silence despremiers siècles jusqu’à l’an 333 n’est pas un obstacle, car, malgré les bouleversem*nts subis par Jérusalem, les chrétiens n’avaient pas perdu de vue les principauxpoints de la ville sanctifiés par Notre-Seigneur et devenusl’objet de leur vénération, et cette traditions’était transmise de génération en génération. Nousdisons les principaux points, parmi lesquels il fautbien compter le Prétoire de Pilate, sans vouloir approuverpour cela la précision rigoureuse que la traditiona donnée plus tard et donne encore aujourd’hui à certainsdétails des scènes évangéliques. Si, au momentdes croisades, les recherches se sont égarées du côtédu mont Sion, cette fausse piste est due à certainesméprises et, " du reste, n’a pas fait oublier la vraie.Quant aux arguments historiques qu’on apporte, ils nesont pas suffisants pour prouver que tous les procurateurs, et Pilate en particulier, aient habité le palaisd’Hérode. Pilate aurait sans doute pu l’occuper, etl’exemple de Gessius Florus rendrait ce séjour vraisemblable, s’il n’y avait plus de vraisemblance encoreà ce que, pendant les fêtes de la Pâque, en prévision destroubles, il n’eût choisi l’Antonia pour demeure. Lessoldats romains d’ailleurs n’eussent pas plus laissé lafoule envahir le palais de Sion que la citadelle, et laplace sur laquelle le procurateur établit son tribunal, sans être celle du Temple, pouvait être au-dessous del’Antonia, du côté de la ville. D’autre part, s’il n’estquestion que d’un centurion, Marc, xv, 39, il n’est pasnécessaire de ne voir dans la troupe qu’il commandaitque la petite garnison du palais occidental, ou la gardede Pilate; c’était un simple détachement de l’effectifplus nombreux de la citadelle. L’argument tiré de aiXïjest de nature à frapper davantage, mais le mot ne veutpas seulement dire «palais», il signifie également «cour». S’il a le premier sens dans certains passages, comme Matth., xxvi, 3, 58; Marc, xiv, 54, etc., il a lesecond dans d’autres, comme Matth., xxvi, 69; Marc, xiv, 66; Luc, xxii, 55. L’expression de Marc, xv, 16: ï| a-JXV), S èo-tiv Ttpauioptov, pourrait donc désigner lacour intérieure qui servait de prétoire. Cependant, M. van Vebber, Theologische Quartalsckrift, 1905, Heft II, «arrive, à la suite d’un raisonnement objectifet très serré, à ces deux équations: ta’HptiSou (3a<xi-Xeia= oîxc’a twv êmTpÔTtwv dans Philon, et tj aùXVî, Siattv itpatîfipiov de saint Marc =» | aûXi) 3a<nXot>î ou simplement «ûXioi que Josèphe applique uniquement aupalais d’Hérode élevé dans la ville haute, tandis quepour lui la forteresse du Temple n’est que l’Antonia, le çpti-jpiov ou le itûp-fo; . La distinction du Prétoire etde l’Antonia est d’ailleurs confirmée par d’autres passagesde Josèphe.» Cf. Revue biblique, 1905, p. 650. Ily aurait donc là un argument sérieux en faveur decette première théorie, si elle n’avait toute la traditioncontre elle. Quant à l’objection tirée de àvéire( «}’£ v i noussommes d’avis qu’il ne faut pas trop presser la significationétymologique du mot. Cette opinion est admisepar un certain nombre d’auteurs, entre autres parE. Schûrer, Geschichte des jùdischenyolkes im ZeitalterJesu Christi, Leipzig, 1901, t. i, p. 458, et dansRiehm, Handwôrterbuch des biblischen Altertums, Leipzig, 1884, t. ii, p. 1293. Elle est regardée commeprobable par G. T. Purves, dans le Dictionary of the

Bible de J. Hastings, Edimbourg, 1902, t. iv, p. 32, quicite en sa faveur Meyer, Winer, Alford, Edersheim etd’autres.

b) le prétoire et la colline orientale. — La traditionnous conduit plutôt du côté de la colline duTemple. Mais là, les opinions se partagent actuellementet cherchent le prétoire en trois points distincts.

1. L’Antonia. —C’est là, nous l’avons vii, que, depuisle xiiie siècle, les pèlerins ont coutume de vénérer lelieu sanctifié par les souffrances du Christ chez Pilate.On a même localisé en des points précis les différentesscènes: le couronnement d’épines, la flagellation, YEcce

qui le rendait facilement accessible à l’ennemi. Il fallutdonc, non seulement élever une tour de défense, maisencore séparer les deux collines par une tranchée. Or, voici ce que nous révèle l’exploration du terrain. Voirfig. 170. Au nord de l’ancienne enceinte, existait unevaste tranchée, taillée dans leroc (c), au fond de laquelleavait été creusé en outre un fossé large d’environdix mètres (d), destiné sans doute à défendre lesapproches d’un rempart élevé au nord du hiéron. Lacommunication entre le mont Bézétha et le montMoriahn’étant pas jugée suffisamment interrompue par cettecoupure, on en pratiqua une nouvelle vers le nord(E),

ÉcMIe

lin Mit.

Les chiffres indiquent les hauteurs en mètresau-dessus du niveau de /a mer.

t70. — Configuration du terrain au nord-ouest du Temple à l’avènement d’Hérode I".D’après le P. Barnabe, Le Prétoire de Pilote, p. 5.

hom*o, la condamnation à mort. La caserne turque actuelleétant regardée comme l’emplacement du Prétoire, c’est de là que part la Voie douloureuse. Cette opinion, attaquée de nos jours par plusieurs savants catholiques, a été défendue en particulier, avec ampleur et ardeur, par le P. Barnabe d’Alsace, Le Prétoire de Pilate et laforteresse Antonia, in-8°, Paris, 1902. II étudie laquestion au point de vue archéologique, historique ettraditionnel; cette question est trop importante pourque nous ne donnions un résumé des considérationsde l’auteur.

Au moyen de l’archéologie et de l’histoire, le P. Barnabea cherché d’abord à reconstituer le Prétoire, c’està-dire la forteresse Antonia, telle qu’elle devait être autemps de Notre-Seigneur. On sait que cette forteressese trouvait à l’angle nord-ouest de l’esplanade du Templeet avait succédé à l’antique Baris. Cf. Josèphe, Anf. jud., XV, xi, 4; XVIII, iv, 3. Elle était destinée à protéger dece côté l’enceinte sacrée; le mont Moriah, en effet, entourépartout ailleurs de ravins profonds, se rattachaitau nord à la masse rocheuse appelée mont Bézétha,

et on ne laissa subsister que le massif rocheux qui supportaitla tour Baris. Par suite de ce travail, le rochersur lequel est assise la caserne turque fut taillé à picsur toutes ses faces. Il forme, dans son ensemble, unbanc trapézoïde, long de 110 mètres, large de 40 enmoyenne, et, à l’ouest, une équerre dont la branche quiva du nord au sud n’a que 9 mètres de largeur. Du côtésud, l’escarpe de ce bloc immense a une hauteur maximade 10 mètres, tandis que, au nord, la taille perpendiculairen’a guère plus de 5 mètres. La contrescarpe, c’est-à-dire la coupure du mont Bézétha, a été retrouvéeà 70 mètres au nord du rocher Baris; elle se dirigede l’ouest à l’est, mais, à l’ouest, elle fait un coudecomme pour contourner en lignes parallèles le massifde la citadelle, et, dans l’église de YEcce hom*o, on voitle rocher taillé verticalement sur une hauteur de4 mètres. Cette coupure a en réalité 5 à 6 mètres dehauteur au-dessus du sol rocheux qui s’étend sousl’église, tandis que, au nord, la différence de niveauatteint environ 9 mètres. En creusant les premiers fondementsdu monastère des Daines de Sion, on a dé

couvert également une ancienne piscine, taillée dansle roc, divisée en deux branches parallèles, qui sedirigent du nord-ouest au sud-est; elle s’enfonce légèrementsous le rocher Baris, à l’angle nord-ouest.

Tel était le terrain sur lequel Hérode bâtit l’Antonia.Mais il n’en fit pas seulement une forteresse, il voulutaussi s’y ménager un palais, avec péristyles, salles debains et vastes cours. Cf. Josèphe, Bell, jud., V, v, 8.Pour cela, il dut nécessairement élargir la citadelle deBaris, trop étroite pour porter les nouveaux monuments.Ne pouvant, d’après le P. Barnabe, l’agrandirdu côté du sud, il l’étendit des autres côtés, et principalementsur le plateau artificiel taillé au nord.L’Antonia formait ainsi un vasle quadrilatère, enfermantdans son enceinte le rocher de Baris, qu’il dépassait.Voir fig. 171. Quatre grosses tours, reliées par des

où se rendait la justice, lorsque le procurateur y habitait, en un mot le prétoire, r| aux*), 8 iaxiv jrpatT<ipiov, suivant l’expression de Marc, xv, 16. Le Lithostrotosformait la cour inférieure et extérieure. Quoique situéà cinq mètres en contre-bas de la cour intérieure, iln’en justifierait pas moins son autre nom de Gabbathaou «élevé» par sa position dominante; car il est placéau sommet d’une crête rocheuse, à laquelle montentdeux chemins, l’un de l’est, l’autre de l’ouest. La flagellation, d’après le P. Barnabe, p. 93, aurait eu lieuen dehors du Prétoire, comme aussi en dehors du Lithostrotos, dans le lieu spécialement destiné à ce genrede supplice. Ajoutons enfin que deux escaliers descendaient, du côté du sud, sur l’esplanade du Temple, pour permettre à la troupe de réprimer les premiersmouvements séditieux. D’autre part, le P. Barnabe,

l-^-^J: ManirS/

171. - La citadelle Antonia. D’après le P. Barnabe, Le Prétoire, p. 29.

portiques, le flanquaient aux quatre coins; un fossé, dont le Birket Israil est considéré comme le terminus, le séparait du mont Bézétha. Une porte monumentaleà trois baies s’ouvrait vers la ville, du côté de l’ouest.Cette porte ne serait autre que l’arc de YEcce hom*o, qui, comme on le sait, se compose d’un grand arc enplein cintre, à cheval sur la rue, et d’une arcade pluspetite, qui se trouve dans l’église des Dames de Sion, et dont le pendant ou collatéral sud a complètementdisparu. Voir Jérusalem, t. iii, col. 1342. Le P. Barnabele compare à la porte monumentale d’un camp prétorien.En avant et au delà, s’étendait un beau pavement, qu’on a mis à découvert à un ou deux mètres au-dessousdu niveau de la rue, et qui se continue jusque dansl’enclos de la Flagellation. Il est formé de grandesdalles de pierre très dure, dont l’épaisseur varie entre35 et 45 centimètres; devant et derrière l’arc, elles sontstriées par des cannelures transversales. Ce serait leLithostrotos. Trois escaliers descendent au fond de lapiscine. La résidence royale, par là même le palais duprocurateur se trouvait sur le rocher Baris, dominanttoute l’enceinte dn Temple; on y accédait du Lithostrotospar un escalier, la Scala Santa de Borne. C’estlà, an milieu des bâtiments qui constituaient le palais, que devait être l’atrium intérieur, la cour principale

p. 56-77, au lieu de rattacher la seconde enceinte deJérusalem à l’angle nord-ouest de l’esplanade duTemple, la fait passer au nord des constructions dontnous venons de parler et la ramène à l’angle nord-est(fig. 5, p. 16). Après avoir ainsi reconstitué l’Antonia, il avoue, p. 85, que l’histoire ne fournit aucun argumentpéremptoire pour y placer le Prétoire de Pilate; il y a simplement une très grande probabilité pourque, pendant les fêtes de la Pâque, le procurateur aitpréféré la citadelle au palais du mont Sion. Ce dernierse trouvait éloigné du Temple et de la caserne principaleoù les troupes se tenaient concentrées, ce quidevait paralyser tout commandement prompt et rapide, qu’auraient nécessité les circonstances (p. 84).

Le P. Barnabe cherche à faire valoir en sa faveur lespremiers témoignages traditionnels. Ainsi, en ce quiconcerne le pèlerin de Bordeaux, il reconnaît bien (p. 141)que «les mots en bas, dans la vallée, désignent évidemmentce qu’on appelle aujourd’hui VEl-Wad, la ruedu Vallon, rue qui suit un moment la Voie douloureuse». Mais on aurait mauvaise grâce à demander auxanciens pèlerins une précision mathématique. Et puis, d’après M. de Vogué, il ne faut pas prendre à la lettreles expressions deorsum in valle, et conclure que, pourle pèlerin de Bordeaux, le Prétoire était dans le val du

Tyropœon; le mont Sion domine beaucoup le Sérailactuel, qui, vu du haut, est sur un plan inférieur etparait, pour ainsi dire, dans une vallée. Au ive siècle, du reste, le fond du vallon s’étendait vers la forteresseAntonia un peu plus qu’aujourd’hui, comme l’indiquela mosaïque trouvée dans l’église de Notre-Dame duSpasme, et qui est à une centaine de pas seulement del’arc Ecce hom*o, à six ou sept mètres au-dessous dupied de l’arc. L’expression «descendit», qu’on rencontredans l’itinéraire de Pierre l’Ibère, est parfaitementjustifiée, au dire de M. Clermont-Ganneau, Recueild’archéologie orientale, Paris, 1900, t. iii, p. 229, lacote d’altitude du parvis de l’église du Saint-Sépulcreétant de 2479 pieds anglais (755 mètres) et celle de laVoie douloureuse, à l’angle nord-ouest de la caserne, étant de 2448 (745 mètres). Quant aux chiffres de Théodose, il faut absolument s’en passer, tant ils sont sujetsà caution. Les deux points suivants seuls sont à considérer: 1° Le pèlerin nous conduit au Prétoire en serendant à la piscine probatique et à l’église de Sainte-Marie; 2° près du Prétoire, est creusée la fosse danslaquelle fut jeté le prophète Jérémie; or la tradition apersisté à placer cette fosse au nord-est du Temple, dans le quartier qui renferme l’église de Sainte-Marieou Sainte-Anne; donc le Prétoire était non loin de cedernier édifice. Enfin Antonin de Plaisance rencontrele Prétoire près du portique de ZSalomon, au-devantdes ruines du Temple. «Or, comme Ponce Pilate n’aabsolument pas pu établir sa résidence et celle de sacohorte païenne, ni sur la plate-forme du Temple, niau pied du mur de l’enceinte sacrée, saint Antonin neput trouver la basilique de Sainte-Sophie qu’à l’autreextrémité du hiéron, au nord, à l’emplacement de laforteresse Antonia. ï Et en effet «les ruines du templede Salomon ne furent jamais montrées au pied du murd’enceinte, qui a une hauteur énorme sur trois de sescôtés, mais bien sur la plate-forme elle-même, et cen’est qu’au nord que le rocher de Baris se dressait enavant des ruines du temple. Quant au portique de Salomon, nous avons déjà vu que saint Willibald en indiqueles ruines non loin de la piscine probatique». Barnabe, op. cit., p. 153, 154. Inutile d’aller plus loin; tout lemonde concède que dans les sept derniers siècles latradition de l’Antonia l’emporte.

Il est certain que l’opinion qui vient d’être exposée aquelque chose de séduisant; elle semble reconstruirel’antique Prétoire d’une manière si naturelle, si conforméen apparence à l’histoire et à l’archéologie, queles scènes évangéliques y revivent d’elles-mêmes. Elledonne tant de satisfaction à la piété traditionnelle, quidepuis longtemps cherche à l’Antonia et dans les environsl’émotion des plus douloureux souvenirs, qu’on lavoudrait absolument certaine. Et pourtant, il fautl’avouer, elle souflre bien des difficultés. Autant le Golgothaet le Saint-Sépulcre, malgré quelques attaquessans importance, sont des points absolument acquisdans la topographie de la Passion, autant le Prétoirereste encore soumis à des incertitudes^ Le P. Barnabelui-même, p. 132, ne donne à sa conclusion qu’un sensnégatif, lorsqu’il dit: «Par l’étude du terrain, nouscroyons avoir bien clairement démontré que ni l’ÉcritureSainte, ni l’histoire, ni l’archéologie ou les découvertesmodernes ne s’opposent d’aucune façon à l’existencedu prétoire de Pilate dans la forteresse Antonia: bien au contraire.» Est-il bien vrai même que la vieillecitadelle a pu servir de Prétoire? Plusieurs en doutent.

On nous dit d’abord qu’Hérode ne pouvait étendrel’Antonia du côté du sud, parce qu’il avait déjà prolongéle hiéron jusqu’au rocher de Baris. C’est une assertionque n’admettent pas de bons archéologues, etM. deVogué, en" particulier, ne l’a pas compris ainsi. Voir Temple.Mais le plus grave est de porter les agrandissem*ntsjusque dans la coupure artificielle qui séparait le Bézéthà

du Moriah. Il semble de prime abord qu’elle était destinéeà servir de fossé, à rendre la citadelle plus inaccessiblede ce côté. Josèphe lui-même rapporte, Bell.jud., V, v, 8, que l’Antonia était assise sur un rocher «escarpé de tous côtés, ropcxprinvou Si. nâarn, revêtudu haut en bas de pierres polies, pour l’embellissem*ntde l’édifice, mais aussi pour faire glisser quiconqueaurait voulu monter ou descendre». Quelle eût’étél’utilité de cette muraille septentrionale, si on la supposeprécédée d’autres constructions et munie d’un escalierqui eût relié les appartements supérieurs aux coursinférieures? Cette coupure n’est-elle pas le fossé profonddont parle Josèphe, Bell, jud., V, iv, 2, «creuséà dessein» pour que les fondements de l’Antonia fussentmoins accessibles et plus hauts’Même en admettant lareconstitution proposée par l’auteur, on se demandecomment la concilier avec la direction de la secondeenceinte de Jérusalem. Nofus reconnaissons que cetteseconde ligne de fortifications est hypothétique en plusieurspoints, mais ses deux points d’attache sont certains, puisque Josèphe, Bell, jud., V, iv, 2, nous ditqu’elle partait de la porte Gennath et se prolongeait «jusqu’à l’Antonia». Voir Jérusalem, t. iii, col. 1360.Il est donc tout naturel de croire que, venant de l’ouest, elle allait buter contre la paroi occidentale de la forteresse, c’est-à-dire contre son angle nord-ouest. Ce quiconfirme cette supposition, c’est la direction même dela contrescarpe, qui, descendant du nord au sud, fait, en face de l’arc de VEcce hom*o, un détour à angledroit et s’en va du côté de l’ouest, le long de la Voiedouloureuse. Cette dernière ligne semble donc bienindiquer celle que suivait le fossé et, par conséquent, le mur de la seconde enceinte. Mais, s’il en est ainsi, la porte monumentale dont on décore l’Antonia se trouvaiten dehors des murs et donnait sur le fossé, ce quiest inadmissible. Le P. Barnabe (fig. 5, p. 16) remédieà cet inconvénient en conduisant «la ligne supposéede la deuxième enceinte» par-dessus le mont Bézéthaet la faisant aboutir à l’angle nord-est de l’enceinte duTemple. C’est se mettre en opposition absolue avecJosèphe, puis à quoi aurait servi cette muraille bâtieen plein sur le mont Bézétha? Il eût donc fallu unsecond fossé pour la défendre. D’autre part, le mêmeauteur (p. 41) avoue que des archéologues distingués, comme MM. de Vogué et de Saulcy, après avoir crureconnaître dans l’arc Ecce hom*o un monument hérodien, un débris du palais de Pilate, ont fini par émettredes doutes et lui assigner une date postérieure à laPassion de Notre-Seigneur. D’ailleurs, si ses débrisavaient subsisté, ils eussent été des indices suffisantsde l’emplacement de l’antique Prétoire. Comment sefait-il alors que la plus ancienne tradition n’en parlepas? Il va sans dire que le pavement de pierres ouLithostrotos doit subir les incertitudes qui se rattachentà l’arc. Il y aurait encore bien des objections de détail; celles que nous venons de faire montrent assez lesdéfauts de la reconstitution archéologique. Au point devue historique, nous avons vu qu’il est très difficile, sinon impossible, d’avoir des données certaines, permettantd’affirmer qu’un des procurateurs ait résidé àl’Antonia.

La tradition elle-même fait bien entendre quelquesprotestations contre l’usage qu’on en fait. Sans exigertrop de précision des anciens pèlerins, et, en donnantà ces mots: deorsum in valle toute la latitude possible, il est difficile de les appliquer à l’Antonia, même vuede Sion, puisqu’elle se trouvait sur la partie la plusélevée du mont Moriah. Il en est de même de l’expression «descendit» de Pierre l’Ibère; sans rechercherl’endroit précis où sont prises les cotes, il est peunaturel de dire, en partant du Saint-Sépulcre, qu’on «descend» à la caserne turque. Quant à Théodose, ilest sans doute inutile dediscuter la valeur de ses pas;

mais ce qui ressort de son témoignage; c’est que lePrétoire était à peu près à égale distance de Siloé etde la pis.cine probatique. Or, l’Antonia est de beaucoupplus près de cette dernière. Antonin le Martyr place lePrétoire «devant les ruines du Temple de Salomon», à l’endroit où «l’eau coule vers la fontaine de Siloé, près du portique de Salomon.» Cette eau qui couledans la direction de Siloé semble bien être celle quisuit la pente naturelle duTyropœon, le long de l’enceintedu Temple. Le nom de «portique de Salomon» n’estdonc pas à prendre ici dans son sens historique, commeindiquant l’est du Temple, mais dans un sens généralque le pèlerin donne aux restes salomoniens de l’édificesacré.

2. Le Terrain des Arménien» catholiques. — Uneseconde opinion, qui s’appuie également sur les donnéesévangélîques, traditionnelles et archéologiques, se rapprochede la précédente en ce sens qu’elle place le

172. — Plan de l’église inférieure de Notre-Dame du Spasme.

D’après Macalister, dans le Palestine Exploration

Fund, Quarterly Statement, 1902, p. 122.

Prétoire dans une certaine dépendance de l’Antonia, mais elle s’en écarte en le mettant à l’ouest, du côtéde la vallée du Tyropœon. Le terrain de cet emplacementest situé entre la Voie douloureuse au nord, la rue de la Vallée à l’ouest, une rue qui va versl’esplanade du Temple au sud, et le couvent desderviches à l’est; il appartient aux Arméniens catholiques.On y a découvert les ruines d’un sanctuairebyzantin, (fig. 172) dont l’abside méridionale conserveune curieuse mosaïque, représentant deux sandales(fig. 173). Cette figure, d’après l’interprétation courante, marque l’endroit où se tenait la Sainte Vierge lorsqu’ellerencontra son divin, Fils marchant au supplice; d’oùNotre-Dame du Spasme, signalée par d’anciens pèlerins.Une autre explication y voit le lieu où Jésus sereposa sur le chemin du Calvaire; d’où «le moustierc’on apeloit le Repos», dont parle Ernoul. Mais lespartisans de cette seconde hypothèse veulent y retrouverla place qu’occupait Notre-Seigneur, la Sagesseincréée, lorsqu’il fut condamné par Pilate. Nous aurionsainsi l’emplacement exact de l’ancienne église deSainte-Sophie, et par conséquent du Prétoire. Lesraisons mises en avant sont les suivantes. La mosaïqueest très ancienne, comme le prouvent les monnaiesbyzantines, les seules trouvées dans les environs aumoment des fouilles en 1883. D’après M. Macalister,

Palestine Exploration Fund, Quart. St. t 1902, p. 123, elle est plus ancienne que l’église elle-même. Elle n’apas été faite pour servir d’ornement à l’église, maispour consacrer un culte religieux, car elle était renferméedans une partie de l’édifice où elle ne pouvaitêtre profanée. Elle fixe donc un souvenir relatif à bjSainte Vierge ou à Notre-Seigneur. Or, il n’est pas questiond’un sanctuaire de Notre-Dame du Spasme avant lexme siècle, et ceux qui en parlent ne mentionnent pasla mosaïque aux deux sandales. L’endroit d’ailleurs esttrop éloigné de la Voie douloureuse pour avoir pu êtrele point de rencontre de Jésus avec sa Mère. Dès l’an570, au contraire, Antonin de Plaisance déclare avoirvénéré l’empreinte des pieds du Sauveur dans la basiliquede Sainte Sophie. C’est donc bien la même basilique, tombée dans l’oubli depuis l’invasion persane, qu’on aurait retrouvée surle terrain arménien, «enbas, dans la vallée, s selon les indications du Pèlerinde Bordeaux concernant le Prétoire, «devant les ruinesdu Temple de Salomon», à l’endroit où «l’eau coulevers la fontaine de Siloé,» selon Antonin de Plaisance,

173. — La mosaïque de N.-D. du Spasine, ibid., p. 124.

Le Prétoire se trouvait ainsi au pied de l’Antonia, ducôté de l’ouest, près d’une porte conduisant de la forteresseà la ville. Ces données semblent confirmées parle plan de Jérusalem, tel qu’il apparaît sur la mosaïquede Madaba. En suivant, en effet, comme le Pèlerin deBordeaux, la grande colonnade qui va du sud au nordet aboutit à la porte napolitaine, marquée par unebelle place, avec une colonne, on rencontre à droite, presque en face de la basilique du Saint-Sépulcre àgauche, un peu plus loin cependant vers le nord-est, une église placée dans la direction de la r^e qui conduità la porte de l’est. La rue qui la borde à l’est n’ade colonnes que d’un côté; c’est un portique, et l’onpeut y voir le portique de Salomon dont parle Antoninet le long duquel les eaux descendent à Siloé. Plusloin, près de la porte de l’est, se trouve une autre église, qui est celle du paralytique ou de Sainte-Marie, aujourd’hui Sainte-Anne, Cf. M. J. Lagrange, Jérusalemd’après la mosaïque de Madaba, dans la Revue biblique, Paris, 1897, p. 455-457. — Cette seconde opinion aété défendue de nos jours par E. Zaccaria, dans le Nuovobullettino di archeologia mstiana, Rome, mars 1900 etmars 1901; et C. Mommert, Dos Prâtorium des Pilatus, Leipzig, 1903. Il est sûr qu’elle répond bien à la traditiondes plus anciens pèlerins, à la situation présuméede l’antique basilique de Sainte-Sophie; Mais on peut sedemander comment elle rattache le Prétoire à la forteresseAntonia, comment elle concilie cet emplacementavec la direction de la seconde enceinte de Jérusalem.

3. Le Mehhéméh. — Le Mehkéméh, qui servaitautrefois de tribunal, est une grande salle que l’onrencontre près d’une des portes occidentales du Haramesch-Schérif, appelée Bâb esSilsilék ou «Porte de laChaîne». Voir le plan de Jérusalem moderne, t. iii, col. 1344. Etabli sur de vieilles substructions, cet édificen’est pas antérieur au xve siècle. C’est là qu’unetroisième opinion cherche le Prétoire. Au temps deNotre-Seigneur, l’emplacement était occupé par laCurie ou salle du Conseil, PouXti, que Josèphe, Bell, jud., V, iv, 2, nous montre contiguë au mur dela première enceinte, qui, descendant du palais d’Hérode, venait en cet endroit rejoindre l’esplanade du Temple.Voir le plan de Jérusalem ancienne, t. iii, col. 1355.Au sud, se trouvait le Xyste, large place entourée deportiques, qui était reliée au Temple par un pont àarcades superposées. Un palais le surplombait à l’ouest, celui des Asmonéens, alors la propriété.des Hérode. «Les données de l’Evangile, disent les Professeurs deNoire-Dame de France, La Palestine, Paris, 1904, p. 103, s’adaptent parfaitement à ce cadre: La place du Xysteétait le lieu des rassemblements publics, une sorted’agora ou de forum comme on le constate particulièrementlors de la révolte juive en 66. Rien de plusvraisemblable que de voir Pilate y dresser son tribunaldevant la foule assemblée. Il faisait ainsi à Césarée.Le palais où eut lieu l’instruction secrète du procèsserait assez naturellement la Curie. Les accusateurs deNotre-Seigneur n’y enlrent pas pour ne pas se souillerla veille de la Pâque, et Pilate vient dehors entendreleurs dépositions. Les sanhédrites répondent du milieude la foule qui se tenait sur la place. Celte place étaitsans doute dallée et peut-être surélevée à l’endroit oùs’élevait l’estrade du tribunal; c’est le sens des deuxmots Lithostrotos et Gabatha de saint Jean, xix, 13.La résidence d’Hérode Antipas, ancien palais desAsmonéens, était toute voisine, et explique parfaitementle rapide envoi de Jésus du Prétoire à Hérode en cettelugubre matinée. Quant au chemin suivi pour aller auCalvaire, on dut, en partant du Xysle, franchir toutd’abord la première enceinte à la porte dite de l’Angle, voisine de la Curie; puis entrer dans le faubourg neufenclavé entre les deux murs, et enfin, du fond de lavallée, ’gravir la pente de la colline occidentale jusqu’àla porte qui s’ouvrait près du Golgotha, dans le quartieroù s’élève l’hospice des Nobles russes. La Voiedouloureuse, ainsi reconstituée, monterait donc de lavallée parallèlement au tronçon du chemin de croixactuel qui va de la Ve à la IXe station. Elle se tiendraitconslamment plus au sud. Mais ce parcours du Prétoireau Calvaire ne fut pas vénéré parla dévotion du cheminde la Croix tant que dura la tradition primitive; dumoins, rien nel’indique.» C’est donc sur l’emplacementdu Mehkéméh qu’aurait été l’antique basilique deSainte-Sophie. Aujourd’hui, il est vrai, rien n’attestematériellement dans l’endroit présumé l’existence antérieurede cet édifice. On y a cependant découvert, il y a quelques années, dans le mur d’une maison, unepierre sur laquelle on a pu lire, gravé au-dessous d’unecroix grecque, le mot 2]oçia; . Cette pierre, bien quedéplacée, paraît avoir appartenu à l’église dédiée à ladivine Sagesse. Cf. Germer-Durand, Epigraphie chrétiennede Jérusalem, dans la Revue biblique, 1892, p. 584. Cette hypothèse, ajoute-t-on, est confirmée parla tradition, qui est avant tout celle des premiers siècles.Elle place, en effet, le palais de Pilate «en bas, dans lavallée» du Tyropœon, près c des ruines du Temple»; aupoint où «la vallée commence à s’abaisser vers Siloé»; dans le «voisinage de l’église Sainte-Marie-la Neuve» (la Présentation) et des «hotelleries^bâties au centre de laville"»; enfin à «égale distance de Sainte-Anne et de lapiscine de Siloé,» distance qui est «double pour aller duprétoire à Saint-Élienne.» Telle est l’opinion adoptée

par les Professeurs de Notre-Dame de France dans leurguide de La Palestine, p. 99-103, et par le P. Zanecchia, La Palestine d’aujourd’hui, trad. Dorangeon, Paris, 1899, t. i, p, 349-359. Il est certain que la tradition primitive, dans son ensemble, peut s’appliquer au pointen question; il serait cependant permis d’hésiter surle texle du Pèlerin de Bordeaux, pris à la rigueur.D’autre part, on avouera que la pierre portant le motSo^iaç est, à elle seule, un faible indice archéologique, puisqu’on ne sait d’où elle provient; il en serait toutautrement si elle avait été trouvée in situ dans quelquevieux pan de muraille. Au point de vue historique, onse demande pourquoi Pilate choisit la Curie pour prétoire.A cause du Xyste, lieu des rassemblementspublics, répond-on. Mais ce n’est pas Pilate qui suivitla foule, c’est la foule qui vint le trouver à sa demeureofficielle, et il y avait devant les palais qu’il pouvaitoccuper des places suffisantes pour contenir la populacejuive et ses meneurs acharnés contre Jésus. La proximitédu palais des Asmonéens n’est pas non plus uneraison bien déterminante. Les données évangéliquespeuvent donc, croyons-nous, s’adapter aussi parfaitementà un autre cadre. M. Léonide Guyo, Le Prétoire, dans la Revue auguslinienne, 15 décembre 1903, p. 501513, combat bien cette théorie du Mehhéméh; mais ila tort, croyons-nous, de placer le Prétoire au palais desAsmonéens, ce qu’il est difficile d’accorder avec latradition primitive.

5° Conclusion. — Tels sont les éléments essentielsdu problème. Complexe et difficile., il n’a pas encore, on le voit, reçu de solution définitive. L’histoire seulelaisse le choix entre le palais d’Hérode et l’Antonia.L’archéologie n’a que des indices insuffisants. La traditionreste donc notre guide principal, mais un guidedont les fils conducteurs ont besoin d’être démêlés etramenés à certaine unité de direction. Or, nous avonsà distinguer ici entre la tradition primitive et la traditionrécente. Cette dernière dirige incontestablementnos pas du côté de l’Antonia. Mais quelle est son origine?En remontant son cours, on finit par perdre sestraces. On aura beau accumuler les textes et les autorités, on ne pourra lui donner la force qui s’atlache àun témoignage primordial, authentique, que l’on suitsans interruption à travers les siècles. La tradition primilive, moins riche, est, on le conçoit, bien autrementimportante; c’est la seule qui ait une valeur historique."Mais là encore, les textes ont leur latitude; il est soutientfacile de les étendre à tel ou tel point, dans unedirection déterminée, et c’est ainsi, nous l’avons vii, que chacune des opinions exposées cherche à les revendiqueren sa faveur. Chaque texte n’est qu’une voix dela tradition; écouter l’une plutôt que I’aulre serait s’exposerà faire fausseroute. La vraie méthode scientifiqueconsiste à suivre, autant qu’on le peul, la résultanteharmonique de ces voix, ou, si l’on aime mieux, l’orientationgénérale tracée par les fils conducteurs. Or, onpeut remarquer chez les plus anciens témoins unedouble tendance: celle de placer le Prétoire dans unlieu bas, et celle de le mettre en relation avec la Piscineprobatique. S’il n’est pas à l’Antonia, c’est donc au-dessous, le long de la vallée du Tyropœon qu’il faudrait lechercher. Il serait sans doute plus consolant pour notrepiété de reconnaître avec certitude dans les sanctuairesactuels, depuis longtemps en vénération à Jérusalem, les lieux témoins des souffrances de Notre-Seigneur audébut de la Voie douloureuse. Mais la vérité scientifiquea des droits que la piété bien entendue ne peut méconnaître.Le débat dont il s’agit n’est ni une affaire desentiment ni une question de rivalité entre sanctuaires.Mettre en doute l’authenticité de tel ou tel d’entre ceuxcin’est poinl faire œuvre de démolition sacrilège. C’est, au contraire, rendre service à la foi chrétienne que dechercher en toute sincérité, sans parti pris ni animo

site contre personne, la vérité sur nos Lieux Saints.Attendons que quelque heureuse trouvaille historique, épigraphique ou archéologique, la fasse éclater à nosyeux.

6° Bibliographie, — Sans remonter jusqu’à T. Tobler, Topographie von Jérusalem, Berlin, 1853, t. i, p. 220230, nous nous contentons de rappeler ici les dernierstravaux sur la question: Barnabe d’Alsace, Le Prétoirede Pilate et la forteresse Antonia, in-8°, Paris, 1902; C. Mommert, Das Prâtorium des Pilatus, in-8°, Leipzig, 1903; G. Marta, La questione del Pretorio di Pilato, in-8, Jérusalem, 1905; D. Zanecchia, La Palestined’aujourd’hui, Paris, 1899, t. i, p. 349-359; Professeursde Notre-Dame de France, La Palestine, Paris, 1904, p. 99-107. Outre les articles de revues, comme ceux deKreyenbûhl et de Zaccaria, mentionnés dans notre étude, nous signalerons: J. Arb-Arétas, Question de topographiepalestinienne: l’authenticité du Prétoire etdu Chemin delà Croiæ, dans L’Université catholique, Lyon, 15 septembre 1903, p. 52-74; Léonide Guyo, LePrétoire, dans la Revue augustinienne, Louvain et Paris, 15 décembre 1903, p. 501-513.

II. Dans les Actes des Apôtres, — Les Actes, xxiii, 35, nous apprennent que saint Paul fut amené de Jérusalemà Césarée, devant le gouverneur Félix. Celui-ci, en attendant l’arrivée des accusateurs de l’apôtre, «ordonnade le garder dans le prétoire d’Hérode,:» ev x<àixpatTwpt’o) toû’HpwSou. Il s’agit évidemment ici du palaisbâti par Hérode le Grand et qui servait alors derésidence aux procurateurs romains. Voir Césarée du

    1. BORD DE LA MER##

BORD DE LA MER, t. II, Col. 456.

III. Dans l’épItre aux Philippiens. — Il n’est pas sifacile de préciser le sens du mot «prétoire» dans cepassage de l’Épître aux Philippiens, i, 13, où saint Pauldit que «ses chaînes sont devenues manifestes dans leChrist dans tout le prétoire», i-jHlti> t» npauioséu), ^; ’est-à-dire que là on le regarde non comme un prisonniervulgaire, mais comme un chrétien, un apôtre incarcérépour Jésus-Christ. Quelques commentateursanciens et modernes ont voulu voir ici le palais de César, à Rome, parce que plus loin, iv, 22, il est questiondes chrétiens qui sont «de la maison de César». Maisil n’y a pas d’exemple de l’application de ce terme «prétoire» à la résidence de l’empereur à Rome. Aussi, plus communément, on l’entend de la caserne des prétoriens, castra prsetorianorvm, bâtie par Tibère. SousAuguste, trois cohortes prétoriennes seulement, sur lesneuf qui furent alors créées, étaient logées à Rome dansdifférents quartiers, mais sans campement fixe; lesautres étaient disséminées en Italie, dans les diversesrésidences impériales. Tibère les réunit toutes dans unseul camp, au nord-est de la ville Cf. R. Cagnat, Prsetorisecohortes, dans le Dictionnaire des antiquitésgrecques et romaines de Daremberg et Saglio, t. vii, p. 632. Cependant Conybeare et Howson, The Life andEpistles of St. Paul, Londres, 1853, t. ii, p. 428, pensent, à la suite de Wieseler, qu’il s’agit plutôt de la casernede cette partie de la garde prétorienne qui étaitau service immédiat de l’empereur, sur le Palatin.D’autre part, il faut remarquer que icpaiTcoptov désigneici les personnes, c’est-à-dire la garde prétorienne, plutôt que le local lui-même. C’est ce qui ressort ducontexte et du membre de phrase suivant: xa toî; Xofiioïç TtStriv, Xotiré; , dans le Nouveau Testament, nes’appliquant jamais à un lieu. C’est donc auprès desprétoriens et de beaucoup d’autres personnes que leschaînes de Paul étaient une sorte de prédication et rendaientcélèbre le prisonnier du Christ. Telle est l’interprétationprésentée par la plupart des commentateurs, an sujet du mot i prétoire», depuis la fameuse contre-.verse à laquelle il donna lieu, à la fin du xiii 6 siècle, entre Huber et Perizonius. Mais, de nos jours, unenouvelle explication a été proposée par Mommsen, Sitzungber. der kônig. prevss. Acad. der Wissensch., 1895, p. 495 et suiv. Ce savant regarde comme peu probableque saint Paul ait été confié à la garde prétorienne. Ilcroit plutôt que le centurion Jules, qui amena l’apôtreà Rome, appartenait au corps des milites frumentariiou peregrini. On nommait ainsi les soldats chargés d’assurerl’alimentation en blé des troupes, particulièrementceux qui composaient ou escortaient les convois.Mais ce terme prit, à l’époque impériale, une valeurtoute différente, par suite du changement ou plutôt del’extension des fonctions réservées aux frumentarii.Le service des vivres légionnaires était le moindre deleurs emplois. De tous les textes que l’on possède, ilsemble bien résulter que ces soldats étaient, avant tout, des agents de police, aussi bien à Rome qu’en Italie etdans les provinces. On voit, en effet, que le préfet duprétoire s’adresse à eux pour opérer des arrestationset l’empereur pour faire surveiller ceux qu’il juge dangereux.Dans les légions, outre leurs fonctions de frumentariiou approvisionneurs, ils devaient avoir unrôle de policiers, analogue à celui qui est réservé à lagendarmerie dans nos corps d’armée. Le nom de peregrinileur vint de ce que, appartenant à différentes légionsprovinciales, ils pouvaient être et étaient regardéscomme des pérégrins, non point à cause de leur étatcivil, puisqu’ils étaient citoyens romains, mais à causede leur origine extra-italique. On trouve à la tête de cecorps, et sous le commandement suprême du préfet duprétoire, un princeps peregrinorum et des centurionesfrumentarii ou frumentariorum. Cf. R. Cagnat, Frumentarius, dans le Dict, des antiquités grecques etromaines, t. iv, p. 1348. Il est donc probable que Juleslivra son prisonnier au princeps peregrinorum, dontla caserne, castra peregrinorum, était déjà sans doute, comme elle le fut plus tard, sur le mont Cœlius. Maisc’est devant le préfet du prétoire et ses assistants quel’apôtre comparut, et c’est ce tribunal qu’il mentionne

dans l’Épître aux Philippiens.

A. Legendre.

    1. PRÊTRE##

PRÊTRE (hébreu: kohên, kômér, Septante: îepeijç; Vulgate: sacerdos), celui qui est spécialement consacréà l’exercice du culte divin. Deut., x, 8; xviii, 7. Le motkômér (kdmiru dans les lettres de Tell-el-Amarna), seprend dans un sens méprisant pour désigner les prêtresdes idoles. IV Reg., xxiii, 5; Ose., , x, 5; Soph., i, 4. Leprêtre est appelé mal’âk, «envoyé» ou «ange», dansdeux passages. Eccle., v, 5; Mal., ii, 7. Le nom de mdgest celui des prêtres de Perse et de Médie. Voir Mage, t. iv, col. 543.

I. Sacerdoce patriarcal. — À l’origine, le chef defamille remplit lui-même les fonctions sacerdotales et, au nom de tous ceux qui dépendent de lui, offre à Dieuses hommages et ses sacrifices. Ainsi agissent Noé, Gen., viii, 20, Abraham, Gen., xii, 8; xv, 8-17; xviii, 23; Isaac, Gen., xxvi, 25; Jacob, xxxiii, 20, etc. An tempsd’Abraham, Melchisédech, roi de Salem, est prêtre duTrès-Haut. Gen., xiv, 18, Jéthro, beau-père de Moïse, est prêtre deMadian et adore le vrai Dieu. Exod., ii, 16; m, 1. Voir Jéthro, t. iii, col. 1522. Job offre lui-mêmeses holocaustes au Seigneur pour la purification de sesfils. Job, i, 5. Les Hébreux, pendant leur séjour enEgypte, ne connurent que ce sacerdoce patriarcal. Euxmêmesdemandent à aller offrir leurs sacrifices au désert, Exod., v, 1-3, ce qui peut faire supposer qu’ils n’en ontguère offert dans la terre de Gessen, mais en tous cas àl’aide de ceux qui parmi eux remplissaient l’office deprêtres. «Les prêtres qui s’approchent de Jéhovah» sentmentionnés à l’occasion de la promulgation de la loi; illeurest commandé de se sanctifier, mais défendu defranchir les limites posées autour du Sinaï; ils doiventrester avec le peuple. Exod., xix, 22-24. Plus tard, quandil s’agit de conclure l’alliance, les prêtres ne sont pas.chargés d’offrir les sacrifices; Moïse envoie des jeunes.

gens, enfants d’Israël, pour offrir des holocaustes àJéhovah et immoler des taureaux en actions de grâces.Exod., ssiv, 4-5. Puis les anciens d’Israël, et non lesprêtres, sont admis à monter sur la montagne. Exod., xxiv, 9. On a pensé que ces prêtres n’étaient autres queles premiers-nés, cf. S. Jérôme, Epist. lxxiii, 6, t. xxii, col. 680, que Jéhovah avait commandé de lui consacrer, Exod., xiii, 2, et qui furent ensuite remplacés par leslévites. Mais rien ne prouve ojueles premiers-nés aientété appelés à remplir des fonctions sacerdotales si peude temps avant l’institution du sacerdoce aaronique, et, d’autre part, les Hébreux devaient avoir depuis longtempsdes hommes marqués pour offrir les sacrifices.D’après de Hummelauer, In Exod. et Levit., Paris, 4897, p. 6, le sacerdoce aurait été exercé en premièreligne par les chefs de famille, sans préjudice du droitqui appartenait aux fils, comme Caïn etvbel, Jacob, etc., d’offrir des sacrifices en certains cas. Jacob, chefde famille et prêtre, aurait transmis ses droits, non àson aîné, Ruben, mais à Joseph, qu’il appelle «princede ses frères». Gen., xlix, 26. Manassé, l’aîné de Joseph, aurait hérité de la charge sacerdotale de son père, etaprès lui les prêtres des Hébreux auraient été choisisdans sa tribu. Mais ensuite cette tribu serait devenueindigne de son mandat; aussi Moïse tint-il ses prêtresà l’écart au moment de la promulgation de la loi et fit-iloffrir les sacrifices par des jeunes gens choisis ailleurs.Les prêtres manasséens auraient été les instigateursdu culte rendu au veau d’or, et trois mille d’entre euxauraient été mis à mort par les fils deLévi.Exod., xxxiii, 28. Plus tard, afin de briser davantage l’orgueil de latribu et couper court à ses prétentions, Moïse l’auraitdivisée en deux, pour qu’une partie fût établie à l’estdu Jourdain et l’autre à l’ouest. Ces conjectures sontspécieuses; mais on ne peut démontrer historiquementni la transmission exclusive du droit sacerdotal deJacob à Joseph, ni la fixation du sacerdoce dans la tribude Manassé. Pendant le séjour des Hébreux en Egypte, le sacerdoce continua à être exercé parmi eux dans desconditions sur lesquelles les renseignements nous fontdéfaut. Quand Dieu voulut instituer les cérémonies deson culte, il était naturel qu’il mit de côté l’anciensacerdoce, quel qu’il fût, pour en créer un nouveau.

II. Sacerdoces idolatriques. — Les coutumes primitivesétaient passées à tous les peuples, mais elless’étaient transformées suivant les conditions particulièresà chacun d’eux. Quand ceux-ci se créèrent de multiplesdivinités, ils ne manquèrent pas de mettre à leurservice des hommes ou même des femmes ayant lesattributions sacerdotales.

1° Chez les Égyptiens. — Le pharaon exerçait lahaute maîtrise sur tous les cultes de son empire; ilofficiait devant tous les dieux, sans être spécialementprêtre d’aucun, et mettait à la tête des temples les plusrichement dotés, comme ceux de Pthah Memphite oude Rà Héliopolitain, les princes de sa famille ou sesserviteurs les plus fidèles. Le seigneur féodal exerçaitsa juridiction sur les temples de son territoire et il y «xerçait le sacerdoce. Toute une hiérarchie, de prêtresremplissaient les autres fonctions, lis étaient de touteorigine et il n’y avait pas de règles spéciales pour leurrecrutement; mais ils tendaient à rendre leur situationhéréditaire et leurs enfants occupaient presque toujoursleur place, de sorte que les prêtres égyptiens finirentpar constituer une sorte de caste sacrée. Les templesles logeaient, les nourrissaient du produit des sacrificeset leur assuraient des revenus en rapport avec leurrang; de plus, ils étaient exempts des impôts ordinaires, du service militaire et des corvées. Les nombreuxserviteurs et scribes qni les entouraient partageaient enfait les mêmes privilèges. Il y avait là tout un mondequi échappait aux charges communes. Le prêtre égyptienavait à veiller aux mille formalités que comportait


le culte de la divinité à laquelle if était voué. Tous lesprêtres étaient assujettis à de multiples purificationset devaient avoir la «voix juste» pour réciter correctementles formules de prière. Ils formaient une hiérarchiesavamment ordonnée. Cf. Brugsch, Die Aegyptologie, Lepzig, 1891, p. 275-291. À chaque culte était préposéun souverain pontife, appelé premier prophètequand il servait une divinité secondaire: Au temple deRâ, à Héliopolis, et dans ceux du même rite, il se nommaitOirou maou, «maître des visions», parcequeseul, avec le pharaon et le seigneur du nome, il avait le droitd’ «entrer au ciel et d’y contempler le dieu», c’est-à-direde pénétrer dans le plus intime du sanctuaire.Cf. Maspero, Histoire ancienne, 1. 1, p. 123-125, 303-305.Putiphar, «consacré à Rà», dont la fille Aseneth futdonnée en mariage à Joseph, était prêtre à On ou Héliopolis, là même où Râ, le soleil, avait son temple. Gen., xli, 45. La fonction de Putiphar devait être la premièredu temple ou l’une des principales. Le philosophe stoïcienChœrémon, qui vivait au milieu du I er siècle, écrivit une histoire d’Egypte dont il ne reste que desfragments. Cf. Josèphe, Cont. Apion., i, 32-33. L’und’eux, conservé par Porphyre, et cité par saint Jérôme, Adv. Jovin., ii, 13, t. xxiii, col. 302, décrit’en ces termesla vie des prêtres égyptiens: «Ils mettent de côté toutesles affaires et les préoccupations du monde, pour êtretoujours dans le temple. Ils observent les natures desêtres, les causes et les lois des astres. Ils ne se mêlentjamais aux femmes, et ne voient plus leurs parents, leurs alliés ni même leurs enfants, du jour où ils commencentà se consacrer au culte divin. Ils s’abstiennentabsolument de viande et de viii, à cause de l’affaiblissem*ntdes sens et du vertige de tête qu’ils éprouventmême après en avoir pris très peu, et surtout à causedes appétit* désordonnés qu’engendrent cette nourritureet cette boisson. Ils mangent rarement du pain, pour nepas se charger l’estomac; et quand ils mangent, ilsprennent avec leurs aliments de l’hysope pilé, pourque sa chaleur fasse digérer une nourriture trop lourde.… Au même titre que la viande, ils s’abstiennent d’oeufset de lait… Leur couche est faite avec des branches depalmiers; un escabeau incliné et posé à terre sert decoussin à leur tête; ils supportent des jeûnes de deux, trois jours.» Cf. Porphyre, De abstin., iv, 6-8. Ce portraitne s’appliquait qu’à une élite des prêtres égyptiens, ceux qu’on appelait prophètes, kposToXiirraf, «chargésdes habits sacrés des dieux», scribes, et <opoX<Syoi, «ceux qui disent l’heure», et encore n’est-il pas certainque ces coutumes ascétiques remontent très haut. Onvoit cependant que certaines pratiques sont communesaux prêtres égyptiens et à ceux d’Israël.

2° Chez les Babyloniens. — En Chaldée, comme enEgypte, le roi était le prêtre par excellence; il prenaitle titre de patési ou «vicaire» de la divinité.Les fonctions journalières du sacerdoce étaient rempliespar des prêtres, soit héréditaires, soit recrutés, formantune hiérarchie sous la conduite du grand-prêtrede chaque temple. Les grands-prêtres des divinitésprincipales, Bel-Mardouk, Sin et Schamascb, participaientà la suprématie de leur dieu. Parmi les prêtres, les issakku présidaient aux libations, les sangu gouvernaientles différentes parties du domaine de la divinité, les kipu et les Satammû veillaient à ses intérêts financiers, les pasiSu s’occupaient des détails du culte; au-dessousd’eux venaient les sacrificateurs et leurs aides, les devins, les augures, les prophètes, les hiérodulesde toute espèce. Tous vivaient des revenus du dieuet des offrandes qui lui étaient apportées. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 675-679. Le grand-prêtre s’appelaitSangamahhu; sous ses ordres agissaient VaSipuet le bâru. UaSipu ou «c enchanteur» était une sorted’exorciste chargé de conjurer les mauvais esprits, causesdes maladies et de tous les maux qui affligent l’humaV. - 21

nité; il consacrait les idoles destinées aux temples etprésidait certaines cérémonies expiatoires. Le bâru ou «voyant», dont la fonction était héréditaire, interprétait la volonté des dieux et rendait des oracles en leurnom; il exerçait tous les genres de divination et présidait aux sacrifices de caractère pacifique et eucharistique. Le bâru devait réaliser certaines conditions pourpouvoir se présenter dans le sanctuaire de l’oracle, être «issu d’un prêtre, d’un père pur», et être «luimême accompli dans sa forme et dans ses proportions». Il ne pouvait exercer sa charge si ces conditionsfaisaient défaut, et de plus s’il était «aigu quant auxyeux», c’est-à-dire louche ou borgne ou avec un œilcrevé, <* brisé quant aux dents», avec une ou plusieursdents de moins, ayant «un doigt mutilé, la chair noirâtre, des abcès, de la lèpre, un ulcère purulent», oud’autres infirmités analogues. Il devait posséder unedoctrine solide et savoir à fond ce qui était nécessairedour ne pas commettre la moindre infraction à unrituel compliqué. Le bâru et Vasipu avaient aussi àrevêtir des «vêtements purs», réservés pour leursfonctions liturgiques. Cf. Zimmern, Beitràge zurKerinlniss der babylonischen Religion, Leipzig, 1901; Fr. Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, Paris, 1903, p. xiv-xvii, 235; Lagrange, Études sur lesreligions sémitiques, Paris, 1905, p. 221-246; Dborme, Textes religieux, Paris, 1907, p. 141-147. Daniel déjouala fourberie des prêtres de Bel, qui venaient enleverde nuit les offrandes du temple et prétendaient queleur dieu les avait mangées. Dan., xiv, 1-27. Cf. Bar., vi, 9-54. — Sur le sacerdoce des Perses et des Mèdes, voir Mages, t. iv, col. 543.

3° Chez les autres peuples sémites. — Chez lesArabes nomades, la fonction de sacrificateur n'étaitpas réservée au prêtre; celui-ci n'était qu’un sddin, «gardien» du sanctuaire; il restait à son poste pendant que la tribu se déplaçait. Il rendait des oracles aumoyen de flèches ou de bâtons, selon le procédé de larhabdomancie. Cf. Ezech., xxi, 21. À côté de lui opérait le devin, kâhin, véritable sorcier, dont le rôlen’est nullement le prototype, mais la déformation decelui du kohên. Chez les Arabes civilisés du sud, lesâdin était réellement le sacrificateur, et le grandprêtre, kabir, le «grand», servait d'éponyme pour lecalcul des années. — Le prêtre araméen se nommaitkomér; il était prêtre de tel ou tel dieu. Josias chassales prêtres de cette espèce que ses prédécesseurs avaientétablis en Juda. IV Reg., xxiii, 5. Osée, x, 5, signaleleur présence en Samarie, et Sophonie, I, 4, annonceleur extermination. — Le temple phénicien avait sessacrificateurs, ses résidents' occupés à la liturgie, sesbarbiers pour raser les chevelures consacrées à la divinité et pratiquer les incisions-rituelles, ses scribes, seshiérodules, ses portiers et ses esclaves, recevant tousun salaire. Cf. Lagrange, Éludes, p. 217-221, 478-481.A Sidon, le roi portait le titre de prêtre d’Astarthé, comme le prouve l’inscription d’un sarcophage trouvéen 1887: «Tabnith, prêtre d’Astarthé, roi de Sidon, fils d’Eschmunazar, prêtre d’Astarthé, roi de Sidon.» Cf. Revue archéologique, me série, t. x, 1887, p. 2.

4° Chez les Chananéens. — On constate chez lesChananéens la pratique des libations, l'érection et l’onction des bétyles, celle des autels et des lieux sacrés, l’immolation des victimes et même fréquemment lessacrifices humains. Cf. Vincent, Canaan, Paris, 1907, p. 201-203. Toutes ces choses supposent un sacerdoce.On n’a point de renseignements sur sa hiérarchie etson fonctionnement. Mais les deux grandes divinitéschananéennes, Baal et Astarthé, survécurent à la prisede possession du pays par les Israélites. Elles avaientleurs prêtres qui perpétuaient leur culte et réusirentsouvent à le faire adopter par le peuple conquérant. Ace titre, les prêtres chananéens se signalent de temps

en temps dans l’histoire d’Israël. Voir Astarthé, Baal>1. 1, col. 1180, 1315.

5° Chez les Gréco-Romains. — Les prêtres des cultesgréco-romains apparaissent dans les derniers récits del’histoire israélite et dans ceux du Nouveau Testament.Voir Bacchus, t. i, col. 1374; Diane, t. ii, col. 1405; Hercule, Jupiter, t. iii, col. 602, 1866; Mercure, t. iv, col. 991. Cf. Dôllinger, Paganisme et judaïsme, trad.J. de P., Bruxelles, 1858, 1. 1, p. 280-287, t. iii, p. 93-109.

III. Sacerdoce mosaïque. — I. son institution. —Au Sinaï, Dieu donna l’ordre à Moïse de prendre sonfrère Aaron et les fils de celui-ci, Nadab, Abiu, Éléazaret Ithamar, pour qu’ils devinssent prêtres à son service.Exod., xxviii, 1. Il prescrivit ensuite tout ce qui concernait leurs vêtements et" leur consécration. Exod., xxviii, xxix. Lorsque tous les objets nécessaires auculte furent préparés et que Jéhovah eut pris possessiondu Tabernacle, Exod., xl, 34-38, Moïse procéda à laconsécration d' Aaron et de ses fils, Lev., viii, 1-36, ethuit jours après, leur fit inaugurer leurs fonctions parl’offrande de sacrifices, d’abord pour eux-mêmes, etensuite pour le peuple. Lev., ix, 1-24. Mais bientôt, unesanction sévère fut exercée contré deux des nouveauxprêtres. Nadab et Abiu apportèrent devant Jéhovahdes encensoirs contenant du feu profane, qui n’avaitpas été pris sur l’autel. Ils furent immédiatement frappés de mort. Moïse défendit à Aaron et à ses deux filssurvivants de prendre le deuil, et Jéhovah leur interditl’usage du vin et des boissons enivrantes, chaque foisqu’ils auraient à exercer leur ministère dans le Tabernacle. Lev, , x, 1-11. Le châtiment si rigoureusem*ntiniligé aux deux coupables devait inculquer à tous cetteidée qu’aucune négligence n'était tolérable dans leculte de Jéhovah. La prescription relative aux boissonsenivrantes autorise à penser que, si Nadab et Abius'étaient si gravement trompés, leur manque d’attention venait de quelque abus dans l’usage de ces boissons. Toute la tribu de Lévi, à laquelle appartenaientMoïse et Aaron, fut substituée aux premiers-nés pourêtre à Jéhovah et se consacrer à son service. Num., iii, 45. Un membre de cette tribu, Coré, et deux de latribu de Ruben, Dathan et Abiron, , jaloux de l’autoritéqu’exerçaient Moïse et Aaron, se concertèrent avecdeux cent cinquante autres Israélites, prétendant quedans Israël tous étaient saints et avaient les mêmesdroits à l’exercice de l’autorité et du sacerdoce. Moïseen appela au jugement de Jéhovah. Il convoqua les mécontents et leurs deux cent cinquante partisans, chacunavec un encensoir, devant le Tabernacle. Tous s’y rendirent; mais là, à la vue de tout le peuple, la terres’entr’ouvrit et engloutit Coré, Dathan, Abiron et leursfamilles, et un feu consuma les deux cent cinquanteautres. Le peuple ayant murmuré le lendemain contreMoïse et Aaron, le Seigneur déchaîna une plaie qui fîtmourir quatorze mille sept cents personnes et ne s’arrêta que quand Aaron exerça son rôle d’intercesseur, dont la légitimité fut ainsi démontrée. Num., xvi, 1-50.Dieu voulut encore confirmer son choix par un nouveaumiracle. Il fit déposer dans le Tabernacle douze verges, au nom des douze tribus d’Israël; le lendemain, laverge d’Aaron, représentant Lévi, fut trouvée fleurie, etDieu ordonna de la conserver en témoignage. Num., xvii, 1-11. Il décida en outre que les lévites feraientle service du Tabernacle, mais que seuls Aaron et sesfils rempliraient les' fonctions sacerdotales à l’autel etau dedans du voile. Il ajouta: «Comme un service enpur don, je vous confère votre sacerdoce. L'étrangerqui approchera sera mis à mort.» Num., xviii, 1-7. Ala mort d’Aaron, Éléazar fut investi du pontificat.Num., xx, 25-28. À Phinées, fils d'Éléazar, qui semontra plein de zèle contre l’idolâtrie, Dieu promit «pour lui, et pour sa postérité après lui, l’allianced’un sacerdoce perpétuel».Num., xxv, 13.

n. sa descendance d’aaron. — La volonté duSeigneur était manifeste; ne pouvaient être prêtres queles descendants d’Aaron. «Nul ne s’arroge cette dignité; il faut y être appelé de Dieu, comme Aaron.» Heb., v, 4. Quand Jéroboam établit son culte schismatiqueet «fit des prêtres pris dans tous les rangs du peupleet n'étant pas enfants de Léyi», III Reg., xil, 31, cesderniers n’eurent donc de prêtres que le nom; leursacerdoce était criminel et sans valeur. Au retour dela captivité, on exclut du sacerdoce ceux qui ne purentproduire leur généalogie pour justifier de leur descendance aaronique. I Esd., ii, 62, 63; II Esd., viii, 63-65.Josèphe, Gant. Apion., i, 7, dit qu’on prenait le plusgrand soin de maintenir dans toute sa pureté la descendance sacerdotale, et que les prêtres qui résidaientà l'étranger, à Babylone ou en Egypte, avaient pourrègle d’envoyer à Jérusalem leur généalogie, avec lenom des témoins. Il ajoute qu'étant lui-même de racesacerdotale, il a trouvé sa généalogie dans les archivespubliques. Vit., 1. Ces généalogies étaient en effetd’intérêt général; il importait donc de veiller officiellement sur elles. — Pour maintenir la pureté de larace sacerdotale, le prêtre ne pouvait épouser ni unefemme prostituée ou deshonorée, ni une femme répudiée. Lev., xxi, 7. Il n'était pas obligé d'épouser la filled’un prêtre, mais pouvait choisir une vierge ou uneveuve quelconque, pourvu qu’elle fût Israélite. Cf. Josèphe, Cont, Apion., i, 7; Ant. jud., III, XII, 2. Il luifut aussi interdit d'épouser celle que son beau-frèrerefusait en mariage, cf. Sota, iv, 1; viii, 3; Makkoth, m, 1, celle qui avait été prisonnière de guerre, cf. Josèphe, Ant. jud., III, xii, 2; XIII. x, 5; Cont. Apion., i, 7, une prosélyte ou une esclave affranchie; la fille dela prosélyte ou celle de l’esclave affranchie ne luiétaient permises que si elles avaient une mère Israélite.Cf. Yebamolh, vi, 5. Aussi le prêtre qui voulait se marier faisait-il l’enquête la plus sérieuse sur la conditionde celle qu’il désirait épouser. Cf. Kidduschin, iv, 4, 5.Ézéchiel, xliv, 22, veut que le prêtre n'épouse ni uneveuve, sauf celle d’un prêtre, ni une répudiée, maisseulement une vierge de la maison d’Israël. Cette restriction n’est pas entrée dans la pratique.

/II. ses cowDiriox’S physiques. — Comme le bdrubabylonien, le prêtre israélite devait être exempt detoute difformité corporelle. Il ne pouvait remplir lesfonctions sacerdotales si, malgré sa descendance aaronique, il était aveugle ou boiteux, avait une mutilationou une excroissance, une fracture au pied ou à lamain, une bosse, une taille de nain, une tache à l'œil, la gale, une dartr.e, une hernie. La Loi insiste pourexclure de l’approche de l’autel ceux qui ont quelqu’une de ces difformités. Lev., xxi, 17-23. Ces difformités étaient en effet de nature à empêcher les prêtresd’accomplir les actes liturgiques ou de conserver lapureté légale et la dignité nécessaires à leur ministère.Dans la suite, les docteurs juifs étudièrent ces casd’exclusion et, en spécialisant chacun d’eux par le détail, les portèrent à 142. Cf. Bechoj-oth, vu; Selden, Desuccessionein pontif. Ebr., ii, 5; Ugolini, Thés., t. xiii, p. 897. L’intégrité du corps devait être le symbole duparfait état de l'âme, cf. Philon, De monarch., ii, 5; il était d’ailleurs de la plus haute convenance, pourl’honneur de Dieu et l'édification du peuple, que lesministres du culte eussent une attitude corporelleirréprochable. Les cultes païens avaient souvent lesmêmes exigences, cf. Aulu-Gelle, i, 12; la difformitécorporelle-était de mauvais augure, et l’on écartait lesacrificateur qui en était atteint. Cf. M. Sénèque, Controv., iv, 2; Bâhr, Symbolik des rnosaischen Cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 42-61. — Il était interdit auxprêtres en exercice de se raser complètement, d’enleverles côtés de leur barbe, de se faire des incisions, Lev., XXI, 5, de laisser flotter leurs cheveux en désordre,

d’avoir des vêtements déchirés. Lev., x, 6. Il ne leurétait pas permis de couper leurs cheveux ou de laverleurs vêtements la semaine où ils étaient de service, afin que tous ces soins fussent pris à l’avance. Les docteurs comptaient dix-huit cas empêchant le prêtred’exercer son ministère: l’idolâtrie, la naissance d’unefamille étrangère à celle d’Aaron, la difformité corporelle, l’incirconcision, l’impureté, la nécessité d’attendreau soir pour redevenir pur, l’obligation de se soumettreà l’expiation, le deuil, l’ivresse, le manque de vêtements, leur trop grand nombre, leur déchirure, lemanque de coiffure, les pieds ou les mains non lavés, s’asseoir pour remplir le ministère sacré ou se laver, ne pas toucher directement de la main les objets sa-, crés, ne pas tenir les pieds immédiatement sur le sol, faire les actions sacrées de la main gauche. Cf. Sebachim, ii, l; Reland, Antiquitates sacrée, Utrecht, 1741, p. 96, 97.

iv. entrée en fonction. — 1° Age. — La loi neprescrivait rien quant à l'âge requis pour commencerle service sacerdotal. Pour les lévites, on ne compritdans le premier dénombrement que ceux qui avaienttrente ans, Num., iv, 3, 23, 47; I Par., xxiii, 3; un peuplus tard, cet âge fut abaissé à vingt-cinq, Num., viii, 23-26, et David le réduisit à vingt, lorsque les lévitesn’eurent plus à porter le tabernacle. I Par., xxiii, 2427; cf. II Par., xxxi, 17; I Esd., iii, 8. On s’en tint dansla suite à cette règle qu’on pouvait entrer en fonctiondès qu’apparaissaient les signes de la virilité, pratiquement à la vingtième année. Cf. Babyl. Chullin, 24 b. —Avant d'être admis au sacerdoce, il fallait, dans les derniers temps, subir un examen devant le sanhédrin oudevant d’autres prêtres. Cf. Middoth, v.

2° Consécration. — Le jeune prêtre était consacré parun bain de purification, l’imposition des vêtementssacrés, l’onction et une série de sacrifices accompagnésde cérémonies particulières, destinées à lui rappelerses droits et ses devoirs sacerdotaux. Exod., xxix, 4-37; xl, 13-15; Lev., viii, 2-36. Les textes ne disent pas sile bain de purification était pour tout le corps, ou seulement pour les pieds et les mains, comme dans leservice quotidien. Exod., xxx, 19.

3° Vêtements. — Les vêtements sacrés, imposés aunouveau prêtre, étaient au nombre de quatre (fig. 172): le caleçon de liii, voir Caleçon, t. ii, col. 60; la tuniquede liii, voir Tunique; la ceinture brodée, voir Abnêt, t. i, col. 66; Ceinture, t. ii, col. 389, et la mitre de liii, voir Mitre, t. iv, col. 1135. Les prêtres pouvaient porterces vêtements tant qu’ils étaient dans le Temple, hormisla ceinture qu’ils devaient quitter sitôt leur ministèreaccompli. Cf. Gem. Tarnid, 61, 2; Geni. Yoma, 69, 1. L’usage des vêtements sacrés était prohibé hors duTemple; les prêtres les y déposaient dans une chambrespéciale. Quand ils étaient usés, ces vêtements servaientà fabriquer des mèches pour les lampes. Cf. Gem.Schabbath,?, l,; l%,%

4° Onction. — Des onctions furent certainement faitesaux fils d’Aaron. Exod., xxx, 30; xi, , 14; Lev., x, 7.D’autres textes ne semblent parler d’onction qu'à propos d’Aaron, Exod., xxix, 5-8; Lev., viii, 7-13, de sorteque le grand-prêtre est appelé par excellence le «prêtreoint». Lev., xvi, 32; xxi 12; Num., xxxv, 25, etc. Lacontradiction disparaît si l’on observe que le grandprêtre recevait sur la tête une onction abondante, cf.Ps. cxxxii, 2, tandis que les simples prêtres étaient seulement aspergés d’huile. Exod., xxix, 21; Lev., viii, 30.Ils étaient oints comme le pontife, Exod., xl, 15, maisd’une manière plus sommaire. Cf. Fr. de Hummelauer, In Exod. et Lev., p. 290-291. Voir Onction, t. iv, col. 1805, 1806. — On emplissait ensuite les mains desprêtres, ce qui signifie qu’on leur conférait les pouvoirs nécessaires à leur ministère, et l’on offrait lessacrifices prescrits, le veau pour le péché, Exod., xxix, -14, le bélier en holocauste, Exod., xxii, 15-18, et lebélier de consécration. Exod., xxix, 19-28. Voir Grandprêtre, t. iii, col. 297. Ct.H’Ahr, Symbolik, t. ii, p. 166168. Toutes ces cérémonies duraient sept jours.Exod., xxix, 35; Lev., viii, 33. — On s’est demandé siles cérémonies de la consécration sacerdotale n’avaientpas été accomplies une fois pour toutes dans la personnedes fils d’Aaron. Philon, Vit. Mosis, iii, 16-18, et Josèphe, Ant. jud., III, viii, 6, se contentent de reproduireles passages bibliques, sans rien ajouter à cesujet. Plusieurs auteurs pensent que la première consécrationa suffi pour toute la suite des générationssacerdotales, et que le nouveau prêtre n’avait qu’à présenterl’offrande indiquée. Lev., vi, 15. Cf. Iken, Antiquitateshebraicæ, Brème, 1741, p. 112; Munk, Pales172. — Prêtre hébreu revêtu de ses vêtements sacerdotaux.D’après Galmet, Dictionnaire de la Bible, au mot Prêtre.

Une, Paris, 1881, p. 174; Zschokke, Historia sacra, Vienne, 1888, p. 114. Mais, d’après Schûrer, Geschiehtedes jùd. Volkes, t. ii, p. 232, cette opinion ne s’appuieraitque sur l’interprétation défectueuse des textes rabbiniquesqui rappellent au nouveau prêtre l’obligationde présenter l’offrande en question avant toute autre.Le silence des auteurs sacrés postérieurs ne peutd’ailleurs permettre de nier la consécration particulièredes prêtres dans le cours des âges.

5° Symbolisme. — Toutes les prescriptions relativesà la consécration des prêtres avaient leur sens symbolique.Les cérémonies duraient sept jours pour leurfaire entendre qu’ils entraient au service de celui quiavait créé le monde en six jours suivis d’un septièmejour de repos. Cf. Rosenmûlïer, Intewt., Leipzig, 1798, p. 51. Parmi les difformités qui excluaient du sacerdocefiguraient aussi des défauts de l’ordre moral. La blancheurdes vêtements sacerdotaux rappelait la gloireet la sainteté divines, au service desquelles les prêtresétaient appelés. Le caleçon marquait’la chasteté duprêtre, la tunique de lin sa pureté de vie, la ceinture sadiscrétion, la mitre sa droiture d’intention. Cf. S.Thomas, Summ. t’heol., 1’II*, Cil, 5 ad 10. Sur le symbolismede l’onction, voir t. rvcol. 1806.

v. classem*nt. — Quand les fils d’Eléazar et d’Ithaniarse furent multipliés, il ne leur fut plus possibled’être tous employés en même temps au service duculte. À l’époque de David, il se trouvait seize chefs defamille parmi les descendants d’Eléazar, et huit seulementparmi les descendants d’Ithamar. On tira au sortle rang que devaient occuper ces vingt-quatre chefs, afin qu’ils prissent à tour de rôle le service du culteavec les prêtres de leur famille. I Par., xxiv, 3-19; II Par., viii, 14. Cette organisation fonctionna jusqu’àla captivité de Babylone. Au retour, il ne se trouvra plusque quatre chefs de familles sacerdotales, Jadaïa, avec973 prêtres, Emmer, avec 1052, Pheshur, avec 1247, etHarim, avec 1017. I Esd., ii, 36-38; II Esd., vii, 3942. Avec Zorobabel, il y eut 22 chefs de familles sacerdotales, II Esd., x, 2-8; xii, 1-7, et 21 seulement dansune autre liste. Il Esd., xii, 12-21. Tous les noms nesont d’ailleurs pas identiques, ce qui indique des changementsdans l’organisation. Plus tard, on cite encorecomme chefs de classes sacerdotales Joarib, IMach., ii, 1; xiv, 29, et Abia. Luc, i, 5. Josèphe, dans un passagedont nous n’avons que la traduction latine, et où lenombre 20 manque, d’après plusieurs critiques, Cont.Apion., ii, 7, ne mentionne que quatre classes de cinqmille prêtres chacune. Mais ailleurs, Ant. jud., VII, xiv, 7; Vit., l, il parle de vingt-quatre classes qui se sontmaintenues jusqu’à son époque. Ce dernier nombre estcelui que reproduit toute la tradition juive. Cf. Taanith., iv, 2; Sukka, v, 6-8; Jer. Taanith., iv, 68a; TosephtaTaanith., Il; Ugolini, Thésaurus, t. xiii, p. 876.

— Les classes sacerdotales s’appelaient niahleqôf, ÈÇYiiiÊpi’ai, divisiones, I Par., xxviii, 13, 21; II Par., vin, 14; xxiii, 8; xxxi, 2, 15, 16, vices, Luc, i, 8; bê(’âbôt, oïxot Tcaxpifiv, «maisons des pères», familix etdomus, I Par., xxiv, 4, 6, ou mismârôt, «gardes», XsiToupfefaL, observationes, II Par., xxxi; 16, ècp-r)u, Epi’ai, ordines, II Esd. xiii, 30. Dans la pratique, on réservaitle nom de mUmâr pour la ciasse, et celui de bêt’âbpour ses subdivisions. Cf. Taanith, ii, 8, 7. Josèphe appellela classe ita-cpla, Ant. jud., VII, xiv, 7, ou if-r^zoiç, Vit., 1, et la subdivision ç-jXt]. Vit., 1; Bell, jud., IV, m, 8. Les subdivisions de chaque classe variaient decinq â neuf. Cf. Jer. Taanith, iv, 68a. À la tête desclasses étaient des sârîm, «princes», apx «vT-£ç, principes, I Par., xxiv, 5; II Par., xxxvi, 14; I Esd., viii, 24, 29; , x, 5, ou des rd’sîm, «chefs». I Par., xxiv, 4, 6; II Esd., xii, 12. Par la suite, ee dernier titre désignaspécialement les chefs des subdivisions. Le nom dezdqên, «ancien», a aussi quelquefois le même sens.Cf. Yonia, i, 5; Tamid, i, 1; Middoth, i, 8. Au-dessusde toutes les classes s’exerçait naturellement l’autoritédu grand-prêtre.

vi. fonctions BANS le temple. — 1° Service hebdomadaire.— Chaque classe faisait le service du templependant une semaine. C’est ce qu’on appelait «l ^uip «iTfj; XstTouyfaç» Aies officii, «les jours de service».Luc, i, 23. Le service se prenait le jour du sabbat, IV Reg., xi, 6; II Par., xxiii, 4; la classe sortanteoffrait encore le sacrifice du matin, et la classe suivantele sacrifice du soir. Cf. Tosephta Sukka, iv, 2425; Josèphe, Ant. jud., VII, xiv, 7; Cont. Apion., ii, 8. Pendant les semaines de la Pâque, de la Pentecôteet des Tabernacles, les vingt-quatre classes étaient deservice en même temps. Cf. Sukka, v, 6-8. On n’a aucunedonnée certaine sur l’ordre dans lequel lesvingt-quatre classés se succédaient pour le servicehebdomadaire. C’est donc sans aucun résultat qu’on acherché à déduire l’année de la naissance de Jésus-Christd’après la semaine de service attribuée- à laclasse d’Abia. Luc, i, 5. On lit bien dans le Bdbyl.Taanith, 29a, que la classe de Joarib était de service aumoment delà destruction du Temple; mais cette informationest tardive et peu sûre, et encore, pour en

tirer parti, faudrait-il savoir exactement quel rangoccupaient les deux classes et à quelle époque de l’annéeeut lieu l’annonciation de Jean-Baptiste. Quandune classe prenait le service, chaque jour de la semaineétait attribué à une ou plusieurs de ses subdivisions.

2° Interdictions. — 11 était interdit aux prêtres duservice hebdomadaire de se raser, sauf le sixième jourà cause du sabbat, d’avoir commerce avec leurs femmeset de boire du vin durant le jour; ceux qui étaient deservice un jour déterminé ne pouvaient même en boireni ce jour-là, ni la nuit, parce que c’était de nuit qu’onbrûlait les graisses sur l’autel. Cf. Taanith, ii, 7. Cesprohibitions s’inspiraient de la défense portée par leSeigneur, Num., x, 9, et aussi de la nécessité, pour leprêtre, d’être totalement et exclusivement à la fonctionsainte qui lui était confiée, Elles lui rappelaient enmême temps les dispositions morales de dévouement, de pureté et de pénitence que réclamait de lui le servicedu Seigneur.

3° Tirage au sort. — Chaque jour on faisait désignerpar le sort les prêtres qui devaient remplir les différentsoffices. Luc, i, 9. Ce tirage au sort se répétait quatrefois. Le premier sort désignait celui qui devait porterles charbons de l’autel extérieur usque dans le parvisintérieur. Le second sort pourvoyait aux treize fonctionssuivantes: 1. égorger l’agneau; 2. en répandre lesang; 3. enlever la cendre de l’autel intérieur; 4. disposerles lampes; 5. porter à la montée de l’autel latête et une jambe postérieure de l’agneau; 6. les deuxépaules. 7. la croupe avec la queue, l’autre jambe et lesreins; 8. la poitrine et la gorge; 9. les deux côtés; 10. lesintestins sur un plateau et les pieds; 11. l’offrande defarine; 12. le gâteau du grand-prêtre; 13. la libation devin. Le troisième sort portait sur le prêtre qui devaitbrûler l’encens; on le choisissait parmi ceux quin’avaient pas encore exercé cette fonction, à laquelle onne pouvait être appelé qu’une fois dans sa vie. Enfin lequatrième sort désignait celui qui devait porter lesmembres de la victime de la montée de l’autel jusqu’àl’autel même.

4° Cérémonies. — Le détail de toutes les cérémoniesquotidiennes est donné par le traité Tamid. On y voitque les prêtres de service, qui couchaient dans unechambre du parvis intérieur, se mettaient à l’œuvreavant même le lever du jour. Avant de procéder àl’exercice de sa fonction, chacun se lavait les mains etles pieds au bassin d’airain qui se trouvait entre leTemple et l’autel. Dès que le jour paraissait, on prenaitun agneau dans la chambre des agneaux et les 93 ustensilesqui servaient cKàque jour dans la chambre desustensiles. Pendant ce temps, les deux prêtres chargésde nettoyer l’autel des parfums et les lampes arrivaient, l’un avec une clef d’or, l’autre avec un vase d’or, ouvraientla grande porte du Temple et remplissaient leuroffice, en disposant d’abord les cinq lampes qui étaientau couchant, puis les deux autres, à moins que cesdernières ne fussent éteintes, car alors on commençaitpar elles. C’est seulement à l’ouverture de la porte qu’ilétait permis d’immoler l’agneau. Sur les cérémonies dusacrifice lui-même, voir Sagrifice, Libation, t. iv, col. 234; Obiation, col. 1727; Parfum, col. 2164.Quand tout était disposé pour le sacrifice, les prêtresse rendaient dans la chambre ha-gasith pour y réciterle schéma du matin. Voir Prière. Cf. Tamid, iv, 1-3.Ensuite, les prêtres que le sort n’avait désignés pouraucune fonction quittaient leurs vêtements sacres. Onprocédait alors à l’offrande de l’encens et on brûlaitl’holocauste sur l’autel. Enfin, les cinq prêtres quiavaient été employés à l’offrande de l’encens se rendaientà l’entrée du Temple et prononçaient sur le peuplela formule de bénédiction prescrite, Num., vi, 24-26, enélevant les mains et en remplaçant le nom de Jéhovahpar Adonaï. Cf. Tamid, vii, 2; Sota, vii, 6. Les mêmes

cérémonies se répétaient pour le sacrifice du soir, quiavait lieu vers trois heures de l’après-midi. Mais on netirait au sort que le nom de celui qui devait offrir l’encens.Cf. Gem. Yoma, 26, 1. L’encens était offertavant le sacrifice, et les prêtres n’y donnaient pas labénédiction au peuple.

5° Fêtes. — Outre les sacrifices quotidiens, lesprêtres en avaient d’autres à offrir à l’occasion desnéoménies et des fêtes, à la Pâque, à la Pentecôte, àla fête des Tabernacles, à la nouvelle année et au jourde l’Expiation. Voir ces mots. Ils avaient aussi à s’occuperdes nombreux sacrifices de toute nature que faisaientoffrir les particuliers.

6° Garde du Temple. — Ils avaient également àgarder le Temple. Les portes en étaient fermées à latombée de la nuit et ouvertes au point du jour. Lesprêtres qui couchaient dans le parvis antérieur et à quiincombait le service du jour suivant, gardaient lesclefs et les transmettaient à ceux qui devaient serviraprès eux. Le matin, le préfet du Temple les recevaitpour l’ouverture des portes. Cf. Middoth, i, 8, 9; Tamid, i, 1.

7° Trompettes. — Enfin, les prêtres avaient à sonnerde la trompette dans le Temple. Num., x, 8-10; II Esd., xii, 41. Chaque jour ils sonnaient vingt et one fois, trois fois à l’ouverture des portes, neuf fois à la libationdu matin et neuf fois à celle du soir. Cf. Sukka, v, 5. Voir Trompette.

8° Dignitaires. — Un certain nombre de prêtres remplissaient, sous l’autorité du grand-prêtre, les chargesqui réclamaient des titulaires permanents. Les gisbdrim, YaÏQcpuXaxeç, «gardiens du trésor», veillaientsurtous les biens du Temple, mobilier et apports. Lesfonctions principales de ce service après ta captivitéde Babylone, étaient confiées à des prêtres, II Esd., xin, 13, les autres à des lévites. I Par., ix, 28, 29; xxvi, 20-28; II Par., xxxi, 11-19. Il fallait surtout desprêtres préposés au bon ordre du culte quotidien, puisque ceux qui s’acquittaient des fonctions de ce culten’avaient en général à s’en occuper que deux jours paran, ce qui ne leur permettait guère de s’en rappelertous les détails. Il y avait donc, au moins dans les dernierstemps, quinze prêtres préposés aux services sutvants: le sceau, les libations, les sorts, l’argent pourl’achat des victimes, la santé des prêtres malades desentrailles (voir t. iv, col. 910), les eaux, les temps, lesportes, la discipline, les cymbales, la direction du chant, les pains de proposition, le parfum, les voiles, les vêtements.Cf. Schekalim, v, 1. Le préposé aux sorts présidaitaux tirages au sort au moyen desquels on désignait"chaque jour les prêtres chargés d’un office. Le préposéau sceau délivrait des cachets pour se procurer les libationsauprès du préposé aux libations. Le préposé à l’argentpour l’achatdes victimes recueillait l’argent déposédans le tronc destiné à cet usage et prenait soin de fourniren échange les victimes convenables. Le préposé auxtemps était le héraut chargé le matin d’appeler chacunà son poste. Le préposé à la discipline avait à réveilleret même à corriger les lévites trop lents à se mettresur pied. Le Talmud parle encore d’autres fonctionnaires: le sagan, voir Sagan, les amarkelin, cf. Schekalim, v, 2, probablement chargés de la caisse et descomptes, et des xaBoXtxo! , cf. Jer. Schekalim, v, 49 a, probablement des trésoriers ou des subordonnés dusagan.Cf. Reland, Antiquitates sacrée, p. 88-91; Schûrer, Geschichtè des jûdischen Volkes im Zeitalter Christi, t. ii, p. 269-299.

vu. autres fonctions. — 1° À la guerre. — Avant lecombat, un prêtre était chargé de parler au peuplepour l’exhorter au courage et à la confiance en Dieu.Deut., xx, 2-4. Cf. Num., xxxi, 6; I Reg., iv, 4; II Par., xm, 12. On appelait ce prêtre 1’ «oint du combat», etL’onction qu’il recevait l’assimilait au grand-prêtre sur

plusieurs points, mais ne conférait pas l’hérédité de lacharge. Cf. Sota, vjii, 1; Gem. Yoma, 73, 1. JudasMachabée paraît avoir rempli la fonction d’ «oint ducombat». I Mach., iii, 55, 56.

2° Lois de pureté. — Les prêtres étaient chargés del’application des lois concernant la pureté légale. Ilsdevaient savoir discerner le saint du profane, le pur del’impur. Lev., x, 10; xi, 47; Ezech., xxii, 26; xliv, 23.Agg., ii, 11-14. Ces lois étaient devenues très compliquées, grâce aux décisions de détail portées par lesdocteurs. Voir Impureté légale, t. iii, col. 857-860; cf. Reland, Antiquitates sacræ, p. 105-112. Dans lescas ordinaires, les prêtres constataient l’impureté, s’ilétait nécessaire, indiquaient sa durée et le moyen de lataire disparaître; dans les cas douteux, ils éclairaientcelui qui les consultait. Us intervenaient nécessairementdans le cas de la femme soupçonnée d’adultère, Num., v, 11-31, voir Eau de jalousie, t. ii, col. 1522; dans l’examen et la purification du lépreux, Lev., xiii, xiv, voir Lèpre, t. iv, col. 180-184; dans l’examen delàlèpre des vêtements et des maisons, Lev., xiii, 53-59; xiv, 34-53, voir t. iv, col. 186, 187, et dans tous les casanalogues d’impureté légale. Lev., xv, 1-33. Le jugementd’un seul prêtre suffisait pour la constatationde la lèpre. Cf. Gem. tfidda, 50, 1; Siphra, 100, 1.

3° Estimations. — Certains rachats s’opéraientmoyennant un prix laissé à l’estimation du prêtre, pour les personnes, Lev., xxvii, 3-8, pour les animaux, Lev., xxviij 12, 13, 27, pour les maisons. Lev., xxvii, 14, 15. Voir Rachat.

4° Jugements. — Quand une affaire relative à unmeurtre, à une contestation, à une blessure, était tropdifficile à juger, on la soumettait à la décision desprêtres. Deut., xvii, 8-12. Ils intervenaient spécialementdans le cas d’un meurtre dont l’auteur étaitinconnu. Deut., XXI, 5. Josaphat mit des prêtres aunombre des juges, II Par., xix, 8-10; cf. Ezech., xliv, 24, bien que la fonction de juge fût habituellementconfiée aux anciens. Voir Juge, t. iii, col. 1835. Quandcommença à fonctionner le tribunal suprême appelésanhédrin, des prêtres en firent partie.

5° Enseignement. — La Loi ordonnait aux prêtresd’ «enseigner aux enfants d’Israël toutes les lois queJéhovah leur a données par Moïse». Lev., x, 11; cf. Deut., xxxiii, 10. Ils s’acquittèrent de cette tâched’une manière qui fut loin d’être toujours parfaite. Lafoi au vrai Dieu disparaissait quand cessait l’enseignementdu prêtre. II Par., xv, 3. Josaphat envoya dansJuâa, pour y prêcher la loi de Jéhovah, cinq de seschefs, neuf lévites et seulement deux prêtres. II Par., xvii, 7-9. Ézéchiel, xxii, 26, se plaint que les prêtresn’enseignent plus à distinguer entre le saint et le profane, le pur et l’impur; il annonce que, chez le peuplerégénéré, ils enseigneront ces choses. Ezech., xliv, 23: Michée, iii, 11, les accuse de prendre un salaire pourenseigner. Aggée, ii, 12, constate que les prêtres deson temps ne savent pas faire la distinction dont parleÉzéchiel. Malachie, ii, 7, 8, leur adresse les mêmesreproches: «Les lèvres du prêtre sont les gardiennesde la science, et c’est de sa bouche qu’on demandel’enseignement, parce qu’il est l’ange de Jéhovah desarmées. Mais vous, vous vous êtes écartés de la voie, vous en avez fait trébucher plusieurs contre la loi, vousavez perverti l’alliance de Lévi.» Il est probable quele texte du Lévitique se rapportait beaucoup plus à laloi rituelle qu’à la loi morale. La connaissance decette dernière venait de la conscience même, et, chaqueannée sabbatique, les prêtres devaient donner aupeuple lecture du livre qui la rappelait. Deut., xxxi, 9-13. En fait, l’enseignement moral et religieux donnépar les prêtres semble avoir été assez restreint. VoirEnseignement, t-. ii, col. 1813. Les prophètes s’en chargèrentpendant un temps; puis, après la captivité, les

docteurs ou scribes, avec moins d’autorité et de sûretédans la doctrine, prirent la tâche de l’enseignement.Les prêtres, uniquement occupés de leurs fonctionsrituelles, s’en désintéressèrent à peu près complètement, sauf ceux d’entre eux qui devinrent docteurs dela loi. C’est ce qui fait que les prêtres d’Israël n’exercèrentqu’une influence médiocre sur le développementet la garde des idées morales et religieuses dans leurnation.

vni. résidence. — Quand les Israélites occupèrentla Palestine, quarante-huit villes furent assignées auxmembres de la tribu de Lévi, pour servir d’habitationaux prêtres et aux lévites. Num., xxxv, 1-8. Voir LÉvitiques(Villes), t. iv, col. 216. Parmi ces villes, treizeétaient spécialement destinées aux prêtres dans lestribus de Juda, de Siméonet de Denjamin, par conséquentdans le voisinage de Jérusalem. Jos., xxi, 4. Voirl’énumération de ces villes, t. iv, col. 217. Pourtant lesprêtres n’étaient pas confinés dans ces seules villes.Partout ailleurs, ils pouvaient s’établir à leur gré, maisen s’achelant eux-mêmes des maisons et des champs.Cf. De Hummelauer, In Num., Paris, 1899, p. 373.C’est pourquoi, à l’époque du schisme de Jéroboam, les prêtres et les lévites «qui se trouvaient dans toutIsraël», voyant qu’on les empêchait de remplir leursfonctions en l’honneur de Jéhovah, abandonnèrentleurschamps et leurs propriétés pour passer en Juda et àJérusalem. II Par., xi, 13, 14. Après la captivité, lesprêtres et les lévites s’établirent dans leurs villes, cequi s’entend seulement du pays mis à la dispositiondes nouveaux arrivants, c’est-à-dire de Jérusalem etde Juda. II Esd., viꝟ. 6, 73. À Jérusalem même se fixèrent1192 prêtres, II Esd., xi, 4, 10-14, 1760 d’après II Par., rx, 13. Les villes et bourgades de Juda en reçurentaussi. I Esd., ii, 70; II Esd., vii, 73; xi, 3, 20, 36.Le voisinage de Jérusalem était certainement préféré, parce qu’il rendait plus faciles les voyages au Temple. Leprêtre Zacharie demeurait dans la montagne de Juda.Luc, i, 39.

ix. ressources. — Les prêtres, comme tous leslévites, n’avaient pas de domaine territorial; ils appartenaientexclusivement au service de Dieu, et Dieu devaitêtre lui-même leur part et leur héritage au milieud’Israël. Num., xviii, 20; Jos., xiii, 14. Voici parquelsmoyens Dieu assurait leur subsistance et celle de leurfamille. Il y a quelques divergences de détail à cesujet entre le Lévitique et le Deutéronome; mais ellesse concilient assez aisément, ou parfois accusent unemodification dans la législation.

1° Sacrifices. — Dans le sacrifice pour le péché, toutrevenait au prêtre, Num., xviii, 9, 10, sauf l’un desdeux oiseaux qu’offraient les pauvres, Lev., v, 7, et toutce qui était offert pour le péché d’un prêtre. Lev., vi, 23. —Dans le sacrifice pour le délit, tout revenait égalementau prêtre. Lev., vii, 7; Num., xviii, 9, 10.— Dans lesoblations, tout était pour le prêtre, sauf la poignée defarine prélevée pour l’autel. Lev., ii, 3, 10; vi, 9-11; vu, 9, 10, 14; x, 12, 13; Num., xviii, 9, 10; Ezech., xliv, 29. — Les prêtres avaient encore pour eux lesdouze pains de proposition. Lev., xxiv, 5-9. —Dans lessacrifices pacifiques, la poitrine et la cuisse droite dela victime étaient pour le prêtre. Lev., vii, 30-34; x, 14, 15. — Dans les holocaustes, les prêtres n’avaientpour eux que la peau de la victime; mais le revenu nelaissait pas que d’être fort appréciable, à cause du grandnombre des victimes. Cf. Philon, De prœmiis sacerdot., 4, édit. Mangey, t. ii, p. 235. Le rituel babylonienassignait aussi, aux prêtres et aux serviteurs destemples, la part des victimes qui devait leur reveniraprès les sacrifices de bœufs et de moutons, ainsi queles poissons, légume’s, vêtements, etc., auxquels ilsavaient droit. Cf. Dhorme, Textes religieux, Paris, 1907, p. 391-393.

2° Prémices. — Elles portaient sur le froment, l’orge, les raisins, les figues, les grenades, les olives et lemiel. Deut., viii, 8; xxyi, 5-10; Num., xviii, 13; II Esd., x,; 36. Voir Prémices, col. 598. On y joignaitce qu’on appelait la (erûmdh, «offrande», prélevéesur le meilleur des champs et des arbres fruitiers, etconsistant surtout en grains, vin et huile. On donnaitde 1/40 à 1/60 de la récolte, suivant la générosité dechacun. Num., xyhi, 12; II Esd., x, 38. Cf. Terumoth, i, 7; iv, 3; etc.

3° Dîme. — Elle portait sur tout ce qui croît de laterre et sert à la nourriture. Elle servait à alimenternon seulement les prêtres, mais aussi les lévites, quid’ailleurs versaient encore aux prêtres la dîme de ladîme. Num., xviii, 20-32; II Esd., x, 38-40. Voir Dîme, t. ii, col. 1434.

4° Pain. — On devait aux prêtres une partie dupain préparé, Num., xv, 17-21; II Esd., x, 28, ce quesaint Paul appelle àirapx*! xo " ù «pupi|JiaTo; , «prémicesde la masse», Rom., xi, 16, et ce qui fait l’objet dutraité Challa de la Mischna. La redevance portail sur1/24 pour les particuliers et sur 1/48 pour les boulangers.Challa, ii, 7.

5° Premiers-nés. — Exod., xiii, 11-16; xxii, 29, 30; xxxiv, 19, 20; Deut., xv, 19-23. Le premier-né de lafemme était racheté au prix de cinq sicles d’argent, qu} appartenaient aux prêtres. Num., xviii, 15, 16; II Esd., x, 37. Le premier-né des animaux purs leurétait aussi destiné, sauf la graisse et le sang, quiallaient à l’autel. Num., xviii, 17-18; Deut., xv, 19, 20; II Esd., x, 37. S’il avait quelque défaut, sa destinationétait la même, mais on ne l’offrait pas à l’autel. Deut., xv, 19-23. Le premier-né des animaux impurs se rachetaità prix d’argent, sauf celui de l’âne, qui se rachetaitpour un agneau, toujours au profit des prêtres.Exod., xiii, 13; xxxiv, 20; Num., xviii, 15; II Esd-, x, 37. Voir Premier-né, col. 603; Rachat.

6° Viande. — Sur tout animal de gros ou menu bétailque l’on abattait, les prêtres avaient droit à troismorceaux, l’épaule, les mâchoires et l’estomac. Deut., xviii, 3. Cf. Chullin, x.

7° Toisons. — Deut., xviii, 4; Tob., i, 6. Cf. Chullin, xi, 1, 2. La redevance n’était due que par celui quiavait plusieurs brebis, deux d’après l’école de Schammaï, cinq d’après celle de Hillel.

8° Vœux. — Le produit des vœux de toute nature devaitêtre versé aux prêtres, soit sous forme réelle, soitsous forme de rachat, Lev., xxvji, 2-33; Deut., xxiii, 2123; Matth., xv, 5; Marc, vii, 11; mais il était probablementemployé aux besoins du culte. Cf. Schekalim, iv, 6-8. Voir Rachat, Vœu.

9° Anathèmes. — Tout ce qui était voué à Jéhovahpar anathème, sauf les personnes, allait aux prêtres sanspouvoir être racheté. Lev., xxvii, 28; Num., xviii, 14; Ezech., xliv, 19.

10° Restitutions. — Quand un coupable voulait réparerle préjudice causé au prochain, il rendait le bien malacquis avec majoration d’an cinquième, et si le lésén’était plus là et n’avait plus de représentant, la restitutionprofitait aux prêtres. Num., v, 6-10. Cf. Schûrer, Geschichte, t. ii, p. 243-257; F. Buhl, La société Israélited’après l’A. T., trad. de Cintré, Paris, 1904, p. 135-139.

X. USAGE des RESSOURCES. — 1° Centralisation. — Certainesressources, à raison de leur nature même, commele pain, la viande, etc., ne pouvaient être portées auloin. On les remettait donc au prêtre là où il se trouvait.Cf. Terumoth, II, 4. D’après Challa, IV, 8, 9, onpouvait remettre à tout prêtre le pain, le produit del’anathème, les animaux premiers-nés, l’argent du rachatdu fils prem}er-né, celui du premier-né de l’âne, les morceaux de l’animal abattu, la toison. Tout le resteétait centralisé à Jérusalem. II Par., xxxr, 11, 12; II Esd., xii, 43; xiii, 5; Mal., iii, 10.

2° Répartition. — Les ressources sacerdotales, aumoins celles qui étaient apportées à Jérusalem, se répartissaiententre tous les prêtres. Sous Ézéchias, lesdistributions se faisaient dans les villes sacerdotales pardes lévites préposés à ce service. II Par., xxxi, 15-19.Les prêtres qu’une difformité corporelle écartait du servicede l’autel avaient part aux distributions au mêmetitre que lesautres. Lev., xxi, 22. Cf. Josèphe, Ant. jud., III, xii, 2; Bell, jud., V, v, 7; Sebachim, xii, 1.

3° Consommation. — Les choses très saintes ne pouvaientêtre consommées que par les prêtres seuls dansle Temple; on en comptait dix: les quadrupèdes dusacrifice expiatoire, les oiseaux du même sacrifice, lesvictimes pour le délit certain, celles pour le délit douteux, celles des sacrifices pacifiques publics, le logd’huile du lépreux, les deux pains de la Pentecôte, lespains de proposition, les restes des oblations et la gerbepascale. On en comptait quatre autres qui devaient êtreutilisées à Jérusalem même: les premiers-nés des animaux, les prémices, ce qu’on réservait dans le sacrificedu nazaréen et les peaux des victimes très saintes. Enfin, il y en avait dix dont on pouvait faire usage hors deJérusalem: la terumah, la dîme des dîmes, le pain dela challa, ce qui provenait des animaux abattus, le prixdu rachat du fils premier-né, celui du premier-né del’âne, le champ voué à Jéhovah, le champ de l’anathèmeet le produit de la restitution dévolue aux prêtres.Cf. Reland, Antiquitates sacrx, p. 97, 98. Tous cesbiens, à l’exception des dix premiers qualifiés de «chosestrès saintes», pouvaient être utilisés par le prêtre et safamille, femmes, filles et esclaves; mais elles étaientinterdites au mercenaire et à la fille mariée à un hommequi n’était pas prêtre. Lev., xxii, 1-16. Dans tous les cas, il fallait être en état de pureté légale pour participer àl’usage de ces biens.

4° Condition économique des prêtres. — La législationassurait ainsi, d’une manière assez large, la subsistancedes prêtres. Car, ce n’étaient pas seulementleurs compatriotes de Palestine qui leur versaient demultiples redevances; ceux de la dispersion ne manquaientpas de remplir leur devoir à cet égard. Cf. Cha lla, iv, 7-11; Chullin, x, 1; Philon, De monarch., ii, 3; Leg. ad Caj., 23, 40, édit. Mangey, t. ii, p. 224, 568, 592; Josèphe, Ant. jud., XIV, vii, 2; XVI, vi, 2-7; Cicéron, Pro Flacco, 28, etc. D’autre part, les prêtresn’avaient pas à s’occuper des besoins du culte, puisquedes redevances spéciales y pourvoyaient. Rien ne lesempêchait d’acquérir des propriétés en dehors de leursvilles, et, à ce point de vue, ils étaient assimilés auxautres Israélites. III Reg., ii, 26; Jer., i, 1; etc. Mais, en tant que prêtres, ils n’avaient pas d’autre propriététerritoriale que celle qui leur était assignée par la Loi, et comme les redevances qui leur étaient servies étaientà peu près toutes de nature mobilière, il n’y avait pasà craindre que la propriété foncière s’accumulât entreleurs mains. Au retour de la captivité, Artaxerxès nevoulut pas que les prêtres et les autres ministres duTemple fussent soumis aux impôts communs. I Esd., vii, 24. Sans doute, le nombre des prêtres avait augmentéavec le temps; mais les autres familles israélites s’accroissaientdans la même proportion que celle d’Aaron, et, avec la population, augmentaient les sacrifices, lesdîmes et les autres sources de revenus. Dieu avait ainsivoulu assurer à ses prêtres une situation honorable auxyeux d’un peuple qui regardait l’aisance et la prospéritétemporelle comme les marques habituelles de lafaveur divine. H ne fallait pas non plus que les prêtresde Jéhovah fissent trop mauvaise figure à côté de ceuxdes dieux égyptiens et babyloniens, et des prêtres schismatiquesou idolâtriques de leur voisinage immédiat.Tous auraient donc pu vivre à l’aise si les redevancesrecueillies leur avaient toujours été équitablement réparties.

XI.’LES PBÉ1RBS DANS L’HISTOIRE. — 1° De Moïse aux

rois. — Le sacerdoce aaronique établi par Moïse ne futpas installé sans opposition, comme le montre la révoltedes rubénites Dathan et Abiron, qu’appuya le léviteCoré et à laquelle prirent part deux cent cinquanteIsraélites, «princes de l’assemblée, appelés au conseilet hommes de renom. t> Num., xvi, 1-2. Il fallut unchâtiment terrible pour faire prévaloir la volonté deJéhovah, et encore les Israélites ne se soumirent-ils pasde bon gré à la leçon qui leur était donnée, de sortequ’il fallut que le châtiment recommençât pour lesmettre à la raison. Num., xvi, 41-49. Une loi nouvellerappela ensuite à tous le respect qu’ils devaient au prêtreet au juge: «Tu les consulteras, et ils te feront connaîtrece qui est conforme au droit… Tu agiras selonla loi qu’ils enseigneront et selon la sentence qu’ils aurontprononcée, sans te détourner ni à droite ni à gauchede ce qu’ils t’auront fait connaître. Celui qui, selaissant aller à l’orgueil, n’écoutera pas le prêtre qui setient là pour servir Jéhovah, ton Dieu, ou qui n’écouterapas le juge, sera puni de mort.» Deut., xvii, 942.Dès lors, on ne vit plus se produire de protestation sérieusecontre le sacerdoce issu d’Aaron. Les prêtresexercèrent la fonction qui leur était dévolue dans lesmarches et dans les combats, Num., x, 5-10; au passagedu Jourdain, Jos., iii, 13-17, et à la prise de Jéricho.Jos., vi, 12-16. — Du temps des Juges, on Vit un simplelévite entrer comme prêtre au service d’un Éphraïmite, du nom de Michas, moyennant dix sicles d’argent paran, une provision de vêtements et la nourriture.Jud., xvii, 10. Il fut ensuite enlevé par les Danites quile prirent à leur service, puis installèrent à Lais, commeprêtres, des descendants deGersam, fils de Moïse.Jud., xviii, 19, 20, 30. Ces prêtres, bien que lévites, étaient aussi illégitimes que le culte qu’ils exerçaient.Leur tentative demeura isolée. — La faiblesse du grandprêtreHéli fut cause que ses fils deshonorèrent le sacerdocepar leur rapacité, attirèrent le mépris des Israélitessur les sacrifices et provoquèrent de terribles châtiments, la défaite d’Israël par les Philistins, la prisede l’Arche, la mort d’Héli et leur propre mort. I Reg., ii, 12-17; iv, 1-18. Samuel fut suscité par Dieu pour rétablirl’honneur du sacerdoce et du culte divin. Il étaitde la tribu de Lévi, mais non de la famille d’Aaron, puisqu’il descendait de Lévi par Coré. I Par., vꝟ. 34-38. «Moïse et Aaron parmi ses prêtres, et Samuel parmiceux qui invoquent son nom,» dit le Ps. xcix (xcvm), 6. Un homme de Dieu dit à Héli, de la part du Seigneur: «Je me susciterai un prêtre fidèle, qui agiraselon mon cœur et selon mon âme; je lui bâtirai unemaison stable et il marchera toujours devant mon oint.Et quiconque restera de ta maison viendra se prosternerdevant lui pour avoir une pièce d’argent et un morceaude pain, et il dira: Mets-moi, je te prie, à quelqu’unedes fonctions du sacerdoce, afin que j’aie un morceaude pain à manger.» I Reg., ii, 35, 36. La prophétie seréalisa quand le pontificat fut enlevé à Abiathar, quatrièmesuccesseur d’Héli, de la descendance d’Éléazar, pour être conféré à Sadoc, de la descendance d’Ithamar, quatrième fils d’Aaron. III Reg., ii, 26, 27, 35. Les petit*filset descendants d’Héli en furent alors réduits à exercerles fonctions de simples prêtres. Il est bien dit, dans un commentaire faussem*nt attribué à saintJérôme, In I ad Cor., i, 1, t. xxx, col. 717, que le «prêtrefidèle» n’était autre que Samuel. Mais saint Jérômelui-même, Queest, hebr. in I Reg., t. xxx, col. 1333, n’exprime nullement cet avis, et enregistre seulenientl’opinion de ceux qui pensent que tout le passage IReg., Il, 27-36, se rapporte à une époque antérieure et a étéinséré ici pour l’honneur de Samuel. Saint Augustin, De Civ. Dei, xvii, 5, 2, dit également qu’il ne peut pass’agir ici de Samuel, qui était lévite, mais non de lafamille d’Aaron. Cf. Cont. Faustum, xii, 33, t. xlii,

col. 271. Les fonctions déjuge et de prophète n’exigeaientnullement le sacerdoce, et si Samuel conféra l’onctionroyale à Saûl, IReg., x, 1, et à David, I Reg., xvi, 13, il ne paraît pas qu’il fallût être prêtre pour cet office.IV Reg., ix, 6. Mais Samuel offrait des sacrifices, IReg., vu, 9, 10; ix, 8; EccH., xlvi, 19(16): «Il offrit un agneauencore à la mamelle.» Aucun reproche n’est adresséau prophète à ce sujet. C’est donc qu’il agissait en vertud’une inspiration divine, ou qu’il n’offrait de sacrificesque par le ministère habituel des prêtres. Voir Samuel.2° Sous les rois. — Le transport définitif de l’Archeà Jérusalem fixa dans la nouvelle capitale le culte deJéhovah, et David offrit des sacrifices d’actions degrâceset des holocaustes. II Reg., VI, 17. Il le fit, bien entendu, par le ministère des prêtres, pour nepas encourir la réprobation qui avait frappé Saûl.I Reg., xiii, 9-14. En Egypte, les pharaons étaient lessouverains sacrificateurs. Dieu ne voulait pas qu’il enfût ainsi en Israël; il y maintint toujours très formellementla prérogative qu’il avait attribuée à la descendanced’Aaron. David s’occupa de l’organisation duculte à Jérusalem; il divisa les prêtres en vingt-quatreclasses, de concert avec Sadoc et Achimélech, afind’assigner à chaque classe son tour de service.I Par., xxiv, 1-19. Les prêtres figuraient aussi dansl’armée et y exerçaient même des commandements.

I Par., xii, 27, 28; xxvii, 5, 6. Avec Salomon, l’organisationpréparée par David commença à fonctionnerdans le nouveau Temple. II Par., viii, 14, 15. Après lui, les choses changèrent de face. Les prêtres avaient leursvilles sacerdotales; mais un bon nombre d’entre euxs’étaient établis dans tout le pays. Ils y avaient avantage, parce que, tout en restant assurés des ressourcesgénérales de leur ordre, ils pouvaient profiter en plusdes redevances locales qu’il était impossible ou qu’iln’était pas nécessaire de centraliser à Jérusalem. Leschisme de Jéroboam les obligea à se replier sur leterritoire du royaume de Juda et à abandonner ainsila plus grande partie du pays précédemment occupé.

II Par, , xi, 13, 14. Il dut en résulter une certaine gênependant quelque temps; car le nombre des prêtres restaità peu près tel qu’à l’époque de David et de Salomon, alors que le royaume de Juda était seul désormaisà assurer leur subsistance, et rares furent ceuxd’Israël qui continuèrent à s’acquitter des redevanceslégales. Tob., i, 6-8. La situation fut souvent aggravéepar l’idolâtrie des rois et celle du peuple, ce qui commençadès le règne de Roboam. II Par., XII, 1. Il estévident que ceux qui se détournaient de Jéhovah pourpasser au culte des idoles ne se préoccupaient guèred’acquitter leurs redevances envers le sacerdoce aaronique.Beaucoup de prêtres durent être souvent réduits, comme les descendants d’Héli, à solliciter unefonction active dans le service du culte, afin d’avoir unmorceau de pain à manger. I Reg., ii, 36. — Sous lesordres du grand-prêtre Joïada, les prêtres et les lévitesfurent les agents actifs de la révolution qui détrônaAthalie, pour mettre à sa place le roi légitime, Joas.IV Reg., xi, 4-16; II Par., xxiii, 1-15. Quelques annéesplus tard, Joas blâma la négligence des prêtres quin’avaient pas dignement entretenu la maison du Seigneur, et prit des mesures pour faire tout remettre enétat. IV Reg., xii, 6-16; II Par., xxiv, 4-14. Le roiOzias, qui eut la témérité d’imiter Saül et de s’ingérerdans une fonction qui n’appartenait qu’aux prêtres, , fut frappé de Dieu, toujours jaloux de faire respecterles prérogatives de son sacerdoce. IV Reg., xv, 5; II Par., xxvi, 16, 21. Ézéchias rouvrit les portes duTemple fermées par Achaz, y rétablit’les prêtres dansleurs fonctions, restaura le culte de Jéhovah, fit reprendrepar le peuple l’habitude de s’acquitter deffredevances sacrées et en assura l’équitabte répartition..II Par., xxix, 3-xxxi, 21. — Pendant son long règne

de cinquante-cinq ans, Manassé installa le culteidolâtrique dans le Temple même, sans que les prêtresparaissent avoir fait une sérieuse opposition à un telattentat. II Par., xxxiii, 2-10; IV Reg., xxi, 2-9. Lesprophètes seuls protestèrent, bien qu’inutilement.IV Reg., xxi, 10-15. Une dernière restauration du culteeut lieu sous Josias, avec le concours du grand-prêtreHelcias. IV Reg., xxii, 3-xxui, 28; II Par., xxxiv, 8xxxv, 19. — À travers toutes ces vicissitudes de la religion, selon le caprice des rois infidèles, on ne voitguère les prêtres prendre un parti décisif en faveurdu culte de Jéhovah. Les prophètes nous donnent le secretde cette apathie. Il n’y avait évidemment pas àcompter, pour maintenir le peuple dans la fidélité, surles prêtres d’Israël, qui n’avaient qu’un sacerdoce fictifet dont Osée décrit l’ignorance, la scélératesse et lechâtiment prochain. Ose., iv, 6-9; v, 1-9; vi, 6-10. EnJuda même, les prêtres se laissaient entraîner au mal.Déjà Isaïe, xxviii, 7, 8, reproche leurs ignobles ivressesaux prêtres qui ont à rendre la justice. Cf. Is., lvi, 10-12. Sophonie, iii, 4, accuse les prêtres de profanerles choses saintes et de violer la loi. Jérémie, prêtrelui-même, donne des détails significatifs sur la conduitedes autres prêtres. Ils ne s’inquiètent pas deJéhovah et n’ont de pensée et de culte que pour lesidoles et pour 1’ «armée des cieux». Jer., ii, 8, 26; vni; 1, 2; cf. Ezech., xliv, 12. Les faux prophètes sontleurs oracles, Jer., v, 31, le mensonge est leur loi.Jer., vi, 13; viii, 10. «Prophètes et prêtres sont desprofanes, et dans ma maison même, j’ai trouvé leurméchanceté, dit Jéhovah.» Jer., xxiii, 11. Comme lesrois, les chefs et le peuple, les prêtres ont tourné ledos à Dieu. Jer., xxxii, 32. Il n’est donc pas étonnantque le châtiment terrible soit tombé sur Jérusalem ettout le pays, «à cause des péchés de ses prophètes, des iniquités de ses prêtres qui répandaient dans sonenceinte le sang des justes.» Lam., iv, 13. Ézéchiel, prêtre lui aussi, formule les mêmes accusations: «Les prêtres ont violé ma loi et profané mon sanctuaire; ils ne distinguent pas entre le saint et le profane, ils n’enseignent pas la différence entre celui quiest souillé et celui qui est pur, ils détournent lesyeux de mes sabbats et je suis profané au milieu d’eux.» Ezech., xxii, 26. Les chefs des prêtres eux-mêmes multipliaientles transgressions et profanaient la maison deJéhovah. Il Par., xxxvi, 14. Aussi devinrent-ils victimesde la captivité, avec le peuple qu’ils n’avaient passu maintenir dans le devoir. Tous les prêtres ne furentpas transportés, sans doute; les pauvres furent laissés

fn Palestine. Mais au milieu d’une population amoinrieet ruinée, sans Temple et sans culte, ils ne pouvaientque végéter misérablement. Il ne resta plusen fonction dans le pays que ces prêtres improvisésen Samarie après la première déportation, et quialliaient sacrilègement le culte de Jéhovah à celui desdieux étrangers. IV Reg., xvii, 27-41.

3° Après la captivité. — Avec Zorobabel revinrenten Palestine quelques milliers de prêtres, 4289 d’après

I Esd., ii, 36-39, et II Esd., vii, 39-42. On dut écarter, au moins provisoirement, ceux qui ne furent pas àmême de fournir la preuve de leur descendance aaronique.II Esd., ii, 61-63. Les prêtres reprirent l’exercicede leurs fonctions, selon la loi de Moïse, 1 Esd., m, 2; vi, 18; H Esd., viii, 14; x, 29, 34, et participèrentà tout ce qui se fit pour la reconstruction duTemple et des murs de la ville. Les prêtres revenus del’exil appartenaient à quatre familles, I Esd., ii, 36-38;

II Esd., vii, 39-42. Ces quatre familles comprenaientvingt-deux chefs au temps du grand-prêtre Josué, Il Esd., xii, l-7 r et du grand-prêtre Joakim, II Esd., xii, 12-21. À l’époque d’Esdras, des Israélites, et mêmedes prêtres et des lévites prirent pour épouses desétrangères, contrairement à la Loi. I Esd., ix, 1, 2.

Dix-sept prêtres, dont les noms sont cités, s’étaientrendus coupables de cette infraction; ils jurèrent derenvoyer leurs femmes et d’expier leur faute. I Esd., x, 18-22. Plus tard, Néhémie chassa le fils même dugrand-prêtre, qui s’était allié à une étrangère. II Esd., xiii, 28. Il s’en faut que tout fût parfait parmi lesprêtres de ce temps. Malachie, i, 6-14, leur reprochesévèrement d’offrir à l’autel des victimes indignes deDieu. Il leur annonce le châtiment qui les frappera, Mal., ii, 1-9; iii, 2-3, et prédit à cette occasion l’oblationpure qu’un jour Dieu substituera aux anciennesvictimes. Mal., i, 10, 11. On comprend que, dans cesconditions, l’influence religieuse qu’auraient pu exercerles prêtres ait passé peu à peu aux mains des scribes.Voir Scribes. — Les devoirs envers le prêtre étaientnéanmoins rappelés au peuple. Osée, iv, 4, avait comparéles Israélites impies à «celui qui aurait un procèsavec le prêtre», c’est-à-dire qui contesterait sesdroits légitimes au vrai prêtre de Jéhovah et mériteraitainsi les plus graves châtiments. Deut., xvii, 12.Le fils de Sirach recommande de rendre aux ministresdu Seigneur ce qui leur est dû:

Crains le Seigneur de toute ton âme, Et tiens ses prêtres en grand honneur.Aime de toutes tes forces celui qui t’a fait, Et ne délaisse pas ses ministres.

Crains le Seigneur et honore le prêtre, Donne-lui sa part, comme il est prescrit: La victime pour le délit avec le don des épaules, La sainte obîation et les prémices dues aux saints.Eccli., vir, 31-34.

Il fait ensuite l’éloge du grand-prêtre Simon, quiofficiait si majestueusem*nt et autour duquel les autresprêtres remplissaient leurs fonctions saintes. Eccli., l, 1-21. — Sous la domination des rois de Syrie, le prêtreMatathias et ses cinq fils, Jean, Simon, Judas, Éléazaret Jonathas, prirent l’initiative d’un soulèvement nationalpour délivrer le pays du joug étranger et rétablirle culte de Jéhovah dans sa splendeur. I Mach., n, 1-5. Ils réussirent dans leur double entreprise. Usdonnèrent eux-mêmes l’exemple de l’obéissance àtoutes les prescriptions de la loi mosaïque. Ils gouvernèrentle peuple juif avec une indépendance complèteà partir de Simon, en l’an 142, jusqu’à la prise deJérusalem par Pompée, en l’an 63. Jonathas, en 161, fut même investi du souverain pontificat, qui restadans la famille machabéenne jusqu’en l’an 37 et passasuccessivement à huit grands-prêtres après Jonathas.Voir Grand-prêtre, t. iii, col. 306; Machabées, t. iv, col. 480-487. Il est probable qu’un certain nombre deprêtres se laissèrent entraîner aux pratiques idolâtriquesmises à la mode par les rois de Syrie; car ilest noté que, pour purifier le sanctuaire, Judas Machabée «choisit des prêtres sans défauts, attachés à laloi de Dieu». I Mach., iv, 42. Les prêtres prenaientpart aux luttes soutenues par leurs chefs, et plusieurspérirent dans les combats, parfois par leur propreimprudence. I Mach., v, 67. Quand Nicanor menaça lesprêtres de détruira le Temple s’ils ne lui livraientJudas Machabée, ceux-ci en appelèrent à Dieu pour lessecourir et ils furent exaucés; II Mach., xiv, 31-34. —Vers l’an 160, Onias IV, fils du grand-prètre Onias III, éleva un temple à Léontopolis, en Egypte, et, sous sadirection, des prêtres aaroniques y célébrèrent le-cultesuivant les règles mosaïques, tout en se maintenanten relations avec le sacerdoce de Jérusalem. Cette entreprisene fut pas bien vue des Juifs de Palestine.Voir Onias IV, t. iv, col. 1818-1819.

4° À partir de Jésus-Christ. — Quand Jean-Baptistecommença sa prédication, on envoya de Jérusalem desprêtres et des lévites pharisiens pour lui demander cequ’il était. Joa., i, 19, 24. C’étaient des représentantsdu sanhédrin, exerçant ainsi le droit qu’il avait de sur

veiller les manifestations religieuses qui se produisaientdans le pays. — Notre-Seigneur lui-mêmesemble avoir eu peu de rapports avec les prêtres. Ilreconnaît cependant la légitimité de leur ministèredans le Temple, Matth., xii, 4, 5, et renvoie à leurexamen le lépreux qu’il a guéri. Matth., viii, 4; Marc, i, 44; Luc, v, 14. — Depuis que le pontificat suprêmeétait tombé sous la dépendance absolue du pouvoircivil, qui se réservait la nomination du grand-prêtre, c’est-à-dire depuis Hérode, le haut sacerdoce se recrutaitdans la secte des sadducéens, qui ne croyaient pasà Ja vie future et ne songeaient qu’aux honneurs, auxrichesses et à la jouissance. Parmi les descendantsd’Aaron, les riches seuls étaient admis à exercer leursfonctions dans le Temple, avec la faculté de les exploiterconformément à leurs intérêts. Les autres prêtresvivaient dans l’abandon, la pauvreté et l’ignorance.Des grands-prêtres en vinrent à faire piller par leursserviteurs les greniers contenant des dîmes destinéesaux prêtres, si bien que ceux-ci mouraient de misère.Cf. Josèphe, Ant. jud., XX, viii, 8; ix, 2. Ceux quijouissaient de la faveur des grands n’en avaient pasplus d’influence morale pour cela. Ils ne se préoccupaientplus que de la forme matérielle du culte, surtoutdans ce qu’il avait d’honorifique et de lucratif. Il n’estpas surprenant que, dans ces conditions, leur influencemorale fût à peu près nulle sur le peuple. Déjà mêmeles meilleurs prêtres aaroniques eussent été impuissantsà procurer le salut de leur nation et à travaillerà celui de l’humanité, parce que la religion qu’ils représentaientn’avait pas grâce pour assurer ce bien etd’ailleurs touchait à sa fin. Notre-Seigneur le donne àcomprendre dans sa parabole du bon Samaritain, quireprésente le prêtre de l’ancienne loi passant auprèsdu malheureux blessé et ne faisant rien pour lui, parimpuissance plus encore que par mauvais vouloir, Luc, x, 31. Beaucoup de ces pauvres prêtres s’en rendirentcompte; la grâce aidant, une multitude d’entreeux obéirent à la foi chrétienne. Act., vi, 7. — Bienque les prêtres influents au point de vue politiqueappartinssent à la secte sadducéenne, Act., v, 17; cf. Josèphe, Ant. jud., XX, îx, 1, il s’en faut cependantqu’on ait le droit d’identifier le sacerdoce avec lesadducéisme. Les principaux seuls se rattachaient à lasecte; beaucoup d’autres étaient pharisiens, et les pharisiensdéfendaient avec zèle les droits légitimes dusacerdoce et lui reconnaissaient la première place dansla théocratie. Cf. Ckagiga, ii, 7; Horayoth, iii, 8; Gitlin, v, 8. Leur opposition ne visait que les prêtresinféodés au sadducéisme et au pouvoir civil, étrangerà la nation. Au temps des Machabées, la hiérarchiesociale se composait de quatre éléments: le grandprêtre, le sénat ou le conseil des anciens, les prêtreset le peuple. I Mach., xii, 6; xiv, 20. À l’époque évangélique, les prêtres n’étaient pas déchus de ce rang.Un certain nombre d’entre eux faisaient même partiedu sanhédrin, soit dans la classe des grands-prêtres, soit dans celle des anciens, soit dans celle des scribes.Voir Sanhédrin. Dans les synagogues, les prêtresavaient la préséance; ils étaient appelés les premiersà faire la lecture. Cf. Gittin, v, 8. — Le sacerdocejudaïque, aboli en droit par la mort de Jésus-Christ, le fut en fait par la ruine définitive du Temple. Onvoulut croire d’abord que le désastre n’était que provisoire, comme au temps des Chaldéens. Les docteurs suspendirent donc le paiement des redevancesqui avaient pour objet l’entretien du Temple et l’exercicepublic du culte; mais les autres furent maintenueset on les acquitta, en général, là où se trouvaient desprêtres. Cf. Schekalim, viii, 8. Mais il fallut ensuitese rendre à l’évidence. Les prêtres avaient perdu leurraison d’être, puisqu’il n’y avait plus de fonctions rituellesà remplir. Ils furent remplacés par les docteurs

ou rabbins, qui n’avaient pas besoin de temple pourune religion privée de sacrifice et réduite au servicedes synagogues.

IV. Sacerdoce chrétien. — 1° Sacerdoce de Jésus-Christ.— 1. Jésus-Christ a été le prêtre par excellencede la loi nouvelle. Il a été appelé à cette fonction parDieu même, qui déjà s’était réservé d’appeler, en lapersonne d’Aaron, les prêtres de la loi ancienne, Heb., v, 4, 5. Cet appel a eu lieu quand Dieu lui a dit: «Tues mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui,» Ps. ii, 7, et encore: «Tu es prêtre pour toujours selon l’ordrede Melchisédech.» Ps. ex (cix), 4. — Notre-Seigneurn’est pas de la tribu de Lévi, mais de celle de Juda.Son sacerdoce ne se rattache donc pas à celui d’Aaron.Il est prêtre selon l’ordre de Melchisédech, c’est-à-direà la manière de ce «roi de justice» et «roi de paix», dont l’Écriture n’indique pas la généalogie, mais auquelAbraham, père de toute la race lévitique, rend lui-mêmehommage et donne la dîme. Le sacerdoce deJésus-Christ ne dérive donc pas de celui d’Aaron; il asur lui une supériorité figurée déjà par les devoirsqu’Abraham a rendus à Melchisédech. Heb., vii, 1-7. —Le sacerdoce aaronique a été établi sans serment, Dieune lui ayanj; jamais promis l’exercice perpétuel de sesfonctions; aussi les prêtres se succédaient-ils les unsaux autres parce que la mort les arrêtait. Le sacerdocede Jésus-Christ a été établi avec serment: «Le Seigneurl’a juré, il ne s’en repentira pas: Tu es prêtrepour toujours.» De plus, il demeure éternellement etne se transmet point, parce que celui qui le possèdeest toujours vivant. Heb., vii, 20-25. — Les prêtres lévitiquesétaient sujets au péché; se souvenant de leurfaiblesse, ils étaient capables de se montrer indulgentsenvers les autres, mais devaient nécessairement commencerpar offrir des sacrifices pour eux-mêmes. Jésus-Christest un grand-prêtre «saint, innocent, sanstache, séparé des pécheurs, élevé au-dessus des cieux».Il n’a donc pas besoin d’offrir de victimes pour lui-même; mais il s’est offert pour les péchés du peupleet a été exaucé pour sa piété. Heb., v, 1-9; vit, 26-28.

— Les prêtres anciens exerçaient leur ministère dans, des sanctuaires faits de main d’homme, le Tabernacleet le Temple; il y avait là un Saint des saints cachépar un voile, et de multiples prescriptions charnellesauxquelles les prêtres étaient assujettis. Le ministèresacerdotal de Jésus-Christ, après avoir commencé surterre, s’exerce maintenant «à la droite du trône de lamajesté, dans les cieux», où est assis Jésus-Christ, «comme ministre du sanctuaire et du vrai tabernacle, qui a été dressé parle Seigneur, et non par un homme,» et il y est «toujours vivant pour intercéder» en faveurdes hommes. Heb., vii, 25; viii, 1, 2; ix, 1-11. — Lessacrifices des anciens prêtres se multipliaient indéfiniment, parce qu’ils étaient inefficaces et ne pouvaientprocurer que la pureté de la chair. Le sacrifice deJésus-Christ est unique, parce qu’il purifie les âmeselles-mêmes, abolit le péché une fois pour toutes, a unevertu toute puissante et assure le salut éternel à ceuxqui veulent en profiter. Heb., v, 9; vii, 25; ix, 12-14.Jésus-Christ a donc été revêtu d’un véritable sacerdoce, supérieur au sacerdoce lévitique par son origine, son unité, sa sainteté et son efficacité. — 2. «Toutgrand-prêtre, pris d’entre les hommes, est établi pourles hommes en ce qui regarde le culte de Dieu, afind’offrir des oblations et des sacrifices pour les péchés.» Heb., v, 1. Jésus-Christ n’a offert qu’un seul sacrifice «par lequel il a procuré la perfection pour toujours àceux qui sont sanctifiés.» Heb., x, 14. Ce sacrifice estcelui de la croix, que le sacrifice eucharistique représenteet continue. Voir Sacrifice. Cf. De Condren, Idée du sacerdoce et du sacrifice de J.-C, Paris, 1858, p. 19-45. — 3. Les Pères appliquent à Jésus-Christ lesparoles du Psaume xlv (xliv), 8: «Le Seigneur t’a

oint d’une huile d’allégresse.» Plusieurs ont penséque cette onction s’éfait faite au jour du baptême; ilest plus exact de dire, avec d’autres, que cette onctionremonte au moment même de l’incarnation et queJésus-Christ a été fait prêtre en même temps que faithomme. Cf. Pétau, De incarn. Verbi, XI, ix, 3-14; XII, xi, 1-11.

2° Les prêtres de l’Église. — 1. Le sacerdoce deJésus-Christ étant un sacerdoce éternel, qui ne se transmet.pas parce que celui qui le possède est toujoursvivant, il suit de là que les prêtres de la loi nouvellene peuvent être que les organes du prêtre éternel, maisinvisible. Cf. S. Optât, De schismate Donatist., v, 3, 4, t. xi, col. 1051; S. Augustin, In Joa., v, 17, 18, 20, t. xxxv, col. 1423, etc. Jésus-Christ les prend où ilveut, en les appelant lui-même par une vocation intérieure, contrôlée extérieurement par le jugement del’Église. I Tim., v, 22. Comme sa religion et sonÉglise sont établies pour tous les peuples et pourtous les temps, il ne s’astreint pas à prendre sesprêtres dans une race spéciale; il les choisit partout.Le prophète l’avait prédit: «Le temps est venu de rassemblertoutes les nations et toutes les langues…J’enverrai… vers les îles lointaines qui n’ont jamaisentendu parler de moi et qui n’ont pas vu ma gloire, et ils publieront ma gloire parmi les nations… Et j’enprendrai même parmi eux pour prêtres et pour lévites, dit Jëhovah.» Is., lxvi, 18-21. Ainsi devait être procurél’accomplissem*nt de la prophétie de Malachie, i, 11, annonçant l’offrande de l’encens, des sacrifices etde l’oblation pure, en tous lieux parmi les nations. —2. Jésus-Christ lui-même a institué le sacerdoce de laloi nouvelle. Il a confié à ses Apôtres le pouvoir degouverner l’Église, Matth., xvi, 19; xviii, 18, de célébrerle sacrifice eucharistique, Luc, xxii, 19; 1 Cor., xi, 25, de remettre les péchés, Joa., xx, 23, d’enseigneret de baptiser, Matth., xxxviii, 19, 20; Marc, xvi, 15; Luc, xxiv, 47, etc. Les Apôtres ont exercé ces pouvoirset les ont transmis à d’autres par l’imposition des mains.I Tim., iv, 14; II Tim., i, 6. Voir Ordination, t. iv, col. 1853. De très bonne heure, il y eut comme un dédoublementdu sacerdoce. Les Apôtres eux-mêmes, qui en étaient revêtus dans sa plénitude, instituèrentles diacres, Act., vi, 1-6, chargés de certains ministèresqu’eux-mêmes remplissaient tout d’abord. VoirDiacre, t. ii, col. 1401. Les ministres institués par lesApôtres pour leur succéder et administrer les églisesétaient appelés indifféremment ÉniaxÔTtoc, «surveillants», Phil., i, 1, et itpes6vTipot, «anciens». L’anciennom hébraïque, kohên, était donc abandonnéet remplacé par des noms grecs plus intelligibles pourles convertis du monde gréco-rdinain. On laissait égalementde côté le nom grec t’sps’j; , que portaient lesprêtres païens et que gardaient aussi les prêtres juifs.Saint Paul disait encore de son temps aux «prêtres» d’Éphèse, tov; TipsuëutÉpou; (majores natu dans la Vulgate), que Dieu les avait constitués «évêques», imayr.6710uç, pour régir l’Église de Dieu. Act., xx, 17, 28. Cesministres gouvernaient collectivement les églises quileur avaient été confiées par les fondateurs. Act, xiv, 22; xx, 17; TU., i, 5; I Pet., v, 1-5; Jacob., v, 14; Doclr. Apost., xv, 1. Mais cet ordre supérieur netarda pas à être dédoublé à son tour. Dès le commencementdu second siècle, d’importantes églises sont gouvernéespar un chef unique, qui est appelé évêque. VoirËvéoue, t. ii, col. 2121-2126. On peut affirmer que cetépiscopat unitaire a fonctionné dès l’organisation deséglises de Jérusalem, de Rome, probablement d’Anlioche, etc. Cf. duch*esne, Hist. ancienne de l’Église, Paris, 1. 1, 1906, p. 84-95; Pourrat, La théologie sacrameniaire, Paris, 1907, p. 283-286. Le sacerdoce chrétiense trouva ainsi, presque à l’origine, partagé entre troisordres, l’épiscopat, qui en avait la plénitude, le presbytérat, qui en exerçait presque tous les pouvoirs, maissous l’autorité de t’évêque, et le diaconat, qui ne jouissaitque de pouvoirs inférieurs et restreints. Cf. Conc. Trid., Sess. xxiii, can. 6, 7; D. A. Gréa, De l’Église et de sadivine constitution, Paris, 1885, p. 271-306. —3. Saint Paul recommande à son disciple Timothée den’imposer trop vite les mains à personne. I Tim., v, 22.Il faut en effet que le sujet qui désire exercer le ministèresacré et ses fonctions excellentes soit examiné etéprouvé au préalable, parce que le ministre du Seigneurdoit se «montrer, dans le service de Dieu, comme un homme éprouvé, un ouvrier qui n’ait pointà rougir, dispensant avec droiture la parole de vérité.» II Tim., . ii, 15. L’Apôtre indique donc les qualitésexigées du candidat à l’épiscopat ou au sacerdoce. Ilfaut qu’il soit irréprochable, qu’il n’ait été marié qu’unefois; le célibat n’était pas encore requis pour le sacerdoce, que cette exigence eût alors rendu impossibleà recruter, mais les secondes noces constituaient unobstacle au ministère sacré. Il doit encore êtrevï)ipâ>, io; , sobrius, sobre ou modéré dans ses désirs, prudent, x6<t[moî, omatus, bien ordonné (pudique ajoutela Vulgate), hospitalier, capable d’enseigner. Il ne doitpas être adonné au viii, ni violent, mais doux, pacifique(non querelleur, ajoute la Vulgate), désintéressé, gouvernant bien sa maison, maintenant ses enfantsdans la soumission en toute gravité, o-£[/, vôt» )ç, castitas. Car celui qui ne sait pas gouverner sa maisonserait incapable de prendre soin de l’Église de Dieu.Il ne faut pas non plus qu’il soit un nouveau converti, de peur que la dignité si vite obtenue ne le porte à undamnable orgueil. Il est enfin nécessaire qu’il jouissede la considération de ceux du dehors, afin de ne pastomber dans l’opprobre et de là dans les pièges dudiable. 1 Tim., iii, 1-7. Saint Paul reproduit un programmeanalogue à l’usage de Tite. Il appelle l’évêqueou le prêtre ®eoû oîxovô^oç, «administrateur de lamaison de Dieu», Dei dispensator. Il veut surtoutqu’il soit «fermement attaché à la doctrine, afin d’êtreen état d’exhorter selon la saine doctrine et de réfuterceux qui la contredisent». Tit., i, 6-9. — L’Apôtresupplie Timothée de faire l’œuvre d’un prédicateur del’Évangile et d’être tout entier à son ministère, Siaxovia.II Tim., iv, 5. La même recommandation estadressée à Archippe, de Colosses. Col., iv, 17. — Leprêtre de la loi nouvelle, comme celui de l’ancienne, ale droit de vivre de son ministère. 1 Cor., ix, 4-12; 1 Tim., v, 17, 18. — Il se peut qu’il ne soit pas^toujoursà son devoir. On ne doit accueillir d’accusation contrelui que sur la déposition de deux ou trois témoins.S’il est coupable, on le reprendra publiquement, afind’inspirer de la crainte aux autres, mais on ne devraagir ni par prévention, ni par faveur. I Tim., v, 19-21.

— Saint Jean, III Joa., 9, signale un certain Diotréphèsqui exerçait dans une église une orgueilleuse etintolérante autorité. Il écrit aussi aux «anges» dessept églises, c’est-à-dire à leurs chefs spirituels, pourleur rappeler leurs devoirs, les féliciter ou les blâmer, selon qu’ils le méritent. Apoc, ii, l-m, 22.

Sur le sacerdoce attribué par certains textes auxsimples fidèles, voir Ordre, t. iv, col. 1855.

H. Lesêtre.

    1. PRIAPE##

PRIAPE, dieu de la fécondité des champs dans lamythologie grecque et latine. On le faisait naître de Bacchuset de Vénus et l’on plaçait ses statues de formeindécente dans les jardins. On lui sacrifiait des boucset des ânes. Ses fêtes s’appelaient priapées. On l’honoraitparticulièrement à Lampsaque. Il n’est pas nommédans Je texte original des Écritures, mais saint Jérômea traduit par son nom le mot hébreu miflêsét, III Reg., xv, 13; II Par., xv, 16, voir Idole, iii, 35°, t. iii, col. 825, parce que miflését désigne, d’après lecontexte, un objet idolâtrique obscène en l’honneur

d’Aslarthé que la reine Maacha honorait et faisait honorerpar un culte impur. Saint Jérôme l’a rendu parPriape pour donner à ses lecteurs latins l’idée de cequ’était cette sorte d’idole. Elle était en bois et le roiAsa, fils ou plutôt petit-fils de Maacha, la fit brûlerdans le torrent de Cédron, Voir Maacha, t. iv, col. 465.

    1. PRICE John##

PRICE John, en latin Pricœus, savant anglais, névers 1600, mort à Rome en 1676. Il était né de parentsprotestants et fut élevé à Oxford. Après avoir achevéses études, il se convertit au catholicisme et fut obligéde quitter l’Angleterre pendant les guerres civiles.Après avoir vécu quelque temps à Paris, il alla s’établirà Florence et devint ensuite professeur de grec àPise. Il se retira finalement à Rome au couvent desAuguslins où il mourut. Il avait une connaissanceétendue des littératures classiques et il en fit un usageutile pour l’explication des Saintes Écritures par desnotes courtes mais judicieuses. On a de lui: Matthxusex Sacra Pagina, sanctis Patribus, etc., illustratus, in-8°, Paris, 1646; Adnolationes in Epistolam Jacobi, in-8°, 1646; Acta Apostolorum ex Sacra Pagina, SanctisPatribus, etc., illwtrata, in-8°, Paris, 1617; Commentariiin varios Nevi Teslamenti libros; his accesseruntAdnolationes in Psalmorum librum, in-f°, Londres, 1660, et dans les Critici sacri, t. v, 824, p. 362. Voir Orme, Bibliotheca biblica, 1824, p. 362; S. Lee, Dictionary of national Biography, t. xlvi, 1896, p. 330.

1. PRIÈRE (hébreu: fefillâh, (el.iinnâh; chaldéen: bâ’û; Septante: t>x~r, 8éï)trt; , itpo<xeuj(i > Vulgate: oratio, supplicatio, preces), acte par lequel l’hommes’adresse à Dieu pour lui rendre hommage ou sollicitersa bienveillance. — Pour les Hébreux, prier c’est surtout «invoquer le nom de Jéhovah», qdrâ’beSémyehovdh, lm*.aeXaf)’aii tô ovo|iaxupfou toO 6eoû, invocarenomen Domini. Gomme habituellement le nom deDieu se prend pour Dieu lui-même, l’expression hébraïquerevient à signifier «invoquer Dieu», l’appelerà son aide ou le nommer pour le louer. Gen., iv, 26; xii, 8; Deut., xxxii, 3; Ps. lxxix (lxxviii), 6; xcix(xcv(u), 6; cv (civ), 1; Is., lxiv, 7; Jer., x, 25; Lam., m, 55; Soph., iii, 9; etc.

I. Nature de la prière. — 1° Son caractère instinctif.Rien ne paraît plus naturel à l’homme que de tournerlesyeux vers une puissance supérieure pour l’appelerà son aide. De quelque nom qu’il désigne cette puissance, il l’invoque, parce que d’elle il attend des biensou redoute des maux. C’est là un fait qui a été constatéchez tous les peuples de tous les temps. Cf. A. Bros, La religion des peuples non civilisés, Paris, 1907, p. 276-304. Au commencement de la Bible, la prière n’estpas mentionnée dans l’histoire des premiers parents.Ce silence semble indiquer qu’elle a gravement manqué, soit immédiatement avant la chute, pour appeler le secoursde Dieu contre le tentateur, soit immédiatementaprès, pour exprimer le repentir. Mais les rapports danslesquels Adam et Eve ont tout d’abord été avec Dieu nese conçoivent pas sans la prière, c’est-à-dire sans l’expressionde pensées, de sentiments et de désirs manifestésà Dieu dans le langage de l’homme. Cetteexpression est même si impérieusem*nt commandée àl’homme par la conscience qu’il a de sa dépendancevis-à-vis d’un auteur et d’un maître, qu’elle jaillit instinctivementde son âme. Dès lors, la prière ne résultepas d’une institution positive; elle est d’ordre naturel, et la Bible n’avait pas à en enregistrer le précepte.A la seconde génération après Adam, Énos commence àinvoquer le nom de Jéhovah. Gen., iv, 26. Quel quesoit le sens véritable de ces paroles, elles n’enmarquent pas moins une accentuation et un progrèsdans l’idée et dans la pratique de la prière. Celle-ci

est en pleine vigueur sous Noé, puisque ce patriarcheoffre un sacrifice avec un rite déjà ancien, et que lesacrifice n’est qu’une prière en action. Gen-, viii, 20.Par la suite, si haut qu’on remonte vers les originesdes anciens peuples, on rencontre toujours des dieux, un culte, des sacrifices, institutions inséparables de laprière. Cf. Sap., xiii, 2, 10, 17-19. La prière se trompesouvent dans la désignation de l’être auquel elles’adresse, mais elle répond à un besoin instinctif queressent chaque conscience et qui se constate chez tousles hommes.

2° Sa dépendance de Vidée de Dieu. — L’idée quechaque peuple se fait de Dieu détermine nécessairementla manière dont il le prie. À mesure que cetteidée se déforme chez les peuples de l’antiquité, laprière passe de plus en plus au pur formalisme. Demême que les dieux sont soumis à une sorte de nécessitéinéluctable qui limite leur bon plaisir, ainsi laprière doit s’accommoder servilement à des règles extérieuresdont la négligence ruine toute possibilité decrédit auprès de divinités plus ou moins soumises à lavolonté aveugle du destin. Il en est ainsi chez lesÉgyptiens. De multiples et impérieuses formalitéss’imposaient, comme condition indispensable, à celuiqui voulait obtenir la faveur du dieu. De plus, «lesformules qui accompagnaient chacun des actes du sacrificateurcomprenaient un nombre déterminé demots, dont les séquences et les harmonies ne pouvaientêtre modifiées en quoi que ce soit, ni par le dieu lui-même, sous peine de perdre leur efficacité… Une notefausse, un désaccord entre la succession des gestes etl’émission des paroles sacramentelles, une hésitation, une gaucherie dans l’accomplissem*nt d’un seul riteet le sacrifice était nul.» Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 124. En Babylonie se faisait sentir le mêmeasservissem*nt aux rites. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 704, 705; Fr. Martin, Textes religieux assyrienset babyloniens, Paris, 1903, p. xx-xxvii. Le formalismen’est pas moins outré dans la religion de la Grèce etsurtout de Rome. «Il ne suffit pas de connaître lesattributs du dieu qu’on veut prier, il est bon de luidonner son nom véritable, sans, quoi il serait capablede ne pas entendre… Même quand on invoque le plusgrand d’entre eux, on lui dit: Puissant Jupiter ouquel que soit le nom que tu préières. Le nom du dieutrouvé, il faut savoir les termes exacts de la prièrequ’il convient de réciter… Ces prières sont souventtrès prolixes. Le Romain qui prie a toujours peur demal exprimer sa pensée; il a soin de répéter plusieursfois les choses pour être parfaitement compris… Quantaux disposilions de l’âme qu’il faut apporter à laprière, la religion romaine ne s’en occupe pas; elles’arrête aux pratiques. Pour elle, les gens les plus religieuxsont ceux qui connaissent le mieux les rites.» G. Boissier, La religion romaine, 1884, t. i, p. 12-15; Dbllinger, Paganisme et judaïsme, trad. J. de P., Bruxelles, 1858, t. i, p. 306-311; t. iii, p. 112, 113; Fustel de Coulanges, La cité antique, Paris, 7e édit.*p. 194-197. — Il y a un abîme entre cette conceptionmécanique de la prière et l’idée que nous en donne laBible. Le premier exemple de prière un peu étenduequ’elle nous fournit est le dialogue qu’Abraham engageavec Dieu au sujet de Sodome. Gen., xviii, 16-32. LeDieu d’Abraham n’est pas une entité rigide, inaccessibleà tout sentiment désintéressé de bonté et de compassionet liée d’ailleurs par un inéluctable destin. C’estun père du genre humain, qui traite Abraham en ami, ne lui révèle les desseins de sa justice que pour provoquerson intercession, et exauce ses prières successivesavec une telle condescendance que celui qui supplies’arrête plus tôt que celui qui exauce. Les autresprières bibliques procèdent toutes de ce même esprit.L’Israélite sait qu’il parle à un Dieu attentif, bon, mi

séricordieux, généreux, patient, indifférent aux formuleset aux gestes, mais exigeant sur les sentimentsdu cœur. Sans doute, un jour, les pharisiens étendrontleur formalisme aux règles de la prière elle-même; mais Notre-Seigneur viendra bientôt pour détruireleur œuvre néfaste et rendre à la prière de l’hommeson caractère d’appel simple, naturel, cordial et confiantde la créature au Créateur bon et puissant, del’enfant à son Père des cieux. Aussi n’est-il pas étonnantque les prières bibliques, les Psaumes en particulier, s’inspirant de sentiments si vrais et en mêmetemps si élevés, aient pu traverser les âges et soientdevenues, même après le passage du Sauveur, lesprières de l’humanité.

3° Ses fins. — Chez les anciens peuples polythéistes, la prière, à peu d’exceptions près, était devenue uneformalité destinée à procurer les biens ou à écarter lesmaux d’ordre temporel. Cicéron, Sat. deor., iii, 36, pouvaitdire: «Jamais personne n’a considéré la vertucomme un présent de la divinité. On appelle Jupiter ledieu le meilleur et le plus grand, non parce qu’il nousrend justes, sobres et sages, mais parce qu’il nousdonne la santé, le bonheur, la fortune et l’abondance.» Sans doute, les Israélites, comme tous les autreshommes, ont été plus sensibles aux biens temporelsqu’aux avantages spirituels, et les premiers ont étéfréquemment appelés par leurs prières. Mais, chez eux, la prière intéressée n’a pas été exclusive des autres. LaSainte Écriture renferme un grand nombre de prièresqui ont des fins plus relevées: 1. La prière latreutiqueou d’adoration. Ce genre de prière se reconnaît dansles Psaumes viii, xxrv (xxm), xcxiii (xcxii), xcv (xcrv), xcvii (xcvr), xcix (xcvm), cxm (cxii), etc.; dans lecantique des trois jeunes gens, Dan., iii, 52-90; dansles acclamations d’îsaïe, vi, 3, et de saint Jean, Apoc, vu, 12; xi, 17-18; xv, 3-4; xvi, 5-7, etc. — 2. Laprière eucharistique ou d’actions de grâces. Elle estfréquente dans la Bible. À ce genre appartiennent lecantique de la mer Rouge, Exod., xv, 1-18; le cantiqued’Anne, I Reg., ii, 1-10; celui de David, II Reg., xxii, 2-51^]les Psaumes xxxiv (xxxiii), xl (xxxix), lxx (lxix), cxxiv (cxxm), etc.; les cantiques de Tobie, xra, 1-23, et de Judith, xvi, 2-21; ceux de Marie, Luc, i, 46-55, et de Zacharie, Luc, i, 68-79, etc. — 3. La prièreimpétratoire ou de demande. La prière pour demanderles biens d’ordre temporel se rencontre continuellement, surtout dans l’Ancien Testament. L’Évangile lui-mêmeenregistre les nombreuses requêtes de malheureuxqui réclament leur guérison ou celle de, leursproches. Ces demandes sont conformes à l’ordre de laProvidence, et la meilleure preuve en est qu’elles sonttrès souvent exaucées. Mais les biens spirituels sontaussi l’objet de la prière. Ainsi Salomon demande lasagesse et l’intelligence, II Par., i, 10; des Psalmistesprient pour «connaître le sentier de la vie», Ps. xvi{xv), 11, pour revoir bientôt le sanctuaire du Dieuqu’ils aiment, Ps. xlh (xli), 2, 3, pour obtenir «uncœur pur» et «un esprit ferme», Ps. m (li), 12, pourque Dieu donne au roi l’esprit de justice et d’équité, Ps. lxxii (lxxi), 1, 2, pour qu’il accorde la connaissanceet l’amour de sa loi, Ps. cxix (cxviii), etc.; onprie Dieu d’envoyer du ciel sa sagesse, afin que l’onconnaisse ce qui lui est agréable. Sap., ix, 4, 10. Quandils conjurent si souvent le Seigneur d’envoyer le Messie, les prophètes demandent le bien spirituel par excellence, celui qui doit être pour l’humanité la source detous les autres. Le Nouveau Testament abonde enrequêtes spirituelles, celles du don de Dieu, Joa., iv, 10-15, du pain de vie, Joa., vi, 34, de l’accroissem*ntde la foi, Marc, ix, 23; Luc, xvii, 5, de la vue du Père, Joa.,-xiv, 8, et toutes celles qui sont formulées dansles Actes des Apôtres ou dans leurs Épîtres. Ces requêtesrépondent à l’invitation si formelle du divin

Maître qui a recommandé de «chercher d’abord leroyaume de Dieu et sa justice». Matth., vi, 33. —4. La prière propitiatoire ou de repentir. Elle est représentéepar les Psaumes de pénitence, vi, xxxii(xxxi), xxxvin (xxxvii), li (l), cil (ci), cxxx (cxxix), cxliii (cxm), les prières de saint Pierre, Luc, v, 8, etdu publicain, Luc, xviii, i’à, etc.

4° La prière type. — 1. Le Sauveur a daigné luimême l’enseigner à ses Apôtres. C’est le Pater, quidonne une si haute et si complète idée de ce que doitêtre la prière. Matth., vi, 9-13; Luc, x, 2-4. Cette prièrene renferme rien dans sa formule qui soit exclusivementcaractéristique de la religion chrétienne et qui ne puisseconvenir qu’aux enfants de l’Église du Christ. Notre-Seigneura voulu qu’elle fût par excellence la prière del’humanité. Dieu y est présenté comme Père, par conséquentcomme celui auquel les hommes peuvent s’adresseren toute confiance, Père qu’on ne doit pas s’étonnerde ne pas voir, puisqu’il est dans les cieux, mais dontla puissance et la bonté s’exercent de là-haut sur lesenfants qu’il a sur la terre. Les trois premièresdemandes: «Que. votre nom soit sanctifié, que votrerègne arrive, que votre volonté soit faite sur laterre comme au ciel», se rapportent à la gloire deDieu, que l’homme souhaite et qu’il doit travailler àprocurer par son obéissance. Ainsi l’homme satisfaitau double devoir de l’adoration et de l’action de grâces.Sa prière passe ensuite à la demandé, quand elledétermine les biens qui sont attendus de la munificencedivine, pour le corps, le pain de chaque jour, pour l’âme, la préservation de la tentation, pour lesdeux ensemble, la délivrance du mal. Enfin le repentira son expression dans les paroles: «Pardonnez-nousnos offenses comme nous les pardonnons à ceuxqui nous ont offensés,» paroles qui font de t la charitéfraternelle la preuve du repentir sincère. Ces chosessont exprimées en peu de mots, pour indiquer queDieu tient plus aux sentiments du cœur qu’à la longueurdes formules. C’est la prière par excellence, tantpar son origine que par sa simplicité et la perfection deses demandes. — 2. Avec la leçon, Notre-Seigneur atenu à donner l’exemple de la prière. Nul doute que laprière n’ait consacré le temps de savie cachée. Pendantsa vie publique, aussitôt après son baptême, il esten prière quand le Père le fait connaître comme sonFils. Luc, iii, 21. Au cours de ses tournées évangéliques, il se lève de grand matin et va prier dans lasolitude. Marc, i, 35. Après la guérison du lépreux, pour échapper à l’empressem*nt indiscret des foules, il se retire dans le désert et y prie. Luc, v, 16. Avantde choisir ses Apôtres, il passe la nuit en prière sur lamontagne. Luc, vi, 12. Après la multiplication despains, il se retire seul sur la montagne pour prier.Matth., xiv, 23; Marc, vi, 46. Il était encore seul àprier, avant de demander à ses Apôtres ce qu’on pensaitde lui. Luc, ix, 18. Sur la montagne de la transfiguration, il prie, et c’est pendant sa prière que son visagese met à resplendir. Luc, ix, 28, 29. À la suite d’unede ses prières, les Apôtres lui demandent de leur apprendreà prier. Luc, xi, 1. Ces quelques indicationsdes Évangélistes montrent que la prière tenait la plusgrande place dans la vie du Sauveur. II profitait detoutes les occasions pour s’isoler et prier, sans parlerdes prières qu’il faisait publiquement avec ses Apôtres, sur les chemins, dans les synagogues ou au Temple.La prière sanctifie surtout la dernière journée deNotre-Seigneur, au cénacle, Matth., xxvi, 30; Marc., xiv, 26; Joa., xvii, 1-26, à Gethsémani, Matth., xxvi, 36; Marc, xiv, 32; Luc, xxii, 41, et sur la croix. Luc, xxiii, 34; Matth., xxvii, 46; Marc, xv, 34; Luc, xxiii, 46.L’Épître aux Hébreux, v, 7, ’dit que, «dans les jours desa chair, il offrit avec de grands cris et avec larmesdes prières et des supplications à celui qui pouvait le

sauver de la mort, et fut exaucé pour sa piété.» Cetexemple montre déjà quelle importance a la prièredans la religion et, en général, dans les relations del’homme avec Dieu.

II. Sa. nécessité. — Il y a, surtout dans l’ordre naturel, une foule de biens que Dieu accorde même à ceuxqui ne le prient pas. «Il fait lever son soleil sur lesméchants et sur les bons, et descendre sa pluie sur lesjustes et sur les injustes.» Matth., v, 45. Mais beaucoupde biens, principalement dans l’ordre spirituel, nepeuvent être accordés qu’à ceux qui les demandent parla prière. «Sachant que je ne pouvais obtenir la sagessesi Dieu ne me la donnait, et c’était déjà de la prudenceque savoir de qui vient ce don, je m’adre ssai au Seigneuret je l’invoquai.» Sap., viii, 21. Pour faire comprendrecette nécessité de la prière, Notre-Seigneur sesert de deux exemples. Un ami déjà couché ne se lèveque quand son voisin vient avec insistance le solliciterpour lui emprunter du pain. Autrement, il ne se lèveraitpas et n’irait pas au-devant de ses désirs. En conséquence, «demandez et l’on vous donnera, cherchez etvous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira. Qui demandereçoit, qui cherche trouve, à qui frappe onouvre… Si vous, qui êtes méchants, vous savez donnerce qui est bon à vos enfants, combien plus votre Pèredu haut du ciel donnera-t-il le bon esprit à ceux qui lelui demandent!» Luc, xi, 5-13. Pour montrer «qu’ilfaut toujours prier sans se lasser», le Sauveur metencore en scène une pauvre veuve qui n’obtient gainde cause auprès d’un juge inique qu’à force d’instances.Puis, comparant Dieu à ce juge inique, il conclut qu’àplus forte raison ceux qui s’adressent à lui serontexaucés. Luc, xviii, 1-8. Le Sauveur prescrit à sesApôtres de veiller et de prier, afin de ne pas entrer ententation. Matth., xxvi, 41. Saint Jacques, iv, 2, dit auxchrétiens que, s’ils n’obtiennent pas, c’est qu’ils nedemandent pas. — De là les exhortations pressantes àla prière fréquente, Luc, xviii, l; «Priez sans cesse,»

I Thés., v, 17; Soyez «assidus à la prière,» Rom., xii; 12; «persévérez dans la prière,» Col., iv, 2; s soyezprudents et sobres, pour vaquer à la prière.» I Pet., iv, 7. Dans les circonstances graves, les Apôtres et leschrétiens avaient recours à la prière continue. Act., i, 14; xii, 5. La vraie veuve «persévère nuit et jour dansles supplications et les prières.» I Tim., x, 5. Cesexhortations et ces exemples s’inspirent de la recommandationdu Seigneur: «Veillez et priez sans cesse, afin que vous soyez trouvés dignes d’échapper à tousces maux qui doivent arriver, et de paraître deboutdevant Je Fils de l’homme.» Luc, xxi, 36.

III. Son efficacité. — Du commencement à la fin, la Sainte Ecriture témoigne de l’accueil bienveillantque Dieu fait à la prière. Gen., xxx, 17; Num., xxiii, 1; Deut, ix, 19; I Reg., vii, 9; III Reg., xvii, 22;

II Esd., ix, 28; Ps. iv, 2; xviii (xvii), 7; xxxiv (xxxin), 5; Is., xlix, 8; Dan., xiii, 44; II Mach., i, 8; Luc, i, 13, etc. Notre-Seigneur exauce presque tous ceux quil’implorent. ILdonne les assurances les plus formellessur l’efficacité de la prière. Matth., vii, 7-12; Luc, xi, 1-13. «Je vous le dis de nouveau, si deux d’entre vouss’entendent sur la terre, quoi qu’ils demandent, ce leursera accordé par mon Père qui est dans les cieux.» Matth., xviii, 19. «Tout ce que vous demanderez avecfoi dans la prière, vous l’obtiendrez.» Matth., xxi, 22; Marc, xi, 21. «Tout ce que vous demanderez à monPère en mon nom, je le ferai, pour que le Père soitglorifié dans le Fils.» Joa., xiv, 13-14. «Si vous demeurezen moi, et si mes paroles demeurent en vous, vous demanderez tout ce que vous voudrez et cela vousarrivera.» Joa., xv, 1, 16. «Ce que vous demanderez àmon Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu’àprésent vous n’avez rien demandé en mon nom: demandez et vous recevrez.» Joa., xvi, 23, 26. En

mettant au cœur de l’homme l’instinct naturel de laprière, Dieu s’était engagé à lui donner satifaction, el, par conséquent, à accueillir et à exaucer les prièresqui lui seraient adressées. Notre-Seigneur corroborepuissamment la confiance de l’homme, en multipliantlui-même les promesses. «Nous avons auprès de Dieucette pleine confiance que, si nous demandons quelquechose selon sa volonté, il nous écoute. Et si noussavons qu’il nous écoute, quelque chose que nous luidemandions, nous savons que nous obtenons ce quenous avons demandé.» I Joa., v, 14-15. La mort volontairede Jésus-Christ nous est un infaillible garant despromesses de Dieu. «Lui qui n’a pas épargné sonpropre Fils, mais qui l’a livré à la mort pour nous tous, comment avec lui ne nous donnera-t-il pas touteschoses?» Rom., viii, 32. — Pour figurer l’efficacité dela prière, les auteurs sacrés se servent de métaphoresexpressives. La prière monte jusqu’au ciel, à la saintedemeure de Jéhovah, II Par., xxx, 27, devant la gloiredu Dieu souverain, Tob., iii, 25, en sa présence.Ps. lxxxviii (lxxxvii), 3. Elle s’élève comme l’encens.Ps. cxli (cxl), 2. Elle pénètre les nues. Eccli., xxxv, 21. Quand il ne veut pas exaucer, Dieu se couvre d’unenuée, «afin que la prière ne passe point.» Lam., iii, 44. — Ce n’est pas à dire pourtant que la prière soittoujours efficace, au moins dans les termes où elle aété formulée. Dieu voit plus loin que celui qui le prieet sa sagesse règle l’action de sa bonté. Aussi saintJean dit-il que Dieu nous écoute, si ce que nous luidemandons est «selon sa volonté». I Joa., v, 14.Autrement, au bien demandé, il substitue un bienpréférable. Il y a donc, dans la Sainte Écriture, desprières bonnes en elles-mêmes qui, pour ce motif, nesont pas exaucées. Telles sont celle du possédé guériqui demande à suivre Jésus, Marc, v, 18, 19; Luc, viii, 38, 39, celle des fils de Zébédée et de leur mère, Matth., xx, 20-23; Marc, x, 35-40, et surtout celle duSauveur à Gethsémani. Matth., xxvi, 39-44; Marc, xiv, 36-40; Luc, xxii, 42.

IV. Ses conditions. — Saint Jacques, iv, 3, écrit: «Vous demandez et vous ne recevez pas, parce quevous demandez mal, avec l’intention de satisfairevos passions.» Il y a donc des conditions à remplirpour être exaucé. La Sainte Écriture indique les suivantes: — 1° Conditions essentielles. — 1. La foi et laconfiance. Comme il est impossible de plaire à Dieu sansla foi, il est de toute nécessité de croire pour s’approcherde Dieu utilement. Heb., xi, 6. Notre-Seigneur exigeabsolument cette foi. Matth., xxi, 22. Il la réclame ordinairementde ceux qui le prient et les traite en conséquencede leur fol. Matth., viii, 13; IX, 28; Marc, v, 36; ix, 22; xi, 23; Luc, viii, 50; etc. C’est la prièreavec la foi qui soulage le malade. Jacob., v, 15. — 2. L’humilité.Dieu s’incline à la prière du petit. Ps. en (ci), 18. C’est aux humbles qu’il accorde sa grâce. Jacob., iv, 6; I Pet., v, 5. La parabole du pharisien et du publicaina pour but de faire comprendre la nécessité del’humilité quand on parle à Dieu. Luc, xviii, 9-14. —3. La loyauté. Dieu veut que ceux qui lui demandentde faire leur volonté commencent par faire la sienne. «Jéhovah est près de tous ceux qui l’invoquent d’uncœur sincère.» Ps. cxlv (exuv), 18. «Il écoute laprière des justes.» Prov., xv, 29. Par conséquent, pourprier devant la face du Seigneur, il faut quitter sespéchés, diminuer ses offenses, détester le mal. Eccli., xvii, 24, 25. La prière de celui qui n’écoute pas la loiest une abomination. Prov., xxviii, 9. Elle est mêmeréputée péché, c’est-à-dire qu’elle est offensante pourDieu. Ps. cix (cvni), 7. «Quand-vous multipliez lesprières, dit Jéhovah, je n’écoute pas… Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de devant mes yeux la malice de vosactions.» Is., i, 15. — 4. La charité fraternelle. LeSauveur en insère la condition dans le Pater même, et

il n’admet à prier devant l’autel que celui qui n’a aucunmauvais sentiment envers son frère. Matth., v, 23, 24.Il fait de l’union fraternelle un moyen d’être plus sûrementexaucé. Matth., xviii, 19, 20. — 5. L’union à Dieu. «Sans moi, vous ne pouvez rien faire,» dit le Sauveur.Joa., xv, 5. Cf. I Cor., xii, 3; II Cor., iii, 5. Ceci s’appliqueégalement à la prière. C’est pourquoi «l’Esp ritvient en aide à notre faiblesse, car nous ne savons pasce que nous devons, selon nos besoins, demander dansnos prières. Mais l’Esprit lui-même prie pour nous pardes gémissem*nts ineffables.» Rom., viii, 26.

2° Conditions favorables. — Certaines pratiques ajoutéesà la prière peuvent la rendre plus efficace, com mele jeûne, Judith, iv, 8, 12; Bar., i, 5; II Esd., i, 4; Matth., xvii, 20; Marc, IX, 28; Act., Xiv, 22; l’aumône, Tob., xii, 8; Act., x, 4, et les larmes. I Reg., i, 10; Is., xxxvin, 5; Judith, xw, 6; Tob., iii, H; vii, 13; xii, 12.La prière est d’ailleurs elle-même un remède à la tristesse.Jacob., v, 13.

V. La prière pour les autres. — On ne prie pas seulementpour soi; l’intention de Dieu est que les hommesprient les uns pour les autres. Ainsi, 1° Abraham priepour Abimélech, Gen., xx, 7, 17; le pharaon d’Egyptedemande à Moïse et à Aaron de prier pour sa délivrance, Exod., viii, 8, 29, 30; ix, 28; x, 18; sur l’ordrede Dieu, Job prie pour ses amis, Job, xlii, 8, 10; Judithprie pour ses concitoyens, Judith, viii, 29; Sédéciasdemandée Jérémie de prier pour le peuple, Jer., xxxvii, 3, et le peuple renouvelle cette demande, Jer., xlii, 2, 20; les exilés de Babylone sollicitent les prières de leur sfrères de Jérusalem, Bar., i, 13; les Juifs de Jérusalemprient pour ceux d’Egypte. II Mach., i, 6. Le grandprêtreOnias apparaît priant pour toute la nation, etdisant de Jérémie: «Celui-ci est l’ami de ses frères, qui prie beaucoup pour le peuple et pour la ville sainte.» II Mach., xv, 12. — Dans la pensée de Notre-Seigneu r, la prière doit habituellement avoir un caractère collectif.Voilà pourquoi les demandes du Pater sont formuléesau pluriel. En conséquence de cette indication etde la grande loi de la charité, les premiers chrétiensprient beaucoup les uns pour les autres. Saint Jacques, v, 16, le recommande à ses fidèles. Saint Paul réclameles ^prières de ses enfants dans la foi, Rom., xv, 30; II Cor., i, 11; Phil., i, 19; I Thés., v, 25, et il leurassure les siennes. Eph., i, 16; Phil., i, 3; I Thés., i, 2; II Tim., i, 3; Philem., 4. Épaphras prie pour lesColossiens, iv, 12. — L’obligation de prier pour lesautres s’impose plus spécialement aux pasteurs spirituels, I Reg^ vii, 5; xii, 9, 23; II Mach., xv, 14; Col., i, 3, 9; II Thés., i, 11, etc. Notre-Seigneur prie pourses disciples. Joa., xvii, 9, 13, 20, 21. — 2° On prie pourles rois et les princes, même idolâtres, Bar., i, 11; I Esd., vi, 10, même persécuteurs. I Tim., ii, 1-2. —Jérémie, xxix, 7, prescrit aux Israélites déportés àBabylone de prier Jéhovah pour cette ville dont la prospéritéleur profitera. — 3° On prie pour les persécuteurs.C’est une des lois les plus formelles de l’Évangile.Matth., v, 44; Luc, vi, 28; Rom., xii, 14. Elle a étéconsacrée par les exemples de Notre-Seigneur, Luc, xxm, 34, et de saint Etienne. Act., vii, 60. — 4° On priepous les morts. II Mach., xii, 44. Saint Paul prie pourOnésiphore, qui lui a rendu service à Rome et qui estmort depuis. II Tim., i, 15-18. Voir Onésiphore, t. iv, col. 1813. — 5° Dans le ciel, les prières des saints sontprésentes devant le trône de Dieu. Ces prières sontcelles des saintes âmes de la terre, offertes à Dieu parcelles qui sont déjà au ciel. Apoc, v, 8; viii, 3, 4.

VI. Les prières bibliques. — La Sainte Écriturerenferme une foule de prières plus ou moins longues, par lesquelles les hommes s’adressent au Seigneur avecdes Intentions diverses. Les plus caractéristiques sontles suivantes: 1° Dans V Ancien Testament: Abrahamintercède en faveur de Sodome et poursuit sa requête,

malgré la diminution progressive des chances de pardon.Gen., xviii, 23-32. — Jacob prie pour échapper àla colère d’Ésaû. Gen., xxxii, 9-12. — Moïse s’adressesouvent à Jéhovah, pour lui demander de l’eau douce, Exod., xv, 25; le pardon de son peuple, Exod., xxxii, 11-13; la cessation d’un fléau, Num., xi, 2; l’éloignementdes serpents, Num., xxi, 8, etc. — David adresseses louanges et ses actions de grâces au Seigneur, II Reg., vii, 18-29, et, dans les Psaumes dont il estl’auteur, il en renouvelle l’expression, en y joignantd’humbles demandes et des sentiments de repentir. —Salomon, à l’occasion de la dédicace du Temple, fait àDieu une prière solennelle pour le remercier et implorerson assistance en faveur de ceux qui viendrontl’implorer dans l’édifice sacré. III Reg., viii, 15-53; II Par., v, 4-42. Il avait d’ailleurs commencé son règneen demandant la sagesse. II Par., i, 8-iO. — Ézéchiasprie pour que Dieu délivre son peuple de l’invasionassyrienne. IV Reg., xix, 15-19; II Par., xxxiji, 20. —Manassé en exil implore Jéhovah avec humilité etrepentir. II Par., xxxii, 12. — Dans les écrits des prophètes, on trouve un bon nombre de prières: les cantiquesdes rachetés, Is., xii, 1-6; xxvi, 1-19; la prièrepour les captifs, Is., lxiv, 7-lxv, 12; les prières deJérémie pour son peuple coupable, Jer., xiv, 7-22; sesplaintes à Jéhovah, Jer., xx, 7-18; Lam., iii, 55-66; saprière après la ruine de Jérusalem, Lam., v, 1-22; laprière de Baruch en faveur des exilés, Bar., ii, 11-in, 8; la prière d’Azarias dans la fournaise, Dan., iii, 2645, et le cantique d’actions de grâces qui la suivit, Dan., iii, 52-90; la prière de Susanne, Dan., xiii, 42, 43; celle de Jonas, ii, 3-10; le cantique de louangesde Michée, vii, 18-20; la prière d’Habacuc, iii, 2-19, etc.

— La plupart des Psaumes sont aussi des prières exprimantles divers sentiments de l’âme bénie de Dieu, éprouvée ou’repentante. — Job interpelle Dieu fréquemmentet finit par une humble protestation derepentir. Job, xlii, 2-6. — Sara, fille de Raguel, demandela protection divine, Tob., iii, 13-23, etTobie célèbrela louange du Seigneur dans un cantique d’actionsde grâces. Tob., xiii, 1-23. — Judith implore le secoursde Dieu en faveur de son peuple, Judith, îx, 2-19, et ensuite exprime sa reconnaissance au Seigneur.Judith, xvi, 2-21. — Mardochée et Esther prient pourleur peuple menacé. Esth., xiii, 9-17; xiv, 3-19. —Néhémie prie pour les enfants d’Israël, II Esdr., i, 5-11, et tout le peuple demande pardon et protection à Jéhovah.II Esdr., ix, 5-38. — L’auteur de la Sagesse, ix, 1-18, prêle à Salomon une prière pour demander la sagesse.

— Celui de l’Ecclésiastique, xxiii, 1-6, prie pour êtrepréservé des péchés de langue, pour la délivranced’Israël, Eccli., xxxvi, 1-17, et pour remercier le Seigneurde l’avoir tiré du péril. Eccli., li, 1-12. — Onprie avant de livrer bataille. 1 Mach., 5, 33; xi, 71; II Mach., viii, 29; xv, 26, etc.

2° Dans le Nouveau Testament. — Les cantiques deMarie, Luc, i, 46-55, de Zacharie, Luc, i, 68-79, et deSiméon, Luc, ii, 29-32, sont des prières d’actions degrâces. — JJn grand nombre de prières, toutes trèscourtes, sont adressées à Notre-Seigneur par toutessortes de personnes. Lui-même remercie son Père dela manière dont est répartie la grâce de la lumière, Matth., xi, 25, 26; il le prie à la dernière Cène, Joa., xvii, 1-26; au jardin des Olives, Matth., xxvi, 39-44; Marc, xiv, 36-39; Luc, xxii, 42, et sur la croix. Luc, xxm, 34, 46; Matth., xxvii, 46; Marc, xv, 34. —Aulivre des Actes, des prières sont mentionnées en diversesoccasions solennelles: pour l’élection de saint Mathias, 1, 24, 25; pour demander secours après la comparutiondes apôtres Pierre et Jean devant le sanhédrin, iv, 2430; pour la délivrance de Pierre emprisonné, xii, 5.

— Saint Jean termine son Apocalypse, xxii, 20, par unappel au Seigneur Jésus.

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PRIÈRE

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3° Prières sacramentelles. — Les Apôtres se consacrèrentplus particulièrement à la prière et au ministèrede la parole. Act., vi, 4. La prière devait accompagnernécessairement les actes par lesquels ils conféraientla grâce aux fidèles. Elle était inséparable de la fractiondu pain, Matth., xxvi, 26; Act., ii, 42, de l’impositiondes mains, Act., vi, 6; xiii, 3; xxviii, 8, de l’onctiondes malades, Jacob., v, 14, etc.

VII. Usages concernant la prière. — i°Les formules.

— Dans l’Ancien Testament, aucune formule spéciale deprière n’est indiquée comme devant être d’usage habituel.Mais il y a un certain nombre de prières toutespréparées dans le recueil des Psaumes; elles servaientsurtout dans les cérémonies liturgiques. Des formulesspéciales étaient imposées pour l’offrande des dîmes etdes prémices. Deut., xxvi, 3-15. Pour l’ordinaire, il estprobable qu’on s’inspirait des besoins du moment dansles prières que l’on adressait à Dieu. L’Oriental a d’ailleursune particulière facilité pour exprimer ses désirset ses sentiments. La prière n’était pas toujours vocale.Anne parle à Dieu en son cœur et remue seulement leslèvres, sans que sa voix se fasse entendre. I Reg., i, 13.Judith prie en silence et se contente de remuer les lèvres.Judith, xiir, G. Bien souvent, sans doute, des âmespieuses et méditatives priaient intérieurement et donnaientun libre cours, sous le regard de Dieu seul, àl’expression de leurs pensées et de leurs sentiments.

— À l’époque évangélique, la prière juive avait une formulebien déterminée, comprenant deux thèmes principaux, le Schéma et le Schemoné-Esré. Le Schéma secomposait de trois passages bibliques: Deut., vi, 4-9; xi, 13-21; Nom., xv, 37-41. Le premier morceau commencepar le mot sema’, «écoute,» d’où le nom donné à l’ensemblede la formule. Ces trois passages contiennentseulement des préceptes mosaïques et non des prièresproprement dites. On les récitait comme nous récitonsnous-mêmes soit notre symbole, soit les commandementsde Dieu et de l’Église. On les accompagnait debénédictions dites avant et après chacun de ces morceaux.Le Schéma devait être récité le matin et le soir, en hébreu ou en une autre langue, par tous les Israélites, mais non par les femmes, les esclaves et les enfants.Berachoth, i, 1-4; iii, 3; Sola, vii, 1. Les deux passagesdu Deutéronome, vi, 4-9; xi, 13-21, étaient écrits surla mezuza, voir Mezuza, t. iv, col. 1057, et sur les phylactères.Voir Phylactères, col 350.Le Schemoné-Esré, semônéh’ésrêh, s dix-huit», se composait de formulesde bénédictions et de louanges en l’honneur de Dieu, presqu’entièrement empruntées aux Psaumes et auxprophètes. C’était pour les Israélites la fefillâh par excellence.Ces formules sont assez développées, mais, àl’époque évangélique, la rédaction actuelle n’était pasencore arrêtée. Le nombre en a été porté à dix-neuf.Tous les Israélites sans exception avaient à les récitertrois fois le jour, le matin, l’après-midi et le soir. Berachoth, m, 3; IV, 1. Elles sont reproduites dans Scbûrer, Geschichte des jûd. Volkes ini Zeit. J. C, t. ii, p. 461, 462, et dans Stapfer, La Palestine au temps de J.-C-, Paris, 1885, p. 372-376. Les docteurs examinèrent unefoule de cas concernant la récitation de ces formules.

— Les plus dévots parmi les Juifs, ou du moins ceuxqui tenaient à le paraître, ne manquèrent pas de multiplieret d’allonger les formules de la prière. C’est déjàsans doute pour protester contre ces longueurs queJean-Baptiste enseigna à ses disciples à prier. Luc, xi, 1. Notre-Seigneur ne veut pas qu’on multiplie les paroles, comme les païens, et qu’on s’imagine qu’on seraesaucé à force de parler. Matth., vi, 7. Il reproche auxpharisiens hypocrites d’aller faire d’interminables prièreschez les veuves, afin de tout dévorer chez elles.Matth., xxiii, 14; Marc, xii, 40, Luc, xx, 47. La formulede prière qu’il enseigne à ses disciples est courte.Elle représente à peine en longueur la vingtième partie

du Schemoné-Esré. Le Sauveur donne la raison decette brièveté. Le Père céleste sait parfaitement ce dontnous avons besoin. Matth., vi, 32. Nous n’avons pas àle renseigner, mais seulement à lui témoigner notreconfiance, notre soumission et notre amour. «Vousdemanderez en mon nom, dit Notre-Seigneur, et je nevous dis point que je prierai le Père pour vous, car lePère lui-même vous aime.» Joa., xvi, 26. Il n’est doncpas nécessaire de lui exposer longuement un besoin.Ce n’est pas en répétant: «Seigneur, Seigneur!» qu’on est exaucé, c’est avant tout en faisant la volontédu Père. Matth., vii, 21. — En dehors du Pater, léspremiers chrétiens n’avaient guère d’autres formulesde prières que les Psaumes et les Cantiques inspirésde l’Ancien et du Nouveau Testament. C’est peu à peuque d’autres formules entrèrent en usage parmi eux.Cf. duch*esne, Origines du culte chrétien, Paris, 1903, p. 46-55.

2° Les temps. — Les Israélites avaient l’habitude deprier trois fois le jour, le soir, le matin et au milieudu jour. Ps. lv (liv), 18. Trois fois par jour, Daniel semettait à genoux et louait Dieu. Dan., vi, 10. La pra173. — Égyptiens priant les mains étendues.D’après Wilkinson, Manners, t. ii, p. 324.

tique du Psalmiste qui, sept fois le jour, redisait leslouanges du Seigneur, Ps. cxix (cxviii), 164, paraîtavoir été exceptionnelle, bien qu’elle ait inspiré plustard celle des sept heures canoniales du jour. Cf. Bacuez, Du Saint-Office, Paris, 1872, p. 284. Les Israélitesrécitaient le Schemoné-Esré le matin, l’aprèsmidi, à l’heure de l’oblation, c’est-à-dire vers troisheures et le soir. Ils priaient également avant et aprèsles repas. Voir Repas. Des prières spéciales étaient enoutre prescrites pour le sabbat et les différentes fêtesde l’année. La prière avant le jour ou dès l’aurore estplusieurs fois mentionnée. Ps. lxxxvhi (lxxxvii), 14; Judith, xii, 5; Sap., xvi, 28, etc. La prière de la neuvièmeheure ou de trois heures du soir, Act., iii, 1, était celle qui accompagnait le sacrifice de l’aprèsmidi.Saint Pierre priait également vers la sixièmeheure. Act., x, 9. Ces différentes indications bibliquesont déterminé le choix des heures auxquelles l’Églisea fixé ses prières publiques, prime, au lever du jour, àl’heure de la prière du matin, tierce, à l’heure où seterminaient les sacrifices du matin, sexte, à l’heureconsacrée par saint Pierre, none, à l’heure du sacrificedu soir, vêpres, à l’heure de la prière du soir, c’est-à-dire à la chute du jour.’3° Les lieux. — L’ancien sanctuaire, cf. I Mach., iii, 46, et plus tard le Temple ont été les rendez-vous indiquésde la prière. Salomon suppose que l’on viendra «73

PRIÈRE

674

fréquemment prier dans le Temple qu’il vient de consacrer. III Reg., viii, 28, 31, 33, 35, etc. Xe Templeétait par excellence la «maison de la prière». Is., lvi, 7; I Mach., vii, 37. Là, eneffet, Dieu manifestait plusqu’ailleurs sa présence etsa grâce. C’est pourquoiNotre-Seigneur tint à intervenir avec autorité pourfaire respecter la destination de cet édifice. Matth., xxi, 13; Marc, xi, 17; Luc, xix, 46. On se rendait doncau Temple pourprier. IReg., ï, 10-12; Luc, i, 10; xviii, 10; Act., ii, 46; iii, 1, etc.En dehors du Temple, onpriait en commun dans lessynagogues, voirSïNAGOGUE, et dans de simples oratoires. Voir Oratoire, t. iv, col. 1850. Les particulierspriaient ensemble dans leurmaison, ou bien, pour êtreseuls, ils se retiraient dansune chambre haute. III Reg., xvii, 19-23; IVReg., iv, 10, 33; Judith, ix, l; Dan., vi, 10; Act., x, 9, etc. Le Sauveur recommande à celui quiveut prier d’entrer dans sa chambre, d’en fermer la

1174. — Carthaginois offrantun sacrifice, la main droitelevée dans l’attitude de laprière. Chaton de baguesigiltaire en or. Musée Lavigerie à Carthage.

175. — Personnage tenant la main droite levée dansl’attitude de l’adoration. Rasoir carthaginois (iv siècleavant J.-C). Musée Lavigerie à Carthage. Voir Delattre, La nécropole de Rabs, 3* année de fouilles, flg. 25, p. 22.

porte et là, seul à seul, de s’adresser au Père qui est-présent dans le secret. Il blâme les hypocrites quiaiment à prier debout dans les synagogues et au coindes rues afin d'être vus des hommes. Matth., vi, 56. Les chrétiens suivirent la recommandation du Sau

veur. I Cor., vii, 5. Les pharisiens avaient été amenésà prier dans les rues par une conséquence de leurcasuistique. Les docteurs avaient réglé les heures auxquelles devaient se réciter le Schéma et le SchemonéEsré. Le bon pharisien sacrifiait le recueillement à laponctualité servile. Il récitait la prière là où l’heurefixée le surprenait. Des règles spéciales déterminaientles cas dans lesquels il était alors permis de saluer oudu rendre un salut. Berachotk, ii, 1-2. Sous prétextede régularité, les pharisiens faisaient dégénérer enostentation coupable ces prières en public, qui eussentété bien mieux dites dans la solitude et le recueillement, fût-ce avec plus ou moins de retard sur uneheure arbitrairement fixée. Les docteurs permettaient

176.

- Stèle funéraire. Attitude de la prière.Musée Lavigerie à Carlhage.

aux ouvriers de faire la prière sur un arbre ou sur unmur, ce qui parfois pouvait avoir quelque raison d'être.Berachoth, ii, 3, 4. Le principe que fait prévaloir, icicomme partout, Notre-Seigneur, c’est que les vainesréglementations des hommes sont à mettre de côté, quand elles sont un obstacle au vrai culte en esprit eten vérité.

4° Les attitudes. — On priait ordinairement debout.1 Reg., i, 26; III Reg., vni, 22; Matth., vi, 5; Marc, xi, 25; Luc, xviir, 11; Berachotk, v, 1; Taanith, ii, 2(fig. 173-175). Quand on voulait témoigner d’une plusgrande humilité ou prier avec plus d’instance, on semettait à genoux. III Reg., viii, 54; II Par., vi, 13; xxix, 29; I Esd., .ix, 10; Dan., vi, 10; Act., ix, 40; xx, 36; xxi, 5, etc., ou même on se prosternait. Judith, ix, 1; II Esd., viii, 6; Matth., xxvi, 39; Marc, xiv, 35, etc. On baissait parfois la tête. Ps. xxxv (xxxiv), 13; Luc, xviii, 13. On étendait les mains, Is., i, 15, selon l’usage commun en Orient (fig. 176), on en frappait sa poitrine, Luc, xrai, 13, et surtout on les levait vers le ciel. III Reg., viii, 22; Lam., ii, 19; iii,

V. — S2

41; I Esd., ix, 10; II Mach., iii, 20; I Tim., ii, 8, etc.(Bg. 177). Les Juifs tenaient beaucoup à ce qu’on leslavât avant de prier. Judith, xii, 7, 8. Le Zohar, Deul., ꝟ. 101, déclarait plus tard digne de mort quiconquepriait les mains sales. Saint Paul fait allusion à cetteexigence, mais il lui donne un sens moral. I Tim., ii, 8.Cf. Tertullien, De oratione, 13, t. i, col. 1168. Le canon 241 d’Hippolyte dit cependant encore: «Qu’en touttemps le chrétien lave ses mains quand il prie.» DieCanànes Hippolyti, édit. H. Achelis, Leipzig, 1891, p. 130. Le lavement des mains subsiste toujours avant etpendant la célébration delà messe. — Pendant la prière, les Juifs se voilaient la tête; ils ont conservé depuis

177. — Figurine carthaginoise (IVe siècle avant J.-C).Attitude de la prière. Musée Lavigerie à Carthage.Voir Delattre, La nécropole de Rabs, S' année defouilles, flg. lût, p. 42.

l’habitude de prier la tête couverte. Saint Paul déclarequ’il y a déshonneur pour un homme à prier la têtecouverte, et déshonneur pour une femme à prier sansvoile. I Cor., xi, 4, 5. Il ne vise que la prière publique.Les esclaves avaient habituellement la tête couverte; c’est pourquoi l’Apôtre veut que les chrétiens gardent, latête nue, comme des hommes libres. La modestie commandait le contraire aux femmes. — Dieu avait faitdu sanctuaire le centre de toute la vie religieuse de sonpeuple. Deut., XII, 5-7. Quand les.Israélites furentétablis en Palestine, il ne leur fut possible de se rendreau sanctuaire et plus tard au Temple que de loin enloin. Ils prirent l’habitude de se tourner du côté duTemple pour prier. Salomon suppose cet usage en viigueur, III Reg., viii, 48; II Par.,-vi, 34; Daniel, vi, 11, et tous les Israélites s’y conforment. Cf. Beracholh, v, 5, 6; Siphre, 71 b; S. Jérôme, 7n Ezech., iii, 9,

t. xxv, col. 83. Quand des prévaricateurs veulent selivrer à un culte idolâtrique, ils tournent le dos auTemple. Ezech., viii, 16. Toutefois, on a remarqué quela plupart des synagogues galiléennes dont il restedes ruines sont orientées du sud au nord. Pour prierselon la coutume, il aurait donc fallu se tourner ducôté de la porte, ce qui paraît assez anormal, cf. Scliûrer, Geschichte, t. II, p. 446, 453, à moins qu’on eûtdisposé les constructions tout exprès pour que, la porteétant ouverte, la prière pût se diriger vers Jérusalemsans se heurter à une muraille. — Les chrétiens adoptèrent l’usage de prier tantôt debout, tantôt à genoux, et souvent les mains étendues (fig. 178). Il cessèrentnaturellement de se tourner vers l’ancien Temple, pour prier de préférence vers l’orient, sans pourtant sefaire une règle invariable de tourner leurs églises de

178. — Orante chrétienne, à gauche.D’après Bullettino di archeol. cristiana, 1875, pi. 1.

ce côté. Cf. Martigny, Dict. des antiquités chrétiennes?Paris, 1877, p. 554, 666-669. Saint Paul veut qu’on prieen tout lieu. I Tim., ii, 8. — Cf. Saubert, De precibusHebreeorum, et Polemann, De ritu precandi veterumHebrseorum, dans Ugolini, Thés., t. xxi; Voulliéme, Quoniodo veteres adoraverint, Halle, 1887.

H. Lesêtre.

2. PRIÈRE DE JOSEPH, écrit apocryphe. Voir Apocryphes (Livres), 7, t. î, col. 771.

3. prière DE MANASSÉ, écrit apocryphe. Voir Menasse 8, t. iv, col. 651.

    1. PRIMAISE##

PRIMAISE, en latin Primasius, écrivain ecclésiastique, mort vers 560. -La date de sa naissance est inconnue. Il fut évêque d’Adrumète, dans la province deByzacène en Afrique. Il apparaît pour la première foisau concile provincial tenu en 541. On le retrouve ensuite, de 550 à 554, à Constantinopleoù il fut mêlé auxdiscussions théologiques de son temps. À la mort deBoèce, primat de Byzacène, il lui succéda dans cettedignité qui, dans cette province, n'était pas attachée àun siège v fixe. Il nous reste de lui: Commentario)~um

super Apocalypsim libri quinque, t. lxviii, col. 793-936, composés vers 540. Il y a mis à contribution, d’aprèsson témoignage, saint Augustin et Ticonius, ets’attacha surtout à expliquer le sens mystique. On luia attribué des Commentaria in Epistolas sancli Pauli, col. 415-794, tirés en grande partie de saint Jérôme, de saint Ambroise, de saint Augustin, etc., mais ils neparaissent pas être de lui. Le commentaire de l’Épîtreaux Hébreux, col. 685-794, en particulier, doit êtref œuvre d’Haymon de Halberstadt.

PRIMAT9CE1 Grégoire, en latin Primaticius ouDe Primaticiis, exégète italien, mort en 1518. Il étaitdocteur de Padoue et il enseigna dans cette ville laphilosophie et la théologie. L’archevêque de Sienne, François Bondini, l’emmena, en qualité de théologien, au Concile de Trente. On a de lui: Expositio litteralisomnium Epistolarum Divi Pauli, in-4°, Venise, 1564.

    1. PRINCE##

PRINCE, mot fréquemment employé dans la Vulgatepour désigner un chef ou un personnage. C’est unterme générique qui traduit des mots divers de l’hébreuet du grec: hôqêq, môSêl, nàdîb, nâgid, nàiî fnesîb, nissab, pâqîd, ro’s, rôznîm, sar, sdrak, oipxarj, è6vap/r]ç, etc. Voir Gouverneur, t. iii, col. 284-287.

    1. PRINTEMPS##

PRINTEMPS (Septante: é’ap; Vulgate: ver, tempusvernum), la saison de l’année qui succède à l’hiver.

— En Palestine, les saisons n’ont pas la même gradationque dans nos climats. Aux pluies de l’hiver succèdepresque sans transition, en avril, la chaleur de l’été.Aussi le printemps proprement dit est-il très court.On en lit, dans le Cantique ri, 11-13, la descriptionsuivante:

Voici que l’hiver est fini,

La pluie a cessé, elle a disparu,

Les fleurs se montrent sur la terre,

Le temps des chants est arrivé;

La voix de la tourterelle s’entend dans nos campagnes,

Le figuier développe ses fruits naissants,

La vigne en fleur exhale son parfum.

Les impies comparent la vie à un printemps dont ilfaut jouir: «Que la fleur de la saison, flos temporis, ne nous échappe point.» Sap., ii, 7. Dans le texte grec, avôo; âspoç, «la ileur de l’air,» est une leçon fautivepour ot’vôo; Ëapoç, «la fleur du printemps,» que portel’Alexandrin. L’Ecclésiastique, l, 8, compare le grandprêtreSimon à «la Heur des roses aux jours du printemps», in diebus vernis, Septante: lv rjuipai; v£a>v, «aux jours des choses nouvelles,» du renouveau. Dansl’original hébreu, on peut lire: kenês be’anfê beyemêmô’êd, «comme la fleur sur les branches aux jours defête.» — Au Psaume lxxiv (lxxiii), 17, il est dit queDieu a fait l’été et le printemps, é’ap, ver. Au lieu dek’ap, l’édition de Venise lit ûpaïa, «les temps convenables.» En hébreu, le terme employé est horéf, «l’automne,» opposé à qayîs, «l’été;» ainsi sontdésignées les deux saisons qui se partagent l’année enPalestine. Cf. Gen., viii, 22; Zach., xiv, 8. — Dans unpassage où la Vulgate parle de printemps, il est raconté, Gen., xxxv, 16; xlviii, 7, que Jacob et Rachelavaient encore kibrat-hâ-’drés pour arriver à Éphrata.Le mot kibrat, analogue au kibrâli assyrien, quidésigne une portion du monde ou de la terre, indiqueen hébreu une distance, probablement celle de l’horizon.Cf. Buhl, Gesenius’Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 358. Le sens du texte est donc que les voyageursétaient arrivés à un kibrat de terre d’Éphrata, autrement dit qu’Éphrata était à l’horizon ou en vue.De fait, l’endroit où se trouvaient alors les voyageurset auprès duquel Rachel fut inhumée n’est guère àplus d’un kilomètre de Bethléhem. Le Syriaque traduitpar «parasange», mesure de longueur quatre fois plus

grande. Les Septante ne traduisent pas le mot hébreuet disent que les voyageurs approchaient de Chabratha, gtç Xa6pa8â; Gen., xlyiii, 7: xatà tôv ïu7tôSpou.avXa6pa8à, «vers l’hippodrome de Chabratha,» le mothippodrome doublant ici celui de Chabratha pourexprimer une idée de distance; IV Reg., v, 19: d; Asgpaôiou Xaâpaôâ. Aux deux passages de la Genèse, la Vulgate traduit kibraf par vemum tempus, «printemps.» On ne saurait dire comment saint Jérôme estarrivé â cette traduction, si, au livre des Rois, il n’avaitrendu le même mot par eleclum tempus, «un tempsde choix,» par extension «le printemps». Il est probableque le traducteur a rattaché kibrat à bârâh oubârar, «choisir.» En tons cas, dans ces trois passages, il n’est pas question de printemps, mais d’une mesureitinéraire dont on ne peut préciser la longueur. —Dans l’Exode, xxxiv, 18, il est noté que les Hébreuxsont sortis d’Egypte èv nr]vt tûv véwv, «au mois durenouveau,» même verni temporis, «au mois duprintemps.» L’indication est exacte, mais donnée paréquivalence. Dans l’hébreu il y a: «au mois a"abib,» c’est-à-dire «des épis». La même expression et lesmêmes traductions se retrouvent Deut., xvi, 1.

H. Lesêtre.

    1. PRISCILLE##

PRISCILLE (grec: iIptrTxiXÀa), diminutif de Pn$ca, femme d’Aquila. Rom., xvi, 3; II Tim., IV, 19.Voir Prisque, col. 680, et Aquila, t. i, col. 809.

    1. PRISON##

PRISON (hébreu: bôr, «fosse», bêt hab-bôr, «maison de la fosse,» bêt hâ’êsûr, «maison du lien,» bêt hâ’sûrim, «maison des liés,» bê( hap-pequddôt, «maison des surveillances,» hélé’, kelû’, kêW, dekâlâ’, «enfermer,» mattdràh, de ndtar, «garder,» masgêr, de sdgar, «enfermer,» mismâr, de sâmar, «garder;» Septante: çuXaxrj, Xâxxo; , oïxoç toû Sectjim-TïipEou; Vulgate: carcer, custodia, lacus), lieu danslequel on enferme les hommes qu’on veut châtier.

I" Prisons égyptiennes. — Injustement accusé parla femme de Putiphar, Joseph fut jeté dans une prisonoù étaient détenus les prisonniers du roi. Gen., xxxix, 20. Cette prison est appelée bêt has-sohar, <c maison dela tour,» ôyjpwua. Elle était donc située dans une sortede forteresse, probablement dans celle qui est appelée «Muraille blanche» par Thucydide, i, 104, et Hérodote, m, 13, 91, et qui se trouvait dans la «ville de la Murailleblanche», Pa-sebti-het, c’est-à-dire Memphis. La prisonétait gouvernée par un sar bêt has-sohar, «chef de lamaison de la tour,» àpxeSeCTfiospiXay.o; , princeps carceris, dont Joseph ne tarda par à gagner les bonnesgrâces. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 67-69. Deux officiers du pharaon, le grand panetier et le grand échanson furent aussienfermés dans cette prison. Au bout d’un certain temps, ils en sortirent tous les deux, le premier pour êtrependu, le second pour être rétabli dans ses fonctions.Ce dernier avait promis à Joseph de penser à luiauprès du pharaon, mais il n’en fit rien et le jeuneHébreu resta encore deux ans en prison. Il en fut tirépour expliquer le songe du prince. Toutefois avant deparaître à la cour, il dut.se raser et changer de vêtements.Gen., xli, 14, 15. Cette double précautionn’implique rien quant au régime intérieur de la prison, dans laquelle Joseph était sans doute bien traité; mais on comprend qu’une tenue spéciale fût obligatoirepour ceux qui étaient admis à l’audience du pharaon.— Pour éprouver ses frères, Joseph à son tourles fit mettre en prison pendant trois jours, à leurpremier voyage en Egypte. Ensuite, il commanda detenir Siméon sous bonne garde et ne lui rendit laliberté que quand les autres revinrent avec Benjamin.Gen., xlii, 17, 24; xliii, 23.

2° Prison philisline. — Après s’être emparés deSamson, les Philistins le menèrent à Gaza, lui crePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/346 Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/347 Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/348 Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/349 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/350 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/351 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/352 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/353 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/354 MediaWiki:Proofreadpage pagenum template MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/356 MediaWiki:Proofreadpage pagenum template MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/358 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/359 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/360 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/361 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/362

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